GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME III. — LA FIN D'UNE ARISTOCRATIE

CHAPITRE III. — DISSOLUTION UNIVERSELLE.

 

 

Les conservateurs louèrent fort la sévérité d'Antoine[1], qui fut félicité par Brutus[2]. Mais ce fut un répit de peu de durée. Le petit peuple s'agita encore davantage et fit des démonstrations contre le meurtrier d'Érophile ; il incendia jusqu'à la boutique d'un statuaire, où l'on changeait la tête des statues de César. Antoine dut en venir à de nouvelles rigueurs : il fit crucifier les esclaves et précipiter de la roche Tarpéienne les affranchis qu'il surprit dans ces violences[3]. Mais ce fut inutile : le jour suivant, le 13 avril, Brutus et Cassius, fatigués de vivre dans une crainte continuelle, et énervés par l'inertie et la solitude à laquelle ils étaient condamnés, sortirent de Rome pour se rendre à Lanuvium. Antoine, en voyant croître les troubles dans Rome, se rapprocha encore davantage des conservateurs : il proposa d'accorder à Brutus la permission de rester plus de dix jours en dehors de Rome[4] ; il proposa aussi que l'on chargeât Lépide de négocier la paix avec Sextus Pompée, qui était encore puissant en Espagne avec ses sept légions, et de lui offrir de rentrer à Rome[5] ; il donna une autre satisfaction au parti conservateur, en faisant suspendre par un sénatus-consulte l'élection populaire du pontifex maximus[6]. Et là-dessus le collège des pontifes reconnut Lépide comme grand pontife. Malgré cela, quand Brutus et Cassius furent partis, l'exode des grands se changea en fuite précipitée : l'un après l'autre les conjurés qui restaient encore se mirent à l'abri ; Trébonius se décida à partir pour sa province, mais sans rien dire, en homme privé, redoutant quelque acte de violence de la part du petit peuple[7]. Cléopâtre s'enfuit aussi de Rome ; et Lépide, quand il eut été élu pontifex maximus, prit la route de la Narbonnaise. Antoine restait presque seul à Rome, dans cette sorte de cratère, qui fumait, grondait, tressaillait, et semblait prêt à une épouvantable éruption.

Combien les choses avaient changé, et de quelle façon imprévue, pendant ce mois, depuis les Ides de mars ! On avait pensé réconcilier les partis et reconstituer un gouvernement républicain raisonnable : au lieu de cela, ce n'était partout que défiance et désorganisation. Pour un instant cependant, après les troubles et les émeutes qui duraient depuis un mois, cette désorganisation put donner à tout le monde l'illusion d'un apaisement, et faire croire que le calme allait revenir. Les conservateurs qui s'enfuyaient avaient certainement éprouvé, à peine sortis de Rome, le bien-être que l'on ressent quand, après avoir été dans une chaleur accablante, on arrive au sommet d'un pic où l'on respire un air frais et limpide. Bans les petites villes italiennes, comme Lanuvium, la plèbe des artisans était peu nombreuse, et n'avait ni collegia, ni chefs, ni cette audace turbulente que donnaient à celle de Rome le nombre et la puissance ; les propriétaires aisés et les marchands riches, il étaient au contraire presque tous, à ce moment surtout où l'on redoutait une révolution à Rome, favorables au parti de l'ordre, c'est-à-dire aux conservateurs et aux conjurés[8]. Ces derniers, après la haine violente à laquelle ils avaient été en butte à Rome, retrouvaient donc dans ces villes le respect et l'admiration qu'ils ambitionnaient ; et ils se laissaient facilement aller à l'illusion que le danger était passé. Brutus et Cassius eux-mêmes ne déployaient pas une grande activité ; ils s'étaient arrêtés à Lanuvium et de là ils se bornaient à lancer un appel, dans tous les municipes du Latium, aux jeunes gens der familles qui avaient avec eux des liens de parenté, d'amitié ou de clientèle, en les invitant à former ensemble une sorte de garde avec laquelle ils pourraient rentrer dans Rome[9]. Trébonius, Decimus Brutus, Tullius Cimber étaient en voyage ; les autres conjurés et conservateurs éminents, dispersés dans les villas et les petites villes, ne faisaient plus rien, ils n'écrivaient même pas. A Rome aussi le peuple, peu à peu, se calmait, n'ayant plus personne à persécuter ou à menacer. Le seul qui s'agitait et se remuait encore était le vieux Cicéron, qui, recevant partout des hommages, était arrivé, après un voyage agréable de huit jours, dans ses domaines de Cumes et de Pouzzoles, où il avait trouvé de nombreux membres de la haute société de Rome, et presque tous les chefs du parti de César, Balbus, Hirtius et Pansa[10]. Mais il ne pouvait cependant pas bien goûter le beau soleil, le ciel pur, les premières fleurs du golfe, car il était en proie à une agitation extraordinaire qui, à son âge — il avait alors soixante-deux ans, — lui donnait tout l'enthousiasme et toute l'exagération d'un jeune homme sans expérience. Toujours actif, il recevait et expédiait un grand nombre de lettres, faisait des visites, accueillait ses amis et ses admirateurs, écrivait à la hâte un livre sur la Divination et un autre sur la Gloire ; il lisait des livres grecs et en commandait à Rome ; il prenait des notes, s'occupait de ses affaires privées, méditait un grand traité sur le Devoir, qui, dans un cadre de doctrines grecques, présenterait une théorie sur le relèvement moral et politique de la République ; il discutait avec tout le monde, dans les conversations privées, dans les lettres, sur la situation politique. Maintenant qu'il était loin des vétérans, il devenait un conservateur furieux, intransigeant, fanatique, qui, tout en usant encore de prudence en public, disait toute sa pensée dans ses lettres et dans ses discours. Il regrettait de n'avoir pas été invité à ce qu'il appelait d'une façon sauvage le magnifique banquet des Ides de mars ; il qualifiait toujours Brutus et Cassius, à la manière grecque, de héros[11] ; il aurait voulu pouvoir exterminer tout le petit peuple turbulent de Rome ; il voyait partout des césariens en embuscade pour de nouveaux carnages et de nouvelles rapines[12] ; il soupçonnait Antoine de jouer un double jeu et le qualifiait de joueur échevelé[13] ; il se plaignait que le meurtre de César n'eût servi à rien. Ne continuait-on pas à obéir aux volontés du dictateur ? Enfin il ne cessait de répéter qu'il fallait avoir des armes et de l'argent ; il disait que la république allait à sa perte avec des magistrats aussi indolents, avec tous ces vétérans insurgés, avec tant de césariens dans les charges de l'État[14] ; il enrageait de voir les nouveaux propriétaires qui avaient acheté les biens de ses amis ou les centurions de César qui s'étaient enrichis[15] ; il s'indignait du demi-exil de Brutus et de Cassius[16] ; et, chose incroyable, il allait jusqu'à s'irriter des héritages que lui laissaient des césariens[17]. De temps en temps, dégoûté et découragé, il songeait à chercher un refuge en Grèce[18]. Mais il suffisait d'un rien, de la moindre nouvelle, du moindre incident pour changer son humeur, et pour lui faire voir l'avenir plus riant ; alors tout allait pour le mieux ; les légions ne s'insurgeaient plus ; la Gaule ne se révoltait pas[19] ; Antoine était un ivrogne inoffensif[20]. Mais au fond Cicéron ne faisait que parler et écrire ; et ses boutades, ses invectives, ses ;exagérations ne sortaient pas du petit cercle de ses intimes, ne contribuaient point à rallumer le feu des haines civiles. Un observateur superficiel aurait pu croire que la situation s'améliorait. Au contraire, ce calme apparent ne faisait que préparer un changement décisif dans la politique d'Antoine. Il n'est pas téméraire de supposer que déjà, pendant les continuelles oscillations qui s'étaient produites depuis la mort de César, Antoine ne se soit avisé que ni l'un ni l'autre parti n'étaient plus en état de gouverner la République : mais quand il se trouva à la tète d'un gouvernement mutilé, auquel manquaient tant de magistrats et jusqu'au préteur urbain, avec les hommes de son parti aux bains de mer et un collègue qui n'osait plus paraître en public, avec un sénat incertain, hésitant, et dont le printemps et la peur éclaircissaient les rangs tous les jours ; quand il se vit en somme le maître de la république abandonnée par tous, il se décida enfin à faire brusquement une nouvelle volte-face, plus audacieuse que les nombreuses manœuvres par lesquelles, le mois précédent, il s'était arrangé pour se trouver toujours du côté des plus forts. Deux personnes restées jusque-là dans l'ombre, semblent s'être appliquées cette fois à vaincre ses dernières hésitations : sa femme Fulvie et son frère Lucius. Il est arrivé fréquemment à des personnages historiques plus grands même qu'Antoine de demeurer hésitants au moment de tenter le coup suprême dont dépendait leur fortune future et de ne s'y être résolus que parce qu'ils y ont été poussés par des personnes plus obscures, moins intelligentes, qui, étant moins connues, se rendant moins bien compte des dangers, avaient au moment critique conservé du sang-froid et du courage. C'est ce qui arriva alors à Antoine. Lucius semble avoir été un jeune homme d'un caractère très analogue à celui de son frère, plein d'audace et d'ambition, mais que son manque d'expérience rendait moins réfléchi. Fulvie, au contraire, était une de ces femmes ambitieuses chez qui la passion virile du pouvoir semble abolir toutes les vertus de leur sexe et en accroître tous les défauts. Opiniâtre, intrigante, avide, cruelle, autoritaire et téméraire, elle avait d'abord été la femme de Clodius, puis celle de Curion, devenant, avec son caractère et à cette école, une sorte de muse de la révolution : puis elle avait épousé Antoine, comme si sa destinée eût été d'avoir tour à tour pour maris tous les grands agitateurs de Rome ; et elle avait bientôt pris sur Antoine le pouvoir que les femmes de son espèce exercent toujours sur les hommes violents, inégaux et sensuels. Il n'est donc pas surprenant qu'au milieu de ces troubles un peu de l'âme de Clodius se soit réveillée en elle et que, d'accord avec Lucius, elle se soit mise à exciter Antoine, ne voulant pas qu'il laissât échapper cette occasion de conquérir dans l'État une place à part et très élevée, comme l'avait fait César en 59. Érophile, simplement parce qu'il avait flatté cet ardent désir de venger César qui agitait les vétérans et le peuple, avait bien pu accomplir ce que tout le monde considérait comme impossible un mois auparavant, chasser de Rome en peu de jours le parti conservateur au moment où tout le monde le croyait de nouveau maître assuré de la République après les Ides de mars. Un homme comme Antoine ne pourrait-il pas réussir dans l'entreprise plus facile de réintroduire dans la république ceux qui l'occupaient auparavant ? N'avait-il pas encore la chance qu'un de ses frères, Caïus, fût préteur ; et l'autre, Lucius, tribun ? Il n'était certes plus possible, comme l'avait fait César, de se servir pour dominer la république des sociétés d'artisans : elles étaient maintenant trop déchues ; mais les vétérans pouvaient lui prêter un appui beaucoup plus sérieux. Ils étaient nombreux, résolus, exaspérés contre les meurtriers de leur général ; ils craignaient de perdre leurs récompenses ; c'est à eux qu'étaient dus en grande partie les troubles du mois précédent et en conséquence la déroute du parti conservateur. En prenant l'attitude d'un continuateur de César et au besoin d'un vengeur, Antoine serait sûr de les avoir tous avec lui. Il est vrai que Rome n'était pas tout l'empire, et qu'il ne suffisait pas d'être maître de la métropole pour avoir les provinces en son pouvoir. Mais des bruits commençaient à courir, bien faits pour effrayer les conservateurs et pour encourager Antoine et ses conseillers. On disait que les armées des provinces, furieuses de la mort de César, étaient toutes sur le point de se révolter. Bientôt, poussé par Fulvie, par Lucius, par ses propres ambitions et par les événements, Antoine se résolut, vers le milieu d'avril, sinon à changer ouvertement et entièrement de politique, à commencer une suite de manœuvres, confuses et contradictoires en apparence, mais qui s'expliquent au contraire très clairement, si l'on suppose qu'il se proposait, non pas de succéder à César dans la dictature presque monarchique des derniers temps, mais d'imiter dans la mesure du possible son premier consulat, et d'acquérir un pouvoir plus large et plus durable que le pouvoir ordinaire d'un consul. Il mit cependant à tout cela une certaine circonspection, qui prouve qu'il n'était pas aussi sûr du succès que ses conseillers et ne considérait pas les conservateurs comme définitivement perdus.

Entre le 15 et le 20 avril, les premiers signes du changement apparurent soudain aux conservateurs. Ce fut d'abord un discours adressé au peuple par le consul et où César était traité de très grand citoyen[21] ; puis deux documents singuliers trouvés, disait-on, vers le 48, dans les papiers de César. L'un de ces documents accordait le droit de cité aux Siciliens, et l'autre restituait à Déjotarus les royaumes qui lui avaient été enlevés par César. Il n'était pas nécessaire d'avoir beaucoup de finesse pour penser que ces deux documents étaient faux. A qui Antoine prétendait-il faire croire que César eût voulu restituer à Déjotarus, fidèle ami de Pompée, ce qu'il lui avait enlevé ? Mais pour refaire ce que César avait fait pendant son premier consulat, il fallait beaucoup d'argent ; et pour s'en procurer Antoine avait fini par céder aux sollicitations de Fulvie et il avait fait falsifier les deux documents par Fabérius, le secrétaire de César, recevant en échange une grosse somme d'argent des Siciliens et des représentants du roi de Galatie. Ces derniers, à ce qu'il semble, lui donnèrent une syngraphæ, une traite, comme nous dirions aujourd'hui, de dix millions de sesterces[22], sur le trésor du roi. Mais la fraude était si hardie, que Cicéron en fut hors de lui quand la nouvelle lui parvint à Pouzzoles[23], et qu'à Rome les sénateurs décidèrent aussitôt que les papiers de César ne seraient plus interprétés par Antoine tout seul, mais par les deux consuls assistés d'une commission, et seulement à partir du 1er juin, quand le sénat reprendrait ses séances et pourrait ainsi surveiller journellement la commission[24]. On ne toucherait plus aux papiers de César pendant la période fériée. Cependant, sur le golfe de Naples où l'on était en villégiature, l'impression produite par ces nouvelles avait été un peu effacée par l'arrivée de Caïus Octavius, le fils adoptif de César, ce jeune homme qui n'avait pas encore dix-neuf ans. Dès qu'il avait appris à Apollonie les événements des Ides de mars, il avait eu un instant l'idée de pousser à la révolte les légions de Macédoine ; puis, n'ayant pas osé le faire, il était parti pour l'Italie. Il avait débarqué à Lupiæ, où il avait appris ce qu'était le testament de César et qu'il était déclaré son fils adoptif ; il s'était aussitôt rendu à Brindes, d'où il se dirigeait vers Rome, accompagné de quelques jeunes amis que César avait envoyés avec lui à Apollonie, entre autres un certain Marcus Vipsanius Agrippa et un certain Quintus Salvidiénus, tous les deux d'origine obscure[25]. Tout le monde, naturellement, était curieux de voir l'héritier de César et de savoir quelles étaient ses intentions. En devenant le fils de César, il était par la tradition obligé à poursuivre en justice les meurtriers de son père : au contraire l'amnistie du 17 mars lui interdisait de le faire. Le jeune homme était-il disposé à accepter l'hérédité et le nom du dictateur ? Avait-il conscience des graves obligations que lui imposait l'amnistie ? Octave, arrivé à Naples le 18 avril, avait eu un entretien avec Balbus et lui avait déclaré qu'il acceptait l'héritage[26] ; il était allé à Pouzzoles voir son beau-père Lucius Marcius Philippus et Cicéron, qu'il avait déjà vu quelquefois à Rome, et avec lequel il se montra très aimable[27]. Il évita de parler de l'amnistie ou il le fit de façon à n'offenser personne. Mais si le jeune homme n'avait pas produit une mauvaise impression à Cicéron, l'entourage qu'il s'était fait pendant son voyage lui en produisit une déplorable : c'était une bande de vétérans, de colons, d'affranchis de César, véritables ou improvisés, qui se montraient mécontents d'Antoine, parce qu'il ne vengeait pas le dictateur, qui l'engageaient à aller de l'avant et qui ne manquaient pas de lui donner en toute occasion le nom de César, comme si ce nom était déjà un objet d'adoration. En revanche, Cicéron et son beau-père se bornèrent à l'appeler Octave[28] ; son beau-père lui conseilla même de ne pas accepter un héritage trop dangereux[29]. Cependant Octave ne s'était pas attardé sur le golfe de Naples et il avait poursuivi sa route vers Rome, laissant Cicéron à ses livres, à ses alternatives de bonne et de mauvaise humeur, et aux surprises qui lui venaient de Rome. Le 19 avril, Atticus lui avait envoyé une bonne nouvelle qui l'avait fort réjoui : Decimus Brutus, arrivé dans la Cisalpine, avait été reconnu sans difficulté général par les légions. Le bruit que les soldats allaient se révolter contre les conjurés était donc faux. Si Sextus Pompée ne faisait pas la paix, comme il l'espérait, les conservateurs pourraient disposer de deux armées puissantes[30]. Mais une autre surprise, bien différente, lui arriva en même temps : Antoine lui écrivait d'une façon très aimable pour lui demander de vouloir bien l'autoriser à mettre à exécution une mesure décidée par César, le rappel de l'exil de Sextus Clodius, le client de Clodius qui avait été condamné après les funérailles de celui-ci[31]. En réalité, cette fois encore, Antoine avait cédé à Fulvie, qui désirait le pardon de l'ami de son premier mari ; mais il avait jugé bon d'écrire cette lettre pour ne pas offenser, pour une si petite affaire, le vieil et puissant ennemi de Clodius. Cicéron fut fort étonné d'être ainsi pris pour arbitre au sujet d'une mesure de César qui, si elle était réelle, n'avait plus qu'à être exécutée ; mais bien qu'il eût été facile de savoir par Hirtius, Balbus et Pansa que César n'avait jamais pensé à ce rappel[32], il répondit gracieuse ment que la chose ne lui était pas désagréable[33]. Cicéron non plus ne voulait pas se brouiller à la légère avec Antoine. En ce moment, Atticus se trouvait dans un grand embarras, car Cnéus Plancus, chargé par César de fonder une colonie à Buthrote, se mettait déjà en route ; il demandait à Cicéron d'intervenir auprès d'Antoine ; Cicéron ne pouvait manquer une aussi belle occasion d'obliger un homme qui lui avait rendu de si nombreux et si grands services. Il devait donc ménager le consul. Mais, vers le 27 avril, Atticus lui envoya des nouvelles plus graves : non seulement Antoine prenait de grosses sommes sur le trésor public déposé dans le temple d'Ops, en exhibant toujours de prétendus papiers du dictateur ; mais le bruit courait que le 1er juin, jour de la réouverture du sénat, il demanderait la Gaule cisalpine et la Gaule chevelue en échange de la Macédoine et la prolongation de son proconsulat et de celui de Dolabella[34].

Cicéron déplora encore une fois que le meurtre de César restât ainsi sans résultat ; il se confirma dans son idée que sans armée et avec la seule force des fictions légales on ne pouvait arriver à rien ; il abandonna son projet d'aller en Grèce et il écrivit à Atticus qu'il serait à Rome le 1er juin, si Antoine toutefois n'y mettait pas d'empêchement[35]. Il pensait que celui-ci porterait sa demande au sénat. Antoine et Fulvie tramaient au contraire des projets bien différents. Si du vivant de César, la Macédoine pour deux ans aurait pu suffire comme province à Antoine, il ambitionnait maintenant, comme César dans son premier consulat, le commandement plus long d'une province plus vaste, et il avait jeté son dévolu sur ces provinces de la Gaule qui étaient autrefois échues à César et qu'il connaissait pour y avoir fait la guerre pendant tant d'années. Il voulait en d'autres termes, faire approuver, par le peuple une nouvelle lex Vatinia de provincia Caesaris. Mais il était nécessaire d'organiser auparavant d'une façon quelconque les vétérans, comme César avait organisé le peuple en 59, pour pouvoir se servir d'eux sûrement pour les élections et pour des coups de force ; il était aussi nécessaire d'en augmenter le nombre, parce que les vétérans venus d'eux-mêmes à Rome ne suffiraient pas ; il fallait soudoyer ces vétérans que César voulait emmener dans les colonies de l'Italie méridionale, surtout en Campanie, et qui attendaient les terres qu'on leur avait promises ; il fallait les faire venir à Rome, et leur donner, ainsi qu'à ceux qui étaient déjà à Rome, une sorte d'organisation militaire. Il se résolut donc à aller lui-même dans l'Italie méridionale ; et il partit en effet, probablement le 24 ou le 25 avril, dès la clôture de la session du sénat[36].

Ce voyage étonna d'abord tout le monde et même Cicéron. Personne n'en devinait le but. Que pouvait bien machiner Antoine ? Ce ne pouvait être assurément rien de bon ni d'utile pour la république[37]. Atticus écrivait que désormais la sagesse ne comptait plus pour rien et que tout dépendait de la fortune[38], bien que pour ses affaires il ne se fiât pas seulement à la fortune et cherchât à profiter du voyage d'Antoine, en écrivant à Cicéron d'aller au-devant du consul pour lui parler de cette fameuse affaire de Buthrote. Cependant, à peu de temps de là, tout le monde oublia Antoine et son voyage, quand Dolabella, profitant de l'absence de son collègue, sortit de sa retraite et se montra de nouveau, avec grand fracas. Le 26 probablement ou le 27 avril, il se rendit sur le forum avec une poignée d'hommes armés, il fit détruire le fameux autel construit par Érophile, il tua un grand nombre de séditieux, et donna l'endroit à repaver. Les conservateurs furent contents de la chose ; et Cicéron écrivit aussitôt une lettre emphatique de félicitations au merveilleux Dolabella, oubliant un instant que ce terrible homme avait, peu de temps auparavant, avec un faux document de César, volé une somme considérable dans le trésor de l'État[39], et qu'il lui devait encore la portion de la dot de Tullie échue en janvier. Il écrivit aussi une lettre à Cassius, en disant, sans toutefois nommer ni attaquer Antoine, que les affaires publiques allaient mieux ; qu'il leur fallait reprendre courage et ne pas laisser à moitié l'entreprise que les Ides de mars n'avaient fait qu'ébaucher[40]. Mais tandis que Cicéron se réjouissait de ce petit succès, Antoine, avant de commencer le recrutement de ses vétérans, écrivait à Brutus et à Cassius pour les prier poliment mais résolument de cesser de recruter des amis, comme ils avaient commencé à le faire, pour revenir avec eux à Rome[41]. Antoine n'avait rien fait pour chasser de Rome Brutus et Cassius, et même, avant qu'il n'eût encore changé de politique, leur départ, le 13 avril, lui avait certainement causé de l'ennui, parce que sa responsabilité en était augmentée ; mais maintenant que leur absence favorisait ses nouveaux projets, il ne voulait pas qu'ils revinssent à Rome. Puis il se mit à envoyer des messages aux vétérans de Campanie, à les réunir, à les effrayer en leur disant que, s'ils n'y prenaient garde, les décisions de César seraient annulées[42] ; il se déclarait, quant à lui, prêt à les seconder afin que toutes les promesses de César fussent tenues et, pour bien prouver son zèle, il s'occupa de l'établissement d'une nouvelle colonie à Casilinum, où César en avait déjà fondé une. Enfin à ceux à qui il ne pouvait donner aussitôt des terres en Campanie, Antoine offrait de l'argent, à la condition qu'ils vinssent avec lui à Rome, pour le seconder dans la défense des dispositions prises par César, mais en apportant avec eux leurs armes, en s'engageant à les tenir prêtes, et en acceptant que deux inspecteurs vinssent vérifier chaque mois s'ils tenaient leurs engagements[43].

Brutus et Cassius avaient au contraire cédé aux exhortations du consul, en publiant un édit par lequel ils déclaraient congédier volontairement leurs amis[44]. En réalité ils n'avaient pas osé résister à Antoine, et continuer des recrutements qui se faisaient difficilement, car si la bourgeoisie italienne était républicaine et conservatrice, elle était surtout très indifférente. En outre, si Cassius était intelligent, résolu et énergique, son ami était plutôt fait pour l'étude que pour les révolutions ; nerveux et faible il gênait continuellement son compagnon ; il se décourageait et abandonnait les entreprises à peine commencées ; il allait demander conseil à tout le inonde et jusqu'à sa femme et à sa mère, à celle-ci tout spécialement, ce qui irritait beaucoup Cicéron qui se fiait très peu à Servilia, la vieille amie de César[45]. Brutus était à ce moment déjà si découragé qu'en réponse à une lettre qu'il avait écrite le 3 mai à Cassius, Cicéron en reçut une où Brutus lui disait qu'il voulait aller en exil[46]. Avec un tel collègue, l'énergie de Cassius ne pouvait plus servir à rien ; et le parti conservateur restait sans chef. La consternation fut d'autant plus grande pour les conservateurs vers le 7 ou le 8 mai[47], après la joie brève que leur avait causée le coup de main de Dolabella, quand ils apprirent les menées d'Antoine en Campanie. S'il réunissait un aussi grand nombre de ces vétérans qui l'accusaient de ne pas se soucier assez de venger César et qui demandaient la mort de ses meurtriers, il fallait nécessairement qu'il voulût annuler l'amnistie. On fut pris à Rome, à cette nouvelle, d'une grande panique, qui gagna tout le Latium et alla jusqu'à Naples. Servius Sulpicius quitta Rome en disant à Atticus que la situation était maintenant désespérée. Cicéron fut effrayé, perdit courage, se reprit à penser à son voyage en Grèce, devint très prudent en écrivant ses lettres, qui pou--aient être ouvertes par des étrangers, et il ne fit plus que des allusions très vagues aux menées d'Antoine ; mais il ne voulut pas le voir et il écrivit à Atticus qu'il n avait jamais pu le rencontrer[48]. La vieillesse me rend revêche. Tout me répugne. Heureusement que ma vie est finie[49], écrivait-il à Atticus. Dolabella répondait encore avec violence aux affreux discours de Lucius Antonius[50] qui préparait Rome à la nouvelle politique de son frère ; mais il était seul. Les autres et surtout les césariens les plus éminents qui jusque-là avaient abandonné Antoine à lui-même, maintenant se rapprochaient de lui, en jouant un double jeu habile et qui indignait Cicéron. Pansa désapprouvait bien la conduite d'Antoine dans l'affaire de Déjotarus et de Sextus Clodius, mais il désapprouvait aussi Dolabella, qui avait ordonné de détruire l'autel de César[51]. Balbus, dès qu'il avait eu connaissance des enrôlements d'Antoine, était allé tout inquiet trouver Cicéron pour l'en informer, pour se plaindre de la haine si injuste que les conservateurs nourrissaient contre lui ; mais il n'avait pas voulu désapprouver Antoine, du moins aussi clairement que Cicéron l'aurait souhaité[52]. Hirtius, redevenu ardent césarien, disait que tout cela était nécessaire, parce que si les conservateurs étaient redevenus puissants, ils auraient annulé toutes les décisions de César[53] ; il admettait que les recrutements faits par Antoine étaient dangereux pour la paix publique, mais qu'ils ne l'étaient pas plus que ceux de Brutus et de Cassius[54]. Cicéron ne cessait de s'en prendre à tout le monde, et il déclarait que la guerre civile était imminente ; mais en même temps il prêtait l'oreille à certains bruits inquiétants : les vétérans marchaient sur Rome pour relever l'autel renversé par Dolabella ; ils avaient, lui, les conjurés et tous les conservateurs éminents, à bien se garder de se rendre au sénat le 1er juin, s'ils ne voulaient pas y risquer leur vie[55]. Atticus allait jusqu'à lui écrire, le 48 mars, que pour sauver la République, il fallait proclamer le senatus-consultum ultimum et l'état de siège, comme on avait fait en 49 avant la guerre civile[56].

Cependant Antoine, revenait à Rome, le 19 ou le 20 mai[57], amenant avec lui une dernière bande de vétérans outre les milliers qu'il y avait envoyés à l'avance[58]. Mais à Rome il trouva Caïus Octavius déjà à l'œuvre et qui l'attendait.

 

 

 



[1] APPIEN, B. C., III, 3.

[2] CICÉRON, A., XIV , VIII, 1.

[3] APPIEN, B. C., III, 3.

[4] CICÉRON, Phil., II, XIII, 31 : il semble résulter de ce passage que cette autorisation fut donnée avant les jeux apollinaires, c'est-à-dire avant juillet, puisque t'énumération des faveurs accordées par Antoine à Brutus suit évidemment l'ordre chronologique. Il me parait vraisemblable qu'elle ait été donnée à ce moment-là parce qu'on ne reprocha jamais à Brutus de s'être absenté illégalement.

[5] APPIEN, B. C., III, 4 ; la décision au sujet de la flotte fut cependant, comme nous le verrons, prise plus tard qu'il ne le dit.

[6] DION, XLIV, 53, nous fait vaguement conjecturer que l'élection eut lieu à ce moment-là, mais il ne nous renseigne en rien sur la façon dont elle fut faite. Je ne crois pas, comme le suppose Lange, qu'Antoine ait proposé au peuple une lex. Évidemment il ne voulait pas faire élire par les comices le pontifex maximum, car il n'avait pas confiance dans les dispositions du peuple : pouvait-il se fier à lui pour faire approuver une loi aussi réactionnaire que celle-là ? En outre, si la suspension de l'élection populaire avait été approuvée par une loi, on n'aurait pas pu dans la suite prétendre que ce pontificat de Lépide était illégitime. Voy. Mon. Anc. (Gr.) 6, 1-2. C'est pour ces raisons que je suppose qu'il y eut un sénatus-consulte.

[7] CICÉRON, XIV, X, 1 ; APPIEN, B. C., III, 6.

[8] Voy. CICÉRON, A., XIV, VI, 2. JULLIAN, Les transformations politiques de l'Italie, p. 11-13, a démontré, en citant de nombreux faits, que les classes aisées en Italie se sont montrées, pendant cette crise, favorables aux conjurés.

[9] Un passage de Cicéron, A., XIV, XVIII, 4, fait voir que dans la première moitié de mai les amis des conjurés espéraient encore que Brutus et Cassius seraient de retour à Rome pour le 1er juin.

[10] CICÉRON, A., XIV, XI, 2 ; F., IX, XIV, 1.

[11] CICÉRON, A., XIV, IV, 2 ; XIV, VI, 1.

[12] CICÉRON, A., XIV, IV, 1 ; XIV, XIII, 2.

[13] CICÉRON, A., XIV, V, 1 : ab aleatore φυρμός πολύς.

[14] CICÉRON, A., XIV, IV, 2 ; XIV, V, 2 ; XIV, X, 1 ; XIV, XII, 1.

[15] CICÉRON, A., XIV, VI, 1 ; XIV, X, 2.

[16] CICÉRON, A., XIV, X, 1.

[17] CICÉRON, A., XIV, III, 2 ; XIV, XIV, 5.

[18] CICÉRON, A., XIV, XIII, 4.

[19] CICÉRON, A., XIV, IX, 3.

[20] CICÉRON, A., XIV, III, 2.

[21] CICÉRON, A., XIV, XI, 1 ; XV, XX, 2. Au sujet de ce discours, voyez GROEBE, App. à Drumann, I2, p. 417 et suiv.

[22] CICÉRON, A., XIV, XII, 1 ; CICÉRON, Phil., II, XXXVII, 93, et suiv.

[23] CICÉRON, A., XIV, XII, 1.

[24] CICÉRON, A., XVI, XVI, 11 ; CICÉRON, Phil., II, XXXIX, 100 ; DION, XLIV, 53. Je ne puis me résoudre à admettre avec GROERE, App. à Drumann, I2, p. 423, que ce sénatus-consulte eût déjà été rendu en mars. On n'en verrait pas le motif et on ne s'expliquerait pas que la commission dût commencer à fonctionner le 1er juin. On ne peut expliquer la chose qu'en admettant que la loi fut approuvée par le sénat dans les derniers jours qui précédèrent la période fériée, et qu'on essaya ainsi d'empêcher des abus très faciles pendant les vacances du sénat. Il me parait donc vraisemblable de placer le sénatus-consulte à cette époque et de le considérer comme une réaction contre les premiers abus d'Antoine.

[25] NICOLAS DE DAMAS, 17-18 ; APPIEN, B. C., III, IX, 11 ; DION, XLV, 3 ; VELLEIUS, II, 59. Ce que l'on dit des offres que lui auraient faites des légions de Macédoine pour le mettre à leur tète me paraît un récit exagéré à dessein pour montrer sa modération. Je trouve plus vraisemblable la version de SUÉTONE, Auguste, 8, selon laquelle Octave n'osa pas exciter les légions à la révolte : consilium ut prœceps immaturumque omisit.

[26] CICÉRON, A., XIV, X, 3.

[27] CICÉRON, A., XIV, XI, 2 ; XIV, III, 2.

[28] CICÉRON, A., XIV, XII, 2 ; APPIEN, B. C., III, 12.

[29] NICOLAS DE DAMAS, 18 ; SUÉTONE, Auguste, 8 ; APPIEN, B. C., III, 13. Les lettres de Cicéron prouvent que Philippe était alors à Pouzzoles, et on peut en conclure que ces conseils furent donnés à Octave à Pouzzoles et non à Rome, comme le disent les écrivains. A Rome, Octave trouva sa mère.

[30] CICÉRON, A., XIV, XIII, 2.

[31] CICÉRON, A., XIV, 13.

[32] CICÉRON, A., XIV, XIV, 2.

[33] CICÉRON, A., XIV, 13 B.

[34] CICÉRON, A., XIV, XIV, 4-5.

[35] CICÉRON, A., XIV , XIV, 4-6.

[36] Voy. GROEBE, App. à Drumann, G. R., I2, p. 427.

[37] CICÉRON, A., XIV , XVII, 2.

[38] CICÉRON, A., XIV, XVII, 1.

[39] CICÉRON, A., XIV, XV, 2-3 (cette lettre commence par le § 2 et les mots o mirificum Dolabellam : le § 1er est évidemment un post-scriptum de la lettre précédente). — CICÉRON, A., XIV, XVII, A. C'est le 26 ou le 27 que Dolabella dut faire son coup de main, puisque Cicéron (A., XIV, XV, 4) en était déjà averti le 1er mai.

[40] CICÉRON, F., XII, 1, lettre écrite le 3 mai, comme l'a démontré RUETE, Die Correspondenz Ciceros in den Iahren 44 und 43, Marbourg, 1883, p. 20.

[41] CICÉRON, F., XI, 2.

[42] Dans le récit de ce qu'Antoine fit en Campanie, je laisse de côté toutes les accusations lancées par Cicéron dans la seconde philippique, accusations qui sont évidemment exagérées au point de rendre impossible, en l'absence de documents pour les contrôler, de conjecturer ce qu'elles peuvent contenir de vrai.

[43] CICÉRON, A., XIV, XXI, 2 ; pour ce passage je me range à la correction de Lambin, qui me parait très heureuse : ut arma omnes haberent. La leçon ut rata omnes n'a pas de sens. La leçon proposée par SCHMIDT, Rh. Mus., LIII, p. 223, ut rata omnia haberent, me parait également impossible. Il est vraisemblable que les vétérans aient juré de faire observer toutes les mesures prises par César, mais il me paraît absurde qu'ils aient nommé deux commissaires pour inspecter tous les mois les papiers de César. Il n'était pas nécessaire d'exercer ainsi une surveillance continuelle sur les archives de César. Au contraire, avec arma le sens est très clair : Antoine voulait qu'à tout hasard les vétérans eussent leurs armes prêtes, mais comme il ne pouvait les amener à Rome qu'à titre d'hommes privés et sans le serment militaire, il jugea bon d'avoir les duumviri pour veiller à ce qu'ils tinssent bien leur engagement de se tenir prêts, avec leurs armes, à tout appel.

[44] CICÉRON, F., XI, II, 1. L'edictum dont il est question ici est certainement le même que celui dont parle Cicéron, A., XIV, XX, 4.

[45] Voir. CICÉRON, A., XV, X, 1.

[46] CICÉRON, A., XIV, XIX, 1.

[47] Le 3 mai, quand il écrivait la lettre à Cassius, F., XII, 1, Cicéron ne savait encore rien des recrutements d'Antoine, puisque dans l'énumération des malheurs de la république (voy. § 1er) il n'y fait pas allusion, pas même dans des phrases un peu vagues comme celles dont il se sert plus loin : arma ad cœdem parantur. Au contraire, dans A., XIV, 19, Cicéron dit que Brutus songe à partir en exil ; que, lui, il veut mourir ; qu'Atticus s'attend à la guerre civile (§ 1er) ; que Servius était effrayé et que perterriti omnes sumus (§ 4) ; dans A., XIV, 3, il dit que Servius est parti de Rome désespéré ; dans A., XIV, XVIII, 4, il dit que, quant à lui, il veut aller en Grèce. Cette épouvante était causée par les recrutements des vétérans, cela est certain ; ils étaient donc connus alors. La lettre 49 fut écrite vers le 8, et la dix-huitième vers le 9 mai. Voy. RUETE, Die Correspondenz Ciceros, p. 8.

[48] Cicéron écrit très souvent (A., XIV, XVII, 2 ; XIV, XX, 2 ; XV, I, 2) à Atticus qu'il n'a pas pu aller à la rencontre d'Antoine, parce qu'il est parti trop tôt. On peut supposer qu'il avait là une vraie mauvaise volonté, qu'il cherche à dissimuler à son ami.

[49] CICÉRON, A., XIV, XXI, 3.

[50] CICÉRON, A., XIV, XX, 2.

[51] CICÉRON, A., XIV, XIX, 2.

[52] CICÉRON, A., XIV, XXI, 2.

[53] CICÉRON, A., XIV, XXII, 1 ; le meus discipulus est certainement Hirtius, comme cela résulte de CICÉRON, F., IX, XVI, 7.

[54] CICÉRON, A., XV, I, 3.

[55] CICÉRON, A., XIV, XXII, 2.

[56] CICÉRON, A., XV, III, 1.

[57] Le passage de CICÉRON, A., XV, III, 1 et 2, fait voir qu'Atticus lui envoya deux lettres, l'une le 18 et l'autre le 21 mai. Dans la première il n'était pas question d'Antoine ; il en était question dans la seconde, comme on peut le voir par la réponse laconique. Atticus disait de quelle façon Antoine avait été accueilli par l'opinion publique à son retour (Antonio, quoniam male est, volo pejus esse). Le passage de CICÉRON, A., XV, IV, 1, montre qu'Atticus lui écrivit le 22 et le 23 mai, en lui racontant ce qu'Antoine faisait et machinait à Rome. On est amené ainsi à conjecturer qu'Antoine revint à Rome le 19 ou le 20.

[58] Agmine quadrato, dit CICÉRON, Phil., II, XLII, 108, avec son exagération ordinaire.