L'ÉGLISE ET L'ÉTAT EN FRANCE

TOME SECOND. — DEPUIS LE CONCORDAT JUSQU'A NOS JOURS (1801-1906)

 

LA FRANCE NON CATHOLIQUE. — LES ENNEMIS.

 

 

La philosophie positiviste, la culture scientifique, la propagande socialiste, la littérature réaliste et passionnelle du mite siècle ont fait, d'une partie très considérable de la société française, une société réellement païenne par les idées, par les goûts et par les mœurs.

L'homme, libéré de la crainte de Dieu, est revenu d'instinct à sa religion naturelle, au culte des forces cosmiques et de la vie. Pour quelques pleureurs, qui font de leur vie le temple du deuil et de la mort, le monde moderne compte par milliers les êtres qui trouvent la vie bonne en elle-même, la veulent succulente et joyeuse.

Ô mes amis, disait Henri Heine, je veux composer une chanson nouvelle, une chanson meilleure. Nous voulons sur la terre établir le royaume des cieux. Nous voulons être heureux ici-bas et ne plus être des gueux ; le ventre paresseux ne doit plus dévorer ce qu'ont gagné les mains laborieuses. Il croit ici-bas a assez de pain pour tous les enfants des hommes ; les roses, les myrtes, la beauté et le plaisir et les petits pois ne manquent pas non plus. Oui, des petits pois pour tout le monde, aussitôt que les cosses se fendent ! Le ciel, nous le laissons aux anges et aux moineaux. Et s'il nous pousse des ailes après la mort, nous irons visiter là-haut les bienheureux et nous mangerons avec eux les gâteaux célestes. Une chanson nouvelle, une chanson meilleure ! Elle résonne comme flûtes et violons ! Le Miserere est passé ; le glas funèbre se tait. La vierge Europe est fiancée au beau génie de la Liberté ; ils enlacent leurs bras amoureux ; ils savourent leur premier baiser ! Le prêtre manque à la cérémonie ; mais le mariage n'en sera pas moins valable. Vivent le fiancé et la fiancée et leurs futurs enfants !

Le prêtre manque à la cérémonie — Ce n'est plus absolument exact ; il vient, lui aussi, vers le pauvre et réclame enfin pour les déshérités leur part de bonheur terrestre ; mais il n'y a pas longtemps qu'il s'est décidé à reprendre le rôle sublime que son maitre lui avait assigné et qu'il avait trop longtemps oublié pour se mettre au service des princes de la terre.

Le prêtre manque à la cérémonie !... Même aujourd'hui, c'est encore vrai pour beaucoup de prêtres, et ceux qui viennent n'ont pas, ne peuvent pas avoir la même foi et les mêmes espérances que la foule qui se rue aux nouveaux autels. Il n'y a pas antinomie entre la loi du Christ et le socialisme noblement compris ; il y a contradiction entre la loi du Christ et le socialisme vulgaire, malheureusement le plus répandu.

L'idée maîtresse du nouveau dogme est l'idée de libération absolue, si bien exprimée dans la formule anarchiste : Ni Dieu ni maitre !

Pas de Dieu ! Là-dessus presque tout le monde est d'accord. C'est l'A B C de la sagesse : Soyez d'abord athées, disait Jaclard ; puis vous serez révolutionnaires !

Le Dieu personnel du christianisme est non seulement nié, mais honni et même par des poètes. Mme Ackermann le compare à l'empereur romain, qui, impassible dans sa loge impériale, regardait les gladiateurs combattre et mourir :

Mais quoi ! si c'est un Dieu, maitre et tyran suprême,

Qui nous contemple ainsi nous entre-déchirer,

Ce n'est plus un salut, non c'est un anathème

Que nous lui lancerons avant que d'expirer !

Richepin a écrit les Blasphèmes et, comme Vigny, reproche à Dieu de rester sourd à l'appel désespéré des hommes.

Le panthéisme hégélien, qui remplaça, un instant, le déisme chrétien, est déjà passé de mode. Schopenhauer l'a déclaré plus contradictoire à la raison que le déisme lui-même : Dieu, dit-il, sitôt qu'on le conçoit, doit être conçu nécessairement comme la puissance et la sagesse suprêmes. Or qu'un pareil être se soit transformé en un monde semblable à celui que nous voyons, c'est une idée directement absurde. Le déisme est simplement non prouvé, et s'il est difficile de penser que le monde infini est l'œuvre d'un être personnel, par conséquent individuel, tel que nous le connaissons seulement par la matière animale, ce n'est pourtant pas directement absurde qu'un être tout-puissant et en même temps en possession de la sagesse suprême crée un monde tourmenté ; cela est, en effet, toujours concevable, quoique nous n'en sachions pas la pourquoi. En conséquence, même si on lui attribue encore la qualité de la bonté suprême, l'insondabilité de ses voies est toujours l'issue par laquelle une telle doctrine échappe au reproche d'absurdité. Ne concluons pas de ce passage que Schopenhauer soit déiste, la seule conclusion à en tirer est que, pour lui, le panthéisme est un non-sens. Certains esprits ont proposé un autre système : le monisme a été un moment très à la mode ; voici comment M. Hanotaux résume cette intéressante doctrine : Le monde est l'objet d'une évolution continue et rectiligne, partant d'un premier mouvement inaperçu de l'éther pour se diriger vers un but, dont personne n'a le secret. La matière ne peut exister ni agir sans l'esprit, l'esprit sans la matière. Il n'y a qu'une substance, c'est l'éther, dont on ne connaît qu'une faculté, la vibration... Chaque atome est pourvu d'âme... et de même l'éther cosmique. Dieu est la somme infinie de toutes les forces atomiques et de toutes les vibrations de l'éther.

Ce monisme, qui nous parait bien proche parent du panthéisme, peut séduire certains esprits très cultivés et très subtils ; pratiquement, croire au Dieu moniste ou ne croire à aucun Dieu est assurément la même chose.

Une sorte de religion plus intelligible et plus aisément populaire est la religion de l'humanité : L'avenir artistique et littéraire, dit un de ses adeptes, appartient à ceux qu'emporte impétueusement l'esprit nouveau : socialistes, panthéistes, naturistes, libertaires ; ceux-là seuls connaîtront la victoire, parce que ceux-là seuls ont la foi. Ils institueront la religion de l'homme et le culte du travail. Leurs basiliques seront les palais du peuple, les usines où les matières premières se transfigurent et s'adaptent à nos usages, les colossaux et pompeux théâtres où se célébreront devant des foules immenses les grandes et glorieuses épopées de l'histoire, les hauts faits de l'espèce. Les saints qu'ils honoreront seront les hommes-fonction, érigés en archétypes, les travailleurs traduits en leur altitude essentielle. Leurs cantiques liturgiques ne ressembleront plus au Dies iræ ou au Te Deum ; mais on entendra des symphonies, des hymnes en l'honneur des corporations et des métiers, des chants qui diront la gloire des hommes héroïques ou la souffrance obscure des démocraties opprimées. Des cérémonies civiques seront créées, comme le divin Robespierre autrefois en tenta. Les romans prendront l'aspect d'Evangiles et les poèmes ne seront que des cantiques à la nature. (Maurice Le Blond, La Terre Nouvelle, Revue Lyonnaise, 1900.) Cette religion de l'humanité est, aujourd'hui, très goûtée. Il y aurait en l'homme je ne sais quoi de divin et de progressif, qui, en se développant, finirait par créer une conscience générale et par redonner à Dieu une sorte d'existence idéale. Le peuple ne voit point si haut ; mais l'idée d'être dieu, comme il est déjà souverain, ne lui déplaît pas, et l'on peut se demander si le nouveau dogme est une philosophie ou une habile flatterie à l'adresse de la foule toute-puissante. Après avoir dit au peuple : Tu es roi, on lui dit : Tu es dieu.

L'opinion dominante, en matière religieuse, paraît être un indifférentisme à peu près complet, avec un dernier vestige de croyance, comme une sorte de regret, très vague, très fugace, de la foi perdue ; sentiment bien exprimé par un mot très amusant, mis par un rédacteur de la Nouvelle Presse libre de Vienne dans la bouche d'un bourgeois parisien : Voyez-vous, au-dessus de nous, il y a quelque chose !... Mais ce n'est pas la peine de se casser la téta à savoir quoi.

Ce peuple, qui ne se soucie pas de Dieu, ne veut surtout pas de maître et court gaiement la poste sur la grande route de l'anarchie. Morte, bien entendu, la foi à la royauté de droit divin ; 1830 en a emporté les derniers restes. L'idée qu'une famille aurait reçu de Dieu même une délégation d'autorité pour régner sur tout un peuple, cette idée est incompréhensible pour un esprit moderne. Il parvient tout au plus à la reconstruire historiquement, et à concevoir comment elle a pu naître dans le cerveau d'hommes très religieux et de sujets très fidèles, après des siècles de stabilité gouvernementale, assurée par l'hérédité de la dignité suprême dans la même maison.

La royauté n'apparaît plus aux monarchistes eux-mêmes que comme un principe politique, plus avantageux que le principe républicain ; mais la monarchie ne vient plus pour eux du ciel.

Le sentiment monarchique a laissé chez nous d'incontestables survivances. L'incompréhensible plaisir que goûtent les foules à voir défiler des présidents de la République, ou des ministres, dans des landaus de gala, entre deux haies de soldats, l'argent que toutes les municipalités sont toujours prêtes à voter pour toutes ces fêtes, prouvent qu'il y a encore chez nous une foule de gens amis du panache et des petits rubans.

Mais il faut reconnaître aussi que les politiciens ne sont pas étrangers à la persistance de ces goûts bizarres, et que le prestige de l'autorité n'y gagne pas beaucoup. Nous avons assisté à plusieurs cérémonies de ce genre, et nous avons vu très peu de gens les prendre au sérieux. Si le personnage officiel en représentation entendait les réflexions du chœur, il n'aurait pas toujours lieu d'eu être bien fier.

Au vrai, le sens de l'autorité disparaît chaque jour de ce pays. Si vous voulez vous en convaincre, lisez les journaux et regardez les caricatures. Quel est l'homme public qui ait été épargné un jour depuis bientôt quarante ans ?

Evidemment, les hommes d'opposition qui finissent par conquérir le pouvoir changent de point de vue, en passant d'un côté à l'autre de la barricade ; mais leurs anciens clients semblent beaucoup moins disposés à les écouter quand ils font l'apologie de l'autorité, qu'aux jours héroïques où ils lui déclaraient la guerre. Cette situation fâcheuse est proprement le quart d'heure de Rabelais des ambitieux.

Si l'autorité se présente sur quelque point plus exigeante, plus absolue que partout ailleurs, c'est bien à l'armée. La discipline est le ciment qui de millions d'individualités forme un bloc, capable de résister à la fusillade et à la mitraille. Une armée sans discipline n'est pas seulement inutile, c'est la plus dangereuse des multitudes, c'est comme un canon fêlé, plus redoutable pour ceux qui veulent s'en servir que pour l'ennemi. Il faudrait être bien optimiste pour soutenir que l'autorité militaire a gardé tout son prestige, quand toutes les autres perdaient du leur. Admettons que ce soit encore la mieux respectée, admettons que le patriotisme latent — mais indiscutable — de nos soldats en devine implicitement la nécessité : il faut reconnaître aussi que cette autorité est attaquée furieusement par toute une faction, et que, si elle est encore debout, l'honneur en revient au bon sens national plutôt qu'à la sagesse des partis.

L'autorité des supérieurs civils n'est pas moins indispensable au bon gouvernement de la nation que l'autorité des chefs militaires à la solidité de la défense nationale, et elle est si menacée, que le gouvernement a senti la nécessité de dresser une charte des devoirs et des droits des fonctionnaires.

L'autorité patronale, qui n'est point soutenue par l'État, s'ébranle sous les coups incessants qu'elle reçoit et ne subsiste encore que par des miracles d'énergie.

L'autorité maritale !... Son nom seul fait sourire.

L'autorité paternelle est une vieille radoteuse, que les enfants modernes ont, depuis beau temps, mise en état d'interdiction.

La liberté intellectuelle absolue est, en somme, le régime sous lequel la France a voulu vivre : Cherchez dans le monde, dit M. Lavisse, un pays pleinement maître de sa destinée, puisqu'il la peut, du jour au lendemaintous les quatre ans, si vous voulez, modifier du tout au tout ; un pays où aucune force du passé : monarchie ou église, aucune organisation sociale, aucun respect d'une supériorité, comme une aristocratie, par exemple, aucune institution, aucune magistrature existant par elle-même, aucune résistance de coutumes, de droits, d'autonomies, n'est capable d'arrêter, endiguer ou conduire le flot de l'immense et obscure volonté populaire. Vous en trouverez un, mais un seul, le nôtre, où la tant de fois séculaire monarchie, pour procurer l'absolue obéissance à son absolue volonté, a détruit les institutions, usages et privilèges, qui donnaient à des assemblées, à des corps, à des pays, à des offices, des moyens de résister, de discuter, d'agir librement et de vivre à part soi, si gr bien que, lorsqu'elle a croulé, entraînée par les ruines qu'elle avait faites, elle nous a laissé la tâche de créer une France, n'ayant elle-même créé qu'un territoire et des sujets... Mais il est plus difficile d'élever pour la liberté que pour l'obéissance.

Cela est si difficile que l'œuvre est à peine commencée, ou plutôt n'est encore qu'en projet, et que personne ne peut s'aventurer à prédire qu'elle réussira. Ce qu'on voit, c'est une mêlée grondante, où la concurrence vitale s'est exaspérée et où la lutte des classes est ouvertement proclamée. Le capital, si maudit et si attaqué, est toujours le roi du monde et tient le travail à la chaîne. La richesse exagère son luxe, aux yeux jaloux et haineux de la misère. On n'a jamais tant parlé de bonté, de justice, de solidarité ; et jamais l'égoïsme ne s'est affirmé avec plus de férocité ; jamais l'adroit, le vigilant et le fort ne se sont plus dédaigneusement retirés à l'écart de la plèbe ignare et grossière. Il en est qui prétendent que le monde marche à la constitution d'une féodalité financière, plus oppressive que ne fut celle des barons. Quelle place trouverait l'idée religieuse dans une société pareille ? Quelques consciences lui donnent encore asile ; le grand nombre lui tourne le dos.

Et cependant, chose curieuse : même en cette société, le Christ garde encore une certaine popularité. Une poésie étrange : la Complainte du Revenant Jésus, de Jehan Rictus, nous dit la rencontre d'un gueux et de Jésus, par une nuit d'hiver, dans une rue de Paris ; et l'argot du rôdeur s'essaie gauchement à rendre sa douloureuse surprise et sa pitié fraternelle :

Ah! comm' t'es pâle ! ah comm' t'es blanc !

L'art réussit parfois admirablement à peindre le contraste entre notre société aux dehors chrétiens et si païenne dans le fond. Chaque année, au Salon, la sculpture mêle aux nymphes et aux bacchantes, aux bustes de médecins, de manufacturiers, de comédiens, de députés et de ministres d'exquises figures comme l'Héloïse au Paraclet, aujourd'hui au Luxembourg, ou La Charité de Delaplanche, aujourd'hui à la cathédrale de Bordeaux. La peinture nous donne en foule des pèlerins d'Emmaüs, des bons Samaritains et des Samaritaines. Elle nous montre les grands conquérants saluant humblement de l'épée l'ombre attristée de Jésus, qui leur demande compte du sang versé. M. Béraud nous introduit chez les pharisiens modernes, au dessert d'un dîner d'académiciens. Jésus est tout à coup apparu dans la salle ; Madeleine, après dix-huit siècles, a reconnu le Dieu qu'elle adora et s'est jetée à ses pieds. Autour du grand revenant, les hôtes se massent, intéressés ou railleurs ; le maître du logis, debout et courtois, attentif à la parole de l'envoyé du ciel, s'efforce de comprendre et ne semble pas y parvenir. Un autre, au front chauve, aux petits yeux perçants et froids, aux favoris courts, semble tout prêt à accuser Jésus de semer le scandale et la sédition. Un troisième le repousse doucement pour ne rien perdre du savoureux discours, et, s'il est dans le groupe quelques têtes pensives et tout près d'être émues, ce sont plutôt celles des hommes de plaisir que celles des hommes d'affaires.

Jésus est encore respecté, sinon aimé, de ceux qui le connaissent tant soit peu. C'est l'ami des enfants, des humbles, des pauvres, des pécheurs ; c'est le prophète que les princes des prêtres ont crucifié pour avoir trop aimé le peuple... Mais les prêtres ! mais l'Église ! les libertaires n'en veulent plus entendre parler, et voici comment Laurent Tailhade dissuade le Christ d'entrer à Notre-Dame :

N'entre pas dans ce lieu de ténèbres et de mort,

Toi qui pleuras un jour d'angoisse ou de remord,

Quand perlaient à ton front des sueurs d'agonie,

Vaincu par l'abandon et par le décontort.

N'entre pas dans ce lieu d'où ton âme est bannie,

Viens avec nous, avec le pauvre qui t'aima,

Viens goûter avec nous l'espérance infinie !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Arrache-les, ces clous, laisse le vain décor

Du mensonge, de la laideur, de la honte !

Sous les arbres en fleur vibre le chant du cor,

Le matin rose et bleu comme un sourire monte.

C'est le nouveau printemps, ô frère d'Adonis,

Un avril de douceur et de justice prompte.

Retourne aux insurgés, aux souffrants, aux bannis,

Anarchiste !... L'amour brode sa villanelle,

Viens, te mêlant aux chœurs des hommes rajeunis,

Chanter l'Alléluia de la Règne éternelle !

Leconte de Lisle, l'impeccable styliste, n'est pas moins dur pour l'Église que le barde populaire. Il l'a peinte dans ses Poèmes tragiques sous les traits d'un monstre apocalyptique :

Telle que la Chimère et l'Hydre, ses meules,

Une Bête écarlate ayant dix mille gueules,

Qui dilatait sur les continents et la mer

L'arsenal monstrueux de ses griffes de fer.

La Bête vomit sur la terre des légions de croisés, qui vont massacrant, pillant, brillant, détruisant tout sur leur passage. Et le poète voit l'Enfer :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . où, sur des grils ardents,

Avec des bonds, des cris, des grincements de dents,

Les générations se tordaient enflammées,

Toujours vives cuisaient et jamais consumées.

Il voit, dans le Paradis,

Quelques rares élus penchés sur ces supplices.

Il voit le Christ au jardin des Oliviers, frappé d'épouvante par l'horrible vision :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et l'Homme

S'abattant contre terre avec un grand soupir,

Désespéra du monde et désira mourir,

Et non loin, hors des murs de Tsiôn, haute et sombre,

La torche de Judas étincela dans l'ombre !

La haine de l'Église, de son esprit et de ses œuvres, semble être le leitmotiv de l'éloquence actuelle, et chacun apporte à le mettre en valeur toutes les ressources de son talent et toutes les véhémences de sa passion.

Même des esprits restés religieux au fond, comme Quinet, perdent tout sang-froid, quand ils viennent à toucher cette angoissante question.

Quinet écrivait, dès 1857 : Il s'agit non seulement de réfuter le papisme, mais de l'extirper ; non seulement de l'extirper, mais de le déshonorer ; non seulement de le déshonorer, mais, comme le voulait l'ancienne loi germaine contre l'adultère, de l'étouffer dans la boue.

Les catholiques n'ont, suivant Quinet, aucun droit à la liberté : Quoi ! dit-il, nous tomberions sous la fatalité de deux ou trois syllabes, et elles auraient la puissance magique de nous ôter le plus simple bon sens ! Parce que l'oppression a appris de nous à prononcer le mot de passe Liberté, nous voilà obligés en toute conscience de lui livrer la place que nous avons charge de défendre ! La liberté, est-ce le droit et le pouvoir de détruire aisément et impunément la liberté ? Le despotisme religieux ne peut être extirpé, sans que l'on sorte de la légalité. Aveugle, il appelle contre lui la force aveugle !

Ces paroles ont trouvé de l'écho chez les politiques et ont accru chez nous l'esprit d'intolérance.

Schopenhauer définit la religion catholique un billet à ordre sur le ciel, qu'il serait trop malaisé de mériter par soi-même. Les prêtres sont les entremetteurs de cette mendicité.

Herbert Spencer estime difficile de trouver une distinction qui satisfasse l'esprit entre les prêtres et les sorciers.

Un auteur tout récent, et d'esprit paisible, définit le catholicisme[1] une société de braves gens, qui croient à la divinité de Jésus, sur la foi de copies altérées de manuscrits perdus, rédigés on ne sait où, ni quand, par des auteurs inconnus qui se contredisent, et qui n'ont pas été les témoins de ce qu'ils racontent.

L'esprit anticlérical envahit jusqu'aux sceptiques, que leur dilettantisme semblait mettre à l'abri de cette polémique. Etre sectaire, quand on a une foi ardente, est presque chose pardonnable ; être sectaire, quand on ne croit soi-même à rien, est chose illogique. Torquemada brûlait les gens, mais avec la conviction intime qu'il vengeait ainsi la cause de Dieu. Les sceptiques actuels font la guerre à la religion sans croire pour cela à la raison, dont ils connaissent parfaitement les limites, les défaillances et les erreurs ; sans même croire à la science qui, fondée sur la raison, présente justement les mêmes lacunes, et qui leur prête à rire par ses prétentions au magistère universel. Un sceptique se doit à lui-même, suivant l'excellent conseil de Renan, de ne rien nier et de ne rien affirmer. Qu'il rie de tout, à la bonne heure ! Qu'il rie de ceci et s'emporte contre cela, voilà qui n'est plus de jeu, et c'est cependant le spectacle curieux que plus d'un nous donne.

Le nom de M. Anatole France n'éveille certainement pas dans l'esprit l'idée d'un sectaire bien rébarbatif. L'auteur exquis de l'Étui de nacre et de Sur la pierre blanche, le psychologue avisé et indulgent de l'Orme du Mail et du Mannequin d'osier, qui a si bien fait parler notre collègue M. Bergeret, ne semblait pas destiné à faire sa partie dans un aussi bruyant concert. Il s'est pourtant laissé entraîner et jette feu et flamme contre le catholicisme, tout comme M. Charbonnel.

Vous avez vu là-haut, nous disait M. Charbonnel, sur vos collines, le grand arbre, le grand noyer ou le grand chêne. Il est beau, majestueux en ses puissantes ramures. Vous allez vous étendre à son ombre. Quand vous regardez à travers ses branches, vous apercevez des coins du ciel bleu, et parfois vous entendez des oiseaux chanter dans les branches. Vous écoutez et vous rêvez. Ce grand arbre est l'image de l'Église, belle en ses ramures séculaires de dogmes, de légendes et d'œuvres de toutes sortes. Quand l'humanité va dormir à son ombre, elle aperçoit des coins de ciel bleu, un peu de vérité à travers les illusions et les mensonges. Et elle entend chanter les poètes, les artistes qui célèbrent la légende mystique. Mais voyez ! A l'ombre du grand arbre meurent les herbes, les arbustes, les tiges de blé. Il faut aux tiges de blé, aux arbustes et aux herbes le plein air et la pleine lumière des prés et des champs, là-bas, loin de l'ombre meurtrière. Les races meurent qui se sont endormies à l'ombre de l'Église. Il faut aux hommes, pour vivre, le plein air et la pleine lumière de la raison libre et de la science.

M. Anatole France n'admet même pas la poésie du christianisme. Il ne voit dans l'Église qu'une institution qui, pendant tant de siècles, mania, pétrit, broya la multitude humaine, et qui garde, jusqu'en sa décrépitude, les restes d'une force qui courba les empereurs.

La religion romaine se réduit — pour lui — à quelques superstitions grossières et â de basses et machinales pratiques. Elle a perdu toute autorité morale, Elle a pour elle la coutume, la tradition, l'usage. Elle profite de l'indifférence générale. Pour beaucoup de gens, à la ville comme à la campagne, l'église est un établissement plus civil que religieux, qui tient de la mairie et de la salle de concert. On s'y marie, on y porte les nouveau-nés et les morts. Les femmes y montrent leurs toilettes. Les gras propriétaires, les industriels, les financiers, les juifs riches sont les colonnes de l'Église romaine. C'est là une force, non toutefois une très grande force dans un pays comme le nôtre, où il y a peu d'indigents.

Cette Église décrépite tombe dans la superstition et le radotage. Voici comment M. Anatole France parle du culte, passablement idolâtrique d'ailleurs, de saint Antoine de Padoue :

On sait ce que la basse dévotion moderne a fait de ce franciscain rempli de courage et de piété, qui, dans un siècle dur et sombre, consacra sa vie à défendre les pauvres contre l'avarice des évêques et la cruauté des princes. Maintenant, par l'intermédiaire des Assomptionnistes, il retrouve, moyennant un honnête salaire, les objets perdus, et non pas seulement l'argent, les bijoux et les clefs. Je sais, à Bordeaux, un propriétaire à qui il a fait retrouver un locataire, et une dame à qui il a fait retrouver un attachement.

Beaucoup de gens, d'esprit très religieux, pardonneraient assez volontiers à M. Anatole France ces malicieuses réflexions à propos d'une dévotion aussi peu éclairée ; on aura plus de mal à accepter ce qu'il dit de la morale chrétienne, considérée jusqu'ici comme le plus beau titre de gloire du christianisme.

Pour lui, cette morale manque de tendresse humaine et de générosité. L'idée du devoir s'y montre intéressée, égoïste et sèche, et le bien y consiste presque uniquement dans l'observation de pratiques insignifiantes et de formules absurdes. Ce n'est pas la faute du prêtre. Sa doctrine l'oblige à lier les âmes à son Dieu incompréhensible, avant de les unir entre elles par la sympathie et par la pitié. La morale puérile des religieux a le tort grave d'imprimer la peur dans l'âme des enfants et d'effrayer les jeunes esprits par des images de flammes et de tortures, par la menace de supplices atroces. Ils enseignent à leurs écoliers qu'on ne peut échapper à l'enfer éternel qu'en observant des règles de vie minutieuses et compliquées, dans lesquelles le désintéressement n'a point de place. J'ai sous les yeux un petit livre de piété à images. On n'y voit que brasiers, fournaises, diables cornus armés de broches et de fourches. Cela nous semble ridicule, mais c'est odieux.

Une religion qui sombre dans de pareilles superstitions, et qui appuie sa morale sur des images d'aussi mauvais goût, ne devrait pas être bien redoutable dans le siècle de la Raison et de la Science ; tel n'est point l'avis de M. Anatole France, qui, après nous avoir présenté le catholicisme sous le jour le plus terne et le plus attristant, conclut en nous montrant la société civile menacée d'un asservissement complet par ce médiocre adversaire. Il n'est que temps pour elle de se défendre ; le terrain est miné sous ses pas ; quelques jours encore, et nous serons la proie du Saint-Office :

Vous n'avez, dit-il[2], pas de pardon à attendre de l'Église ; vous êtes à ses yeux comme si vous n'étiez pas, puisque vous n'êtes plus catholiques. Elle vous a irrévocablement jugés et condamnés. Elle hâte le moment d'exécuter la sentence. Vous êtes ses vaincus et ses prisonniers. Elle augmente tous les jours son armée d'occupation ; elle étend tous les jours ses conquêtes. Elle vous a déjà pris le gros de votre bourgeoisie ; elle enlève des villes entières, assiège les usines ; elle a des intelligences, vous le savez bien, dans vos administrations, dans vos ministères, dans vos tribunaux, dans le commandement de votre armée. Ne lui demandez pas la paix ; elle ne veut pas, elle ne peut pas vous l'accorder. Si vous suivez à son égard les règles de vos prédécesseurs, a politique de la Restauration, de la monarchie de Juillet et du second Empire, vous serez amenés à lui donner assez pour la fortifier encore et trop peu pour vous la rendre pacifique, et vous vous serez fait seulement une ennemie plus redoutable. Gardez-vous de lui rien céder, elle ne vous cédera rien. Elle médite, cette fois, non plus de faire concourir le pouvoir laïque à ses desseins et à sa gloire, mais de l'anéantir pour son infidélité. Elle prend votre place ; elle se substitue à vous. Le gouvernement temporel des papes, qui était la honte de l'humanité, votre Église travaille ouvertement à l'établir chez vous. Elle veut faire de la France une province des États pontificaux universels.

M. Anatole France voit l'ombre du chapeau de Basile s'étendre du haut de Montmartre sur Paris et sur la France, et nous nous frottons les yeux, nous demandant si nous sommes bien éveillés, nous qui ne voyons ni chapeau ni ombre. Comme la passion grossit, comme elle déforme les objets ! Quel catholique intelligent reconnaîtra sa foi, sa vie religieuse, sa morale, dans les caricatures de M. Anatole France ? Quel Français, médiocrement au courant des choses de son temps et de son pays, croira, une minute, au péril noir, à l'imminence d'une conquête de la France par la Société de Jésus ? Quel historien, tant soit peu impartial, ne se refusera à voir dans le gouvernement temporel des papes la honte de l'humanité ? Que ferait-on alors du gouvernement de Nicolas Ier, du gouvernement d'Isabelle II, du gouvernement d'Abd-ul-Hamid, le Sultan rouge, le massacreur d'Arméniens ? Que ferait-on des gouvernements de l'Amérique du Sud ? Préférerait-on à Pie IX, débonnaire et ami des arts, le docteur Francia, tyran du Paraguay, ou Cipriano Castro, président du Venezuela ?

A voir ainsi les choses en gros et en noir, on ne voit plus juste ; on ne fait plus de philosophie ni d'histoire : on fait du pamphlet.

Les écrivains libres penseurs ne sont pas plus impartiaux vis-à-vis de l'Église que l'Église ne l'est à l'égard de la libre pensée, c'est le même parti pris, le même mépris, la même colère, les mêmes menaces : on dirait deux héros d'Homère s'invectivant avant de se lancer l'un contre l'autre.

M. de Lanessan nous dira : Nous devons écraser l'infâme ; mais l'infâme, ce n'est pas le cléricalisme, c'est Dieu ! (Monde maçonnique, avril 1881, p. 503.)

M. Fernand Faure ajoutera : Je dis que nous devons éliminer l'influence religieuse, sous quelque forme qu'elle se présente. Je vais plus loin encore : nous devons éliminer toutes les idées métaphysiques, ou, pour mieux dire, toutes les croyances qui, ne relevant pas de la science, de l'observation des faits, de la seule et libre raison, échappent à toute vérification et à toute discussion. Ces croyances-là sont une véritable infirmité dans l'esprit de l'homme. (Bulletin du Grand-Orient, 1885, p. 706.)

Pour M. Massé, toutes les mesures qui tendront à diminuer comme parti politique l'autorité de l'Église, à restreindre son pouvoir, à limiter ses richesses, à soustraire à son influence et à sa domination les jeunes intelligences, enfants d'aujourd'hui, citoyens de demain, sont des mesures auxquelles il nous faut applaudir, parce qu'elles marquent un progrès et constituent un pas en avant dans la voie de l'émancipation intellectuelle. (Compte rendu du Convent de 1903, p. 399 et 400.)

Pour M. Delpech, le triomphe du Galiléen a duré vingt siècles ; il disparaît à son tour, le Dieu menteur ! et s'en va rejoindre dans la poussière des temps les autres divinités de l'Inde, de l'Egypte, de la Grèce et de Rome, qui virent tant de créatures abusées se prosterner au pied de leurs autels. (Ibid., p. 381.)

Ces idées prennent, sous certaines plumes, le tour le plus violent. M. Delannoy, auteur d'un livre sur l'Enseignement laïque gratuit et obligatoire, nous dit : Le prêtre est un parasite dans le monde : il consomme et ne produit pas. C'est donc un être antisocial, qui, lui aussi, a fait son temps, comme le vieux monde pourri qui nous l'a légué. Le prêtre n'a ni patrie, ni famille. Il constitue donc un être à part, recevant les impulsions d'une autorité que nous ne reconnaissons pas. Il n'a d'autre but, en convoitant l'éducation de la jeunesse, que de la façonner au profit de son ambition personnelle, ou des despotes dont il est le complice intéressé.

La Lanterne du 4 mars 1905 veut que les prêtres soient considérés comme des êtres dangereux et malfaisants, qu'il faut mettre par tous les moyens hors d'état de nuire. C'est un scandale d'aimer et même de tolérer leur œuvre de mensonge, leurs entreprises d'escroquerie, les atteintes perpétuelles qu'ils portent à la liberté de conscience. En simple justice, et d'après les règles élémentaires du droit commun, il n'y a qu'un édifice gratuit qui soit fait pour ceux qui vendent des denrées imaginaires : la prison.

Nous pourrions aller plus loin encore ; nous préférons nous borner à citer deux petits faits qui nous permettront de conclure.

Nous causions un jour avec un anticlérical instruit et de bonne compagnie, homme d'esprit à ses heures, extrêmement sceptique au fond et somme toute assez bon diable : Pourquoi, lui disions-nous, tenez-vous absolument à faire la guerre au clergé ? En quoi votre situation personnelle peut-elle différer de ce qu'elle serait s'il n'existait plus ? Etes-vous forcé d'aller à la messe ou au sermon, de suivre le dais un cierge à la main, de tendre votre balcon sur le passage de la procession ? Etes-vous obligé de mettre votre fils au petit séminaire ou votre fille au couvent ? Etes-vous obligé de donner votre argent aux quêtes et aux œuvres de paroisse ? Votre curé est-il jamais venu vous faire visite et vous importuner ? N'êtes-vous pas libre de dire de la doctrine et des clercs ce que bon vous semble, de publier ce que vous croyez être le vrai, sans ménagement aucun, sans réticence, brutalement même, si vous le voulez ? Votre attitude risque-t-elle de vous brouiller avec vos chefs et de retarder votre avancement ? Non I Alors pourquoi tant d'acrimonie et tant d'hostilité contre des gens qui sont en majorité de braves gens, qui ne vous demandent rien et ne peuvent rien contre vous ? Et notre interlocuteur nous répondit : C'est ennuyeux de rencontrer ces ensoutanés sur le trottoir ! Nous ne lui fîmes pas, bien entendu, l'injure de prendre sa réponse au sérieux ; mais nous y vîmes l'aveu d'une chose que nous soupçonnions : c'est que l'anticléricalisme est, au fond, un sentiment beaucoup plus qu'une doctrine. Ajoutons d'ailleurs que c'est un mauvais sentiment.

Le second fait que nous voulons citer est plus frappant encore. C'était en ce pays et en cette ville de Clermont-Ferrand. Un ministre était venu prononcer un discours politique, au dessert d'un banquet, resté fameux dans les annales de la gastronomie clermontoise. La philosophie ministérielle n'avait rien d'inaccessible et ne donnait pas le vertige : c'était cependant encore un art trop subtil pour la plupart de ceux qui étaient là, et, à quelques pas de l'orateur, un député disait à son voisin : Qu'est-ce que c'est que tout ça ? Ce n'est point ainsi qu'on présente les choses. On crie : A bas les curés ! et ça suffit !

Que conclure maintenant, après cette longue étude, qui nous a menés de Renan au banquet des Gravanches ?

Que conclure ? Exactement ce que nous avons conclu de notre étude sur la France catholique, qui nous avait menés de Lacordaire au Dimanche des Familles.

Nous venons de faire encore le tour d'une société où se rencontrent tous les extrêmes, où se heurtent tous les contrastes. Avec ses plus nobles représentants, nous avons atteint les plus hautes cimes ; avec ses plus médiocres adeptes, nous avons pénétré des abîmes de niaiserie haineuse. Par en haut, elle semble toucher au ciel ; par en bas, elle descend bien au-dessous du niveau moyen de la moralité générale. Suivant l'étage où l'on s'arrête pour la contempler, elle apparaît comme sublime, ou vulgaire, ou barbare. Considérée dans son ensemble, on n'y voit plus qu'une société, semblable à. toutes les autres, ni meilleure ni pire, qui n'a le droit de jeter l'anathème à aucune autre et qu'aucune n'a le droit d'anathématiser.

La France catholique et la France non catholique sont toutes les deux filles légitimes de la même mère ; elles sont sœurs ; elles se ressemblent trait pour trait ; elles ont mêmes qualités et mêmes défauts, le même esprit logique et les mêmes ambitions, la même générosité et les mêmes passions, la même impatience de tout joug et la même soif d'autorité.

Supposons, un instant, qu'à la place de deux moitiés de nation, nous soyons en présence de deux jeunes filles offrant, sous le même toit familial, les mêmes ressemblances de caractère et les mêmes contrastes d'idées. Vivront-elles en paix ou en guerre ? Elles vivront très probablement en guerre ; mais, si elles vivent en paix, soyez sûrs qu'elles sont l'une et l'autre très libres, et qu'elles s'aiment beaucoup.

Et voilà, du même coup, la solution de notre problème : si nos deux Frances se font la guerre, c'est qu'elles ne sont pas vraiment libres ; c'est qu'elles ne s'aiment pas, et l'intérêt supérieur de la patrie voudrait cependant qu'elles vécussent toutes les deux en bon accord. Il ne nous reste plus qu'à voir ce qu'on a fait pour les rendre libres et pour les réconcilier.

 

 

 



[1] H. Loriaux, l'Autorité des Évangiles, Paris, 1907.

[2] Anatole France, l'Église et la République, Paris, 1904.