LE GÉNÉRAL LA FAYETTE

1757-1834

 

LE GÉNÉRAL LA FAYETTE.

 

 

XXX

 

La Fayette proteste contre l'expulsion du comte Ostrovski (5 juillet 1832.) — Lettre sur le succès de ses principes (12 juillet). — Il célèbre à Rozoy les fêtes de l'anniversaire des journées de juillet. — Il obtient quatre prix au concours agricole de Rozoy (30 septembre). — Il assiste à l'ouverture de la Chambre (19 novembre). — Il applaudit à un discours d'Odilon Barrot (30 novembre). — Il soutient un amendement de Bignon en faveur de la nationalité polonaise (3 décembre 1832). — Il reproche au gouvernement sa marche rétrograde (15 janvier 1833). — Il fait l'éloge de la prise de la Bastille (23 janvier). — Discours mémorable prononcé à cette occasion. — Il parle en faveur des condamnés politiques (26 février). Il proteste contre l'arrestation de Joachim Lelewell (11 mars). — Lettre au président Andrew Jackson sur les bruits de séparation entre les Etats (15 mars). — Il combat la prolongation de la loi d'exception contre les réfugiés politiques (30 mars). — Il s'oppose à ce qu'on traduise à la barre de l'Assemblée le gérant de la Tribune (8 avril). — Il loue la conduite des gardes françaises pendant la Révolution (22 avril). — Lettre à la princesse Christine de Belgiojoso et raillerie sur Louis-Philippe (3 mai). — Il s'occupe des cours gratuits des ouvriers. — Il approuve la nouvelle loi sur l'instruction primaire. — Il préside le banquet des républicains allemands (27 mai). — Réflexions de Metternich (6 juin). — Il assiste à un grand diner breton (12 juillet). — Il parle sur le traité avec les Etats-Unis (4 juillet). — Il exprime son opinion sur le roi (11 juillet). — Il se réjouit de la défaite de don Miguel. — Il écrit à Lucien Bonaparte que la réintégration de la statue de Napoléon sur la colonne Vendôme devrait avoir pour conséquence la rentrée en France des membres de la famille impériale (27 août). — Il attaque la politique rétrograde du gouvernement et réclame le droit d'association (3 janvier 1834). — Belle profession de foi. — Il répudie le mot fameux : La meilleure république, c'est la nôtre. — Il appuie les pétitions relatives aux réfugiés polonais (26 janvier). — Il va visiter le député Dulong, blessé mortellement en duel par le général Bugeaud (29 janvier). — Il console Dupont de l'Eure (30 janvier). — Il assiste aux obsèques de Dulong et se refroidit (1er février). — Il s'alite et est soigné par le médecin Guersent et le chirurgien Jules Cloquet. — Il écrit à Fenimore Cooper qu'il ne doute pas de sa guérison définitive (14 avril). — De son lit il suit les événements. — Il écrit à Murray pour se réjouir de l'émancipation des esclaves (1er mai). — Il sort en voiture et reprend froid (9 mai). — Son état s'aggrave. — Consultation de médecins. — Bulletins de santé publiés par le National. — Emotion produite par la nouvelle de l'aggravation de sa maladie. — Le président de la Chambre, Dupin aîné, fait demander de ses nouvelles (19 mai). — Georges La Fayette signale une légère amélioration dans l'état de son père. — Le mieux ne se soutient pas. — Lettre de l'amiral de Rigny à Talleyrand (19 mai). — Derniers moments de La Fayette. — Il presse sur sa bouche un médaillon contenant le portrait et des cheveux de sa femme. — Mort de La Fayette (20 mai). — Acte de décès. — Annonce de la mort par le président de la Chambre. — Tirage au sort de la délégation qui doit assister aux obsèques. — Georges La Fayette avertit officiellement la Chambre. — Réponse du président (20 mai). — Article du Moniteur (21 mai). — Eloge de La Fayette par Armand Carrel dans le National (21 mai). — Précautions minutieuses prises par le gouvernement pour le règlement des obsèques. — Les Américains et les Polonais se concertent. — David d'Angers prend un masque, et Ary Scheffer un dessin de la figure. — Les Polonais portent le cercueil de la maison au catafalque. — Funérailles officielles (22 mai). — Le convoi va à l'église de l'Assomption, et de là au cimetière de Picpus. — Déploiement de troupes et de gardes nationaux. — Le maréchal Lobau conduit 3.000 gardes nationaux, en uniforme, mais sans fusil. — Vaine tentative d'émeute place Vendôme. — Grande affluence de curieux, mais abstention du peuple. — Chateaubriand assiste au défilé. — Inhumation au cimetière de Picpus, près de sa femme. — Jugement d'Armand Carrel sur le caractère officiel des obsèques. — Opinion de Guizot. — Emotion considérable produite en France. — On publie des biographies, des portraits. Caricature de Daumier. — Image populaire représentant la mort. — Deuil national aux Etats-Unis. — Décision du Congrès américain à cet effet (24 juin 1834). — Discours de John-Quincy Adams devant le Congrès (31 décembre 1834). — Eloge de La Fayette par Edward Everett (6 septembre 1834). — Douleur des peuples opprimés. — Réflexion de la princesse de Metternich. — Publication des Mémoires et de la Correspondance de La Fayette par son fils (1837). — Célébration de l'anniversaire de la déclaration de l'indépendance des Etats-Unis (1876). — Statues élevées à New-York et à Washington. — Erection d'une statue de La Fayette au Puy (6 septembre 1883).

 

La Fayette avait définitivement rompu avec le gouvernement. Il ne conserva de relations avec les ministres que pour protester en faveur des opprimés. C'est ainsi qu'en apprenant l'ordre d'expulsion signifié au comte Ostrowsld, il demanda, le 5 juillet 1832, au ministre de l'intérieur, Montalivet, la permission d'emmener ce proscrit à La Grange. Rentré dans sa propriété, le 11 juillet, il écrivit, lei à à un ami, une lettre où il rappela que, dans le cours de sa longue carrière, il avait vu ses idées, d'abord traitées de chimères, devenir des réalités. Il déclara que Louis-Philippe ne lui avait aucune obligation : Loin d'aider, dit-il, son père à se faire roi, j'avais causé sa sortie de France. Il célébra à Rozoy les fêtes anniversaires des journées de juillet, et il se borna à annoncer aux gardes nationaux que la cocarde tricolore avait débarqué en Portugal sur la tête de son petit-fils Lasteyrie. Le 30 septembre, son amour-propre d'agriculteur fut agréablement flatté, car ses bestiaux furent primés quatre fois au concours agricole de Rozoy.

Le 19 novembre 1832, La Fayette vint assister à l'ouverture de la Chambre, qui fut marquée par un coup de pistolet tiré sur le roi pendant que celui-ci se rendait à la séance. Le général considéra que c'était une jonglerie, un attentat simulé par la police, et il s'abstint d'aller porter ses condoléances aux Tuileries[1]. Le 30 novembre, il applaudit à un discours prononcé par Odilon Barrot, pendant la discussion de l'adresse, à l'occasion de la révolte de la Vendée. Le même jour, il écrivait à ce sujet :

Il est moins républicain que moi et plus confiant dans la possibilité de marcher avec nos données actuelles ; mais s'il était président du Conseil et maître de ses choix, nous aurions à peu près toutes les institutions que nous avons crues possibles à l'époque de juillet. J'irai aujourd'hui à sa soirée, quoique je ne sorte guère après dîner.

 

Le 3 décembre 1832, La Fayette soutint un amendement de son collègue Bignon en faveur de la nation polonaise. Le 7, il annonçait le commencement du siège d'Anvers. L'année 1833 le trouva toujours aussi actif et encore plus ancré dans son opposition. Le 15 janvier, il parla sur la loi d'organisation départementale et déclara qu'au lieu de rétrograder, nous devrions avancer dans le système national. Ce mot rétrograde offusqua le ministère, mais La Fayette répéta, le lendemain, qu'on était en marche rétrograde vers la restauration, ou du moins vers son système. Le 23 janvier, il prit part à la discussion sur le projet de loi tendant à accorder une pension aux vainqueurs de la Bastille. Les adversaires de cette proposition déclaraient, par la bouche de Gaëtan de la Rochefoucauld : Ce n'est pas la prise de la Bastille qui a fait la Révolution ; c'est elle, au contraire, qui, en la détournant de sa marche naturelle, l'a précipitée dans tous les excès de l'anarchie. La Fayette remplit un devoir en montant à la tribune pour défendre la révolution de juillet et ce fameux 14 juillet, qui fut le signal de la révolution européenne[2]. Dans un discours resté célèbre. le vieux patriote de 1789 fit un récit de cette mémorable journée, et termina par cette péroraison :

De même que le 4 juillet 1776 a été l'ère américaine de la liberté du monde, c'est-à-dire d'une liberté fondée sur la simple doctrine des droits naturels et sociaux, de même la prise de la Bastille a été reconnue de tout temps comme le signal de l'émancipation européenne, seulement retardée par beaucoup d'obstacles, mais que rien n'empêchera de s'accomplir.

 

Cette affirmation d'un survivant de la grande époque produisit une profonde impression sur l'Assemblée. La Fayette, continuant son rôle de défenseur des opprimés, parla, le 26 février 1833, en faveur des condamnés politiques, et, le 11 mars, il protesta avec indignation contre l'arrestation du patriote polonais Joachim Lelewell, opérée à La Grange, malgré les promesses du gouvernement. Le 15 mars, il exprima au président Jackson son contentement d'apprendre que les bruits de séparation entre les États étaient complètement dissipés[3]. Le 30, il combattit la prolongation de la loi d'exception contre les réfugiés politiques, et montra que, si on n'avait pas eu la faiblesse de voter cette loi, le gouvernement n'aurait pas osé présenter contre les nationaux la loi qui est devant l'autre Chambre, et il ajoutait :

Alors celui de vos collègues qui, deux ans avant la Révolution, avait demandé, dans une assemblée de notables, l'abolition des lettres de cachet et des tribunaux d'exception, n'aurait pas eu le chagrin de voir un pouvoir, sorti des barricades, sorti de la révolution de Juillet, venir présenter au peuple français, son souverain et son bienfaiteur, un projet de loi qui ramènerait parmi nous les lettres de cachet et les tribunaux exceptionnels.

 

Le 8 avril 1833, on proposa de traduire à la barre de l'Assemblée le gérant du journal la Tribune, pour un article accusant de vénalité un député ; La Fayette s'y opposa, au nom de la liberté, qu'il avait défendue à toutes les époques aussi bien contre ses amis que contre ses adversaires. Le 22 avril, il plaida de nouveau la cause des vainqueurs de la Bastille, et loua la conduite des gardes françaises, qui comptèrent l'illustre général Hoche dans leurs rangs. A cette même époque il assista au procès intenté à Cabet, qu'il eut le plaisir de voir acquitter[4]. Le 3 mai, il écrivit une longue lettre à son amie, la princesse Christine de Belgiojoso, qui se trouvait alors à Tours. Il raillait le gouvernement de l'interdiction d'un bal démocratique à Paris et d'un banquet de la presse à Lyon. Il est défendu à Lyon, disait-il, de chanter la Marseillaise, que Louis-Philippe chantait si bien, ce qui ressemblerait à une jalousie de virtuose. Il annonçait qu'il s'occupait de cours gratuits pour les ouvriers, et faisait partie d'un comité dont Dupont de l'Eure était président. Il se félicitait de la loi d'instruction primaire, imparfaite sans doute, mais meilleure que les précédentes[5].

Le 27 mai 1833, La Fayette présida, au bois de Vincennes, un banquet donné par les républicains allemands de Paris, pendant qu'une manifestation libérale avait lieu au château de Hambach, dans la Bavière rhénane. Le gouvernement autrichien s'émut de cette union entre les démocrates de l'Allemagne et Ceux de la France, et, le 6 juin 1833, le prince de Metternich écrivait au comte Apponyi, ambassadeur à Paris :

Le banquet allemand, présidé par le héros des deux mondes, est digne d'attention. Je crois que la connivence avec les factieux allemands et l'existence à Paris du point central de toutes les révolutions n'a également plus besoin de démonstrations. La propagande n'a jamais avoué d'une manière plus impudente ses plans et ses espérances[6].

 

Le 12 juin, Le Fayette assista à un grand dîner breton et y prononça un discours, dans lequel il rappela la belle conduite des Bretons à l'Assemblée constituante, vanta Lanjuinais et Kervelegan d'avoir défendu la vraie liberté républicaine avec un courage qui arracha l'admiration même de leurs persécuteurs, et termina par ce toast : Au patriotisme breton de 1789 et de 1830 ! A la France et à l'émancipation européenne ! Le 13 juin, il demanda à la Chambre de sanctionner le traité conclu, le 4 juillet 1831, avec les États-Unis, la seule nation qui, en 1814 et 1815 ne se soit pas réunie à nos ennemis ; il affirma que l'union de notre marine avec la marine américaine était le meilleur moyen de nous garantir la liberté des mers, et il déclara considérer comme un honneur la qualification de bon américain, qui ne faisait pas de lui un mauvais français. Le 11 juillet, il écrivait à un ami :

Vous croyez que le roi Louis-Philippe m'a beaucoup plus d'obligation qu'il n'en a réellement ; je ne me suis pas opposé à l'opinion générale et à celle de la Chambre des députés, tandis que moi seul à peu près dans cette Chambre je voulais un Congrès national. Quant à ce qui a été fait, la France y a donné son assentiment, et j'avoue que, pour le moment, il n'y avait guère autre chose à faire. Nous avons beaucoup gagné à la révolution de Juillet, quoi qu'on en dise ; mais le roi, en manquant à ses engagements, et les doctrinaires et autres membres du juste milieu, en voulant remonter vers les principes de la Restauration, .ont arrêté les progrès de la France et de l'Europe, dont l'opinion se forme tous les jours et finira par triompher[7].

 

La Fayette observait avec soin les événements qui s'accomplissaient tant en France qu'à l'étranger. Il parlait avec ironie de l'amende honorable du gouvernement au pied de la statue de Napoléon, et se réjouissait de la défaite de don Miguel, qu'il considérait comme un véritable profit pour la cause de l'humanité[8]. Rentré à La Grange, il remercia, le 27 avril 1833, Lucien Bonaparte de l'envoi de son ouvrage sur les vases étrusques, et il l'assura que la rentrée de sa famille en France devait être la conséquence logique de l'apothéose officielle de Napoléon. Le 29, il constatait que les attaques lui venaient à la fois des gouvernementaux et des républicains, et il disait : Cette position entre les deux sortes d'hostilités a été la mienne depuis 89, et je n'en suis pas fâché. En effet, rien ne pouvait altérer sa sérénité d'esprit, et il pouvait justement écrire : Mon caractère fut toujours à l'espérance ; elle est loin de m'abandonner dans la crise actuelle[9].

La Fayette passa tout l'été dans son château de La Grange, au milieu des objets d'art, des tableaux, des portraits, des souvenirs de toute sorte, qu'il tenait de l'admiration et de l'affection de ses contemporains[10]. La session le rappela à Paris ; il inaugura l'année 1834 en prenant part, le 3 janvier, à la discussion de l'adresse. Il affirma une fois de plus que, sous le charme de nos couleurs nationales, à l'aide d'un changement dynastique et d'un déplacement de l'aristocratie, l'on marche dans des voies rétrogrades et vers le système de cette restauration que le souffle de la grande semaine du peuple avait fait disparaître. Il s'éleva contre l'abandon de la Pologne, que la Chambre, de concert avec le roi, a déclaré sur l'honneur ne devoir pas périr. Il déclara que depuis trois ans et demi on n'avait pas fait ce qu'il fallait pour remplir les intentions, les espérances et les engagements de la révolution de Juillet. Il réclama le droit d'association et fit cette belle profession de foi :

D'abord, je crois que toutes les opinions sont libres, et, plus on en permet la manifestation, moins elles ont d'inconvénients. Mais il faudrait, avant tout, rendre justice à la portion de la population qui, jusqu'à présent, n'est pour rien dans le droit commun de la législation, à la portion qui souffre ; et, lorsque vous aurez pourvu aux intérêts matériels, je crois que la tranquillité sera beaucoup plus assurée que par l'espionnage et surtout par des provocations.

Messieurs, le vrai républicanisme est la souveraineté du peuple ; ce sont les droits naturels et imprescriptibles qu'une nation entière n'aurait pas le droit de violer, de même que la souveraineté nationale est supérieure à toutes les combinaisons secondaires du gouvernement, comme elle doit être toujours vivante et ne jamais être reléguée aux archives.

Puis il termina ce remarquable discours en démentant le propos qu'on lui avait attribué, le 9 août 1830 : la meilleure république, c'est la nôtre.

Non, Messieurs, il ne convenait pas à un homme, qui s'est déclaré, même à cette époque, disciple de l'école américaine, à l'ami, à l'associé — qu'il me soit permis de parler ainsi — des Washington, des Franklin, des Jefferson, de dire que la combinaison que nous faisions, qu'alors nous avons cru être dans l'intérêt et dans le vœu de la nation, fût la meilleure des républiques.

 

La Fayette était alors conquis à cette idée républicaine, qu'à deux reprises, en 1792 et en 1830, il avait repoussée. Les républicains allaient désormais l'avoir pour chef. Il était trop tard. Le discours du 3 janvier 1834 devait être le testament politique du héros des deux mondes. En effet, La Fayette ne reparut qu'une fois à la tribune, le 26 janvier, pour appuyer des pétitions relatives aux réfugiés polonais. La veille, une interruption avait créé un incident entre le député de l'Eure Dulong et le général Bugeaud ; malgré les efforts des témoins, l'affaire ne put s'arranger. Un duel au pistolet eut lieu le 29 janvier, et Dulong, frappé par une balle au dessus du sourcil gauche, succomba. le lendemain, à sa blessure. Georges La Fayette avait été un des témoins de Dulong ; le père et le fils éprouvèrent un chagrin d'autant plus vif qu'ils savaient quels liens intimes attachaient le défunt à leur ami Dupont de l'Eure. La Fayette, qui était allé voir le blessé, écrivit, le 30 janvier, à Dupont de l'Eure pour le consoler. Désigné par le sort pour faire partie de la délégation de la Chambre qui devait assister aux obsèques. il remplit à la fois son devoir de député et sa tâche d'ami. Le samedi 1er février 1834, il suivit à pied le convoi de son malheureux collègue, de la rue de Castiglione, où demeurait Dulong. au cimetière du Père-Lachaise. Cette longue course le fatigua ; il dut s'arrêter un temps assez long pour écouter les discours officiels. Il se refroidit et, ressentant un malaise, il rentra chez lui. Il lui fallut s'aliter ; son médecin Guersent et son chirurgien Jules Cloquet lui prodiguèrent leurs soins ; ses enfants vinrent s'installer à son chevet, et son amie la princesse Belgiojoso le visitait souvent. La robuste constitution de La Fayette sembla d'abord avoir raison du mal. Lui-même ne doutait pas de sa guérison, et, le 14 avril 1834, il écrivait à Fenimore Cooper :

Vous avez peut-être su qu'après avoir assisté au convoi solennel de mon collègue et ami M. Dulong, victime d'un duel politique, et reçu, dans cette douloureuse circonstance beaucoup de témoignages d'affection populaire, je suis depuis plus de deux mois obligé de garder la chambre et le lit, et ne puis espérer ma guérison avant deux ou trois semaines, quoique je ne doute pas d'obtenir mon parfait rétablissement.

 

En effet, La Fayette conservait toutes ses facultés ; il lisait les Mémoires de Gouverneur Morris, s'intéressait à l'insurrection de Lyon, et songeait avec mélancolie aux lois illibérales préparées par le gouvernement. Le 1er mai, il écrivit à Murray, président de la Société d'émancipation des noirs, à Glascow, et applaudit aux mesures prises par le Parlement anglais pour l'émancipation des esclaves. C'était un des rêves de sa jeunesse qui peu à peu entrait dans le domaine de la réalité, et La Fayette pouvait revendiquer pour la France et pour lui-même l'honneur d'avoir montré la voie. Ce fut la suprême manifestation de cet illustre amant de la liberté.

Le malade s'énervait de sa longue inaction ; il obtint enfin la permission de sortir en voiture, le 9 mai. Cette promenade lui fut fatale ; il reprit froid, et dès lors son état s'aggrava. Les médecins ne tardèrent pas à s'apercevoir de leur impuissance à combattre le mal. Jules Cloquet et Guersent appelèrent en consultation les Drs Marjolin, Andral et Fouquier[11] ; des bulletins furent rédigés et le National, qui était en quelque sorte le journal officiel de La Fayette, les insérait. Le public était attentif à cette agonie. On sentait qu'une des gloires nationales allait disparaître. Une même émotion remplissait le cœur des amis et des adversaires du mourant. Le président de la Chambre, Dupin aîné, fit prendre des nouvelles, le 19 mai, et Georges La Fayette remercia par une lettre, où il signalait une légère amélioration dans l'état de son père[12]. En effet, le bulletin, publié dans le National du 20 mai, indiquait que la respiration était devenue plus facile et la toux moins fréquente[13]. C'était l'accalmie qui précède ordinairement la fin des vieillards. D'ailleurs, en haut lieu on connaissait la vérité. L'amiral de Rigny, ministre des affaires étrangères, écrivait, le 19 mai 1834, à Talleyrand M. de La Fayette s'en va mourant ce soir, demain ou après au plus tard[14]. En effet, le 20 mai 1834, sur les quatre heures du matin, La Fayette, plongé dans une sorte de coma, sembla se réveiller et chercher quelque chose sur sa poitrine. Son fils lui mit dans la main le médaillon qu'il portait constamment à son cou et qui contenait le portrait et des cheveux de sa femme. Le mourant porta cette relique à ses lèvres et retomba dans sa torpeur[15]. Ainsi sa dernière pensée avait été pour la compagne de sa vie, et c'était justice. A quatre heures et demie, La Fayette expira doucement, entouré de tous les siens, à l'âge de soixante-seize ans. L'acte de décès fut dressé à la mairie du Ier arrondissement de Paris, sur la déclaration de deux amis intimes du défunt, le député Victor de Tracy et le maréchal de camp Carbonel[16].

La nouvelle de la mort de La Fayette se répandit et causa une émotion profonde. A la séance de la Chambre, du 20 mai 1834, après la lecture du procès-verbal, le président Dupin annonça la perte que la France venait de faire. Selon l'usage. on tira au sort la délégation de douze membres chargée de représenter la Chambre aux obsèques[17]. Georges La Fayette ayant fait part officiellement de la mort de son père, le président répondit :

Le nom du général La Fayette demeurera célèbre dans notre histoire ; elle le comptera parmi les principaux fondateurs de la monarchie constitutionnelle, qu'il a saluée, avec nous, de ses acclamations et de ses vœux[18].

 

Le Moniteur du 21 mai consacra son premier article à La Fayette :

Ce qui distinguait éminemment M. le général La Fayette, c'était un calme parfait, un courage à l'épreuve, une constance inébranlable. Son esprit était fin, lucide, parfaitement cultivé, son langage plein de mesure et de grâce. Sa mort prive la France d'une grande illustration et fait un vide considérable dans les rangs déjà si éclaircis des premiers fondateurs de nos institutions. Tous les dissentiments politiques se tairont aujourd'hui, et sans doute les partis honoreront en paix et en silence la mort de l'illustre général La Fayette.

 

C'était là l'éloge officiel ; le National parla au nom des amis du défunt. Armand Carrel, dans un éloquent article, compara la destinée de La Fayette à celle de Napoléon. Il déplorait le malheur des temps, qui empêchait la France de faire à l'un et à l'autre des funérailles dignes d'eux. Il s'écriait :

La Fayette et Napoléon, les deux plus grandes renommées françaises de ce siècle, ont trouvé la mort l'un ut l'autre dans des jours où cette France, qu'ils avaient affranchie et glorifiée, pliait sous le poids des déconvenues et était forcée, par le malheur des temps, d'enfermer sa douleur en elle-même. Nous laissons passer le deuil officiel de La Fayette comme la réintégration de la statue de Napoléon sur la colonne impériale. La France a d'autres pensées ; elle a des pompes plus dignes de ses héros et de ses grands citoyens[19].

 

Armand Carrel avait raison de parler de deuil officiel. Le gouvernement se rappelant des désordres amenés par les funérailles des généraux Foy et Lamarque, et voulant en éviter le retour, régla officiellement la cérémonie des obsèques par une note insérée au Moniteur. Le jour était fixé au jeudi 22 mai. Le convoi devait partir à neuf heures du matin de la maison mortuaire de la rue d'Anjou-Saint-Honoré, pour se rendre à l'église de l'Assomption, puis de là au cimetière Picpus par la place Vendôme, la rue de la Paix, les boulevards jusqu'à la place de la Bastille et le faubourg Saint-Antoine jusqu'à la rue de Picpus. Un grand déploiement de troupes devait maintenir l'ordre, et tous les corps de l'État étaient conviés aux obsèques[20]. Ces mesures n'empêchaient pas les manifestations organisées par les citoyens des États-Unis, présents à Paris[21], les Polonais et les électeurs de l'arrondissement de Meaux[22]. Pendant ce temps-là David d'Angers prenait une empreinte en plâtre des traits de l'illustre défunt, Ary Scheffer dessinait sa figure et Gudin faisait un croquis de la chambre mortuaire[23].

Le 22 mai 1834, les obsèques furent célébrées selon le programme officiel ; quinze Polonais, conduits par le général Dwernicky, portèrent le cercueil, de la chambre mortuaire au catafalque[24]. Des corps de troupe précédaient le char funèbre ; les cordons du poêle étaient tenus par les députés Jacques Laffitte, Eusèbe Salverte et Odilon Barrot, pour la Chambre ; par Eugène Laffitte. pour la garde nationale ; par le général Fabvier, pour l'armée ; par M. Baston, pour les Etats-Unis ; par le général Ostrowski, pour la Pologne, et par un électeur de l'arrondissement de Meaux[25]. La famille, les membres des deux Chambres, les grands officiers civils et militaires suivaient, encadrés par des troupes de ligne. Le maréchal Lobau conduisait trois mille gardes nationaux, en uniforme et sans fusil. Un seul incident se produisit, place Vendôme, où une centaine de jeunes gens, groupés derrière l'un d'eux portant un drapeau, voulurent rompre le cortège, mais furent repoussés. Partout la foule regardait silencieusement passer ce grand mort. Chateaubriand était parmi les curieux et il nous a transmis ses impressions :

J'étais dans la foule, à l'entrée de la rue Grange-Batelière, quand le convoi de M. de La Fayette défila : au haut de la montée du boulevard, le corbillard s'arrêta ; je le vis, tout doré d'un rayon fugitif de soleil, briller au-dessus des casques et des armes : puis l'ombre revint et il disparut[26].

 

Le convoi arriva au cimetière de Picpus. Les seuls membres de la famille y pénétrèrent. La Fayette avait voulu reposer dans ce petit cimetière, où on avait enseveli une partie des victimes de la Révolution et où sa femme l'attendait depuis vingt-sept ans. On couvrit sa tombe de terre qu'il avait rapportée d'Amérique. A trois heures et demie la cérémonie était terminée et le gouvernement pouvait se féliciter d'avoir enterré son plus dangereux adversaire, sans émeute, ni manifestation hostile.

Ainsi disparut un des personnages les plus considérables de son temps. Le peuple le pleura[27], mais ne prit pas part à ses funérailles. Le déploiement des troupes et le souvenir de la sanglante répression de l'année précédente avaient retenu la population ouvrière des faubourgs. Armand Carrel traduisit le sentiment populaire en écrivant dans le National du 23 mai 1834 :

Pour approcher du cercueil de La Fayette, il eût fallu livrer une bataille rangée ; on ne l'a pas tentée, et certes l'ombre de La Fayette s'en fût indignée. L'ami véritable du peuple de Paris en était séparé par les baïonnettes et les sabres du soi-disant ordre public.

 

Le caricaturiste Honoré Daumier fit un dessin représentant Louis-Philippe se frottant les mains en regardant passer le convoi funèbre de La Fayette et disant : Enfoncé Lafayette !... Attrape, mon vieux ![28]

Les gouvernementaux, de leur côté, considéraient ces obsèques comme un hommage rendu à une illustration française, et Guizot a pu écrire qu'au cimetière la religion et les souvenirs intimes de l'âme étaient seuls présents ; la politique n'eut point de place auprès du lit de mort ni du tombeau de l'homme dont elle avait rempli et dominé la vie[29].

L'émotion fut considérable en France et aux Etats-Unis. Les bâtiments américains, amarrés dans les bassins du Havre, mirent leur pavillon en berne[30]. Dans tout le pays, on rédigea des adresses à Georges La Fayette et on fit des cérémonies funèbres[31]. De nombreuses biographies, des portraits, des estampes populaires témoignèrent de la célébrité du grand citoyen qui venait de disparaître. On répandit à cent mille exemplaires la Vie de La Fayette avant, pendant et après la Révolution de juillet 1830[32]. On imprima à Belfort une image populaire représentant la mort de La Fayette, au bas de laquelle se trouvait une biographie du héros, et cette composition enfantine, grossièrement enluminée, alla orner les chaumières des paysans[33].

Aux Etats-Unis, ce fut un deuil national. La Fayette avait eu soin de se tenir constamment en dehors des partis et il avait conservé ainsi intacte sa popularité. On était encore sous l'impression de l'apothéose de 1824 et de 1825. Le 24 juin 1834, le Sénat et la Chambre des Etats-Unis, assemblés en Congrès, prirent une délibération exprimant leurs regrets de la mort du général La Fayette, l'ami des Etats-Unis, l'ami de Washington, l'ami de la liberté, et portant qu'une lettre de condoléance serait écrite à George-Washington La Fayette, que les membres des deux Chambres porteraient un signe extérieur de deuil pendant trente jours, que le peuple serait invité à faire de même, que les salles de délibération seraient tendues de noir pendant la session, et que M. John-Quincy Adams prononcerait un discours sur la vie et le caractère du général La Fayette. Le mercredi 31 décembre 1834. John-Quincy Adams s'acquitta de sa tâche devant le Congrès avec une éloquence et une élévation de pensée dignes du sujet, et les deux Chambres votèrent l'impression de son discours à soixante mille exemplaires[34].

Edward Everett avait, le 6 septembre 1834, prononcé, sur la demande de la jeunesse de Boston, un éloge de La Fayette[35], dont il avait résumé la vie en ces mots : L'amour de la liberté protégé par la loiThe love of Liberty protected by Law.

En Europe, tous les peuples opprimés pleurèrent leur infatigable défenseur, mais les oppresseurs ne dissimulèrent pas leur contentement de cette mort d'un adversaire aussi redoutable qu'irréductible. A Vienne, la princesse Mélanie de Metternich, troisième femme du chancelier de l'empire d'Autriche, s'étonna de l'éloge du général qui avait paru dans le Moniteur. On lit, en effet, dans son Journal, à la date du 28 mai 1834 :

La Fayette est mort, trop tard pour le monde. Je vois avec peine que le Moniteur fait son éloge, bien que je sois habituée aux faiblesses de tout genre que commet le gouvernement actuel[36].

 

Le fils unique du général, son fidèle compagnon dans ses luttes politiques, Georges La Fayette[37], s'occupa de recueillir pieusement les écrits et les correspondances de son père[38]. En 1837, il en fit l'objet d'une publication, qui comprend six volumes et qui est un véritable monument historique élevé à la mémoire du grand citoyen. On avait eu, dans le premier moment de la douleur, le projet d'élever une statue à La Fayette[39], mais les temps n'étaient pas propices. Tant que dura le gouvernement de Juillet, il ne fallait pas songer à rendre un hommage public à un homme dont le souvenir seul était un encouragement pour le parti républicain. La République de 1848 fut trop éphémère et le régime impérial n'avait pas plus de goût que les monarchies précédentes pour un tel révolutionnaire. C'est à la troisième République qu'il appartenait d'honorer un des promoteurs de la Révolution de 1789. Le centenaire de la déclaration de l'Indépendance des Etats-Unis fournit l'occasion de cet acte de justice. Les Américains élevèrent des statues à La Fayette dans plusieurs villes, notamment à New-York et à Washington ; la République française érigea, le 6 septembre 1883, au Puy, une statue au glorieux enfant de l'Auvergne[40], et, par la voix du ministre de l'intérieur, M. Waldeck-Rousseau, rendit un solennel hommage à l'ami de Washington et au patriote de 1789.

 

 

 



[1] Cf. lettre de La Fayette en date du 19 novembre 1832.

[2] Cf. J. Flammermont, La journée du 14 juillet 1789 ; Paris, 1892, in-8°.

[3] La Fayette avait, auparavant, écrit une lettre dans laquelle il suppliait ceux qui formaient des projets de séparation d'attendre le temps peu éloigné où les derniers survivants de la guerre de l'indépendance auraient disparu. Cette lettre avait été publiée par les journaux américains et avait peut-être contribué à faire échouer une tentative séparatiste, qui malheureusement se renouvela plus tard et donna lieu à la fameuse guerre de sécession.

[4] On lit à ce sujet dans une lettre adressée par La Fayette, le 21 avril 1833, à Sarrans, et qui m'est communiquée par M. Noël Charavay : Vous aurez vu que mon collègue Cabet avait renoncé à ses citations. Nous étions beaucoup de députés et moi à son procès. L'acquittement a été un coup fâcheux pour les Tuileries. Croiriez-vous que, malgré une ancienne lettre de moi qui le détrompait, Cabet a répété, dans son pamphlet distribué aux députés, son rêve de programme rédigé par les vainqueurs à l'Hôtel de Ville pour être présenté par moi au duc d'Orléans, tandis que dans la même page il publie le véritable programme, ce que j'ai du moins appelé de ce nom, ma conversation avec le nouveau lieutenant général et ses réponses !

[5] Cf. aux Pièces justificatives, n° XXXIV, le texte de cette lettre, d'après l'original faisant partie de la collection de M. Alfred Morrison. Un fragment en avait été publié, dans les Mémoires de La Fayette, sous la date erronée du 2 mai 1833.

[6] Cf. Mémoires, documents et écrits divers laissés par le prince de Metternich, t. V. p. 286.

[7] Cf. le National du 10 juin 1834.

[8] Cf. lettre de La Fayette, en date de Paris, 2 août 1833.

[9] Cf. lettre de La Fayette, en date du 2 août 1833.

[10] Cf. la description du château de La Grange donnée par le Dr Jules Cloquet dans ses Souvenirs sur la vie privée du général La Fayette.

[11] Cf. Jules Cloquet, p. 293 à 295.

[12] A la séance du 19 mai 1834. Dupin aîné prononça ces paroles : J'espère aussi que la Chambre, selon le désir exprimé par plusieurs de ses membres, approuvera la démarche que j'ai faite pour demander des nouvelles de notre illustre collègue, M. le général La Fayette. (Cf. Moniteur des 19 et 20 mai 1834, p. 1295 et 1299.)

[13] Voici le texte du bulletin de santé de La Fayette, publié par le National du 20 mai 1834 :

L'état du général La Fayette s'est un peu amélioré depuis hier : sa respiration surtout est devenue plus facile. L'accès d'aujourd'hui s'annonce comme devant être moins grand.

Le 19 mai 1834, à 10 heures du matin.

MARJOLIN, ANDRAL, GUERSENT, FOUQUIER, JULES CLOQUET, NICOLAS, GIROU.

[14] Cf. Mémoires de Talleyrand, t. V, p. 403.

[15] Cf. Mémoires de Guizot, I. III, p. 277 à 279.

[16] Cf. le texte de l'acte de décès aux Pièces justificatives, n° XXXV.

[17] Voici les noms de ces douze députés : le général Subervie, le général Bachelu, le général Bertrand, le baron Charles Dupin, Jousselin, Charles Giraud, Duséré, Drault, Bérenger, de Vauguyon, le baron de Richemont et Charles de Rémusat. (Cf. Moniteur du 21 mai 1834, p. 1314.)

[18] Cf. Moniteur du 21 mai 1834, p. 1319. — François Delessert avait demandé que le président écrive à la famille de La Fayette, au nom de la Chambre (p. 1314).

[19] Cf. le texte de cet article aux Pièces justificatives, n° XXXVI.

[20] Cf. Moniteur du 22 mai 1834.

[21] Le National du 21 mai insérait cette note : Les citoyens des Etats-Unis, qui se trouvent à Paris, sont prévenus que les Américains se réuniront demain mercredi, à midi précis, à la légation des Etats d'Amérique, rue Chantereine, n° 24, à l'occasion de la mort de l'illustre La Fayette.

[22] Cf. le National du 22 mai 1834.

[23] Cf. Jules Cloquet, p. 301.

[24] Cf. le National du 24 mai 1834.

[25] Cf. le National des 23 et 24 mai 1834, et Jules Coquet, p. 303.

[26] Cf. Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. XI, p. 371.

[27] On lit dans le National du 21 mai 1834 : Nos bureaux sont à chaque instant visités par des citoyens appartenant à toutes les conditions, et qui viennent moins se confirmer dans la fatale nouvelle, que nous conjurer de leur donner une dernière espérance.

[28] Ce dessin fut publié dans la Lithographie universelle de mai 1834.

[29] Cf. Mémoires de Guizot, t. III, p. 279.

[30] Cf. Moniteur du 26 mai 1834.

[31] Le National du 31 mai 1834 signale une adresse des habitants de Brioude et celui du 4 juin une cérémonie funèbre, célébrée à Périgueux.

[32] Voici, d'après la Bio-Bibliograhie d'Œttinger, quelques-unes de ces publications populaires : Vie du général La Fayette, sa conduite privée depuis l'insurrection américaine jusques et compris la révolution de 1830 ; Paris, 1834, — Notice historique sur le général La Fayette, mort à Paris : Lyon, 1834, in-8°. — Vie du général La Fayette : Lyon, 1834, in-fol. — Vie de La Fayette : Nantes. 1834, in-8°. — Mort du général La Fayette et notice sur sa vie ; Rouen, 1834, in-8°.

[33] Je possède un exemplaire de cette image coloriée. La biographie a été écrite dans le sens gouvernemental, et c'est à titre de document que je l'ai reproduite aux Pièces justificatives, n° XXXVII.

[34] Ce discours fut publié sous ce titre : John-Quincy Adams. Oration on the lift and character of G. Motier de Lafayette ; Washington, 1834, in-8°. — La vie de La Fayette fut d'ailleurs en Amérique l'objet de plusieurs publications populaires. La Bio-Bibliographie d'Œttinger indique les suivantes : E. Mack, Life of G. Motier de Lafayette, general and friend of Washington, the champion of american independence ; Ithaka, 1841, in-12. — Pictoral life of general Lafayette ; Philadelphie, 1847, in-12. — William Cutter, Life of general Lafayette ; New-York, 1849. — Headley, Life of Lafayette, marquis of France and general in the United States army ; Auburn, 1851, in-12.

[35] Cf. Euloge on Lafayette, dans les Orations and speeches on various occasions by Edward Everett, p. 459 à 524.

[36] Cf. Mémoires de Metternich. t. V, p. 575.

[37] On lui avait remis, le 7 août 1835, le vase en vermeil, destiné à son père, et qui avait été exécuté par l'orfèvre Fauconnier, à la suite d'une souscription ouverte en août 1830 entre les gardes nationales de Paris et celles des départements. Ce vase appartient actuellement à M. de Sahune-Lafayette.

[38] La Fayette avait eu quatre enfants : 1° Adrienne-Henriette-Catherine-Charlotte, née à Paris le 15 décembre 1775, morte à Paris le 3 octobre 1777 ; — 2° Anastasie-Louise-Pauline, née à Paris le 1er juillet 1777, mariée à Witmold (Allemagne), le 9 mai 1798, avec le comte Charles de La Tour-Maubourg, morte à Turin le 24 février 1803 ; — 3° Georges-Louis-Gilbert, né à Paris le 24 décembre 1779, filleul de Washington, marié à Auteuil, le 18 prairial an X  (7 juin 1802), avec Françoise-Emilie Destutt de Tracy, mort à Paris le 10 décembre 1840 : — 4° Antoinette-Marie-Virginie, née à Paris le 17 septembre 1782, mariée à Paris, le 20 avril 1803, avec le comte Louis de Lasteyrie du Saillant, morte à Bourbon-l'Archambault le 21 juillet 1849.

Georges La Fayette eut trois filles et deux fils : 1° Natalie-Renée-Emilie, née à Auteuil le 2 prairial an XI (22 mai 1803), mariée à Paris, le 9 janvier 1828, à Adolphe-Joseph-Scipion Perier, neveu de Casimir-Perier, morte le 16 mai 1838 ; — 2° Charlotte-Marguerite, née à Paris le 17 floréal an XIII (7 mai 1805). mariée, le 12 janvier 1832, à Maurice-Poivre Bureaux de Pusy, préfet de Vaucluse, morte à Paris en avril 1886 ; — 3° Adrienne-Clémentine, mariée, en 1836, à Gustave de Beaumont, membre de l'Institut ; — 4° Oscar-Thomas-Gilbert, né à Paris le 20 août 1815, représentant du peuple en 1848, sénateur inamovible en 1875, mort à Paris le 26 mars 1881 ; — 5° Edmond-François, né à La Grange-Bléneau (Seine-et-Marne), le 11 juillet 1818, représentant du peuple en 1848, sénateur de la Haute-Loire en 1876, mort à Paris le 11 décembre 1890.

Oscar et Edmond de La Fayette étant morts sans enfants, la descendance masculine du général est éteinte.

[39] Le National du 22 mai 1834 enregistrait la souscription de quatre gardes nationaux au futur monument de La Fayette.

[40] Cf. La Fayette, sa statue au Puy-en-Velay : Le Puy, Marchessou, 1884, in-8°.