JACQUES CŒUR ET CHARLES VII - OU LA FRANCE AU XVe SIÈCLE

TOME SECOND

 

CONCLUSION.

 

 

La Cour après la mort de Charles VII. — Louis XI remplace la plupart des serviteurs de son père. — Geoffroy Cœur est nommé échanson du roi. — Antoine de Chabannes tombe en disgrâce, est fait prisonnier, condamné et enfermé à la Bastille. — Il parvient à s'échapper et rentre en faveur auprès de Louis Xl. — Lutte entre Geoffroy Cœur et Chabannes au sujet de la terre de Saint-Fargeau. — Les deux familles consentent à un arrangement en vertu duquel cette terre reste aux Chabannes. — Les enfants de Jacques Cœur. — L'hôtel de Bourges et ses propriétaires successifs. — Il est acheté par J.-B. Colbert, qui le revend à la ville de Bourges. — Rapprochements. — Ingratitude de Charles VII à l'égard de Jacques Cœur.

 

La proclamation du roi Louis XI s'était faite d'ailleurs, indépendamment de son éloignement volontaire, dans des circonstances particulières et qui méritent d'être remarquées. D'ordinaire, lorsqu'un nouveau roi montait sur le trône, quelques-uns des grands dignitaires de l'État pouvaient bien craindre pour leur position, mais c'était le petit nombre et la plupart d'entre eux étaient maintenus dans leurs emplois. Dans la circonstance où se trouvait la France, au contraire, nul, parmi les ministres, les capitaines et les conseillers de Charles VII, n'osait se flatter de conserver son rang et ses honneurs. Les uns et les autres connaissaient trop bien les dispositions de Louis XI à l'égard de tous ceux qui avaient été attachés à son père pour pouvoir se faire illusion à ce sujet. Quelques-uns d'entre eux étaient surtout compromis, c'étaient ceux qui passaient pour avoir engagé Charles VII à proclamer roi son second fils Charles, au détriment du Dauphin. A la vérité, Charles VII avait eu la sagesse, malgré les justes sujets de plainte que lui donnait le Dauphin, de résister à ces funestes conseils ; mais Louis XI était convaincu que son frère avait un parti et il craignit même, dit-on, que Charles ne fût proclamé roi à Saint-Denis. Bien que cet événement, qui aurait encore une fois jeté la France dans les guerres civiles, ne se fût pas réalisé, nul ne doutait qu'il n'y eût, dès que le nouveau roi aurait pris possession de la couronne, des changements considérables dans les hautes sphères du gouvernement.

Le passage suivant, extrait de la relation des obsèques de Charles VII par son historiographe ; donne une idée assez exacte de la situation de la Cour après la mort de ce roi :

Après toutes ces choses ainsi faites, tout le service parachevé, un chacun s'en alla disner en la grande salle de l'abbé d'icelle église de Saint-Denys, là où il y eut comme cour plénière et ouverte à tous venans. Et de cette heure, le disner étant fait, et les grâces dites, monseigneur le comte de Dunois et de Longueville, grand chambellan de France, dit à haute voix que luy et tous les autres serviteurs avaient perdu leur maistre ; et pourtant qu'un chacun pensast à se pourvoir. Auxquelles paroles furent plusieurs fort dolens, chacun en son endroit, et non sans cause ; et par espécial, commencèrent les pages très fort à pleurer[1].

Louis XI fut sacré à Reims le 18 août 1461. Après la cérémonie, le duc de Bourgogne le pria, à genoux, en l'honneur de la mort et passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, de pardonner à tous ceux qu'il soupçonnoit avoir mis la discorde entre lui et son père, et de laisser en leurs offices les officiers et gouverneurs du dit feu roi, à moins qu'on ne trouvât, par vraie et juste information, qu'ils avoient fait autre chose qu'ils ne devoient faire. Louis XI promit au duc de déférer à sa requête ; seulement, il excepta, sans les nommer, huit personnes de l'amnistie. On sut, peu de temps après, ce que valaient les promesses du nouveau roi. Que les membres les plus influents du Conseil de Charles VII eussent été remplacés, cela se concevait. Mais Louis XI ne se borna pas à les priver de leurs emplois, il fit poursuivre quelques-uns d'entre eux, notamment Guillaume Cousinot, le comte de Dammartin, le sire de Brézé. En même temps, il ôta leurs commandements au sire de Gaucourt, l'un des plus anciens compagnons d'armes de Charles VII, au maréchal de France, André de Laval, sire de Lohéac, à l'amiral de Beuil, comte de Sancerre. Il remplaça le chancelier de France, Guillaume Juvénal des Ursins, par Pierre de Morvilliers qui était, dans le moment même, sous le coup d'une accusation de malversation et à qui la confiance qu'il aurait montrée dans la justice de sa cause aurait, dit-on, valu cette faveur. Une partie du parlement fut, en outre, renouvelée. On se souvient que le duc d'Alençon avait été condamné à la peine capitale pour avoir, sous le prétexte que Charles VII s'était montré ingrat à son égard, tramé une conspiration dont le but était de ramener les Anglais dans le royaume. Charles VII lui avait, à raison de ses anciens services, et par une extrême indulgence, fait grâce de la vie. Le duc d'Alençon était le parrain de Louis XI qui s'empressa de le remettre en liberté. Il pardonna aussi, pour cette fois du moins, à ce Jean d'Armagnac qui avait épousé sa sœur après en avoir eu plusieurs enfants, et dont l'audace et l'immoralité, trop longtemps impunies, caractérisent si tristement l'époque où il vivait.

La plupart de ceux qui obtenaient les positions des fonctionnaires disgraciés étaient des sujets du duc de Bourgogne ou 'd'anciens compagnons d'exil de Louis XI. D'autres avaient eu, plus ou moins justement, à se plaindre de Charles VII ou de ses favoris : Parmi ceux qui pouvaient, à bon droit, récriminer contre le précédent gouvernement, figuraient, en première ligne, les-enfants de Jacques Cœur. L'un d'eux, Geoffroy Cœur, fut nommé échanson du nouveau roi. Bien que, dans les dernières années de sa vie, Charles VII eût restitué une partie de leurs biens aux enfants de son ancien argentier, ceux-ci étaient loin de considérer cette réparation comme complète. Indépendamment de la justice de leur réclamation, la disgrâce dans laquelle était tombé Antoine de Chabannes, que Louis fil avait toujours regardé comme un de ses ennemis personnels, devait leur faire espérer d'obtenir enfin pleine justice. Aussitôt après la mort de Charles VII, le comte de Dammartin s'était retiré dans une de ses terres pour attendre les événements. La rancune du roi alla l'y chercher. Louis XI donna ordre qu'on le conduisît à Paris et il lui fit faire un simulacre de procès. Au bout de deux ans — c'était juste le temps qu'avait duré celui de Jacques Cœur —, Chabannes fut condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement ; mais, ainsi que cela s'était pratiqué dix ans auparavant à l'égard de l'argentier de Charles VII, la prison fut arbitrairement substituée à l'exil. Antoine de Chabannes fut enfermé à la Bastille.

Cependant, les enfants de Jacques Cœur ne négligeaient rien pour faire réformer l'arrêt qui avait condamné leur père. Ils consultèrent six des premiers avocats de Paris sur la marche qu'il convenait de suivre, et il fut décidé que l'on plaiderait là validité d'un appel que Jacques Cœur avait fait lui-même après sa condamnation et qu'une nouvelle enquête, avec audition des témoins encore vivants, serait demandée. Peu de temps après, des Lettres de Louis XI autorisèrent, dans les termes les plus honorables pour Jacques Cœur, la révision je son procès. Elles constataient, entre autres faits, qu'il avait conquis grande chevance par son labeur et industrie, qu'à cause de cela il avait eu plusieurs hayneux et malveillants, lesquels pour trouver moyen de lui courir sus et parvenir à sa destruction de corps et de biens, machinèrent ensemble qu'ils l'accuseraient d'avoir fait empoisonner Agnès Sorelle. Ces Lettres, où l'historique du procès se trouve résumé, avaient pour objet d'autoriser les sénéchaux de Beaucaire, de Carcassonne et de Toulouse, le gouverneur de Montpellier et tous les autres justiciers du royaume à entendre les témoins qui viendraient déposer devant eux relativement aux crimes dont Jacques Cœur avait été chargé[2]. Bientôt, l'appel fut porté devant le parlement. Le procureur du roi soutint, contre l'avocat des parties, que l'appel n'était pas recevable, mais le parlement ne se prononça pas, et des questions de procédure vinrent retarder la solution de l'affaire[3]. Sur ces entrefaites, Geoffroy Cœur profitant de la faveur dont il jouissait et de la disgrâce de son ennemi, s'était emparé du château de Saint-Fargeau et de ses dépendances qui étaient, comme on l'a vu, considérables. En 1463, de nouvelles Lettres de Louis XI, mirent Geoffroy Cœur en possession régulière de ce vaste domaine[4]. Les Lettres portaient que Chabannes n'avait pas payé la somme de vingt mille écus, à laquelle il lui avait été adjugé, le roi l'en ayant tenu quitte. Louis XI reconnaissait en même temps que Jacques Cœur lui avait rendu de bons et louables services. On a conclu de là que celui-ci avait, à l'époque de sa prospérité, prêté de l'argent au Dauphin, et que telle avait été la cause de sa disgrâce ; mais les circonstances dans lesquelles parurent ces Lettres et le vague de cette accusation prouvent qu'elle n'était nullement fondée. Si Louis XI avait eu des obligations personnelles à Jacques Cœur, les enfants de l'argentier n'auraient pas manqué de les faire constater dans les Lettres de 1463, car t'eût été là, auprès du roi, du moins en ce moment, un titre de faveur qu'aucun autre n'eût égalé. Mais bientôt, les événements changèrent de face. Le 12 mars 1464, Antoine de Chabannes s'était sauvé de la Bastille. C'était le moment où l'ancien chef de la Praguerie avait à son tour pour ennemis les princes ligués pour la guerre du Bien public. Chabannes se joignit à ces derniers et prit le commandement de quelques compagnies qui parcouraient le Bourbonnais. Un jour, ayant poussé jusqu'à Saint-Fargeau, il s'en empara, ainsi que de Geoffroy Cœur lui-même qui s'y trouvait. Quelque temps après, Louis XI jugea qu'il était utile à ses affaires de faire la paix avec les révoltés. On apprit bientôt que, par un revirement inattendu, Antoine de Chabannes jouissait auprès du roi de la même faveur que sous Charles VII. Alors, la chance tourna encore une fois. Non-seulement Geoffroy Cœur ne fut pas maintenu en, possession du château de Saint-Fargeau, mais Chabannes lui réclama une somme de cinquante mille livres pour des meubles qu'il prétendait y avoir fait mettre et qui en avaient été enlevés ; il demandait en outre la restitution des sommes que Geoffroy Cœur avait perçues pendant plusieurs années.

Un procès qui dura près de trente ans fut la suite de ces réclamations respectives. L'archevêque de Bourges, Jean Cœur, était mort en 1482[5]. Peu de temps après, Antoine de Chabannes, aussi puissant que jamais, prêta l'hommage au roi pour la- seigneurie de Saint-Fargeau. Néanmoins, le procès continuait toujours. En 1487, Chabannes, toujours en faveur, avait obtenu que le roi Charles VIII évoquât et terminât lui-même l'affaire ; mais le parlement décida, toutes les Chambres assemblées, qu'il ne pouvait pas se dessaisir du procès. L'année suivante, Antoine de Chabannes et Geoffroy Cœur moururent. Le premier laissait un fils, Jean de Chabannes, et l'autre, une veuve et trois enfants. A cette époque, l'inimitié des deux familles s'était sans doute calmée. Des amis intervinrent et leur firent signer un arrangement en vertu duquel la veuve de Geoffroy Cœur renonça à toutes prétentions sur le château et les dépendances de Saint-Fargeau, à la condition que Jean de Chabannes lui paierait à elle ou aux siens, outre une somme de dix mille écus d'or une fois donnés, une rente perpétuelle de quatre cents livres tournois[6].

Telle fut, après tant de vicissitudes, la dernière phase du procès de Jacques Cœur. Deux de ses enfants, Jean et Henri, s'étaient voués à l'Église ; Ravant Cœur ne s'était pas marié. Geoffroy, son frère, avait épousé, le 29 août 1463, Isabeau Bureau, fille de Jean Bureau, frère puîné de Jean Bureau, grand maître d'artillerie sous Charles VII et qui conserva tout son crédit sous Louis XI[7]. L'un des deux frères ayant fait autrefois partie des commissaires chargés de juger Jacques Cœur, le mariage d'Isabeau Bureau et de Geoffroy Cœur dut exciter bien des surprises et rencontra sans doute, dans la famille de ce dernier, une vive opposition. Il est probable d'ailleurs, que le crédit du grand maître de l'artillerie fut très-utile à Geoffroy Cœur. Celui-ci avait eu de son mariage un fils et deux filles. Le fils, qui s'appelait Jacques comme son grand-père, mourut sans enfants ; l'une des deux filles, Marie Cœur, dame de Gironville, de Boulancourt et d'Angerville, fut mariée à Eustache Luillier, seigneur de Saint-Mesmin, conseiller du roi. Enfin, sa sœur, Germaine Cœur, épousa Louis de Harlay, écuyer, seigneur de Sancy, dont la famille acquit plus tard une si grande et si juste célébrité[8].

On se souvient que l'hôtel élevé à Bourges, à si grands frais, par Jacques Cœur, avait été restitué, du vivant même de Charles VII, à Geoffroy Cœur. Celui-ci l'avait laissé à Jacques, son fils, qui le vendit, en 1501, à Antoine Turpin, écuyer, pour la somme de quinze mille livres, indépendamment de quinze aunes de velours noir et de quatorze aunes de camelot. Claude de l'Aubespine, secrétaire d'État, dont la famille avait, un siècle auparavant, acheté la chapelle de Jacques Cœur dans l'église cathédrale de Bourges, devint, en 1552, le propriétaire de l'hôtel de la Chaussée. Enfin, le 13 mai 1679, Jean-Baptiste Colbert en fit l'acquisition de Charles de l'Aubespine, marquis de Châteauneuf, obligé de le vendre par décret. Mais aucun lien de famille ne rattachait le grand ministre de Louis XIV à la ville de Bourges, et, trois ans après, le 30 janvier 1682, il céda aux échevins de cette ville l'hôtel de Jacques Cœur, moyennant la somme de trente-trois mille livres. La ville s'obligeait en outre à payer un écu d'or de cens annuel au marquisat de Châteauneuf et à lui remettre, tous les quatre ans, à chaque changement de maire, une médaille d'argent de la valeur de dix livres[9].

Ainsi s'étaient rencontrés en quelque sorte, sur le même point, après un intervalle de plus de deux siècles, les deux hommes qui, jetant le coup d'œil le plus profond dans les voies de l'humanité, se préoccupèrent principalement a avec tant de raison, dans leur passage au pouvoir, du développement du travail qui crée et des aptitudes commerciales de la France. L'achat fait par Colbert de l'hôtel de Jacques Cœur prouve suffisamment que la destinée du célèbre argentier avait exercé une vive impression sur son esprit. Sans nul doute, il avait dû être frappé de la ressemblance singulière qu'elle présentait avec celle de Fouquet. Mais il est impossible que l'exil pénétrant et curieux de Colbert n'ait pas remarqué les grands côtés du rôle qu'avait joué Jacques Cœur. Sous certains rapports, en effet, il y a eu, entre les tendances de l'un et de l'autre, des analogies frappantes. Ce commerce du Levant que Colbert, par une police sévère et grâce à des encouragements habilement distribués ; releva de la nullité où près de cent années de guerres civiles l'avaient plongé, c'est Jacques Cœur qui avait eu la gloire de le fonder ; c'est lui qui avait, en outre, assuré de prime abord à la France, dans l'Orient, l'influence prépondérante, le protectorat, qu'elle y a exercés si longtemps. On a vu se dérouler successivement les preuves de sa prodigieuse activité, de sa grande faveur, de sa colossale fortune et des signalés services qu'elle lui permit de rendre à Charles VII, à la France. A quoi tout cela aboutit-il ? A l'une des disgrâces les plus éclatantes dont l'histoire fasse mention, à des accusations absurdes, telle que celle d'avoir empoisonné Agnès Sorel, à une condamnation infamante, à l'exil trouvé trop doux et changé en prison, enfin à la douleur de voir ces biens immenses, fruit du travail fécond de vint années de hautes spéculations commerciales, livrés au pillage des courtisans. Voilà quelle fut la récompense de Jacques Cœur. Plus on examine sa vie et le procès qui lui fut fait, plus on demeure convaincu avec les historiens et les annalistes du temps, que ce procès ne fut qu'un prétexte. Sans doute, il était défendu de fournir des armes au soudan et d'exporter de la monnaie française à l'étranger. D'un autre côté, Jacques Cœur avait peut-être, en quelques circonstances, abusé, dans son intérêt, de l'autorité et du crédit dont il jouissait. Que l'on suppose cette accusation fondée : il n'en faut pas moins chercher ailleurs le mobile de la condamnation qui le frappa, et ce mobile fut, sans contredit, sa grande fortune. Envie crut dure sur lui, dit un contemporain[10]. — Ainsi, Envie le commença à assaillir, observe un autre[11], à quoy ses envieux et malveillans adjoutoient qu'il falloit que ces choses se prissent sur les deniers du Roy. Un troisième affirme qu'on cherchait quel crime il serait possible de lui imputer pour le faire condamner avec les apparences de la justice, lorsque d'infâmes délateurs l'accusèrent d'avoir empoisonné Agnès Sorel[12]. Ainsi fut sacrifié à son tour l'illustre marchand qui avait si heureusement aidé Charles VII, par le moyen des trésors qu'il mit à sa disposition, à soustraire le royaume à l'humiliation de l'occupation anglaise. Quelques services que ce roi ait d'ailleurs rendus à la France, quels qu'aient été, si l'on examine l'ensemble de son règne, les résultats obtenus grâce à l'habileté et à la fermeté de son gouvernement ainsi qu'à ses qualités personnelles, rien ne saurait l'absoudre de son ingratitude à l'égard de la malheureuse fille du peuple qui l'avait conduit à Reims et d'un des plus grands commerçants dont l'histoire ait gardé le souvenir.

 

FIN DU SECOND VOLUME

 

 

 



[1] Jean Chartier, dans Godefroy, p. 320.

[2] Procès, etc. ; Lettres de Louis X1 pour la révision du procès de Jacques Cœur. Voir pièces justificatives, n° 20.

[3] Bonamy, Second mémoire, etc. Voir pièces justificatives, n° 22.

[4] Pièces, etc. ; Lettres de Louis XI portant restitution en faveur des enfants de Geoffroy Cœur. Pièces justificatives, n° 21.

[5] Jean Cœur ne fut jamais, les faits suivants en sont la preuve, en faveur auprès de Louis XI. Peu de temps après son avènement, celui-ci avait voulu faire nommer archidiacre à Bourges un de ses conseillers ; Jean Cœur s'y étant énergiquement refusé, Louis XI lui avait défendu, pendant quelque temps, de séjourner dans son diocèse. Plus tard, en 1471, une sédition ayant éclaté à Bourges, Louis XI supposa que Jean Cœur s'y était trouvé mêlé, et il écrivit aux commissaires extraordinaires, qu'il avait envoyés dans celte ville pour punir les révoltés, de prendre et saisir les biens immeubles et temporel dudit archevêque de Bourges. (M. Raynal, loc. cit., p. 112 et suivantes.) Sans nul doute, Jean Cœur prouva son innocence, et tous ses biens lui furent rendus.

[6] Bonamy, Second mémoire, voir pièces justificatives, n° 22.

[7] Le Père Anselme, Histoire générale et chronologique de la maison de France et des grands officiers de la couronne, t. II, p, 1066.

[8] La Thaumassière, Histoire du Berry, liv. I, p. 89. — Suivant M. Raynal, Geoffroy Cœur aurait laissé trois filles. La troisième, Jeanne Cœur, aurait épousé Jacques Pavye, seigneur de Loubatières. — La fille de Jacques Cœur, qui avait épousé Jacquelin Trousseau, survécut à son mari dont elle avait eu trois enfants ; elle se fit religieuse au couvent de Sainte-Claire, à Bourges.

[9] La Thaumassière, Histoire du Berry, liv. II, p. 136.

[10] Georges Chastelain ; voir l'extrait cité dans la préface, p. XXI.

[11] Mathieu de Coucy ; voir la préface, p. XIII.

[12] Amelgard, liv. V, cap. XXIII ; voir l'extrait traduit dans la préface, p. XXVI, et le texte aux pièces justificatives, n° 1, extrait G.