LE GÉNÉRAL LA FAYETTE

1757-1834

 

APPENDICE.

 

 

II. — LETTRE DE LA FAYETTE À LA COLOMBE.

 

A bord de l'Alliance, ce 10 janvier 1779.

Je crois, mon cher chevalier, que rien ne peut vous retenir à Boston et que le meilleur moyen de nous retrouver est que vous partiez le plus tôt possible. Je vous prie donc de vous mettre en chemin aussitôt que vous le pourrez et je vous envoie :

1° Un certificat, une lettre de crédit, une lettre en cas que vous soyez pris, une autre lettre à présenter à toutes les personnes qui sont sur ma liste, et à toutes celles dont vous imaginez que je serais bien aise d'entendre parler, enfin une liste des hommes dont je désire particulièrement savoir des nouvelles. Le général Washington et M. Carmichael sont les deux plus importants après les dépêches publiques.

2° Une lettre pour le comité de la marine, qui vous servira d'introduction, et une pour le ministre du roi, le consul de France, le Congrès, le général Washington, plusieurs membres du Congrès, etc., etc.

3° Une lettre pour prier le général Gates de vous faire avoir des chevaux.

Supposez donc — ce que je désire beaucoup — que vous puissiez vous mettre en marche demain matin ; je vous prie de faire le plus de diligence qu'il vous sera possible, et de vous rendre d'abord au quartier général. Là vous donnerez les lettres qui y sont adressées et vous vous rendrez à Philadelphie, où vous presserez le Congrès le plus qu'il se pourra, et tâcherez de ne mettre aucun intervalle entre la date des lettres et le temps de votre embarquement. Les dépêches dont vous êtes chargé sont d'une grande importance, et le plus tôt qu'elles arriveront sera le meilleur. Je vous prie de mettre la plus grande diligence à cette expédition. N'attendez même pas, pour partir, que j'aie mis à la voile, quoique cependant il y a tout à parier que nous sortons demain.

Adieu, mon cher chevalier ; recevez encore une fois mes remerciements pour le service que vous me rendez dans cette occasion et croyez que ma reconnaissance égale l'éternel attachement que je vous ai voué.

LAFAYETTE.

Si vous trouvez à Philadelphie le colonel Armand, ou bien M. de Trecesson, de son corps, allant en France, j'ai mandé au comité et à toutes les autres personnes que vous le leur présenteriez pour prendre des triplicata.

M. le chevalier de Raimondis vous prie de lui faire savoir si vous avez remis son argent à M. Mac-Carthy, et quels sont les arrangements dont vous êtes convenus ensemble.

Vous trouverez dans le paquet une lettre à mon adresse que vous remettrez à Mme de La Fayette, en cas que je fusse pris. Vous me ferez plaisir de dire au Congrès que j'ai attendu jusqu'au 11 janvier pour leurs dépêches.

 

(Orig. aut., Archives nationales, C 358.)