HISTOIRE GRECQUE

TOME CINQUIÈME

LIVRE SEPTIÈME. — LA MACÉDOINE ET LA GRÈCE (362-337 Av. J.-C.).

CHAPITRE PREMIER. — LES EMPIRES DU NORD.

 

 

§ II. — L'INGÉRENCE MACÉDONIENNE EN GRÈCE.

Après que Philippe eut consolidé son pouvoir et donné à son empire un territoire qui lui permit de jouer sans secours étranger le rôle de grande puissance, commença la troisième période de son activité, période dans laquelle il devait fixer la situation de la Macédoine dans ses rapports avec les pays voisins du continent.

Il avait depuis longtemps dirigé ses regards sur l'ouest, et il était entré en relations avec la plus énergique tribu des Épirotes, les Molosses, comme l'avait fait avant lui et dans le même but Jason de Phères. De tout temps les Molosses avaient eu beaucoup à souffrir des Illyriens : lors donc que ces derniers eurent été énergiquement défaits par Philippe, on trouva tout naturel de chercher en lui un appui contre l'ennemi commun. Aussi Arybbas, successeur d'Alcétas, consentit volontiers à donner sa nièce Olympias pour femme à Philippe (avant 357)[1] ; il le reconnaissait déjà comme le plus puissant de ses alliés. Quant à Philippe, cette union le mettait en mesure de prendre sur l'État voisin une influence dont il comptait user pleinement à l'occasion. Pour le moment, il s'occupait d'une tache beaucoup plus importante et plus difficile, celle d'organiser ses rapports avec ses voisins du sud de la manière la plus utile à ses desseins.

Philippe avait en face des États grecs la même situation qu'autrefois Crésus en face des villes ioniennes. Tous deux étaient bien éloignés d'être les ennemis de l'hellénisme, et de désirer sa destruction : au contraire, ils reconnaissaient si bien la supériorité de la culture grecque et la force qui en résultait, qu'ils firent tous leurs efforts pour mettre le génie hellénique au service de leurs empires, lesquels ne pouvaient arriver que par lui à leur complet développement. Mais Philippe était bien plus voisin de cette culture que le roi de Lydie ; il lui était donc plus facile d'entrer dans les traditions de la politique grecque. Tandis que le roi asiatique ne voyait devant lui, pour arriver à ses fins, d'autre voie que la conquête, Philippe chercha à se faire reconnaître par les États grecs comme leur chef et leur guide dans la poursuite d'un but commun. Ses ancêtres étaient déjà reconnus comme Hellènes ; lui-même était un disciple ;de la civilisation grecque : il avait même conquis personnellement le droit de cité dans l'Hellade par sa victoire à Olympie (356 : Ol. CVI, 1)[2] ; il fallait maintenant que son royaume, devenu puissant par la civilisation grecque, entrât dans le système politique des cités grecques, et que, comme le plus fort, il prît dans ce groupe d'États la direction dont ils avaient eux-mêmes besoin.

Les circonstances ne pouvaient pas être plus favorables. Thèbes-était retombée dans son impuissance d'autrefois, et, après la mort d'Épaminondas, Athènes restait le dernier État où persistât encore l'idée d'une politique nationale ; mais ce n'était qu'un rêve, un souvenir du passé auquel on ne pouvait se résoudre à renoncer, sans se sentir la force nécessaire pour faire de l'idée une réalité. Pendant les querelles qui avaient fait couler tant de sang sans amener de résultat, le dégoût de la situation présente, le désir de la paix et de l'union, avaient fait de grands progrès ; mais comment réaliser ce désir, si ce n'est sous la direction d'une puissance qui se trouvât indépendante du groupe d'États épuisés par la guerre sans leur être pourtant étrangère ?

Philippe connaissait bien cette situation ; son coup d'œil perspicace lui avait montré la décadence des petits États : il voyait ce qui restait de vie nationale s'user dans les discordes civiles, les guerres, les désordres du mercenariat : il ne lui échappait pas qu'un grand nombre de bons esprits désiraient une direction énergique, sans trouver chez leurs concitoyens les hommes qu'il fallait. Il pouvait se convaincre que, dans la mesure où la foi dans la vitalité des petites républiques avait été ébranlée, le respect pour la puissance royale avait grandi aux yeux d'un bon nombre des plus intelligents parmi les Hellènes. Il arriva donc à la conviction que les plans caressés par son ambition personnelle étaient indiqués parla nécessité, qu'ils étaient les seuls raisonnables, et que, somme toute, sa politique trouverait des adhérents même parmi les Grecs, en dépit de la ténacité de leur patriotisme local et de leur mépris pour le peuple macédonien. Leur vie nationale s'était épuisée dans le cercle borné de leur patrie et dans le moule des constitutions républicaines : si elle devait avoir un avenir, ce ne serait que par l'intervention de l'énergie juvénile des peuples du Nord apparentés à leur race, et dans le cas où la direction de la politique nationale serait confiée à un prince possédant une puissance héréditaire incontestée et supérieure à celle de tous les petits États pris ensemble.

Philippe suivit donc fidèlement les traces de Jason de Phères[3], mais il avait sur ce dernier des avantages marqués. Tandis que Jason avilit à côté de lui les Thébains -qui lui disputaient l'hégémonie, Philippe ne voyait alors aucun État grec qui fût capable de diriger les affaires de la Grèce. Athènes sortait misérable et épuisée de la guerre Sociale ; de Sparte, il ne restait que son ancienne opiniâtreté. Après la journée de Mantinée, Thèbes était hors d'état de maintenir sa position et de poursuivre la politique inaugurée par elle dans le Péloponnèse et dans la Thessalie. Avec la mort d'Épaminondas, tout ce que ce grand homme d'État avait su réunir se disloqua, et il ne resta qu'une malheureuse et funeste agitation. L'histoire grecque avait besoin d'une hégémonie, mais la place de chef-lieu était vacante, et, parmi les puissances véritablement grecques, il n'était pas probable qu'il en surgit une autre pouvant faire preuve d'une supériorité de force matérielle ou d'énergie morale suffisante pour lui permettre de prétendre à l'hégémonie.

En outre, Jason avait fondé sa domination par la violence : il n'avait pas un peuple derrière lui, et n'était pas même en sécurité dans sa propre maison. Philippe était un prince légitime, disposant d'immenses ressources, allié de villes grecques et du Grand-Roi, possesseur d'une portion des plus considérables du littoral : tout cela lui donnait aux yeux des Grecs une bien plus grande autorité qu'à Jason, lequel, comparé à lui, n'était qu'un hardi aventurier. Enfin, Philippe était doué à un bien plus haut degré des facultés intellectuelles nécessaires à un prince qui voulait transporter dans le Nord la force motrice du monde grec ; il avait été à une bien meilleure école, et. chez lui et à l'étranger. Il connaissait tous les procédés de la science politique des Grecs, et savait les utiliser dans son intérêt. Comme Thémistocle, il sut employer le revenu des mines à la construction d'une flotte ; de Brasidas il avait appris à connaitre le point vulnérable de la puissance athénienne ; comme Lysandre, il professait la plus complète indifférence dans le choix des moyens, et avait l'art d'exploiter les discordes civiles pour paralyser la force de résistance des villes : il était l'élève d'Épaminondas pour la stratégie, pour le système d'intervention, pour la création de villes devant servir d'appui à une influence étrangère : il était le successeur de Jason enfin quant à la manière dont il s'y prit pour s'approprier l'hégémonie de l'Hellade.

Ce qui au temps de Cimon et de Périclès rendait les Athéniens irrésistibles, l'action prompte et énergique, c'était aujourd'hui le secret des victoires de Philippe : il était en face des Grecs ce qu'était alors Athènes en face des Péloponnésiens lourds et irrésolus, toujours prêt à porter les premiers coups, marchant droit à son but, réduisant toujours ses adversaires à la défensive et les jetant dans le trouble par une attaque imprévue. Exempt de toute impatience fiévreuse, il savait attendre le moment opportun, s'arrêter dans le triomphe et limiter le théâtre de la guerre. Il se garda bien dès le début de se poser en conquérant, comme avaient fait les rois de Perse, ce qui aurait pu décider les États grecs à une alliance défensive ou à une résistance désespérée : il aima mieux épier les occasions favorables pour se mêler aux affaires de la Grèce ; et rien ne lui était plus agréable que quand un parti ou une cité tout entière s'adressait à lui comme à un voisin puissant, sollicitant son arbitrage ou sa protection : il s'empressait de jouer le rôle de juge ou de protecteur des opprimés, habituant ainsi peu à peu les Grecs à le considérer comme le dépositaire d'une autorité supérieure. Mais, pour donner à cette situation une sorte de légitimité, il dut, comme Jason, attacher la plus grande importance à son entrée dans le Conseil amphictyonique. Les occasions dont il avait besoin ne se firent pas longtemps attendre.

La Thessalie était un passage vers l'Hellade. Il fallait d'abord y prendre pied, pour devenir le voisin immédiat de la Grèce intérieure. Philippe avait appris à connaître suffisamment les affaires thessaliennes pendant son séjour à Thèbes. Les Thébains avaient combattu la dynastie des tyrans de Phères et empêché l'unification violente du pays. Ce fut le rôle de Philippe que de reprendre à son compte la politique thébaine et de résoudre à sa façon les questions qu'elle avait laissées pendantes. Alexandre de Phères[4] avait été assassiné en 359, a l'instigation de sa femme, par les frères de cette dernière, Tisiphonos, Lycophron et Pitholaos. Ces deux derniers reprirent la lutte contre la noblesse thessalienne, qui fournissait alors des troupes aux Thébains dans leur guerre contre les Phocidiens. Les Aleuades, abandonnés par Thèbes, appellent Philippe à leur secours. Philippe accourt avec une armée et s'immisce du coup dans la Guerre Sacrée qui venait d'éclater ; il continue la politique thébaine comme adversaire non-seulement des tyrans thessaliens, mais encore des Phocidiens[5].

Dans les régions montagneuses du Parnasse, les esprits étaient en fermentation depuis longtemps. Le pays, à peine touché par les guerres précédentes, était très peuplé : une classe nombreuse de cultivateurs et de bergers y avait conservé la vigueur d'une race non usée encore et une grande simplicité de mœurs. Les hommes libres cultivaient eux-mêmes leurs champs : il y avait même une ancienne loi de la Phocide qui interdisait l'esclavage, ou du moins en limitait extrêmement la pratique[6].

Au Ive siècle la situation changea. Les villes virent s'élever dans leur sein des familles qui acquirent de grandes propriétés et abandonnèrent les antiques coutumes ; la maison de Mnaséas avait mille esclaves. Chaque famille voulut alors renchérir sur les autres : il s'éleva des jalousies et des inimitiés, par exemple, entre les maisons de Mnaséas et de Théotimos ; et cette situation tendue eut des conséquences graves lorsque les Phocidiens furent tirés de leur obscurité primitive et entraînés dans les aventures du monde grec. Ils étaient loin de s'intéresser aux affaires nationales. Ce qui les animait, c'était un farouche esprit d'indépendance et la haine contre leurs voisins, particulièrement contre les Thessaliens, sentiment qui avait, dès l'époque des guerres de l'Indépendance, inspiré leur conduite politique. Dans ces dernières années, ils s'étaient soumis malgré eux à l'hégémonie thébaine, et, du vivant même d'Épaminondas, ils avaient refusé de servir hors du territoire contre leurs amis les Spartiates. Ils durent expier cette audace après la bataille de Mantinée. En effet, malgré les sages avertissements de leur grand général, les Thébains n'étaient nullement disposés à renoncer aussitôt à leur situation de grande puissance : ils cherchèrent même à tendre avec plus de raideur qu'auparavant les rênes de leur hégémonie dans la Grèce centrale. Cela excita les Phocidiens à la résistance ouverte : leur amour de la liberté, une fois éveillé, grandit après les premiers succès et leur donna le courage de tendre à un but encore plus élevé que la délivrance du joug thébain. C'était l'épuisement des grands États qui, comme le montre l'exemple de l'Arcadie, inspirait même aux plus petits peuples le désir de sortir de leur obscurité et de suivre une politique à eux. C'est ainsi que, dans la Phocide aussi, s'éveilla un esprit nouveau d'indépendance politique et un élan ambitieux vers la gloire.

Les Béotiens n'avaient pas sur leurs voisins une supériorité suffisante pour pouvoir les dompter seuls. Ils cherchèrent donc à exploiter l'ancienne antipathie des Thessaliens contre la Phocide[7], et, en second lieu, l'autorité de Delphes.

A Delphes, il ne leur fut pas difficile de mettre les autorités du temple dans leurs intérêts et de faire intervenir le dieu pythique, afin d'obtenir par son appui le châtiment de leurs vassaux rebelles. Étant donnée l'incertitude qui régnait sur les vraies limites du territoire sacré, un prétexte favorable fut bientôt trouvé. Des propriétaires phocidiens furent accusés d'avoir empiété sur le territoire du temple[8]. Le conseil amphictyonique leur imposa une amende considérable : dans le cas où elle ne serait pas payée, toute la Phocide était mise en interdit et déclarée confisquée au profit du dieu[9].

Il y avait au début en Phocide un parti qui, lorsque cet orage s'éleva sur le pays, conseilla une entente. Mais des démagogues passionnés réussirent à étouffer la voix de la modération. Les jalousies entre familles achevèrent de gâter la situation. A la tête du mouvement était la famille de Théotimos et celle d'Euthycrate, de ce même Euthycrate qui, au sujet d'une héritière, était devenu l'ennemi acharné de Mnaséas[10]. Cette querelle de familles devint, une querelle politique. La ruse sacerdotale a bien dit être aussi pour quelque chose dans le fai t que la maison d'Euthycrate, qui n'était pas aimée à Delphes, fut frappée dans sa fortune immobilière avec une rigueur toute spéciale par l'arrêt des amphictyons[11]. L'irritation amena le fils d'Euthycrate, Onomarchos, à se mettre à. la tète du parti de la guerre, où il avait l'espoir de satisfaire à la fois son ambition et sa haine de famille.

Onomarchos passait pour l'auteur des résolutions décisives. A ses côtés on voyait le fils de Théotimos, Philomélos[12]. C'étaient des hommes hardis, richement doués, puissants par la parole et par l'action. Guidée par eux, l'assemblée du peuple résolut d'opposer une résistance énergique aux exigences des Amphictyons. Mais on n'en resta pas là. Toute la situation du pays devait être transformée à cette occasion : car tout ce qui s'était amassé depuis longtemps chez les Phocidiens d'irritation et de haine contre Delphes, contre la Béotie et la Thessalie, se montra cette fois au grand jour. Ce qui dominait c'était l'exaspération contre Delphes, qui consentait à servir de nouveau d'instrument aux ennemis. On ne pouvait pas supporter plus longtemps cet État sacerdotal ; le vrai protecteur du sanctuaire, c'était l'État phocidien[13] ; celui-ci ne pouvait laisser subsister au cœur de son propre pays un tel foyer d'intrigues hostiles.

Le peuple phocidien se leva pour la première fois, d'un élan enthousiaste, et se crut appelé à de grandes destinées. On résolut un armement général, et l'on choisit Philomélos pour général, avec Onomarchos comme collègue[14]. Entouré de toutes parts d'ennemis acharnés, on chercha des yeux des alliances étrangères et l'on espéra surtout en Sparte. Les Spartiates en effet, étaient sous le coup d'une condamnation semblable à celle des Phocidiens. Ils avaient été condamnés à deux reprises par les autorités delphiques pour leur attentat contre la Cadmée, et ils protestaient comme les Phocidiens contre cette sentence. On espérait aussi en Athènes. Les deux États, pensait-on, ne pourraient voir tranquillement la destruction d'une Phocide indépendante et le triomphe absolu de la politique thébano-thessalienne. Philomélos alla lui-même à Sparte[15] : il y trouva l'approbation de ses plans, des promesses et des secours d'argent, mais d'appui effectif on n'en eut ni d'un côté ni de l'autre.

Les Phocidiens en étaient donc réduits à eux-mêmes : du dehors rien ne leur vint en aide, si ce n'est la mollesse de leurs adversaires, qui reculaient devant les résolutions décisives. Philomélos vit que tout dépendait d'une action rapide : c'est encore en marchant hardiment en avant qu'il espérait plutôt réussir à entraîner des alliés dans la lutte. Il ne pouvait pas attendre du reste que les confédérés se fussent réunis en armes, pour s'établir dans le pays sous prétexte de protéger le temple et pour commander les routes ; car les communes phocidiennes étaient situées toutes autour du Parnasse, et à Delphes on pouvait facilement les empêcher de concerter leur action. Aussi hâta-t-il les armements par des avances d'argent personnelles, et, pendant que tout était encore en paix, il prévint ses adversaires par un coup de main hardi. Il marcha droit sur Delphes, et tua après une courte lutte le peu de défenseurs qu'il y rencontra. C'est ainsi que fut anéantie la race des Thracides[16], qui avaient les relations officielles les plus étroites avec le sanctuaire, et que leurs biens furent confisqués. Le reste de la population fut bientôt apaisé, les monuments des dernières décisions amphictyoniques détruits[17] : et, après que les Locriens accourus pour débloquer le temple eurent été repoussés dans une rencontre sanglante, la Pythie se vit, elle aussi, forcée de prendre parti pour les Phocidiens[18].

Après ces événements décisifs, on sentit plus vivement encore qu'auparavant la nécessité d'une direction unique, et l'assemblée du peuple délégua tous les pouvoirs qui constituent. la dictature absolue à Philomélos, lequel établit sa résidence à Delphes, construisit un fort commandant les abords[19] et adressa à la nation grecque un manifeste dans lequel il justifiait son apparente violation de la paix, déclarait solennellement qu'il conserverait intact le sanctuaire commun de l'Hellade et s'engageait à rendre des comptes au sujet des trésors de Delphes[20].

Les Thébains furent sans aucun doute extrêmement surpris de la résolution et de l'énergie du peuple phocidien. C'est de Delphes qu'ils comptaient prendre leurs mesures pour infliger une correction à ces montagnards, considérés comme des adversaires peu redoutables : au lieu de cela, Delphes était devenue la citadelle de l'ennemi, une citadelle contre laquelle ils n'osaient plus avancer. Philomélos, qui pour entretenir ses mercenaires était obligé de faire des campagnes et réquisitions aux alentours, menaçait même les frontières de la Béotie, et les Thébains commençaient à craindre pour leurs villes rurales, dont la fidélité était toujours sujette à caution.

Ils convoquèrent donc aux Thermopyles une assemblée amphictyonique, dans laquelle étaient représentés les adversaires des Phocidiens, surtout les Thessaliens : c'était une assemblée en tous points illégale, mais qui néanmoins se proclama la représentation de la nation hellénique et en assuma tous les droits. Philomélos fut mis hors la loi, et tout le peuple capable de porter les armes appelé à la guerre sainte au nom du dieu de Delphes[21].

Alors s'armèrent toutes les tribus qui devaient le service militaire aux Thébains[22] : pour la seconde fois, Thèbes se vit à la tête de tous les peuples, depuis l'Olympe jusqu'au golfe de Corinthe : Locriens, Doriens, Thessaliens, peuples de l'Œta et du Pinde. Tous accouraient pleins d'ardeur guerrière, non pour secourir le dieu de Delphes et sa Pythie, mais pour satisfaire une bonne fois à fond leur haine contre les Phocidiens (automne 355). La Grèce était séparée en deux camps, selon qu'elle prenait parti pour l'un ou l'autre des adversaires. Pour la Phocide, il y avait beaucoup de sympathies, mais peu de secours effectifs : les deux grands États étaient paralysés ; l'Achaïe seule envoya du renfort[23]. Philomélos avait donc à lutter contre les plus grandes difficultés. Quoiqu'il fin de naissance, pour ainsi dire, un homme de parti, guidé par des desseins ambitieux et des plans dynastiques, il se montra néanmoins un véritable prince, un homme plein d'énergie et d'intelligence. Il lui importait surtout d'inspirer la confiance en sa cause et de montrer que les Phocidiens n'étaient pas des hordes sauvages, mais un peuple rn Ur pour l'indépendance politique et digne de prendre sa place parmi les autres États. Il maintint l'ordre et la discipline : il força par d'énergiques représailles les ennemis, qui regardaient ses soldats comme des brigands sacrilèges et voulaient traiter comme tels leurs prisonniers, à leur accorder tous les droits de belligérants réguliers[24]. Mais son grand désavantage, et il ne pouvait y remédier, était que sa force reposait sur des mercenaires, qu'il avait réunis rapidement au prix d'immenses sacrifices pécuniaires. Toute sa puissance était donc, en définitive, une puissance financière.

Dans ces circonstances, c'eût été un miracle si Philomélos avait pu observer la modération dont il s'était fait une loi publiquement proclamée. La tentation était trop grande. On était le maître absolu du Trésor le plus riche de la Grèce : devait-on, faute d'argent, abandonner le pays à ses ennemis les plus acharnés ? A vrai dire, après être allé si loin, on n'avait plus le choix. On créa donc une Trésorerie[25], sous la responsabilité de laquelle on puisa dans la caisse du temple, d'abord sans doute sous la forme d'emprunts[26] ; mais ensuite on y mit toujours plus de hardiesse et moins de scrupules. Des objets qui depuis des siècles avaient reposé sous le seuil du temple, s'en allèrent aux quatre vents du ciel ; plus on trouvait d'argent, plus on en cherchait, et l'antipathie longtemps contenue que l'on nourrissait contre la cité sacerdotale se satisfit dans l'exploitation de ses richesses[27] On n'envoya pas seulement l'or à la Monnaie, mais on porta la main même sur les saintes reliques, et l'on vit des joyaux de l'âge héroïque  briller au cou des femmes des officiers mercenaires. On dit que 10.000 talents furent alors mis en circulation[28]. On n'employa pas ces sommes seulement pour payer la solde de l'armée, mais on la fit servir à l'étranger pour gagner des personnages influents, comme Dinicha, l'épouse du roi de Sparte Archidamos[29], et pour modifier favorablement l'opinion dans le camp des ennemis. On ne put néanmoins acheter la fortune des armes. Après une série de combats heureux, Philomélos fut attaqué dans la vallée du Céphise par des forces supérieures et contraint à une bataille qui finit par une défaite. Lui-même n'échappa à la captivité qu'en se précipitant, tout sanglant et criblé de blessures, du haut des rochers de Tithora dans l'abîme[30].

Il semble que les Thébains aient alors considéré la cause des Phocidiens comme perdue ; car, dans ce même temps, ils envoyèrent leur meilleur général, Pamménès, avec 5.000 hommes à travers la Macédoine en Asie, pour soutenir le satrape Artabaze contre le Grand-Roi[31]. Mais ils se trompaient fort s'ils croyaient l'orgueil des Phocidiens brisé. Le parti modéré dans le pays ne réussit pas encore à prendre le dessus. Onomarchos, qui sans doute depuis longtemps supportait péniblement d'être sous les ordres de Philomélos, prit la première place[32], Phayllos, son frère, la seconde ; le caractère dynastique du soulèvement se montra plus ouvertement. La maison de Théotimos était placée comme une maison souveraine à la tête de la nation, et ce fut pour soutenir son ambition qu'on continua avec une nouvelle ardeur cette guerre sanglante. Comme on pouvait toujours envoyer à la fonte les trésors de Delphes, de nouvelles bandes accoururent sous les drapeaux d'un prince si généreux ; la Phocide devint sous lui la première puissance financière et militaire de la Grèce. Il avait aussi la chance pour lui. De nouveaux tyrans avaient surgi à Phères. Il s'unit à eux, les soutint de son argent et gagna par là la sécurité sur ses derrières[33]. Le zèle des Thébains s'était ralenti, et leurs expéditions lointaines, qu'ils n'entreprirent sans doute que par l'appât de l'or persan, leur avaient enlevé leurs meilleures forces :militaires.

Tout à coup ils ne furent plus en sûreté sur leur propre territoire. Onomarchos, mettant de son côté l'avantage d'une offensive rapide, occupa les Thermopyles et ravagea les terres des alliés de Thèbes, pour dégoûter une fois pour toutes les tribus de l'Œta, les Doriens et les Locriens, de fournir des renforts à Thèbes[34]. On excita en même temps des séditions en Béotie, et on entreprit une expédition en Thessalie, pour y procurer la victoire au parti anti-thébain.

C'est de ce moment que datent les complications qui amenèrent le roi de Macédoine à prendre une part directe dans les querelles grecques. Il venait de réaliser ses projets les plus immédiats et cherchait une occasion d'étendre son influence sur les pays grecs. L'occasion qui s'offrait était aussi favorable que possible. Il avait pour lui non seulement les anciennes familles seigneuriales de la Thessalie, qui avaient demandé secours contre Lycophron et Pitholaos, mais encore le peuple thessalien lui-même, car les tyrans de Phères s'étaient fait détester dans tout le pays par la politique violente qu'ils avaient suivie de tout temps. Cette haine n'avait pu que grandir dans une forte proportion depuis qu'ils étaient les alliés des Phocidiens, les ennemis héréditaires de la Thessalie. Philippe pouvait donc compter sur une assistance énergique dans le pays : il parut comme une protection contre les farouches mercenaires qui vivaient de l'or volé au temple et étaient devenus de plus en plus un fléau pour la Grèce entière.

Néanmoins ses débuts furent difficiles. Il commença, il est vrai, par repousser sans grande peine Phayllos, qu'on avait envoyé contre lui pour défendre les tyrans. Mais Onomarchos comprit bientôt que les affaires de Thessalie ne devaient pas être traitées comme une chose accessoire. Il sortit de Béotie avec toute son armée, et se précipita avec une fureur indignée sur ce nouvel ennemi qui voulait renverser tous ses plans. Il battit le roi de Macédoine dans deux grandes batailles, de telle façon que celui-ci n'échappa à la poursuite qu'avec les débris de son armée[35]. La puissance des Aleuades était brisée, et, comme dans le même temps la Béotie, dont l'unification avait coûté tant de peines, était en pleine dissolution, que Coronée, l'ancienne ville fédérale, tombait entre les mains des Phocidiens, qu'Orchomène se soulevait de nouveau contre Thèbes et que les tyrans de Phères étaient occupés à procurer à leur énergique patron la suzeraineté de toute la Thessalie, Onomarchos, qui ne voyait plus dans l'arène d'adversaire à sa taille, put se flatter de l'espoir qu'il réussirait à fonder, pour lui et sa maison, une souveraineté capable de réunir une grande partie du continent grec en un seul empire.

Mais le roi Philippe n'était rentré chez lui que pour revenir mieux armé sur le champ de la lutte. Peu de mois après, il reparaissait en Thessalie avec 20.000 fantassins et 3.000 cavaliers. Il sut y exploiter en sa faveur la haine contre la Phocide, que la dernière campagne avait réveillée. Il enflamma ses troupes en leur persuadant qu'ils combattaient pour une cause sainte et remporta une victoire sanglante, mais complète. Plus de 6.000 ennemis succombèrent dans la bataille : 3.000 prisonniers furent précipités dans la mer comme sacrilèges ; Onomarchos lui-même tomba, et son cadavre fut mis en croix (printemps 352)[36].

Le roi pacifia la Thessalie et occupa, après l'expulsion des tyrans, les points les plus importants pour lui, qu'il était depuis longtemps résolu à ne plus jamais rendre ; c'étaient Pagase, le port le plus important de la Thessalie, et la péninsule de Magnésie, qui dominait ce port et dont la possession était décisive pour la Thessalie entière[37]. Pour faire en même temps un acte populaire, il déclara Phères, la ville du tyran, ville libre ; il fut célébré hautement comme le bienfaiteur des Hellènes et le vengeur d'Apollon[38].

Cependant ses adversaires n'étaient rien moins qu'anéantis. Phayllos se mit à la tète des Phocidiens[39], et ce fut un avantage pour lui que la victoire de Philippe eût effrayé les Hellènes et les eût tirés de leur inaction. Le roi de Macédoine, que l'on était habitué à s'imaginer bien loin, sur la limite extrême du monde grec, et que l'on ne connaissait que comme un voisin incommode sur le territoire colonial, on le vit tout à coup puissant en Thessalie et placé avec une armée victorieuse à la porte qui donnait accès au cœur de la Grèce. Les Athéniens équipèrent aussitôt une flotte et occupèrent les Thermopyles[40]. Si Philippe avait poussé en avant pour mettre fin à la guerre sacrée, il aurait trouvé la Phocide, Athènes et Sparte alliées et décidées à une politique énergique et nationale. Cela n'entrait pas dans ses desseins. Phayllos avait toujours à sa disposition des forces qui n'étaient pas à mépriser. Il restait encore des dons sacrés et. des ustensiles du temple à jeter au creuset : il venait des secours de Sparte et d'Achaïe, et les tyrans de Phères, fugitifs, soutenaient en partisans la guerre de pillage qui se faisait sur le territoire locrien. Phayllos mourut sans avoir été réduit, après avoir désigné comme son successeur son neveu Phalæcos[41], fils d'Onomarchos ; le commandement militaire était devenu une principauté héréditaire.

Mais peu à peu la source de l'argent tarit. La guerre s'amortit et devint une de ces querelles de frontières qui durent des années salis résultats et qui, comme une plaie ouverte, dévorent toutes les forces vives. Chaque jour augmentait le nombre des champs en friche, des maisons incendiées et des arbres fruitiers coupés à la racine : les habitants retournaient à la vie sauvage sous le coup des misères de cette guerre, qui se continuait d'année en année sans qu'on sût au juste pourquoi. La Béotie et la Locride s'épuisaient, et l'État soutenu par les mercenaires allait irrésistiblement au-devant de la ruine complète. Aucun des partis ne pouvait atteindre un but qui fût digne de si immenses sacrifices. Tout restait indécis, excepté ce que le roi Philippe avait voulu. Il était le seul qui fût arrivé à un résultat.

Son domaine s'étendait maintenant des montagnes aurifères de Thrace jusqu'aux Thermopyles. La Thessalie, ce pays aux ressources si précieuses pour lui, qui n'avaient jamais été réunies sous une seule main et par conséquent n'avaient jamais été vraiment exploitées, était désormais à ses pieds : la puissante frontière naturelle de l'Olympe, avec ses passages difficiles, n'existait plus pour lui ; les contingents des Thessaliens, avant tout leur cavalerie, étaient à ses ordres. Dans le golfe de Pagase, il avait une nouvelle station maritime sur la mer grecque, et les taxes perçues dans les ports de la région lui constituaient une nouvelle et abondante source de revenus[42].

Et tous ces résultats, il les avait obtenus, non en conquérant brutal, mais en ami et bienfaiteur du pays, en défenseur d'une cause juste et nationale, en champion de l'ordre et des saintes traditions contre la tyrannie et le despotisme militaire, de telle façon restait indispensable, même dans l'avenir, à ceux qui avaient déjà reçu son assistance. Il gardait tous les fils dans sa main : il avait jeté le pont qui conduit en Grèce, et attendait patiemment que l'heure vînt de le franchir. Cependant les Hellènes, surtout les voisins les plus rapprochés de la Thessalie du sud, faisaient plus que n'importe quel ennemi extérieur n'eût pu faire pour user complètement la force de résistance de l'Hellade : Philippe, après avoir gagné la Thessalie, pouvait donc retourner tranquillement à la tâche qui appelait son attention dans le Nord. Un empire comme le sien exigeait la présence du roi sur les points les plus différents : nulle part il n'y avait de tradition bien établie ; tout était en train de se faire : il était l'âme de tout, et l'un des moyens les plus efficaces employés par lui pour rendre son empire fort et solide fut la rapidité de ses voyages et de ses marches, qui jetaient le monde entier dans l'étonnement.

En automne 352, il était en Thrace, où il soumettait les chefs à sa suzeraineté[43] ; il pénétrait jusqu'à l'Euxin et concluait avec Cardia sur l'Hellespont[44], avec Byzance et Périnthe[45], des traités d'amitié. Vers le même temps, il avança du côté de l'Adriatique, établit des forts dans le pays illyrien et habitua les princes de l'Épire à se soumettre à ses ordonnances[46]. Enfin, il avait de Thessalie commencé à tendre ses filets en Eubée, cherchant à gagner des amis dans cette île importante ; il était sans cesse occupé à étendre ses liaisons dans toutes les directions et à gagner de l'influence sur toutes les côtes.

C'étaient là des mesures préliminaires, qui préparaient tout doucement les actes à venir, pendant que sur d'autres points plus rapprochés il allait achever pour tout de bon ce qu'il avait préparé autrefois. Parmi ces derniers desseins figurait notamment la soumission complète des presqu'îles de la Chalcidique.

Depuis la chute d'Amphipolis, il n'y avait pas de pays plus tranquille en apparence. Pendant que la guerre sévissait dans la Grèce centrale et que l'ancien état de choses se détraquait de toutes parts, les Olynthiens et leurs alliés ne connaissaient que le bonheur et la prospérité. Ils n'avaient rien à craindre ni d'Athènes ni de Sparte, et le seul voisin qui aurait pu leur faire du mal était leur meilleur ami. Il avait prouvé qu'il l'était : c'est à lui qu'ils devaient la cession de Potidée et d'Anthémonte, qui leur avait permis d'arrondir leur territoire : il faisait des cadeaux aux citoyens, favorisait la ville par toutes sortes de concessions, permettait à ses capitalistes de prendre une part lucrative aux bénéfices des mines, étendait son droit de pâture, et semblait n'avoir pas de plus grande satisfaction que de la voir prospérer. Les Olynthiens reconnaissaient là la vieille politique macédonienne, celle que Perdiccas avait déjà suivie à leur égard, et croyaient avoir d'autant moins de raisons de se défier, qu'ils pouvaient supposer que leur amitié était aussi de quelque utilité pour l'ambitieux royaume. Toutefois, depuis que ce royaume s'étendait dans toutes les directions avec tant de hardiesse et de persistance et qu'il suivait systématiquement une politique de grande puissance, les Olynthiens devenaient inquiets à côté de leur redoutable voisin, dont les conquêtes enveloppaient leur territoire devenu comme une île. Il leur semblait être devant le repaire d'une bête féroce qui, au moment fixé par son caprice, étendrait ses griffes sur une proie qui ne pouvait lui échapper. Ils vivaient dans une peur constante, qui croissait ou diminuait à mesure que Philippe s'approchait ou s'éloignait avec son armée.

Ce qui augmentait leurs inquiétudes, c'est qu'ils n'étaient pas une cité unique, mais un groupe de vingt à trente villes, et que dans chaque ville il y avait des partis hostiles les uns en face des autres : car Philippe avait eu soin de se faire dans toutes les villes des partisans, qui présentaient l'annexion sans condition à la Macédoine comme la seule politique raisonnable pour les Chalcidiens, et qui avertissaient le roi de tout mouvement d'opinion contraire à ses intérêts. Néanmoins le sentiment de l'indépendance, si profondément ancré dans toutes les républiques grecques, et l'amour de la liberté l'emportèrent encore une fois : les partis nationaux dans les villes alliées s'unirent, et l'on résolut de s'assurer jusqu'à quel point il était encore permis de suivre une politique nationale. Car sous les apparences d'une égalité parfaite, ils étaient déjà en fait les clients de la Macédoine, puisque, sans aucun doute, ils avaient dû dans le traité d'alliance prendre des engagements dans le genre de celui-ci : de ne pas faire la guerre ou conclure la paix sans Philippe. C'était le prix dont ils avaient payé Potidée et Anthémonte : comment en effet le roi aurait-il pu céder à un voisin des villes de cette importance sans s'être assuré son alliance ! Philippe put donc reprocher aux Olynthiens une violation des traités, lorsque, sans lui en demander la permission, ils entrèrent en négociation de paix avec les Athéniens[47] pour obtenir dans la guerre qui se préparait au moins le droit de neutralité. Les premières négociations tombent vraisemblablement à l'époque des campagnes macédoniennes en Thessalie.

A partir de ce moment, les rapports entre Philippe et les villes alliées furent des plus tendus : mais d'aucun côté on ne souhaitait une rupture violente. Le roi toucha le territoire des villes dans ses expéditions en Thrace : il leur montra ses forces, leur prodigua les conseils, les menaces, mais ne fit rien de son côté pour rompre la paix. Mais les Olynthiens, poussés par le parti national, firent un pas do plus, en demandant des secours aux Athéniens pour défendre leurs frontières. C'était déjà une démonstration significative contre Philippe, qui ne pouvait souffrir patiemment que des troupes ennemies vinssent s'établir sur le territoire de ses alliés. Il ne fallait plus maintenant que des occasions accidentelles pour faire éclater la guerre. Une de ces occasions se rencontra lorsque le roi demanda l'extradition d'un de ses beaux-frères, qui s'était réfugié à Olynthe. La ville fit alors le pas décisif, en envoyant à Athènes ses députés pour conclure une alliance offensive et défensive contre la Macédoine (349 : Ol. CVIII, 4).

Tout dépendit dès lors du succès de cette ambassade. Olynthe et Athènes étaient les deux seuls États qui eussent encore les moyens de résister. Aussi était-ce leur alliance que Philippe avait cherché à empêcher dès le début. Si Olynthe devait être perdue comme Amphipolis, Pydna, Méthone, Athènes restait seule. Or quelle était la situation d'Athènes ? Comment s'était-elle comportée pendant que grandissait la puissance de la Macédoine ? Était-elle capable, avait-elle la volonté d'entreprendre, pour elle et les Hellènes, une lutte décisive contre Philippe de Macédoine, dont les desseins à l'égard de la Grèce n'étaient plus douteux depuis son apparition aux Thermopyles ?

 

 

 



[1] Olympias était la fille de Néoptolème (JUSTIN., VII, 3).

[2] PLUTARQUE, Consol. in Apoll., 6, p. 105 a. Alex., 3.

[3] ISOCRATE, Philipp., § 119 sqq.

[4] Successeur de Jason.

[5] DIODORE, XVI, 14.

[6] ATHEN., p. 264 e.

[7] ÆSCHIN., De falsa leg., § 140. DEMOPHIL., in Fragm. Hist. Græc., II, p. 86 a.

[8] Argum. Demosth. De falsa leg. Cf. SCHOL. DEMOSTH, De Halonnes., § 42.

[9] DIODORE, XVI. 23. cf. 29.

[10] ARISTOTE, Polit., p. 200, 28. Aristote avait eu directement connaissance des faits par son ami Mnason (TIM., fragm., 67 b). L'enlèvement de Théano fut l'occasion qui fit éclater la guerre avec Thèbes (DURIS ap. ATHEN., p. 560 b).

[11] DIODORE, XVI, 32.

[12] Diodore (XVI, 56 et 61) donne par erreur à Onomarchos et à Philomélos le titre de frères.

[13] D'après Diodore (XVI, 23), les prétentions des Phocidiens sur Delphes se fondaient sur un texte d'Homère (Iliade, II, 519-520).

[14] DIODORE, XVI, 24 ; XVI, 31.

[15] DIODORE, XVI, 24.

[16] Sur les Thracides, voy. WELCKER, Griech. Götterlehre, I, p. 431.

[17] DIODORE, XVI, 24.

[18] DIODORE, XVI, 27. PAUSANIAS, X, 2, 3.

[19] DIODORE, XVI, 25.

[20] DIODORE, XVI, 14. Cf. 27.

[21] DIODORE, XVI, 28. L'assemblée se réunit dans l'automne de 355.

[22] Une inscription trouvée à Thèbes et publiée par KOUMANOUDIS (Άθήναιον, III, p. 479 sqq.) contient une liste des sommes fournies à titre de subsides et dépensées dans l'espace de trois ans pour la guerre Phocique. Cependant ces contributions sont limitées à Alyzia, Anactorion et Byzance.

[23] DIODORE, XVI, 30 sqq.

[24] DIODORE, XVI, 25. cf. 31.

[25] DIODORE, XVI, 56.

[26] Philomélos, si tant est qu'il ait, comme on le dit (DIODORE, XVI, 30. POLYÆN., V, 45), touché aux biens du temple, doit n'avoir fait que des emprunts. — DIODORE, XVI, 56.

[27] Sur la spoliation du temple par les Phocidiens, voy. DIODORE, XVI, 56-57. Cf. EPHOR. ap. ATHEN., p. 232 d (fragm. 155) et STRABON, IX, p. 421. Théopompe avait écrit un ouvrage spécial sur la matière (ATHEN., p. 532. 604).

[28] Environ 58.940.600 fr.

[29] Théopompe (fragm. 258, ap. PAUSANIAS, III, 10, 3) accuse Archidamos et Dinicha de s'être laissés corrompre.

[30] DIODORE, XVI, 31. Le combat eut lieu (PAUSANIAS, X, 2, 4), non loin de Tithora.

[31] DIODORE, XVI, 34.

[32] DIODORE, XVI, 31. On a des monnaies de bronze au nom d'ΟΝΥΜΑΡΧΟΥ (LEAKE, Num. Hell., Eur. 93) et de ΦΑΛΑΙΚΟΥ (WARREN, Federal coinage, p. 12).

[33] Alliance d'Onomarchos avec Lycophron (DIODORE, XVI, 35).

[34] Succès d'Onomarchos contre les Locriens et les Béotiens (DIODORE, XVI, 33).

[35] DIODORE, XVI, 35.

[36] DIODORE, ibid. PAUSANIAS, X, 2, 5. JUSTIN., VIII, 2.

[37] DEMOSTHEN., Olynth. I, § 12. Cf. § 22.

[38] DIODORE, XVI, 38.

[39] DIODORE, XV, 37.

[40] Les Athéniens sous Nausiclès aux Thermopyles (DIODORE, XVI, 37-38).

[41] DIODORE, XVI, 38. Phalæcos était peut-être le fils adoptif de Phayllos, comme le conjecture Wesseling (ad Diodor., ibid.) d'après l'expression de Pausanias (X, 2, 6).

[42] DEMOSTH., Olynth. I, § 22.

[43] ISOCRATE, Philipp., § 21. DEMOSTH., Olynth. I, § 23.

[44] DEMOSTH., In Aristocrat., § 181.

[45] SCHOL. ÆSCHIN., De fals. leg., § 81.

[46] DEMOSTH., Olynth. I, § 13.

[47] LIBAN., ad I Olynth., p. 7. Cette paix avait été conclue dans l'été de 352, suivant SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 114. Il y avait donc eu violation des traités en ce sens que les Olynthiens avaient renoncé à avoir une politique à eux vis-à-vis de l'étranger : ce qui confirme cette manière de voir, c'est qu'on ne put pas prouver que les Olynthiens eussent positivement violé aucun traité.