HISTOIRE GRECQUE

TOME QUATRIÈME

LIVRE CINQUIÈME. — LA DOMINATION DE SPARTE EN GRÈCE (DE 404 A 379 AV. J.-C.).

CHAPITRE PREMIER. — ATHÈNES SOUS LES TRENTE.

 

 

§ IV. — LA RESTAURATION.

Ceux-ci laissèrent provisoirement les tyrans en paix dans leur forteresse et se hâtèrent, conformément au traité, de consommer la réconciliation des deux principales fractions du peuple. Le 12 Boédromion (21 sept.), les compagnons de Thrasybule fêtèrent le jour de leur rentrée dans Athènes[1] jour de gloire bien mérité, où ils récoltaient le prix de leur bravoure et de leur patriotisme. Devant la porte on fit halte, et la colonne militaire se convertit en procession sous la conduite d'Æsimos[2] ; on allait offrir à la déesse Poliade le sacrifice d'actions de grâces pour la remercier de cette journée. Aussi, comme dans les réunions religieuses, on procéda à une revue préalable, afin que la présence d'aucun profane ne souillât la cérémonie sacrée. Æsimos usa de ses pleins pouvoirs pour éloigner quelques individus infâmes qui s'étaient glissés là comme patriotes ; c'est ainsi que fut exclu Agoratos, qui avait servi de suppôt dans les plus honteuses intrigues' ; puis le cortège se dirigea par la porte du Dipylon à travers le Céramique jusque sur la colline de l'acropole, où, pour la première fois depuis longtemps, des Athéniens libres sacrifièrent à leur déesse. Les émigrés de retour étaient attendus sur le Pnyx par le corps des citoyens demeurés dans Athènes. Thrasybule, au nom de ses compagnons, leur adressa une harangue pour leur exposer clairement et franchement la situation. L'expérience avait démontré que la domination des honnêtes gens n'était qu'une trompeuse image, un mensonge ; car les fils des nobles familles, qui se flattaient toujours de posséder par droit de naissance ce que les autres ne devaient acquérir qu'à force de peine, s'étaient montrés des hommes sujets, plus que le reste des mortels, à toutes les défaillances, à toutes les imperfections morales, surtout à l'avarice et au plus ignoble égoïsme. Ils ne pouvaient plus davantage en appeler aux Lacédémoniens, car ceux-ci les avaient abandonnés et avaient mis les tyrans à la chaîne, comme des chiens hargneux, pour les livrer au peuple à qui ils avaient fait tant de mal. A présent, on avait les mains libres : il fallait qu'instruit par les récentes expériences tout le monde marchât d'accord pour établir une constitution nouvelle[3].

Sur le point essentiel, l'accord existait. On répugnait à toute division, et on conféra tout d'une voix à l'amnistie provisoirement convenue la valeur d'un plébiscite. Plus délicate était la question constitutionnelle. Ici, les opinions étaient plus divergentes qu'on n'aurait dû s'y attendre après les leçons du passé. On se croyait obligé, lors de la nouvelle organisation, de conserver encore quelque égard pour les Lacédémoniens, avec lesquels on ne tenait à aucun prix à entrer de nouveau en conflit ; peut-être même avait-on sous main souscrit à certains engagements sur ce sujet. Avant tout, l'ancienne défiance contre la démocratie pure était encore très répandue parmi les citoyens, ainsi que l'idée qu'on ferait bien de restreindre le droit de cité et d'exclure la masse des artisans, des commerçants et des marins qui ne seraient point, dans toute l'acception du terme, domiciliés en Attique, d'une assemblée dont la majorité devait décider du salut de la république. On espérait par là maintenir aux assemblées du peuple un caractère plus calme, prévenir les votes inconsidérés, et obtenir de meilleures garanties pour l'ordre légal.

Les Athéniens qui partageaient ce sentiment désignèrent, pour porter la parole en leur nom, un homme que personne ne pouvait dénoncer comme un partisan de la réaction : proscrit par les oligarques, il avait combattu sous Thrasybule pour la cause de la liberté et jouissait d'une grande considération parmi ses concitoyens : il s'appelait Phormisios[4]. Il ne voulait pas imposer de cens ni exiger un capital déterminé comme condition des pleins droits politiques, mais il insistait pour que personne, en Attique, ne jouît de ses droits sans avoir de biens-fonds. Sa proposition renfermait par conséquent un retour aux principes de la législation de Solon ; il réclamait l'exclusion des artisans qui n'auraient possédé dans le pays qu'une fortune mobilière, et, si la proposition avait passé, cinq mille personnes environ auraient été rayées de la liste des citoyens.

Le projet provoqua une opposition très vive. Les citoyens, disait-on, allaient-ils de nouveau se laisser tromper par cette vieille fantasmagorie ? N'avait-on pas, en fin de compte, tenté assez d'expériences pour savoir à quoi s'en tenir sur la garantie qu'offrait la propriété quand il s'agissait des opinions des citoyens ? Était-ce le moment d'affaiblir Athènes et de lui enlever ses hommes ? Et n'étaient-ils donc revenus dans leurs foyers, par la victoire de leurs armes et sous la protection manifeste des dieux, que pour se dessaisir spontanément de ce droit de cité si chèrement acquis ? Qu'on ne se laisse donc pas perpétuellement intimider par la considération de Sparte. S'il fallait lui céder sans réserve, mieux vaudrait succomber dans une lutte honorable que persévérer dans une ignominieuse dépendance. Mais les Spartiates ne songeaient pas à s'engager de nouveau dans des luttes dangereuses à propos de la question constitutionnelle ; il y avait des États plus petits et plus rapprochés de Sparte, comme Argos et Mantinée, qui jouissaient néanmoins d'une situation absolument indépendante et d'une constitution libre. Et les Athéniens, par pusillanimité et par une crainte aveugle, consentiraient à s'avilir et à se livrer eux-mêmes ! Lysias composa un discours en ce sens, contre la modification de la constitution athénienne proposée par Phormisios[5]

Le projet fut repoussé, et l'ancien corps politique rétabli avec ses magistrats. Euclide fut probablement nommé archonte dans le courant du même mois ; et, comme l'on ne reconnaissait pas à son prédécesseur Pythodoros la qualité de magistrat légitime, le nom de celui-ci fut rayé de la liste des archontes, et l'année de sa charge (Ol. XCIV, 1), écoulée sous un gouvernement illégal, fut nommée l'année de l'anarchie. D'ailleurs, la période de suspension des magistratures dépassait le terme d'un an. Les Trente ayant gouverné environ de juin 404 jusqu'au début de l'année suivante, ils en étaient au huitième mois depuis leur avènement quand eut lieu le combat de Munychie : puis, la domination des Dix, la marche de Lysandre, l'intervention de Pausanias et les négociations entamées avec lui embrassent encore un espace de huit autres mois, à peu près de février à septembre 403, où eut lieu le retour des constitutionnels. Des huit mois de la tyrannie, on en signalait ordinairement trois comme une période particulièrement funeste : c'était le temps qui suivit l'arrivée des troupes spartiates, arrivée dont la date, par conséquent, tomberait au mois d'octobre 404.

Les partis de la capitale et du Pirée étaient réconciliés, mais la concorde n'était point rétablie encore dans le pays. Éleusis était le lieu de réunion de tous les ennemis de la constitution, la forteresse des tyrans encore debout et invaincus. De leurs exactions il leur restait de l'argent ; ils levaient des hommes et faisaient dans la contrée des incursions accompagnées de pillage. Ils croyaient toujours à la possibilité de se maintenir, comptaient sur leurs amis de Sparte et sur un changement dans le collège des éphores. Leur hostilité obstinée provoqua nécessairement chez tous les Athéniens la plus profonde irritation, et, ne pouvant supporter une situation pareille, les citoyens en masse marchèrent quelque temps après sur Éleusis, pour détruire le siège de cette réaction antipatriotique.

Les événements ultérieurs ne sont qu'imparfaitement connus : ils furent de telle nature, sans aucun doute, que les Athéniens avaient de bonnes raisons pour n'en point parler beaucoup. Les assiégeants nouèrent des relations par suite desquelles, à ce qu'on rapporte, les tyrans, mus par de fallacieuses promesses, se rendirent au camp et y furent mis à mort[6]. Il est probable que les chefs furent hors d'état de maîtriser la fureur populaire, allumée par le souvenir des horreurs qui s'étaient commises naguère près de ces mêmes portes de la ville. Ces victimes une fois tombées, tous les ennemis se trouvaient écartés et la victoire du parti constitutionnel complète ; et, si l'on pense aux misères intérieures et extérieures par où la ville avait passé depuis le désastre de Sicile, on comprend comment, une fois délivrée de toutes les luttes, la population d'Athènes respira librement, et comment tous les gens raisonnables ne désirèrent que la paix, pour laisser les blessures se guérir et les citoyens reprendre paisiblement l'habitude de la vie commune.

Cependant la situation continuait à être difficile, et les modérés avaient besoin de toute leur énergie pour prévenir tout abus de la victoire. Il fallait éviter ce qui pouvait de nouveau discréditer la démocratie et fournir des armes à ses adversaires, à Sparte et ailleurs. Ce qui ajoutait du prix à la vieille constitution de la cité, c'est que le système contraire s'était montré sous une forme rebutante, et que les démocrates étaient autorisés à se poser maintenant en représentants de l'ordre et de la légalité. Seulement, ils avaient le devoir de prouver désormais qu'ils étaient les véritables honnêtes gens, et, les yeux fiés sur ce but, Thrasybule et ses amis travaillaient sans cesse à éviter toute réaction sanglante et à arrêter une fois pour toutes l'œuvre de représailles à la mort des Trente. On convint donc de rester fidèle à l'accord contracté avec le roi Pausanias, d'étendre aux Éleusiniens la paix conclue entre les factions d'Athènes et du Pirée, et de publier, en supprimant toutes les exceptions, une amnistie complète pour tout le pays. Les magistrats restants du régime de la Terreur, les enfants des tyrans, Phidon lui-même, bien qu'il eût appartenu aux Trente, Ératosthène, qui n'était pas allé à Éleusis[7], tous eurent la permission de rester dans Athènes, avec l'assurance qu'on ne leur demanderait pas de comptes. Tout le passé était pardonné et oublié[8]. C'était le troisième acte et la conclusion de cette grande œuvre de réconciliation civile.

Une si large amnistie contenait bien des conséquences choquantes pour le sentiment naturel de l'équité. Les hommes dont la bravoure et les sacrifices avaient emporté le rétablissement de la constitution n'obtenaient pas le moindre avantage sur les autres, qui étaient tranquillement demeurés dans la ville ; les pertes des exilés étaient incalculables, et, s'ils pouvaient être dédommagés pour une grande partie de leurs propriétés en recouvrant ce que les tyrans avaient volé, il était impossible de restituer au légitime possesseur une bonne partie de ce qui avait passé en d'autres mains. Quelques individus, il est vrai, de trop mauvaise réputation, comme par exemple Batrachos, préférèrent, malgré l'amnistie, aller vivre hors d'Athènes ; mais d'autres, qui avaient été aussi les suppôts de la tyrannie, ne craignirent pas d'y rester. Un des Trente, Phidon, trouva même moyen d'y conserver une certaine considération, et les citoyens qui avaient souffert de sa part et de la part de ses pareils les plus effroyables injustices devaient supporter sans mot dire le scandale de cette impunité. De même, les chevaliers, qui avaient formé en quelque sorte la garde du corps de la tyrannie, se virent maintenus provisoirement dans la plénitude de leurs honneurs civiques. Enfin, du moment qu'on reconnaissait les Dix, successeurs des Trente, comme une autorité légitime, on était obligé, par une conséquence directe, d'accepter comme dette publique l'emprunt qu'ils avaient contracté, bien que cet emprunt fût destiné à dompter la résistance du parti constitutionnel. Il fallut imposer aux citoyens une contribution pour acquitter cet emprunt anticivique[9].

Cependant, cette conduite était dictée par l'état des choses. Il fallait tenir compte de Sparte, dont le roi avait sauvé Athènes, de façon à ne pas y donner de nouveau la prépondérance au parti de Lysandre et à ne pas mettre en branle la vieille politique constitutionnelle de Sparte ; il fallait, des trois partis d'Athènes, fondre les deux qui pouvaient se convenir, les démocrates et les modérés. Et que serait-il advenu de la république si l'on s'était avisé d'examiner les individus un à un au point de vue du passé, de trier les plus ou moins compromis, de les récompenser ou punir selon leur mérite ? Les Trois-Mille, qui sous les Trente avaient formé le corps de la nation, ne pouvaient être gagnés que par des ménagements, et le salut de l'État tout entier n'était possible qu'à la condition que les vainqueurs montrassent assez de modération pour renoncer, dans l'intérêt public, aux prétentions les plus justes ; la gloire de cette modération si élevée, si sage, faisant abnégation d'elle-même, appartient au suprême degré aux libérateurs d'Athènes.

Dans leur groupe, à côté de Thrasybule, se distinguait particulièrement Archinos, le personnage le plus remarquable de la Restauration par son esprit et ses sentiments, homme d'État qui s'appliquait spécialement à consolider l'union et à arrêter la petite guerre entre citoyens. Dans l'année qui suivit le rétablissement de la constitution, il provoqua une loi qui, dans tous les procès intentés contrairement à l'amnistie, assurait à l'accusé le privilège de former opposition. L'accusé obtenait le premier la parole, et, dans le cas où il était en droit d'invoquer l'amnistie, la cause ne donnait lieu à aucun débat, et le plaignant était frappé d'une amende[10].

Le règlement des questions concernant les biens-fonds exigea aussi des mesures exceptionnelles. Des conflits éclatèrent entre les citoyens, qui tenaient à se voir dédommager de leurs pertes, et les fonctionnaires, qui cherchaient à conserver à l'État le plus possible des biens confisqués sur les oligarques. On institua en conséquence une double juridiction, d'abord celle des συλλογεΐς, chargés de dresser l'état des biens à recouvrer, et secondement celle des σύνδικοι, qui avaient mission de représenter, en qualité de fondés de pouvoirs de l'État, les intérêts du Trésor[11].

C'étaient là des mesure s transitoires.Maintenant, il s'agissait de régler d'une façon durable les affaires intérieures de l'État. Après le rétablissement de l'ancienne assemblée du peuple, des tribunaux populaires, du Conseil et des autorités régulières, il fallait remettre en lumière les principes du droit public, auxquels on était résolu à revenir, les consolider et les renouveler suivant les besoins de l'époque. On exhuma les antiques sources du droit. Mais le texte et la langue de ces documents étaient à la longue devenus inintelligibles pour le peuple, si bien que les orateurs, en donnant lecture des lois de Solon ou même de Dracon, rencontraient dans chaque phrase des expressions qu'il leur fallait éclaircir, parce qu'elles avaient disparu de la langue courante. En outre, bien des articles en étaient tombés en désuétude et altérés par la coutume ; les vieilles lois étaient comme ensevelies sous le fatras des dispositions ultérieures, souvent en contradiction avec les premières, et il n'était guère facile de distinguer la législation solonienne authentique des additions postérieures.

Ces inconvénients s'étaient fait sentir depuis longtemps. On avait essayé d'y remédier, et Nicomachos avait prolongé ses agissements funestes jusque sous la domination des Trente. Cette fois, on revint à l'ancien projet d'une révision fondamentale des lois, et on le prit tout à fait au sérieux.

La proposition concernant cette matière fut présentée au peuple par un certain Tisaménos, fils de Méchanion[12]. Elle portait que les antiques lois des Athéniens devaient rentrer pleinement en vigueur, les lois de Solon et les poids et mesures établis sous son gouvernement, ainsi que ceux des statuts de Dracon qui avaient été appliqués dans les périodes antérieures. Ces documents devaient être rédigés à nouveau et complétés par les lois que réclamait l'époque actuelle. Pour ce travail, le peuple nomma un collège de cinq cents Nomothètes ou législateurs assermentés. Parmi eux, le Conseil devait constituer un comité plus restreint, avec mandat d'élaborer les lois complémentaires. Ce comité était chargé, avec l'aide des greffiers, à qui incombait le véritable travail de rédaction, de faire écrire les nouvelles lois sur des tablettes de bois, de les soumettre à l'examen du Conseil et de la réunion plénière des cinq cents Nomothètes, puis de les porter à la connaissance du public, afin que tout citoyen eût l'occasion de produire, lors de la discussion, les remarques, objections et amendements qu'il aurait à présenter. Enfin, les lois vérifiées et adoptées devaient être gravées sur pierre et confiées à la surveillance de l'Aréopage[13]. Mais, jusqu'à l'achèvement de la législation nouvelle sur la base des sources juridiques révisées et complétées, un gouvernement de vingt membres, revêtus de pouvoirs extraordinaires, devait être institué afin de rendre les décisions nécessaires pendant l'état de désorganisation du droit public[14].

Dans la.commission plus restreinte des Nomothètes, aux travaux desquels on avait prescrit des délais déterminés et très courts, outre l'auteur du projet, Tisaménos, nous retrouvons Nicomachos. On crut ne pouvoir se passer de lui, à cause de son savoir-faire et de sa science du droit, bien qu'on sût la façon inexcusable dont il avait servi les vues des ennemis de la constitution. Ce fut une bonne fortune pour lui d'avoir plus tard déplu aux Trente ; il s'était enfui, avait rejoint les bannis et était rentré avec eux. Il sut exploiter cet incident, et, grâce à sa finesse et à son remarquable talent oratoire, il avait reconquis dans Athènes une situation considérable. On le chargea spécialement de la révision des lois sur le culte, qui étaient inscrites sur les piliers de bois triangulaires : c'étaient celles qui avaient subi le moins de modifications, et Solon lui-même s'y était attaché plus étroitement qu'ailleurs à la tradition ancienne.

Vu le manque de gens sûrs et honnêtes, propres à cette besogne, le travail de législation traîna cette fois encore en longueur. Cependant, il est probable qu'une partie tout au moins aboutit dans le courant de l'année ; car la loi préliminaire, proposée par Dioclès, décidait que les lois rédigées sous l'archontat d'Euclide entreraient immédiatement en vigueur[15].

L'activité avec laquelle fut poussée la réorganisation de l'État ressort encore d'autres indications précieuses, se rapportant à cette même année. Telle est la loi d'Aristophon, du dème d'Hazénia, qui avait pour but d'épurer la cité en statuant que, seuls, les enfants nés de citoyens et de citoyennes jouiraient de leurs pleins droits civiques[16]. Cette disposition fut sans nul doute motivée par ce fait qu'un grand nombre d'Athéniens, qui avaient longtemps vécu en d'autres pays et qu'avaient ramenés ensuite les mesures de Lysandre, s'étaient unis à des femmes étrangères. Aussi la ville était remplie d'une foule de gens qui n'étaient pas Athéniens ; il fallait purifier la nation de ces éléments étrangers, afin que l'État pût s'élever d'autant plus solidement sur des fondements tout nationaux. Comme cette loi tranchait fort avant dans tous les liens de famille et provoquait une grande inquiétude, on y apporta bientôt un adoucissement : on lui enleva tout effet rétroactif, et on limita l'exclusion aux enfants nés à Athènes de femmes étrangères après l'année d'Euclide[17]. Tout le projet d'Aristophon n'était que la reprise de la loi de Périclès.

Une preuve que, pour assurer l'ordre dans l'État, on remonta même à la période d'avant Périclès, c'est l'importance nouvelle accordée à l'Aréopage, à cette autorité vénérable de l'antique Athènes, à laquelle on revenait toujours avec une infatigable piété quand, dans les temps difficiles, on cherchait des garanties pour le bien commun.

L'Aréopage s'était honorablement comporté lors de la reddition de la ville ; il n'avait laissé voir aucune intelligence avec les intrigues oligarchiques, et à peine les oligarques étaient-ils arrivés à la domination qu'il s'était vu enlever la seule attribution que même la démocratie absolue n'avait pas osé lui arracher, la juridiction criminelle[18]. En reconnaissant l'action de l'Aréopage comme incompatible avec leur justice arbitraire, les tyrans avaient souverainement contribué à lui rendre un caractère populaire ; aussi se plaça-t-il alors avec une nouvelle considération à la tête de l'État et reçut-il toute compétence pour surveiller la stricte observation des lois nouvelles et leur conservation dans toute leur intégrité. Tandis qu'on rétablissait en ce point les institutions soloniennes, il est à présumer qu'on supprima les pouvoirs qui avaient hérité des droits enlevés à l'Aréopage.

Dans l'administration financière se produisaient aussi quelques changements qui répondaient aux besoins du moment. La fonction des Hellénotames ou trésoriers fédéraux[19] n'avait plus de sens depuis que l'empire de la mer était perdu. On y substitua deux nouvelles charges annuelles de trésorier, l'une pour le trésor militaire, l'autre pour le Théorikon, c'est-à-dire le trésor où l'on puisait les fonds pour les fêtes publiques. Ces deux trésors devaient être alimentés par les excédants des revenus annuels et administrés au mieux des intérêts de la commune par des hommes considérés, autrement dit nommés à l'élection, de sorte qu'un juste équilibre se maintînt entre les exigences de la défense nationale et les allures pacifiques de la vie civile. Une sage économie fut de nouveau la règle et prit rang parmi les principes les plus importants, ceux qu'on ne devait jamais perdre de vue : aussi n'est-ce pas à ce moment, il n'y a pas là-dessus le moindre doute, que furent rétablis les jetons de présence ou diêtes pour les tribunaux, le Conseil et l'assemblée populaire.

Les assemblées du peuple prirent pour cette raison une tout autre tenue. La masse des petites gens qui vivaient de leur salaire journalier en restèrent éloignés et continuèrent tranquillement leur travail. Les manœuvres des démagogues malhonnêtes furent entravées, les lois étant rédigées d'une façon plus précise et plus claire. Les autorités veillaient avec une grande sévérité à ce que, à la, lecture des lois, aucune syllabe ne fût altérée, à ce qu'il n'y eût place pour aucune sorte d'arbitraire. Une des règles les plus importantes qui furent posées alors, c'est que désormais toute loi non écrite serait considérée comme nulle et non avenue ; que les décrets isolés du Conseil ou du peuple n'auraient jamais une valeur supérieure à celle des lois ; enfin, que les nouvelles lois à rendre s'appliqueraient également à tous les Athéniens sans exception, et devraient être adoptées au scrutin secret par au moins six mille citoyens en possession du droit de suffrage[20]. On fixa en même temps la nouvelle forme des décrets officiels. Tandis que la coutume suivie jusque-là était de nommer dans le préambule une seule des dix tribus, celle qui se trouvait avoir à ce moment la préséance, puis le greffier en fonction durant la prytanie, puis l'épistate qui présidait l'assemblée le jour du vote, et enfin l'auteur du projet, on commença désormais, pour faciliter le classement, par le premier archonte, dont le nom servit depuis lors à distinguer tous les actes appartenant à la même année[21]. Ce furent les débuts d'un style officiel néo-attique, qui dans la suite subit encore bien des modifications ; par exemple, on se complut à libeller les formules d'introduction avec une exactitude et des détails toujours plus minutieux, en ajoutant le numéro d'ordre de la prytanie, le mois et le jour du mois, ainsi que la date de la prytanie courante[22].

La réforme de l'écriture fut encore plus profonde. Il y avait alors deux alphabets en usage, un ancien, se composant de dix-huit lettres, et un plus récent, qui s'éloignait davantage du type phénicien. Celui-ci, le génie inventif de la Grèce l'avait complété et changé. Ainsi, l'on avait introduit pour les voyelles longues des caractères particuliers, et de même pour les doubles consonnes, qu'on exprimait jusqu'alors avec deux signes[23] Ces changements étaient dus aux Grecs d'Ionie : Samos était l'endroit où ces sortes d'inventions littéraires se perfectionnaient[24], et quelques hommes de réputation, comme Épicharme et Simonide, avaient contribué à donner à ces innovations une valeur universelle, si bien qu'au temps de Périclès le grand alphabet de vingt-quatre lettres était déjà employé en Attique[25]. On avait aussi, depuis la LXXXVIe Ol. (436), abandonné la forme archaïque de l's pour la nouvelle (Σ)[26] ; mais dans les actes publics on s'en était tenu avec une remarquable ténacité au vieil alphabet attique. Mais, comme en ce moment l'on était en train de procéder à des changements dans tous les domaines de la vie publique et de détruire ce qui n'avait plus de raison d'être, Archinos proposa d'admettre et d'introduire, par voie administrative, la nouvelle écriture dite ionienne. Les anciennes lois furent transcrites, et si les rédacteurs des actes publics ne s'habituèrent pas du premier coup à la nouvelle mode, pourtant toutes les inscriptions officielles d'Athènes se partagent en deux groupes principaux, les documents antérieurs et les documents postérieurs à Euclide[27].

Les lois gravées à neuf furent exposées sur l'agora, où elles figuraient depuis Éphialte, et placées dans le portique royal[28]. C'était la galerie où l'Aréopage tenait ses séances ; aussi n'en était-il que plus légitimement appelé à garder les archives des lois. Quelques lois reçurent, à cause de leur importance, un emplacement particulier. Telle fut la loi sur la haute trahison, qu'on jura solennellement aussitôt après le rétablissement de la constitution, pour prévenir aussi énergiquement que possible de nouvelles tentatives de coups d'État. Elle assurait l'impunité à quiconque tuerait un Athénien coupable d'aspirer à la tyrannie, de trahir la république ou de tendre au renversement de la constitution. Cette loi fut affichée sur un pilier devant la salle du Conseil, afin que chacun l'eût sous les yeux en y entrant[29]. Ainsi les lois furent écrites, classées et affichées à nouveau, et les vieux piliers de bois triangulaires et quadrangulaires de Solon ne furent plus conservés que comme une relique de l'antiquité.

Nous trouvons une série d'autres institutions pour lesquelles il n'est pas prouvé qu'elles appartiennent à l'année d'Euclide, mais qu'on rencontre à partir de cette époque dans les actes publics[30]. L'on reconnaît les plébiscites postérieurs à Euclide par cette circonstance, que les greffiers n'y changent plus avec les prytanies du Conseil. Ils étaient, par conséquent, nommés pour l'année entière[31] ; innovation qui avait sans doute pour but de permettre un contrôle plus sûr des documents officiels. Parmi les innovations de détail appartenant à cette période, on remarque l'emploi du nom de la déesse Athéna au lieu de la forme archaïque Athénæa[32].

Dans un esprit vraiment attique, on prit soin aussi de conserver à la ville sa gloire de mère des arts et des sciences, et d'élever le niveau de la culture populaire, contrairement à ce qu'avaient voulu faire les tyrans avec leurs ordonnances oppressives. On entreprit encore sous Euclide une collection d'ouvrages littéraires[33] : peut-être ce que l'on en possédait auparavant avait-il péri par la faute des tyrans. On chercha à raviver également l'émulation des citoyens pour les fêtes civiques : les différentes tribus décidèrent, chacune pour son compte, qu'à partir de l'année d'Euclide, on décernerait des inscriptions honorifiques à ceux qui se seraient distingués par des sacrifices pécuniaires ou par leur concours personnel dans les fêtes des dieux de la cité[34].

Enfin, l'on n'oublia pas les devoirs de la reconnaissance envers les dieux et les amis du dehors. C'est de Thèbes qu'étaient partis les libérateurs d'Athènes ; Thrasybule, pénétré de ce principe que les deux cités voisines devaient rester fermement unies désormais, dédia à Thèbes, de concert avec ses compagnons, en témoignage de gratitude et comme symbole d'alliance, un groupe sculpté représentant les divinités protectrices des deux villes, Athéna et Héraclès, groupe qui fut érigé dans l'Héracléion de Thèbes[35]. Enfin, sur la proposition d'Archinos, on vota mille drachmes pour être distribuées entre les libérateurs de la ville, afin qu'ils pussent faire avec cet argent des sacrifices et des offrandes. Mais on ne répartit la somme qu'entre les Cent qui avaient été assiégés dans Phylé par les tyrans. Par ce don et par la couronne d'olivier qui leur fut décernée[36], ils furent reconnus pour les sauveurs de la cité.

 

 

 



[1] D'après Plutarque (De glor. Athen., 7), les exilés font leur entrée le 12 Boédromion (correspondant d'après Bœckh au 21 septembre) : ce fut le jour des χαριστήρια έλευθερίας. Cf. A. MOMMSEN, Heortologie, p. 217.

[2] Æsimos (peut-être le même qu'on trouve mentionné dans les scolies d'Aristophane, Ecclesiaz., 208) est choisi à cause de son nom, qui est d'heureux augure, pour conduire la πομπή (LYSIAS, Orat., XIII, § 80. Cf. Monatsberichte der Berl. Akademie, 1870, p. 169).

[3] XÉNOPHON, Hellen., II, 4, 40.

[4] Phormisios (DION. HALIC., Lys., 34) n'était point, comme le pense Grote, un oligarque (SCHÖMANN, Verfassungsgeschichte Athens, p. 93). D'après BLASS (Gesch. der griechischen Beredsamkeit bis auf Lysias, p. 442), c'est le démagogue visé par les sarcasmes d'Aristophane (Ran., 965. Eccles., 97).

[5] Sur ce discours, voyez maintenant l'article de H. USENER (in Jahrbb. f. Philol., 1873, p. 145). D'après Usener, le discours de Lysias a été prononcé devant une assemblée composée exclusivement des adhérents du parti urbain, et non pas du δήμος, une assemblée où n'auraient figuré que des propriétaires fonciers classés par le cens dans les premières catégories (ibid., p. 167). Ces citoyens, comme l'explique plus loin Usener (ibid., p. 169), auraient formé, depuis les amendements constitutionnels de Dracontidas, l'έκκλησία légale, les μετέχοντες τής πολιτείας (ISOCRATE, Orat., XXI, § 2).

[6] XÉNOPHON, Hellen., II, 4, 43. Cf. JUSTIN, V, 10, 8. ISOCRATE, Orat., VII, 67. Cf. GROSSES, Ende der Dreissig, in Jahrbb. f. Philol., 1869, p. 193.

[7] Le douzième discours de Lysias a été prononcé contre lui au moment où les Trente étaient à Éleusis, occupés à méditer leur vengeance (LYSIAS, Orat., XII, § 80). Ce réquisitoire n'eut probablement pas de suites (cf. FROHBERGER, Einleitung, p. 20).

[8] XÉNOPHON, Hellen., II, 4, 43. JUSTIN., V, 10. Cf. DEMOSTH., Orat., XX, § 11. ISOCRAT., Orat., VII, § 67. PLAT., Menexen., p. 15. On appelle είρήνη le temps qui suit le retour de Thrasybule. L'expression άμνηστεία, comme terme technique, ne date que de l'époque hellénistique. On disait auparavant τό μή μνησικακεΐν.

[9] DÉMOSTHÈNE, Orat., XX, § 11 sqq. Thirlwall rapporte à ce fait un passage d'Aristote (Polit., III, 1, p. 59).

[10] ISOCRATE, Orat., XVIII, § 2. Cf. RAUCHENSTEIN, Einleitung zu Lysias, XXV.

[11] LYSIAS, Orat., XVI, § 7. Cf. HARPOCRAT., s. v. σύνδικοι. Sur cette question, voyez l'ouvrage récent de R. SCHÖLL, Quæstiones fiscales juris Attici, Berolin., 1873.

[12] LYSIAS, Orat., XXX, 28. ANDOCIDE, De Myster., § 82. SCHÖMANN, Verfassungsgeschichte, p. 90.

[13] C. CURTIUS, Metroon, p. 7, 17.

[14] D'après GROSSER (Amnestie, p. 42), les Vingt avaient un rôle analogue à celui de l'Aréopage avant Éphialte (cf. PLUT., Solon, 19. ANDOCID., I, § 84 [et 81]. POLLUX, Onomast., VIII, 112). Tant qu'ils eurent la direction des affaires, on ne peut guère imaginer l'ancienne magistrature en fonctions : le rétablissement du Conseil a dû précéder celui des fonctionnaires. bien que la place de premier archonte ait été immédiatement occupée (FROHBERGER, Lysias, I, p. 177).

[15] DEMOSTH., Orat., XXIV, § 42. MEIER, De bonis damnat., p. 71.

[16] CARYST. ap. ATHEN., Deipnos., p. 577 b. A. SCHÄFER, Demosthenes und seine Zeit, I, p. 123.

[17] L'accusation de ξενία doit être portée : 1° contre ceux dont les parents sont étrangers l'un et l'autre ; 2° contre ceux qui se trouvent être de sang mêlé du côté maternel, mais, pour ces derniers, seulement dans le cas où leur naissance était postérieure à l'archontat d'Euclide (PHILIPPI, Beiträge zur Geschichte des attischen Bürgerrechts, 1870, p. 54).

[18] La suppression de l'Aréopage par les Trente est, comme le soutient avec raison SCHÖMANN (Griech. Alterthümer, I3, p. 581), une assertion dénuée de preuves ; et, d'autre part, le maintien intégral d'une haute cour de justice indépendante sous le régime de la Terreur est absolument invraisemblable. Déjà avant l'époque des tyrans, nous trouvons l'Aréopage uni au parti constitutionnel contre Théramène (LYSIAS, Orat., XII, § 69. SCHEIBE, op. cit., p. 41). De même, après les tyrans, il fait preuve d'esprit démocratique.

[19] Après l'archontat d'Euclide, on ne trouve plus d'Hellénotames, et on ne rencontre pas avant lui de ταμίαι τών στρατιωτικών ou de fonctionnaire préposé έπί τώ θεωρικώ (BÖCKH, Staatshaushaltung, I, p. 2461.

[20] ANDOCIDE, De Myster., § 87, cf. 86.

[21] On rencontre déjà dans des documents plus anciens, mais des traités ou conventions, le nom de l'archonte éponyme, par exemple, C. I. GRÆC., 74. C. I. ATTIC., n. 33.

[22] Sur l'ancien et le nouveau style des documents officiels, voyez SCHÖMANN, Griech. Alterthümer, I3, p. 410. BÖCKH, Staatshaushaltung, II, p.50, et les études spéciales de W. HARTEL, Studien über attisches Staatsrecht und Urkundenwesen (Sitzungsber. der Wiener Akadem. Bd. XC-XCII) Wien, 1878.

[23] Sur les deux écritures, l'ancienne, voyez FRANZ, Elem. Epigraph. Græc., pp. 24, 148.

[24] Sur Callistratos de Samos, voyez EPHOR. ap. SCHOL. VENET., Iliad., VIII, 158. SUIDAS, s. v. Σαμίων ό δήμος.

[25] L'alphabet ionien était déjà connu en Attique avant le début de la guerre du Péloponnèse (KIRCHHOFF, Studien zur Geschichte des Griechisches Alphabets, p. 71).

[26] KIRCHHOFF, op. cit., p. 68 sqq. F. LENORMANT, Art. Alphabetum dans le Dict. des Antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio.

[27] L'année de l'archontat d'Euclide fait époque ; de là le proverbe : Τά πρό Εύκλείδου έξετάζειν (LUCIAN., Catapl., 5).

[28] Hermes, II, p. 30.

[29] ANDOCIDE, De Myster., § 95. LYCURGUE, In Leocrat., § 126. Cf. BERGK, zu Andokides, éd. Schiller, p. 129. E. CURTIUS, Attische Studien, II, p. 66.

[30] La loi sur les diætètes daterait d'après Meier, du temps d'Euclide : c'est là une opinion combattue par SCHÖMANN, Verfassungsgeschichte, p. 44 sqq. Le transfert de l'έπιψήφισις aux proèdres est postérieur à 378 (Ol. C, 3), d'après BÖCKH, Mondcyclen, p. 46.

[31] BÖCKH, Epigr.-chronolog. Studien, p. 40. SAUPPE in Philologus, XIX, p. 249. C. SCHÄFER, De scribis Atheniensium, 1878.

[32] Άθηνά au lieu de Άθηναία (BÖCKH, Staatshaushaltung, II, p. 51) : plus tard, on revient à la forme Άθηναία (Hermes, VII, p. 162). On peut noter encore, comme innovation de détail, l'expression έν άκροπόλει, au lieu de έμ πόλει (C. CURTIUS, De act. public. cura, p. 20). Dans les décrets postérieurs à l'archontat d'Euclide, on réserve une certaine somme pour la gravure et l'affichage des documents (SCHÖNE, Griechische Reliefs, p. 18).

[33] Un Euclide figure parmi ceux qu'on admirait pour leurs collections de livres (ATHEN., Deipnos., p. 3). Athénée distingue dans ce passage deux espèces de collectionneurs : ceux qui avaient à leur disposition les deniers publics, et secondement, des particuliers, qu'il désigne d'après leur rang. Le premier groupe se composait certainement de personnages connus dans l'histoire : aussi je conjecture qu'entre Polycrate, Pisistrate, etc. et les rois de Pergame, il faut lire, au lieu de Νικοκράτης, Νικοκλής ό Κύπριος (cf. Archäol. Zeitung, 1844, p. 347) : alors il n'y a plus d'autre Euclide à qui l'on puisse songer que le célèbre archonte. Peut-être même, au lieu de Εύκλείδην τόν καί αύτόν Άθηναΐον, faut-il lire τόν άρχοντα ou άρξαντα καί αύτόν Άθηναΐον, ce qui répond aux scrupules de M. H. E. MEIER, Opuscul., I, p. 85. BECKER (Charicles, II, p. 119) pense aussi qu'il s'agit de l'archonte Euclide, mais de sa bibliothèque privée.

[34] Décision prise par la tribu Pandionide sur la proposition de Callicrate (C. I. GRÆC., n. 213).

[35] PAUSANIAS, IX, 11, 6.

[36] La proposition d'Archinos en l'honneur des καταγαγόντες τόν δήμον est rapportée par Eschine (In Ctesiph., § 187).