ROME ET LA JUDÉE

AU TEMPS DE LA CHUTE DE NÉRON (ANS 66-72 APRÈS JÉSUS-CHRIST)

DEUXIÈME PARTIE. — SOULÈVEMENT DES JUIFS

CHAPITRE VII. — CAMPAGNE DE VESPASIEN (67).

 

 

Pendant que ceci se passait en Judée, l'empereur Néron voyageait triomphalement dans la Grèce. Les guerres de l'Orient qui avaient, pendant de longues années, occupé et un instant humilié les armes romaines, venaient d'être mises à fin ; un roi d'Arménie avait consenti à venir dans Rome recevoir du fils d'Agrippine son diadème, et ce spectacle nouveau d'un roi vassal, couronné par la main de César, avait été entouré d'une pompe fabuleuse. La paix du peuple romain ainsi assurée sur terre et sur mer, le temple de Janus avait été fermé[1]. Le prince artiste parcourait les cités helléniques avec un cortège de plusieurs milliers de musiciens, de saltimbanques, de bouffons ; il chantait sur tous les théâtres ; il conduisait les chars dans tous les cirques ; il combattait et il triomphait sur toutes les arènes.

Les premières agitations de Jérusalem ne troublèrent point cette fête permanente. Mais, quand Néron vit arriver près de lui des Juifs qui avaient quitté la ville après la défaite de Cestius, quand il sut les détails de cette retraite, cette aigle perdue, ce proconsul mis en fuite, cette armée romaine de trente mille hommes repoussée par des insurgés de la veille, il comprit que le danger était sérieux. La Judée, l'Idumée, la Galilée, avaient chassé les garnisons romaines. La Samarie, que les troupes impériales occupaient encore, travaillée, quoique hostile au nom juif, par les mêmes espérances et la foi aux mêmes prophéties, commençait à son tour à s'agiter. Dans le royaume d'Agrippa, mêlé d'Israélites et de Syriens, les villes juives de Tibériade et de Tarichée appartenaient à l'insurrection ;. Gamala soutenait un siège contre son roi. Qui savait si la contagion n'allait pas s'étendre plus loin ? si les Juifs répandus dans toutes les provinces de l'Empire n'allaient pas se révolter ? si les colonies judaïques des bords de l'Euphrate n'allaient pas venir au secours de leurs frères ? si l'Adiabène, qui voyait deux de ses princes combattre à côté des Juifs rebelles, n'arriverait pas à son tour délivrer la ville où étaient les tombeaux de ses rois ? si l'empire des Parthes lui-même demeurerait fidèle au traité ? Les représailles que les païens de la Syrie exerçaient contre. les Juifs étaient elles-mêmes un danger ; pouvait-on laisser la guerre se faire d'un peuple sujet à un peuple sujet, la vengeance s'opérer par une autre main que la main romaine, l'insurrection être réprimée par une autre insurrection ? Qu'arriverait-il de cette convulsion universelle de l'Orient dans un moment où l'Orient tout entier, juif, samaritain, idolâtre, était dans l'attente d'une royauté nouvelle et appelait l'accomplissement des prophéties ?

Il fallut donc rompre un jour avec les festins et le théâtre, et pourvoir aux besoins de la guerre. La grande préoccupation d'un empereur romain au moment d'une guerre, c'était de ne pas trop grandir le général qu'il en chargerait, de peur d'en faire un prétendant à l'empire. Cestius Gallus, honteusement vaincu, ne pouvait plus diriger la campagne. Le vainqueur des Parthes, Domitius Corbulon, avait trop de gloire pour ne pas être suspect. Par bonheur pour Néron, il se trouva parmi les soldats de l'empire un nom moins glorieux, une épée moins illustre, quoique éprouvée. Il y avait un consulaire déjà âgé, sans naissance, sans argent, même sans crédit, qui n'avait pas commandé en chef les armées, mais qui, en Bretagne, avait rendu d'utiles services[2]. Il était pour le moment en disgrâce ; il avait eu le malheur de s'endormir pendant que Néron chantait au théâtre, et, éloigné pour ce crime de la présence impériale, il venait de se retirer dans une petite ville, loin du chemin de l'empereur, tremblant qu'un ordre de mort ne vint l'y chercher. C'est là qu'on alla prendre Titus Flavius Vespasianus pour le mettre à la tête de l'armée de Judée[3].

Cependant, depuis la défaite de Cestius, l'insurrection avait grandi. Jérusalem et la Judée en étaient toujours le foyer ; mais de là elle avait gagné le littoral ; Azot, Jamnia, Césarée, résidence ordinaire du procurateur romain, étaient tombées aux mains des Juifs[4]. Joppé, occupée par des pirates israélites, jetait sur la Méditerranée de hardis vaisseaux qui inquiétaient le commerce de Rome. Au midi de Jérusalem, les deux forts d'Hérodion et de Massada, occupés par les sicaires, ralliaient à la cause de l'insurrection l'Idumée, pays de montagnards sauvages, fils d'Ésaü, que la domination des Macchabées avait convertis à la foi judaïque. A l'Orient, le château de Machéronte, situé de l'autre côté de la mer Morte, donnait pied à l'insurrection sur toute la rive gauche du Jourdain. Au nord, la Samarie commençait à passer de l'espérance à la tentative, et des milliers d'hommes se rassemblaient sur le mont Garizim, sanctuaire de la religion samaritaine. Au delà enfin de la Samarie, la Galilée, riche, populeuse, juive de croyance, couverte de bandes armées qui prêchaient la révolution à coups d'épée, subissait ou leur domination ou leur entraînement, fortifiait ses villes et inscrivait sur ses rôles jusqu'à cent mille hommes en état de porter les armes.

Vespasien, arrivé à Antioche avant la fin de l'hiver, comprit bien vite quelle marche il devait suivre. Cestius Gallus s'était jeté, tète baissée, au cœur d'une insurrection dont il ne connaissait pas la puissance. Sans s'inquiéter de la Galilée insurgée à sa droite, de la Judée et de l'Idumée soulevées à sa gauche, il s'était aventuré du premier bond dans Jérusalem, entourée peut-être de cent mille hommes en armes. Le vieux capitaine qui lui succédait était d'une nature autrement froide et réfléchie. L'insurrection était trop forte pour l'éteindre d'un seul coup ; il résolut de la détruire pièce à pièce, de reprendre la Judée province à province, ville à ville, forteresse à forteresse ; d'attaquer d'abord la Galilée, province isolée que la Samarie séparait de Jérusalem et qu'il eût été dangereux de laisser en armes derrière lui ; de circonscrire ainsi patiemment, d'enterrer la révolte dans son foyer de Jérusalem, de la laisser s'y épuiser et s'y dévorer par sa propre violence, jusqu'à ce que l'heure fût venue de frapper le dernier coup.

La Galilée, d'ailleurs, n'était pas faite pour résister bien fortement aux armes romaines. Géographiquement parlant, elle ne se rattachait pas au centre de l'insurrection ; moralement parlant, elle tenait peu à l'insurrection elle-même. Il était facile et prudent de l'en détacher tout d'abord. Cette contrée, qui -avait été habitée jadis par quatre des tribus séparées, s'était vue, près de huit cents ans avant l'époque que nous racontons, dépeuplée de sa population hébraïque qu'avaient emmenée en captivité les rois d'Assyrie. Une population mêlée l'avait remplacée, formée de quelques débris de l'ancienne race et de vingt races diverses déracinées au loin, transplantées là par la politique du vainqueur. Ces échanges de peuples et de contrées, qui dépaysaient les races et dénaturaient le monde, étaient tout dans l'intérêt du conquérant. Il en était sorti tin peuple métis qui mêlait le culte du vrai Dieu à celui des idoles, et vénérait dans Astarté la déesse de leurs pères, clans Jéhovah le dieu de leur territoire. Au jour de la résurrection de Juda sous les Macchabées, ces peuples, assujettis par l'épée des Juifs, reçurent leur loi et vinrent à leur temple. Néanmoins bien des semences de paganisme y étaient demeurées. La race hérodienne avait là, plus qu'à Jérusalem, exercé son influence ; elle avait déployé l'architecture anti-mosaïque de ses amphithéâtres et de ses palais, dédié des villes à Auguste et à Tibère, implanté des populations païennes au milieu de la population israélite ; elle avait, autant qu'il était en 'elle, donné à la Gaulée ce judaïsme tempéré, césarien et semi-païen qui était pour elle une religion de famille.

Et de plus la Galilée, opulente et fertile, était occupée par une population agricole, moins sujette aux entraînements de la cité, aux prédications de l'école, aux prestiges de la synagogue. Des cent mille hommes inscrits sur les rôles de Josèphe, une moitié demeurait occupée de l'industrie et de la culture ; l'autre moitié n'était elle-même qu'une pauvre garde nationale qui avait pris les armes, mais qui n'avait pas quitté son domicile. La vraie force de Josèphe, qui commandait la Galilée, c'était cinq mille mercenaires, ci-devant bandits, qu'il avait pris à sa solde. La vraie force de l'insurrection, c'étaient ces bandes de brigands ou de sectaires qui parcouraient le pays, imposaient plus qu'ils ne persuadaient la révolution, et, comme les zélateurs de Jérusalem, poussaient, bon gré mal gré, par la terreur à la révolte.

Et chez ceux-là même l'enthousiasme politique n'était pas soutenu par la force militaire. Ils voyaient venir contre eux Vespasien avec trois légions, vingt-trois cohortes, plus de six mille chevaux, en tout une cinquantaine de mille hommes[5] et une multitude d'esclaves armés. Ses trois lieutenants, qui commandaient chacun une légion, étaient Q. Petilius Céréalis, célèbre depuis dans d'autres guerres ; Titus, fils de Vespasien, et après lui empereur ; Ulpius Trajanus, qui fut lui-même père d'un empereur. Si l'on ajoute à Titus son frère Domitien, la guerre de Judée fit quatre Césars. Parmi les auxiliaires de l'armée romaine, quatre monarques vassaux, Antiochus, roi de Commagène, Sohême d'Émèse, Agrippa de Trachonite, Malch, émir des Arabes, lui avaient fourni des secours. Cent soixante machines de guerre suivaient cette armée. C'étaient ces balistes et ces catapultes qui lançaient au loin d'énormes pierres, brisaient les créneaux des remparts, entamaient l'angle des tours, et jetaient à trois stades de distance (555 mètres) la tête d'un homme.

Contre cette puissance, les bandes irrégulières des insurgés galiléens, gens de tout pays, de toute origine, mêlées de vagabonds, de malfaiteurs, d'étrangers, de païens même, n'avaient ni la discipline, ni les armes, ni l'expérience du soldat romain. Sans casques et sans cuirasses, ils ne ressemblaient pas à cette infanterie romaine, inébranlable par sa masse, invulnérable sous son armure. Ils n'avaient rien de pareil à la redoutable artillerie de Vespasien. Les chevaux du désert que Malch et Sohême avaient amenés au camp romain ne leur prêtaient pas leurs ailes. Ils n'avaient que les murailles de leurs cités relevées à la hâte, leur pauvre épée et leur foi à leurs prophètes. Mais il y avait parmi eux des hommes qui, dans une nation appelée à la liberté, et pour une religion appelée à régénérer le monde, eussent été des héros. Dans le judaïsme, ils n'étaient que des désespérés, fanatiques d'un Messie qui ne venait point, sectaires d'une religion évanouie, épuisés par l'angoisse de leurs espérances déçues et de leurs prophéties en vain méditées ; pour y échapper, ils étaient prêts à tout, au combat, quelque inégal qu'il pût être ; à la torture, quelque affreuse qu'on la pût faire ; au suicide, quelle que soit l'impiété du suicide.

Aussi, lorsque dans les riches vallons de la Gaulée apparurent les trois aigles des légions romaines ; lorsque retentit le pas mesuré des cohortes, marchant sur un front de six hommes avec leur immense cortège d'auxiliaires, de mercenaires, de bêtes de somme, de machines de guerre ; cet attirail de la puissance des Césars chemina avec toute la sécurité de la force, sinon de la paix. Sepphoris, Romaine de cœur, alla au-devant de Vespasien pour le prier d'entrer dans ses murs ; Gadara (ou plutôt Gabara) qui voulut résister, vit toute sa population virile passée au fil de l'épée. Josèphe, qui avait marché en avant pour offrir la bataille, vit ses milices pacifiques se disperser, et s'enfuit lui-même jusqu'à Tibériade. La campagne tout entière se soumit au vainqueur ; les plus compromis ou les plus obstinés se réfugièrent dans les places fortes[6].

Dans ce pays ondulé qui s'étend depuis les rives du Jourdain jusqu'au littoral de la mer, la nature, presque à l'entrée de chaque vallée, a placé un mamelon, dernier promontoire qui termine une chaine de montagnes, à peu près à pic du côté de la plaine, accessible seulement du côté des hauteurs, et qui semble fait pour être le piédestal d'une forteresse. Les guerres des temps passés avaient fait apprécier ces postes élevés ; des bourgs et des citadelles s'y étaient bâtis, presque imprenables, tant que les citernes ne tarissaient pas. Cinq ou six de ces bourgs furent, au bout de peu de semaines, les seuls points libres dans toute la Galilée. Encombrés de fugitifs et de combattants, de tremblants et de désespérés, ils étaient le dernier refuge pour s'abriter, le dernier poste pour combattre, le dernier asile et du courage et de la peur.

Aussi deux sièges, à vrai dire, remplirent-ils toute cette campagne, mais deux sièges laborieux et sanglants. Josèphe s'était renfermé dans Jotapata, une de ces citadelles galiléennes où la hauteur et l'escarpement étaient tels, que du sommet de la ville on ne pouvait apercevoir le fond de la vallée. La plus grande force de l'insurrection, une population virile de quarante mille hommes, s'y était entassée. La stratégie romaine s'y épuisa. Vespasien y fut blessé[7]. A ces circonvallations qui s'élevaient plus hautes que les murailles pour dominer le côté attaquable de la ville, les Juifs opposaient de nouveaux remparts bâtis au-dessus de leur rempart ; en quelques jours leur mur s'éleva de vingt coudées. Au bélier dont les redoutables oscillations venaient ébranler les plus fortes murailles, ils opposaient des sacs remplis de paille qui amortissaient ses coups. A la tortue, cette puissante écaille formée par les boucliers réunis et sous l'abri de laquelle la légion marchait à l'assaut, couverte et invulnérable, ils opposaient des flots d'huile bouillante que les boucliers n'arrêtaient pas et qui consumaient la chair des hommes sous leurs armures. A ces balistes qui lançaient à deux stades de distance (370 m.) des pierres du poids d'un talent (26 kg. 107), ils opposaient le feu ; et les balistes, les béliers, les claies qui protégeaient les travailleurs, les tours de bois hautes de cinquante pieds qui s'élevaient au-dessus même des remparts, les rameaux et les troncs d'arbres qui soutenaient les terrassements romains, tout le travail de trois légions pendant de longues journées était dévoré en un instant. Jotapata, quoique investie, trouvait le moyen de communiquer avec le dehors. Il y avait un sentier ardu, rocheux, descendant l'escarpement de la montagne, par lequel allaient et venaient des messagers nocturnes, vêtus de peaux de bêtes et que les sentinelles romaines prenaient pour des chiens. Lors même que la brèche fut ouverte, Jotapata soutint admirablement l'assaut ; et après une effroyable nuit où le sang coulait à flots du haut des remparts, où les -cadavres s'élevaient à la hauteur des murs, où le sifflement des balistes, le fracas des projectiles, le cri ;des combattants sur les remparts, éveillaient à l'intérieur les épouvantables hurlements de plusieurs milliers d'enfants et de femmes, il fallut cependant que les cohortes romaines se retirassent. Mais Jotapata succomba enfin à la fatigue et à la soif ; le sel lui manquait, l'eau était rare, les combattants épuisés ; les sentinelles qu'on ne pouvait relever finissaient dans les dernières heures de la nuit par s'endormir à leur poste. Vespasien le sut, et quelques soldats romains arrivèrent sans bruit, protégés par la nuit et le brouillard, tuèrent les sentinelles, pénétrèrent dans la ville et jusque dans la citadelle. Quand Jotapata s'éveilla, l'armée romaine, sans avoir perdu un seul homme, était tout entière dans ses murs. Le siège avait duré quarante-sept jours (du 23 artémisios au 1er panemos, 23 mai - 29 juin).

Ce fut alors une effroyable tuerie faisant concurrence au suicide. Les Romains n'épargnèrent que les femmes et les petits enfants (νηπίους) au nombre de douze cents. Tout le reste périt ; pendant plusieurs jours on fouilla les puits, les cavernes, les passages souterrains pour en extraire des Juifs et les tuer. Mais la plupart n'avaient pas attendu cette recherche. Ce qui était resté de combattants s'était réuni à une des extrémités de la ville, et s'était donné la joie de s'entr'égorger. Josèphe, retiré avec quarante autres dans une caverne, y demeura caché pendant trois jours, sortant chaque nuit pour examiner les dehors et rentrant avec la conviction que la fuite était impossible. Une femme le trahit, et Vespasien lui fit offrir une grâce, qu'inspiré de Dieu, dit-il, il était prêt à accepter. Cependant ses compagnons, moins éclairés ou plus énergiques, ne voulurent ni imiter ni souffrir sa soumission ; et, l'épée sur la gorge, il fallut qu'il acceptât, d'accord avec eux, le remède suprême du suicide. On tira au sort ; le premier qui tomba fut tué par le second, le second par le troisième, et ainsi de suite. Josèphe, gardé par la Providence, demeura seul avec un compagnon auquel il devait donner la mort et auquel il persuada de vivre. Quel rôle il devait jouer dans le camp romain, nous le dirons plus tard[8].

La prise de Jotapata anéantissait l'insurrection dans la Galilée et sur la rive droite du lac de Génésareth ; la prise de Gamala, un peu plus tard, dut étouffer tous les germes de révolte sur l'autre rive du lac et dans le royaume d'Agrippa. La position de Gamala était pareille à celle de Jotapata. Au midi, un précipice, où le regard ne plongeait pas sans vertige, et au-dessus duquel la ville semblait comme suspendue et toujours prête à s'écrouler ; au nord, une ligne de remparts destinée à couvrir le côté où la ville était accessible par les hauteurs ; au centre, une éminence pareille à la bosse d'un chameau[9] et sur laquelle s'élevait une citadelle à la hauteur de laquelle les flèches ne pouvaient atteindre. Gamala, patrie de Judas le Gaulonite, révoltée depuis longtemps contre son roi Agrippa, était un des grands foyers de l'insurrection. La pensée de la résistance y était unanime ; personne ne songeait à se rendre.

Ici, ce fut dans la ville même que le combat fut terrible. Les béliers avaient forcé le rempart sur trois points différents ; les Romains avaient pénétré dans la ville, rejeté les combattants juifs jusque vers les abords de la citadelle ; mais, à mesure que ceux-ci reculaient par des ruelles étroites et montantes, ils retrouvaient l'avantage du terrain. Les Romains, sur qui les coups tombaient de haut, voulurent s'élever à leur tour et montèrent sur les toits — les maisons alors comme aujourd'hui étaient peu élevées et les toits en plate-forme — : mais ces constructions légères cédèrent sous le poids des combattants armés ; les maisons s'écroulèrent sous les occupants ; les Romains renversés, perdus dans un nuage de poussière, embarrassés dans des passages étroits et inconnus, ne se reconnaissant plus sous la poudre dont ils étaient couverts, périssaient sous les coups et sous les décombres : il fallut sortir de cette ville un instant prise.

Mais à cette ville assiégée les vivres manquaient : on n'en donnait qu'aux seuls combattants ; le reste, ou tachait de s'enfuir par les passages souterrains qui servaient aux égouts. ou demeurait épuisé par la faim et résigné à la mort. Une nuit, trois soldats de la quinzième légion parvinrent à déranger quelques assises d'une des tours ; elle s'écroula, l'armée romaine entra par cette brèche, et, comme les rues de la ville avaient une pente rapide, le bas de la ville fut à la lettre une mare de sang. Dieu, dit Josèphe, combattait contre les Juifs ; ils ne purent tenir longtemps même dans cette citadelle si élevée. Un vent violent s'éleva, qui portait aux Juifs les flèches des assiégeants et leur rejetait leurs propres flèches ; ils ne pouvaient même se tenir debout sur les remparts. Quand toute la masse du peuple accumulée dans ce dernier asile se vit sans ressource, ils embrassèrent une dernière fois leurs enfants et leurs femmes, les précipitèrent et se précipitèrent avec eux dans l'abîme. Il ne se sauva, dit Josèphe, que deux femmes, pas un enfant. Les Romains jetaient les enfants du haut du mur. L'atrocité du meurtre luttait avec l'atrocité du suicide. (24 gorpiœos au 23 hyperberetœos, 19 septembre au 18 octobre[10].)

Sur ces deux points seulement, Jotapata et Gamala, l'insurrection avait résisté quelque temps ; partout ailleurs, quelle que fût son obstination, elle avait promptement cédé, ou devant la supériorité des forces ennemies, ou même devant sa propre impopularité. Dans la ville de Japha[11], que la résistance de Jotapata avait encouragée au soulèvement, les plus ardents ;sortis à la rencontre des Romains et repoussés par eux, s'étaient vu renfermés dans une première enceinte de la ville ; par peur ou par trahison, on refusait de leur ouvrir l'enceinte intérieure. Ils furent tués là comme dans un piège, et moururent-en maudissant leurs compatriotes. Les Samaritains du mont Garizim, vaincus par la soif, avalent été massacrés au nombre de onze mille six cents. Des révoltés juifs s'étaient établis sur le Thabor, montagne isolée, facile défendre de toutes parts. Une fausse attaque les attira dans la plaine et la cavalerie romaine les tailla facilement en pièces[12].

Une bande plus nombreuse, celle de Jésus, fils de Saphiat, avait occupé plus longtemps les Romains. Retirée à Tibériade, elle y tenait sous le joug l'aristocratie, amie de la paix, Un parlementaire romain, arrivant aux portes, fut, selon la constante habitude de ces insurgés, reçu à coup de flèches. Le parti de la paix s'effraya ; le sénat de Tibériade députa à Titus pour solliciter l'approche des forces romaines, et à leur approche expulsa les insurgés. De Tibériade, ceux-ci allèrent quelques lieues plus loin, sur les rives du lac, prendre position à Tarichée ; mais, là aussi, les inquiétudes de la ville, l'hostilité de l'aristocratie les accueillit : il y eut sur la place, entre le parti de la guerre et le parti de la paix, de tels débats, que du dehors les Romains entendirent les clameurs populaires et jugèrent que cette ville divisée serait bientôt prise. Titus hâta le succès par un coup de main hardi ; lançant son cheval dans les eaux, il tourna les murailles de la ville et pénétra de plain-pied par le port dans la cité. Les malheureux soldats de l'insurrection n'eurent plus d'autre refuge que le lac lui-même. ils se jetèrent sur des barques réunies à l'avance ; mais les Romains eurent bientôt équipé une flottille, et sur ce lac, dont toutes les rives leur étaient hostiles, les Juifs furent réduits à se défendre contre les navires romains avec les pierres qui servaient de lest à leurs bateaux. Bientôt il ne resta plus d'eux que quelques débris de barques flottantes sur le lac, des cadavres enflés par la submersion et des taches de sang sur les eaux.

Il demeurait cependant à Tarichée, outre les habitants de la ville que Rome devait épargner, une multitude d'étrangers, insurgés ou fugitifs, qu'une sorte, je ne dirai pas de pitié, mais de respect humain, empêchait Vespasien d'égorger. Après mûre délibération, il leur accorda une liberté équivoque, et leur fit ouvrir une des portes de la ville en ne leur laissant de passage que vers Tibériade. Arrivés là, au milieu d'une population dont on se croyait plus sûr, on les enferma dans l'hippodrome et on les tria. Douze cents, lieux et infirmes, furent massacrés sans pitié ; six mille, les plus robustes, furent envoyés, comme d'utiles ouvriers, à Néron, qui s'amusait alors à couper l'isthme de Corinthe ; le reste (trente-six mille quatre cents, dit Josèphe), fut vendu comme esclaves[13]. Tout cela se passait sur les bords de ce beau lac de Génésareth, dont l'aspect ravit encore nos voyageurs. Quarante ans auparavant, sur ces mêmes bords et sur ces mêmes eaux, Jésus, fils de Marie, avait précédé Jésus, fils de Saphiat, portant, lui, la bonne nouvelle et l'évangile de la paix. C'était sur ce lac, ensanglanté aujourd'hui, qu'il avait tendu la main à Pierre et que ses disciples l'avaient éveillé au fond de la barque pour lui dire : Seigneur, nous périssons ! Il avait commandé aux vents et aux flots, et il s'était fait une grande tranquillité.

Il restait encore une dernière bande d'insurgés galiléens ; celle-là était commandée par Jean, fils de Lévi, et il l'avait établie dans sa ville natale de Giscala. Mais, là aussi, l'approche des troupes romaines et les clameurs de la ville lui rendirent bientôt cette retraite insoutenable. Jean se contenta de demander à Titus qui s'approchait un jour de trêve pour célébrer le sabbat et signer ensuite la capitulation. Après l'avoir obtenu, sachant trop bien que la capitulation ne s'étendrait pas jusqu'à lui, il profita de cette nuit d'armistice pour s'échapper avec ses soldats. Leurs femmes et leurs enfants les suivirent. Mais au bout de vingt stades (une lieue), ce lent et douloureux cortège sembla trop ralentir la marche des hommes armés. Ils entendaient déjà le galop de la cavalerie romaine qui les poursuivait. Jean exigea de ses hommes qu'ils abandonnassent leurs familles, et le fanatisme juif lui accorda ce sacrifice. Trois mille êtres humains furent ainsi délaissés, malgré leurs supplications et leurs pleurs, hurlant de douleur, tremblant d'effroi, se perdant dans des chemins inconnus, se foulant et s'écrasant dans leur fuite. Jean fut atteint cependant et perdit une partie de ses hommes ; mais il se sauva avec le reste, et, après une marche d'au moins quatre jours, il porta à Jérusalem, rendez-vous de tous les débris de l'insurrection galiléenne, un fanatisme exalté par la défaite, un courage indompté, une volonté supérieure, une âme prête à tout oser[14].

Ainsi, de toutes parts en Galilée, les soldats de l'insurrection étaient ou détruits ou balayés. La cruauté même du vainqueur, il est triste de le dire, assurait la soumission des peuples. Là où la soumission était prompte, Vespasien se montrait clément ; il se contentait d'abattre un pan de mur, de transformer la ville forte en ville captive ; du reste, la population demeurait libre ; des chefs lui étaient choisis par son propre sénat et parmi les notables du parti de la paix ; un centurion seulement demeurait dans chaque ville, un décurion dans chaque bourg ; Rome ne leur refusait pas cette autonomie, souvent fort large, dont elle était libérale envers ses sujets. Mais, quand la population n'avait pas immédiatement séparé sa cause de celle des insurgés, l'épée de Rome était terrible ; les hommes presque toujours, parfois même les femmes et les enfants, étaient mis à mort. C'est l'honneur de Titus et c'est l'annonce de ce règne qu'on appela les délices du genre humain que de le voir modérer les massacres. II eût, sans son père, ménagé le sang de Gamala ; il accorda à Giscala le répit dont j'ai parlé, afin de ne pas être obligé de la prendre d'assaut et de la livrer à l'épée de ses légionnaires. Mais le vieux routier Vespasien ne connaissait pas ces ménagements ; il trouvait avec son conseil que tout était permis envers des Juifs, et que, lorsque l'utile et l'honnête ne peuvent se mettre d'accord, c'est l'utile qu'il faut préférer. Nous venons de voir comment, à Tarichée, il éluda la promesse que Titus avait faite de laisser la vie aux prisonniers.

Ces épouvantables représailles effrayaient plus qu'elles n'irritaient. On aimerait à croire que la terreur est toujours et absolument de la mauvaise politique, comme elle est de la détestable morale. Pour le châtiment des peuples, Dieu ne l'a pas ordonné ainsi, et il faut que les tyrans fassent grand abus des supplices, pour qu'à la fin cette politique leur soit funeste. Dieu nous garde de la terreur modérée et intelligente, car celle-là dure ! Dans l'antiquité surtout, de telles représailles étaient si bien passées en loi, que les victimes elles-mêmes s'en prenaient, non à ceux qui les exerçaient, mais à ceux qui les avaient provoquées. Josèphe, qui raconte ces massacres, n'accuse ni Titus ni même Vespasien ; courtisan de ces princes, il croit en racontant tout cela ne leur faire aucun tort ; et, au fond, ni Titus ni Vespasien lui-même, leur vie en dépose, n'étaient plus sanguinaires que d'autres. En faisant périr tant d'hommes désarmés, ils croyaient, non pas assassiner, mais combattre. Mais les grands coupables, aux yeux de Josèphe, ce sont les auteurs de la révolte, ceux qui ont rendu le peuple juif criminel avec eux, ceux qui ont nécessité et légitimé les vengeances romaines. Josèphe n'est pas insensible à tant de sang versé ; mais c'est sur ces hommes que par sa bouche la nation juive le rejette, comme un malheureux poussé au crime par de perfides conseils, s'en prend de son supplice, non pas à son juge, mais à son instigateur.

Seulement, ces exécutions qui épouvantaient la masse du peuple achevaient d'exalter la partie exaltée du judaïsme. Les soldats de l'insurrection, qui avaient disputé leur vie derrière les murailles croulantes de Jotapata et de Gamala, savaient qu'il n'y avait pas d'amnistie pour eux. La victoire leur était difficile, mais la soumission impossible. Les liens du sang ne les arrêtaient guère ; on a vu comment, au sortir de Giscala, ils avaient abandonné leurs enfants et leurs femmes comment à Gamala ils les avaient jetés avec eux du haut de la citadelle. Ils ne reculaient pas non plus devant le suicide. Depuis longtemps, soit par suite des relations avec les païens, soit par le seul progrès d'un fanatisme désespéré, l'orthodoxie judaïque s'était familiarisée avec l'idée de la mort volontaire. Les exemples en sont dans Josèphe nombreux et admirés[15].

C'étaient de tels hommes qui, échappés comme par miracle au massacre de la population armée, affluaient de tous les points de la Galilée vers la ville sainte. Bandits de Juda, sicaires de Manahem, soldats de Charès ou de Jean de Giscala, fugitifs de Gamala ou du Thabor, fanatiques de religion, de patriotisme ou de pillage, tous, tournant le dos à ces cités pusillanimes qui accueillaient avec joie l'aigle romaine, à ces laboureurs galiléens empressés de faire leur paix pour retourner à leurs moissons, à ce Josèphe qui d'ennemi des Romains était devenu leur gracié et leur courtisan, tous arrivaient, disaient-ils, pour verser leur dernière goutte de sang sur les parvis du temple ; plus exaltés dans le désespoir de la défaite qu'ils ne l'avaient été dans leurs espérances de victoire ; criant d'ailleurs qu'ils n'étaient pas vaincus ; qu'ils avaient seulement abandonné une situation plus difficile pour une situation plus forte, la défense des bourgades galiléennes pour la défense de Sion. L'élite de toutes les bandes d'aventuriers, le résidu de toutes les - insurrections, les plus obstinés de tous les fanatiques, se pressaient ainsi dans Jérusalem pour la défendre et plus encore pour la déchirer.

Jérusalem pouvait donc se croire forte ; mais elle devait se sentir isolée. Elle n'avait rien fait pour venir en aide à la Galilée, cette avant-garde perdue de l'insurrection. Avertie pair Josèphe, elle n'avait su trouver aucune force pour faire diversion aux coups que lui portait Vespasien sur les bords du lac de Tibériade. Était-ce jalousie ? Cela est possible. Était-ce impuissance causée par la discorde ? Cela est probable. Les révolutionnaires sont égoïstes, et la révolution luire surtout eut ce caractère qu'au milieu des plus extrêmes périls elle ne cessa de s'entre-déchirer.

Maintenant Jérusalem goûtait les fruits de son inaction. La Galilée était détachée d'elle, l'insurrection de la Samarie était domptée, et la domination romaine, inébranlable dans ces deux provinces, touchait Jérusalem par le nord. A l'occident, Joppé, un instant occupée par des pirates juifs, avait été reprise ; les pirates avaient été contraints à se réfugier. sur leurs navires ; et l'inclémence habituelle des éléments envers les Juifs les avait bientôt rejetés sur la côte où le glaive des Romains les attendait. Azot, Jamnia, étaient rentrées sous le joug ; et, plus forte que jamais, une chaîne de cités idolâtres, depuis Gaza jusqu'à Sidon, barrait aux Juifs les approches de la mer. A l'orient, Scythopolis, toujours fidèle ; Tibériade et Tarichée, facilement soumises ; le mont Thabor occupé ; Gamala enfin vaincue, ouvraient à Vespasien le lac de Tibériade, les bords du Jourdain et cette grande plaine (Μεγάλον Πεδίον) qui, sur la rive droite de ce fleuve, s'étend du mont Thabor jusqu'à la mer Morte. Au midi, Jérusalem avait derrière elle l'Idumée, encore inattaquée ; mais sur tous les autres points l'insurrection hiérosolymitaine était circonvenue. Les aigles romaines, à Scythopolis, n'avaient plus que vingt lieues entre elles et Jérusalem ; à Jamnia, onze lieues ; à Sichem, douze. C'étaient les toparchies voisines de Jéricho, de Thamna, de Gophna, d'Acrabata, qui, le printemps prochain, allaient avoir à défendre leur capitale.

Mais ce récit doit être ici interrompu. Un moment est venu, qui amène des perturbations tout autres ; un homme est apparu sur la scène, auquel la Providence destine à un tout autre rôle, non-seulement dans la Judée, mais dans le inonde romain. La guerre de Judée ne sera plus qu'un coin de la guerre universelle. Les révolutions de Jérusalem se perdront pour quelque temps dans le bruit des révolutions de l'empire. Ce sont ces révolutions de l'Empire qu'il nous faut ici raconter. C'est cette époque où devaient retentir les bruits de guerre et de sédition, où le peuple devait se soulever contre le peuple et le royaume contre le royaume[16].

 

 

 



[1] IMP. NERO. CLAV. CÆSAR... AVG. GER. P. M. TR. P. XIII. P. P. PACE P. R. TERRA MARIQ. PARTA JANVM CLVSIT Nummi apud Pagi an 71, § 7. — Voir aussi Suétone, in Néron, 13. La date de la médaille se réfère à la treizième année de Néron, qui commença au mois d'octobre de l'an 66.

[2] Ipse potissimum delectus, ut industriæ expertus, nec metuendus ullo modo ob humilitatem generis ac nominis. — Suétone, in Vespas., 4. — Voir Josèphe, III, 1 (1).

[3] Suétone, in Vespas., 4.

[4] Voir Josèphe, de B., IV, 10 (3, 2).

[5] 2 légions (5e et 10e) commandées par Céréalis et Trajan, amenées de Syrie = 12.600 hommes.

15e légion amenée d'Égypte par Titus = 6.300 hommes.

10 cohortes de 1.000 hommes chacune = 10.000 hommes.

15 cohortes de 600 hommes et 120 chevaux = 9.560 hommes

6 turmæ (ΐλαι) de cavalerie = 180 hommes

Les trois rois Sohême, Antiochus et Agrippa avaient fourni chacun 2.000 hommes et 1.000 chevaux = 9.000 hommes.

Malch (ce nom n'est probablement qu'un titre : melek, roi) = 6.000 hommes

En tout = 53.440 hommes.

Josèphe dit cependant soixante mille hommes, sans compter les esclaves. — D'après Suétone (in Vespas. 4), Néron ajouta aux troupes employées par Cestius deux légions, 8 alæ, 10 cohortes. — A l'époque de la mort de Néron, Vespasien avait trois légions. Tacite, Hist., I, 10. — C'étaient comme on le verra plus tard, la 5e, la 10e et la 15e. La 10e venait de l'Euphrate, et remplaça probablement la 12e, battue sous Cestius. —Titus commandait la 15e légion, Trajan la 10e. — Voir Josèphe, III, 5 (4, 2).

[6] III, 7-10 (6, 7). — Gadara est de l'autre côté du lac de Tibériade, et il ne peut en être ici question. Gabara serait le site actuel d'Arrabeh (Lettre du docteur Schultze au docteur Williams, publiée par celui-ci, Holy city, t. I, p. 470.)

[7] Suétone, in Vespas., 4. — Josèphe, III, 16 (7, 22). Le docteur Schultze a reconnu la situation de Jotapata, aujourd'hui Jefàt. La description des lieux, faite par Josèphe, s'accorde avec leur situation actuelle. De plus, on voit des ruines de tours et de murs, des citernes, des grottes, etc. — Voir la lettre citée ci-dessus.

[8] Josèphe, III, 16-24 (7-8).

[9] Damel, chameau. Gamel, Gamala. Josèphe, IV, 2.

[10] Suétone mentionne les deux sièges de Tarichée et de Gamala comme dirigés par Titus. Dans un de ces combats, il eut son cheval tué sous lui, et monta immédiatement le cheval d'un ennemi qu'il venait de tuer. (In Tit., 4.)

[11] M. de Saulcy (t. I, p. 73, 20 décembre) reconnaît cette ville dans le village actuel de Jafa ou Yafàh, à 2 kilomètres sud de Nazareth. Ce serait aussi la Japhia de la Bible. (Josué, XIX, 12.) V. aussi la lettre déjà citée du docteur Schultze.

[12] Sur le combat de Japha, Josèphe, III, 21 (7, 31). Le 25 dœsios (24 juin). — Sur celui de Garizim, III, 22, (7, 32). Le 27 dœsios (26 juin). Voir aussi M. de Saulcy, t. II, p. 400 et s. — Sur celui du Thabor, Josèphe, IV, 6 (1, 8).

[13] Josèphe, III, 31-36 (9, 10). Tarichée fut prise le 8 gorpiœos (13 septembre). Tibériade, comme on sait, s'appelle aujourd'hui Tabarieh ; Tarichée, Kedes. L'une et l'autre présentent des vestiges remarquables d'antiquités romano-judaïques. De Saulcy, t. II, p. 463 et suiv., 470.et suiv.

[14] IV, 8 (9, 2).

[15] Voir entre autres le récit des insurrections de Tibériade (Josèphe, in Vita sua, 28) ; la scène de la caverne de Jotapata, où Josèphe combat les idées de suicide qu'ailleurs en général il semble accepter. De B., III, 25 (8) ; les suicides de Massada, VII, 53, 56 (8, 9) ; un passage de la lettre d'Agrippa Caïus. Philon, in Legat.

[16] Matthieu, XXIV, 6-7. — Luc, XXI, 9-10.