HISTOIRE DES EMPEREURS ROMAINS

 

DE PHILIPPE À GALLIEN

LIVRE UNIQUE

§ I. Philippe.

 

 

FASTES DU RÈGNE DE PHILIPPE.

 

..... PEREGRINUS. - ...... ÆMILIANUS. AN R. 995. DE J.-C. 244.

Philippe écrit au sénat, qui à reconnaît, et lui décerne tous les titres de la puissance impériale.

Il nomme César son fils âgé de sept ans.

Il fait la paix avec Sapor.

Sa pénitence prétendue à Antioche.

Il vient à Rome, et se concilie par des manières affables l'amitié des grands.

Il donne le commandement des armées de Syrie à L. Priscus son frère, et celui des troupes de Mésie et de Macédoine à son beau-père Sévérin.

M. JULIUS PHILIPPUS AUGUSTUS. - ..... TITIANUS. AN R. 996. DE J.-C. 245.

Il va faire la guerre aux Carpiens qui ravageaient les pays voisins du Danube, et il revient vainqueur.

..... PRÆSENS. - .... ALBINUS. AN R. 997. DE J.-C. 246.

Incendie dans Rome.

M. JULIUS PHILIPPUS AUGUSTUS II. - M. JULIUS SEVERUS PHILIPPUS CÆSAR. AN R. 998. DE J.-C. 247.

Philippe, après avoir fait son fils consul, le déclare aussi Auguste.

PHILIPPUS III AUGG. - PHILIPPUS II AUGG. AN R. 999. DE J.-C. 248.

Jeux séculaires.

Ordonnance pour abolir le crime contre nature.

M. ÆMILIANUS II. - JUNIUS AQUILINUS. AN R. 1000. DE J.-C. 249.

Soulèvement de Jotapien en Syrie, et de Marinus en Mésie. Ils périssent tous deux peu après avoir été proclamés Augustes.

Dèce, envoyé en Mésie pour punir ceux qui avaient favorisé la rébellion de Marinus, est lui-même nommé empereur par les troupes.

Il se met en marche. Bataille de Vérone. Philippe est vaincu et tué. Son fils est mis à mort dans Rome par les prétoriens.

On leur décerne à tous deux les honneurs divins.

AVIS.

Comme les tyrans, c'est-à-dire ceux qui, ayant usurpé le titre et la puissance d'empereur, ont péri sans être reconnus dans Rome et par le sénat, font une partie considérable de l'histoire romaine de ces temps-ci, j'aurai soin de les marquer à la fin des fastes de chaque règne.

TYRANS sous le règne de Philippe.

JOTAPIEN en Orient.

MARINUS en Mésie.

 

Philippe, étant parvenu par les voies que j'ai décrites à se faire nommer empereur par les soldats, avait un grand intérêt à obtenir promptement la confirmation du sénat. Il écrivit à cette compagnie pour la demander, déguisant son crime par rapport à Gordien, et disant, comme je l'ai déjà remarqué, que ce jeune prince était mort de maladie. Le sénat, trompé ou voulant bien l'être, joignit son suffrage à celui des troupes, et par une même délibération il décerna les honneurs divins à Gordien, et à Philippe tous les titres de la puissance impériale.

Si un écrivain tel que Zonaras méritait quelque créance, nous devrions dire que le sénat ne se rendit pas si facile aux désirs de Philippe ; qu'il commença par choisir successivement deux empereurs, Marcus philosophe de profession, et Sévérus Hostilianus, qui moururent l'un et l'autre au bout de très-peu de jours ; et que ces morts précipitées réduisirent le sénat, destitué des ressources qu'il avait voulu se plu-curer entre Philippe, à le reconnaître enfin pour empereur. Mais l'autorité de Zonaras est bien faible ; son récit a bien peu de vraisemblance ; et s'il contient quelque chose de vrai, voici à quoi sous la réduirons d'après M. de Tillemont. On trouve des médailles d'un M. Marcius et d'un L. Aurélius Sévérus Hostilianus, avec le titre d'Auguste. Jugeons donc que, parmi les tyrans qui s'élevèrent si fréquemment dans les 4lifférentes provinces de l'empire avant et après les temps dont nous parlons, il y en a eu deux qui ont porté les noms marqués par Zonaras ; et qu'il a été d'autant plus aisé de leur donner dans l'histoire une place de fantaisie, qu'ils y sont peu connus, n'ayant eu qu'un parti faible et une fortune de peu de durée.

Philippe prit encore, dès les commencements de son élévation, une précaution utile pour affermir le sceptre dans sa main. Il associa son fils, de même nom que lui, et âgé pour lors seulement de sept ans, sans le titre de César.

Le besoin de ses affaires l'appelait à Rome pour y établir son autorité, et dans ces circonstances il ne crut pas qu'il lui convînt de pousser la guerre contre Sapor, qui devait être fort battu par les pertes qu'il avait souffertes. Philippe fit la paix avec le roi des Perses, qui dans l'état où il se trouvait l'accepta volontiers : et il ramena l'année romaine en Syrie.

C'est ici que l'on place la plus éclatante pleuve du prétendu christianisme de Philippe, qui, dit-on, se trouvant à Antioche aux fêtes de Pâques, voulut venir à l'église pour participer aux saints mystères, et repoussé à cause de ses crimes et du meurtre de Gordien, par l'évêque saint Babylas, se soumit à la pénitence publique. Après ce quo nous avons dit sur l'opinion qui suppose Philippe chrétien, on voit aisément ce que nous devons penser du fait de sa pénitence, qui d'ailleurs n'est exactement et complètement rapporté par aucun auteur ancien. Il a fallu coudre ensemble plusieurs témoignages, les suppléer et les réformer l'un par l'autre, pour composer un tout supportable. Le plus court et le plus sûr est de ne point admettre un récit embarrassant et mal appuyé. Nous n'avons point d'intérêt à donner la torture à l'histoire pour revendiquer un tel chrétien.

Philippe, qui s'était étudié à gagner l'affection des troupes par d'abondantes largesses, arrivé à Rome employa auprès du sénat et des grands des caresses, des manières affables et populaires, de tous les dehors d'une parfaite modération. En même temps attentif au solide, et soigneux de se précautionner, il confia en des mains sûres les deux commandements les plus importants de l'empire, et il mit à la tête des troupes de Syrie d'use part, et de l'autre de celles de Mésie et de Macédoine, L. Priscus son frère et Séverin son beau-père. Se croyant alors bien assuré, et voulant apparemment se rehausser par le brillant de la gloire des armes, il marcha en personne contre les Carpiens, peuple que j'ai déjà eu occasion de nommer, et que je dois faire connaître ici d'une façon particulière.

Les Carpiens habitaient originairement, comme leur nom semble le marquer, les montagnes appelées peuples Carpathes par les anciens, et que nous nommons aujourd'hui les monts Krapak, qui séparent la Hongrie et la Transylvanie de la Pologne. Ces peuples, voisins des Sarmates, et encouragés par l'exemple des Goths qui faisaient souvent avec avantage des courses sur les terres romaines, voulurent les imiter. Ils paraissent pour la première fois dans l'histoire sous Alexandre Sévère. Au moins, c'est au temps du règne de ce prince que M. de Tillemont rapporte une ambassade des Carpiens, dont nous avons le récit dans les extraits de Pierre Patrice, et qui mérite par sa singularité de trouver place ici.

Tullius Ménophilus, le même probablement qui défendit dans la suite, ainsi que nous l'avons remarqué, la ville d'Aquilée contre Maximin, commandait alors dans la Mésie, et général actif et vigilant, il tenait les troupes en haleine et leur faisait faire l'exercice tous les jours. Les Carpiens, qui savaient que les Goths tiraient une forte pension des Romains, en devinrent également jaloux et avides, et ils envoyèrent des ambassadeurs à Ménophile pour lui en demander une pareille. Ménophile était instruit de leur prétention et leur orgueil barbare, et il résolut de les humilier par des airs de mépris. Ainsi, lorsqu'il les sut arrivés dans son camp, il laissa passer plusieurs jours sans leur donner audience, leur permettant seulement de voir faire l'exercice aux soldats, afin que ces barbares conçussent une plus haute idée de la force de corps et de l'adresse des Romains. Enfin il les fit appeler, et étant monté sur un tribunal fort élevé, ayant à ses côtés les hommes les plus grands de taille et les mieux faits de son armée, il écouta le discours des ambassadeurs d'un air distrait, paraissant occupé de toute autre chose, et conversant avec ses voisins, comme obligé de penser à des affaires bien plus importantes que celles des Carpiens. Ils furent piqués de ces manières de hauteur, et ils réduisirent tout leur discours à ce peu de paroles : Pourquoi les Goths reçoivent-ils tant d'argent de vous, pendant que nous n'en recevons point ? Ménophile leur répondit : L'empereur romain possède de grandes richesses, et il en fait part à ceux qui l'en supplient. Et bien, reprirent les ambassadeurs, qu'il nous mette au nombre de ceux qui lui en demandent, et qu'il nous donne autant qu'aux Goths : car nous valons mieux qu'eux. Ménophile se mit à rire d'une simplicité si rustique ; et il leur dit qu'il rendrait compte à l'empereur de leur demande, et qu'ils vinssent chercher la réponse dans quatre mois. Ils ne manquèrent pas de se rendre au terme marqué. Mais Ménophile, sous quelque prétexte, les remit encore à trois mois. Au bout de trois mois, voici quelle fut sa réponse : L'empereur ne s'engagera à rien envers vous. Mais si vous avez besoin d'une gratification, allez à Rome vous jeter à ses pieds, et peut-être sa bonté se laissera-t-elle toucher par vos prières. Les Carpiens comprirent que l'on se moquait d'eux : et néanmoins, pendant les trois ans que Ménophile gouverna la Mésie, ils n'osèrent remuer.

Ils firent une incursion dans la Mésie sous le règne de Maxime et Balbin : et le dernier de ces empereurs était près de marcher contre eux lorsqu'il fut tué.

Il n'est plus parlé des Carpiens jusqu'au temps que nous traitons actuellement, c'est-à-dire jusqu'au règne de Philippe, au commencement duquel Zosime témoigne qu'ils ravagèrent les environs du Danube. Philippe se transporta sur les lieux, et leur ayant livré bataille, il les vainquit, et les obligea de se renfermer dans une place forte, oh il les assiégea. Mais de dessus les murs les assiégés ayant aperçu un grand nombre des leurs, qui dispersés par la fuite, se rassemblaient en corps d'armée, firent une sortie sur les Romains, sans doute dans l'espérance d'être secondés par leurs camarades et de forcer les ennemis à lever le siège. Le succès leur ayant été contraire, ils demandèrent la paix et l'obtinrent aisément : et Philippe s'en retourna vainqueur à Rome.

Ce prince ne perdait point de vue le dessein de s'établir solidement sur le trône, et de perpétuer la puissance impériale dans sa famille. L'an 247 de J.-C. il prit pour collègue dans le consulat son fils âgé de dix ans, et avant la fin de l'année il le déclara Auguste. L'année suivante il le nomma consul pour la seconde fois avec lui. Mais par ces honneurs précoces il ne fit que rendre plus certaine la perte de son fils, lorsqu'une fois son appui manquerait à cet enfant.

Au vingt-unième jour d'avril de cette même année 248 finissait l'an mille de la fondation de Rome, selon le calcul de Varron, qui a été le plus suivi. Cette époque fut célébrée par les jeux séculaires, quoique Sévère les eût donnés quarante-quatre ans auparavant. La célébration de ces jeux, où se déployait toute la pompe des superstitions païennes, est un témoignage formel de la profession publique que faisait l'empereur Philippe d'attachement à l'idolâtrie. C'est violer toute vraisemblance que de supposer gratuitement que ce prince ait pu les célébrer sans prendre part aux sacrifices qui les accompagnaient, ou plutôt qui en étaient la partie essentielle, et le fondement de toute la fête.

Il profita, pour en accroître la magnificence, de tout l'appareil qui avait été amassé par la solennité du triomphe de Gordien sur les Perses. Capitolin nous a laissé le dénombrement des animaux que l'on montra au peuple en cette occasion, ou que l'on fit combattre pour son amusement : trente-deux éléphants, dix élans, dix tigres, soixante lions et trente léopards apprivoisés, dix hyènes, dix lions singuliers dans leurs espèces, dix chameaux tenant de la forme du léopard, viole ânes et vingt chevaux sauvages, un hippopotame et un rhinocéros. Mille couples de gladiateurs furent casai donnés en spectacles.

Les jeux séculaires de Philippe paraissent avoir été les derniers que l'on ait célébrés dans Rome. Aurélies Victor qui vit la centième année suivante, se plaint qu'elle se soit passée sans être consacrée par cette cérémonie religieuse, dont il croyait que la vertu était grande pour assurer la stabilité de l'empire. Zosime fait les mêmes plaintes, et avec encore plus d'indignation.

Philippe, peu de temps après cette solennité, rendit une ordonnance qui lui fait honneur. Il interdit la licence du crime contre nature, qui s'exerçait publiquement dans Rome moyennant un tribut payé au fisc. Il n'abolit pas sans doute le crime ; mais il effaça la tache de la publicité, et d'une tolérance qui couvrait de honte le gouvernement. Alexandre Sévère n'avait pas osé tenter cette réforme. Philippe l'exécuta, et son ordonnance subsista dans toute sa force, et n'eut pas besoin d'être renouvelée.

Jusque là le règne de Philippe avait été assez tranquille, et autant qu'il est permis de conjecturer avec le peu de lumières que fournissent nos auteurs, on peut attribuer ce calme à la prudence du prince, qui paraît avoir été adroit et habile politique. Il fit pourtant une faute, en laissant son frère Priscus abuser du pouvoir qui lui était confié en Orient. L'arrogance de ce commandant, et ses vexations tyranniques dans la levée des impôts, excitèrent un soulèvement. C'était alors une coutume établie de pousser tout d'un coup la rébellion à l'excès, et les moindres séditions amenaient aussi la nomination d'un empereur. Jotapien, qui se prétendait, et qui pouvait être parent d'Alexandre Sévère, fut revêtu de la pourpre et proclamé Auguste. Les mêmes causes produisirent le même effet dans la Mésie, et les troupes de cette région firent empereur P. Carvilius Marinus, qui était un simple centurion.

Sur les suites de ces événements, qui aboutirent enfin à priver Philippe de l'empire et de la vie, et à porter Dèce sur le trône des Césars, nous n'avons que ce que nous débitent Zosime et Zonaras, et je ne puis me résoudre à transcrire les absurdes récits de ces écrivains sans jugement, qui même ne s'accordent pas[1]. Peut-on se persuader en effet que Philippe, effrayé des révoltes de Jotapien et de Marinus, ait prié le sénat ou de le secourir, ou de le décharger du poids du gouvernement ? que Dèce, nommé par l'empereur pour aller après la ruine de Marinus, prendre le commandement des troupes de Mésie, ait voulu refuser cet emploi, dont il prévoyait si bien l'issue qu'il la prédisait même à Philippe, l'avertissant qu'il en pouvait résulter de fâcheux inconvénients pour l'un et pour l'autre ; que Philippe, qui ne manquait pas assurément d'intelligence, l'ait néanmoins forcé d'obéir ; que Dèce proclamé empereur par les troupes à son arrivée dans la Mésie, ait résisté à son élévation, et qu'il ait fallu lui mettre l'épée sous la gorge pour lui arracher son consentement ; enfin que ce même Dèce, dans le temps qu'il marchait contre Philippe, lui ait écrit de ne point s'alarmer, parce qu'il abdiquerait dès qu'il serait entré dans Rome ? Toutes ces circonstances, ou sont inventées à plaisir, ou cachent les profondeurs de la politique ambitieuse de Dèce, qui aura commencé par tromper son empereur, pour parvenir ensuite à le détruire.

Nous nous réduirons donc à la simple écorce des faits. Jotapien et Marinus périrent par leur propre impéritie dans les provinces mêmes où ils avaient joué pendant un espace de temps fort court le rôle des rois de théâtre. Le premier peut néanmoins avoir poussé sa carrière et joui de sa fortune usurpée jusque sous le règne suivant. Dèce, natif de Budalie, bourgade de la Pannonie près de Sirmitten, et qui d'une obscure origine[2], à ce qu'il paraît, s'était élevé par sou mérite et par ses talents au consulat, et au rang de l'une des premières têtes du sénat, fut envoyé par Philippe dans la Mésie pour châtier ceux qui avaient favorisé l'entreprise de Marinus. Les soldats, qui se sentaient coupables, pensèrent que le meilleur moyen pour éviter la peine de leur rébellion, c'était d'en hasarder une nouvelle ; et Dèce, homme de mérite., qui passait pour savoir la guerre, leur parut un chef capable de leur assurer l'impunité. L'ambition de Dèce fomenta cette disposition des esprits. Ainsi il renouvela avec eux un attentat dont il devait être le vengeur ; et proclamé Auguste par les armées de Mésie et de Pannonie, il se mit promptement en marche pour venir attaquer Philippe en Italie. Philippe alla au-devant de lui avec des troupes plus nombreuses, mais il était, dit-on, moins habile dans le métier de la guerre. La capacité triompha du nombre ; et les deux armées s'étant heurtées près de Vérone, Philippe fut vaincu, et tué, soit sur le champ de bataille même, soit dans la ville de Vérone où il s'était réfugié. Sa défaite et sa mort sont datées par M. de Tillemont de l'an de J.-C. 249 dans quelqu'un des mois de l'été ou au commenceront de l'automne. Ainsi Philippe avait régné cinq ans et plusieurs mois. Son fils fut tué à Rome par les prétoriens dès que l'on y eut appris le désastre du père.

Un écrivain rapporte que ce jeune prince était d'un caractère si sérieux, et même si triste, que depuis l'âge de cinq ans jamais il ne rit, quelque tentative que l'on employât pour lui en faire naître l'envie ; et qu'aux jeux séculaires ayant vu son père qui riait d'une façon qui lui parut immodérée, il jeta sur lui un regard d'indignation. Cette disposition dans un enfant serait bien contre nature ; et on ne peut se dispenser de soupçonner au moins de l'exagération dans le récit de l'écrivain.

Le plus considérable monument du règne de Philippe est la colonie de Philippopolis, qu'il fonda dans l'Arabie Pétrée, près de Bosta, d'où il était originaire. Il fit creuser, dans le quartier de Rome, au-delà du Tibre, un canal destiné à y porter de l'eau pour la commodité des habitants.

Il réunit au fisc impérial la maison des Gordiens, qui avait, comme je l'ai dit, appartenu autrefois à Pompée. Cette démarche paraît contraire au respect qu'il affectait pour la mémoire de son prédécesseur.

On rapporte sous son règne un grand incendie, qui consuma le théâtre de Pompée et le portique appelé les cent Colonnes.

On trouve dans le code une loi sous son nom, qui déclare que les poètes n'ont point de privilège pour jouir d'aucune exemption. C'est les priver d'une ressource dont la modicité de leur fortune peut souvent avoir besoin.

Il faut que Dèce ait conservé quelques ménagements pour la mémoire de ce prince, s'il est vrai, comme le dit Eutrope, que les Philippes, après leur mort, aient été mis au rang des dieux.

 

 

 



[1] Zonaras met à révolte de Jotapien sous Dèce.

[2] Il ne faut pas croire que l'empereur Dèce, né dans une petite bourgade de la Pannonie, fût issu des anciens Décius qui se dévouèrent à la mort pour la gloire et à salut de Rome. Corneille l'a avancé dans ces beaux vers de Polyeute. (Act. IV, scène III.)

Des aïeux de Dèce en vante la mémoire :

Et ce nom, précieux encore à vos Romains,

Au bout de six cents ans lui met l'empire aux mains.

Mais c'est un poète qui use de la liberté de feindre. La ressemblance des noms lui a suffi pour saisir un trait qui embellie son ouvrage.