Fort comme une légende. Un prétendu journaliste hollandais victime de Louis XIV. Un cadavre vivant : les rats dévorent un goutteux. — Un géographe révolutionnaire les horreurs de l'ancien régime. — Comment M. Verusmor écrit l'histoire. — A la lumière des documents authentiques Victor de la Cassagne, son domaine en Rouergue, sa famille. — Les intrigues d'un publiciste le pamphlétaire à Francfort. Imprimerie clandestine. Victor de la Cassagne, dit Henri Dubourg, au Mont Saint-Michel. L'incarcération et la mise en cage. — Les interrogatoires de M. de la Mazurie. Notes confidentielles et rapports officiels. Les instructions à M. d'Argenson. — Une information judiciaire. La pièce à conviction une scène émouvante. — La mort dans la cage ; folie et inanition ; l'acte de décès du prisonnier. Recherches sur les traitements dont il fut l'objet. Humanité des religieux. Les réparations à la cage ; leur coût. Une correspondance apocryphe le prix de la pension de Dubourg. Les ennuis. des religieux l'État, mauvais payeur. N'allez pas croire que ce qui intéresse le plus le touriste dans sa visite du Mont Saint-Michel ce soit le cloître élégant, le chœur harmonieux de l'église, les cryptes robustes ou les vastes salles de la Merveille. Il jette, le plus souvent, un regard distrait et rapide sur l'escalier de dentelle, les contreforts vigoureux des murailles, les clochetons aériens et les tours gracieuses. Ils sont rares ceux qui cherchent à mettre un peu de vie dans ce grand corps, aujourd'hui sans âme. Quelle douceur, quelle joie artistique, ne trouve-t-on pas à évoquer le souvenir des moines savants et modestes, architectes incomparables et qui ont voulu demeurer inconnus[1] ! Et cependant leur gloire est impérissable ils n'ont point gravé leurs noms sur les pierres nomina stultorum... vous savez le reste, et c'est folie que de prétendre avoir découvert les auteurs du cloître en déchiffrant, ou à peu près, deux ou trois inscriptions, entourant autant de figures. La connaissance de la règle de saint Benoît, des monuments littéraires religieux, des recueils ecclésiastiques est nécessaire pour comprendre l'idée et le plan de cette incomparable abbaye elle s'éclaire merveilleusement si l'on projette sur elle le rayon de la foi alors, les pierres parlent ; autrement on en voit la forme et la couleur rien de plus. Le touriste, par tempérament, s'intéresse le plus souvent aux plus petites choses c'est un grand enfant ; durant tout le dix-neuvième siècle, on ne parlait au Mont que du tour des Fous, du Petit et du Grand, et on racontait à satiété les dangereuses promenades entreprises sur ces deux corniches étroites, encadrant l'horrible clocher carré, au sommet duquel gesticula jusqu'à 1845, le télégraphe à bras du système Chappe. Aujourd'hui, ce sont les cachots qui jouissent de la faveur populaire les Jumeaux captivent l'attention des visiteurs. On se bouscule pour pénétrer dans ces affreux réduits et on fait un succès au touriste qui les éclaire à la lueur d'une allumette-bougie les chaînes sont caressées, secouées, soupesées ; on s'en détache avec peine mais la fameuse voûte où fut enfermé celui que les rats dévorèrent n'est pas loin on y court, et que de sottises n'entend-on pas devant ce retrait de muraille, cette arcade, que l'on ferme de grosses barres de fer, derrière lesquelles agonisa un malheureux père de famille, victime du Roi-Soleil !... Nous avons consacré un chapitre aux cages de fer et nous avons dit tout ce que l'histoire nous apprend de celle du Mont Saint-Michel. Il nous faut parler, maintenant, d'un des pauvres oiseaux qui y fut enfermé. La légende dit ceci : Un écrivain de talent, ayant reproché, dans un de ses livres, au roi Louis XIV, sa conduite immorale envers les femmes mariées, fut enfermé au Mont dans une cage de fer ; il y resta vingt-sept ans ; il mourut dévoré par les rats, après avoir adressé à sa femme et à ses enfants des lettres absolument navrantes. On ajoute même ce détail. Il était goutteux des pieds et des mains ; aussi ne pouvait-il éloigner les rats qui lui rongeaient les extrémités ! Il est probable que, d'ici peu, on surenchérira, en affirmant que ce fut une victime des Jésuites ! Dieu merci, on possède à ce sujet des documents d'une authenticité incontestable. Dès 1863, M. Eugène de Beaurepaire faisait bonne justice de tous ces racontars ; la vérité, cependant, était déjà assez triste sans qu'il fût besoin de dénaturer les faits ; quelques sectaires de bas étage et deux ou trois écrivains sans talent se sont évertués à dramatiser la lamentable histoire de Dubourg et à forger de toutes pièces des documents de nature à entourer ce vilain personnage d'une certaine sympathie. A quand doit-on faire remonter la légende du prisonnier du Mont Saint-Michel qui fut dévoré par les rats ? On l'a imputée à un écrivain normand M. Alexis Géhin qui signait Vérusmor et qui publia sur ce sujet des chroniques assez étendues, vers 1830. Mais, dès 1793, on trouve des traces écrites de cette histoire extraordinaire. Vers cette époque, le citoyen de La Vallée faisait
paraitre, par fascicules, les Voyages dans les départements de France.
Il en consacrait un à celui de la Manche et sa prose est vraiment trop
savoureuse pour que nous résistions au plaisir de donner ici un échantillon
de son style. Le passage, d'ailleurs, se rapporte tout entier aux prisons du
Mont Saint-Michel. Le Mont Saint-Michel, dit
de La Vallée, est une des curiosités du département
de la Manche. Au dessous de ce temple consacré au Dieu le plus doux, sous
l'invocation d'un archange, dont on vante la haine contre l'orgueil et la
tyrannie, au-dessous de ces salles superbes, où des moines coulaient des
jours paisibles dans le sein des oisives voluptés et, disons-le avec vérité,
dans le sein aussi des lettres, dont le charme devrait adoucir aussi le cœur
de l'homme ; dans les flancs de ce rocher, tout surchargé du luxe des autels
et de la pompe monastique, étaient creusés des cachots .profonds où l'on
enterrait toutes vivantes les malheureuses victimes d'un ministère de sang ou
des préventions haineuses des familles[2]. Les lettres de cachet amoncelaient les infortunés dans ces
cavernes infectes et le Mont Saint-Michel réclamait 1'affreuse priorité
d'avoir vu la première cage de fer construite pour enfermer un innocent. Ô
honte éternelle des pontifes du culte romain Les os de 600.000 infortunés que
vous fîtes lentement périr dans ces cachots ont servi de burin à l'humanité
pour graver votre arrêt sur le piédestal de la liberté Sous les vastes
appartements de l'abbaye, dans cette horrible maison d'Etat, dont tout le
monde connaissait l'existence, mais que peu de voyageurs ont vue, par le soin
que le despotisme prenait d'épaissir le voile dont il couvrait les différents
théâtres de ses iniquités, au bout d'une galerie, se trouvait une petite
porte, étroite et basse, par laquelle on descendait plutôt par une crevasse
du rocher que par un escalier ; dans un cachot, était cette épouvantable cage
dont nous avons déjà parlé. Un guichet de douze pieds d'épaisseur fermait cet
horrible tombeau, sculpté par les mains de la scélératesse et insensible
témoin des larmes .des infortunés, que la mort est venue lentement chercher à
travers cette croûte d'airain et de rochers dont les monstres des temples et
des cours enveloppèrent si souvent l'innocence opprimée ! En Hollande,
un homme croit pouvoir écrire ce qu'il pense sur les amours hypocrites de
Louis XIV et de Mme de Maintenon. Au mépris du droit des gens, il est arrêté
et enfermé dans cette cage où il vécut pendant vingt-trois ans. Voyons, maintenant, à la lumière de l'histoire, ce qu'était cet intéressant écrivain, ce bon père de famille, ce huguenot convaincu, victime du Grand Roi, ce pauvre goutteux enfermé plus de vingt ans dans une cage de fer et qui mourut dévoré par les rats. La petite commune de Gabriac, en Aveyron, possède un domaine appelé la Cassagne et qui, depuis très longtemps, est la propriété de la famille Serpantié, de Saint-Geniez. Auprès des bâtiments nécessaires à l'exploitation agricole, se trouve une maison bourgeoise qui paraît être assez ancienne et dont quelques parties remontent certainement à la fin du dix-septième siècle[3]. Si l'on recherche les origines de propriété de ce domaine, on trouve qu'il appartenait dès 1650 tout au moins, à une famille Dijols qui ajouta à son nom celui du domaine la Cassagne. Les Dijols de la Cassagne, excellents catholiques du Rouergue, furent maintenus dans leur noblesse, lors de la recherche et de la révision des titres qui eut lieu dans ce pays, de 1697 à 1716[4]. En 1715, naissait à Espalion, Victor de la Cassagne, du légitime mariage de Victor et de Anne Dubourg la famille se composait de trois autres enfants un garçon et deux filles ils suivirent la vocation religieuse le fils entra chez les Augustins de Toulouse, où il devint professeur de philosophie les filles entrèrent, l'une au couvent des Bernardines, à la Falque, l'autre au couvent de l'Union, à Saint-Geniez[5]. Victor, lui, ne manifestait aucun goût pour l'état ecclésiastique. Après avoir fait de bonnes études à Toulouse, il vint à Paris où il portait, dit-il, l'habit cavalier et l'épée. Gracieux, habile, beau parleur et fort intrigant, il se glissa dans quelques salons littéraires, grâce à l'un de ses compatriotes, l'abbé Séguy, chanoine de Meaux, devenu membre de l'Académie française, en 1736. Victor de la Cassagne se fit alors publiciste et changea son nom contre celui de sa mère il était, pourtant, moins sonore et plus commun était-ce parce qu'il trouvait moins dangereux de signer de ce nom roturier des libelles et des pamphlets politiques et pour garder une sorte d'anonymat, le mettant à l'abri des recherches policières ? On l'a dit, cela est bien improbable le voile était vraiment bien facile à écarter pour découvrir l'auteur. Quoi qu'il en soit, il travaille beaucoup, encouragé d'ailleurs par plusieurs hommes de lettres assez connus, l'abbé Chérest, de Jouve et même par M. de Fontenelles et Crébillon père. Si son Traité de l'Histoire Universelle et ses Lettres Tartares n'ont pas été imprimés, il a paru de lui des traductions de Montezuma et de Mérope[6], et le grand Dictionnaire Géographique, édité par Laurent Echard et la veuve Bienvenu. Ce dictionnaire lui fut payé la somme, coquette pour l'époque, de 800 livres. Au commencement de 1745, Dubourg quitte Paris, on ignore pourquoi il est possible que certains pamphlets manuscrits ou imprimés qui circulaient sous le manteau et qui passaient pour sortir de sa plume, y rendissent sa présence dangereuse pour lui. Il va à Francfort, s'y met en rapport avec un imprimeur du nom de Müller et fait paraître une série de libelles diffamatoires sous le titre général du Mandarin et de l'Espion Chinois. Arrêté à Francfort par des agents français chez un marchand de fer, nommé Otto, où il prenait pension, il fut conduit en France et dirigé immédiatement sur le Mont Saint-Michel. Il y fut écroué le 22 août 1745. Le Mont avait alors pour commendataire l'abbé Charles-Maurice de Broglie et pour prieur dom Hyacinthe de Briancourt, puis dom Philippe le Bel. Dubourg arriva au Mont dans un état lamentable. Il n'avait apporté avec luy qu'un mauvais habit. Les religieux durent lui faire confectionner une robe de chambre de calmande[7] et un épais gilet pour passer l'hiver. J'ai vu cet habillement à tous les voyages que j'ai faits par vos ordres, écrit M. Badier, subdélégué d'Avranches, chargé après la mort de Dubourg d'apurer certains comptes. Les religieux luy ont également fourni tout le linge à son usage et dont il avait besoin. Il est à peu près certain que Dubourg fut mis en cage dès son arrivée au Mont Saint-Michel ; les religieux chargés du service des prisonniers, avaient, à n'en pas douter, reçu des instructions formelles à ce sujet ; mais nous ne les connaissons par aucune pièce authentique ; le premier document de l'affaire Dubourg est une lettre du 15 octobre 1745 aux termes de laquelle M. Le Voyer d'Argenson invite M. de la Briffe, intendant de la généralité de Caen, à profiter de son voyage à Avranches pour se rendre au Mont Saint-Michel et y interroger Dubourg. Mais M. de la Briffe avait fini son inspection quand la lettre lui parvint. Aussi, après en avoir référé à son ministre, il délégua pour le remplacer M. Le Masson de la Mazurie, président de l'Élection d'Avranches. Afin de faciliter sa tâche au délégué, M. de la Briffe joignit à sa lettre une note confidentielle qui lui avait été transmise par le ministre de la Guerre. Elle été ainsi conçue NOTE SUR LE NOMMÉ DUBOURG[8]. Le nommé Dubourg a été arrêté par ordre du Roy et conduit au mois d'août 1745 à l'abbaye du Mont Saint-Michel, pour avoir distribué et fait distribuer des feuilles périodiques, qu'il composait à Francfort avec la licence la plus effrénée et sans aucun égard au respect qui est dû aux têtes couronnées. Le ministre de la Guerre désire que ce particulier soit interrogé par une personne de confiance et assez intelligente pour découvrir : 1° Quelle est son origine ; 2° Quelles ont été ses occupations depuis son enfance dans tous les différents endroits qu'il a habités et cela successivement 3° Ce qui l'a attiré à Francfort ? Quelles sont les personnes qu'il y a vues et avec lesquelles il a eu le plus de liaison ? 4° Par qui il a été sollicité à écrire les libelles qu'il composait ; l'usage qu'il en faisait ; s'il en tirait du profit, quel était ce profit ; par qui il faisait distribuer ses libelles et qui étaient ses correspondants ? 5° Et généralement tout ce qui peut avoir rapport à l'objet pour lequel il a été arrêté[9]. [Le ministre recommandait de donner tous ses soins à cette enquête, qui devrait être circonstanciée et écrite sur du papier non timbré. Le magistrat enquêteur devait joindre à ce procès-verbal, mais séparément, des observations particulières sur le sujet, pour que le ministre pût en rendre compte au roi.] Le 20 décembre 1745, M. de la Mazurie se rendit au Mont. Il fit connaître au prieur la mission dont il était chargé ; il fut mis aussitôt en présence de Dubourg qui lui donna tous les renseignements les plus circonstanciés sur son identité, sa famille, ses relations et ses occupations habituelles. Il reconnut qu'il avait composé, à l'instigation de certains ministres de cours étrangères, notamment celles d'Averstad, de Mayence, de Cologne et de Wurtemberg, un ouvrage en deux volumes contenant des réflexions sur l'état présent de l'Europe et différents caractères indéterminés sous des noms allégoriques. Le prisonnier, interrogé pendant deux jours, fit sur le
magistrat une impression plutôt favorable. M. de la Mazurie, écrivit ceci à
M. de la Briffe : Dubourg a beaucoup d'esprit
et de lecture il parle peu et s'exprime fort bien et légèrement il est d'un
caractère doux et mélancolique. Le sous-prieur du Mont Saint-Michel, qui le
visite souvent, m'en a fait le même portrait et m'a ajouté qu'il s'abandonne
à la tristesse, sans jamais se plaindre et que dans les entretiens qu'il a
eus avec lui, Dubourg ne lui a jamais parlé que de sciences et de choses
indifférentes, qu'il en est très content et qu'il m'en dit beaucoup de bien[10]. L'autorité supérieure se montra fort mécontente de cet
interrogatoire et de cette appréciation. Elle trouva que l'enquête avait été
trop restreinte, qu'elle n'avait pas porté sur tous les points indiqués et
elle insinuait que le commissaire s'était trop facilement laissé prendre à
l'extérieur doucereux du prisonnier. On indiquait nettement à M. Badier ce
que l'on voulait obtenir, même au prix d'une menace. Voici, au surplus, ce
que l'intendant écrivait à son subdélégué : Il
est de maxime que les crimes d'État sont d'une conviction plus difficile que
les autres délits. Cette difficulté est encore plus grande, lorsqu'on a
seulement un accusé ; car, pourvu qu'il ait de l'esprit, il sait répondre de
façon qu'on ne peut en induire de confession, qui est la seule conviction
possible, quand les preuves testimoniales et par écrit manquent. Il importe,
surtout dans ces cas, d'avoir des mémoires autant détaillés qu'il est
possible, de tout ce qui concerne l'accusé, parce que, dans les différents
interrogatoires, il est rare qu'il pare à toutes les objections qu'on lui a
faites dans un troisième interrogatoire, qui se tire de la comparaison des
deux premiers. Si M. le comte d'Argenson envoie les motifs particuliers qui
ont autorisé la détention, voici une forme de procéder à l'interroger : Le premier serait très long et embrasserait jusqu'aux plus médiocres parties de sa vie, de son caractère, de ses liaisons, de ses occupations et, surtout, de faire nommer exactement les noms, les temps et les circonstances. Le lendemain, j'interrogerais encore, très au long, sur les motifs particuliers de la détention. Enfin, deux jours après et même plus pour laisser un peu refroidir la mémoire, je bâtirais un troisième interrogatoire sur la comparaison des deux premiers et il est difficile qu'il ne s'y trouvât des objections très fortes à porter et s'il ne m'y répondait pas clairement, je ne craindrais pas de lui dire qu'il s'expose à une question inévitable[11], car ce qui est un crime d'Etat se règle par des maximes différentes du droit commun. On n'est pas plus cynique ! Mais M. de la Mazurie était un honnête homme il n'employa pas le procédé d'intimidation conseillé, pour ne pas dire ordonné, par l'intendant porte-paroles de ministre. Dubourg, dans ses interrogatoires de l'après-midi du 6 avril 1746 et de la matinée du 7 avril, reconnut implicitement, avec des réticences certes, mais par moment avec une franchise assez crâne, qu'il était l'auteur du Mandarin et de la Clé historique qui en expliquait les allusions et en déterminait les personnes. D'ailleurs M. de la Mazurie, pour procéder à ces deux interrogatoires successifs, était mieux armé qu'au 20 décembre de l'année précédente. M. d'Argenson avait envoyé à l'intendant de Caen qui l'avait transmis au commissaire d'Avranches, le fameux exemplaire du Mandarin chinois, dont la publication lui était reprochée. Examinons, comme dut le faire M. de le Mazurie, cet ouvrage dont la pouvoir royal s'était ému. Le titre exact de l'ouvrage est l'Espion chinois en Europe : à Pékin chez Ochaloulou, libraire de l'empereur Chanty, dans la rue des Tygres. Le titre porte cette devise : Quidquid delirant reges plectuntur Achivi. Le premier tome comprend 128 pages et la clef historique il se compose de 16 lettres, dont la seconde est datée du 23 janvier 1745. Le second tome est interrompu à la page 40, il renferme seulement 11 lettres ; il se termine par deux pièces de vers qui, croit M. Eugène de Beaurepaire, ont été imprimées après coup[12]. Le bibliophile n'a nulle peine pour reconnaître dans cet ouvrage l'œuvre hâtive d'un imprimeur clandestin ; le papier est mauvais, les caractères usés, détestables ; les coquilles, les fautes d'impression pullulent ; les épreuves n'ont certainement pas été corrigées. Les lettres ont peut-être paru périodiquement, en tout cas, elles ont été publiées séparément. C'est plutôt une gazette volante, un petit journal, qu'un ouvrage continu c'est le type même de cette littérature vénale travaillant dans l'ombre et se mettant sans pudeur au service des intérêts et des passions d'autrui. Dubourg flétrissait lui-même le genre de littérature dans lequel il était passé maître : On ne trouvera pas icy, dit-il[13], cette basse partialité qui dégrade les ouvrages de cette nature. Enfants des ténèbres et de la nuit, ils n'osent paraître que sous le masque de la fiction et le langage de la vérité leur est presque toujours étranger. Cependant, à première vue, les écrits de Dubourg ne semblent pas être si violents, ni si injurieux pour le pouvoir royal, ni mériter une répression aussi sévère, un châtiment aussi terrible. M. Eugène de Beaurepaire a très bien analysé l'ouvrage de Dubourg. Dans son Espion, dit-il[14], le pamphlétaire ne voit rien en beau, il compare irrévérencieusement notre pays à une courtisane sur le retour, offrant à tout venant ses faveurs banales et essuyant, sans même pouvoir rougir, de perpétuels affronts. Le portrait du roi est étudié avec soin et, malgré le calme de l'écrivain, on sent, sous toutes ses paroles, une ironie hautaine et méprisante. Les personnages politiques du moment, M. de Maillebois, le maréchal de Belle-Isle, le prince de la Tour, le cardinal Tencin, le ministre d'Argenson sont traités avec une liberté encore plus complète. Les portraits de femme sont rares ; celui de la marquise de Belle-Ile est agréablement et malicieusement brossé. Celui de la reine d'Espagne est particulièrement chargé. Cette attaque, toute pleine de médisances et de calomnies graveleuses, est d'ailleurs nettement incriminée dans la dépêche de M. d'Argenson. Il est probable que ce fut la lettre où Dubourg comparait la reine d'Espagne à Agrippine, son époux à Claude, et la déclarait capable de commettre le crime de l'empoisonnement, qui motiva l'arrestation du pamphlétaire. A ce moment, la France avait à ménager l'Espagne ; la cour de Louis XV appuyait sa politique sur l'alliance espagnole pour combattre les projets de la reine de Hongrie ; enfin une union récente avait réuni Versailles et Madrid le dauphin venait de se marier (février 1745), avec la propre fille d'Elisabeth Farnèse et de Philippe V. Si on veut bien lire avec attention la partie de l'interrogatoire fait dans la matinée du jeudi 7 avril 1746[15], on remarquera avec quelle énergie Dubourg qualifie de fausses les clés d'Agrippine et de Claudius. Mais, à côté de ces interrogatoires, pièces officielles que rien toutefois ne permet de qualifier de suspectes, puisqu'elles portent la signature de Dubourg, avec mention que lecture préalable en a été donnée ; se trouvent d'autres documents qui nous font assister aux émotions poignantes que ressentit le pamphlétaire durant ses interrogatoires[16]. Lors de l'enquête du 20 décembre 1745, l'ouvrage incriminé
n'avait pas été représenté à son auteur. Il le fut le 6 avril 1746. Lorsque je demandai à Dubourg, écrit à l'intendant
de Caen M. de la Mazurie, s'il ne reconnaissait pas
le libelle que je lui représentais, il se leva aussitôt de dessus un lit, où
il avait toujours esté assis jusque-là, faisant une exclamation en disant : Ah !
et leva les bras vers le ciel, allant vers l'autre bout de sa cage, d'où il
revint et demanda le livre que je lui donnai. Après quoy, il fit la réponse qui
est dans son interrogatoire. Il ne parut pas encore dans cet endroit trop
interdit. Lorsque je lui demandai si ce n'était pas le même livre qu'il avait
donné à M. Blondel à Francfort, il pâlit, se mordit la lèvre de dessous et
serra ses lèvres plusieurs fois les unes contre les autres, devint pâle comme
un mort ; les yeux lui changèrent et lui emplirent d'eau et il les eut
attachés près d'un quart d'horloge vers la terre, d'où il ne les leva que
deux à trois fois pour regarder le ciel en soupirant. Cependant, il répondoit
aux interrogations que je lui faisois. Lorsque j'étais occupé à faire écrire
une de ses réponses pendant une resverie, il dit quelque chose entre ses
dents, où je crus lui entendre dire Monsieur Blondel, vous me rendez là un
mauvais service. Je ne voulus point lui demander ce qu'il disait, crainte
de lui faire apercevoir que je l'examinais...
Les trois heures environ que j'employai ensuite, dans le même soir, à compléter
son interrogatoire, il eut toujours les yeux très tristes et un air plus
resveur qu'il n'avait eu, avant que je lui eusse demandé si ce n'était pas le
livre qu'il avait donné à M. Blondel : il paraissait même avoir le cœur
serré, se frottoit à tout moment le front. Le lendemain, quand je retournai
pour continuer il parut plus rêveur que lorsque nous estions arrivés. Malgré l'honnêteté du magistrat enquêteur, on devine sans peine que la lettre ministérielle n'avait pas été sans l'influencer. Elle ne le fait pas revenir sur l'impression favorable qu'il avait ressentie du prisonnier, lors du premier interrogatoire, mais on sent que le président de l'élection d'Avranches cherche à expliquer, à excuser même cette impression : Il n'est pas surprenant, dit-il, que j'aie été pris à son air de douceur et de simplicité, puisqu'il a su si bien se contrefaire jusqu'à présent avec tous les religieux du Mont Saint-Michel. La présentation de l'ouvrage avait, à juste titré, bouleversé Dubourg. Il ne pouvait nier qu'il avait offert à M. Blondel, ministre de France à Francfort, un exemplaire de l'Espion chinois, mais il déclara que celui qu'il avait remis à ce dernier était relié en veau et que la Clé n'était pas semblable à celle qui figurait dans le livre dont M. de la Mazurie était porteur. A la fin de son interrogatoire, il protesta de la pureté de ses intentions en déclarant que s'il était tombé dans une faute dont il se croyait le plus éloigné on pouvait être assuré que ce serait la première et dernière fois qu'il se rendait coupable d'une faute pareille. Quelle suite le pouvoir royal allait-il donner à cette procédure ? Quelles mesures devait-on prendre contre Dubourg ? Devait-il être mis en liberté ou maintenu dans une captivité aussi rigoureuse ? On l'ignore ; toujours est-il qu'à la date du 26 août 1746, sa situation n'avait pas changé. La mort le délivra, ce jour-là, et, tout aussitôt, le père-procureur de l'abbaye écrivit la nouvelle à M. Badier. Celui-ci se rendit au Mont Saint-Michel, dès le lendemain matin à cinq heures, n'ayant pu s'y rendre avant, ce lieu n'étant pas accessible en tout temps. Il interrogea immédiatement les religieux sur les causes de la mort qu'il avait apprise en même temps que la maladie. D'après les déclarations des religieux, Dubourg se serait laissé mourir de faim. Ils firent connaître à M. Badier que depuis douze jours, il ne mangeait plus, qu'ils lui avaient fait prendre du bouillon de force, avec un entonnoir. Dans son rapport qu'il adresse à M. de la Briffe, le 28 août, M. Badier ajoute : Quelques instances que les religieux aient faites auprès de lui, ils n'ont pu en venir à bout, il est mort sans repentir et en désespoir, après avoir déchiré tous ses habits. J'aurais cru manquer à mon devoir, si je n'avais été au Mont Saint-Michel voir ce prisonnier mort et prendre les certificats cy-joints que j'ai l'honneur de vous adresser pour vous rendre un compte exact du tout. Les religieux, de leur côté, avaient informé directement le ministre cette nouvelle est consignée dans une lettre de M. d'Argenson du 9 septembre 1746. En présence de la maladie de leur prisonnier, les pères de la congrégation de Saint-Maur le firent-ils sortir de sa cage et transporter à l'infirmerie ? On l'a dit, mais l'acte de décès démontre que Dubourg rendit le dernier soupir dans la cage. Voici ce document extrait des registres paroissiaux de Saint-Pierre du Mont Saint-Michel pour l'année 1746 et dont nous donnons la reproduction photographique :
L'an dix sept cent quarante et six, le vingt et septième jour. d'août, a été par nous, prêtre curé de ce dit lieu, soussigné, dans le cimetière de notre paroisse inhumé le corps du nommé Dubourg, Agé d'environ trente et six ans, décédé de cette nuit dernière dans une cage située dans le château de cette ville où il était détenu par les ordres de Sa Majesté en présence de M. Jacques Pichot, sous-lieutenant de cette ville et de Claude Serant aussi bourgeois de cette ville. Claude Serant[17] ; Jean Pichot[18] ; Cosson, c. d. m.[19]. Dubourg est donc bien mort dans la cage. Mais on manque de renseignement précis sur la façon dont le prisonnier était traité, vêtu et nourri. Seuls quelques documents postérieurs à sa mort, témoignent de la pitié qu'inspirait Dubourg aux religieux qui l'approchaient. C'est bien à contre-cœur qu'ils avaient accepté la garde de ce prisonnier ; même après sa disparition il devait leur causer de gros ennuis. C'est ainsi que le gouvernement osa contester la note des frais et des dépenses qu'ils présentèrent au ministre et qui s'élevait à 1.000 livres. Ce fut un triste marchandage mais il a pour résultat de jeter un peu de lumière sur la façon dont Dubourg fut gardé et entretenu. Le prisonnier devait être si étroitement surveillé, que les religieux furent obligés de faire deux portes neuves, épaisses de plus de deux pouces, et larges de trois pieds sur sept à huit de hauteur, pour fermer, l'une l'entrée de la voûte et l'autre l'appartement où se trouvait la cage. Ces portes étaient garnies de deux bandes de fer, de deux serrures et deux forts verrous. La voûte était éclairée par une grille de fer. A l'arrivée de Dubourg, cette grille était minée, au bas, par la rouille. Les religieux la remplacèrent par deux grilles, l'une du poids de 150 livres, l'autre de 500. Il fallut 30 livres de plomb pour enclaver ces grilles. La cage était en mauvais état ; il fallut lui faire des crampons, des ceintures, des bandes de fer. Elle avait 8 à 9 pieds en tous sens. Voilà, enfin, un détail précis qui dénote que le prisonnier pouvait se mouvoir assez facilement dans la cage. On a remarqué d'ailleurs que la note personnelle du magistrat enquêteur dit qu'à un certain moment, Dubourg se leva et se promena dans sa cage. Les religieux ayant constaté que l'eau filtrait dans le mauvais temps au travers de la voûte et tombait dans la cage, ce qui incommodait beaucoup le prisonnier, la firent couvrir de sept ou huit grosses planches de bois. Toutes ces dépenses se montèrent à 420 livres ; cependant, ils n'en réclamèrent que 300. En ce qui concerne la nourriture, il semble bien qu'elle fut saine, abondante et variée Dubourg était servi comme un autre prisonnier, détenu lui aussi par ordre de la Cour et dont la pension annuelle était payée sur le pied de 600 livres. Il devait donc avoir une demi-livre de pain blanc, avec beurre ou fromage pour le déjeuner, avec une pinte de cidre ou un septier de vin ; pour le dîner, une soupe, un morceau de bœuf et une tranche de veau ou de mouton ; pour souper, un rôti d'au moins trois quarts de livre, du dessert et la même quantité de boisson. Avait-il la permission d'écrire ? Cette autorisation n'était pas refusée, en général, aux détenus d'ordre politique, à ceux que les religieux appelaient Messieurs nos Exilés. S'il fallait en croire M. Vérusmor, Dubourg aurait écrit plusieurs fois à sa femme et à ses enfants. Cet auteur, d'origine cherbourgeoise et dont le véritable nom est A. Géhin, nous donne même le texte de plusieurs de ses lettres. D'après M. Géhin, Mme Dubourg aurait été avisée de la détention au Mont, de son mari, par un billet anonyme, écrit en réalité par le prieur du Mont Saint-Michel, et qui lui parvint par l'entremise d'un marchand de Leyde. Un billet anonyme, dit Mme Dubourg à son mari, m'a, enfin, appris ton cruel destin, lorsque je ne te croyais plus de ce monde. Hélas, mon pauvre ami, te voilà donc dans les fers, à la disposition d'un despote plus dangereux que Néron Que vas-tu devenir ? Que te réserve-t-on ? J'ignore le barbare, l'odieux moyen dont on s'est servi pour te conduire où tu es et, pourtant, je le devine ; on t'aura sans doute enlevé. Si, seulement, j'étais auprès de toi pour te soulager dans tes maux, pour prendre soin de ta santé délabrée par le malheur. Sans nos propres enfants, je me rendrais au Mont Saint-Michel, dussé-je, dans la misère qui m'accable, faire la route en demandant l'aumône ; je me présenterais, en pleurs, à genoux, suppliante, à la porte de la prison et l'on n'aurait pas le cœur assez dur pour m'en refuser l'entrée. Oui, je pénétrerais dans ton cachot ; j'irais partager tes peines et ta captivité ; mais je ne puis abandonner nos malheureux enfants qui, n'ont plus que moi pour soutien, que mon travail pour fortune. M. Vérusmor nous représente Dubourg recevant cette lettre ; il vient de la lire, il la presse sur son cœur, il la couvre de baisers, l'inonde de ses larmes mais il se sent mourir, il demande, quoique protestant, à s'entretenir quelques instants avec les religieux. On croit à une conversion in extremis. Un Père s'approche de la cage et, touché de compassion, il écrit ces mots sous la dictée du moribond : Ma chère amie, mes chers enfants, je sens approcher ma dernière heure et c'est sur la paille, enchaîné dans une cage, où, depuis cinq ans, je ne puis me mouvoir, que je vous fais mes adieux. Ô mon amie bientôt tu n'auras plus d'époux et vous, mes enfants, vous n'aurez plus de père Je vais donc cesser de souffrir. Qu'il est cruel de mourir loin de vous, tendres objets de mon affection, et de vous savoir dans l'indigence ; hélas je ne vous verrai plus que dans l'éternité adieu mes amis, adieu mes enfants, adieu pour la dernière fois ! Et le lendemain matin un geôlier ne trouve plus dans la cage qu'un cadavre à demi rongé !! Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour affirmer que ces lettres sont apocryphes elles sont l'œuvre de M. Géhin lui-même ; elles portent en elles la preuve de leur fausseté : Dubourg s'y plaint d'être enfermé au Mont Saint-Michel depuis cinq ans or sa détention dura exactement un an et quatre jours. Et puis, pour une excellente raison, le pauvre pamphlétaire eût été bien empêché d'écrire à sa femme et à ses enfants : il n'en avait pas Qu'on veuille bien lire l'état civil qu'il donne dans son interrogatoire du 6 avril 1746, on y trouvera l'indication de ses père et mère, l'énumération de ses parents, frères, sœurs, oncle et cousin germain, mais de mariage, il n'est question : Dubourg était célibataire. Les rats ne sont pour rien non plus dans la fin lamentable de ce malheureux ; mais, au train où courent sur lui les légendes, on se demande quelles fleurs dans le jardin des supplices pourront cueillir en son honneur les écrivains qui s'apitoient sur Dubourg ? Un auteur a découvert que le prisonnier avait la goutte il ne pouvait remuer les pieds et les rats avaient beau jeu de le mordre, et les souris de le grignoter[20]. Mais, laissons là toutes ces histoires macabres. La vérité est que le prisonnier du Mont Saint-Michel s'appelait non Henri Dubourg, mais Victor de la Cassagne qu'il était né à Espalion et non en Hollande, qu'il ne fut pas une victime de Louis XIV, pour la bonne raison que le grand roi était mort depuis trente ans, quand de la Cassagne fut enfermé qu'il fut captif au Mont non pas trente ans, vingt-trois ans, ni même cinq ans, comme l'ont affirmé ses panégyristes, mais bien 369 jours, du 22 août 1745 au 26 août 1746 ; que cet écrivain moralisateur était seulement un pamphlétaire peu recommandable, un diffamateur à la plume vénale enfin qu'il ne succomba pas sous la morsure des rats, mais qu'il se laissa volontairement mourir de faim, sans doute sous l'influence d'une lypémanie mélancolique, dégénérant en folie furieuse. Il reste établi qu'il fut cruellement enfermé dans une cage pendant un peu plus d'une année. C'est une vérité assez triste pour ne pas avoir besoin d'être surfaite ; mais qu'on ne parle pas de la barbarie des moines Il est établi que, peu de temps après l'incarcération de Victor de la Cassagne, le Prieur lui fit confectionner, de son propre mouvement, une chaude robe de calmande et un fort gilet d'étoffe, qu'il fit couvrir la cage de grosses planches afin de préserver son hôte de l'humidité. Cette humidité était telle que le commissaire enquêteur d'Avranches constata dans son procès-verbal qu'il avait été glacé par la température du couloir. Telle est l'histoire de la captivité du malheureux Victor de la Cassagne ; avec M. E. de Beaurepaire nous avons cherché à éclairer, pour les personnes sérieuses, un point intéressant de l'histoire du Mont Saint-Michel, que l'on semble s'être donné le mot pour obscurcir ; mais nous n'espérons nullement avoir détruit une légende pleine de vitalité et l'on montrera longtemps encore le pauvre enfermé, au corps déchiqueté par la dent vorace d'une légion de rats et agonisant dans une cage de fer qui était... en bois. |
[1] Dans le Cloitre, on lit sur la pierre, en capitales gothiques trois noms qui, d'après plusieurs écrivains, seraient ceux des architectes du Cloître. Avec M. Victor Jacques, nous croyons que ces auteurs se trompent, parce que l'habitude simple et absolue du temps ne permettait pas aux bénédictins de signer leurs travaux.
[2] Nous avons dit un mot, dans l'Avant-propos, des oubliettes et des in-pace ; on a pris longtemps pour d'affreux cachots, des puisards, des égouts études cachettes. Il n'y a pas un mot de vrai, dans la description donnée par Colombat, d'une oubliette au fond de laquelle il prétend être descendu, lors de son évasion. Voir le chapitre XI du présent ouvrage.
[3] Renseignements de Me J. Vieillescazes, notaire à Ceyrac, par Gabriac, Aveyron, et de M. J. Serpantié, de Saint-Geniez.
[4] Renseignements de Me J. Vieillescazes, notaire à Ceyrac, par Gabriac, Aveyron, et de M. J. Serpantié, de Saint-Geniez.
[5] FÉLIX MOURLOT, Victor Dubourg ; Mém. Soc. Rouergue.
[6] Mérope, tragédie, traduit de l'italien de Maffei. Paris, veuve Bienvenu, 1743. Montezuma, tragédie, traduit de l'anglais de Dryden. Paris, Lesclapart, 1743.
[7] Sorte de laine lustrée.
[8] Archives du Calvados, Ordres du roi ; dossier Dubourg, série C., 345, Dubourg. Cf. EUGÈNE DE BEAUREPAIRE, la Captivité et la mort de Dubourg, Mém. Soc. Antiq. Norm., 1861.
[9] Archives du Calvados, série C., 345, Dubourg.
[10] Archives du Calvados, série C., 345. Dubourg, Mémoire des qualités personnelles dudit Dubourg, 25 décembre 1745.
[11] La torture, par conséquent.
[12] Il ne faut pas confondre le Mandarin et l'Espion Chinois dont il est question dans l'affaire Dubourg, avec des productions similaires de l'époque notamment avec l'Espion Chinois ou envoyé secret de la Cour de Pékin pour examiner l'état présent de l'Europe. Cologne, 6 vol., in-8°, 1783.
[13] L'Espion Chinois, t. I, préface.
[14] EUGÈNE DE BEAUREPAIRE, la Captivité et la mort de Dubourg, étude citée.
[15] Archives du Calvados, série C., 345. Dubourg.
L'interrogatoire de la veille avait été plus poussé (11 rôles) ; celui du 7 avril n'en contient que 4 ; mais le second est peut-être plus important que le premier, en raison des explications demandées et fournies sur les Clés.
[16] Interrogé s'il ne connait pas le livre que je lui représente, a dit que c'était l'ouvrage qu'il avait donné à Francfort, etc. Interrogatoire du 6 avril. Archives du Calvados, série C., 345. Dubourg.
[17] Lieutenant de la milice bourgeoise.
[18] Un des six enfants de Julien Pichot, époux de Julienne. Étienne-Jacques Pichot, à l'époque du décès de Dubourg était serrurier et sous-lieutenant du Mont. Il mourut, à l'âge de 63 ans, le 1er août 1774, laissant onze enfants dont 3 filles. Registres paroissiaux du Mont Saint-Michel.
[19] Cosson, Jean, vicaire en 1733, curé en 1734 ; mort en 1760, âgé de quatre-vingts ans.
[20] Cf. le Petit Journal, n° du 29 août 1898, article de M. Duquesnel.