LES CÉSARS DU TROISIÈME SIÈCLE

TOME TROISIÈME

LIVRE X. — FIN DE L'EMPIRE PAÏEN - 305-323

CHAPITRE II. — SUITE DES PERSÉCUTIONS - 306-312.

 

 

La réponse peut être courte. Là aussi, entre l'Occident et l'Orient, entre Constantin et ses collègues, l'opposition était complète.

En Orient, ni Galère ni Maximien Daïa n'avaient interrompu la persécution que le premier avait provoquée, à laquelle le second, aussi violent et d'un esprit plus grossier, ne pouvait manquer de prendre sa part. Il n'y avait plus, ni près d'eux la vieille sagesse de Dioclétien pour les contenir, ni loin d'eux la modération et la popularité de Constance pour leur faire honte et les effrayer. Constantin, jeune encore et empereur nouveau, ne pouvait avoir sur eux la même influence. Et lorsqu'ils se virent humiliés ou blessés, l'un par sa déroute en Italie, l'autre par l'accession de Licinius à l'empire, ils trouvèrent tout simple de faire retomber leur dépit sur les chrétiens : ne s'en prenait-on pas aux chrétiens de tout, même de la peste et de la famine ?

La persécution de Galère a laissé des traces dans toutes les parties de son domaine. Nous trouvons des martyrs dans toutes les provinces de l'Asie-Mineure, en Arménie, en Grèce, en Pannonie. Nous trouvons parmi eux, comme toujours, grand nombre de soldats ; Galère ne pouvait pardonner aux soldats chrétiens de son armée ; c'était bien assez qu'il eût à redouter des soldats chrétiens sous les glorieux drapeaux de Constantin. Nous relèverons tout au plus deux ou trois d'entre les traits qui caractérisent ces martyres.

Ce qu'était la pureté des chrétiens, nous le voyons dans la personne du pieux jardinier Serenus. — Une femme impudique entre à une heure indue dans son jardin, pour se promener, dit-elle. Il la fait sortir en lui reprochant son effronterie. Mais elle a un mari crédule et serviteur aimé du prince ; elle se plaint d'avoir été insultée ; elle fait appeler Serenus devant le juge. Il raconte naïvement ce qui s'est passé, démasque la fourberie de cette misérable, la force de se taire ; son mari indigné l'emmène du prétoire. Mais, se dit le juge, quel autre qu'un chrétien a pu avoir un tel scrupule ? Qui es-tu, demande-t-il à Serenus ? — Je suis chrétien.— Comment as-tu donc échappé à nos recherches ? N'a-tu pas sacrifié aux dieux ?Tant que Dieu a voulu, il m'a mis à part ; j'étais comme la pierre rejetée par ceux qui bâtissent. Maintenant il veut bien se servir de moi, je suis prêt. Et le chrétien est mis à mort[1]

Ce qu'était la puissance de l'exemple et la noble émulation du martyre, nous le voyons dans un chrétien de Byzance. — L'Empereur passant par Nicodémie entend des hymnes chrétiennes dans une caverne ; quelques fidèles s'y sont cachés. Ne connaissez-vous pas mes ordres ? leur dit-il. — Nous les connaissons tes ordres insensés et nous les raillons. On les torture ; un officier de l'armée, Hadrien, étonné de leur courage, s'approche d'eux : Je vous adjure au nom de votre Dieu, quelles sont donc ces espérances dont vous parlez ? Et, après avoir entendu leur réponse, il s'adresse au greffier : Inscris, lui dit-il, mon nom avec leurs noms. Le César ne veut pas entendre, il veut qu'Hadrien efface ce nom qu'il a fait inscrire. Hadrien refuse et il est emprisonné. Quand la nouvelle de son arrestation vient à sa femme, elle déchire ses vêtements : Pour quel crime, demande-t-elle, est-il donc en prison ?Comme chrétien. La figure de Natalie change, la joie inonde son visage, elle demande ses plus beaux vêtements pour aller à la prison voir et féliciter son mari ; Natalie est chrétienne et fille de chrétiens. Cependant le jour du jugement approche, et Hadrien a promis à sa femme (à sa sœur, dit-il), de l'avertir quand le moment sera venu. Il achète des gardes la permission d'aller chez lui. On l'aperçoit dans la rue et on l'annonce à Natalie : Ton mari a été absous et il vient, lui dit-on. — Absous ! il a donc apostasié ! elle s'enfuit et refuse de le voir : Loin de moi, dit-elle, celui qui a menti à son Dieu. de n'étais donc pas digne d'être l'épouse d'un martyr ! de suis donc la femme d'un apostat ! C'est à grand'peine qu'Hadrien lui fait comprendre qu'il n'est pas apostat, mais futur martyr ; et, lorsque Natalie enfin persuadée se jette dans ses bras : Bienheureuse es-tu entre les femmes, lui dit Hadrien, toi qui as su dignement aimer ton époux sur la terre et qui n'auras pas besoin de souffrir dans ton corps pour obtenir la grâce du martyre[2].

Ce qu'était la hardiesse des chrétiens et la sainte liberté de leur langage, nous l'apprenons par la réponse de l'évêque pannonien Quirinus. — Pourquoi te cachais-tu ? lui dit le juge.— J'obéissais à mon Maître. — Ne sais-tu pas que les ordres des Empereurs peuvent te trouver partout ? Et celui que tu appelles le vrai Dieu ne te secourra pas. — Notre Dieu est toujours avec nous ; il était avec moi quand j'ai été saisi, il est avec moi et te répond par ma bouche. — Lis les édits de nos grands rois et obéis. — Je n'écoute pas les ordres de tes empereurs qui sont sacrilèges et contraires à la loi de Dieu. Il est traduit devant un juge supérieur : Les réponses que tu aurais faites à Siscia devant le juge Maxime sont-elles vraies ?A Siscia, j'ai confessé le vrai Dieu, nul homme ne me séparera de lui. Adresse tes exhortations à d'autres vieillards qui soupirent peut-être pour voir se prolonger leur vie ; j'ai appris de mon Dieu qu'à la fin de cette vie, je dois arriver par la mort à une vie que la mort ne terminera pas. Telles sont en partie les réponses notées par le greffier païen et que des mains chrétiennes nous ont conservées. Il était bien permis aux chrétiens d'abjurer le respect envers le pouvoir des Césars, ce pouvoir à cette heure si divisé qu'on ne pouvait plus même appeler l'élu des soldats et qui, malgré tous les avertissements du passé, déclarait plus ouvertement que jamais la guerre au Dieu qui fait les rois[3].

Mais le plus atroce des persécuteurs paraît avoir été le pâtre Daïa[4]. Lui n'est ni un Romain, ni un homme civilisé, ni même un soldat ; c'est un loup des forêts pannoniennes, que la politique n'arrêtera pas plus que l'humanité ni la justice. Il a autour de lui une garde de soldats barbares, des Carpes qui jadis, expulsés de leur territoire par les Goths, ont trouvé un refuge sur les terres romaines. Il les paie, il paie les agents de sa tyrannie avec une honteuse monnaie ; leur jetant des femmes qu'il leur permet de ravir si elles sont pauvres et mal protégées, qu'il contraint, sous peine de mort, au mariage, si elles appartiennent à des familles riches et puissantes. Il marie ainsi des filles de famille à ses esclaves. Il donne, on le pense bien, à ses propres passions autant de liberté qu'à celles de ses serviteurs ; des eunuques, de sales trafiquants de luxure, vont par tout son empire, pour recruter aux dépens des plus nobles maisons le sérail de leur maître. Qui refuse, est noyée ; sous le règne de ce débauché la pudeur est crime de lèse-majesté. Une seule femme, une chrétienne d'Alexandrie, a rejeté ces honteuses sollicitations et n'a pas payé ce refus de sa vie ; son courage a étonné Daïa et sa richesse l'a tenté. Il lui a ôté tous ses biens et l'a envoyée indigente et heureuse en exil[5].

On comprend que sous lui la foi des chrétiens fut moins respectée encore que la chasteté des femmes. Eusèbe nous peint la série des persécutions dans une seule et étroite province du domaine de Daïa, la Palestine ; mais son récit indique bien les phases par laquelle la persécution a passé, et, d'après ce qu'elle a été dans une seule province, on peut juger de ce qu'elle a dû être dans toute l'Asie romaine.

Maximien Daïa vient à Césarée ; des spectacles magnifiques s'y préparent pour célébrer sa fête ; le peuple se réjouit des splendeurs qui vont s'étaler dans l'amphithéâtre. Après les lutteurs, après les bêtes de l'Éthiopie ou de l'Inde, au moment le plus solennel des jeux, deux condamnés paraissent dans l'arène : l'un est un esclave qui a tué son maître ; l'autre le chrétien Agapius, depuis longtemps emprisonné, torturé, exposé aux bêtes. L'esclave assassin pleure et demande sa grâce, Maximien Daïa la lui accorde, et le peuple célèbre par des acclamations la divine clémence de son Empereur ; le chrétien au contraire à qui le prince promet grâce et liberté refuse de déserter sa foi. Un ours le déchire et, vivant encore, il est reporté en prison pour être le lendemain jeté à la mer. C'est ainsi qu'au jour de la passion Barrabas a été absous et le Juste mis à mort[6].

D'autres supplices suivent celui-là ; on s'aperçoit cependant que l'on n'y gagne rien, que le spectacle des martyres touche les païens de compassion, anime et encourage les chrétiens. On proclame alors qu'on a résolu désormais d'être clément (308). Les empereurs sont si bons ! Il leur en coûte tant d'ensanglanter les villes, serait-ce du sang le plus impur ! La peine de mort va disparaître — les czars de Russie ont bien aboli la peine de mort, et Robespierre lui-même, disait-il, ne souhaitait rien tant que de l'abolir ! — il n'y aura plus d'échafauds pour les chrétiens, quelque pervers que soient les chrétiens ; ils seront purement et simplement mutilés ; on leur crèvera ou on leur brûlera l'œil droit, on leur coupera le jarret gauche, et, à peu près incapables de travailler, on les enverra au travail des mines. Des centaines de chrétiens, hommes, femmes, enfants même, ainsi mutilés, quelques-uns plus cruellement encore, sont envoyés aux mines d'airain de Phenné. Il en est parmi eux que, par une sotte dérision, on a prétendu conserver comme lutteurs gagés pour les jeux de l'amphithéâtre et qui dans leur fierté chrétienne n'ont voulu ni recevoir les gages ni subir l'apprentissage de ce vil métier[7]

Tel fut l'acte de la philanthropie impériale[8] ; mais cette philanthropie ne pouvait être qu'éphémère et partielle ; l'affinité était trop grande entre Daïa et les bourreaux. D'ailleurs ces chrétiens obstinés lui permettaient-ils la clémence ? Que faire par exemple de cette Théodosia, jeune fille de dix-huit ans, qui, voyant passer des confesseurs enchaînés, s'approche d'eux et les salue, sinon la torturer et la jeter à la mer[9] ? — Une femme, saisie pour être envoyée aux mines, et menacée d'un supplice plus cruel encore, s'emporte contre le tyran qui donne à ses sujets des juges aussi barbares, et, pendant qu'elle est livrée à la torture, une autre chrétienne lance au juge cette apostrophe : Jusqu'à quand tortureras-tu ainsi ma sœur ? On l'amène à l'autel pour sacrifier, elle renverse l'autel d'un coup de pied. Que faire de ces deux sœurs en Jésus-Christ si ce n'est de déchirer leur chair et de les livrer aux flammes ? — Que faire de trois chrétiens qui, tout à coup, au milieu d'un sacrifice solennel que le gouverneur accomplit, arrivent auprès de lui en criant : Cesse tes sacrifices à des dieux mensongers, il n'y a qu'un Dieu maître et créateur du monde, que faire d'eux sinon les mettre à mort[10] ? — Les choses avaient été poussées si loin, le fanatisme des idoles était si évidemment une hypocrisie, l'expérience de la persécution avait été si longue, elle se continuait par une si grande barbarie, qu'une noble insolence, payée de leur sang, était bien permise aux chrétiens. Tous du reste n'agissaient pas de même ; d'autres, fidèles à l'exemple du Sauveur, gardaient jusqu'à la fin la mansuétude de la brebis que l'on mène à la boucherie. Ainsi, en même temps que les deux femmes dont je parlais tout à l'heure, le chrétien Paul était conduit au supplice. Comme le bourreau allait lui couper la tête, le condamné demanda un délai d'un moment ; puis, commençant sa prière, il pria Dieu pour que la paix fût rendue à tout le peuple chrétien ; puis il pria pour les Juifs et leur conversion ; ensuite pour les Samaritains, enfin pour les Gentils que l'erreur et l'ignorance tenaient encore éloignés du vrai Dieu ; il ajouta une prière particulière pour les assistants, une autre pour le juge qui l'avait condamné, une troisième pour les empereurs, et une dernière pour son bourreau, demandant que ni aux uns ni aux autres Dieu n'imputât sa mort. Après avoir ainsi prié à haute voix, au milieu des larmes de tous, il arrangea ses vêtements, et présenta son cou mis à nu au glaive qui devait le frapper[11].

Il y avait donc des exceptions à la loi de clémence si solennellement proclamée. Et cependant sous l'empire de cette loi il semblait que le peuple chrétien respirât un peu plus librement : le séjour des mines devenait un peu moins dur pour ceux qui y avaient été envoyés ; on espérait des jours meilleurs. Mais tout à coup, je ne sais quel caprice passe par la tête du maître, des édits nouveaux plus terribles que les précédents arrivent aux gouverneurs des provinces : Relevez d'abord les temples des dieux qu'une coupable négligence laisse tomber en ruines. Menez aux sacrifices tout le monde, hommes, femmes et enfants ; faites-leur manger les victimes sacrées, faites des libations sur tout ce qui se vend au marché. Mettez des gardes à la porte des bains publics et que tous les baigneurs soient contraints de sacrifier. Les tortures, les supplices recommencent donc. La vierge Ennathas, nue jusqu'à la ceinture, est promenée dans toute la ville pendant qu'on la frappe de verges, et enfin brûlée vive[12] On s'acharne sur les cadavres, les corps des martyrs sont gardés jour et nuit pour que nul ne les enlève et que les chiens ou les bêtes sauvages puissent les dévorer à leur aise ; les chiens emportent çà et là ces tristes débris et les rues en sont souillées. On arrête au passage les chrétiens qui vont porter quelques consolations aux confesseurs renfermés dans les mines ; on les conduit eux-mêmes dans les mines, mais on les y conduit mutilés[13]. Au contraire, ceux qui habitaient les mines depuis longtemps et croyaient y achever leur vie sont ramenés sur la place publique pour y mourir. Ils arrivent là, portant les cicatrices de tortures endurées vingt fois. Mais sur le lieu même du supplice leur nombre se grossit encore. Un jeune homme ose demander au juge qu'après l'exécution, les corps des martyrs lui soient remis ; il est immédiatement rangé au nombre des martyrs et périt avant eux. Un autre chrétien donne aux confesseurs la nouvelle de ce premier triomphe ; il est saisi et envoyé le second au ciel. Un troisième chrétien, serviteur du juge Firmilianus, ose s'approcher des confesseurs ; il est mis en croix. Un étranger, Julien, arrivant à Césarée, apprend qu'il s'y fait des martyrs, court sur la place, embrasse un corps sanglant, et il est livré aux flammes. Ainsi l'on avait amené des mines huit confesseurs et l'on en fit périr douze. Cette fois, quoi que pût ordonner le juge, leurs saintes reliques furent recueillies par les chrétiens ; nulle bête, nul oiseau n'osa y toucher[14]

Cependant le génie étroit de Daïa flottait d'un système à l'autre. Un nouveau répit est donné aux chrétiens (310) ; les églises croient encore pouvoir espérer. Dans les mines et les carrières, les confesseurs prient en liberté ; ces borgnes et ces mutilés se rassemblent au pied des autels ; ils se construisent même des églises. — C'est trop cette fois, et l'administration va couper court à cet abus. Par ordre de l'empereur, les confesseurs sont dispersés. On en avait déjà envoyé d'Égypte en Palestine, on en fait partir de Palestine pour l'île de Chypre et pour le Liban. D'autres sont triés pour être envoyés au supplice ; parmi eux l'évêque de Gaza, Silvain, qui avait commencé à souffrir dès les premiers jours de la persécution, et qui était réservé pour en marquer de son sang le dernier jour ; parmi eux encore un confesseur égyptien nommé Jean, depuis longtemps aveugle, mais qui n'avait pas moins été, comme les autres, mutilé par le fer rouge, et dont on avait eu la barbarie de brûler les yeux éteints. Trente-neuf hommes périrent ce jour-là, les derniers martyrs, non de l'Empire romain, mais de la Palestine[15].

Tel était le sort des chrétiens de l'Orient sous Galère, Licinius et Daïa.

L'Italie sous Maxence était-elle plus heureuse ? L'avènement de Maxence avait été dû en partie à la faveur populaire ; ou du moins le peuple, ce qui était rare, avait figuré là auprès des soldats. Les premiers temps furent paisibles. La plupart des princes persécuteurs avaient été pour leurs sujets des tyrans si durs, que la tolérance envers les chrétiens était désirable aux païens eux-mêmes ; épargner les chrétiens, c'était annoncer à tous une domination humaine et équitable, comme aux premiers siècle de l'Empire épargner les sénateurs, c'était donner à tous les sujets une garantie de modération et de justice.

Aussi Maxence commença-t-il par faire cesser la persécution. Un instant, l'Église de Rome, quoique toujours menacée, fut libre[16]. Mais Maxence n'était pas homme à rester longtemps fidèle à ces heureux débuts. Constantin pouvait bien, lui capitaine déjà illustre, fils du plus glorieux d'entre les Césars, accepter une politique de modération et de tolérance à laquelle sa nature même le poussait. Mais Maxence, fils vrai ou supposé de Maximien ; Maxence, contrefait, dissolu, indolent, pour qui c'était, disait-on, un grand voyage que d'aller de son palais à sa villa des faubourgs ; Maxence était poussé par l'infériorité même de sa nature et de sa situation à une politique violente. Des dissentiments dans le sein de l'Église lui donnèrent lieu d'intervenir, à titre sans doute de protecteur, comme depuis on l'a fait tant de fois ; deux pontifes, Marcel et Eusèbe, furent successivement exilés pour avoir maintenu contre les chrétiens apostats la nécessité de la pénitence[17]. Dès lors Maxence n'était pas loin de faire couler le sang, et on peut bien croire que le sang chrétien coula par son ordre puisque le sang païen lui-même coulait en abondance. Il n'y eut pas de retraite assez absolue ni d'obscurité volontaire assez profonde pour garantir l'homme qui avait contre lui sa naissance, sa dignité, sa fortune. Des gens du peuple eux-mêmes périrent ; il y eut des massacres dans les rues de Rome. Et de plus, Maximien se signalait par cette brutalité de mœurs qui semble avoir été le stigmate obligé des persécuteurs. Vierges, veuves, femmes mariées, furent obsédées, saisies, menacées, déshonorées sous l'empire de Maxence comme elles l'étaient sous celui d'un Maximien, d'un Galère, d'un Daïa. Sous Maxence comme sous les autres, il arriva que la flétrissure imprimée à presque toutes fut épargnée à quelques-unes par l'excès de leur désespoir. Eusèbe raconte, avec une admiration qui n'est peut-être pas assez chrétienne, comment Sophronie, femme du préfet de Rome — car Maxence ne reculait ni devant la dignité, ni devant la noblesse —, Sophronie chaste et chrétienne, est mandée par l'Empereur. Elle sait pourquoi, et son lâche mari ne la défend pas. Elle demande à se retirer un instant pour revêtir une toilette plus digne du prince, et dans sa chambre, avec une épée peut-être gardée à dessein, elle se donne la mort[18].

Maintenant, à cette hideuse domination des quatre Césars persécuteurs qui s'étendait sur les deux tiers environ de l'empire, c'est-à-dire sur tout l'Orient et sur le centre, opposons la domination du fils de Constance. Là seulement, depuis dix-huit ans, le pouvoir, resté dans les mêmes mains ou transmis paisiblement de père en fils, avait été noble, humain, rassurant. Là, l'armée, mieux conduite que partout ailleurs et d'autant plus une que païens et chrétiens y étaient fraternellement réunis, maintenait glorieuse et respectée la frontière de l'Empire qui, même sous le belliqueux Maximien, avait été plus d'une fois violée. Là, malgré le fardeau de cet état de guerre ou au moins de précaution permanente sur toute la ligne du Rhin et sur toute la côte de la Gaule et de la Bretagne, les impôts étaient moins lourds que partout ailleurs, parce que là on ne connaissait pas cette charge plus pesante qu'une armée, le faste d'un César et de ses favoris. Là en un mot, on avait la paix au dedans, la sûreté au dehors, la diminution des impôts, parce qu'on n'opprimait personne et surtout parce qu'on n'opprimait pas les chrétiens ; à cette tolérance, les païens eux-mêmes devaient leur propre sûreté et leur repos. Constance et Constantin furent sans doute plus que des hommes de bon sens ; mais il eût suffi qu'ils fussent hommes de bon sens pour que le père conçût, et pour que le fils imitât cette politique.

Constantin, en effet, suivait fidèlement la voie tracée par son père. Un de ses premiers actes fut de donner aux chrétiens la liberté de leur culte et de leurs personnes, plus complète encore que Constance ne l'avait fait[19]. Les chrétientés de la Gaule, de l'Espagne, de la Bretagne, jouirent d'une paix et d'une sécurité qui pour la Gaule, à l'époque dont nous parlons, remontait à dix-huit ans au moins et que leur enviaient les églises, constamment désolées depuis huit années, de l'Italie, de la Grèce, de l'Asie romaine. Ce n'étaient pas du reste les chrétientés seules, c'étaient les populations tout entières de l'Italie et de l'Orient qui enviaient les heureux sujets de Constantin.

Cette paix des églises nous est attestée par un monument précieux de notre histoire chrétienne, le premier concile dont les actes nous soient demeurés. L'Espagne n'avait pas été aussi heureuse que la Gaule ; la grande persécution, grâce à Maximien, y avait fait des martyrs. Mais, libres enfin sous le règne de la famille Flavia, les églises d'Espagne purent s'occuper de réparer les plaies que la persécution avait faites. Dix-neuf évêques, vingt-six prêtres, vingt-six diacres, se rassemblèrent dans la ville d'Illiberis — Almeria dans le royaume de Grenade, ou Elne dans le Roussillon. Parmi les évêques, Valerius de Saragosse et l'illustre Osius de Cordoue avaient confessé la foi dans la prison ou dans l'exil. La réunion eut lieu ouvertement, en présence de tout le peuple fidèle, les évêques et les prêtres étant assis, les diacres debout. On régla la discipline de l'Église, les conditions sous lesquelles les apostats pourraient être pardonnés, les peines de la délation, de l'adultère, du divorce ; et pour mieux maintenir l'intégrité sacerdotale, on voulut, non-seulement que les évêques, diacres, ou prêtres mariés observassent la continence, mais encore que jamais un clerc ne laissât une femme habiter sous son toit, fût-ce sa mère ou sa sœur consacrée à Dieu. On renouvela la loi du jeûne ; on veilla à la pureté des vierges consacrées. L'Église, même dans cette contrée éloignée du centre de l'Empire, avait toutes ses institutions, toutes ses prévoyances, tout son pouvoir[20].

Du reste, là même où la persécution sévissait toujours, l'Église savait ne point faillir à son gouvernement intérieur. Sous l'empire de Daïa (306), Pierre, évêque d'Alexandrie, réglait, par des canons qui nous sont restés, les conditions de la pénitence pour les tombés. Il recommande, comme le faisaient aussi les Pères d'Illiberis, de ne pas s'exposer témérairement au combat : Priez, disait-il, pour ceux qui, exaltés par l'exemple des martyrs, se sont jetés d'eux-mêmes dans la lutte au risque d'y jeter leurs frères avec eux, et qui ensuite, punis de leur présomption, n'ont pu soutenir la prison, la faim, les tortures et ont failli. Ces lois de l'église d'Alexandrie nous rappellent celle de l'église de Carthage sous saint Cyprien. Aussi, comme au temps de saint Cyprien, se trouva-t-il des chrétiens pour taxer l'Église de trop d'indulgence. Mélétius évêque de Lycopolis, comme jadis Novatus, se sépara de Pierre d'Alexandrie parce qu'il ne le trouvait pas assez rigide envers les tombés[21]. Ce schisme rigoriste dura un siècle et demi dans quelques chrétientés et dans quelques monastères de la Thébaïde[22].

L'Église approchait donc, et approchait glorieusement de la fin de ses épreuves. Cette persécution qui durait depuis huit années, plus atroce et plus persévérante qu'aucune autre, était aussi plus évidemment impuissante. Ce n'est pas que la parole et le stylet ne fussent venus en aide au bourreau. Les rhéteurs et les philosophes n'avaient pas manqué d'attaquer avec plus d'ardeur les chrétiens plus cruellement proscrits. Lactance cite en particulier deux de ces écrivains, tous deux courtisans, panégyristes et panégyristes payés des princes, l'un dont le nom nous est inconnu, l'autre dans lequel nous reconnaissons cet Hiéroclès, philosophe, préfet de Bithynie, qui est demeuré célèbre parmi les ennemis de l'Église[23]. Au moment où les chrétiens périssaient en foule dans les amphithéâtres, ces doctes rhéteurs, riches et vivant dans leurs demeures plus magnifiquement qu'ils n'eussent vécu dans le palais du prince, venaient du haut de leurs chaires avec le pallium et la longue chevelure des philosophes, insulter ces chrétiens qui avaient la folie de se faire tuer pour leur foi. Quelques-uns de ces chrétiens étaient leurs auditeurs et la loi de prudence que l'Église imposait à ses disciples les obligeait à se taire ; mais l'indignation que leur causait une haine si lâche était tempérée par le sourire qu'amenait sur leurs lèvres une raison si sotte et un orgueil si mal justifié.

Néanmoins, à cette heure où le christianisme, par le sang qu'il versait, répondait d'une façon assez péremptoire, les réponses écrites ne manquèrent pas. Cette époque est celle où saint Méthodius, évêque de Tyr, qui, lui aussi, couronna sa vie par le martyre, dans ses écrits combattait Porphyre, combattait les erreurs d'Origène, rendait honneur à la virginité, au libre arbitre, à la résurrection des morts[24]. Cette époque est celle où vivait Lactance, ce païen converti, qui éleva le fils de Constantin et qui écrivit ses Institutions divines, avec le style et parfois avec l'éloquence de Cicéron[25]. Un autre rhéteur célèbre, et qui fut le maitre de Lactance, florissait vers ce temps à Carthage ; il était païen, il avait écrit et parlé contre le christianisme. Tout à coup il se présente devant un évêque chrétien et demande le baptême. L'évêque se défie de cette conversion si prompte et demande du temps avant d'ouvrir à cet ennemi les portes du sanctuaire. Mais, peu après, comme gage du changement de son âme, le rhéteur Arnobe, cet adversaire du christianisme, apporte une apologie du christianisme composée par lui ; il s'est fait l'avocat de l'Église afin que l'Église lui fasse l'honneur de le recevoir parmi ses catéchumènes. Cet écrit en effet révèle plus l'amour que la science du christianisme. Il y a l'âme du néophyte ; il n'y a pas encore la foi éclairée du catéchumène, encore moins du chrétien baptisé. Mais il atteste d'autant mieux quel spectacle d'héroïsme et quelles victoires surhumaines l'Église faisait voir au monde : Vous avez, dit-il aux païens, prononcé contre les chrétiens tous les genres de peines, et leur religion n'en est pas moins triomphante. Malgré vos menaces et à cause même de vos menaces, le peuple n'a que plus d'ardeur pour croire à cette religion que  vous voulez entourer de tant d'épouvante.... D'illustres orateurs, des grammairiens, des rhéteurs, des jurisconsultes, des médecins célèbres, des hommes même initiés à tous les secrets de la philosophie, vont s'instruire à cette école et méprisent ce qu'autrefois ils vénéraient. Des esclaves s'exposent à la cruauté de leurs maîtres, des femmes à l'abandon de leurs époux, des enfants à l'exhérédation paternelle plutôt que de rompre avec la foi chrétienne. Les confiscations, l'exil, les supplices, la dent des bêtes de l'amphithéâtre ne les arrêtent pas.... Même dans les contrées éloignées, il n'y a pas de nation si barbare et si étrangère à tous les sentiments humains qui ne s'adoucisse et ne tempère la férocité de ses mœurs par amour pour le Christ. Croyez-vous que ce ne soit là qu'un hasard et que ces hommes ne soient dirigés que par un caprice de leurs cœurs ? Ne voyez-vous pas qu'il y a là quelque chose de divin et de sacré ; que, sans un Dieu, de tels changements ne pourraient s'opérer dans les âmes ; qu'il faut une intervention divine pour que ces hommes, menacés des crocs et de tous les instruments de supplice, mais attirés par une incroyable douceur et par un amour soudain de tontes les vertus, reçoivent l'enseignement qui leur est donné, et à tous les biens de ce monde préfèrent l'amitié du Christ ?[26]

Puis, dans un élan tout chrétien, cet homme, qui était à peine sur le seuil du christianisme, se rappelant les paroles du Calvaire : Ô Roi suprême, disait-il, faites grâce à ceux qui persécutent vos serviteurs ; pardonnez avec la miséricorde qui vous est propre à ceux qui s'éloignent encore du culte religieux qui vous est dû. Il n'est pas étonnant que l'homme vous ignore ; ce qui est admirable, c'est que l'homme aujourd'hui puisse vous connaître[27].

Oui, le moment était venu où le monde allait connaître Dieu, et les deux écrivains que nous venons de nommer nous sont témoins des progrès que faisait la lumière -chrétienne à travers ces huit ans de persécutions. Nous venons d'entendre Arnobe ; mais Lactance surtout nous fait bien comprendre ce qu'était la puissance du martyre. Non-seulement il montre la loi chrétienne reçue partout, depuis le levant jusqu'au couchant ; Dieu servi avec un égal courage par des personnes de tout sexe, de tout âge, de toute race, de tout pays ; partout la même patience et le même mépris de la mort. Mais il montre encore le nombre des fidèles s'accroissant toujours aux dépens du paganisme et ne diminuant pas, même aux époques de la plus atroce persécution[28] ; mais il ne craint pas de dire que les persécutions sont permises de Dieu pour que le nombre des fidèles augmente. Et comment augmente-t-il ? Il est aisé de le montrer. L'horreur que tant de cruautés inspire éloigne quelques-uns du culte des idoles... La foi et le courage des chrétiens plaît à d'autres... Ils désirent savoir quel est ce bien si précieux que l'on défend jusqu'à la mort, qu'on préfère à tous les biens de cette vie... Le peuple, spectateur des supplices, entend dire à ceux qui souffrent qu'ils ne sacrifient pas à des pierres taillées de main d'hommes, mais au seul Dieu qui est dans le ciel. Cette pensée demeure dans bien des cœurs ; on se demande, comme des gens qui doutent, quelle est la cause de cette conviction si persévérante ; on s'interroge, on se souvient, et, à travers ces incertitudes de l'âme, la vérité finit par triompher[29].

Le christianisme triomphait donc par la vérité contre la force, par la liberté de l'esprit contre la servitude du corps. Il n'est pas besoin ici, dit Lactance aux païens, de violences ni de contrainte, la religion ne s'impose pas. Servez-vous de la parole et non du fer ; tirez du fourreau le glaive de l'esprit ; si vos raisons sont vraies, donnez-les-nous ; parlez-nous, nous sommes, prêts à vous entendre. Votre silence ne nous convaincra pas, puisque vos cruautés elles-mêmes ne nous fout pas céder... Non, nous ne cherchons pas à séduire comme on nous le reproche ; nous enseignons, nous prouvons, nous exposons. Nous ne retenons personne malgré lui, car Dieu n'a pas besoin de l'homme qui est sans foi et sans amour ; non, c'est la vérité qui retient les âmes au milieu de nous[30].

 

 

 



[1] Saint Serenus (Sernen), à Sirmium, 23 février. Acta sincera et selecta.

[2] SS. Adrien, Natalie et 33 autres, à Nicomédie, 8 septembre et 26 août.

[3] Saint Quirin, évêque de Siscia (Sissek), martyr à Sabaria (Stein-am-Anger), 4 juin. Acta sincera.

[4] V. les édits de Maximien Daïa, accordant à certaines villes le droit de persécuter les chrétiens. Eusèbe, Hist. Ecclés., IX, 7, 9.

[5] De mortib. persecut., 38. Eusèbe, VIII, 14.

[6] Eusèbe, De martyr. Palœst., 6.

[7] Eusèbe, H. E., VIII, 12. De martyr. Pal., 7, 8. De vita Constant., I, 5, 8.

[8] J'ai déjà, dans les Antonins (t. III, VIII, 9), parlé de ces fluctuations des magistrats persécuteurs, et de ce combat qu'ils livraient aux chrétiens avec l'aide de h torture, pour amener l'apostasie et éviter la sentence de mort qui était un triomphe pour l'Église. Mais c'est le cas, en parlant de la dernière persécution, de citer Lactance, qui écrit en face d'elle et développe énergiquement la même pensée : En imaginant des tortures, ce qu'ils cherchent, c'est une victoire. Ils savent que c'est là une lutte et une bataille. J'ai vu en Bithynie un gouverneur, merveilleusement joyeux, comme s'il eût dompté toute une nation barbare, parce qu'un chrétien, après avoir courageusement résisté pendant deux ans, avait enfin cédé. Ils luttent de toute leur puissance pour obtenir une telle victoire et font souffrir au corps les tourments les plus raffinés, évitant seulement de donner la mort à leurs victimes, comme si la mort seule faisait le bonheur des martyrs, et si les tortures elles-mêmes, d'autant qu'elles sont plus douloureuses, n'étaient pas une plus grande source de gloire. Dans leur sotte obstination, ils ordonnent de prendre soin de la victime, afin que ses membres se trouvent prêts pour de prochaines tortures, et qu'un sang nouveau se refasse pour couler sons la main du bourreau. Y eut-il jamais tant de compassion, d'humanité, de bienfaisance ? Ils ne soigneraient pas ainsi ceux qu'ils aiment. Lactance, Div. inst., V, 11.

[9] Sainte Théodosie, vierge, à Césarée de Palestine, 2 avril 308. (Eusèbe, De mart. Pal., 7, et les Ménées grecques). — Son culte à Venise : écrit de François Nero, protonotaire apostolique, où il rapporte plusieurs guérisons opérées par cette sainte, et une entre autres sur lui-même. (V. les Bollandistes au 2 avril).

[10] Eusèbe, De mart. Pal., 9.

[11] Eusèbe, De mart. Pal., 8. Saint Paul, martyr avec les vierges Valentine et Thée, 25 (18) juillet 308. V. aussi les Martyrologes grecs.

[12] Sainte Ennathas, vierge, à Ascalon, 14 (12) novembre 308. Eusèbe, De mart. Pal., 9.

[13] Eusèbe, De mart. Pal., 9.

[14] SS. Pamphile, Valens, Paul, Elle, Jérémie, !sale, Samuel, Daniel, confesseurs dans les mines ; Porphyre, Seleucus, Théodule, Julien, adjoints à eux sur le lieu du supplice, 16 février (1er juin) 308, à Césarée de Palestine. Eusèbe, De mart. Pal., 11.

[15] SS. Silvain, évêque de Gaza, Jean égyptien et trente-huit autres, 4 mai 310 (14 ou 20 octobre). V. Eusèbe, De mart. Pal., 7, 13. Hist. Ecclés., VIII, 14 ; les Ménées, etc.

[16] Ces faits nous sont connus surtout par l'épigraphie dont les monuments ont été si admirablement élucidés par M. de Rossi. Les livres pontificaux nous apprennent que le pape saint Marcel fut élu en mai 308, après un interrègne de trois ans et demi (ce qui prouverait bien que la liberté de l'Église n'avait pas été entière) ; qu'il mourut le 10 janvier 310, et que son successeur, saint Eusèbe, élu après un intervalle de 4 mois, mourut en Sicile, le 28 septembre.

Mais de plus, le fait de leur double exil pour la même cause est établi par deux inscriptions damasiennes, pour ainsi dire parallèles, qui attestent d'abord des dissensions entre chrétiens :

Seditio, cædes, bellum, discordia, lites,

excitées par un apostat nommé Héraclius, lequel niait la nécessité de la pénitence :

Crimen ob alterius Christum qui in pace negavit ;...

Heraclius vetuit lapsos peccata dolere.

— Puis, le bannissement des deux papes par l'empereur :

Finibus expulsas patriæ est feritate tyranni...

Exemplo pariter pulsi feritate tyranni.

Et la mort de saint Eusèbe en Sicile :

Littore Trinacrio vitam mumdtunque reliquit.

Celle de ces deux inscriptions qui concerne saint Eusèbe nous a été conservée, comme l'antre, par les copies qu'en ont faites les pèlerins du moyen âge ; et de plus, dans le cimetière de Calliste, on en a retrouvé quelques fragments, précédés de ce titre : EUSEBIO EPISCOPO ET MARTYRI.

[17] Eusèbe, H. E., VIII, 14.

[18] Eusèbe, H. E., VIII, 14. Vita Constant., I, 33, 36.

L'épitaphe suivante me parait précieuse, comme rappelant les persécutions, et composée sans doute lorsqu'elles étaient à peine terminées :

Démétria, fille de Gaius, qui a acheté ce monument, repose ici avec son fils, serviteur de Dieu. Ils sont morts dans la persécution qui a eu lieu sous Æbutius Longus. (ΕΠΙ αΙΒΟΥΤΙΟΥ λΟΓΓου διωγΜΟΥ ΓΕΝΟΜΕΝΟΥ). Consacré par Callippus son mari, et le beau-père de celui-ci, Caïus, et son gendre Théobule. Seigneur, souvenez-vous de celui qui est dans ce tombeau. A Cyrène. Bœck, Corpus inscriptionum græcor., 9136.

[19] Suscepto imperio, Constantinus Augustus nihil egit prius quam christianos cultu et Deo suo reddere. Hæc fuit prima ejus sanctio sanctæ religionis restitutæ, dit Lactance, immédiatement après avoir raconté la mort de Constance. De mortib. persecutorum, 24.

[20] Canons du concile d'Elvire, apud Labbe, Mansi, etc.

[21] Petri Alesandrini, epistola canonica.

[22] Épiphane, Hœres, 67 ; Athanas, Apol., 2 ; Théodoret, 2 ; Hist. Ecclés., I, 9 ; Hœret. fab.

[23] Lactance, Div. Instit., V, 2, 3.

[24] Saint Méthodius, évêque d'Olympe en Syrie, puis de Tyr, martyr en Grèce vers 311 (Saint Épiphane, Hœreses LXIV, Hiéronym. Viri illust., 83.) Il reste de lui le Festin des vierges. Plus quelques fragments sur la résurrection et le libre arbitre, la création. Sa fête au 18 septembre.

[25] Lactance semble avoir écrit pendant la durée de la persécution. Voyez Divin. Institut., V, 9, 11, 19.

[26] Arnobe, Contra gentes, II.

[27] Non est mirum si ignoraris. Magie est dignum admiratione si scieris. Arnobe, Contra gentes, I.

[28] Div. Institut., V, 13.

[29] Div. Institut., V, 23.

[30] Div. Institut., V, 20.