GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME II. — JULES CÉSAR

CHAPITRE X. — LES SOUCIS D'UN GOUVERNEUR ROMAIN.

 

 

Des jours troublés commençaient au contraire pour César. Depuis la mort de Julie, rien ne lui avait plus réussi : le désastre de Crassus, la mort de Clodius, la révolte de Vercingétorix, la conduite incertaine de Pompée, la nouvelle guerre qui, en 51, avait éclaté en Gaule, avaient compromis gravement sa situation. Tandis que quelques années auparavant on lui attribuait le mérite de tous les événements heureux qui réjouissaient la république, la plupart des gens maintenant étaient portés à le rendre responsable de tous les malheurs : des dangers qui semblaient menacer en Orient, de la guerre interminable en Gaule, de la corruption débordante et de la dissolution imminente de l'État. Enfin les dernières déclarations de Pompée à la séance du 30 septembre avaient fort ébranlé son crédit, en montrant qu'une rupture était probable entre les deux amis. Dire du mal de César et le mépriser était maintenant chose presque obligatoire pour tous les gens comme il faut, aristocrates, riches propriétaires, jeunesse élégante et à la mode. Caton disait tout haut qu'il voulait l'amener devant les juges et le faire condamner à l'exil, aussitôt son commandement terminé[1] ; bien des gens qui avaient été ses admirateurs les années précédentes se révoltaient maintenant contre lui, et le prudent Atticus lui-même lui demandait la restitution des 50 talents, qu'il lui avait prêtés avant son consulat[2]. Il ne pouvait trouver à tout cela qu'une bien faible compensation dans l'admiration des petits entrepreneurs[3] à qui il avait donné et donnait encore tant de travail, dans celle du petit peuple des artisans et des affranchis, dont la mort de Clodius avait avivé la haine contre les grands.

L'heure était grave et César s'en rendait compte. Après avoir personnifié déjà tant d'autres situations politiques, la démocratie conciliante de 70 à 65, l'irritation des haines populaires de 65 à 60, l'impérialisme ambitieux, rapace, corrupteur et prodigue de 58 à 55, cet homme d'initiative ardente, toujours présent à son jeu, et dont les combinaisons rapides, imprévues, indéfiniment multipliées, déroutaient continuellement ses adversaires, se préparait à prendre, avec une adresse merveilleuse, une attitude toute nouvelle : celle du citoyen exemplaire, modéré, disposé à toutes les concessions, n'ayant d'autre but que le bien public. Il comprenait que ce n'était pas pour lui le moment de se montrer exigeant, et d'ailleurs cette modération convenait peut-être mieux à sa vraie nature que beaucoup d'exagérations où les événements l'avaient entraîné ; car, par tempérament et par nécessité, il était plus conservateur qu'il ne l'avait laissé voir après la conjuration de Catilina. Non seulement, comme tous les hommes d'une grande intelligence, élevés dans les classes supérieures, il ne pouvait se résigner à rester toute sa vie privé de leur admiration ; mais il comprenait trop bien que si, à la tête des artisans de Rome, il avait pu s'emparer par surprise d'une place importante dans l'État, il ne pourrait y rester longtemps sans jouir, comme Lucullus, Pompée et Cicéron, d'une grande popularité auprès des classes qui, malgré leur scepticisme politique, possédaient les deux instruments les plus puissants de domination : la richesse et le savoir. D'autre part, s'il ne songeait nullement alors à s'emparer du pouvoir absolu[4], il voulait néanmoins une chose qui était contraire à la lettre et à l'esprit de la constitution : être élu consul pour l'année 48 sans abandonner son commandement et sans être obligé de revenir à Rome, ce qui aurait été mettre son sort entre les mains de Pompée, qui, depuis les réformes de 52, disposait de tout le jury de Rome et dont César se méfiait[5]. Or, si effritée et vermoulue que fût la constitution, elle était encore assez solide pour résister à des attaques violentes, ce qui nous explique pourquoi toutes les usurpations se faisaient même alors, en employant quelque fiction constitutionnelle, c'est-à-dire en éludant l'esprit de la loi tout en en respectant la lettre et la forme. César, si discrédité et si affaibli, pouvait-il oser avoir recours à la violence ? Un fou seulement aurait eu ce courage. Il donna alors, au contraire, la preuve la plus merveilleuse de la souplesse de son esprit, en faisant à la fois en Gaule une guerre sauvage de dévastation qui demandait une énergie presque furieuse, et en ourdissant patiemment en Italie une intrigue pour se tirer, à l'aide de souples contorsions, sans rien briser, des difficultés constitutionnelles dans lesquelles il s'était laissé peu à peu envelopper. Il n'est pas douteux qu'au pur point de vue constitutionnel et juridique, son cas n'était pas défendable. Il pouvait soutenir que le peuple, en lui accordant le privilège de l'absence, lui avait aussi implicitement octroyé le prolongement de son commandement jusqu'à l'année 48, car sans cela, le privilège n'aurait eu aucune valeur ; mais le sophisme était évident, et les adversaires pouvaient répondre que le privilège ne lui avait été accordé que pour le cas où sa présence aurait été nécessaire en Gaule pendant toute l'année 49. Or, il était maintenant obligé, pour rassurer l'opinion publique préoccupée par la durée de la guerre, d'affirmer que la conquête de la Gaule était terminée ; mais les conservateurs tiraient de cette affirmation la conséquence rigoureusement logique qu'il n'était donc plus nécessaire de prolonger le commandement de César et que par suite le privilège n'avait plus sa raison d'être. César comprit que le mieux à faire était de gagner du temps, de faire différer la nomination de son successeur, qui devait avoir lieu le mars de l'année 50, mais sans employer ni la violence ni des moyens scandaleux qui auraient indigné le public ; sans même avoir recours au vieil expédient, dont on avait tant abusé, de l'intervention des tribuns. Après les dernières déclarations de Pompée, cet expédient n'aurait pas été sans danger. Encore une fois il fallait dérouter ses ennemis par une combinaison imprévue, géniale, audacieuse. Et ce cerveau inépuisable dut encore trouver cette combinaison si difficile, la plus imprévue et la plus audacieuse de toutes celles qu'il avait imaginées jusqu'alors : faire son instrument de son ennemi le plus acharné, de Curion, de ce jeune homme intelligent et cultivé, de ce grand orateur et écrivain, criblé de dettes, débauché, ambitieux, désireux de faire parler de lui, cynique, sans scrupules ; de ce véritable fripon de génie[6], comme l'a défini un ancien, qui représentait si bien la dépravation géniale de la vieille noblesse romaine. En lui proposant de payer ses dettes et de lui donner de grosses sommes d'argent, Oppius l'attira dans le parti de César, et ils convinrent secrètement que Curion, tout en feignant d'être toujours l'ennemi de César, compliquerait les choses de façon à ce qu'on ne votât pas le 1er mars prochain sur la question du commandement de la Gaule[7]. Comme il avait cherché à tenir secrète en 59 son alliance avec Crassus et Pompée, de même alors César, pour ne pas irriter le public par une nouvelle corruption plus audacieuse que les précédentes, et pour mieux surprendre ses adversaires, voulait cacher son jeu. Curion, au début, devait à lui seul, comme César avait fait pour Crassus en 65, affronter le danger des intrigues nécessaires pour arriver au but. La dissimulation, du reste, était facile, car le public ne pouvait guère se douter que deux hommes dont l'inimitié était si ancienne se fussent réconciliés.

Curion, à peine entré en charge, surprit donc tout le monde en proposant différentes lois dont certaines devaient déplaire aux conservateurs et d'autres au parti populaire. En effet, on trouva de nombreux prétextes pour renvoyer leur discussion aux deux premiers mois de l'année, c'est-à-dire presque au commencement de mars[8]. Et Curion laissa faire ; mais mars approchant, il proposa, en sa qualité de pontifex, d'intercaler entre le 23 et le 24 février le mois mercédonius que l'on devait, suivant un vieil usage, ajouter tous les deux ans, pour mettre le calendrier d'accord avec le cours du soleil : on aurait ainsi, disait-il, tout le temps de discuter ses propositions avant le mois de mars, destiné à la discussion sur les provinces. Mais Curion n'obtint pas que le mois mercédonius fût intercalé. Il feignit alors d'être indigné contre le parti conservateur, et il proposa deux lois très populaires sur les routes et sur le prix des blés[9]. La nécessité de discuter ces lois fut un bon prétexte pour le consul Lucius Æmilius Paulus, qui présidait ce mois-là le sénat et qui était l'ami de César, pour renvoyer à plus tard la discussion des provinces[10]. César arrivait ainsi à son but, et cela, semblait-il, grâce à l'intervention bizarre d'un de ses ennemis ; personne ne pouvait donc lui en faire un reproche.

Pompée accepta ce renvoi, malgré les déclarations qu'il avait faites l'année précédente. Sans rien dire en public, il fit savoir que, selon lui, on pourrait concilier les prétentions de César et la stricte observance de la constitution, en conservant à César son commandement jusqu'au 45 novembre, époque où les élections seraient déjà faites[11]. Pompée, pas plus que César, ne voulait précipiter les événements. Il avait alors cinquante-six ans, et il était continuellement malade[12], commençant à ressentir l'effet des fatigues militaires qu'il avait endurées dans sa jeunesse et de la tension nerveuse de tant d'intrigues politiques ; il était alors respecté par le parti populaire qui lui restait fidèle, aussi bien que par les conservateurs, qui étaient revenus à lui ; il était, en un mot, l'homme le plus célèbre et le plus puissant de l'empire. Pourquoi risquer de porter atteinte à cette situation privilégiée, en irritant trop fort les amis de César ? Les pessimistes, il est vrai, disaient bien déjà qu'une guerre civile entre César et Pompée était inévitable[13], car l'un et l'autre étaient trop ambitieux pour pouvoir rester ensemble à la tête de la république ; et cette terrible expression de guerre civile, qui éveillait tant de souvenirs farouches, commençait à circuler de nouveau. Mais ces bruits et ces frayeurs agissaient plutôt comme frein que comme stimulant sur les partis et sur leurs chefs. Tout le monde était intimidé par l'opinion publique ; à qui la guerre civile, rien qu'à en entendre parler, inspirait une horreur indicible. Allait-on revoir un Sylla à Rome ? La guerre civile aurait brûlé les fermes, incendié les maisons, et pillé dans les temples. qui servaient alors de banques, les trésors des particuliers ; elle aurait arrêté le crédit dont tant de gens de toutes les classes avaient besoin comme d'air et de pain ; elle aurait ébranlé brusquement la fidélité des esclaves. Comme toutes les sociétés où il y a des esclaves, cette Italie si orgueilleuse de sa puissance mondiale, si confiante dans sa fortune, avait cependant une terrible inquiétude qui la tourmentait sans cesse : cette multitude d'esclaves qui s'était trop accrue. Les tenir dans l'obéissance à une époque si troublée n'était pas chose facile, même en temps ordinaire : mais que serait-il advenu de cette masse servile, au milieu d'une guerre civile ? Embarrassée dans ses dettes, se défiant de tous les partis, rebutée de la corruption, épuisée par le grand effort accompli dans les dix années précédentes, l'Italie voulait la paix. Nul homme, nul parti n'osaient aller de sang-froid contre cette aspiration universelle. Personne donc ne pensait alors à la guerre.

Mais dans les grandes crises politiques les partis ni les hommes ne parviennent jamais à dominer les événements ; et ils sont souvent entraînés à faire ce qu'au début ils considéraient comme impossible. Ce conflit devait s'envenimer petit à petit, par la force des choses, malgré César et malgré Pompée. A peine eut-il atteint son premier point, qui était de faire différer la nomination de son successeur, que César fit une tentative plus hardie. Il était désormais évident que l'issue de la lutte entre les conservateurs intransigeants et César dépendrait en grande partie de Pompée. Avec la grande armée qu'il commandait, avec ses parents, ses clients, le prestige dont il disposait, Pompée avait une autorité suffisante pour faire pencher la balance du côté qu'il lui plairait. Les conservateurs le comprenaient si bien qu'ils se pressaient autour de lui et l'accablaient de louanges et de flatteries. César devait naturellement chercher à déjouer ces intrigues des conservateurs auprès de Pompée. Mais à quels moyens pouvait-il recourir ? Fallait-il flatter ou menacer ? Après avoir vu ses propositions de mariage refusées, après les dernières déclarations de Pompée, César ne pouvait avoir grande confiance dans les flatteries. Il avait trop peu à offrir à Pompée, qui du haut de sa situation magnifique n'avait nullement besoin de lui. Quant aux menaces, du moins si elles étaient faites ouvertement, elles pouvaient irriter Pompée, le jeter entièrement du côté des conservateurs, faire apparaître César comme le provocateur. Là encore César eut l'idée de se servir de Curion. Connaissant le caractère si impressionnable de Pompée, il chargea Curion de lui créer des difficultés et des embarras, dans l'espoir de l'amener plus tard à cesser l'opposition cachée qu'il faisait à ses demandes. Curion, qui était un homme très adroit, sut accomplir avec une habileté extraordinaire sa mission si difficile. Tout à coup, dans de grands discours, il attaqua Pompée, l'homme respecté de tous ; et non pas en partisan de César, mais en critique impartial, plein de bon sens et d'esprit de justice. Pourquoi Pompée affectait-il d'observer avec une telle rigueur la constitution, alors qu'il avait lui-même, par les lois de l'année 55, créé la situation présente[14] ? Pouvait-il s'ériger en gardien de la constitution, lui qui avait violé toutes les lois, et qui avait même été à la fois consul et proconsul ? Les attaques de Curion produisirent une très grande impression[15]. Ces reproches étaient tellement justes, qu'on restait également surpris que personne n'eût osé les formuler jusqu'ici, et qu'un homme eût eu enfin le courage de les dresser contre le puissant Pompée. Celui-ci en fut si troublé lui-même qu'il se remit aux exercices d'éloquence pour répondre aux discours de Curion[16]. Mais bientôt tous ces ennuis le fatiguèrent, et se sentant déjà souffrant, il voulut partir pour Naples où il tomba gravement malade dès son arrivée[17]. Il était donc absent de Rome quand, au mois d'avril[18], le consul Marcellus, qui présidait le sénat, invita l'assemblée à traiter la question des provinces, et par suite celle de l'attribution pour une nouvelle année des fonds nécessaires à l'armée de Pompée, et celle du commandement des Gaules[19]. Curion, encouragé par l'absence de Pompée, déclara que la proposition de Marcellus était juste, mais qu'il n'y avait pas de raisons pour que César abandonnât son commandement si Pompée conservait le sien : ainsi réduite, la question se rapetissait à une misérable querelle d'ambitions personnelles, qui pourrait engendrer des difficultés très graves : le seul moyen de la résoudre à l'avantage de la république était de le porter sur le terrain des grands principes constitutionnels, c'est-à-dire d'en finir avec tous les pouvoirs exceptionnels et de rentrer dans la constitution. Il proposa donc de les rappeler l'un et l'autre, et là-dessus il mit son veto sur toutes les propositions de Marcellus[20].

Ce moyen était habilement choisi. Les conservateurs reprochaient à César de se trouver dans une situation illégale : pourquoi toléraient-ils pour Pompée une illégalité et des privilèges encore plus grands ? Mieux encore : ne voulaient-ils pas les augmenter ? Ainsi le public impartial qui redoutait une guerre civile, trouva la proposition de Curion excellente et déclara que c'était là le moyen de résoudre définitivement cette question si compliquée. En finir avec tous les pouvoirs exceptionnels, et rentrer dans la constitution qui les excluait, devint le mot de ralliement de tous les bons citoyens. En effet, le sénat n'approuva pas la proposition annoncée par Marcellus d'appliquer la décision de l'année précédente, d'après laquelle l'intervention des tribuns ne serait pas valable[21], et Curion devint en un instant un des hommes les plus célèbres et les plus populaires de Rome[22]. Un petit nombre de gens clairvoyants étaient seuls à soupçonner que César agissait derrière Curion. Mais César avait trop compté sur la timidité de Pompée, et si le succès immédiat de la proposition de Curion fut grand, elle manqua son but principal : rendre Pompée plus enclin à une transaction avec César. Les propositions de Curion attaquaient trop directement son intérêt et son prestige, et au lieu de le ramener vers César, elles consommèrent l'accord de Pompée avec le parti des conservateurs intransigeants[23]. Le changement ne fut pas visible immédiatement ; Pompée écrivit même de Naples au sénat, en se déclarant prêt à renoncer à son commandement[24]. Mais il n'était pas sincère. Une loi lui avait donné l'armée d'Espagne pour cinq ans, et il ne voulait pas renoncer à ses droits pour satisfaire Curion : si César, qu'il supposait se cacher derrière Curion, voulait lui infliger cette humiliation, il ne le souffrirait à aucun prix. Du reste, cette constitution qui n'accordait pas des pouvoirs exceptionnels, n'était-elle pas devenue une pure fiction dénuée de valeur ? Si le peuple avait jeté des fleurs sur le passage de Curion à sa sortie du sénat, les villes de la Campanie faisaient alors de grandes fêtes pour célébrer la guérison de Pompée, comme si le salut de l'empire dépendait exclusivement du salut de cet homme, que Curion voulait faire rentrer dans la vie privée comme un magistrat quelconque à la fin de l'année[25]. Après son retour à Rome, Pompée déclara encore qu'il était prêt à accepter la conciliation proposée par Curion, mais ces déclarations furent accueillies avec un si grand scepticisme que Curion reprit aussitôt ses attaques. Il déclara dans de nombreux discours qu'il ne prenait pas au sérieux ce qu'avait dit Pompée ; il ajouta que les paroles ne suffisaient pas et qu'il fallait des actes ; et, pour le mettre à l'épreuve, il compléta sa précédente proposition, en y ajoutant que l'on déclarerait ennemi public celui des deux qui n'obéirait pas, et que l'on préparât une armée pour lui faire la guerre[26]. Vivement irrité[27], Pompée plia de plus en plus vers les conservateurs intransigeants ; et quand, en mai ou en juin[28], le sénat décida que Pompée et César détacheraient l'un et l'autre une légion de leur armée et l'enverraient en Syrie contre les Parthes, il saisit l'occasion pour redemander à César la légion qu'il lui avait prêtée en 53[29]. Il commençait à faire attention à ses forces et à celles de César. Il avait sept légions en Espagne ; César en avait onze. Après cette restitution, César restait avec neuf légions. C'était un avantage, si la guerre éclatait réellement. Puis les discussions furent suspendues : les élections approchaient, et tous les partis attendaient anxieusement leur résultat.

Pendant ce temps, César s'efforçait de réparer un peu en Gaule les ravages des dernières guerres, et de consolider la domination romaine ; et Cicéron, dans sa province, s'efforçait avec un zèle sincère, mais avec peu de succès, de réaliser certaines réformes. Pendant son voyage, il avait vu combien il était célèbre dans tout l'empire, même dans les pays helléniques. Cette admiration mondiale, et plus encore le grand succès du De Republica dont l'informait Cœlius, faisaient renaître en lui l'illusion presque éteinte pendant les dix années qui avaient suivi son consulat, d'être un grand homme d'État. Il voulait donc paraître dans sa province digne de son livre, donner aux contemporains l'exemple d'une administration parfaite[30]. Mais l'entreprise était plus difficile qu'on ne pourrait l'imaginer. Les gouverneurs des provinces étaient devenus les agents de l'oligarchie politique et mercantile de Rome. Comment l'homme qui devait être l'instrument des oppresseurs aurait-il pu être le défenseur des opprimés ? Et cependant la misère de la-province était grande, le besoin de secours très urgent. Si, à son arrivée dans la province, Cicéron avait été surtout épouvanté du désordre de l'armée ; dès qu'il avait pu, après la retraite des Parthes, considérer avec un peu plus de calme la situation du pays, il avait vu s'étendre à perte de vue, d'un bout à l'autre de la Cilicie, l'immense désolation d'une province romaine dévastée par les usuriers et les politiciens venus d'Italie. Peuplée de Grecs et d'indigènes, les premiers presque tous marchands, ouvriers, artistes, hommes de lettres et propriétaires habitant dans les villes, les autres, pour la plupart paysans, bergers, humbles artisans ou brigands, la Cilicie était divisée en un certain nombre de districts ayant pour capitale une ville importante, où était un sénat ou conseil que la population choisissait parmi les gens riches, c'est-à-dire presque exclusivement parmi les Grecs, et qui était chargé d'administrer la ville avec des lois propres au pays, mais sous le contrôle du gouverneur et du sénat romains[31]. Cette organisation municipale était excellente, et les Romains, lassés de la variété des anciennes institutions encore en vigueur dans les villes italiennes, l'étudiaient depuis quelque temps avec soin. Mais la misère, les longues guerres, l'anarchie et le désordre social qui durait depuis un siècle, avaient fait dégénérer ces institutions en un monstrueux instrument de tyrannie et de spoliation. Dans tous les sénats, les conseillers s'entendaient pour tirer profit des revenus des villes, consistant presque toujours en impôts et biens immeubles ; et ils faisaient décréter des travaux publics, des fêtes, des missions, toutes sortes de dépenses inutiles, pour prendre part aux gains des entrepreneurs ; ils s'entendaient avec les publicains et les financiers italiens pour faire contracter aux villes des emprunts ruineux, et ils jouissaient avec ceux-ci des fruits d'une dilapidation criminelle des domaines municipaux et d'une augmentation effrayante des impôts[32]. Ainsi à peine arrivé, Cicéron avait trouvé les coteries municipales occupées à envoyer à Rome des ambassadeurs célébrer devant le sénat les vertus d'Appius Claudius et à décréter des monuments et des temples en son honneur, d'après les rites serviles que les Orientaux avaient reportés de leurs anciens souverains sur les gouverneurs romains[33]. Mais les gaspillages et les vols de ces coteries indigènes n'étaient que le moindre mal, dont la malheureuse province souffrait. Bien plus terrible était l'effort suprême de la ploutocratie italique, s'acharnant sur elle, comme sur une proie presque épuisée. Ce qu'était devenue l'exploitation financière des provinces dans les derniers vingt ans, au fur et à mesure que les provinces s'appauvrissaient, l'ancien accusateur de Verrès pouvait maintenant le constater de ses yeux. Cette exploitation avait fini par s'appuyer sur la force militaire ; partout on cherchait à extorquer de l'argent aux misérables débiteurs à bout de ressources, à l'aide des soldats ; des cruautés et des violences terribles étaient commises à chaque instant. Enfin tous les ans, les politiciens de Rome, le gouverneur et ses amis, venaient combler la mesure du mal, pressurant de mille manières les villes et les particuliers[34], réduisant à la dernière misère les artisans et les petits marchands des villes, les petits propriétaires des campagnes, les paysans libres, les obligeant à vendre leurs champs, leur maison et jusqu'à leurs enfants[35].

Ces déprédations épouvantèrent Cicéron comme elles avaient épouvanté Publius Rutilius Rufus et Lucullus. Mais il ne voulut pas déclarer la guerre à outrance aux financiers italiens, comme l'avaient fait Lucullus et Rufus ; il préféra, même dans cette lutte contre l'usure, représenter l'esprit de conciliation et de transaction de son époque. Il fut, dans les limites de la probité, un gouverneur obligeant. Il traita avec les chasseurs de panthères pour contenter son ami Cœlius, qui avait besoin de bêtes féroces pour les jeux de son édilité[36] ; il expédia à Éphèse les affaires d'Atticus[37] et lui acheta des vases artistiques[38] ; il accueillit aimablement les amis et les parents d'amis qui venaient à lui avec des lettres de recommandation ; il invita quelquefois à dîner le fils d'Hortensius qui, au lieu d'étudier, menait joyeuse vie et gaspillait son argent[39] ; il accueillit aussi aimablement un élégant jeune homme, Marcus Féridius, fils d'une famille aisée d'Italie et qui venait en Cilicie comme administrateur d'une société qui avait affermé les biens d'une ville[40]. Il fit enfin toute la besogne ordinaire d'un gouverneur ; liquidation des héritages, rachat des Italiens capturés, recouvrement des intérêts des sommes prêtées par les Italiens en Asie. Cependant il s'efforçait aussi d'apporter quelque soulagement aux malheureuses populations. Il refusa les fêtes et les présents des villes ; il vécut et fit vivre sa suite avec simplicité pour ne pas obliger les provinces à de trop grosses dépenses ; il se montra attentionné vis-à-vis des principaux citoyens ; il voulut que tout le monde pût venir lui parler, même les gens les plus humbles[41] et que les procès fussent expédiés très rapidement ; surtout il refusa absolument, malgré les demandes les plus pressantes, de mettre les soldats à la disposition des usuriers, pour arracher de l'argent à leurs débiteurs[42]. Solliciter, prier, écrire des lettres, Cicéron faisait tout cela très volontiers : mais quant à se servir de l'armée pour recouvrer les créances de ses amis, il ne voulut jamais s'y résoudre. Aussi il eut de grands tracas, surtout à cause des prêts que Brutus avait faits à Ariobarzane, le roi de Cappadoce. Saigné depuis longtemps par les usuriers italiens, le vieux roi dépensait le peu d'argent qui lui restait à payer les intérêts qu'il devait à Pompée et qui, probablement par suite des arriérés qui s'étaient accumulés, montaient maintenant à 33 talents chaque mois[43]. A peu près chaque mois, les agents que Pompée avait en Asie expédiaient sur des mulets escortés d'esclaves armés cette somme qui vaudrait aujourd'hui environ 120.000 francs ; on la portait ainsi jusqu'à la mer, où on l'embarquait pour l'Italie. Mais pour les autres, il ne restait presque plus rien. Cicéron avait beau écrire lettres sur lettres au roi[44] : on disait dans toute l'Asie que Pompée serait bientôt envoyé en Orient avec une grande armée pour faire la guerre aux Parthes ; et Ariobarzane ne pensait qu'à régler ses comptes avec lui[45]. Les autres pouvaient attendre, Brutus aussi, bien qu'il fût très recommandé par Cicéron. Mais Cicéron ne se contenta même pas d'épargner aux débiteurs les violences des centurions ; il fit mieux ; il déclara dans un édit que, quelles que fussent les conventions particulières, il ne reconnaitrait pas des intérêts annuels supérieurs à 10 pour 100, et qu'il n'admettrait plus que l'on exigeât un rapport des intérêts arriérés. Il réduisit ainsi tous les intérêts comme le sénat l'avait fait à Rome[46]. Il révisa en même temps avec beaucoup de soin tous les budgets des villes des dix dernières années ; il annula impitoyablement les dépenses superflues, les contrats ruineux, les impositions iniques ; il contraignit de nombreux concussionnaires à restituer aux villes ce qu'ils leur avaient pris, et veilla à ce que les intérêts réduits à 10 pour 100 des emprunts faits aux villes fussent payés ponctuellement[47]. Il espérait de cette façon contenter tout le monde, les sujets ciliciens et les publicains italiens, par une transaction faite aux. frais des coteries locales[48].

Mais il n'était pas aisé de bien faire à cette époque-là La suppression de tous les décrets votés en l'honneur d'Appius Claudius valut à Cicéron des lettres insolentes de celui-ci ; et la réduction des intérêts à 10 pour 100 fut l'occasion de graves dissentiments avec Brutus. Deux hommes d'affaires Scaptius et Matinius, qui figuraient comme créanciers des Salaminiens, s'étaient présentés pour lui demander le paiement du modeste intérêt de 18 pour 100 qui était convenu, et ne l'ayant pas obtenu, ils lui avaient fait savoir à la fin que le créancier véritable était Brutus. Cette révélation avait causé une grande surprise à Cicéron ; mais il n'avait pas voulu céder ; il avait résisté même quand Brutus lui eut écrit des lettres insolentes. Encouragés par sa bienveillance, les pauvres débiteurs lui demandèrent l'autorisation de déposer dans un temple l'intérêt de 10 pour 100 que Scaptius et Matinius ne voulaient pas accepter, et de les déclarer ainsi libres de toute obligation. Mais à ce moment Cicéron manqua de courage ; il n'osa pas braver aussi ouvertement Brutus, et il laissa l'affaire en suspens. C'était précisément ce que voulaient Scaptius et Matinius, ne pouvant espérer davantage. Ils savaient que le successeur de Cicéron ne serait pas aussi obstiné, et contraindrait les Salaminiens à payer selon la convention[49].

Comment d'ailleurs un gouverneur eût-il pu rendre pleine justice quand tout le monde était intéressé à ces rapines ? Cicéron ne voulait pas toucher à un sesterce des sommes provenant du butin de guerre ou de celles qui lui étaient assignées par le sénat pour le gouvernement de la province ; il confiait les premières aux préfets et les secondes au questeur[50]. Mais tout le monde spéculait et trafiquait autour de lui. Le questeur était le frère d'un grand commerçant qui résidait à Élis[51] et il l'avait pris pour conseiller[52] ; un des légats de Cicéron et Lepta, le chef du génie, s'étaient tellement compromis dans une intrigue que, pour les tirer d'affaire, il dut lui-même tempérer cette fois son habituelle rigueur administrative. C'était une règle fondamentale dans l'administration romaine de ne jamais conclure de marchés sans que le contractant présentât un certain nombre de garants qui, à défaut du contractant, s'engageaient à payer les amendes fixées pour le cas où le traité ne serait pas bien exécuté. Ainsi quand les affaires augmentèrent de nombre et d'importance, on rechercha partout des garants acceptables à cause de leur fortune ou de leur crédit politique, avec autant d'empressement que l'on recherche aujourd'hui pour les lettres de change des endosseurs qui jouissent d'un bon crédit auprès des banques ; et on employa pour les trouver tous les moyens possibles ; l'amitié, la solidarité politique, la promesse d'un grand profit. Il est probable que beaucoup d'hommes politiques de Rome s'arrangeaient pour gagner de l'argent avec ses cautions ; ils accordaient la caution moyennant une indemnité promise par le contractant ; puis s'il arrivait que le contractant ne tenait pas ses engagements vis-à-vis de l'État, qui avait alors recours contre eux, ils faisaient agir leurs influences pour ne pas payer. C'est ainsi que son chef du génie Lepta et un des généraux de Cicéron s'étaient portés garants pour un certain Valerius qui avait passé un marché. Mais ce Valerius n'avait pas pu tenir ses engagements, et il avait, probablement pour une très faible somme, cédé son marché à un usurier du nom de Volusius, qui à son tour était peut-être d'accord avec le questeur Rufus, et qui était tenu d'exécuter le marché, niais non de payer l'amende dont Valerius, et, à son défaut, ses garants étaient passibles. Ceux-ci désespérés, s'adressèrent à Cicéron, qui eut pitié d'eux, et ayant trouvé une subtilité juridique pour déclarer nulle la cession de Valerius à Volusius, il rompit le marché, versa au trésor la somme qui restait encore à payer au contractant, et il libéra de leurs engagements les garants, au grand ennui de Volusius, qui perdit à la fois son argent et le bénéfice du marché[53]. D'ailleurs la fraude et la concussion étaient choses si communes dans cette société où l'argent était désormais le seul lieu moral entre les hommes, que tandis que Cicéron mettait tous ses soins à administrer honnêtement sa province, il recevait souvent des lettres de ses amis, qui sollicitaient des emprunts, en lui disant qu'après le butin de la guerre il ne devait pas manquer d'argent. Et Cicéron était obligé de leur répondre poliment que le butin n'était pas à lui, mais à la république, et qu'il ne pouvait faire là-dessus aucun emprunt pour personne[54].

La façon dont il gouverna la Cilicie fait grand honneur à Cicéron, et c'est en vain que les historiens modernes ont cherché à rabaisser son mérite, le raillent et le critiquant sans raison[55]. Il est vrai que les années suivantes passèrent sur ses réformes comme les vagues de la mer passent, en effaçant tout, sur les dessins qu'un enfant a tracés sur le sable. Mais la puissance de Cicéron était celle d'un homme et non celle d'un dieu. Il ne pouvait pas à lui seul guérir le mal effrayant qui tourmentait le monde. Ce n'est pas dans les résultats, mais dans les intentions que son œuvre est significative. Le premier de tous, Cicéron avait apporté dans la vie cet esprit de justice, de solidarité. de miséricorde, qui cherchait à sortir de la contemplation philosophique pour se transformer en action. Comme le matin dans les Alpes, quelques rochers qui se dorent sur les cimes les plus hautes d'une lumière rose, tandis que la vallée sommeille encore dans l'obscurité et que la montagne reste sombre, annoncent joyeusement aux rivières, aux forêts, aux champs, aux maisons que le soleil se lève et qu'une journée nouvelle va commencer, ainsi la conscience de ce timide homme de lettres et quelques âmes solitaires, alors que le monde était encore dans les ténèbres d'une perversion morale infinie, annonçaient déjà sur les hauteurs l'aube des temps nouveaux.

Mais Cicéron ne s'en rendait pas compte. Les occupations si variées de sa charge, presque toutes désagréables, l'ennuyaient profondément. La fatigue à laquelle était réduit au bout d'un an le seul homme qui se fût efforcé de bien gouverner prouve mieux encore que l'administration négligée des autres provinces, que l'empire ne pouvait subsister longtemps dans l'état où il était alors. Le proconsulat de Cicéron démontre que l'universalité encyclopédique des fonctions, par laquelle le même homme devait être tour à tour général, orateur, juge, administrateur, architecte, était un vestige suranné d'une époque plus simple, qui ne pouvait pas durer dans la civilisation plus avancée de l'époque, où l'on commençait à diviser le travail, pour que chacun fit mieux sa besogne. Il s'était enfin rencontré un gouverneur honnête, zélé et intègre, mais il était impatient de s'en aller ; il demandait à tous ses amis de s'opposer à ce qu'on prolongeât son commandement[56] ; il ne désirait qu'une chose, sortir au plus vite de ce buisson de chiffres, de syngraphæ, de cautions, de contrats, et revenir en Italie, où l'appelaient beaucoup d'affaires privées et publiques. Sa fille, sa chère Tullietta, qui avait déjà eu deux maris et avait divorcé deux fois, était demandée en mariage par beaucoup de grands personnages, maintenant que l'on savait que son père reviendrait de Cilicie la bourse bien garnie et qu'il pourrait lui donner une grosse dot. Sa mère, l'habile Térentia, avait donné la préférence à Cnéus Cornélius Dolabella, jeune homme dissolu, mais de très noble famille. Cicéron n'ignorait pas ce qu'était son futur gendre et toutes les dettes qu'il avait[57] ; mais l'ambition de s'allier à une noblesse ancienne et authentique était plus forte que tout le reste et faisait illusion même à sa tendresse paternelle. N'avait-il pas rêvé, comme récompense suprême de ses peines, l'intimité avec les grands ? Les affaires publiques aussi, qui s'embrouillaient de plus en plus, l'invitaient à rentrer à Rome au plus vite. Il avait demandé à Cœlius de lui envoyer fréquemment des nouvelles, et Cœlius avait payé un certain Crestus, journaliste de profession, pour qu'il envoyât dans la province une chronique politique et mondaine toute remplie des papotages de Rome[58]. Ses courriers toujours en voyage entre la province et Rome lui apportaient aussi des nouvelles ; il en avait encore par les courriers des sociétés de publicains qui apportaient souvent les lettres des personnages illustres. Mais malgré tout, à une si grande distance les nouvelles arrivaient tard : leur ordre était souvent interverti, et Cicéron était à bout de patience.

 

 

 



[1] LANGE, R. A., III, 381.

[2] CICÉRON, A., VI, I, 25.

[3] CICÉRON, A., VII, VII, 5.

[4] Voyez les ingénieuses considérations de SCHMIDT, dans le Rh. Mus., 47, page 261. Il est nécessaire d'admettre que César ne voulait pas provoquer la guerre civile et la considérait comme impossible, pour expliquer d'une manière satisfaisante tout ce qu'il fit d'important pendant l'année 50.

[5] Voyez CICÉRON, F., VIII, XIV, 2.

[6] VELLEIUS, II, XLVIII, 3.

[7] DION, XL, 60 ; APPIEN, B. C., II, XXVII ; PLUTARQUE, César, 29 ; VELLEIUS, II, XLVIII, 4 ; SUÉTONE, César, 29 ; SERVIUS, ad Aen., VI, 621.

[8] LANGE, R. A., III, 332 ; DION, XL, 61.

[9] DION, XL, 62 ; CICÉRON, F., VIII, VI, 5.

[10] NISSEN, H. Z., XLVI, p. 66 ; CICÉRON, F., VIII, XI, 1 ; A., VI, III, 4.

[11] CICÉRON, F., VIII, XI, 3.

[12] CICÉRON, A., VIII, II, 3.

[13] Voy. CICÉRON, F., VIII, XIV, 4.

[14] CICÉRON, F., VIII, XI, 3.

[15] APPIEN, B. C., II, XXVII.

[16] SUÉTONE, de clar. rhet., 1.

[17] PLUTARQUE, Pompée, 57 ; CICÉRON, F., VIII, III, 2.

[18] LANGE, R. A., III, 386, n. 1.

[19] NISSEN, H. Z., XLVI, p. 66.

[20] APPIEN, B. C., II, XXVII.

[21] CICÉRON, F., VIII, XIII, 2 ; NISSEN, H. Z., XLVI, p. 66.

[22] APPIEN, B. C., II, XXVII ; VELLEIUS, II, XLVIII.

[23] La suite des événements prouve que la propagande de Curion fut le motif immédiat de la rupture entre César et Pompée ; et cela nous est confirmé par une affirmation explicite de DION, XL, 63.

[24] APPIEN, B. C., II, XXVIII.

[25] PLUTARQUE, Pompée, 57.

[26] APPIEN, B. C., II, XXVIII.

[27] APPIEN, B. C., II, XXIX.

[28] NISSEN, H. Z., XLVI, p. 69 ; LANGE, R. A., III, 388.

[29] HIRTIUS, B. G., VIII, 54 ; APPIEN, B. C., II, XXIX ; DION, XL, 65 (date inexacte) ; PLUTARQUE, Pompée, 56 ; PLUTARQUE, César, 29.

[30] CICÉRON, A., VI, I, 8 ; VI, II, 9

[31] MOMMSEN, P. R., I, 307 et suiv.

[32] CICÉRON, A., VI, II, 4. Voy. MOMMSEN, P. R., I, 328.

[33] CICÉRON, F., III, VII, 2 ; III, VIII, 2. Voy. CICÉRON, A., V, XXI, 7.

[34] CICÉRON, A., V, XXI, 7.

[35] Voy. CICÉRON, A., V, VII, 2.

[36] CICÉRON, F., II, XI, 2.

[37] CICÉRON, A., V, XIII, 2.

[38] CICÉRON, A., VI, I, 13.

[39] CICÉRON, A., VI, III, 9.

[40] CICÉRON, F., VIII, IX, 4.

[41] CICÉRON, A., VI, II, 5 ; PLUTARQUE, Cicéron, 36.

[42] CICÉRON, A., V, XXI, 10 ; VI, I, 6.

[43] CICÉRON, A., VI, I, 3.

[44] CICÉRON, A., VI, II, 7.

[45] CICÉRON, A., VI, I, 3.

[46] CICÉRON, A., V, XXI, 11.

[47] CICÉRON, A., V, XXI, 7 ; VI, I, 20 ; VI, II, 5 ; F., XV, IV, 2 ; PLUTARQUE, Cicéron, 36.

[48] CICÉRON, A., VI, I, 16.

[49] Tous les détails de cette intrigue sont donnés par CICÉRON, A., V, XXI ; VI, I ; VI, II.

[50] CICÉRON, F., II, XVII, 4.

[51] Voy. CICÉRON, F., XIII, XXVI.

[52] CICÉRON, F., V, XX, 2.

[53] Il me semble que l'on peut interpréter de cette façon l'obscur passage de CICÉRON, F., V, XX, 3.

[54] CICÉRON, F., II, XVII, 4.

[55] Voyez au sujet de l'administration de Cicéron les justes réponses de SCHMIDT (B. W. C., 5 et suiv.) aux critiques de Drumann, de Tyrrel et de Purser.

[56] CICÉRON, F., II, VII, 4 ; II, XI, 4 ; CICÉRON, A., VI, III, 2.

[57] CICÉRON, F., II, XVI, 5.

[58] CICÉRON, F., II, VIII, 1 ; F., VIII, I, 1.