LES PRISONS DU MONT SAINT-MICHEL

 

CHAPITRE V. — MESSIEURS LES EXILÉS. — UNE FORTE TÊTE : M. DE RICHEBOURG.

 

 

Ce que nous apprennent les registres paroissiaux de l'église Saint-Pierre-du-Mont. — Quelques nobles exilés un témoin d'importance : M. Esprit Desforges. Pourquoi fut-il interné au Mont a-t-il tâté de la cage ? Un étranger mystérieux : M. Stapleton. — Le grand et le petit Exil. — La Trappe. — Les règlements du service intérieur repas et menus, chambres et ameublements ; sorties et promenades. Correspondances et lectures des exilés. Leurs plaintes et leurs récriminations. — Les exigences de MM. Millet, Ponsel, de la Barossière et de Soulanges. — Le ciel de lit du Frère Mathias. Les détenus en août 1770. Une forte tête M. de Richebourg. Il sème le vent, le prieur récolte la tempête. — M. de Richebourg, de son vrai nom Nidelet, discute un règlement et le fait modifier. — Les détenus en 1776. Toujours des plaintes. — L'incident de M. de Chabot. Le feu au château : 16 avril 1776. Encore une légende : le Saut-Gautier.

 

Les registres paroissiaux de l'église Saint-Pierre-du-Mont-Saint-Michel, pour le dix-huitième siècle, sont intéressants à consulter ils présentent, malheureusement, des lacunes assez considérables c'est ainsi que les actes de 1698 à 1738 manquent totalement.

Comme leurs congénères, ils se font remarquer par leur défaut de précision, la négligence de leur rédaction et une incurie de toute orthographe souvent le même nom propre est transcrit différemment quelquefois, le rédacteur consigne des particularités un peu bizarres il mentionne que tel enfant a été étouffé dans son ber (berceau) et que telle personne, décédée à l'âge de 73 ans, avait gardé sa virginité.

Si mutilés et si incomplets que soient ces registres, on y trouve, cependant, certaines indications qu'il n'est pas inutile de mentionner. Nous ne reviendrons pas sur l'acte de décès de Dubourg, rapporté dans un chapitre précédent. Nous mentionnerons ceux de M. de Vitember, de Nantes, mort le 8 août 1742 ; de M. Louis-Jacques Guillerye de Margueven, ancien écrivain principal de la marine, mort le 29 avril 1751 de M. Thomas-Jacques Le Noir de Lanchal, ancien capitaine au régiment de la Fère, mort le 9 juillet 1752 de Messire Michel Duval, prêtre, mort le 26 juillet de la même année de M. Louis-Jacques Neveu, du Mans de M. Charles-Louis de Kerléan de Kérou, ancien officier de marine, mort le 7 novembre 1762 de M. Louis Miotte de Ravannes, mort le 31 janvier 1763 de M. Ambroise Septier de la Fuye, de Montreuil-Beslay, mort le 17 février 1780 ; de M. Antonin Le Roy de Panloup, ancien lieutenant aux dragons d'Orléans, mort le 21 février 1787. Ils sont tous qualifiés soit d'exilés, soit de détenus par ordre de Sa Majesté, soit encore de pensionnaires de l'Abbaye royale d'autres actes ont trait à certains personnages dont l'histoire pénitentiaire du Mont a gardé seulement les noms.

C'est ainsi que l'acte de baptême d'Esprit-François-Marie Gautier, né le 1er mars 1754, du légitime mariage de Simon et de Marie Chaignon, bourgeois du Mont Saint-Michel, indique comme parrain Esprit-Jean-Batiste-Jacques Desforges, de la paroisse de Saint-Laurent en la ville de Paris, demeurans au château du Mont Saint-Michel, où il est détenu par les ordres de Sa Majesté il est représenté au baptême par Messire François-Charles La Ferté, chirurgien de l'abbaye, se faisant fort du sieur Desforges, suivant procuration représentée au curé de Saint-Pierre. Ce même Desforges figure personnellement cette fois, comme témoin dans l'acte de mariage de François-Charles Navet, chirurgien, avec Mme Vve Simon Gautier de l'auberge où pend pour enseigne le Chapeau Rouge. Cet acte est du 18 novembre 1755. Ce Desforges que d'autres appellent quelquefois Desroches, est le littérateur dont nous parle Bachaumont dans ces Mémoires Secrets[1] : La république des lettres, dit-il, vient de perdre le sieur Desforges, mort il y a quelques jours, subitement à table. C'était un auteur, moins célèbre par ses opuscules que par ses malheurs. En 1749, il était à l'Opéra, lorsque le prétendant fut arrêté. Il fut indigné de cet acte de violence ; il crut que l'honneur de la nation était compromis et il exhala ses plaintes dans une pièce de vers, fort connue alors, qui commence ainsi :

Peuple jadis si fier, aujourd'hui si servile,

Des princes malheureux vous n'êtes plus l'asile.

Tout est vil en ces lieux, ministres et maîtresses.

Il ne put prendre sur son amour-propre de garder l'incognito ; il se confia à un ami prétendu qui le trahit ; il fut arrêté et conduit au Mont Saint-Michel où il resta trois ans dans la cage, qui n'est pas une fable, comme plusieurs gens le prétendent. C'est un caveau, creusé dans le roc, de huit pieds carrés où le prisonnier ne reçoit le jour que par les crevasses des marches de l'escalier de l'église. M. de Broglie, abbé du Mont, eut pitié de ce malheureux. Il obtint, enfin, qu'il eût l'abbaye pour prison. Ce ne fut qu'avec des précautions extrêmes qu'on put le faire passer à la lumière, de cette longue et profonde obscurité. Grâce à l'abbé, il fut élargi au bout de cinq ans, et fait commissaire à la Guerre, à la mort de la marquise de Pompadour.

Rien ne prouve que Desforges ait été enfermé dans la cage de fer ; peut-être fut-il, tout d'abord, incarcéré dans un cachot, d'où il aurait été extrait à la sollicitation de l'abbé Charles-Maurice de Broglie ou plutôt du prieur auquel l'abbé avait délégué tous ses droits le prince de Broglie ne voyait dans le Mont qu'une source de revenus ; plusieurs fois, les religieux avaient attiré son attention sur l'état lamentable dans lequel se trouvaient les prisons, c'est-à-dire les Exils. Après avoir fait longtemps la sourde oreille, l'abbé se décida à autoriser les religieux à effectuer les réparations nécessaires ; elles furent considérables, puisqu'il fut dépensé 20.000 livres ; les membres de la congrégation de Saint-Maur, qui en avaient fait l'avance, furent contraints, pour être remboursés de cette somme, à faire un procès aux héritiers de leur abbé ceux-ci prétendirent vainement que les réparations n'incombaient pas à M. de Broglie, que les prisons étaient déjà délabrées et menaçaient ruine, quand M. de Broglie reçut le Mont Saint-Michel ; mais il fut établi que l'abbé avait obtenu, de ce chef, à titre d'indemnité une somme de 20.000 livres, des héritiers de son prédécesseur Jean Frédérick Karq de Bebambourg (1704-1719), lors de l'état de lieux, qui suivit la prise de possession[2].

Desforges, incarcéré en 1749, fut, dit un auteur, libéré en 1751[3]. L'erreur est évidente, puisqu'il figure dans l'acte de 1754, comme détenu par les ordres de Sa Majesté ; il ne pouvait même pas sortir du château puisque, pour être parrain du jeune Esprit-François-Marie Gautier, il avait été obligé de donner procuration au chirurgien François La Ferté. C'est probablement au cours de cette année-là que sa captivité devint moins rigoureuse il est qualifié, dans l'acte de mariage du chirurgien Navet, de domicilié au Mont. Il était peut-être en simple résidence obligée et pensionnaire alors de l'auberge du Chapeau Rouge dont le bourgeois se mariait.

Desforges resta donc au Mont, au moins 5 ans, de 1750 à novembre 1755.

En même temps que Desforges, entrait au château un jeune homme dont l'identité est loin d'être établie sa famille avait obtenu du roi une lettre de cachet, en raison de son inconduite ; il est appelé, dans l'acte de baptême (14 septembre 1756) de Louis-François-Pierre Le Bastard, M. Stapleton, chevalier, écuyer, originaire d'Irlande et natif de la Martinique, demeurant au château du Mont Saint-Michel où il est détenu par les ordres de Sa Majesté. On peut croire qu'il jouissait d'une liberté relative, puisqu'il figure, personnellement, à l'acte de baptême et qu'il le signe. Stapleton, au dire de certains auteurs ne citant pas leur source, voyant que sa détention se prolongeait terriblement, aurait adressé au roi une supplique pour obtenir sa liberté ; après enquête, Stapleton aurait été élargi en 1773 ; il serait donc resté au Mont pendant 24 ans.

Les archives pénitentiaires font complètement défaut pour le dix-huitième siècle seuls les registres paroissiaux et certains règlements du service intérieur nous fournissent quelques renseignements sur les prisonniers qui furent, à cette époque, incarcérés au Mont. Ceux qui étaient détenus en vertu de lettres de cachet et qui n'avaient pas commis le crime de lèse-majesté, paraissent avoir été traités fort humainement. Les religieux les appellent Messieurs nos Exilés et il semble bien, qu'à part la privation de leur liberté, ils menaient une vie relativement douce auprès de leurs gardiens qui veillaient à ce que rien ne leur manquât.

Ces détenus s'appelaient les Exilés parce qu'ils étaient logés dans plusieurs corps de bâtiments du château, aspectés à l'est et au midi et qui avaient servi de logements abbatiaux. Les Exils se divisaient en deux groupes, le Petit Exil et le Grand Exil les ouvrages d'architecture relatifs au Mont, donnent de ces bâtiments des descriptions fort complètes ; elles sont quelquefois difficiles à suivre en raison des transformations multiples que ces logis ont subies. Le bâtiment abbatial primitivement élevé, vers 1260, par l'abbé Richard Turstin, était un vaste quadrilatère voûté d'arêtes, et formant deux nefs séparées par deux piliers octogones entre ce logis abbatial et Belle-Chaise, se trouvait un autre bâtiment, construit au treizième siècle et qui fut surélevé au quatorzième l'administration pénitentiaire y établit les cellules des détenus politiques. L'appellation de Grand Exil ou d'Exil, tout court, jusqu'au commencement du dix-neuvième siècle, s'appliqua au logis abbatial celle du Petit Exil — on comprend quelquefois la tour Perrine —, est réservé au logis accolé à Belle-Chaise. C'est dans le grand Exil, au-dessous de la salle même de la Procure, que se trouvait le fameux sous-sol dit la Trappe ; un mur de refend limitait un espace assez étroit qui servait de cachot et qui était fermé par une double porte. Des meurtrières étroites, percées dans la muraille, éclairaient cette pièce d'une façon très suffisante. L'Exil contenait les chambres fortes où l'on enfermait les détenus récalcitrants. D'après un plan de Fonthiac, dressé en 1774, le Petit Exil comprenait dix chambres, et le Grand Exil, plus élevé et plus étendu, vingt ; d'après l'Inventaire de 1790, l'Exil comprenait, au moment de la Révolution, environ quarante chambres fortes, dont les croisées étaient toutes grillées. Au-dessus de l'Exil se trouvaient 7 chambres de maître, dont deux étaient réservées aux gens de service du gouverneur[4].

C'étaient les religieux de la congrégation de Saint-Maur qui étaient chargés de tout le service de la maison pénitentiaire, administration, économat, provisions, peines disciplinaires, rapports aux autorités bailli d'Avranches, intendant général de Caen, secrétariats d'Etat. Ces autorités avaient sur eux un droit de contrôle et il n'était pas rare que la maison reçut la visite de magistrats enquêteurs, soit de l'ordre administratif soit de l'ordre judiciaire. On verra plus loin avec quel soin fut menée l'enquête relative aux violences dont avait été victime le jeune chevalier d'Élivemont.

Les religieux, ne voyaient pas d'un bon œil les délégués de l'intendant ni même les officiers de police judiciaire : Nous sommes, disaient-ils, commandants militaires de la place, en l'absence de l'abbé-gouverneur ; nous n'avons donc à rendre de comptes qu'au roi, tout comme les gouverneurs des villes et châteaux forts. A la suite de nombreux incidents, les enquêtes à dates fixes furent supprimées.

Enfin, un règlement ayant force de loi, après qu'il eut été délibéré en Conseil d'État et signé du roi, fut établi le 30 août 1772. Ce règlement nous fait assez bien connaître la vie de messieurs les Exilés ; il comporte 48 articles.

Le réveil avait lieu à 6 ou 7 heures, selon la saison ; et, une demi-heure après, le petit déjeuner était servi, lait, œufs, pain et beurre les exilés devaient ensuite se rendre à la messe haute, chantée par les religieux dans le chœur de l'église abbatiale. Ils étaient tenus d'y assister entièrement, avec piété et décence ; une peine d'emprisonnement, dans une des chambres fortes de l'Exil, était appliquée, pendant six jours, à ceux qui, sans motif sérieux, s'abstenaient d'entendre la messe ; les vêpres étaient aussi d'obligation.

A midi, le dîner était servi ; il se composait d'une soupe, d'un morceau de bœuf ou d'un morceau de mouton, de deux assiettes de dessert, d'une chopine de cidre et d'un septier de vin à quatre heures, il y avait une collation avec fromage ou beurre, fruits verts ou secs. Le repas du soir, pris à 7 heures et demie, était sensiblement composé comme celui de midi ; pour varier les menus, on remplaçait, aussi souvent que possible, le mouton ou le bœuf par des poulardes, poulets, pigeons, canards, lapins et gibiers. Les jours maigres, on devait servir du poisson frais de mer, de rivière, d'étang ou du poisson salé, mais pas plusieurs fois de suite, avec une petite entrée ou des légumes.

Le carême était rigoureusement observé, ainsi que les Quatre-Temps et les jours d'abstinence fixés par l'Église ; les dimanches, mardis et jeudis on servait du poisson frais ; les lundis, mercredis, vendredis et samedis, du poisson salé.

Les Exilés portaient une robe de chambre avec veste de calmande (laine lustrée), un molleton à fleurs, doublé d'une étoffe chaude, un gilet de même étoffe, une culotte de drap d'Elbeuf, des bas de laine et des pantoufles et des chemises de toile blanche, honnêtes, non garnies, ainsi que des mouchoirs communs. Ils pouvaient également se faire habiller par leurs familles ; mais il leur était interdit, sans doute par crainte d'évasion, d'avoir ou de recevoir chapeaux, souliers et redingotes.

Les chambres étaient meublées d'un lit bien garni, deux matelas, un traversin, deux couvertures de laine ; d'une commode, fermant à clé ; de deux ou trois chaises et d'un fauteuil ; d'un meuble pouvant servir de petite bibliothèque ; d'un portemanteau et d'une toilette garnie. Elles avaient toutes une cheminée, des chenêts de fer, avec pincettes et soufflet. Les exilés s'éclairaient à la chandelle, mise dans un flambeau de cuivre poli ils avaient à leur disposition des mouchettes et ces mouchettes furent cause d'une supplique au roi lui-même : en 1766, un exilé, le frère Mathias, se plaignit amèrement des religieux de Saint-Maur qui avaient eu la cruauté de le priver de ses mouchettes. Les chambres étaient chauffées au bois ; les exilés avaient droit, par chaque semaine d'hiver, à 40 livres de bois en bûches et à une demi-livre de chandelle de 8 à la livre.

Les Exilés pouvaient aller et venir librement dans tous les bâtiments qui composaient l'abbaye forteresse, appelée alors le château ; quelques-uns étaient même autorisés à franchir la porte de Belle-Chaire et à se promener en ville et sur les remparts certains avait la permission de se rendre sur les grèves, de s'y promener, d'y pêcher et deux ou trois privilégiés avaient même la liberté d'accepter des invitations dans quelques manoirs et presbytères de la côte.

La correspondance des Exilés, celle qu'ils faisaient aussi bien que celle qu'ils recevaient, était lue par le prieur il n'y avait d'exception que pour les correspondances adressées aux ministres ou venant des secrétaires d'État. Ces correspondances étaient fréquentes ; les plaintes affluaient.

Un jour, c'est le sieur Millet qui déclare la nourriture exécrable le cidre est de l'eau, le vin un mauvais liquide rougi, le pain insuffisant ; on envoie un fonctionnaire d'Avranches pour vérifier le fait. Meslé, c'est son nom, arrive de fort méchante humeur au Mont Saint-Michel : il n'aime pas, dit-il, ces corvées qui sont d'autant plus pénibles qu'elles sont gratuites et qu'elles exigent des heures d'un travail fatigant et désagréable. Les religieux le reçoivent mal, quoiqu'il se serve des termes les plus polis et les plus circonspects pour leur faire entendre raison, sans blesser la hauteur monacale. Il interroge, séparément, Millet qui lui renouvelle ses plaintes contre la nourriture. Le délégué assiste alors au dîner il paraît qu'on n'a pas eu le temps de le soigner depuis son arrivée il consiste en un assez bon bouilli de veau et de bœuf, en deux petits pâtés assez bien faits et goûtés — il en mange un —, en un rôti de veau avec dessert de noix et de pommes. Le cidre, le pain et le vin étaient bons.

Un autre détenu se plaignit de l'insuffisance de la garde-robe, c'était messire Louis Ponsel, dit Poncet, de Versailles[5] ; il fut établi que les vêtements fournis étaient de bonne qualité il était même le plus élégant des pensionnaires du roi, puisqu'il portait des habits à boutons d'or, un chapeau à plumet et des chemises à manchettes il ne put représenter sa robe de chambre, vieille, trouée et déchirée, ainsi que ses quatre chemises aussi vieilles et aussi déchirées qu'il qualifiait de loques honteuses dans sa supplique au roi. Il en avait menti.

M. Libault de la Barossière récrimine également. M. le chevalier de Soulanges fait chorus avec lui. Se figure-t-on que, dans les jours maigres, la friture est mauvaise et la raie trop grosse et quelquefois gâtée ? M. de Nullé ne se plaint pas de la qualité des mets, mais bien de la quantité ; il est souvent obligé de se faire venir des suppléments de chez le rôtisseur. Il en a fait la remarque au père Laine qui est plus spécialement l'officier de bouche, mais celui-ci lui a porté des coups de bâton sur le bras et le supérieur l'a mis à la porte, parce qu'il trouvait que la courte pointe de son lit ne descendait pas assez bas.

Frère Denis Mathias, l'homme aux mouchettes, est le plus insupportable de tous. Il fulmine contre le prieur : il se plaint de ne pas avoir de rideaux à son lit ; il n'a même pas de ciel de lit, ce qui est intolérable pour un religieux. Il a les bronches délicates et la gorge sensible, or sa chambre est pleine de vents coulis. Il veut être transféré au Mesnil-Garnier, dans un couvent de Dominicains, de la réforme du Père Michaëlis, où il jouirait, dit-il, d'un plus grand confortable et où il serait traité avec plus d'égards[6].

On voit par ces détails que les détenus étaient aussi bien traités que possible, que la nourriture était variée et suffisante le prix moyen de la pension était de 600 livres, tout compris... moins la liberté.

Le service d'ordre était fait par une compagnie de soldats Invalides qui, en 1760, étaient commandés par M. Wastel Dumarais cette troupe était sous la surveillance de M. François d'Azémard de Parat, comte de la Fère, gouverneur général des Invalides. L'examen des registres paroissiaux du Mont démontre que ces soldats invalides de la guerre ne l'étaient pas de l'amour. Ils se mariaient avec des Montoises et de leurs unions naissaient de nombreux enfants. Les soldats et surtout leurs officiers étaient peu sympathiques aux religieux qui revendiquaient toujours comme un privilège, né le 27 janvier 1356, de veiller seuls sur leur château.

Cette surveillance était, d'ailleurs facile, les détenus étant très peu nombreux, contrairement aux allégations de plusieurs historiens locaux.

Au mois d'août 1770, la prison renfermait 17 détenus en vertu de lettres de cachet ; 11 jouissaient d'une liberté relative, ils pouvaient circuler librement dans le château, c'étaient MM. Stapleton, Poncel, dit Poncet, Rebière, Berthe, d'Ossonville, Nullet, du Boberil de Cherville[7], de Chauvallon[8], Hayet, Meslé et Bernier[9]. Six autres étaient enfermés dans l'exil et étaient l'objet d'une surveillance plus sévère MM. de Richebourg, Lenteigne, Soulanges, de la Barossière, Jean Tison de Rilly et le frère Denis de Matha ou mieux Mathias.

De tous ces détenus, M. de Richebourg était, certes, le plus intelligent et le plus rusé ; il exerçait un grand empire sur ses codétenus et réussit à brouiller les cartes entre les religieux et à attirer l'attention du pouvoir royal sur les prisons du Mont Saint-Michel. Pour bien comprendre son rôle, il faut remonter jusqu'au 9 juillet 1766, jour où le roi donna à Mgr de Loménie de Brienne la commende du Mont Saint-Michel. La bonne harmonie ne régnait pas précisément à cette époque entre les militaires du château et les religieux de la congrégation de Saint-Maur, dont la vie resserrée entre les mêmes murailles était sujette à beaucoup de heurts et de froissements. La communauté se composait alors d'une vingtaine de membres qui se divisaient en deux partis ; le premier, le plus nombreux, respectait l'autorité de dom Surineau, religieux d'un âge avancé, puisqu'il figure en 1739 dans un acte capitulaire portant présentation d'un chanoine d'Avranches à la cure d'une paroisse voisine ; l'autre parti avait pour chef occulte dom Houël, homme jeune, ambitieux et rusé, par-dessus tout jaloux de l'autorité légitime de dom Surineau. Il reprochait à celui-ci sa sévérité envers les prisonniers que des lettres de cachet retenaient au Mont. Il cherchait l'occasion de supplanter lé prieur ; mais, pour cela, il fallait l'amoindrir dans l'estime des supérieurs de la congrégation et le rendre suspect au pouvoir civil.

L'occasion se présenta enfin, très peu de jours après la nomination du nouvel abbé, qui, bien entendu, n'avait pas pris personnellement possession de sa commende les revenus seuls du Mont intéressaient l'heureux bénéficiaire de cette charge âprement convoitée.

Dans les premiers jours d'août 1766, on reçut l'ordre au Mont Saint-Michel d'y préparer une chambre forte pour y recevoir un certain Richebourg, de Caen, qui avait fort occupé les services judiciaires et administratifs de la Généralité de cette ville depuis plusieurs mois. Celui qui se faisait appeler, gros comme le bras, Monsieur de Richebourg, avait fait un train d'enfer, en apprenant qu'il allait être enfermé en vertu de lettres de cachet. Comme il avait, apparemment du moins, d'assez belles relations, il mit tout en œuvre pour échapper à une incarcération qu'il proclamait odieuse. Il avait réussi à s'attirer la bienveillance du prévôt de Caen, M. Michel de Gouville, qui attesta, par écrit, que M. de Richebourg était un parfait honnête homme et que l'on s'étonnait qu'il pût être inquiété par la justice ordinaire. Ses partisans déclaraient qu'il était victime d'une conspiration haineuse de sa famille, qu'il y avait de bien vilains dessous dans cette affaire. On chuchotait que le frère de Richebourg et sa tante, une dame Jean Morand de la Mare, avaient intérêt à se débarrasser de lui.

Richebourg envoya aux autorités supplique sur supplique ; il s'adressa même au roi qui prescrivit une enquête ; elle fut faite par messire Jean-Pierre-Nicolas Dumoustier de Cauchy, archidiacre de la cathédrale de Bayeux et lieutenant-général au présidial de Caen. Elle confirma en tous points les plaintes de la famille. Richebourg était un mauvais garnement. Il fut transféré, non sans peine, au Mont Saint-Michel et incarcéré dans une des meilleures chambres de l'Exil, mais très étroitement surveillé.

Dom Surineau avait devers lui un dossier qui ne plaidait pas en faveur de Richebourg.

Dom Houël s'était vite aperçu du parti qu'il pourrait tirer de cet exilé, beau parleur, intrigant, cauteleux, ayant toujours à la bouche des noms de personnages qui, disait-il, l'honoraient de leur amitié et, de fait, il entretenait une correspondance suivie avec des personnes de qualité et certains fonctionnaires dont les noms n'étaient pas inconnus, même à la cour. M. de Richebourg devint bientôt le secrétaire de ses compagnons il rédigeait fort agréablement. Dom Houël le complimenta de ses belles manières, de son style facile et coloré : Je me félicite, lui dit-il, de vous connaitre, mais la place d'un homme tel que vous n'est pas ici cependant, je vois dans votre détention un moyen de la divine Providence. Vos compagnons sont trop faibles ; ils subissent des exigences vraiment intolérables. Ils ne sont pas traités suivant leur. condition, et j'ajoute, conformément aux règlements. Je ne veux pas récriminer contre M. le prieur, mais franchement je trouve que celui-ci en prend un peu trop à son aise avec des gentilshommes tels que vous.

Ces flatteries et ces insinuations finirent par produire leur effet ; Richebourg monta la tête à quelques Exilés. Ils se réunissaient secrètement dans la chambre de l'un d'eux et dom Houël venait les y retrouver. ; tous ensemble ils se mirent à rédiger des plaintes contre le supérieur, plaintes qui furent ensuite envoyées au ministre. Bertin ne s'en préoccupa pas d'abord, mais elles devinrent si fréquentes qu'il résolut de faire des enquêtes[10].

L'autorité supérieure pouvait, en effet, être émue à bon droit ; les plaintes portées par les prisonniers du Mont Saint-Michel étaient nettes et précises. C'est ainsi qu'on accusait dom Surineau d'avoir reçu une tabatière doublée d'or d'une valeur d'environ quatre cents livres, de la part de M. de Jupilles, prisonnier au Mont, actuellement détenu à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Les Exilés affirmaient que, pour échapper aux mauvais traitements, il était nécessaire de faire des cadeaux en argent et en nature à dom Surineau qui avait la direction des prisons[11]. Ils se plaignaient aussi, on l'a vu, de la mauvaise qualité de la nourriture, de l'insuffisance des logements, de l'ameublement et de la literie. A les entendre, ils étaient l'objet de vexations de toutes sortes et même de sévices et d'injures de la part de leurs gardiens, encouragés par un prieur cupide et méchant.

Une enquête, immédiatement ordonnée par Bertin, montra qu'effectivement il se produisait de graves abus dans la maison du Mont Saint-Michel et, au mois d'août 1770, l'autorité royale avait sanctionné un règlement qui fut signifié dès le 25 août à M. de Richebourg, personnage redouté dans le château. Le 28 août, fut réunie au Mont une assemblée vraiment extraordinaire. Elle se composait des religieux et des pensionnaires du roi, des geôliers et des détenus par conséquent. M. de Richebourg se plaignit, amèrement et très hautement, de ce que les pensionnaires ne fussent pas traités conformément à leurs droits. Il exigea que six pensionnaires, renfermés dans l'Exil, en fussent immédiatement retirés. Le prieur, dom Surineau, assisté des frères Ragot, sous-prieur, Mathurin Lemercier, C. Teillay, Morice et Houël, prit acte des doléances exprimées par M. de Richebourg, qui brandissait sans cesse le fameux règlement. Mais le couvent n'osa prendre sur lui de faire droit à une pareille demande. Le procès-verbal qui fut dressé à cette occasion[12] rapporte, en effet : 1° que les sieurs de la Barossière et Soulanges, auxquels pareille liberté avait été accordée le 22 avril, s'étaient échappés dans la nuit du 21 au 22 mai et qu'à la suite de cette évasion, ils avaient dû être enfermés dans l'Exil ; 2° qu'en ce qui concernait MM. de Richebourg et Tison de Tilly, les religieux avaient reçu du ministre des ordres formels pour qu'ils fussent étroitement surveillés ; 3° que pareil ordre avait été donné par la famille de Lentaigne, à propos de ce pensionnaire 4° enfin, que les supérieurs du Frère Denis de Matha (sic) avaient formulé de semblables instructions. Il fut dressé de cet incident un très curieux procès-verbal, dont l'original figure dans la collection Mancel, à la Bibliothèque de la ville de Caen[13]. M. Eugène de Beaurepaire a publié ce document dans les Mémoires de la Société des Antiquaires en Normandie[14].

En l'absence des registres d'écrou, il est impossible de savoir d'une manière exacte le nombre des prisonniers au Mont, à une époque déterminée. Les renseignements que l'on possède à ce sujet sont extrêmement vagues ; toutefois on peut consulter un document assez important sur la situation du château au commencement de 1776. Le Mont comptait alors treize pensionnaires MM. Pichon, Berthe d'Ossonville, d'Anceau de la Velanet, Blondet de Messemé, Millet[15], Poncet ou Ponsel, de Pierreville[16]4, de Chabot, de la Moussaye, Septier de la Fuye[17], de Pennevert[18], Rollon de Villeneuve et le marquis de Resnou.

Quelques-uns sont déjà pour nous de vieilles connaissances, notamment Millet, Poncet ou Ponsel et de la Fuye. Aucun d'eux n'était enfermé pour délit ou crime de droit commun ils l'étaient en vertu de lettres de cachet, obtenues du roi, par leurs familles, en raison de leur inconduite ; quatre avaient l'esprit dérangé MM. de Resnou, Septier de la Fuye, de Penvern et Rollon de Villeneuve.

Chabot et Pichot réussirent un jour à s'évader ; repris, ils voulurent demeurer dans la même chambre, sans doute pour se concerter sur une fuite nouvelle. Le prieur dut recourir à la force. Six hommes, armés de bâtons, firent irruption dans leur chambre et Chabot fut très malmené. Il se plaignit, mais, après une enquête faite par Meslé, en mars 1776[19], il fut reconnu que la plainte n'était pas fondée.

Ce fut à cette époque, qu'un incendie éclata au Mont Saint-Michel. Le 16 avril 1776, un mardi, le feu prit dans un appartement du château ; l'alarme fut d'autant plus vive que le magasin à poudres était tout près. Il n'y avait plus d'eau dans la citerne et la mer était retirée. On put faire la part du feu ; cinq ou six petites cabanes de pêcheurs seulement furent incendiées. Trois exilés réussirent à s'échapper, les religieux ayant fait sortir les fous et les détenus dans la crainte de  les voir sauter en l'air avec tout le reste des bâtiments que la dévotion et la folie de nos pères[20] ont élevé au sommet de cet âpre rocher.

De ces trois prisonniers, l'un, dit-on, se nommait Gautier, il aurait réussi à s'échapper en sautant de la plate-forme, appelée Beauregard, qui précède la porte sud de l'église. D'autres auteurs placent à 1540 l'évasion de ce Gautier. Depuis ce jour cette terrasse fut connue sous le nom de Saut-Gautier.

Une simple remarque suffit pour détruire l'allégation relative à l'évasion du prétendu Gautier en 1776. En 1663, cette plate-forme était déjà connue sous le nom de Saut-Gautier. On trouve, en effet, ce passage dans le manuscrit de dom Louis de Camps[21] :

Guillaume de Lamps fit abattre les degrés par les quels on montoit, depuis le corps de garde jusque dans l'église et les murailles qui estoient à costé, et fit faire au lieu ce grand et spacieux escallier qui se voit à présent, cette belle plateforme vulgairement appelée le Sault Gaultier.

Il n'est pas plus raisonnable de placer cette évasion et cette histoire du Saut-Gautier dans le cours du seizième siècle. Voici comment un auteur la rapporte : Sous le règne de François Ier un jeune prisonnier, détenu pour de légers griefs, ce qui veut dire sans motifs, un nommé Gauthier, sculpteur de mérite, obtint une liberté relative dans le château, à condition de travailler de son ciseau, aux ornements du monastère. Il fouilla, en artiste habile, les stalles du chœur et plusieurs parties du logis abbatial. Mais la vue du soleil et de l'espace le grisait ; la pensée de coucher dans une noire cellule toute sa vie, l'idée de reconquérir sa liberté le hanta au point de déséquilibrer son cerveau. Un jour, .il sauta subitement de la plate-forme de Beauregard et son corps, broyé de rochers en rochers, vint ensanglanter le rempart[22].

Ce fait dramatique n'est consigné dans aucune chronique ; dom Thomas Le Roy qui, dans ses Curieuses Recherches, aimait à inscrire des anecdotes de ce genre et qui nous a parlé longuement des belles sculptures dues aux habiles menuisiers du Mont, et qui a rapporté des accidents mortels, après des chutes de lieux élevés[23], ne souffle mot de ce sculpteur Gautier. Il est sorti, tout armé de son ciseau, de la cervelle de certains écrivains, pour figurer dans les galeries d'un musée, non loin de ce pauvre Victor de la Cassagne, si étrangement défiguré par des apologistes maladroits et ignorants.

Le Saut-Gautier était connu dès le moyen âge ; les auteurs le plaçaient en Normandie, mais ils ne précisent pas le Mont Saint-Michel. On lit, en effet, dans le sermon d'un prédicateur inséré-dans une étude sur l'éloquence religieuse, qu'un certain Gautier se suicida en se précipitant dans la mer, d'un rocher connu par les Normands sous le nom de Saut-Gauthier : Quidam Watterus de  cacumine rupis precipitavit se in mare pro fundissimo, unde locus a quo se precipitavit adhuc a Normannis apud quos est Sallus Gualteri dicitur[24].

Nous laissons aux érudits le soin de rechercher l'origine de cette aventure.

 

 

 



[1] BACHAUMONT, Mémoires Secrets, t. IV, 1784, pp. 83-84.

[2] Gros registre des revenus du diocèse d'Avranches, cité par l'abbé Desroches, Histoire du Mont Saint-Michel, II, p. 315.

[3] MARTIAL IMBERT, Mont Saint-Michel, 1912, p. 126.

[4] Archives nationales, F¹⁰, 607.

[5] Décédé au Mont le 26 décembre 1778, à l'âge de 72 ans. Registre Paroissial du Mont Saint-Michel.

[6] Mesnil-Garnier, commune du canton de Gavray, arrondissement de Coutances. Ce couvent fut fondé pas Thomas Morand, en 1619. C'était surtout une maison de santé, réservée aux aliénés. Vendu comme propriété nationale, il fut acheté par un sieur Le Moine. Cette maison fut fermée en 1859.

[7] René-François-Marie de Boberil, seigneur de Cherville, né à Moigné, près Rennes, le 24 mai 1714, marié à demoiselle Marie-Lucrèce de la Villéon ; ils eurent treize enfants. L'exilé mourut le 23 juin 1771 au Mont Saint-Michel.

[8] M. de Chauvallon, intendant de Cayenne, avait été embastillé par Turgot en 1767. Peu après, il fut, pour des raisons inconnues, transféré au Mont Saint-Michel le 21 août 1773, Mgr A.-F. de Chalmazel, évêque de Coutances, écrivait, de Montebourg, une lettre aux termes de laquelle il demandait que M. de Chauvallon fût envoyé, du Mont, à Bordeaux. M. de Chauvallon fut élargi peu après et, en 1776 il était réintégré dans ses biens et devint, dans la suite, commissaire général des colonies.

[9] Bernier Joachim, originaire de Nantes, voulut s'échapper du château, le 25 septembre 1771. Il fut surpris par la mer en traversant les grèves et trouvé noyé, le lendemain. Arch. Greffe Avranches, Reg. Par. Mont Saint-Michel.

[10] A. DE BRACHET, les Prisonniers de l'ordre du Roi au Mont Saint-Michel (XVIIIe siècle). Bulletin du pays de Granville. Janvier 1910.

[11] Dom Surineau était, d'après M. de la Mombrière, un homme peu capable de gouverner, avec la force qui convient, une maison aussi chargée d'un aussi grand détail que le Mont Saint-Michel. Lettre du 21 mai 1770. Sa moralité laissait aussi à désirer. L'autorité ecclésiastique, d'accord avec l'autorité civile, fit éloigner du Mont une dame Marie-Catherine Boutier, dite la Buquet, en raison de ses rapports scandaleux avec le procureur. Lettre de Bertin à Fontette du 26 juin 1770.

[12] Ce procès-verbal fut adjugé, à Caen, en vente publique, avec d'autres pièces sur parchemin, le 11 octobre 1838. Il porte en marge l'indication suivante Réception d'un Exilé par lettre de cachet, 1770 ; formule inexacte, ne donnant aucune idée de son contenu.

[13] Bibliothèque de Caen, Documents sur la Normandie, recueil in-folio, t. II, pièce 110.

[14] E. DE BEAUREPAIRE, Incidents relatifs l'application d'un règlement pour les prisonniers d'État au Mont Saint-Michel. Bulletin Soc. antiq. Norm., t. XVIII.

[15] Nicolas-Martin Millet, de Saint-Nicolas-des-Champs de Paris, ancien avocat, demeurant depuis longtemps à l'abbaye royale du Mont Saint-Michel où il est mort hier (3 avril 1785), âgé de 71 ans passés. Registre Paroissial Mont Saint-Michel.

[16] M. de Pierreville se plaignait constamment : il réclamait tantôt une cuvette, tantôt un pot à l'eau. Il aimait beaucoup à écrire et il récriminait contre le prieur qui lui mesurait le papier.

[17] Ambroise Septier de la Fuye, de Montreuil-Bellay, en Anjou.

[18] Ou mieux de Penvern : Jacques-François du Perenno, seigneur de Penvern, ancien capitaine de cavalerie de Vannes, mort au Mont, à l'âge de 70 ans, le 2 novembre 1785.

[19] Meslé profite encore de sa présence au château pour vérifier l'alimentation des Exilés qui se plaignaient continuellement. Étant entré, à l'improviste, dans une pièce où mangeaient sept pensionnaires, il constata qu'après la soupe, on avait servi un bouilli composé d'une pièce de bœuf et d'un morceau de veau fort honnête (sic), des côtelettes grillées, un ragoût de foie de veau et un ragoût de deux perdrix.

[20] Lettre de Meslé à l'Intendant, 23 avril 1776. Il est vraiment extraordinaire de voir ainsi un homme de qualité dire du Mont Saint-Michel qu'il est une œuvre de folie !

[21] Bibliothèque d'Avranches, ms. 209. Addition du traité troisième de dom Huynes, par dom Louis de Camps. Cf. DOM HUYNES, éd. de Beaurepaire, I, p. 265.

[22] JULIEN SERMET, Au Mont Saint-Michel, Paris, 1888, p. 114.

[23] THOMAS LE ROY, Curieuses Recherches, éd. Eugène de Beaurepaire.

[24] LECOY DE LA MARCHE, la Chaire française au treizième siècle, Paris, 1868.