L'abbaye sous Étienne Texier de Hautefeuille et sous Frederick Karq de Bébambourg. — Les recherches de dom Julien Doyte, prieur. — Le salon de l'Abbé et la salle du Gouvernement. — L'installation d'un prisonnier de marque. La cellule d'Avedick. — Les aventures du patriarche des Arméniens. — Démêlés avec le marquis de Ferriol. — L'ambassadeur de France viole le droit des gens. L'enlèvement de Chio. — Avedick en France. Son transfert de Marseille au Mont Saint-Michel. Les instructions gouvernementales : au secret. — La correspondance officielle : Pontchartrain et le Père Louvel. — Un religieux mouton. Les secours de la religion : la confession du patriarche. Le 27 octobre 1706, vers 3 heures de l'après-midi, dom Julien Doyte, prieur du Mont Saint-Michel, s'occupait, dans la chambre de l'Abbé, à mettre en ordre une liasse de papiers se rapportant à la prélature de Mgr Étienne Texier d'Hautefeuille. Il s'agissait de retrouver certains titres de noblesse relatifs à plusieurs chevaliers de Saint-Michel. On s'était aperçu qu'il s'était introduit une infinité de contraventions aux règlements de cet Ordre c'est pourquoi l'autorité royale avait prescrit de minutieuses vérifications sur les certificats des titulaires[1]. Bien que le Mont n'ait joué aucun rôle important, comme on l'a dit et répété, ni dans la création de cet ordre, ni même dans la tenue de ses chapitres, les archives de l'abbaye possédaient toutefois des documents relatifs aux premiers chevaliers, institués par Louis XI. Dom Julien Doyte était précisément en train de compulser ces pièces, quand on lui annonça la visite du gouverneur du château. Ses rapports avec cet officier étaient plutôt froids. Les deux autorités suprêmes qu'ils représentaient, subissaient souvent des heurts et des chocs la vie religieuse et la vie militaire voisinaient étrangement dans ces murailles étroites, où l'abbaye se mêlait toujours très intimement la forteresse. Les religieux de Saint-Maur, jaloux de leurs prérogatives écrites dans le concordat de 1622 luttaient depuis un siècle contre les empiètements du pouvoir civil. Le Mont avait été le théâtre de dissentiments graves entre moines et soldats, entre sergents d'armes et frères portiers des contestations violentes s'étaient même élevées entre capitaines et prieurs, entre gouverneurs et abbés moins de cinquante ans auparavant, des événements tragiques auxquels se mêlaient des scènes burlesques, avaient signalé le capitanat de M. de la Chastière-Candé dont la femme était, au dire des religieux, la plus astucieuse, la plus fourbe et la plus frivole qui existât à vingt lieues à la ronde. Dom Estienne Jobert nous en a brossé, de main de maitre, un portrait peu flatteur[2]. Cependant le gouverneur et dom Julien Doyte étaient hommes de trop bonne éducation pour provoquer des scènes pénibles ; dont le scandale avait écœuré le pays ; mais, tous les deux étaient jaloux de leurs titres et de leurs droits, guettaient la moindre incorrection pour se plaindre à leurs supérieurs et vivaient comme chien et chat. Le gouverneur montrait les crocs ; le prieur sortait les griffes. Le capitaine fut aussitôt introduit dans la chambre de l'Abbé. C'était une superbe pièce, faisant partie des édifices construits, dans la seconde moitié du treizième siècle, par Richard Turstin, architecte élégant de ces bâtiments abbatiaux, aspectés au sud du Mont et que des transformations successives ont mutilés d'une façon lamentable. Le salon de l'abbé était éclairé par trois ouvertures, dont l'une, à croisillons, était percée dans le mur oriental. Deux autres fenêtres s'ouvraient au midi. Dans l'ébrasement profond de ces fenêtres, un banc de pierre permettait de s'asseoir et de contempler à loisir la mer, les grèves et ces plantureuses campagnes normandes qui fuyaient en s'étageant jusqu'aux horizons bleuâtres du Mortainais. Le haut des fenêtres était formé de deux arcades géminées, ornées de trilobes est garnies de jolis vitraux peints qui projetaient une lumière chatoyante et irisée sur la hotte d'une cheminée monumentale, semée de coquilles et de fleurs de lis. Une statuette de saint Benoit, rapportée d'Italie au siècle précédent, faisait face à un saint Maur en pierre de Caen. Un grand bahut Henri II, offert par Mgr de Cossé-Brissac[3], se dressait devant la cheminée et derrière une table de travail, couverte de papiers, d'écritoires, de plumes d'or et de cire. Ce bahut servait au classement des pièces courantes ; les documents des prélatures antérieures étaient conservés dans le Chartrier, petite tourelle à trois. étages, réunis entre eux par une vis de Saint-Gilles et qui flanquait, depuis Pierre Le Roy, son constructeur, le pignon nord-ouest de la Merveille. De beaux sièges sculptés par ces fins ouvriers en menuiserie, comme l'écrit le chroniqueur Thomas Le Roy, qui, dans l'effloraison de la Renaissance, avaient fouillé les stalles du chœur, étaient rangés autour de la pièce, dont les murs étaient ornés de bons tableaux et d'une pancarte armoriée représentant les armoiries des 119 chevaliers défenseurs. Deux fauteuils profonds, en cuir gaufré et bronzé, offerts jadis par des pèlerins de Malines, se voyaient en face de la table du prieur. Celui-ci en indiqua un à l'officier en l'invitant à s'asseoir. — Monsieur le Prieur, dit immédiatement le gouverneur, croyez bien que ma visite n'est pas importune ; elle est nécessitée par un ordre que je viens de recevoir de Sa Majesté. Le roi me prescrit d'avoir à préparer incontinent une chambre forte pour un prisonnier, dont il ne me fait pas connaître le nom et dont l'identité me sera révélée par un pli scellé que me remettra l'officier de l'escorte. Sa Majesté m'invite à m'entendre avec vous sur les dispositions à prendre au sujet de ce mystérieux personnage. Voilà pourquoi, je suis auprès de vous. — Monsieur le Gouverneur, réplique aussitôt, d'un ton sec, dom Julien Doyte, vous êtes seul qualifié pour veiller à la garde de celui qu'il plait à Sa Majesté de vous confier. La surveillance est dans vos attributions ; la communauté a la charge de certaines dépenses d'alimentation et d'entretien la charité chrétienne et notre, caractère sacerdotal nous font un devoir de veiller sur nos- prisonniers, au point de vue spirituel, en leur donnant tous les secours de notre sainte religion. Nous n'avons rien à faire de plus. — Nous sommes absolument d'accord, Monsieur le Prieur, répondit vivement l'officier, mais croyez bien que si Sa Majesté ne donnait pas expressément l'ordre de m'entendre avec vous, je n'aurais certainement pas l'honneur de vous entretenir ici dans le somptueux salon d'un religieux qui a fait vœu de pauvreté. Le Prieur ne releva pas l'impertinence, il prit sans sourciller le parchemin que lui tendait le gouverneur jaloux, au fond, de la superbe installation du Prieur. Vous voudrez bien remarquer, monsieur, repartit dom Julien Doyte après avoir lu la pièce avec une extrême attention, que Sa Majesté dit ceci : Monsieur le Prieur de la royale abbaye va recevoir incessamment de M. le baron Jean de Bebambourg[4], auquel il m'a plu d'octroyer la commende du Mont Saint-Michel, des instructions particulières pour l'internement de cet étranger. La lettre de M. l'abbé ne m'étant pas encore parvenue, je ne saurais, Monsieur le Gouverneur, traiter de cette affaire, avant de connaître ce dont est cas. Aussitôt que le mandement me sera parvenu, je m'empresserai de m'aboucher avec vous. Piqué du ton légèrement impertinent de cette réponse, contre laquelle, d'ailleurs, il n'y avait rien à dire, le gouverneur se leva, salua et sortit. Le lendemain matin, un courrier venu exprès d'Avranches, remettait à dom Julien Doyte et en mains propres, suivant la recommandation du bailli de cette ville, un pli scellé aux armes de l'abbaye, c'est-à-dire d'azur au mot PAX, accompagné, en chef, d'une fleur de lis d'or et, en pointe, d'un faisceau des trois clous de la Croix d'argent. La lettre émanait de Jean Frederick Karq, dont Julien Doyte était le procureur, puisque l'Abbé ne résidait pas au Mont il n'y avait même jamais mis les pieds les bénéfices seuls l'intéressaient. La lettre n'était qu'une missive de transmission ; elle contenait une dépêche, absolument confidentielle, signée de Louis XIV, avisant l'Abbé que son Prieur allait recevoir incessamment le patriarche des Arméniens, Avedick[5]. Ce personnage, dont l'identité ne pouvait être révélée à personne, si ce n'est au gouverneur, devrait être gardé très étroitement sans qu'il lui fût permis d'avoir communication avec qui que ce soit, de vive voix ni par écrit. Il était expressément ordonné au prieur de s'entendre avec M. le gouverneur de toutes les mesures à prendre pour prévenir la possibilité d'une évasion. Sa Majesté insistait d'une façon particulière pour que la détention du patriarche fût très rigoureuse, sans toutefois que l'incarcération fut préjudiciable à la santé générale du prisonnier. A peine le prieur fut-il en possession de cette dépêche qu'il fit demander au capitaine l'heure à laquelle celui-ci consentirait à le recevoir. Il fit répondre qu'il se trouverait à trois heures de l'après-midi dans la salle du Gouvernement. Cette salle servait généralement de lieu de réunion aux officiers de la garnison ; mais, depuis que, pour des raisons d'économie fiscale, leur nombre avait été très réduit, cette pièce était utilisée par le gouverneur seul, qui y avait transporté les archives administratives c'était, pour ainsi dire, son cabinet de travail. On y accédait, de la salle des Gardes, par un petit escalier intérieur et détourné. Au nord et au sud, de belles fenêtres géminées l'éclairaient abondamment ; sur sa face Est, s'ouvraient encore quatre fenêtres longues et étroites, encadrées, extérieurement, par des colonnettes supportant des arcatures reproduites à l'intérieur. Elle communiquait encore avec la Tour Perrine, dans laquelle on avait aménagé plusieurs cellules pour les détenus. Cette salle très grande, aux murs nus, où la lumière pénétrait à flots, n'était presque pas meublée aux murailles étaient fixés des râteliers de bois où étaient rangées des armes blanches, des dagues, des piques, des pertuisanes et quelques mousquets. L'aspect en était plutôt sévère, tristes même, et les visiteurs, qui avaient été reçus au somptueux et confortable salon de l'Abbé, trouvaient, à bon droit, que le Gouverneur n'était guère favorisé. Le Gouverneur reçut le Prieur avec cette politesse froide qui marquait bien la nature des rapports entre ces deux autorités et tout de suite, dom Julien Doyte tendit au gouverneur la dépêche royale. En la lisant, le Gouverneur fronça le sourcil et il ne put réprimer un mouvement de mauvaise humeur. — Tous mes compliments, Monsieur le Prieur, dit-il d'un ton un peu acerbe ; bientôt je ne serai plus que votre lieutenant ; Sa Majesté vous fait connaître, avant que j'en sois informé, l'identité de la personne qu'il lui plaît de nous envoyer. Il est vrai que le nom de cet Avedick ne me dit pas grand'chose !... Le Prieur ajouta malicieusement : — Avedick n'est, à l'heure
actuelle, que le personnage le plus important de la Turquie ; il faut être au
courant des affaires religieuses à l'étranger et de la politique en Orient pour
avoir entendu parler du patriarche des Arméniens. Un de nos religieux qui
revient de Rome m'a fait le récit des événements qui se sont déroulés à
Constantinople et de l'enlèvement d'Avedick, par ordre de l'ambassadeur de Sa
Majesté auprès du Sultan, en raison des persécutions dont le patriarche
accable les fidèles catholiques. C'est donc un ennemi de Sa Majesté et de
notre sainte Religion que nous aurons à garder ici et il me semble qu'il est
temps de se préoccuper de l'endroit où nous enfermerons le prisonnier. Son
arrivée est incessante. Alors, faisant trêve à leurs propos piquants et à leurs réflexions désobligeantes, le Prieur et le Gouverneur passèrent en revue les divers logements susceptibles de recevoir Avedick. Ils se mirent facilement d'accord. Les cachots, creusés sous la plate-forme de l'ouest, étaient vraiment trop malsains l'ordre royal n'était-il pas d'exercer une surveillance étroite, mais d'éviter tout traitement préjudiciable à la santé ? La cage de fer était toujours là. ; mais Sa Majesté, seule, pouvait en prescrire l'usage, sauf le cas de punitions temporaires ; les cellules des Exils étaient presque toutes occupées par des prisonniers de l'ordre du roi, jouissant, pour la plupart, d'une liberté relative, ce qui rendait difficile la surveillance des corridors et des escaliers et la fermeture des portes. Seule, la tour Perrine convenait à un prisonnier de marque et offrait toutes garanties de sécurité. Cette tour avait été construite, au quatorzième siècle,
par Pierre Le Roy, un des plus grands Abbés du Mont Saint-Michel, d'où son
nom la Perrine. De l'autre côté de Belle-Chaise,
joignant icelle, il fist bastir la tour quarrée, qu'on nomme la Perrine, nom
dérivé de cette abbé Pierre ; et, tant dans cette tour que dans le dongeon,
il y fist accomoder plusieurs petites chambres pour la demeure de ses
soldats, car il estoit aussi cappitaine de ce Mont[6]. La Perrine se trouve dans l'angle rentrant des bâtiments que Richard Turstin édifia vers le milieu du treizième siècle. Sa forme générale est un carré barlong, contourné à l'angle de la façade et d'un seul contrefort ; la face ouest fait corps avec les bâtiments abbatiaux et celle du nord-est, très rapprochée de Belle-Chaise sur le côté sud ; la tour bouche, en partie, les fenêtres de la salle du Gouvernement. La Perrine se compose de six chambres superposées et est couronnée par un beau crénelage. Un escalier, placé en encorbellement à l'angle sud-ouest, dessert quatre étages de la tour. Entre le quatrième et le cinquième étage, on remarqué un mâchicoulis, permettant de défendre l'escalier établi sur le flanc sud-est qui met en communication les bâtiments abbatiaux avec les terrasses et les chemins de ronde extérieurs. Cette tour a subi, depuis la Révolution, plusieurs transformations qui n'ont pas nui à sa beauté extérieure, mais qui ont bouleversé son plan interne. On a, notamment, mutilé une cheminée afin d'établir une porte destinée à relier le corps de garde avec la chambre du rez-de-chaussée, dont on a fait la Porterie. C'est au troisième étage de la Perrine que fut aménagée pour Avedick une cellule spacieuse, bien aérée, aspectée au sud ; une large fenêtre grillée l'éclairait abondamment. Un lit de fer, une table, deux escabeaux de bois, le seau indispensable et quelques tablettes sur les murs meublaient cette chambre. Avedick devait y passer de longs mois. Le patriarche des Arméniens était alors un personnage assez mystérieux en France et longtemps sa personnalité piqua la curiosité publique. Il eut même l'honneur d'être considéré comme l'homme au Masque de Fer : J'ai découvert l'homme au masque de fer et il est de mon devoir de rendre compte à l'Europe et à la postérité de ma découverte s'écriait le chevalier de Taulès, ami et correspondant de Voltaire. Mais l'enthousiaste historien, tout fier d'une découverte qu'il étayait sur des bases qui n'étaient pas sans apparence de vérité, reçut bientôt une terrible douche. M. de Vergennes ordonna des recherches dans les archives du ministère des Affaires étrangères. On découvrit qu'Avedick se trouvait encore en Turquie dans les premiers mois de 1706. Il ne pouvait donc être le prisonnier, amené par Saint-Mars, des iles Sainte-Marguerite, à la Bastille de Paris, le 18 septembre 1698 et mort dans cette forteresse le 19 novembre 1703. Mais si les recherches prescrites par M. de Vergennes ont ruiné le système imaginé par le chevalier de Taulès, elles ont eu l'avantage de fournir quelques jalons pour tracer l'existence d'Avedick. Grâce à elles et aux habiles investigations de M. Marius Topin nous connaissons mieux la vie du patriarche arménien[7]. Né d'une famille obscure, à Tocate, à une date qui n'est pas rigoureusement établie, mais qui replace vers 1646[8], Avedick, Arwedik ou Aviedick se consacra, de bonne heure, à l'étude des doctrines de l'Église Arménienne. Devenu archevêque, Avedick, par ses propos violents contre le roi de France, avait attiré sur lui l'attention du grand vizir, sur lequel le marquis de Ferriol qui n'était pas encore ambassadeur à Constantinople, mais qui résidait en Hongrie au camp des Turcs, avait une influence considérable. Exilé par le grand vizir, Avedick entra en, grâce en 1701 et devint puissant, en raison de son amitié avec Feizoulah Effendi, le premier dignitaire de la foi musulmane Ferriol essaya encore de perdre Avedick en intriguant contre lui auprès du grand-chancelier de l'Empire, mais l'ambassadeur se brisa à la volonté des autorités de Constantinople une révolution qui renversa le sultan Mustapha II et, du coup, priva Avedick de son protecteur, le livra à nouveau aux ressentiments de Ferriol. Celui-ci réussit à le faire emprisonner dans la forteresse des Sept-Tours, la principale prison d'Etat de Constantinople au fond d'un cachot plein d'eau d'où le patriarche ne pouvait voir le jour[9]. Mais l'affection des Arméniens finit par être plus puissante que la haine de Ferriol. La somme énorme de quatre cents bourses (880.000 francs) fut réunie par les schismatiques et tenta la cupidité du grand vizir et de ses principaux officiers. Les promesses faites à Ferriol furent oubliées et, un an après avoir été déposé, Avedick remonta sur le trône patriarcal. Il s'était joint avec les Grecs, écrit Ferriol à Pontchartrain, et je prévois des persécutions terribles contre les catholiques. À force d'intrigues, et par des moyens qu'il serait trop long d'exposer ici[10], Ferriol réussit encore à faire déposer Avedick. Cela ne lui suffisait pas il le fit enlever, avec la complicité de M. Bonnal. vice-consul de France à Chio et des Jésuites Tarillon et Braconnier[11]. Le chiaoux, chargé de la garde de l'ancien patriarche, le fit monter sur un petit bâtiment de commerce commandé par un Français, qui fit voile sur Marseille. Là, il fut remis entre les mains de M. de Montmor, intendant des galères, et écroué à l'arsenal maritime. Quelques auteurs ont prétendu qu'Avedick fut enfermé soit dans les prisons de Messine, soit aux iles Sainte-Marguerite ou encore à la Bastille. La vérité est qu'il fut immédiatement dirigé sur le Mont Saint-Michel. Cela s'explique. L'enlèvement odieux de l'infortuné patriarche, fait en violation du droit des gens et qui constituait, à lui seul, un véritable casus belli avec l'empire ottoman, était connu de toute l'Europe on ignorait toutefois l'endroit où Avedick avait été transporté. Louis XIV était trop prudent et trop avisé pour laisser dans un port ou dans une île de la Méditerranée un personnage aussi important et aussi sympathique que le patriarche des Arméniens dès qu'il apprit le débarquement d'Avedick à Marseille, il dépêcha un exempt à M. de Montmor, avec ordre de retirer l'Arménien des galères de l'arsenal et de le conduire sous bonne et sûre garde au Mont Saint-Michel[12]. Le patriarche y arriva, sous escorte, dans la dernière semaine de novembre. Le gouverneur et le prieur croyaient voir un personnage hautain, impérieux, robuste et jeune encore. Ils se trouvèrent en présence d'un homme d'une soixantaine d'années, pâle, affaibli et silencieux. Il entendait à peine le français. Il ne protesta ni par paroles ni par gestes contre son incarcération et examina avec beaucoup d'attention la cellule où il fut immédiatement enfermé. Il la trouva, sans doute, moins humide et moins obscure que l'affreux cachot où Ferriol l'avait précipité, dans la prison des Sept-Tours et un pâle sourire éclaira son visage qu'encadrait une belle barbe blanche. Il s'approcha de la fenêtre et, à travers les grilles, il contempla le spectacle qu'il avait devant lui. La mer était retirée ; de vastes grèves grises s'étendaient entre la base du Mont, dont il voyait à deux cents pieds au-dessous de lui les remparts hérissés d'échauguettes, bordés de créneaux et d'où se détachaient quatre ou cinq grosses tours rondes. Entre les murs de défense et la base des bâtiments où il était logé, se pressait la petite ville, dont l'église paroissiale se reconnaissait à son humble clocher en mitre d'évêque tout auprès, un beau logis montrait une façade égayée -d'armoiries et d'écussons ; des jardins en terrasses s'étageaient au pied de l'abbaye il vit avec plaisir des figuiers vigoureux lui rappelant ceux de son pays. L'après-midi touchait à sa fin le soleil descendait, peu à peu, derrière le Mont en projetant sur les sables sa silhouette immense et déchiquetée ; la tour s'allongeait au loin elle formait le sommet de cette pyramide gigantesque, qu'il avait contemplée, tout à l'heure, en traversant la demi-lieue de grève qui séparait le Mont de la terre ferme ; les clochetons prenaient des formes bizarres et les gargouilles, aux angles des bâtiments, se détachaient comme des animaux fantastiques sur le sable qu'elles semblaient mordre de leurs gueules ouvertes au-dessus des abîmes. Enfin l'ombre s'étira démesurément ; le haut de la tour paraissait toucher la rive lointaine qui, déjà, se couvrait de brume. Les bords de la gigantesque silhouette perdirent peu à peu cette netteté d'emporte-pièce que le soleil lui donnait, alors qu'il était encore un peu au-dessus de l'horizon ; la vague de la nuit monta dans le silence et le pauvre vieux patriarche se prit à pleurer... De la détention d'Avedick nous ne connaissons rien de particulier dom Huynes et dom Le Roy et même leurs continuateurs que nous aimons à prendre pour guides ou pour informateurs, sont morts depuis plusieurs années il n'existe pas au monastère de religieux lettrés ou simplement curieux pour rédiger des notes et faire part de leurs impressions. L'histoire littéraire ne s'écrit plus ; seule la correspondance administrative nous permet d'obtenir quelques vagues renseignements. Il paraît bien que les religieux se montrèrent tout d'abord sévères et défiants à l'égard de cet infortuné qu'on leur avait représenté comme un affreux persécuteur des catholiques. Cependant, ils revinrent bientôt sur cette fâcheuse impression, à en juger par une lettre que le comte de Pontchartrain, écrivait de Marly, le 13 juillet 1707, au prieur du Mont Saint-Michel. Cette réponse fait supposer que dom Julien Doyte avait cherché à apitoyer le gouvernement royal sur le pauvre Arménien. J'ay rendu compte, dit Pontchartrain, au roy de ce que vous me marquez au sujet du prisonnier du Levant, qui est dans vostre maison. Sa Majesté m'ordonne de vous faire observer qu'Elle n'a point deffendu de luy administrer la confession, ni de luy faire entendre la messe ; et qu'au contraire, Elle vous en a laissé la liberté et s'en est remise à vous, après vous avoir expliqué ce qu'on m'escrivoit sur sa conduite passée et sur les persécutions qu'il avoit excité contre les Arméniens catholiques. Comme on peut changer à tous moments, le roy n'a pas prétendu le priver des secours qu'il pourrait trouver dans le sacrement et Sa Majesté a seulement pensé que vous deviez avant de l'y admettre, le faire examiner avec d'autant plus de soin qu'on pouvoit craindre, par ce qui s'étoit passé, que sa dévotion n'était que feinte et apparente pour tromper et engager à le garder avec moins d'attention. Je mande au Père Général d'envoyer le religieux qui peut l'entendre et de lui enjoindre de garder le secret sur les choses qu'il pourra lui expliquer hors de la confession. Vous avez bien fait de faire donner au prisonnier les remèdes dont il vous a marqué avoir besoin. En même temps que cette lettre était envoyée à dom, Julien Doyte, le secrétaire d'État en adressait une au supérieur de la congrégation de Saint-Maur et les instructions qui y sont données ne sont pas tout à fait conformes à celles qu'indique la lettre du 13 juillet. Sa Majesté, est-il dit, désire que vous fassiez passer au Mont Saint-Michel le religieux qui estoit à Saint-Malo, qui pouvait l'entendre et que vous lui enjoigniez de garder le secret sur les choses qu'il pourra luy dire hors de la confession, à moins qu'il ne juge qu'elles puissent être utiles pour le service ou pour la religion, auquel cas il n'aura qu'à me les mander, votre deffense ne devant avoir que cette exception. Il est de toute évidence que le pouvoir royal désirait connaître les plus secrètes pensées d'Avedick. Etait-il en relation avec ses coreligionnaires ? Organisait-on une évasion ? Avait-il intéressé à sa cause des gouvernements étrangers ? La Sublime-Porte lui avait-elle fait connaître qu'elle ne se désintéresserait pas à son malheureux sort ? Toutes questions qui préoccupaient énormément le roi et ses ministres. Enfin, une phrase de la lettre du 13 juillet démontre qu'on espérait une conversion : On peut changer à tous moments, est-il dit dans cette dépêche. L'odieux enlèvement de Chio faisait du bruit en Europe. Le grand vizir avait sommé Ferriol de lui faire connaître l'endroit où Avedick avait été déporté. La netteté et l'énergie de la demande ne troublent pas l'ambassadeur. Il répond à Maurocordato, l'envoyé du sultan qui menace Ferriol d'une persécution générale contre les Arméniens catholiques : Si Avedick est en France, j'écrirai afin qu'on le fasse revenir. Mais le Grand Seigneur est le maître de ses sujets. Il peut faire mourir indifféremment tous les Arméniens ; sans qu'une telle menace me détermine à avouer ce que j'ignore[13]. La menace de persécution n'était pas un vain mot les
mesures de rigueur et les proscriptions se multiplièrent tous les catholiques
furent contraints de fuir ou de se cacher. Les Arméniens cherchent activement
leur patriarche. Ils suivent ses traces jusqu'à Marseille ; mais, seuls un
petit nombre d'initiés savent, à Rome, qu'Avedick est en France. Le roi,
effrayé de l'opiniâtreté des Ottomans à découvrir le lieu de détention du
patriarche, ordonne une captivité de plus en plus rigoureuse toutefois, les
lettres du prieur sont empreintes d'une certaine sympathie à l'égard de leur
prisonnier. Le gouvernement s'en étonne. On prescrit au prieur de veiller
plus que jamais On l'a dépeint au roy comme un très
grand scélérat et un persécuteur outré des catholiques. Sa Majesté attend
pour le renvoyer quelque conjoncture où il ne puisse plus faire de mal[14]. Cependant, la lettre du 13 juillet 1707 était restée sans effet. Aucun confesseur n'avait été dépêché vers Avedick. Le roi s'en étonne ; le 14 décembre 1707 le comte de Pontchartrain écrit ceci au Père Louvel, secrétaire de la congrégation de Saint-Maur, à Saint-Germain-des-Prés[15] : J'avais prié le Père général — et la charité même le demandait — de rechercher avec soin, s'il n'y avoit point, dans vostre congrégation, quelques religieux assez habiles dans les langues orientales, pour entendre le prisonnier étranger et conférer avec luy. Je suis surpris qu'on n'en ait pas trouvé jusque à présent et que ce prisonnier, qui a presque toujours demeuré à Constantinople, ne sache point le grec ni la langue franque. Vous devriez en escrire encore au Prieur du Mont Saint-Michel, pour sçavoir précisément de ce prisonnier, en lui montrant quelques livres grecs, s'il n'y entend rien du tout3[16]. Enfin on put trouver le moine, tant désiré, capable d'entendre en confession le mystérieux patriarche et de le faire un peu parler dans sa cellule. Il est possible que ce religieux soit venu de Saint-Malo ; la lettre du secrétaire d'État au prieur général démontre qu'il y avait dans cette ville un homme entendant la langue d'Avedick. Mais les recherches que nous avons faites pour découvrir ce religieux ont été infructueuses. L'histoire du monastère de Saint-Benoît, de Saint-Malo, publiée par M. Riéger[17], d'après un manuscrit déposé aux archives municipales de la Cité-Corsaire, est muette sur ce point. On lit, cependant, dans ce manuscrit, que, de 1704 à 1707, les Pères obtinrent par leurs prières et par leurs science plusieurs conversions. C'est ainsi qu'en 1704, un Algérien fut instruit par le prieur et reçut le baptême : Le huitième jour d'octobre 1704, Homar (sic) Mahomet originaire de la. ville d'Alger en Barbarie, ayant été recommandé par Monseigneur l'Evesque au R.P. prieur Nicolas Hougats, pour lors prieur de notre monastère de Saint Benoit, afin de l'instruire dans notre saincte Foy et Religion, pour le disposer à recevoir le saint Baptême qu'il a demandé avec instance et persévérance, le dit dom Hougats lui a servi d'interprète, lequel fut ensuite baptisé par M. Desnods pour lors vicquaire perpétuel et chanoine dans l'église cathédrale de Saint-Malo. Le dict Homar fut nommé Nicolas Joseph Petris et a signé le livre des registres baptistères en arabe. Il n'y aurait donc rien de surprenant à ce que le confesseur mouton d'Avedick ait été un religieux du monastère malouin, fondé en 1611, en haut du rocher de Saint-Aaron, par l'Anglais William Gifford et qui compta plusieurs religieux étrangers. L'audition d'Avedick par ce père convertisseur n'avait pas encore eu lieu dans les premiers jours d'août 1708. En effet, une dépêche de Pontchartrain à Don Julien Doyte, en date du 22 août de cette année fait allusion à cette conversation : J'ay reçu, écrit le chancelier, la lettre que vous. m'avez escrite au sujet du prisonnier que leroy a donné l'ordre de retenir dans vostre monastère. Sa Majesté désire que vous continuiez les mesmes. soins pour sa garde, sans communiquer avec personne, qu'a pris votre prédécesseur ; mais j'ay esté touché de ce que le religieux ,qui le sert, a entendu de luy sans pouvoir aller plus loin je conçois qu'il a pu demander par signe à se confesser ; mais il faut qu'il ait parlé intelligiblement pour ce religieux pour qu'il ait pu vous rapporter qu'il demandait qu'on le condamnast à la peine qu'il mérite, ou d'estre absous et mis en liberté et que enfin à tout péché il y avoit miséricorde tout. cela ne se peut expliquer par signe, dont on n'a point convenu et, supposant que ce religieux l'ait entendu, il parviendra peu à peu au reste[18]. L'incarcération d'Avedick n'inquiétait pas seulement Louis
XIV, elle préoccupait aussi Rome très vivement. Le cardinal de La Trémouille
écrivait, le 21 juillet 1708, à Torcy qu'il fallait resserrer
encore davantage le prisonnier[19]. Le ministre
obtempéra à cette quasi-injonction et le prieur du mont Saint-Michel reçut
l'ordre de redoubler de surveillance ; le malheureux patriarche fut durement
traité. Les ordres, écrit le ministre à La
Trémouille, ont été renouvelés pour redoubler
l'attention. Avedick n'est vu que par celui qui lui sert à manger. On ne
s'explique avec lui que par signes et lorsqu'il entend la messe, les fêtes et
les dimanches, on le met dans un lieu séparé. Entre temps, on dépistait les Arméniens qui étaient venus à Marseille, croyant y découvrir leur patriarche et, à la nouvelle que son domestique allait se rendre de Livourne en France, pour s'efforcer d'y trouver son maître, on assurait le Saint-Siège que le domestique serait arrêté, dès son arrivée en France et retenu dans une étroite prison bien mieux, Louis XIV affirmait à la Porte, qui réclamait très impérieusement le patriarche, que la mort d'Avedick lui avait été annoncée au moment même où, pour être agréable au Grand Seigneur, le roi le faisait rechercher en Espagne et en Italie, afin de le rendre à son souverain légitime[20]. C'était un mensonge impudent à l'époque où le roi annonçait à Constantinople le décès du patriarche, celui-ci se trouvait encore au Mont Saint-Michel mais le gouvernement estima qu'Avedick n'était pas suffisamment isolé et que le château du Mont n'était point à l'abri d'un coup de force. On décida que l'Arménien serait transféré à la Bastille le secret fut si bien gardé que les religieux du Mont ignorèrent longtemps, sauf le prieur, le départ d'Avedick les ordres furent donnés verbalement afin qu'aucune indiscrétion ne fût commise dans les bureaux. C'est seulement par le journal de Dujonca, Registre dés entrées, que l'on connaît l'internement d'Avedick à la Bastille, à la date du 18 décembre 1709, et encore Dujonca ne cite-t-il point le nom de ce prisonnier très important[21]. M. de Bernaville, gouverneur de la prison d'Etat, reçut les mêmes instructions que celles qui avaient été données au prieur du Mont Saint-Michel. Le 22 septembre 1710, Avedick abjurait entre les mains du cardinal de Noailles, archevêque de Paris et était remis en liberté il ne devait pas en jouir longtemps ; le 21 juillet 1711, c'est-à-dire dix mois après sa sortie de la Bastille, il mourait à Paris, dans une petite maison de la rue Férou, sans parents et sans amis, ayant demandé et reçu les consolations et les sacrements de l'Église Romaine, dont les ardents missionnaires avaient causé tous ses maux. Ainsi se termina cette vie commencée dans l'obscurité et dans la misère, continuée sur le trône patriarcal, traversée de catastrophes, remplie d'élévations inespérées et de chutes soudaines, et si tristement achevée dans l'exil[22]. |
[1] Dès 1665, Louis XIV avait rendu une ordonnance aux termes de laquelle le nombre des chevaliers de Saint-Michel était réduit à cent. Cf. la préface de l'ouvrage de M. GASTON DE CARNÉ, les Chevaliers bretons de Saint-Michel. Nantes, 1884. Étienne Texier de Hautefeuille fut abbé commendataire du Mont de 1670 à 1703 : il ne s'occupa nullement de son abbaye. On ne cite de lui que sa prise de sa possession et sa mort.
[2] Manuscrit n° 209 de la Bibliothèque d'Avranches ; cahier interfolié, f° 150, f° 151.
[3] Celui-là même qui, en 1571, avait ravi la belle croce d'or de dix mille escus et que l'annaliste dom Huynes appelle avec raison véritable loup quoique pasteur.
[4] Jean Frédéric Karq, baron de Bébambourg, chancelier de l'électeur de Cologne. Après les abbés réguliers, les commendataires, après les commendataires, les étrangers ; un Allemand sur le siège de Robert du Mont, un étranger, chef de la forteresse invaincue, telle était la décadence ! Cf. LE HÉRICHER, Mont Saint-Michel, p. 107.
[5] DEPPING, Correspondance administrative du règne de Louis XIV, t. IV, pp. 204-205.
[6] DOM HUYNES, Histoire Générale de l'abbaye du Mont Saint-Michel au péril de la mer, édit. Eugène de Beaurepaire, t. I, p. 191.
[7] MARIUS TOPIN, l'Homme au Masque de fer. Paris, 1883.
[8] L'acte de décès d'Avedick (Registre des convoys et enterrements à l'église paroissiale de Saint-Sulpice, à Paris), indique bien l'âge de 54 ans ou environ mais d'après l'Histoire de l'Empire Turc d'Hammer, Avedick était très lié à Erzeroum avec le muphti Feizoulah-Effendi. L'année assignée par Hammer au séjour du muphti à Erzeroum ne permettrait pas d'y faire vivre Avedick à la même époque que son ami. Le patriarche avait environ 60 ans, quand il fut enlevé par l'ordre de Bonnal, aidé du jésuite Tarillon, à Chio, en août 1706.
[9] Dépêche de Ferriol à Pontchartrain, du 12 juin 1704. Archives, Ministère des Affaires étrangères. Turquie, 41-45, etc.
[10] On les trouvera dans MARIUS TOPIN, l'Homme au Masque de fer, chap. XII, XIII et XIV.
[11] Il n'est pas douteux que la Compagnie de Jésus prit une part active, quoique secrète, à cet enlèvement. Cette immixtion a été contestée par le révérend Père Turquand, dans un article publié le 15 août 1869 par les Études religieuses et littéraires.
[12] Ordre du 10 novembre 1706 : Il est ordonné à... de se transporter dans les prisons de l'arsenal de Marseille pour en tyrer le prisonnier qui lui sera remis par le sieur de Montmor, intendant des galères, et le conduire sous bonne et seure garde à l'abbaye du Mont Saint-Michel et enjoint à tous gouverneurs, maires, scindics et autres officiers de luy donner toute protection, secours et main forte en cas de besoin. Reg. dépêch. comm.
[13] Dépêche de Ferriol à Pontchartrain du 6 juillet 1706. Affaires étrangères, Turquie, 43, citée par MARIUS TOPIN, l'Homme au Masque de fer, p. 190.
[14] Lettre du 22 août 1708. Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV. Ed. DEPPING, t. IV, p. 266.
[15] Lettre du 14 décembre 1707. Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV. Ed. DEPPING, t. IV, p. 267.
[16] La bibliothèque bénédictine du Mont Saint-Michel n'était pas très riche en ouvrages grecs elle contenait cinq ou six volumes des œuvres d'Aristote. Ces manuscrits se trouvent aujourd'hui à la bibliothèque d'Avranches.
[17] Histoire du Monastère de Saint-Benoît (ordre dudit saint Benoit et congrégation de Saint-Maur) situé en la ville de Saint-Malo, manuscrit publié et annoté par M. RIÉGER, Annales de la Société historique de Saint-Malo, année 1908.
[18] Lettre de Pontchartrain au Prieur du Mont Saint-Michel, loc. cit., pp. 265-266.
[19] Dépêche du cardinal de la Trémouille à Torcy, de 21 juillet 1708. Archives des Affaires étrangères. Rome, 491, citée par M. Topin.
[20] Lettre du 14 février 1707. Archives des Affaires étrangères, Turquie, 44.
[21] Ms. de la Bibliothèque de l'Arsenal. Journal de Dujonca. Registre des entrées.
[22] MARIUS TOPIN, ouvrage cité, p. 198.