I. — D'Emporion au Rhône. Partir de l’ancien Emporion, suivre la route qui conduit au Rhône, et marquer l'endroit où l'on a achevé de parcourir 1.600 stades, voilà une opération très simple si l'on connaît l'itinéraire ; elle se complique à peine s'il n'y a que deux on trois variantes bien définies, comme c'est le cas pour la traversée des Pyrénées ; mais on ne peut plus arriver à un résultat bien déterminé si l'on trouve une zone praticable un peu large où l'on pourrait tracer la roule à son gré. Qu'on choisisse alors le chemin jugé le plus vraisemblable, et l'on s'exposera aux pires inconvénients : les critiques auxquels la conclusion finale du travail déplaira nous accuseront d'avoir pris un tracé trop court ou trop long, sans examiner de combien nos chiffres pouvaient être augmentés ou diminués en mettant toutes choses à l'extrême. Pour établir malgré tout des conclusions positives, fournir des chiffres inattaquables, il nous faut fixer d'abord un minimum et un maximum entre lesquels la longueur de la route soit forcément comprise. Dans le cas présent, ces deux limites seront assez rapprochées pour déterminer encore avec quelque précision l'extrémité du parcours. Deluc et Larauza n'ont pas eu conscience des difficultés
que nous signalons ; ils ont pris simplement, pour le chemin d'Annibal, le
tracé de Reprenons pour base de notre étude cette voie domitienne, tracée par longs segments rectilignes ; il est nécessaire de la connaître et de la mesurer le plus exactement possible pour discuter les conclusions de Deluc et de Larauza, les plus sérieux de nos prédécesseurs, pour fixer ce minimum qui sera notre garantie, et pour examiner comment la solution la plus probable peut s’en écarter. Nous ne pouvons pas nous en tenir aux travaux antérieurs,
et renvoyer le lecteur, par exemple, au tome IV d'E. Desjardins (Géographie de Les documents qui nous renseignent sur les stations de la voie domitienne et leurs distances sont les suivants : 1° Les quatre vases gaditains ou apollinaires, cylindres d'argent sur lesquels sont gravés les noms et distances des stations successives de Gadès à Rome. Ces vases datent du Ier ou IIe siècle de notre ère[3] ; 2° L'itinéraire d'Antonin, compilation de date et d’origine incertaines, mais qui ne paraît pas avoir été faite avant le IVe siècle, nous est connu par des manuscrits postérieurs au VIIe. Il contient les principales routes de l’empire romain présentées de la même manière que sur les vases gaditains : une liste de stations, et en face de chacune d'elles la distance depuis la précédente, donnée en milles pour la partie qui nous intéresse. Le trajet d'Espagne en Gaule figure à deux reprises sur l'itinéraire d'Antonin ; une fois pour la route de Gap à Léon, et une seconde fois pour celle d'Arles à Tarragone. Les stations nommées sur ces deux itinéraires ne sont pas toutes les mêmes ; 3° L'itinéraire hiérosolymitain, donnant la route de Bordeaux à Jérusalem, date de l'an 333 après J.-C. Nous n'en parlerons pas davantage, car il ne fait quo confirmer ce que nous savons déjà de la section Narbonne-Nîmes, la mieux connue de toute la voie domitienne ; 4° La table de Peutinger est une carte routière de l'empire romain, dont on ne possède qu'une copie datant du XIIIe siècle. Les noms et les distances se suivent sur chaque route, par exemple : Illiberre VII Ruscione VI Narbone XVI Beteris, etc. Tous ces documents, et même les vases gaditains, présentent d'assez nombreuses erreurs et se contredisent sur certains points. De plus, ils ne donnent pas tous les mêmes stations. Nous avons intérêt, pour serrer de plus près le tracé de la voie domitienne, à identifier toutes les stations contenues dans les divers itinéraires, et à déterminer aussi exactement que possible les distances de l'une à l’autre. Le moyen le plus simple est de réunir les différentes listes en un tableau unique. Nous ne rappellerons pas ici, pour l'itinéraire d'Antonin, les variantes présentées par les divers manuscrits, car elles offrent peu d'intérêt. On les trouvera dans E. Desjardins, t. IV, p. 64 et 65. Nous adoptons aussi pour les noms des différentes stations, sans citer de variantes, la leçon qui a prévalu[4].
D'après ce tableau, les distances de Juncaria à Deciana, de là à In Pyrenæo, puis de In Pyrenæo à Ad Centuriones, de ce dernier point à Ruscino, à Combusta, sont bien déterminées. De même celle de Narbo à Bæterræ et toutes les suivantes. Il est évident que, sur le 4e vase gaditain, on a omis le nom de Sextantio et le chiffre XV correspondant ; que sur la table de Peutinger il manque de même Combusta XXXIV entre Ruscino VI et Narbo. Le 3e vase gaditain donne XIII au lieu de XII pour la distance de Bæterræ à Cessero, celle de Narbo à Bæterræ est écrite, par erreur, XII et XXI au lieu de XVI sur l'itinéraire d'Antonin (Arles à Tarragone) et sur la table de Peutinger. La distance de Combusta à Narbo, d’après les vases gaditains, peut être de XXXII, XXXIII ou XXXIV milles ; nous adoptons le chiffre XXXIV pour concorder avec l'itinéraire d’Antonin. Sur la table de Peutinger, nous croyons devoir compter VIII au lieu de VII entre Illiberris et Ruscino, pour que cette distance, ajoutée aux XII milles de Ad Centuriones à Illiberris, donne les XX milles indiqués par les autres itinéraires pour la distance de Ad Centuriones à Ruscino. Cette combinaison nous paraît, à après la carte, préférable à celle également admissible, qui compterait XIII milles de Ad Centuriones à Illiberris, et VII de Illiberris à Ruscino[5]. Deux stations restent à déterminer : ce sont celles de Salsulæ
et de Ad
Stabulum. La première a été identifiée depuis longtemps, et sans
aucun doute possible, avec Salses, qui se trouve bien à XXX milles de
Narbonne, comme l'indique l'itinéraire d'Antonin (Gap
à Léon). D'après le même itinéraire, Ad Stabulum serait à XLVIII
milles de Salsulæ,
et à XVI milles de In Pyrenæo. Ces chiffres, pris tels qu'ils
sont, ne peuvent se concilier avec ceux des autres itinéraires. E. Desjardins
n'a pas craint de supposer qu'ils se rapportaient à un chemin détourné
passant près du Canigou. Mais, outre que cette hypothèse paraît bien étrange,
étant donné le caractère des itinéraires romains, il est matériellement
impossible, à moins de franchir le Canigou lui-même, et d'aller chercher Ad Stabulum
sur la crête des Pyrénées, de trouver place pour les La voie domitienne ne passe pas par Emporion. C'est seulement à partir de Juncaria qu'elle aurait pu être suivie par
Annibal. L'analogie de noms a entraîné presque tous les géographes à
identifier Juncaria avec Les distances entre les stations successives de la voie domitienne étant ainsi fixées, nous allons en suivre le tracé sur la carte. De Figuières jusqu'au Boulou, on ne peut guère s’écarter de la route moderne. Du Boulou à Elne, il faut suivre le chemin de Brouillet et
Ortaffa. Le centre de l'ancienne Illiberris se trouvait à peu près à égale
distance d'Elne et de Ruscino se trouvait un peu a l’ouest de Castel-Roussillon.
Il existe un chemin qui y conduit à peu près en ligne droite depuis De Salses à Narbonne, il n'y a qu'à suivre la route nationale, en l'abandonnant toutefois pour prendre par les hauteurs entre les Cabanes et Sijean. Ad Vicesimum tombe un peu au nord du Pont de Treilles. Entre Narbonne et Béziers, on croit connaître la voie
romaine : on en trouve des vestiges au Pont-Serme, situé au sud de l’étang de
Capestang, à VII milles de Narbonne, puis entre le Pont-Serme et Béziers.
Mais la route ainsi définie a La carte jointe au Corpus de Hirschfeld trace bien la voie romaine en ligne droite de Narbonne à Béziers, comme nous supposons qu'elle devait l’être, et non par le Pont-Serme, mais on ne sait ce qui a fait adopter cette solution. A partir de Béziers, la voie domitienne subsiste presque
entièrement et passe à Saint-Thibéry, Loupian, Montbazin, Castelnau, puis au Pont-Romain
sur le Vidourle, à l'ouest de Grand-Gallargues, Les chiffres de l'itinéraire
conduisent à placer Frontiana à A une lieue environ à l'est de Saint-Thibéry, la voie romaine se dédouble : outre le chemin que nous venons d'indiquer, il en existe un autre, dit chemin de la reine Juliette, mieux conservé que le précédent, et qui gagne Montbazin en ligne droite sans se détourner pour passer à Loupian. Cette coexistence de deux routes anciennes nous rend plus vraisemblable l'hypothèse que nous avons émise au sujet de la section de Narbonne à Béziers. Il résulte du tableau que nous avons établi plus haut que
l'on a environ La distance de Figuières à Nîmes sera de De Figuières au Pont-Romain sur le Vidourle, on aura La voie romaine, comme on l'a vu, ne passait pas à
Emporion. Pour l'employer à partir de Juncaria, en venant d'Emporion, il
fallait aller d'abord d'Emporion à Juncaria (Ampurias
à Figuières, Depuis le passage du Vidourle jusqu'au Rhône, il y a 35 ou
La conclusion qui s'impose est que : Si Annibal a suivi le tracé de la future voie romaine depuis Figuières jusqu'aux environs de Montpellier, il est plus que probable qu’il a passé le Rhône à proximité de Fourques ; tout au plus peut-on relever quelque peu le point de passage entre Fourques et Beaucaire. Si, contre toute vraisemblance, on veut compter seulement
8 stades au mille, les 1600 stades de Polybe font Peut-on imaginer un chemin plus rapide que la voie romaine entre Ampurias et le Rhône ? L'examen de la carte prouve aisément que non. La seule abréviation possible serait celle que fait la route moderne entre le Boulou et Salses, prenant en ligne droite par Perpignan et Rivesaltes au lieu d'aller passer à Elne ; mais précisément le récit de Tite-Live nous fait savoir qu’Annibal a passé à Illiberris et Ruscino, et sur ce point, son témoignage très précis ne peut être écarté. Nous allons voir tout à l'heure, en étudiant les passages des Pyrénées, que tous les chemins d'Ampurias à Elne sont au moins aussi longs que celui de Figuières et du Perthus. De Salses à Narbonne, nous avons tracé la voie romaine à travers les collines dans les parties où c'était possible ; pour aller plus directement encore, il faudrait s'engager tout à fait dans les montagnes par un itinéraire qu'aucune route n'a jamais pu suivre. A partir de Narbonne, par Béziers et Montpellier, la voie romaine est tracée en ligne droite. De Montpellier à Nîmes ou de Montpellier à Arles, nous avons choisi les tracés les plus rapides, comme il est facile de s'en assurer. Impossible de couper court entre Montpellier et Beaucaire ou Arles. La voie romaine nous donne donc, sans aucun doute possible, le minimum de tous les parcours imaginables entre Ampurias et Beaucaire ; et le plus court chemin d'Ampurias au Rhône s'obtient en quittant la voie romaine près de Montpellier pour gagner Arles par l'itinéraire que nous avons indiqué. Ces deux tracés nous donnent, on l'a vu : 289 ou Si l'on ne peut pas abréger la distance ainsi comptée, il est facile de l'augmenter. Prenons par exemple les routes modernes qui s'en rapprochent le plus ; nous y trouverons quelques détours motivés par le désir d'éviter les pentes et de faciliter aux voitures les allures vives que permettent leur organisation perfectionnée et le mode de construction de nos routes. Nous trouvons ainsi Géométriquement parlant, ce n’est pas là le maximum des
trajets qu'on peut imaginer entre Ampurias et Fourques ou Beaucaire ; mais
nous pouvons nous en contenter, et considérer ces chiffres de 315 et Quel que fût le chemin suivi par Annibal, il avait une
longueur comprise entre 289 et Cela posé, il nous reste à étudier l'itinéraire le plus
probable qu'ait pu choisir Annibal et à en mesurer la longueur. Examinons
donc les différences qui peuvent exister entre le tracé de 1° Entre Emporion et Illiberris. — Nous ne nous occupons pas de déterminer l'emplacement où fut campée l’armée carthaginoise dans l’Ampurdan, ainsi que fait le colonel Perrin : Polybe nous donne une distance comptée à partir d'Emporion ; il s'agit donc de trouver une route qui, à partir d'Emporion, ait la longueur voulue, et les données du problème ne sont pas susceptibles d'interprétation. Le texte est absolument formel. Une fois déterminée la route que Polybe a mesurée, on pourra faire zigzaguer l’itinéraire des colonnes autour d'elle, et proposer toutes les hypothèses que l'on voudra ; mais ce serait nous engager dans un dédale inextricable que de ne pas prendre les points et les distances indiqués par Polybe. Annibal, dit le colonel Perrin, établit son camp vers le 15 août sur la rive droite du Llobrégat, à 4 milles de Figuières, sur le plateau situé entre Pont-de-Molins, Capmany, Saint-Clément et Perelada.... Annibal ne campa point à Ampurias, petite ville maritime sur le bord du Clodiano.... Les Romains n'eussent-ils pas été maîtres de la mer, que plusieurs motifs s’opposaient à ce que l'armée carthaginoise y établît son camp : 1° Une plaine marécageuse et
insalubre, formée des alluvions de 2° Une série de torrents entre
elle et le pied des montagnes, torrents que les pluies et les orages font
déborder, et inonder la plaine au moment où l'on s'y attend le moins ; 3° Enfin elle revenait de soumettre les montagnards des bords du Ter, et n'avait pas suivi le littoral. Que les Romains fussent maîtres de la mer, ce n'était pas
suffisant pour empêcher les Carthaginois d'occuper Ampurias, n'ayant pas de
bombardement à craindre. D'ailleurs, les flottes romaines n'avaient pas
quitté l’Italie. — Qu'Annibal revînt précisément du Ter au moment où il
partit d'Ampurias, voilà ce que nous ignorons. — Que les marais de Mais admettons un instant l'exactitude de toutes ces observations, qu'en résulterait-il pour la mesure' des distances parcourues d'après Polybe ? Est-ce qu'entre Carthagène et Emporion nous avons tenu compte des parcours effectués pendant deux mois dans toute la vallée de l'Èbre ? C'est donc d'Ampurias, où nous sommes venus directement de Carthagène, que nous repartons vers le Rhône. Il y a une infinité de chemins qui traversent les Pyrénées
entre le Perthus et la mer ; mais deux seulement méritent d'être retenus,
ceux de On n’aurait pas eu l'idée de citer le col de On suppose qu'une voie romaine passait au col de Le colonel Perrin appelle Via Salanca la route qui passe
au col de Pour aller d'Emporion à Illiberris (Ampurias à Elne), Annibal n'avait aucun avantage à passer par
On peut supposer que celte Via Salanca n'est autre que l’ancienne voie Héraclée ; il resterait à prouver quel intérêt les Phéniciens et tes Grecs auraient eu a emprunter un col moins facile que celui du Perthus, pour ne pas abréger la route. Nous croyons que les traces de pavage retrouvées entre te
col de Le col de Banyuls est à peine plus élevé que celui du
Perthus, et le chemin qui l’utilise passant plus près de la mer, dessert
Banyuls, Port-Vendres, Collioure. Sans s’exagérer l'importance de ces trois
villes au temps d'Annibal, elles pouvaient cependant lui procurer quelques
ressources. Il y a Le col de Banyuls présentait donc quelques avantages sur celui du Perthus. Quant à la route du littoral, nous dit le colonel Perrin (p. 18), elle a été de tous temps impraticable. Le chaînon qui, à la tour de Caroigt, se détache des Pyrénées pour se diriger vers la mer, ressemble à une immense muraille en ligne droite, où ne se distinguent que des brèches insignifiantes, qu'on appelle le col de Los Frayles et le col de Balistre. C'est par ce dernier que passe le sentier, mais il est impraticable le long de la côte. Peut-être un chemin muletier passait-il autrefois sur les
derniers contreforts des Albères, mais, outre les difficultés signalées par
le colonel Perrin, ce chemin aurait compté D'Ampurias à Castellon, Ces Nous nous déciderions en faveur de ce dernier, si nous avions la certitude qu'aucune de ces routes n'était pavée ou régulièrement entretenue. Mais notre ignorance irrémédiable sur ce dernier point nous oblige à ne rien affirmer[11]. 2° Depuis Elne jusqu'à Narbonne, Annibal a pu
suivre le tracé de la voie romaine ; s'il s'en est écarté, ce n'a été que
pour contourner les hauteurs au sud de Sijean au lieu de les traverser. Il
aurait fait ainsi, entre Salses et Narbonne, 3° Il est à peine admissible qu'au IIIe siècle avant l’ère
chrétienne, une armée ait pu aller en ligne droite de Narbonne à Béziers. Les étangs
qui entouraient Narbonne à l'Est et au Nord, et qui couvraient la vallée de
l'Aude en aval de Cuxac ou de Sallèles, devaient l'obliger à se détourner
vers l'Ouest, et à passer par Cuxac ou Sallèles, puis par Capestang. Le
détour par Cuxac porte à 4° De même, à partir de Béziers, il n'est pas vraisemblable
qu'Annibal ait pu se diriger par le chemin le plus court vers l'emplacement
où se trouve aujourd'hui Loupian. L'intervention des ingénieurs romains était
nécessaire aussi bien pour tracer des alignements de 30 et De plus, il est naturel que les Carthaginois se soient tenus plus près de la mer. Il est bon d'aller vite, mais une armée de 60.000 hommes a surtout à s'assurer la subsistance. Ils ont dû se diriger de Béziers vers Agde, colonie marseillaise, c'est-à-dire ennemie, dont ils ne pouvaient négliger les ressources ; à partir d'Agde, ils auront longé le rivage des étangs jusqu'à Lunel. Peut-on croire qu'ils aient été à Nîmes ? c'était peu de chose au point de vue des ressources, à côté des comptoirs grecs ou phéniciens qui bordaient la côte. C'est bien plutôt vers Heraclea (Saint-Gilles ?) que le chemin et leur intérêt les conduisaient, et de là vers Thèlinè (ou Arelate). Ce chemin d'Hercule qui, depuis plus d'un siècle, reliait les établissements de la côte, devait passer près de toutes les villes grecques ou phéniciennes, et non dans l'intérieur du pays. Il avait un tracé absolument différent de celui de la voie domitienne, route militaire, instrument de conquête, puisqu'il répondait à un tout autre but. Ce chemin, aussi bien que l’itinéraire d'Annibal, devait, nous le répétons, se tenir à portée des villes commerçantes, et nous le supposerons volontiers passant près d'Agde, puis de Loupian, gagnant Lattes, longeant ensuite le rivage des étangs et des marais pour arriver à Saint-Gilles et à Arles, toutes villes de commerce et de ressources. Ce parcours nous donnerait les distances suivantes :
Cette route est à peine plus longue que la voie romaine
pour le parcours de Béziers au Vidourle ( En résumé, Annibal a dû prendre un chemin un peu différent
de la voie Domitia, et parcourir quelques kilomètres de plus que nous n'en
avons comptés en suivant exactement celle-ci. Il n'est pas exagéré d'admettre
qu'il aura fait 295 à La plupart des historiens placent le point de passage
beaucoup plus haut que nous, vers Roquemaure. En acceptant les chiffres des
itinéraires romains jusqu'à Nîmes, et ajoutant On nous objectera peut-être, comme nous l'avons supposé
plus haut, que le stade de Polybe a pu être compté à raison de 8 au mille, et
que la phrase : Ce chemin a été mesuré et jalonné
par les Romains de 8 en 8 stades n'est pas une interpolation. Dans ce
cas, en effet, les 1.600 stades de l'historien grec valent non plus 284, mais
Quelle que soit l’importance que l'on accorde à l’à peu près de Polybe, peut-on admettre qu'il aille jusqu'à donner 1.600 stades pour 1.800 à 2.000 stades ? Nous ne le pensons pas, et il nous semble tout à fait inacceptable, par conséquent, de faire remonter Annibal jusqu'en face de Roquemaure, quelque hypothèse que fort fasse sur son itinéraire. Beaucaire est admissible si l'on adopte le stade de Si l'on pense, comme nous, que le travail d'alignement et
de construction de cette voie n'a pu être fait avant la conquête romaine, et
qu'Annibal s'est tenu très près de la côte, le passage près de Fourques
s'impose d'une manière absolue. Il nous donne, en ne négligeant aucun détour,
A moins de n'accorder absolument aucune valeur au chiffre de Polybe (car c'est n'en accorder aucune que de prendre 1.600 environ pour 1.800, 1.900 ou 2.000),
tandis que nous avons pu constater ailleurs sa très grande précision, il nous
faut placer le passage du Rhône par Annibal entre Arles et Beaucaire. Encore
ne peut-il être relevé jusqu'à Beaucaire que si l’on admet qu'Annibal ait pu
suivre un chemin tracé en ligne droite comme |
[1]
Le P. GARRUCI, Dissertationi
archeologiche, Roma, 1864, pour les vases gaditains. — PARTHET et PINDER, Itinerarium
Antonini Augusti et Hierosolymitanum ex libris manuscriptis, Berlin, 1848.
— E. DESJARDINS,
[2]
Géographie de
[3] Voir la preuve de cette assertion dans E. Desjardins, t. IV, p. 11.
[4]
Rappelons toutefois que la station située au pied des Pyrénées, sur le versant
français, près des bains du Boulou, est appelée Ad
Centuriones dans l'Itinéraire d'Antonin, et Ad Centenarium sur
[5]
Cette observation avait déjà été faite par d'Anville, Notice de
[6]
Notitia orbis antiqui, t. I, p. 145. — M. Lenthéric est, à notre
connaissance, le seul écrivain contemporain qui ait identifié Juncaria avec
Figuières. Avant lui, Mannert et quelques autres avaient admis la même opinion.
E. Desjardins confond Juncaria avec
[7]
Cette solution est conforme à l'observation très juste adressée par d'Anville
aux auteurs qui placent Combusta à Rivesaltes, Notice de
[8] La localité ainsi placée, si elle s’étendait un peu au sud de la voie romaine, devait avoir un port sur l'étang de Thau ; ce port aura été comblé par les atterrissements du ruisseau et aura été supplanté par le port très voisin de Mèze, où passe notre route nationale.
[9] Chiffres mesurés sur la carte d’état-major et vérifiés sur la carte des étapes et sur une carte cycliste.
[10] Colonel HENNEBERT, III, VI.
[11]
Le colonel Fervel dit simplement qu’Annibal a dû passer à l’est du Perthus. M.
Henri le conduit par le col de