LA FRONTIÈRE DE L'EUPHRATE DE POMPÉE À LA CONQUÊTE ARABE

TROISIÈME PARTIE — L’OCCUPATION TERRITORIALE

 

CHAPITRE VI — L’EUPHRATE SUPÉRIEUR ET LA PETITE-ARMÉNIE.

 

 

On pouvait encore, d’Antioche, pénétrer en Arménie, mais il y avait un deuxième moyen d’accès vers ces pays, par le nord ; et c’est des régions nord que nous allons désormais nous occuper. L’étude que nous en avons à faire se réduira à peu de chose en dehors de ce qu’on appelait la Petite-Arménie, c’est-à-dire le territoire situé à l’ouest de l’Euphrate supérieur — j’entends le bras le plus septentrional — et qui en somme, conformément à son nom, dépend bien moins du Taurus d’Anatolie que du Taurus arménien. C’est là tout ce que les Romains, durant deux siècles et demi, ont possédé sous le nom d’Arménie. Le présent chapitre, on va le voir, est le plus ingrat de tout cet ouvrage : il ne repose guère que sur un dépouillement des géographes anciens et des routiers, ainsi que de la Notitia. Les historiens n’ont eu rien à dire de localités que la guerre épargna presque toujours ; par contre, les démolisseurs modernes semblent y avoir été plus acharnés.

La jonction entre la Syrie et l’Armenia Minor s’opérait dans cet angle intermédiaire que dessine le fleuve, entre Samosate et Mélitène. Cette dernière ville, également distante — et fort distante — d’Antioche et de Trébizonde, occupait donc une position de premier ordre ; le canton géographique dont elle faisait partie rappelait plutôt la Commagène que la Cappadoce toute voisine, celle-ci plus chaude et beaucoup moins boisée[1]. En partant de Samosate, on avait le choix entre deux routes : l’une suivait à peu près, avec beaucoup de peine, les zigzags du fleuve : l’autre, après un détour vers l’ouest, coupait à travers les terres.

La première nous est connue par la Table de Peutinger (XI, 2-3), et ce n’est qu’en se basant sur les indications de distances qu’on a pu proposer pour chaque station une identification provisoire et sous réserves. Dans un premier district[2], on passait d’abord par Cholmadara (Chores ?), Barzalo ou Barsalion[3], Iuliopolis (vers Bibol). L’Euphrate tournant d’ouest en est, c’était ensuite un nouveau pays[4], avec Claudias (Alichin ?)[5], Metita[6] (Isoli ?), Corne (Bournana ?). De ces noms divers, deux nous sont cités par Ammien comme désignant des gués faciles[7] (au moins aux basses eaux).

De l’autre route[8] il ne reste plus aujourd’hui la moindre trace, à part le pont construit aux environs de Kiachta (fig. 21) et réparé par L. Alfenius Senecio, sous Septime Sévère, Caracalla et Geta[9]. Il est à remarquer que les travaux furent conduits par le légat de la XVIe légion, celle de Samosate, et non celle de Mélitène. Auparavant, d’après les routiers, la voie passait à Perrhe, où l’on n’observe plus rien que des tombeaux rupestres et un pont d’antiquité tardive, peut-être même médiéval, portant les marques de nombreuses réparations[10]. Il faut placer cette localité près d’Adiyaman, où le nom s’est à peu près conservé (Piroun) ; quant à Kiachta, nous ne savons ce qu’elle a remplacé[11]. Venaient ensuite Mésène et Mélitène (Malatia).

Celle-ci resta très longtemps le siège de la même légion, la XII Fulminata[12]. C’est même, d’après Procope[13], ce corps de troupes qui constitua la première agglomération, enfermée dans une forteresse rectangulaire. Sous Trajan, le camp devint une cité, et peu à peu une métropole, mais qui s’agrandissait en dehors des fortifications : les temples, l’agora, les bains et les théâtres formaient comme un faubourg. Anastase mourut avant d’avoir achevé de l’enclore de murs ; c’est Justinien qui termina le travail. La ville ne fut pas pour cela à l’abri des infortunes : Chosroes, vers 579, prit Mélitène qui n’avait alors ni garnison, ni habitants, et y mit le feu[14]. L’ancienne ville, Eski-Cheir, se trouve à 8 kilomètres au nord de Malatia, à près de 5 du fleuve ; il en reste des pans de vieux murs et des colonnes byzantines renversées[15].

Mélitène commandait un carrefour de vallées : vers l’ouest le Tochma-Sou[16], l’Euphrate vers le sud, et les deux cours d’eau qui se réunissent pour former ce dernier, le Mourad-Sou (Arsanias), vers l’Est, et le Kara-Sou, vers le nord[17].

Au-delà du confluent, remontons ce dernier[18], qui va nous conduire à un autre carrefour, plus en amont. Après Mélitène, nous trouvons Ciaca[19], Dascusa[20], que l’onomastique, à défaut des indications de distances, qui se contredisent, engagerait à placer au sud d’Egin, près d’Aschica. Ptolémée, outre ce nom (V, 6, 19), nomme plus loin[21] Δάγουσα. Yorke propose de distinguer les deux : Dascusa serait en face de Pingan, sur l’autre rive, et Dagousa vers Keban Maden, à la jonction du Mourad et du Kara-Sou ; il y avait là en effet deux passages faciles à franchir et bons à surveiller. La question est très douteuse, et rien ne la résout, que l’on distingue ou non[22]. Du moins il reste en face de Pingan les ruines d’un castel, où l’on a trouve une inscription latine[23] ; mais l’intervalle serait bien faible entre Zimara et Dascusa, en comparaison de ceux que donnent les itinéraires. Venait ensuite Sabus, qu’il faut rapprocher du Saba de la Table de Peutinger et du Salbu de la Notitia[24], important castellum où campaient des Equites sagittarri, mais que rien ne permet d’identifier. Puis Teucila, Zimara[25], dont le nom s’est intégralement maintenu (Zimarra), devant le coude du Kara-Sou[26] ; Analiba[27], Sinebra (ou Zinerva), Carsaga[28] (Ghersout ?), Arauraca et Suissa, dont la Notitia rappelle les garnisons[29], enfin Satala.

Cette ville se place aux ruines de Sadagh, où l’on a retrouvé des briques au nom de la légion XV[30] et une dédicace à Aurélien[31]. Elle fut visitée par Trajan[32], qui peut-être y établit lui-même la légion XV Apollinaris[33] mentionnée par Arrien et encore cantonnée là au commencement du Ve siècle[34].

Justinien en répara les murs, trop légèrement construits, et leur donna une hauteur assez grande pour qu’ils pussent dominer les monticules répandus autour de Satala dans la plaine. Enfin il ajouta un avant-mur et un fortin avancé, dans le voisinage[35]. Il subsiste quelques pans de murailles près du village actuel ; la situation est bien celle que dépeint Procope : une dépression parmi des coteaux ; la maçonnerie est un simple hourdage byzantin, avec parements en pierre de taille ; les ruines semblent indiquer deux trapèzes emboîtés l’un dans l’autre, dont les murailles suivaient le bord d’une colline assez basse. Le camp était abondamment pourvu d’eau, et une cité put croître tout autour ; niais l’élément militaire en forma toujours le noyau, et elle resta plusieurs siècles un centre purement latin[36].

Remarquons que beaucoup de ces localités ne figurent pas dans Ptolémée ; elles ont donc été créées depuis lors et avaient sûrement avant tout une affectation militaire. Je croirais volontiers avec Yorke[37] que, durant plusieurs siècles, il a été accompli assez peu de travaux stratégiques  sur cette frontière, parce que l’Arménie n’était pas considérée comme un pays ennemi, mais plutôt comme un état-client, presque une province. Les choses ne changèrent qu’au IIIe siècle et c’est encore à la venue des Sassanides que le fait était dû[38].

Sur tout ce parcours, Yorke a constaté, à 3 heures au nord de Tchermouk (et pendant une heure), un tronçon de route, présentant un pavement de plus de 16 pieds de large, avec une surélévation à arête, au milieu[39]. Il ne croit pas à une route romaine : je ne connais pas les voies de Cappadoce, mais celle qu’il décrit là est tout à fait conforme à bien des types syriens de ce temps. Ensuite, sur l’Angon-Tchaï, qui se déverse dans l’Euphrate au nord de Keban Maden, deux ponts, dont l’un encore pareil à celui de Kiachta et à celui de Kirkgheuz-Keupri[40]. Tout près de ce confluent, Korpanik, établi à un niveau dominant, doit avoir remplacé une station militaire romaine[41]. Puis la route s’éloignait forcément de la rive, très difficile à suivre jusqu’à Zimara[42]. Au-delà, a Hassanova, quelques tambours de colonnes byzantines, des traces d’un pont et  une inscription où se devine le nom de Dèce[43].

J’ai parlé d’un autre carrefour : en effet, on passait de toute nécessité à Satala en prenant — ou quittant— quatre directions :

1° Celle que marquait le Kara-Sou lui-même, dont nous avons énuméré les échelles.

2° Celle de l’est, indiquée par les sources du même cours d’eau, dont, la vallée se continuait par celle de l’Arase à ses origines. Sur cette route, dont nous n’avons pas à suivre toutes les étapes, parce que la plus grande partie de son tracé demeurait en dehors du territoire d’empire, se trouvaient principalement Elegia[44], le second Zimara, Colchion, et enfin Artaxata.

3° Du côté du nord, on allait de Satala en Colchide, en suivant la vallée du Lycos-Boas[45], ou à Trébizonde par un autre chemin, plus accidenté, mais praticable. Ce dernier, Yorke l’a suivi ; du moins la chaussée moderne s’en écarte peu. Au bout d’une heure et demie, laissant à 3 kilomètres sur la droite un fort, sans doute romain, on s’élève sensiblement ; vers le sommet[46] se trouve l’Ardasa-khan (Άραδάση), et 10 heures avant Trébizonde un groupe de khans désignés par le nom collectif de Zigana-khan, qui correspond parfaitement au Zigana[47] des itinéraires[48].

F. Cumont, qui a suivi aussi cette route[49], fait observer qu’il y en eut peut-être plusieurs de Satala à la mer, car l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger portent deux séries de noms très différentes ; actuellement encore, les caravanes ont le choix entre plusieurs défilés. Mais sur un seul chemin les communications paisibles étaient assurées par une ligne de postes militaires, indispensables dans cette région peuplée uniquement de tribus pillardes. Cumont y a photographié des ruines dont l’âge ne saurait être fixé, à dix siècles près.

4° Enfin, vers l’ouest, se détachaient par deux longues vallées, soit la route de Sehasteia (Sivas) et Césarée[50], soit celle d’Amasia, dont les dernières stations avant Satala étaient : Nicopolis[51], Cloteodariga (ou Oleodariza)[52], Dracones  et   Ara[53]. Vers la partie est de son parcours, elle était doublée par un autre tronçon, allant rejoindre à Carsaga la route qui longeait la frontière de l’Euphrate. Procope place, sans plus de précision, dans le même district le château du Αυσιορμόν, restauré par Justinien, un autre qui fut construit près du Γερμανοΰ φοσσάτον, dont nous ne savons rien de plus, et la très vieille forteresse de Κολώνεια[54], ainsi qualifiée par Pompée (selon la tradition douteuse dont Procope s’est fait l’écho) et qui, après Justinien devait encore donner son nom au thème de l’endroit.

Après Ramsay, Cumont en a fixé l’emplacement à Kara-Hissar, on l’on voit h.1 s ruines du vastes constructions, qui portent les traces de très nombreux remaniements aux différentes époques[55].

Il ne convient pas de s’étendre sur les fortifications et la voirie de la Cappadoce ; en somme, c’est l’Euphrate qui constituait, dans l’Asie-Mineure orientale, la grande barrière de l’empire. Du fleuve au Pont-Euxin, les Romains choisirent et gardèrent comme frontière jusqu’aux annexions ultérieures une chaîne dont même les cols les moins élevés sont, durant presque toute l’année, infranchissables à aucune armée[56]. Notons seulement encore en terminant la position capitale de Mélitène, où les routes convergeaient en éventail[57]. Outre celles de Samosate et de Satala, que j’ai signalées, deux autres, de premier ordre, y aboutissaient : celle de Césarée à l’ouest, celle de Gomana au nord-ouest. De très nombreux milliaires ont été recueillis sur cette dernière[58] ; l’autre était doublée en quelque sorte par celle qui se dirigeait sur Arabissos (Yarpouz), et par delà vers la Cilicie[59].

 

 

 



[1] Strabon, XII, 2, 1, p. 535 C.

[2] Ptolémée, V, 6, 25.

[3] Ratsalium (Géogr. de Rav., 95, 13 ; cf. Ruge, Pauly-W., s. u). Dans les environs de Guerguer, mais non à Guerguer même, qui s’appelait Arsameia, d’après une inscription (Humann et Puchstein, p. 360 sq.).

[4] Ptolémée,  V, 6, 24.

[5] Ruge, Pauly-W., s. u. : incertitude absolue.

[6] Notitia, XXXVIII, 27 : Cohors tertia Ulpia miliaria Petraeorum, Metita.

[7] XVIII, 7, 10 : Barzala el Claudias... ubi tenuis fluvius prope originem et angustus, nullisque adhuc aquis aduenis adulescens (inutile de souligner l’exagération), facile penetrari potuit, ut vadosus.

[8] Itinéraire d’Antonin, 210, 215.

[9] Eph. epigr., V, 25 ; cf. 26 ; CIL, III, 6709, 6710 ; Humann et Puchstein, op. laud., p. 393 sq., pl. XLI à XLIII (que je mets ici à contribution), et Yorke, Geogr. Journ., 1896, II, p. 323.

[10] Puchstein. p. 401, pl. LI, 2, et fig. 59 ; add. G(eorg) H(offmann), ap. H. Gelzer, ad Georg. Cypr., p. 149.

[11] Peut-être Locotene, ou le Ζιζόατρα (έντός δέ τούτων = les villes de l’Euphrate) de Ptolémée, V, 6, 24 ; cf. les notes de Müller, p. 893.

[12] Notitia, XXXVIII, 14 ; cf. 8.

[13] De aed., III, 4, p. 254.

[14] Evagr., V, 14.

[15] Yorke, ibid., p. 327.

[16] Sur lequel, tout près du confluent, Yorke a remarqué, à Kirkgheuz-Keupri, un pont tout à fait analogue à celui de Kiachta : même double pente, avec deux colonnes encadrant l’entrée (ibid., p. 329).

[17] Le Kara-Sou, dit Yorke (p. 332, note 1) n’est connu que des géographes, nullement des gens du pays, qui paraissent appeler uniformément Mourad-Sou les deux cours d’eau dont la réunion forme l’Euphrate. Nous emploierons cependant l’expression, parce qu’elle permet de suivre sur une carte ordinaire le présent exposé.

[18] Itinéraire d’Antonin, 208 sq.

[19] Peutinger : Craca. Ptolémée, V, 6, 21, distingue par erreur Κιάνικα et Κιακίς. Emplacement inconnu ; peut-être Tchermouk (Ruge, Pauly-W., s. u.).

[20] Pline, H. N., VI, 27 ; Notitia, XXXVIII, 22 : Ala Auriana Dascusa.

[21] V, 6, 21. Ptolémée fourmille d’erreurs dans les chapitres qui traitent de la Cappadoce et de l’Arménie.

[22] Cf. Ruge, Pauly-W., Dagousa.

[23] CIL, III, 6743.

[24] XXXVIII, 3, 11.

[25] Ptolémée, V, 6, 21 : Εύσιμάρα, identique sans doute à Σίσμαρα (ou Ζίμαρα, suivant les manuscrits) : V, 6, 19 ; add. Pline, H. N., V, 83.

[26] A Zimarra même il n’y a pas de ruines ; mais, un peu plus à l’est, les restes d’un ancien castel circulaire (d’environ 30 mètres de haut et près de 200 de circonférence), qui fut peut-être utilisé et réparé par les Romains (Yorke, p. 335 et 455). — Un autre Zimara, cité par le même texte de Pline, se trouvait sur la route de Satala à Artaxata, à l’est d’Erzeroum (= Sinara, Peutinger).

[27] Ptolémée, V, 6, 20 ; Analiba, in Peutinger et Not., XXXVIII, 28 : Cohors quarta Raetorum Analiba. Un peu à l’est de Zimara, selon Yorke (p. 467), près du pont, sur le Karaboudak.

[28] Ptolémée, V, 6, 20 : Χορσαβία ; à Elegarsina, propose Yorke (p. 465). Douteux ; cf. Ruge, Pauly-W., Suppl., s. u. Casargis. Les frères Cumont (Studia Pontica, Bruxelles, II (1906), p. 325 sq.) placent Carsaga à Aladjak, hameau à 3 kilomètres de Zipti, où ils ont retrouvé les traces d’un établissement militaire romain.

[29] XXXVIII, 29 : Cohors miliaria Bosporiana Arauraca ; 23 : Cohors prima Ulpia Dacorum Suissa. L’emplacement de ces deux stations est encore à chercher (Cumont, ibid., p. 328-329).

[30] CIL, III, 13647 = 141871.

[31] CIL, III, 141843.

[32] Dion Cass., LXVIII, 18 ; v. les autres textes cités par Müller, ad Ptolem., p. 884-5.

[33] C’est par erreur certainement que la Notitia place parmi les castella d’Arménie, avant Métilène, au lieu de Satala qu’on attendait, Apollinaris (XXXVIII, 5) ; à cette Apollinaris du moins elle n’attribue aucune garnison.

[34] Notitia, XXXVIII, 13.

[35] Procope, Aed., III, 4, p. 252-3.

[36] Yorke, p. 460 ; Cumont, op. cit., p. 343-351 ; v. le plan, carte XXVII.

[37] Loc. cit., p. 472.

[38] Cf. deux milliaires récemment trouvés dans le Pont (Cumont, C. R. Acad. des Inscr., 1905, p. 347-351), datés de 231. Le gouverneur de Cappadoce fait hâtivement remettre en état les routes conduisant vers la frontière menacée par le raid d’Ardachir, premier roi de la nouvelle dynastie.

[39] Cumont, C. R. Acad. des Inscr., 1905, p. 329.

[40] P. 330. Cette similitude montre bien qu’ils sont de la même époque, soit du temps de Trajan, soit de la fin du IIe siècle, quand Sévère et ses fils firent restaurer celui de Kiachta.

[41] Yorke, p. 331.

[42] Yorke, p. 467.

[43] P. 455. A Kemach (p. 457), dit-il, un château qui semble post-byzantin ; là s’élevait peut-être quelque Théodosiopolis. — Je ne vois pas laquelle.

[44] Ptolémée, V, 12, 5, sic Dion Cass., LXVIII, 18 ; Et. de Byz. ; Peutinger : Aegea ; Geogr. Rav., 74, 13 : Egea. Aujourd’hui Ilidja, près d’Erzeroum.

[45] Sur laquelle Justinien construisit le castel Βαιβερδών, aujourd’hui Baiburt (Aed., III, 4, p. 253), Παίπερτε dans Cedrenus, II, p. 302, Bonn.

[46] Près du milieu de la route, à 18 milles de Satala, était situé Domana (Ptolémée, V, 6, 20 ; Itin. Anton., 217, 3 ; Peutinger, X, 5 ; Geogr. Rav., 74, 15 ; Not. dign., XXXVIII, 4), pour lequel les noms modernes ne fournissent aucune piste, et où campaient des Equites sagittarii (Not., ibid., 12). Kiepert (v. sa carte) et Cumont (p. 354) l’identifient, sous réserves, avec Keussé.

[47] Add. Not., XXXVIII, 37 : Cohors II Valentiana Ziganna.

[48] Yorke, p. 462. De l’ancien château fort, il reste les fondations d’une tour ronde (Cumont, p. 361).

[49] P. 351 sq., carte XXVI.

[50] Peutinger, X, 3, 4 ; Itin. Anton., 179, 214.

[51] Cf. Cumont, p. 305 sq.

[52] Cf. Not., XXXVIII, 17 : Ala Rizena Aladaleariza ; Seeck rapproche Αυταραρίζων (Aed., III, 4, p. 253). Du château de Justinien, il ne subsiste rien, semble-t-il, à la surface du sol (Cumont, p. 322).

[53] C’est l’Aza de Pline, H. N., VI, 26, et de Ptolémée, V, 6, 10, l’Haza de l’Itinéraire d’Antonin, l’Άρέων de Procope, ibid. : Les murs de Sebasteia et de Nicopolis furent remis à neuf. Pour l’identification de Dracones et Haza, cf. Cumont, p. 321 sq.

[54] Müller la rapproche sans doute à tort du Σινίσκολον (Σινίς κολωνία sur quelques manuscrits) de Ptolémée (V, 6, 21), qu’il faudrait chercher près d’Argovan, à une trentaine de kilomètres au nord de Mœlatia.

[55] Ibid., p. 296-302.

[56] Cumont, p. 341. Il s’agit de la chaîne du Sipikor.

[57] La question a été étudiée de première main par Hogarth el Munro, Modern and ancient roads in Eastern Asia Minor (Suppl. Papers of the R. Geogr. Soc. of London, III (1893), à qui je me borne à renvoyer ; cf. aussi Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, London, 1890.

[58] CIL, III, 12162 à 12211 ; on y lit les noms de Septime Sévère et ses fils, d’Élagabale, Alexandre Sévère, Maximin, Pupien, Balbin et Gordien, Philippe, Dèce, Gallus et Volusien, enfin la tétrarchie dioclétienne. Pour les autres voies, n° 1418412 sq. L’avant-dernière station entre Sebasteia et Mélitène, que les routiers appellent Ad praetorium, et qui paraît, vu les distances, devoir être placée à Hekim-khan (?), concorderait avec la position que Ptolémée (V, 6, 21) donne à Ζωπαρισσός. Müller (ibid., p. 886) suppose que là était l’ala prima prætoria nuper (sic) constituta (Not., XXXVIII, 26), nuper étant une corruption de Zopar, abréviation de Zoparissos.

[59] Itinéraire d’Antonin, 210, 11 ; 215, 2 ; Peutinger, X, 4 — XI, 2. La dernière station avant Mélitène était Arcas (Μάρκαλα dans Ptolémée, V, 6,21 ; Hiéroclès, Synecd., 703 : Άρκα ; ό Άρκης dans les Notices épiscopales ; Anja aujourd’hui ; il en faut rapprocher Άργος, έρυμα ύψηλόν πρός τώ Ταύρω (Strabon, XII, 2,5, p. 537 C). L’avantage de cette situation fut perdu pour elle quand Mélitène s’éleva et s’agrandit tout auprès.