L’ÉGYPTE

ARCHÉOLOGIE — HISTOIRE — LITTÉRATURE

 

AVANT-PROPOS.

 

 

Nous avons réuni clans ce volume les principaux articles que M. Gabriel Charmes a publiés sur l’Égypte. Bien qu’il s’agisse de morceaux détachés, et qui ont paru parfois à quelque distance les uns des autres, ils sont tous animés du même esprit, et il a suffi de les rassembler pour montrer l’unité qui y préside. Le sentiment qui s’en dégage avant tout est l’amour de l’Égypte. Obligé par la maladie à chercher un climat plus doux que celui de la France, M. Gabriel Charmes a passé un premier hiver en Égypte en 1870 ; depuis lors, il y en a passé plusieurs autres, et c’est sur cette terre antique que son intelligence et son imagination se sont ouvertes aux choses de l’Orient, qu’il a si bien connues, si bien comprises et si bien expliquées. Il s’était vivement épris de la beauté de l’Égypte, passionnément attaché à ses intérêts actuels, curieusement préoccupé des mystères de son passé. Aussi a-t-il beaucoup écrit sur elle : ce que nous offrons aujourd’hui au public n’en est qu’une minime partie, mais assurément la plus intéressante et la plus durable.

Les œuvres de polémique n’ont qu’un temps. Quel que soit le talent qu’on y dépense, elles ne durent guère plus que les circonstances qui les ont inspirées, et sur lesquelles elles ont influé. Elles sont du domaine de l’action plutôt que de celui des lettres. Voilà pourquoi nous les avons négligées. On ne trouvera dans ce volume aucun de ces articles politiques dont l’opinion a été autrefois si vivement frappée, et dont quelques-uns sont des pages d’histoire contemporaine. Ceux que nous publions se rapportent à la vieille histoire de l’Égypte, que la science française a découverte et reconstituée. Lorsque M. Gabriel Charmes arriva au Caire, Mariette Pacha vivait encore : le jeune écrivain se prit d’une vive amitié pour le vieux savant, d’admiration pour son œuvre, de sympathie polir sa personne. Il l’assista dans ses derniers moments. On retrouve tous ces sentiments dans la belle notice qu’il lui a consacrée, et dans l’article sur le musée de Boulaq, où l’on peut voir ce qu’était Mariette au milieu de son œuvre, et où l’on croit entendre ses conversations, le soir, au soleil couchant, sur le Nil doucement illuminé. Cet article sur le musée de Boulaq est capital dans l’œuvre de M. Gabriel Charmes ; c’est à peine si ceux qu’il a publiés sur la Trouvaille de Déir-el-Bâhârî en égalent l’intérêt. Et pourtant quoi de plus merveilleux que cette trouvaille qui a permis à M. Gaston Maspero, l’heureux et cligne successeur de Mariette, de mettre la main sur les cercueils et sur les momies des Pharaons de l’Égypte avant, pendant et après Moïse ! On relira certainement avec plaisir le récit à la fois savant et piquant que M. Gabriel Charmes nous en a donné.

Ce qu’il a écrit sur l’Institut archéologique du Caire, dont il a provoqué la création, montre encore, dans ses origines et dans ses développements, une œuvre française, destinée à conserver et à continuer celles qui l’avaient précédée. Enfin ; le recueil se termine par quelques articles sur la littérature égyptienne, contes arabes, poésies amoureuses, etc. Tout ce passé, sur lequel la mort et les siècles avaient posé un sphinx quasi-indéchiffrable, revit sous la plume de M. Gabriel Charmes, et nous intéresse comme une nouveauté. C’en est une, en effet, puisque la chaîne des temps avait été rompue. Il eût été regrettable que tous ces articles restassent dispersés dans des revues ou des journaux, où il est bien difficile d’aller les chercher : nous avons cru faire œuvre utile en les publiant à part et en les offrant aux lecteurs sous une forme agréable et commode.