EXAMEN DES HISTORIENS D’AUGUSTE

 

CHAPITRE IV — SÉNÈQUE LE RHÉTEUR, OU LA DÉCLAMATION À ROME.

 

 

Un des ouvrages composés dans cette période, dont la perte est le plus regrettable, est sans contredit celui de M. Annœus Seneca, plus connu sous le nom de Sénèque le père, ou Sénèque le rhéteur, qui commença à Cordoue, sa patrie, et continua à Rome l’illustration d’une famille riche en talents et en renommées de tout genre.

On lit dans les anciennes collections des fragments de Sénèque le philosophe deux fragments historiques, dont l’un, cité par Suétone, se rapporte à la mort de Tibère ; l’autre, conservé par Lactance, contient une division générale de l’histoire de Rome, depuis sa fondation jusqu’à l’empire ; division peut-être imitée plus tard par un descendant du vieux Sénèque, l’abréviateur L. Annœus Florus[1]. Bien qu’il ne soit fait mention d’aucun ouvrage historique parmi les nombreux écrits du précepteur de Néron, on n’avait point élevé de doute sur l’auteur de ces deux textes, quand Niebuhr découvrit et publia, d’après un palimpseste du Vatican, le titre et les premières lignes d’une biographie de Sénèque le rhéteur, par son fils le philosophe[2]. Ces premières lignes écrites, à ce qu’il semble, peu de temps après la mort du premier, jettent un jour tout nouveau sur la chronologie de sa vie et de ses ouvrages. Nous y apprenons que Sénèque le père avait laissé inédits plusieurs livres qui pouvaient lui assurer une place honorable dans la littérature latine, et que parmi ces livres se trouvait une histoire de son temps, depuis les discordes du second triumvirat jusqu’à la mort de l’auteur.

Or, plusieurs faits cités dans les Déclamations se rapportent déjà aux années 27, 31, 33 et même 35 après Jésus-Christ. Par exemple, Sénèque y parle de Cassius Sévérus, mort en 33 ou 34 (suivant saint Jérôme dans la chronique d’Eusèbe), comme d’un personnage mort depuis quelque temps[3] ; la condamnation de Mamercus Scaurus, qu’il rappelle, en nommant un des accusateurs de ce trop célèbre Romain, est de l’an 35[4]. Nous touchons donc au règne de Caligula. Si maintenant on songe avec quelle liberté le vieux rhéteur parle de Cassius Sévérus, de Titus Labienus et de Mamercus Scaurus, dont les ouvrages avaient été condamnés par le sénat ; si ois relit ses violentes invectives contre un pouvoir oppresseur dé la pensée ; si on observe qu’il cite deux fragments de Crémutius Cordus, ce noble historien, l’une des victimes de Tibère, on osera placer la rédaction des Controverses et des Suasoriæ à cette époque de réaction bizarre, où les écrits des Labienus et des Crémutius furent de nouveau livrés, par un caprice impérial, à la curiosité des Romains[5]. Dès lors il devient probable que les mémoires historiques de Sénèque le père atteignaient le règne de Caligula, et que la citation de Suétone, à l’occasion des derniers moments de Tibère, appartient à la fin de ce grand ouvrage, que la mort dut bientôt interrompre ; car si l’auteur survécut à Tibère, il lui survécut peu, puisque, exilé en Corse l’an 41, au commencement du règne de Claude, Sénèque le philosophe, dans sa Consolation à Helvia, parle de son père mort, sur le ton d’un homme parfaitement consolé (C. 16. Cf. c. 2.).

Quant au fragment où sont résumés les différents âges du peuple romain, on. jugera peut-être qu’il figurerait assez bien dans une préface ; et si cette conjecture était admise, nous aurions ainsi retrouvé une des premières et une des dernières pages d’un long récit qui comprenait quatre-vingts années de l’histoire romaine, écrites pour ainsi dire sous la dictée des événements, exemple unique peut-être dans toutes les littératures anciennes.

D’autres conjectures pourront étendre un jour le nombre de ces fragments[6] ; nous devons nous contenter d’apprécier Sénèque le père d’après son recueil de déclamations, où il a peint si vivement quelques traits de la vie littéraire des Romains pendant ce demi-siècle. D’abord éloigné de Rome par les troubles des deux triumvirats, il n’a pu entendre que de loin le retentissement des derniers discours de Cicéron ; mais déjà il étudiait avec Porcius Latro, à Cordoue, dans l’école du rhéteur Marillius[7], pendant que Cicéron déclamait en latin avec ses grands élèves A. Hirtius, Vibius Pansa, pendant que le jeune Octave achevait devant Modène, sous la robe de propréteur, son éducation oratoire, interrompue par la mort de César[8]. Quand l’Italie fut rentrée dans le repos, Sénèque vint, sans doute avec son illustre ami, ouvrir une école de rhétorique dans cette Rome désormais ouverte à l’invasion de tous les arts libéraux, avide de toutes les distractions élégantes. Cicéron était mort ; Octave avait pacifié l’éloquence comme tout le reste. Plus de ces grands débats, sources d’émotions fécondes et variées pour le talent oratoire. Bannie des élections populaires qu’elle avait trop souvent troublées et corrompues, des comices législatifs où sa voix restait sans force contre l’émeute et la violence des armes, l’éloquence n’avait guère plus d’autre théâtre que le sénat et les tribunaux particuliers[9]. C’est là que les Asinius Pollion, les Valérius Messala devaient user les derniers restes d’un talent né sous de plus glorieux auspices, et nourri à la rude école des tempêtes civiles. Les grands sujets devenaient plus rares de jour en jour, sous le règne d’un prince faible improvisateur en actions comme en paroles, qui écrivait d’avance jusqu’à de simples conversations, laissant peu au hasard de ce que pouvait assurer la prévoyance, et voulait surtout apprendre aux Romains l’art d’être heureux sous un maître, par les douceurs du repos et de l’indifférence. A défaut de dignes sujets, ou déploya sur les plus minces toutes les richesses et tontes les subtilités du talent. Une révolution singulière s’opéra dans les écoles, ou plutôt dans le monde littéraire : Sénèque en a observé le germe, les progrès et l’accomplissement. Cette révolution, c’est le triomphe de la déclamation sur l’éloquence.

Les rhéteurs grecs avaient importé à Rome, vers la fin des guerres contre Carthage, les traditions de leurs écoles, avec les exercices consacrés par un usage de plusieurs siècles. Les rhéteurs latins, qui éprouvèrent encore plus d’obstacles que leurs maîtres à faire tolérer leur enseignement par un pouvoir jaloux et craintif, empruntèrent quelques-unes de ces traditions, quelques-uns de ces exercices ; par exemple, les chries, les thèses, lieux communs d’une forme particulière, et qui semblaient, commodes pour habituer de jeunes esprits à l’improvisation. S’exercer à ces petits développements, c’était déclamer, mot qui désigne à peu près la pratique élémentaire de l’art oratoire, par opposition à la théorie. On déclamait chez le rhéteur avant d’aborder le forum ; devenu orateur, on déclamait encore pour se préparer dans les circonstances importantes, surtout si l’on était souvent distrait par des occupations politiques. Ainsi faisaient Pompée, Cicéron même quelquefois, et son rival Antoine, auquel il reproche si cruellement d’avoir eu à ses gages le rhéteur Clodius, payé par lui sur les terres de la république[10]. Mais alors, on le voit, quelque sérieux qu’il fût, le rôle de la déclamation était secondaire[11] : il devint principal sous le règne d’Auguste, et la littérature s’en honora comme d’un genre nouveau, qui jusqu’alors n’avait guère franchi l’enceinte des écoles.

La déclamation avait deux formes, la suasoria et la controversia ; l’une conseillait ou détournait ; l’autre discutait contradictoirement une question de droit ou de fait. Dans les deux cas, il fallait d’abord diviser le sujet, ensuite trouver les arguments, les principaux moyens de défense, les prétextes, en un mot, pour me servir du terme de l’école, les couleurs ; en dernier lieu, venait l’élocution ou le style, qui avait ses lois comme les deux premières parties. Car la langue du déclamateur était une langue déterminée ; non plus la langue oratoire de Cicéron, déjà trop surannée ; non pas celle de la conversation : un déclamateur illustre fut mal reçu pour avoir voulu introduire dans ses controverses quelques mots du langage familier.

La déclamation n’était pas davantage une contre épreuve de l’éloquence du barreau ; elle n’y prétendait même pas. Rien de plus ridicule, dit quelque part Sénèque, qu’un pédant qui veut imiter le forum, qu’il ne connaît pas[12]. Le déclamateur est un homme à part, qui peut être orateur par un heureux accident, mais dont le talent doit en général se suffire à lui-même. Son objet n’est pas de faire triompher une cause devant des juges, mais de charmer, d’intéresser quelques centaines au plus d’auditeurs indifférents. Tout est fiction, vanité dans son art. Aussi n’essayez pas d’enlever cet habile parleur à ses juges naturels, et au théâtre habituel de ses succès ; il lui faut quatre murs et du silence, pour commencer ; des applaudissements, pour garder jusqu’au bout et ménager convenablement son haleine. Au barreau, il se trouble ; il n’ose lever la tête, car le soleil l’éblouit ; ni abaisser les yeux sur ses auditeurs, car ces mouvements onduleux de la foule lui donnent le vertige. Aussi va-t-il débuter par un solécisme, et s’arrêter court d’effroi. Si vous voulez qu’il reprenne courage, et continue sa plaidoirie, il faut prier les juges de quitter la place publique pour une des basiliques voisines[13].

Ce n’est pas encore la plus cruelle de ses tribulations. Le déclamateur qui sait toute son histoire comme un dictionnaire, qui possède une ample collection de figures, d’épichérèmes, d’enthymèmes, de descriptions, de sentences intercalaires à l’usage de tous les sujets, oublie quelquefois la cause pour ses belles périodes ; il s’inquiète peu de frapper, pourvu qu’il fasse jouer adroitement aux yeux de l’assistance son arme étincelante[14]. C’est ainsi qu’il propose à son adversaire de terminer l’affaire par une formule de serment, qu’il apporte toute faite de chez lui ; mais l’adversaire le prend au mot ; et les juges acceptent le moyen proposé. Notre rhéteur de s’écrier : C’est une façon de parler ; je n’ai rien proposé ; à ce compte, il n’y aura plus moyen de faire des figures en ce monde. — Tant pis, on n’en mourra pas. Le rhéteur perd sa cause ; de dépit il renonce au barreau, qu’il n’aurait jamais dû aborder, et rentre dans son école, où l’attendent de plus faciles triomphes. Là du moins la logique et la vraie passion sont à peu près inutiles. Porcius Latro passe pour imprudent et présomptueux, parce qu’il ose énoncer d’avance le thème de la- controverse qu’il va traiter. Les assistants ont-ils besoin de mesurer ainsi le terrain, de calculer la marche de l’orateur, de se prémunir par la critique contre l’entraînement de cette faconde, qui ne prétend rien démontrer qu’elle-même ? Pourquoi renoncer aux avantages de l’improvisation, aux effets d’un mouvement inattendu, aux illusions d’un flux continuel de paroles élégantes et sonores ? Mais voici bien un autre ridicule. Quintus Hatérius, orateur véhément au barreau comme dans l’école, a perdu plusieurs fils ; et chaque fois qu’il déclame la controverse du père enlevé auprès de la tombe de ses trois enfants, il redevient père lui-même ; il s’émeut de tous ses souvenirs de douleur ; il trouve des accents vrais et profonds pour exprimer une situation qui ressemble tant à la sienne. Les auditeurs se regardent étonnés ; ils ne comprennent plus[15]. Qui s’est avisé jusqu’ici de mettre un peu de passion vraie dans une cérémonie scolastique ? Asinius Pollion a déclamé quatre jours après la mort de son fils Hérius, avec la plus parfaite présence d’esprit. Voilà le prodige qu’on admire, et dont le célèbre orateur se vantait lui-même dans une lettre à Auguste. Cicéron aurait dit : O tempora ! o mores !

On chercherait vainement ailleurs que dans Sénèque le père cette curieuse peinture, dont nous lui empruntons presque tous les traits. La période qui s’étend de la bataille d’Actium à la mort de Tibère est l’âge d’or de la déclamation ; et Sénèque en est à la fois l’historien et le représentant le plus fidèle. Déclamateur lui-même, et des plus distingués sans doute, puisqu’il eut l’honneur d’être cité à ce titre par Quintilien, il avait probablement rédigé ses propres mémoires, c’est-à-dire, son recueil d’arguments, de divisions et de, développements à l’usage des Suasoriœ et des Controverses, dont les sujets étaient traditionnels dans l’école. Niais il paraît que tous ses maîtres et ses rivaux n’avaient pas pris le même soin de transmettre à la postérité ces précieuses élucubrations de leur génie. Aussi, au commencement du règne de Caligula, il ne restait, de tant d’hommes célèbres, que des notes recueillies plus ou moins fidèlement parleurs élèves. Heureusement Sénèque vivait encore ; et sa prodigieuse mémoire, dont il cite quelques exemples, conservait presque intact le dépôt successivement enrichi des travaux et des souvenirs scolastiques d’un demi-siècle. Sur la demande de ses trois fils, le vieux rhéteur se résigne, avec un plaisir qu’il ne dissimule pas, à exhumer toutes ces renommées éteintes ou menacées de s’éteindre bientôt, et à rédiger l’éloge, l’oraison funèbre de la déclamation, avec pièces justificatives. C’est une intéressante mosaïque, même dans l’état de dégradation où elle nous est parvenue, que cette grande collection, de subtilités ingénieuses, artistement rangées par ordre de matières, avec le nom de l’auteur, sous chaque partie de l’œuvre ; le tout entremêlé d’anecdotes politiques et littéraires parfois obscures, souvent aussi agréables qu’instructives, et qui, avec de longues préfaces sur les principaux héros de la déclamation, composent aujourd’hui la partie vraiment historique et substantielle de cet ouvrage. Dans les préfaces surtout, Sénèque se montre à nous bon citoyen, homme de sens, critique fin et spirituel. Ce n’est pas qu’il ne garde un goût bien naturel pour la déclamation, la première gloire de sa vie ; mais on voit qu’il s’efforce d’arrêter ses fils sur le penchant d’une folle passion. Il insère dans ses procès-verbaux quelques fragments d’historiens, quelques observations sérieuses sur la décadence des lettres et de la langue. Il sait bien que ce n’est pas flatter ses jeunes auditeurs, avides de revenir à leur chère déclamation[16] ; mais il veut mêler au miel l’absinthe salutaire, et il ne craint même pas de leur rapporter deux plaidoyers contre cet art : l’un, ingénieux et piquant, de Montanus Votiénus ; l’autre, plus éloquent et plus acerbe, de Cassius Sévérus. Sans se l’avouer à lui-même, Sénèque n’a donc plus déjà en la déclamation cette foi vive qui animait encore Novatus, Méla, et le futur disciple des stoïciens. Il n’ose condamner trop haut l’indifférence qu’ont montrée pour elle les Pollion, les Messala, et les autres orateurs du siècle d’Auguste, qui, par un scrupule de pudeur et de bon goût, ne voulurent jamais donner en spectacle à la foule la dérision d’un art illustré par Cicéron. Il prédit même à ses fils qu’un jour leurs préjugés changeront à cet égard ; et en effet, c’est par Sénèque le philosophe que commence sous Claude, et que se continue sous Néron, une réaction ouverte contre les déclamateurs. Bientôt Pétrone et Tacite flétriront de leur énergique colère ces corrupteurs de l’éloquence, et vengeront le bon sens outragé. Après eux, Quintilien, qu’un des écrivains de l’Histoire Auguste a proclamé le plus habile déclamateur de tous les âges[17], pourra bien écrire encore les déclamations qu’on nous a transmises sous son nom ; mais dans ses Institutions oratoires, il saura faire la part de l’utilité vraie et des dangers de cet exercice. Désormais, la littérature romaine reviendra de plus en plus à l’imitation des véritables modèles ; malgré la gêne imposée par le despotisme impérial, après l’extinction de la famille des Jules, on rappellera plus facilement les souvenirs de l’éloquence républicaine. Cicéron, que sans doute on ne lisait pas dans l’école de Verrius Flaccus[18], et que dédaignaient les déclamateurs, trouvera dans les élèves de Quintilien, dans Tacite, dans Pline, par exemple, de jeunes talents dignes de l’admirer et de l’imiter. Ce retour vers de plus saines doctrines littéraires deviendra même un excès dangereux pour le goût ; par une conséquence fatale, si spirituellement signalée dans Horace, on passera de Cicéron à Crassus, de Crassus aux Gracques, des Gracques à Caton ; et ainsi la littérature, rétrogradant vers son enfance par une erreur d’admiration, rencontrera dans le mélange des idées et des langues un nouveau principe de corruption. Tant il est vrai, comme l’ont remarqué deux témoins de ces singulières vicissitudes, Velleius et Sénèque le père, qu’une loi de la faiblesse humaine borne à quelques années le souverain éclat et la perfection dans tous les arts ! La littérature romaine n’échappe un instant au danger de la déclamation, qui devait gâter deux grands talents, Sénèque le philosophe et Lucain, que pour tomber bientôt dans un autre excès. Mais revenons à notre auteur.

Si maintenant nous voulions épuiser tout ce que Sénèque offre d’instruction sur l’histoire littéraire de Rome, il faudrait recueillir les portraits de tous ces rhéteurs qui peuplaient alors les écoles, en rétablir la série chronologique, et multiplier les groupes dans ce tableau, dont nous ne pouvons rappeler ici que les principales figures. Au premier rang d’abord, la grande pléiade des déclamateurs, composée de Porcius Latro, Arellius Fuscus, Albutius Silo (ou Silus), et Junius Gallion. Avant tous, Porcius Latro, compatriote de Sénèque, comme lui doué d’une mémoire miraculeuse, d’une rare puissance de poumons, d’une activité infatigable, d’une ardeur parfois turbulente, soit pour les exercices du corps, soit pour les travaux de l’esprit, vrai tempérament oratoire ne pour les succès durables, si le malheur des temps l’avait permis, et qui perdit un bel avenir pour une gloire éphémère[19]. Un de ses élèves est Abronius Silo, père de celui qui écrivit des pièces pour les pantomimes, et souilla un grand génie, non content d’y renoncer. Jun. Gallion, dont le portrait ne nous est pas parvenu, ami intime de Sénèque, devint plus tard le père adoptif de Novatus, destiné dans l’Histoire à une autre célébrité. On sait l’estime qu’en faisait Tacite[20].

Arellius Fuscus déclamait avec une égale aisance en grec et en latin, plus facilement les suasoriœ que les controverses ; grand imitateur de Virgile, et dont, après tout, on comprend mal l’immense réputation, sur le portrait moitié satirique, moitié louangeur que Sénèque nous a laissé de lui. Il est plus justement célèbre par son disciple Papirius Fabianus, d’abord déclamateur, puis philosophe, plus tard maître du second Sénèque, après avoir été, en philosophie, le successeur de Tite-Live et d’Asinius Pollion.

Albutius Silo, de Novare, dont nous avons aussi une intéressante biographie dans Suétone, était un bizarre assemblage de qualités assez contraires : une timidité sans pareille, une recherche minutieuse de la perfection dans les détails, avec cela une grande bonhomie de caractère, qui ne savait ni faire une injure, ni la souffrir ; des accès de libéralisme fort singuliers dans le pauvre décurion d’une petite ville de province. Il s’était exilé volontairement de sa patrie, à la suite d’un affront reçu au milieu du tribunal où il rendait sa justice. Il vient à Rome : un autre affront, que nous avons raconté ailleurs, le chasse du barreau, où son éloquence à la fois méticuleuse et imprudente l’exposait trop aux accidents et aux railleries. A Milan, nous le retrouvons encore défendant un accusé devant le proconsul,- et tout à coup, enivré par les applaudissements de l’auditoire, par la vue d’une statue de Brutus placée devant lui, s’abandonnant à des invectives républicaines qui faillirent lui être funestes. Si la liberté, sous Auguste, n’avait pas encore de dangers, elle avait des inconvénients[21] ; et à juger par quelques autres passages de Sénèque, Albutius avait un peu cette manie de l’opposition[22]. Devenu vieux et infirme, il revint dans sa ville natale, y convoqua le peuple, et, rhéteur jusqu’à la fin, lui exposa les raisons qu’il avait de renoncer à la vie ; de retour chez lui, il se laissa mourir d’inanition, et emporta au tombeau le titre consolateur d’un des héros de la pléiade. Non moins illustre qu’Albutius, Porcius Latro était mort dans la disgrâce, pour une maladroite et involontaire allusion à la naissance obscure d’Agrippa ; il n’avait pu d’ailleurs se consoler d’une plaisanterie du puriste Messala contre son style[23].

Immédiatement après la pléiade se place Capiton, pédant de bonne foi, sans aucune prétention, et qui mériterait une plus ample biographie.

Cestius Pius, grec de nation, grand et mauvais parleur en latin, le bouffon de l’école, poursuivait tout le monde de ses méchancetés, et en fut plus d’une fois victime. Il se croyait naïvement supérieur à Cicéron, et finissait par le persuader à d’autres. Cassius Sévérus ne put obtenir de lui une rétractation, même en le traînant au tribunal du préteur ; et pourtant le pauvre Cestius, dînant un jour en Asie à la table du fils de Cicéron, avait payé sur ses épaules une insolente rivalité avec le père du proconsul. Probablement il mourut incorrigible.

On connaît plusieurs de ses élèves, Quintilius Varus, gendre de Germanicus ; Alfius Flavus Avitus, dont il existe quelques fragments de biographies en vers ; enfin le jeune Surdinus[24], ingénieux fabuliste, seul rival de Phèdre à cette époque, et que l’histoire littéraire paraît avoir oublié jusqu’ici[25]. Après Cestius nous nommerons encore :

Montanus Votiénus, si éloigné de montrer son talent de déclamateur, qu’il en rougissait presque. C’est à lui que Sénèque emprunte une sévère comparaison de la déclamation et de l’éloquence.

Gallus Vibius, aussi éloquent jadis qu’il devint fou dans la suite.

L. Vinicius, le plus habile et le plus fécond des improvisateurs ; Auguste disait de lui : C’est le seul homme qui ait son esprit en argent comptant.

Claudius Sabinus, qui déclamait le même jour en grec et en latin ; pauvre esprit d’ailleurs, et sujet à de singulières distractions.

Claudius Turrinus, rhéteur médiocre, honnête et modeste, compatriote et ami d’enfance de Sénèque, et dont le fils, que les jeunes Sénèque appellent leur frère, eut autant de mérite, avec moins d’ambition encore.

Gavius Silo, un de ces orateurs à qui le théâtre a manqué plutôt que le talent. Auguste l’ayant entendu plusieurs fois plaider à Terracine, lui rendait ce témoignage, qu’il ne connaissait pas de père de famille (on dirait aujourd’hui de bourgeois) plus éloquent.

Mamercus Scaurus, populaire par ses défauts mêmes, était la terreur des sots. Il ne savait pas laisser passer une sottise impunie, vil intrigant d’ailleurs, destiné à finir de mort violente, sur les délations d’un sot historien. Avec lui s’éteignit dans la honte l’illustre et ancienne famille des Scaurus.

Parmi les noms célèbres à d’autres titres, on retrouve avec un vif intérêt chez Sénèque :

Ovide, élève de Fuscus Arellius, admirateur de Porcius Latro, qui transporta dans ses poèmes plus d’un sujet emprunté aux controverses, par exemple, le Jugement des armes, et qui a souvent reproduit en vers de prosaïques subtilités recueillies aux déclamations de ses maîtres. Sénèque en rapporteur exemple[26]. Comme son fils, il connaît bien le vice du talent d’Ovide, cette facilité excessive, cette complaisance pour tous ses caprices, qu’on retrouve aujourd’hui dans ce qui nous reste du plus ingénieux des poètes latins. Montanus Votiénus avait en prose le même caractère, et Scaurus l’appelait l’Ovide des orateurs.

Asinius Pollion, homme de guerre, orateur, poète, philosophe distingué, était faible déclamateur. Aussi n’aimait-il pas déclamer en public. Ce fut lui qui imagina de réunir quelques amis dans une salle préparée à cet effet, pour leur lire ses ouvrages ; précaution tant soit peu aristocratique, et dont Labienus lui faisait un amer reproche : Ce vieillard triomphal ne livre jamais au peuple le secret de ses lectures : il paraît qu’il a peu de confiance en lui-même, ou plutôt qu’il croit cet exercice au dessous de son éloquence. Pollion ne pouvait admettre lai déclamation que comme un exercice. Du reste ; nous avons vu plus haut en quelle circonstance il se fit gloire de s’y être livré : il en donnait lui-même des leçons à son petit-fils Marcellus Æserninus, qu’il s’obstinait à regarder comme l’héritier de son talent oratoire, quoiqu’il laissât d’ailleurs un fils déjà illustre au barreaux Asinius Gallus, grand orateur, mais plus éclipsé que soutenu par la gloire paternelle.

Messala Corvinus, orateur et historien dont nous avons déjà souvent parlé ; homme d’un esprit exact jusqu’au scrupule, défenseur obstiné des vieilles traditions du langage. Pour lui, Porcius Latro et Cestius ne parlaient pas latin ; du reste, il leur cédait volontiers la maîtrise en déclamation.

Crispas Passiénus, un de ses successeurs les plus célèbres au forum ; professait la même indifférence pour cet art. Passiénus le fils jouit aussi à Rome d’une assez grande considération, et fut deux fois consul[27].

Titus Labienus ne déclamait pas non plus en public, et parce que cet usage n’existait pas encore, et parce qu’il y voyait une vanité frivole. Orateur du premier ordre, qui parvint à la gloire par des efforts inouïs, à travers mille obstacles, et arracha l’admiration plutôt qu’il ne l’obtint. Pauvre, méprisé, haï, il trouva dans le besoin de la résistance la force de se faire plus grand que ses ennemis. La violence d’un talent passionné, les excès d’une exaltation républicaine que le triomphe de la paix n’avait pu calmer, attirèrent sur lui un genre de supplice alors nouveau et dont plus tard il y eut tant d’exemples. Ses ouvrages furent brûlés par ordre du sénat. Labienus ne souffrit pas l’idée de survivre aux monuments de son génie ; il s’enferma dans le tombeau de ses ancêtres, pour y trouver la mort dont on lui faisait grâce, et la sépulture qu’on lui eût peut-être refusée. Quelque temps après, l’inventeur de la peine infligée à l’historien devait la subir à son tour. On a oublié aujourd’hui la réplique de l’ingénieux Gallion au libelle de Labienus contre un affranchi de Mécène, mais on n’oublie pas cette réponse de Cassius Sévérus au sénatus-consulte qui condamnait les livres de son ami : Qu’ils me brûlent donc aussi, car je les sais par cœur ! Elle termine bien une page où Sénèque plaide pour la liberté d’écrire, et plaide d’une façon qui rappelle les paroles de Tacite au commencement de son Agricola. Ici le vieux Sénèque est vraiment orateur : on l’appréciera mieux en relisant, après ces nobles pages, la suasoria où Cicéron délibère s’il brûlera ses Philippiques.

Cassius Sévérus, qui revient souvent dans cette revue d’illustrations contemporaines, avait aussi toutes les grandes qualités de l’orateur, surtout de l’orateur politique. Les causes civiles n’étaient qu’un jeu pour lui ; il en plaidait plusieurs le même jour. Fidèle aux anciennes traditions du barreau, il se préparait avec conscience, écrivait jusqu’aux moindres détails de son action ; mais, comme il arrive d’ordinaire au vrai talent, le hasard, une objection, la colère, l’inspiraient mieux encore. Aussi était-il dangereux de l’interrompre. (N’est-ce pas là un des traits de notre Mirabeau ?) On pense bien qu’un tel homme était mal à son aise dans les entraves de la déclamation : il s’y montrait inférieur, non seulement à lui-même, mais à beaucoup d’autres. Interrogé par Sénèque sur cette singularité de son génie, il est réduit à s’excuser par l’exemple de Virgile, mauvais prosateur ; de Cicéron, mauvais poète ; de Salluste et de Platon, mauvais orateurs ; de Pylade, mauvais comédien ; de Bathylle, mauvais tragédien. La suite du plaidoyer est curieuse. Nous lui avons déjà emprunté un épisode des infortunes de Cestius. La conclusion se prévoit sans peine : Pour soutenir la comparaison avec des déclamateurs, il rie faut pas plus de génie, mais moins de bon sens ; c’est pourquoi je me laisse rarement entraîner à déclamer, et toujours à regret, si ce n’est en présence de quelques amis intimes.

L. Hatérius, qui déshonora gratuitement sous Tibère, par d’infâmes adulations, une vieillesse inutile[28], promit de bonne heure un grand talent, et tint parole ; mais ses discours étaient presque oubliés du temps de Tacite ; ses déclamations, à plus forte raison, quoiqu’il tînt un des premiers rangs comme déclamateur sous Auguste. Seul, de tous ses contemporains, il transporta en latin l’abondante facilité de la langue grecque. La rapidité de son improvisation était devenue presque un défaut, que l’empereur lui reprochait par cette spirituelle plaisanterie : Mais, en vérité, il faut enrayer notre ami Hatérius[29]. Au reste, il y avait là quelque chose de si involontaire, qu’Hatérius ne put jamais s’en rendre maître : il fallait qu’un de ses affranchis, assis à ses côtés, le modérât par des signes convenus ; singulier procédé qui rappelle celui du riche et ignorant Calvisius Sabinus, réduit à remplacer par un esclave chacune des facultés que lui refusait la nature[30]. A cette abondance de paroles, notre déclamateur unissait pourtant une rare et curieuse élégance de langage ; il puisait surtout dans le vocabulaire de Cicéron, seul défaut que l’école eut peine à lui pardonner[31]. Les hommes de goût lui en trouvaient un autre, c’était de trop aimer la période arrondie et harmonieuse. Quelquefois il lui arrivait de compter moins le sens que les syllabes, et de compléter étourdiment sa phrase par une absurdité sonore. Après tout, comme le Lucilius d’Horace (Sénèque imite ici les vers du poète satirique), Hatérius rachetait ses défauts par des qualités plus grandes encore ; et pour entraîner dans son cours quelques parcelles impures, le torrent de cette éloquence n’était pas moins majestueux.

Laissons de côté et Magius, le gendre de Tite-Live, parfaitement inconnu d’ailleurs, et Sénécion, surnommé Grandio, à cause de sa manie pour le grand en tout genre, et Plotius, le premier rhéteur latin qui ait enseigné publiquement à Rome, et Blandus, le premier des professeurs de rhétorique qui soit sorti de l’ordre des chevaliers[32], et d’autres personnages, indifférents à divers titres, qui figurent dans cette immense galerie de portraits[33]. Nous devons dire encore un mot des rhéteurs grecs. Ils sont moins nombreux, sans doute, que leurs rivaux. D’ailleurs, ce qu’ils ont fait pour la déclamation est plus difficile à apprécier aujourd’hui ; car, par un accident commun à presque tous les livres où le grec et le latin alternent, le grec a souvent été sacrifié dans les manuscrits de Sénèque par un copiste ignorant, et quelques lignes éparses, mutilées ou corrompues, donneraient une bien fausse idée des auteurs auxquels Sénèque les rapporte. Cependant il faut bien mentionner deux ou trois noms illustres

Timagène, le célèbre historien, d’abord esclave, puis cuisinier, puis porteur de litière, enfin ami de César Auguste ; grand diseur de bons mots ; incapable de garder longtemps la faveur d’un prince, mais capable de se venger d’une disgrâce par une plaisanterie. Chassé de la maison d’Auguste, il brûle aussitôt ce qu’il avait écrit sur l’histoire de son puissant ami, et va redemander à Pollion, son ancien maître, un asile, que celui-ci lui accorde sans craindre la colère de l’empereur.

Le second Hermagoras, auteur de plusieurs ouvrages de rhétorique, et qui devint le chef d’une nombreuse école[34].

Apollodore de Pergame, célèbre aussi par ses nombreux élèves, qui se firent honneur de son nom. Parmi eux on comptait le jeune Octave, qui l’avait emmené de Rome à Apollonie ; Caïus Valgius et Vipsanius Atticus, qui rédigèrent, l’un en grec, l’autre en latin, les préceptes de leur maître ; Brutidius Niger, historien médiocre, autant qu’on peut le juger sur une critique et sur une citation de Sénèque ; intrigant de bas étage, que Tacite a signalé en quelques lignes au mépris de la postérité[35].

Pour cette énumération déjà si longue, quoique très abrégée, de beaux parleurs et d’écrivains, nous avons rarement puisé ailleurs que dans Sénèque le père. A peine nous sommes-nous permis de compléter çà et là, d’achever quelque portrait ou quelque biographie d’après des renseignements épars dans Tacite, Quintilien, Sénèque le philosophe. Nous voulions surtout montrer quel jour la lecture de cet écrivain peut jeter sur toute l’histoire du siècle d’Auguste. Au reste, le personnage le moins apparent, mais le plus important de tous ces petits drames dont nous avons détaché quelques scènes, c’est Auguste lui-même, que l’on devine partout où on ne le voit pas. Ici, le fondateur de la paix qui gênait tant Labienus et Sévérus ; là, le triumvir qui redoute tout souvenir de Cicéron, mais qui permet volontiers à des pédants oisifs de le ressusciter en parodie ; partout le prince adroit qui accepte la flatterie délicate, jamais la flatterie servile ; qui distribue le blâme et l’éloge avec finesse et mesure, sait honorer de sa présence les lectures et les déclamations, mais n’aime pas que son gendre Agrippa y reçoive un affront, et veut encore moins que son nom et ses actions soient livrés aux fades commentaires des sophistes : c’est le témoignage de Suétone[36] expliqué par celui de Sénèque, et ce rapprochement suffit à résumer ici notre pensée à l’égard de Sénèque le père. C’était à nos yeux un historien, et le moins connu, de cette mémorable époque.

 

 

 

 



[1] Suétone, Tib. 73. Sénèque a écrit que, sentant sa fin approcher, il avait ôté son anneau, comme pour le donner à quelqu'un, et qu'après l'avoir tenu quelques instants, il l'avait remis ensuite, et était resté longtemps immobile, la main gauche fermée; que tout à coup il avait appelé ses esclaves, et que, comme personne ne lui répondait, il s'était levé, mais que les forces venant à lui manquer, il était tombé mort auprès de son lit. Lactance, Inst. VII, 15 : Non incite Seneca Romanæ urbis tempora distribuit in ætates, primam enim dixit, etc.

[2] M. T. Ciceronis orationum pro M. Fonteio et pro C. Rabirio fragmenta ; T. Livii libri XCI fragmentum plenius et emendatius ; L. Senecæ fragmenta ex membranis bibliothecœ Vaticanæ. Ed. B. G. Niebuhr C. F. Romæ, 1820, in-8° ; p. 103.

[3] Excerpta lib. III Controv. Prœf. p. 404, Bip.

[4] Tacite, Ann. VI, 9, 29. Cf. III, 66.

[5] Suétone, Calig. 16.

[6] Je citerai un seul exemple à l’appui de cette espérance. Pline, Hist. nat. IX, 78 : Pausilypum villa est Campaniæ, haud procul Neapoli : in ea in Cæsaris piscinis a Pollione Vedio conjectum piscem, sexagesimum post annum expirasse scribit Annœus Seneca, duobus aliis requalibus ejus ex eodem genere tutu viventibus. Or, Sénèque le rhéteur, mort après 787, suivant nos calculs, avait, par conséquent, survécu plus de 51 ans à Védius Pollion, mort en 738 (Dion, 54, 23). II avait donc pu apprendre la mort du poisson jeté par Védius dans sa piscine de Pausilype quelques années avant l’époque où cette piscine passa, par une clause de son testament, à Auguste, dont elle prit le nom (Cæsaris piscinœ. V. Dion, l. c.).

[7] Praef. Controv. I, p. 62.

[8] Suétone, De clar. rhetor., I. Cf. Auguste, 84.

[9] Sénèque, Præf. Controv, p. 60 sq., signale une autre cause de cette décadence, dans la corruption toujours croissante des mœurs. Mais il ne méconnaît pas la principale, celle que nous signalons, cum prœmium pulcherrimœ rei cecidisset.

[10] Cicéron, Phil. II, 17 ; III, 9. Cf. Orelli, Onom. Tull. p. 165.

[11] De là cette remarque, entre plusieurs autres du même genre, Prœf. lib. 1, Controv. : Declamabat Cicero, non quales nunc controversias dicimus, nec tales quidem, quales ante Ciceroneni dicebantur, quas theses vocabant. Cf. Cicéron, pro Plane. 34 ; ad Att., IX, 4.

[12] Je traduis ici par pédant, faute d’équivalent meilleur ; car le mot scholasticus ne paraît pas avoir encore le sens qu’il a en grec dans les Facéties d’Hiérocles (Voy. la trad. de Coray).

[13] Quintillien, Inst. Orat. X, 5, 18 ; Sénèque, Præf. lib. IV, p. 273. Cf. p. 408.

[14] L’anecdote suivante est aussi historique dans tous ses détails.

[15] Sénèque lui rend toutefois justice, Excerpta contr., l. IV, prœf., p. 424.

[16] Suas. 2, p. 22 ; 6, p. 46. cf. p. 68, passim.

[17] Treb. Pollion, Trig. tyr. 4.

[18] J’atteste sur ce point l’anecdote racontée par Plutarque, Cicéron, c. ult.

[19] Par suite d’une substitution du mot Cato au mot Latro, Vincent de Beauvais discute sérieusement la date assignée par Eusèbe, dans sa chronique (U. C. 741), à la mort de ce personnage (Speculum Histor. VI, 75).

[20] Tinnitus Gallionis. Dial. de Clar. Orat. 26.

[21] Sénèque, de Benef. III, 27.

[22] Suas. 6, p. 37.

[23] Cont. 12 fin, et p. 175 : passage qui prouve en même temps que le livre des Suasoriœ a été écrit après celui des Controverses, et que nous ne le possédons pas entier.

[24] Voyez plus haut, chap. III, section II.

[25] J’ai du moins vainement cherché le nom de ce fabuliste dans les principales histoires de la langue et de la littérature latines.

[26] Controv. 28. Cf. 16, et Sénèque, Quœst natur. III, 27.

[27] Voy. Meyer, Orat. Rom. fragm. 530-534, éd. 1842. Cf. parmi les épigrammes insérées dans les oeuvres de Sénèque le philosophe, la VIe : Crispe, meœ vires, etc.

[28] Tacite, Ann. III, 57, et IV, 61 : Hatérius... tant qu'il vécut, orateur célèbre. Les monuments qui nous restent de son talent ne répondent pas à sa renommée. Sénèque, p. 323.

[29] Cf. Forcellini, au mot Sufflaminare.

[30] Sénèque, Ép. 27.

[31] Excerpta contr. l. IV, prœf. p. 423.

[32] Notons, à cette occasion, une sage remarque de Sénèque, qu’on serait moins étonné peut-être de lire dans un ouvrage de son fils : Minime probabili more (apud veteres) turpe erat docere, quod honestum erat discere.

[33] Voici un orateur qu’on n’a pas encore ajouté à la liste des contemporains d’Auguste, dont les ouvrages sont perdus : Varius Ceminus apud Cæsarem (cf. Quintilien, V, 13 : Actiones apud Cœsarem et triumviros) dixit : Qui apud te audent dicere, magnitudinem tuam ignorant ; qui non audent, humanitatem, p. 466.

[34] Voyez d’ailleurs Quintilien, III, 1, § 16 ; III, 5, § 4 ; VII, 4, § 4.

[35] Ann. III, 66 : Brutidius, rempli de belles qualités, pouvait, en suivant le droit chemin, arriver à la situation la plus brillante; mais une impatiente ambition le sollicitait à surpasser d'abord ses égaux, puis ceux d'un rang supérieur, enfin ses propres espérances. Et la même cause a fait la ruine de bien des hommes, d'ailleurs estimables, qui, dédaignant une élévation tardive et sans péril, courent, au risque de se perdre, à des succès prématurés.

[36] Suétone, Auguste, 89 : Toutefois il n'aimait pas qu'on le prît pour sujet de composition, à moins que ce ne fussent les plus grands maîtres, et que le style ne fût grave. Il recommandait aux préteurs de ne pas souffrir que son nom fût terni dans des luttes littéraires. Cf. Caligula, 53.