ÉCONOMIE POLITIQUE DES ROMAINS

 

LIVRE TROISIÈME — AGRICULTURE - PRODUITS

CHAPITRE X. — Patrie des céréales, notamment du blé et de l’orge[1].

 

Si l’origine des plantes alimentaires, répandues aujourd’hui dans les cinq parties du monde, est enveloppée de profondes ténèbres, si, à travers la nuit des temps, il est difficile de découvrir l’aurore de la civilisation, qui tient essentiellement à l’introduction et à la culture des céréales, cette époque, cependant, présente un si grand intérêt, et a exercé une si grande influence sur le bonheur de la société, que ces recherches ne paraîtront ici ni déplacées ni tout à fait inutiles. Je sens que, dans la question dont je vais m’occuper, on ne peut apporter qu’u ne certaine somme de probabilités, car la preuve évidente consisterait à mettre sous les yeux un individu de chaque espèce dont l’état sauvage et la provenance seraient parfaitement constatés. Mais cette preuve est très difficile à fournir pour les espèces non indigènes, cultivées depuis un temps presque immémorial, puisque, d’après les observations unanimes des agriculteurs, si la terre est restée assez meuble, le blé et l’orge se perpétuent quelquefois de graine dans nos climats pendant deux ans après une première culture, puis meurent la troisième année[2]. L’avoine même, comme on a pu l’observer, s’est reproduite depuis 1815 jusqu’en 1819, dans les parties du bois de Boulogne[3] occupées par les bivouacs des armées étrangères. Il aurait donc fallu que les botanistes qui ont cru avoir trouvé en différents lieux des céréales à l’état sauvage, fussent restés plusieurs années dans le pays natal de ces plantes, et eussent constaté avec soin la perpétuité de leur reproduction spontanée. Quant à moi, je m’estimerai assez heureux, si je réussis à appeler sur ce sujet l’attention des voyageurs et des botanistes qui parcourent le globe, et si je parviens à jeter quelques lumières sur cette partie de l’histoire des plantes, de la culture et de la civilisation.

J’ai cru qu’on pouvait parvenir à une solution satisfaisante de ce problème historique en combinant les dénominations appliquées aux céréales dans les plus anciennes langues, les traditions les plus anciennes, les plus anciens monuments sculptés, avec les récits de la Bible, en rapprochant l’origine et les migrations du culte de Cérès, qui ne sont probablement que les migrations de la plante, avec les figures de l’Épi, représenté sur les zodiaques dans le signe de la Vierge, avec les céréales elles-mêmes trouvées dans les tombeaux de Thèbes, et en appliquant ensuite aux genres triticum et hordeum cette règle de critique adoptée par les plus savants botanistes[4]. Lorsque la patrie d’une espèce cultivée est inconnue, le pays qui renferme le plus grand nombre d’espèces indiquées de ce genre doit être regardé comme la patrie probable de cette espèce.

Je procéderai d’abord par une méthode d’exclusion qui resserrera beaucoup la zone qu’on peut attribuer pour patrie aux céréales.

Le blé[5] et l’orge[6] gèlent souvent dans nos climats ; ils ne vivent ni dans les contrées équatoriales d’une hauteur médiocre, ni au-delà des tropiques, à une très haute élévation au-dessus du niveau de la mer. Cette circonstance doit faire présumer qu’ils sont originaires d’un pays tempéré[7], soit par la latitude, soit par sa hauteur absolue.

On sait positivement que leur reproduction spontanée n’existe ni dans l’Europe, ni dans toutes les parties de l’ancien et du nouveau continent où les Européens ont porté leurs colonies et cultivé ces grains si utiles pour les progrès de la civilisation et le bonheur de la société. Théophraste[8] dit qu’en Égypte et dans plusieurs autres lieux, le blé et l’orge sont bisannuels, et qu’après avoir été coupés, ils produisent de racine un autre épi l’année suivante : Φύεται δέ xαί άπό τών ριζών πυρός, xαί xριθή, πολλαχοΰ τώ ύστέρω έτει. C’est une preuve que dans ces contrées ces grains étaient plus rapprochés du lieu de leur origine.

On peut supposer avec beaucoup de probabilité que les céréales n’existent pas à l’état sauvage dans les vastes contrées habitées par les peuples chasseurs et nomades ; car ces peuples auraient changé assurément une nourriture incertaine et précaire pour un aliment agréable, qui leur offrait des produits abondants, devait augmenter leur population, concentrer leurs forces, assurer l’existence et le bonheur de leurs familles.

Les Égyptiens, les Hébreux, les Grecs, plusieurs peuples de l’Asie et de l’Europe, nous offrent l’exemple de ce passage de la vie nomade à la vie agricole sitôt qu’ils ont découvert les céréales ou qu’on les a importées dans leurs pays.

Maintenant que la philologie et l’histoire naturelle nous ont donné des lumières précises sur les anciennes migrations des peuples, sur l’origine des langues anciennes et modernes de l’Europe, sur celle de nos animaux domestiques et de nos plantes usuelles, nous nous servirons de ce nouvel instrument pour parvenir à déterminer la région d’où ont été importées chez nous les céréales. J’emploierai toujours la méthode d’exclusion, en parcourant le globe de l’est à l’ouest.

La Chine ne peut pas être la patrie de l’orge et du blé ; car, dans les anciens caractères qui ont servi à former l’écriture chinoise, le riz et le millet sont au premier rang, et l’on n’y voit pas encore l’orge et le froment. J’en ai pour garant l’autorité imposante d’Abel-Rémusat[9].

Dans l’Inde, le froment n’a que deux noms, godhûma et sumanas. Le premier document dans lequel on trouve le mot godhûma avec la signification de froment est de beaucoup postérieur à la mention des céréales dans les hiéroglyphes égyptiens, dans la Genèse, dans Homère et Hésiode ; ce mot n’a d’ailleurs aucune ressemblance avec les noms des céréales en égyptien, en hébreu et en grec.

Nous savons au contraire que le riz est originaire de l’Inde ; aussi le mot sanscrit vrihi est-il la racine incontestable de l’όρυζα grec et de tous les noms de ce grain dans les langues anciennes et modernes[10]. Les céréales ne sont point originaires de la Tartarie ; l’épi de blé ne se trouve point sur le zodiaque tartare. En turc, le froment s’appelle boghdaï, l’orge, kèchkèk, l’épeautre, chinthah, comme en arabe[11]. En arménien, tsoriean est le froment pur, l’épeautre, tzavar, l’orge, kari.

Le nom du blé est agd en pelhvi, en persan, guendum. Tous ces noms n’ont aucune analogie avec ceux des langues égyptienne, hébraïque, grecque et latine.

Suivant Moïse de Chorène[12], l’orge se trouve sauvage sur les bords de l’Araxe ou du Kur, en Géorgie ; aussi le nom arménien, kari, de cette graminée est-il presque identique avec xρϊ ou xριθή, qui la désigne dans la langue grecque.

Le nom générique du froment, dans les hiéroglyphes égyptiens, est har, selon Salvolini ; en hébreu, bar ; en arabe, bourr[13] ; en grec, πυρός ; en latin, far, et en celtique, bara. Cette analogie de noms est frappante, surtout chez ceux de ces peuples dont la langue dérive presque entièrement des idiomes indo-persans. Car la brebis, dont l’origine est asiatique, se nomme en sanscrit kurari ; en celtique irlandais, caora[14]. Bahusa, truie en sanscrit, a fait en celtique le sanglier baez et le cornique bahet. Le suédois basse signifie aussi sanglier, tandis que l’allemand bache a conservé le sens de truie[15]. Or, nous savons que ces deux animaux domestiques sont originaires, la brebis de l’Asie orientale, et le cochon de l’Inde. Enfin n’est-il pas remarquable qu’à l’extrémité de l’Occident, dans une population celtique, dont la langue est presque entièrement dérivée de l’idiome sanscrit, les deux mots pain et vin, bara, gouin, soient absolument identiques avec les mots hébreux qui ont formé le πυρός ; et le far, l’οϊνος et le vinum des Grecs et des Latins ? et ne peut-on, sans trop d’invraisemblance, y voir une trace de l’importation, par un peuple sémitique, de ces deux plantes qui étaient originaires de sa patrie, et qu’il avait cultivées le premier dès l’aurore de la civilisations ? Ne semble-t-il pas qu’on suive en quelque sorte, de l’orient à l’occident, les migrations de la plante dans la filiation du langage et dans l’identité de l’étymologie ?

Selon les plus anciens monuments de l’histoire égyptienne, c’est près de Nysa ou Bethsané, dans la vallée du Jourdain, qu’Iris et Osiris trouvèrent à l’état sauvage le blé, l’orge et la vigne.

Il s’agit d’abord de fixer la position de cette ville de Nysa. Homère est le plus ancien auteur qui en ait parlé. Il y a, dit-il, une ville de Nysa, située sur une haute montagne couverte d’arbres fleuris, assez loin de la Phénicie, plus près des eaux de l’Égypte.

Ce passage[16] et quatre autres de Diodore[17] fixent d’une tisanière générale la position de Nysa dans l’Arabie, entre le Nil et la Phénicie.

Pline[18] est plus précis : il met Nysa en Palestine, sur les frontières de l’Arabie. Philadelphiam, Raphanam, omnia in Arabiam recedentia, SCYTHOPOLIM, ANTEA NYSAM, a Libero patre, sepulta ibi nutrice. Etienne de Byzance[19] est du même avis : Nysa ou Scythopolis, dit-il, ville de la Cœlésyrie (dans l’Ammonite) ; et Josèphe nous apprend[20] que cette ville de Nysa, nommée ensuite par les Grecs Scythopolis, s’appelait de son temps Bethsané, et était située au bout d’une grande plaine, au-delà du Jourdain.

La position de cette ville est donc établie par les textes positifs de Diodore, de Pline, de Josèphe, d’Etienne. Nysa, Scythopolis et Bethsané sont la même cité. Du temps d’Osiris et même de Diodore, comme les limites de l’Arabie ont toujours été très indéterminées, la portion de la Palestine voisine de l’Arabie a pu être comprise sous le nom générique de la Syrie ou de la Péninsule arabique dont elle fait partie. L’épithète εύδαίμων, donnée à l’Arabie par Diodore (I, 15), doit être considérée comme une glose insérée dans le texte, ou comme une épithète d’ornement, appliquée à tous les terrains fertiles ou remarquables par des productions précieuses, d’autant plus que ce même Diodore, en parlant de la ville de Nysa qu’Osiris bâtit dans l’Inde, en mémoire de l’autre ville de Nysa xατ’ Αϊγυπτον, où il avait été élevé, ne fait plus mention de l’Arabie Heureuse, et qu’en un autre endroit (IV, 2) il place cette même Nysa vers l’Arabie, entre la Phénicie et le Nil. Dans l’ancienne histoire de Java, l’orge est regardée comme une plante importée, et se nomme Jawa nusa[21]. Serait-ce une vieille tradition de l’origine et de l’ancienne introduction de cette céréale ? Je ne présente cette idée que comme un doute ; mais l’identité de nom est frappante. Une autre raison, tirée de la patrie bien connue d’une plante fameuse, vient à l’appui des géographes que j’ai cités, et doit fixer irrévocablement en Palestine la position de Nysa. C’est auprès de Nysa qu’Osiris et le Bacchus égyptien, regardés par Diodore et les Grecs les plus instruits comme un seul et même roi, trouvent la vigne sauvage en général suspendue ou mariée aux arbres[22]. C’est aussi dans la terre de Canaan que Noé découvre la vigne[23]. On connaît la grosseur des grappes de raisin rapportées à Moïse des environs d’Hébron[24] ; or, on sait que la vigne est un arbrisseau affecté en général au bassin de la Méditerranée[25] ; il ne croît spontanément ni dans l’Éthiopie, ni dans l’Arabie proprement dite, ni même dans l’Égypte. Ainsi les livres sacrés, l’histoire ancienne des Égyptiens et l’histoire naturelle s’accordent sur ce point important. C’est dans la Palestine que l’agriculture a commencé ; on y a d’abord trouvé le blé, l’orge, puis la vigne, qu’Osiris a importée dans la Haute Égypte, et dont les descendants de Seth et de Caïn ont perfectionné la culture. Ce fait historique, que j’appuierai bientôt de grandes probabilités, découle immédiatement de la position de la ville de Nysa, qu’il s’agissait de fixer, et que j’espère avoir maintenant déterminée avec assez de précision.

C’est donc dans la vallée du Jourdain que, selon les traditions égyptiennes, Isis et Osiris trouvèrent à l’état sauvage le blé, l’orge et la vigne, qu’ils transportèrent en Égypte, dont ils enseignèrent la culture et dont ils montrèrent l’utilité aux Égyptiens.

L’histoire égyptienne assure, dit Diodore[26], qu’Osiris, originaire de Nysa, située dans l’Arabie fertile qui avoisine l’Égypte, aima l’agriculture, et trouva la vigne dans les environs de sa ville natale. Cet arbrisseau y était sauvage, très abondant, et en général suspendu aux arbres.

C’est là aussi, dit toujours Diodore (I, 14), qu’Isis trouva le blé et l’orge, croissant au hasard dans le pays, parmi les autres plantes, mais inconnu aux hommes.

Des fêtes où l’on portait des gerbes de blé et des vases pleins de blé et d’orge, servirent à conserver la mémoire de cette grande découverte, qui fit cesser chez les Égyptiens l’horrible usage de l’anthropophagie. Diodore cite même les écrivains qui assuraient qu’à Nysa, une colonne avec une inscription en caractères sacrés, ίεροϊς γράμμασιν, attestait cette découverte d’Isis. Elle portait[27] : Je suis la reine de toute cette contrée ; je suis la femme et la sœur d’Osiris. Je suis celle qui ai fait, la première, connaître les grains aux mortels. Je suis celle qui se lève dans la constellation du Chien. Réjouis-toi, Égypte, ma nourrice.

C’est aussi dans la Palestine que, selon la Genèse, les céréales ont été découvertes et que l’agriculture a commencé[28].

Moïse, dans le Deutéronome, rappelle au peuple hébreu cette circonstance qui devait lui rendre la Terre Promise plus désirable encore et plus chère.

Dieu, lui dit-il[29], t’introduira dans une bonne terre, une terre pleine de ruisseaux et de fontaines, la terre du froment, de l’orge et de la vigne, où naissent le figuier, le grenadier et l’olivier, une terre d’huile et de miel, dont le fer sont les pierres, et des montagnes de laquelle on extrait le cuivre métallique.

C’est aussi dans la Palestine que Noé trouve la vigne[30] ; c’est la patrie du bitume[31]. C’est cette même Palestine, la terre du blé, de l’orge et du vin[32], que la Bible nous représente comme la patrie ou le séjour du cèdre du Liban, du baumier (Amyris opobalsamum), du Solanum melongena, du palmier dattier, du figuier sycomore ; c’est le pays du dromadaire, du chacal, du daman, de la gerboise, du lion, de l’ours et de la gazelle. L’histoire égyptienne et l’histoire hébraïque s’accordent tout à fait sur l’origine des céréales, de la vigne et de l’olivier.

Voyons si la Palestine réunit effectivement le concours des diverses circonstances que j’ai présentées d’après les plus anciens monuments. Si, l’origine des céréales n’étant pas encore bien établie, la patrie, l’habitat des différentes espèces de végétaux, de minéraux et d’animaux indiqués, a néanmoins été constatée avec certitude, nous connaîtrons déjà un des termes de la proposition, et il nous deviendra facile d’éliminer l’inconnu.

Or, tous les savants qui ont visité la Palestine y ont constaté l’indigénat de la vigne, de l’olivier, du grenadier et du figuier. Ils y ont trouvé à l’état sauvage, le cèdre, le figuier sycomore, les pins et les palmiers ; l’existence dans cette contrée du baumier (Amyris opobalsamum) et du Cupremas phœnicea, du daman, de l’ours, du lion, du chacal, de la gazelle et de l’abeille, a été vérifiée ; la présence des mines de fer, de cuivre, et des lacs de bitume, a été mise hors de doute. On voit aussi que l’existence, dans la môme contrée, de végétaux à qui une grande chaleur est nécessaire, et d’autres qui se plaisent dans un climat froid ou tempéré, tels que les palmiers et le cèdre, le baumier et la vigne, circonscrit beaucoup le terrain et indique positivement un pays de montagnes, susceptible, par la différence de son élévation, de températures très variées.

Maintenant, puisque les assertions des traditions ou des histoires hébraïques et égyptiennes se trou-vent confirmées sur tous ces points, il y a, ce me semble, une grande probabilité qu’elles se vérifieront aussi pour le froment et l’orge, qu’elles as-surent être indigènes dans la Judée, et dont une trop ancienne culture nous avait fait perdre l’origine.

Ce fait, assez intéressant pour l’histoire de la botanique et de la civilisation, ne serait peut-être plus mis en doute si des botanistes, occupés de ce genre de recherches, fussent restés plusieurs années sur les lieux et eussent été à même, pendant ce séjour, de distinguer positivement les espèces reproduites momentanément dans des cultures abandonnées des espèces véritablement sauvages et indigènes.

Théophraste, dans son Histoire des plantes (VIII, 7), nous dit que, dans l’Égypte et dans plusieurs autres lieux, le blé et l’orge repoussent de leurs racines après avoir été coupés, et produisent encore des épis une seconde année. Ce fait, que j’ai déjà signalé et que l’on n’a jamais vu se produire en Europe, semble indiquer que ces céréales se trouvent, sinon dans leur patrie, au moins très près du lieu de leur origine.

M. de Labillardière a observé dans une contrée voisine et m’a transmis un fait qui confirme entièrement l’observation curieuse de Théophraste. Il a vu auprès de Baalbek, en Syrie, du blé se reproduire pendant deux ans consécutifs, et, dans un autre endroit, du froment, que la sécheresse avait empêché de germer, se développer et fructifier la troisième année, dans ce même champ resté sans culture. Cette circonstance n’a été observée dans aucune autre contrée où l’on cultive nos céréales, et tend à prouver que les chaînes du Liban, du Kurdistan et peut-être de l’Arménie, sont le pays d’où l’orge et le blé tirent leur origine. Olivier[33], dit positivement que dans la Mésopotamie, près d’Anah, sur l’Euphrate, il a trouvé le froment, l’orge et l’épeautre à l’état sauvage. Ailleurs[34], il assure les avoir rencontrés à une journée d’Amadan. Le botaniste Michaux, qui a voyagé en Arménie et en Mésopotamie, affirme aussi qu’il a trouvé l’épeautre sauvage près d’Amadan, et un fragment de Bérose[35] nous apprend que la Babylonie, c’est-à-dire la plaine située entre l’Euphrate et le Tigre, produisait spontanément le blé, l’orge, le sésame et le lupin, plantes auxquelles la Bible ajoute[36] la vigne et l’olivier. Tous ces faits, comme on le voit, se contrôlent, se vérifient mutuellement, et apportent une grande somme de probabilités pour faire attribuer à la zone que j’ai indiquée l’origine et la patrie des céréales.

Je prévois deux objections qu’on pourrait me faire, l’une que le blé (chittah, barah, πυρός ou triticum) et l’orge (hordeum ou xριθή), indiqués par la Bible et les historiens de l’Égypte, peuvent n’être pas les espèces cultivées aujourd’hui sous ce nom ;

L’autre, que ces espèces peuvent être fort différentes de leur état primitif et avoir été améliorées, dénaturées par la culture.

Je répondrai à la première objection, que les espèces simples à trois étamines, telles que les graminées, changent peu ou point par la culture ; de plus, que le blé trouvé dans les vases fermés, tirés des tombeaux des rois à Thèbes[37] et dont la forme, la couleur avaient été, grâce au bienfait de ce climat, et à l’embaumement avec le bitume, entièrement conservées, a paru à M. Delille et aux savants de la commission d’Égypte tout à fait identique avec notre froment actuel. D’ailleurs la culture du blé n’a point été interrompue en Égypte et en Palestine depuis l’époque où elle y a commencé, et ces plantes ont toujours gardé le même nom. Les épis représentés sur les zodiaques peints de Thèbes et d’Esné, les blés figurés dans les scènes d’agriculture d’Eleithuia, qui sont aussi d’une très haute antiquité, ont paru de même offrir une exacte ressemblance avec nos céréales. J’ajouterai que le blé cultivé en Égypte, par la longueur de ses barbes et par son épi carré, est facile à distinguer ; c’est celui qu’on voit sur les monuments.

En juillet 1896, M. Brown, l’un des plus habiles botanistes de notre siècle, m’a fourni ce fait remarquable et m’a autorisé à le publier : Dans les pains extraits des hypogées de la Haute Égypte et rapportés par M. Heninken, M. Brown a trouvé plusieurs glumes d’orge entières et parfaitement semblables à celles de l’orge cultivée aujourd’hui. Il a reconnu, à la base de ces glumes d’orge antique égyptienne, un petit rudiment dont l’existence n’est pas consignée dans les descriptions des botanistes modernes. M. Brown s’est assuré que ce rudiment se trouvait tout semblable, et à la même place, sur les balles de l’orge que nous cultivons. C’est une preuve sans réplique que depuis deux mille ans au moins cette espèce de céréales n’a pas été altérée, ni même modifiée par la culture dans la moindre de ses parties.

L’Exode nous en offre même une autre assez positive, en indiquant l’époque de la maturité du blé et de l’orge. Dans une des plaies de l’Égypte, celle de la grêle, le lin et l’orge furent détruits ; car l’orge était montée, et le lin était en graine. Le froment et l’olyre ou l’épeautre ne furent pas détruits parce qu’ils mûrissent tard[38].

Or, nous savons que dans les climats chauds l’orge et le lin mûrissent avant le blé et l’épeautre. M. Delille m’a confirmé ce fait pour le blé, l’orge et le lin. L’épeautre ou l’olyre n’est plus cultivé en Égypte.

Quant à l’objection de la dégénérescence ou du changement de ces espèces par la culture, ce blé des tombeaux de Thèbes, qui compte peut-être trente à quarante siècles d’existence[39], les grains plus modernes trouvés à Herculanum, à Pompéi, à Royat en Auvergne, et qui n’ont à la vérité que dix-sept cents ans d’ancienneté, prouvent que, depuis ce temps au moins, l’espèce n’a point changé de forme.

Il y a cependant un blé qu’Homère désigne sous le nom de μίxρους πυρούς, de μελιηδέα πυρόν[40], qui ne me semble pas devoir être notre froment ; car il le donne pour nourriture aux chevaux[41]. Or, Galien avait déjà observé[42] que l’usage de ce grain est très nuisible à ces animaux ; ce fait a été confirmé dans les dernières guerres, où la nécessité a souvent forcé de nourrir les chevaux avec du blé et où une grande mortalité a toujours suivi l’usage de cet aliment.

Il serait à désirer qu’on fit des expériences pour constater cette observation ; car les chevaux se nourrissent très bien avec du pain et même avec du poisson sec[43], mêlé, à la vérité, de fourrage et d’avoine. Le pain seul leur suffirait-il ? C’est un essai à faire.

M. Magendie a observé que les lapins et les cabiais ou cochons d’Inde, qui, comme les chevaux, sont herbivores, meurent quand on les nourrit seulement avec du froment, mais vivent très bien de chair et de pain mêlés aux végétaux.

L’épithète de μίxρους appliquée à ce blé me porterait à croire qu’Homère a voulu indiquer ici l’épeautre (triticum spelta), dont les grains sont plus petits que ceux du froment.

Il n’est pas étonnant que l’assertion d’Homère[44], de Diodore (V, 2) et de Bérose, qui donnent pour patrie au froment, les deux premiers la Sicile, le troisième la Babylonie[45], ait trouvé peu de croyance. Celle de Heintzelman, rapportée par Linnée[46], qui assigne pour patrie au triticum œstivum le pays des Baskires, n’est pas plus admise. Le froment d’été, qui, selon Strabon (XV), croît naturellement dans le pays des Musicans, province du nord de l’Inde, n’y a point été trouvé à l’état sauvage par les botanistes anglais.

On avait imprimé dans la Bibliothèque britannique qu’un petit froment d’été avait été envoyé, sous le nom de hillwheat, à M. Banks, des provinces du Bengale, comme y étant indigène. M. Brown a bien voulu, sur ma demande, vérifier ce fait dans l’herbier de M. Banks. Ce blé a été recueilli et envoyé en Angleterre par une dame ; son état sauvage n’est nullement constaté, ni même son identité avec les triticum.

On a rejeté aussi les témoignages de Moïse de Chorène[47], de Marc Pol[48] et de Bérose qui donnent pour patrie à l’orge, le premier, les bords de l’Araxe ou du Kur en Géorgie, le second, le Balaschiana, province de l’Inde septentrionale, et le troisième, la Babylonie.

Enfin, Théophraste et Pline lui donnent les Indes pour patrie[49], et Pausanias (I, 38), dont l’opinion a été adoptée par le savant Barthélemy[50], le fait venir avec Cybèle de la Phrygie.

L’origine de l’épeautre (triticum spelta) n’est pas non plus regardée comme certaine, quoique le savant botaniste Michaux ait rapporté cette plante des environs d’Amadan, où il a cru la trouver sauvage, et que des graines envoyées et semées par M. Bose aient donné le véritable épeautre.

Il faut reléguer au rang des fables l’origine que Pline[51] attribue au seigle. Il lui assigne le pays des Taurins et les Alpes pour patrie ; peut-être même le mot secate désigne-t-il, dans Pline, une espèce toute différente de la nôtre[52] ?

Le blé dur où triticum durum paraît être cultivé depuis très longtemps en Afrique, où M. Desfontaines l’a observé avec soin ; mais on croit que ce n’est qu’une variété du triticum turgidum.

Le peu de foi qu’on a ajoutée à ces diverses assertions tient à ce que les voyageurs n’ont pas fait un assez long séjour dans le pays pour distinguer avec certitude l’individu sauvage de l’individu provenant d’une culture abandonnée.

L’origine et la patrie des céréales étaient donc un problème historique qui restait encore à résoudre. Essayons si nous ne pourrons pas nous approcher de cette solution par un examen attentif des divers zodiaques connus.

L’examen des zodiaques dans lesquels les différents peuples ont placé les objets de leurs affections, de leur culture, les animaux avec lesquels ils avaient des rapports plus habituels, ou plutôt les animaux dont la reproduction, les végétaux dont la maturité rappelaient une époque constante, peut encore servir à éclairer le sujet que je traite. Ceux des peuples agricoles, nomades et chasseurs diffèrent totalement les uns des autres, comme M. de Humboldt l’a déjà remarqué en expliquant le zodiaque mexicain[53].

Ainsi, la Cérès mexicaine, ou la déesse de l’agriculture, est représentée avec une tige de maïs dans la main.

Le blé n’est point aussi l’emblème du dieu de l’agriculture adoré chez les Chinois ; l’orge ni le froment ne se trouvent point dans les signes simples des caractères chinois, dont l’invention remonte à 2200 ans avant l’ère chrétienne ; le riz, au contraire, et le millet y sont exprimés[54].

L’épi ne paraît pas non plus comme emblème dans le signe de la Vierge de la sphère arabe d’Abd-Arrahman, ni dans les zodiaques indiens.

Le blé ne faisait la principale nourriture ni des Chinois, ni des Indiens, ni des Arabes.

Tous les zodiaques égyptiens, au contraire, représentent la constellation de la Vierge, de Cérès ou d’Isis, sous la forme d’une femme portant un épi qu’elle tient, soit à deux mains, soit d’une seule main[55].

Les zodiaques grecs et romains, qui dérivent de cette source, offrent le même emblème. Ne peut-on pas en tirer cette induction que le blé, dont nous voyons l’épi dans la main de la déesse de l’agriculture, était originaire des pays où les zodiaques ont été sculptés ; que le temps de sa maturité formait une époque de l’année agricole ; qu’il était, en Égypte, la principale nourriture comme le maïs au Mexique, et que la reconnaissance de ces différents peuples a placé dans le ciel le végétal qui était le plus utile à leur existence. Les zodiaques indo-persans n’offrent pas non plus cet emblème, quoiqu’on ait voulu assigner la Bactriane pour patrie à nos céréales.

Je ne ferai que rappeler ici, car il est inutile d’insister sur un fait aussi connu, que la Cérès des Grecs n’est autre chose que l’Isis ; que c’est une divinité d’origine égyptienne ; que les Grecs, dans les premiers temps de leur existence, se nourrissaient principalement de glands, non de ceux du quercus robur, mais probablement de ceux du quercus ballota, qu’on mange encore aujourd’hui dans l’Espagne, dans l’Afrique et dans le Levant ; enfin, que c’est seulement depuis l’arrivée des colonies phéniciennes et égyptiennes, que le culte de Cérès ou d’Isis s’est introduit dans leur pays avec la culture des céréales qui lui avaient donné naissance.

Vous ne trouvez au contraire de divinité présidant aux céréales, ni dans l’Inde, ni dans la Bactriane, qu’on avait, sans aucunes preuves, désignées comme la patrie de l’orge et du froment.

Toutes les traditions historiques et mythologiques, les voyages d’Osiris et d’Hermès, de Cérès et de Triptolème, dans le but de répandre la culture des céréales, nous indiquent les migrations successives de ces plantes alimentaires, et nous offrent toujours pour premier point de départ l’Égypte et la Phénicie[56].

Il me reste maintenant à appliquer aux genres triticum et hordeum la règle de critique dont j’ai parlé au commencement de ce mémoire.

M. Brown, l’un des botanistes les plus distingués de notre époque, a employé cette méthode pour        s déterminer la patrie de certaines plantes dont la culture est aujourd’hui très ancienne et très répandue en Afrique et en Amérique.

On peut, dit-il[57], assurer avec confiance que le maïs, le manioc ou la cassave, ont été apportés d’Amérique en Afrique, ainsi que l’arbre à pain, le capsicum, le papayer et le tabac, tandis que le bananier, le citronnier, l’oranger, le tamarin et la canne à sucre sont d’origine asiatique.

Dans la première partie de cet essai, dit M. Brown, j’ai avancé qu’une recherche attentive et faite avec soin de la distribution géographique de certains genres pouvait faire connaître de quels pays sont originaires les plantes actuellement dispersées sur la surface du globe. On peut déterminer ainsi qu’il suit le degré de certitude qui peut dériver de la source à laquelle on remonte. Dans les cas douteux, où les arguments sont de force égale, il devra paraître plus probable que la plante en question doit appartenir au pays dans lequel toutes les autres espèces du même genre sont certainement indigènes, que dans celui où il n’existe qu’une seule espèce du genre connu.

M. Brown suit ce raisonnement ; il conclut que le bananier, dont on trouve cinq espèces distinctes dans l’Asie équinoxiale, tandis qu’on n’en a pas trouvé une seule autre espèce en Amérique, est d’origine asiatique. Il applique le même argument au papayer (carica papaya), au capsicum et au nicotiana, auxquels il assigne de cette manière une origine américaine.

Je ferai usage de cette règle pour les genres triticum, hordeum et secale.

On verra, en consultant les catalogues les plus complets des plantes connues aujourd’hui, que presque toutes les espèces des genres triticum, hordeum et secale, dont l’habitat est connu, sont indigènes dans le Levant.

Il est juste néanmoins de convenir que cet argument, appliqué à un groupe nombreux en espèces, tel que les céréales, que M. Kunth a compris sous le nom général de hordéacées, est moins positif que lorsqu’on l’emploie pour des genres offrant un petit nombre d’espèces, et dont l’habitation est restreinte à une zone plus resserrée. On peut m’objecter aussi que le concours des mêmes influences cosmiques (et je comprends sous cette dénomination abrégée toutes les circonstances nécessaires à la production et à la conservation de l’espèce, telles que température moyenne, chaleur estivale, élévation du sol, latitude, humidité, nature du terrain), que la reproduction, dis-je, des mêmes circonstances a dû faire naître des végétaux semblables dans les divers continents, et que les monocotylédones, par exemple, dont l’organisation est plus simple, ont un plus grand nombre d’analogues dans les régions des diverses parties du monde qui ont de l’analogie entre elles.

Cependant, pour me borner aux graminées et à un seul exemple frappant, le rapport, dans l’Amérique septentrionale et la Scandinavie, entre les plantes propres à chaque pays et celles qui sont communes à tous les deux, est de 6 2/3 à 1 ; celui des dicotylédones est de 10 ½ à 1[58]. Si l’on resserre la comparaison et qu’on la restreigne à deux genres, le triticum et l’hordeum, si l’on prend pour base la Syrie, l’Égypte, la Barbarie et l’Amérique équatoriale, on reconnaîtra que le Levant, le bassin de la Méditerranée renferment la plus grande quantité d’espèces des genres hordeum et triticum ; or, ce qui est un fait assez singulier, MM. de Humboldt et Bonpland n’ont trouvé en Amérique qu’un seul hordeum, l’hordeum ascendens ; ils n’y ont vu aucune espèce de triticum.

Il faudrait, de plus, pour que l’objection que j’ai rapportée eût de la force dans ce cas particulier, trouver, pour la patrie des céréales, un pays qui, par sa latitude, son élévation au-dessus du niveau de la mer, réunit le concours des influences cosmiques propres à la fois aux régions alpines ou sub-alpines et aux contrées équatoriales.

Maintenant, d’après les faits que j’ai développés plus haut, ne sera-t-on pas disposé à convenir que la ville de Nysa, patrie du blé et de l’orge, est la même que Scythopolis ou Bethsané, et est située dans la vallée du Jourdain ; que l’identité du blé et de l’orge cultivés anciennement en Égypte et en Palestine avec nos céréales est certaine ; que l’habitat de tous les végétaux, animaux, minéraux, indiqués par les monuments les plus anciens, comme existant dans la patrie de l’orge et du blé, a été constaté avec certitude ; que la comparaison des divers zodiaques, les migrations du culte de Cérès confirment cette origine des céréales ; enfin, que le plus grand nombre d’espèces des genres triticum, hordeum et secale dont l’habitat est connu, étant indigènes dans le Levant, les témoignages de l’histoire s’accordent assez bien avec les règles de critique établies par la science, et que la vallée du Jourdain, la chaîne du Liban, ou la partie de la Palestine et de la Syrie qui avoisine l’Arabie, doit être, avec une grande probabilité, assignée pour patrie à nos céréales ?

Un des faits les plus probants en faveur de cette conclusion, est celui que j’ai déjà signalé d’après l’observation de M. de Labillardière. Il a vu auprès de Baalbek, en Syrie, du blé, que pendant deux ans consécutifs la sécheresse avait empêché de germer, se développer et fructifier la troisième année dans le même champ resté sans culture. Cette circonstance n’a été observée dans aucune autre contrée où l’on cultive nos céréales, et tend à prouver que la chaîne du Liban est le véritable pays d’où l’orge et le blé tirent leur origine.

Reprenons maintenant l’examen de la culture du blé en Italie.

 

 

 



[1] Voyez De Candolle, Distrib. géogr. des plantes aliment., Bibiloth. de Genève, ann. 1836 ; Haller, Genera, species et varietates cerealium, serm. I et II, Nov. Comment. Soc. reg. Scient. Gœtting., t. V et VI ; Heyne, Opusc. acad., t. VI, p. 445.

[2] Voyez Farello (cité par Heyne, Opusc. acad., t. I, p. 3556, not. 2), qui dit que le blé croit et fructifie en Sicile sans culture.

[3] Près de la mare d’Auteuil et le long des murs de la route de Neuilly. Pline est le premier (XVIII, 44, 1) qui parle de l’avoine (aven sativa) comme plante alimentaire en Germanie. Gallien nous apprend qu’elle était cultivée en Mysie (Alim. facultat., t. VI, p. 322, éd. Khun). Cette même avoine, portée par les Européens à Rio de la Plata, y est devenue sauvage et s’y perpétue d’elle-même depuis plus de quarante ans sans aucune espèce de culture. Ce fait curieux a été constaté par M. A. de Saint-Hilaire, qui est resté six ans dans le pays.

[4] Humboldt, Geograph. Plant. ; Essai politiq. sur la Nouvelle-Espagne, t. II, p. 36o. Brown, Appendice du Voyage de Tuckey sur le Zaïre, p. 44, 50.

[5] Triticum hibernum, triticum œstivum.

[6] Hordeum vulgare, heæastichon.

[7] M. de Humboldt, Distrib. geogr. Plant., p. 160, donne les hauteurs auxquelles ces plantes cessent de fructifier.

[8] Hist. des Plantes, VIII, 7.

[9] Mém. sur les plus anciens caractères qui ont servi à former l’écriture chinoise. Journal asiatique, t. II, p. 136. Recherches sur l’origine et la formation de l’écriture chinoise, dans les Mém. de l’Acad. des Inscr. et Belles-Lettres, t. VIII, p. 28.

[10] Voyez Link, Monde primit., t. II, p. 338 et 339. Théophraste, Hist. des Plantes, IV, Y, a, le premier, fait mention du riz.

[11] Voyez Link, Monde primitif, t. II, p. 321, ss.

[12] Géogr. armén., p. 360.

[13] Ce mot signifie primitivement pur, purus, comme si l’on voulait désigner par cette dénomination le véritable froment. C’est peut-être la racine de l’adjectif latin punis. Les Hébreux appellent kusemeik une espèce de blé qui paraît être le triticum spelta, le dinkel des Allemands. (Voyez Exode, ch. IX, V, 32.)

[14] Voyez An. Pictet, Sur l’affinité des langues celtiques avec le sanscrit, Nouv. Journal asiatique, t. I, 3e série, p. 425.

[15] Id., t. II, p. 453. Le mot irlandais tolg, lit ; le gallois tyle, couche, lit de repos (identique avec le grec τύλη, matelas, coussin), ont une affinité évidente avec le sanscrit tûlikâ, matelas, lit ; or, ce substantif est un dérivé de tûla, l’un des noms sanscrite du coton (de la racine tût, jeter au dehors). Ibid., 458.

[16] Cité par Diodore, III, 65, p. 235, éd. Wesseling.

[17] I, 19 ; III, 64, 65 ; IV, 2.

[18] Hist. nat., V, 16, p. 262, éd. Harduin.

[19] De urbib. voce Nisa.

[20] Ant. Jud., XII, VIII, 5, p. 620, éd. Havercamp.

[21] Raffles, t. II, p. 65

[22] Dion. Sic., III, c. 67, 69 ; I, c. 15.

[23] Cœpitque Noe vir agricola exercere terram, et plantavit vineam, bibensque vinum inebriatus est. Genèse, c. IX, vers. 20, 21.

[24] Numeri, cap. XIII, vers. 23, 24.

[25] Je n’entends point pourtant circonscrire aux environs de Nysa la patrie de la vigne ou son habitation primitive ; je sais qu’elle est sauvage en Arménie. M. du Petit-Thouars l’a vue à Madagascar ; y est-elle native ou importée ? est-ce bien la vitis vinifera ? Je dis seulement que les traditions, les histoires égyptiennes recueillies par Diodore la placent, à l’état sauvage, près de Nysa et du Jourdain.

[26] I, c. 15 ; III, c. 67, 69.

[27] Diodore, I, 27.

[28] Fuit auteur Abel pastor ovium, et Caïn agricola. Factum est autem post multos dies ut offerret Caïn, de fructibus terræ, munera Domino. Genèse, cap. IV, vers. 2, 3.

[29] Deus introducet te in terram bonam, terram rivorum aquarumque et fontium, terram frumenti, hordei ac vinearum, in qua ficus et mala granata et oliveta nascuntur, terrain olei ac mellis, cujus lapides ferrum sunt et de montibus ejus æris metalla fodiuntur. Deutéronome, VIII, 7, 8 et 9.

[30] Genèse, IX, 20, 21.

[31] Bitumine linies intrinsecus et extrinsecus. Genèse, VI, 4.

[32] Voyez Deutéronome, XXXII, 14 ; Psaumes, LXXX, 17 ; Nombres, XIII, 24 ; Juges, XIV, 5.

[33] Voyage, t. III, p. 460.

[34] Encyclopédie méthodique, art. Botanique, t. II, p. 160.

[35] Ex Alexandr. polyhistor. descript. a Syncello, chronograph., p. 28.

[36] IV Reg., XVIII, 32.

[37] On y a trouvé aussi des pains entiers et très bien conservés ; ils sont à Turin, dans la collection de M. Drovetti. Leur analyse chimique serait du moins curieuse quand même elle ne parviendrait pas à déterminer l’espèce botanique ; ce but a été rempli en partie par M. Brown.

[38] Exode, IX, 31, 32.

[39] Jomard, Notice sur les nouvelles découvertes faites en Égypte, p. 16, Revue encyclopédique, mai 1819.

[40] Iliade, X, 569.

[41] Andromaque donne aux chevaux d’Hector le μελίφρονα πυρόν, et Eustathe dit que les chevaux mangent non seulement l’orge et l’olyre (je crois qu’il désigne ici le titricum spelta), mais même les blés. p. 591, éd. Basil.

[42] Facult. alim., I, 3x3.

[43] Buffon (VI, 50, éd. in-8°, 1817, par Lacépède), en cite un exemple pour l’Islande.

[44] Odyssée, IX, 109.

[45] Ex Alexandr. polyhistor. descr. a Syncello, chronogr., p. 28.

[46] Spec. plant., t. I, p. 126.

[47] Géogr. armen., p. 360.

[48] Ramusio, t. II, f° 10, r° B.

[49] Théophraste, Hist. des plantes, IV, 5 ; Pline, Hist. nat., XVIII, 13.

[50] T. V, p. 538, ch. 68.

[51] Hist. nat., XVIII, 40.

[52] Voyez Link, Derniers Mémoires de l’Académie de Berlin, p. 124.

[53] Vues des Cordillères, p. 158 à 162, f° 168, etc.

[54] Voyez le Mémoire curieux d’Abel-Rémusat sur les Signes primitifs de l’ancienne écriture chinoise, lu à l’Acad. des Inscript., le 22 décembre 1820. Journal asiatique, tom. II, p. 136.

[55] Voyez Table synoptique des Constellations dans les différents planisphères, pl. A. Recherches sur les bas-reliefs astronomiques égyptiens, par MM. Jollois et Devilliers.

[56] Diodore de Sicile, I, 17-18.

[57] Voyage au Congo, p. 8, trad. franç.

[58] Voyez Screw, Dissert. de sedibus plantarum originariis, in-12 de 8o pages. Hermiæ, septembre 1816.