Je me suis proposé de retracer les rapports de l’Etat et de l’Eglise catholique en France depuis la Révolution jusqu’à la chute du second Empire. Cette question, je le sais, est très passionnante. Mais je n’ai voulu donner aux partis qu’elle divise ni conseils ni leçons et je ne crois point avoir fait œuvre de polémiste. La politique contemporaine, avec ses débats irritants, ses exagérations, ses incertitudes, est exclue de ce livre ; c’est pour n’être pas tenté d’y toucher que j’ai arrêté mon récit à une époque déjà éloignée de nous et qui m’a paru vraiment appartenir à l’histoire. Ce travail n’est donc ni une thèse, ni un plaidoyer, ni un pamphlet ; c’est une narration explicative d’où se dégagent, par la force des choses, des jugements dont je dois à l’avance faire connaître la règle en toute loyauté. Cette règle provient de deux principes qui me sont également chers : la liberté des cultes et la souveraineté de l’Etat. L’Etat n’a le droit ni de proscrire ni d’entraver une religion qui ne trouble pas l’ordre public ; il n’a pas non plus celui de légiférer en matière spirituelle. Mais nulle religion ne doit, à mon sens, empiéter sur le domaine de la société civile, et si, par suite d’un pareil abus, un conflit se produit entre les deux pouvoirs, le dernier mot doit toujours rester à l’État. Telle est la loi qu’eu mon âme et conscience j’ai cru devoir appliquer aux hommes comme aux choses, sans acception de parti ni de drapeau. J’ai dit la vérité, sans réticence et sans faiblesse. S’il y a dans cet ouvrage des inexactitudes (et je n’ose pas croire qu’il en soit exempt), elles sont involontaires, et je serai heureux qu’on me les signale. On pourra contester ma sagacité ; mais personne, je l’espère, ne doutera de ma sincérité. A. D. |