LES CÉSARS JUSQU'À NÉRON

TABLEAU DU MONDE ROMAIN SOUS LES PREMIERS EMPEREURS

LIVRE DEUXIÈME. — DES DOCTRINES

CHAPITRE II. — PUISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DU POLYTHÉISME.

 

 

§ II. — TEMPS DE CLAUDE ET DE NÉRON.

Voilà quels faits commençaient à se produire dès le temps d'Auguste et de Tibère. Allons plus loin ; laissons venir une génération nouvelle. Nous allons trouver plus puissant encore l'esprit du polythéisme et plus ardente la superstition du peuple.

Rome est, dit un écrivain l'abrégé de toute superstition[1], la nourricière de tous les dieux. C'est l'égout, selon Tacite, où se réunissent toutes les impuretés du monde. Elle reçoit de toutes les nations et rend à toutes les nations des rites et des dieux. A qui, en effet, ne demandera-t-elle pas ces biens dont elle est si avide, la richesse et le plaisir ? Le ciel est irrité ; qui la réconciliera avec lui ? qui lui donnera des prières, des purifications, des sacrifices expiatoires, à elle si coupable et si impure ? Sous ce despotisme capricieux des Césars qui fait et défait un homme entre le matin et le soir, à qui demandera-t-on sûreté pour les siens, sauvegarde pour sa fortune, salut pour sa vie ; que sais-je ? peut-être un de ces effrayants triomphes qui portent tout à coup un esclave au faite des grandeurs ? Sur la terre, au ciel, aux enfers, en quelque lieu que puisse se trouver un pouvoir plus exorable et moins aveugle que celui de César, que ne fera-t-on pas pour se le concilier ?

Les dieux romains eux-mêmes, ces dieux discrédités, ne sont pourtant pas réduits aux seules adorations officielles. Allez au Capitole : vous verrez autour de Jupiter des serviteurs volontaires de toute espèce, des licteurs debout auprès de son trône, des valets de chambre (nomenclatores) qui lui annoncent ses visiteurs, d'autres qui lui disent l'heure ; Jupiter ne sait pas lire au cadran. Des coiffeurs frottent et parfument cette statue ; des femmes sont à peigner les cheveux de pierre de Minerve ; d'autres lui tiennent le miroir : tant il est vrai que, selon la croyance publique, l'idole est, non l'image du dieu, mais le dieu lui-même ![2] Cet homme appelle le dieu à venir témoigner pour lui devant les juges ; cet autre lui offre un placet ; ce vieil acteur vient débiter ses rôles devant lui, et, sifflé du public, se résigne à ne plus jouer que pour les dieux. Caligula n'était pas si fou, et ressemblait à tout son siècle, quand il venait causer avec ses dieux. Jupiter a des amantes qui soupirent pour lui et bravent la jalousie de Junon[3].

Mais ces dieux surannés ne peuvent suffire aux emportements de la nature humaine vers ce qui est au-dessus d'elle. Il faut à la superstition bien d'autres dieux ; des dieux monstres, devant lesquels l'homme se prosterne et se trouble ; des dieux familiers qu'il porte à son doigt[4]. Vingt cultes exotiques et vagabonds viendront mendier à sa porte. Ce sont les prêtres de la déesse syrienne qui mettent leur idole sur un âne, et vont de place en place implorer pour elle la libéralité des passants[5]. Ce sont les Galls, les prêtres de Cybèle, les cheveux épars, la voix enrouée ; leur chef, à la taille énorme, qui domine par ses hurlements le bruit de leurs tambours, déchire ses membres à coups de couteau, fait recueillir son sang par ses fidèles, et leur en marque le front. Au bruit du sistre, voici venir d'autres mendiants : c'est le prêtre d'Isis, la tête rasée, en robe de lin ; c'est Anubis à la tête de chien : Un dieu est irrité, prenez garde ! Et le peuple les écoute avec une sainte terreur. L'automne menace ; septembre est gros de malheurs ; prenez garde ! Allez à Méroé chercher de l'eau, de l'eau du Nil ! Versez-la sur les parvis du temple d'Isis ! Un cent d'œufs pour le pontife de Bellone 1 vos vieilles robes pour le prêtre de la grande Isis ! Le malheur est suspendu par un fil sur votre tête ; vos tuniques pour les serviteurs de la grande déesse ! vous aurez paix et expiation une année entière[6].

Ces religions étrangères et nouvelles, les lois pourtant les proscrivent toujours. Tibère a chassé les adorateurs d'Isis, a fait crucifier ses prêtres, a détruit son temple, jeté sa statue dans le Tibre[7]. Mais ni ses rigueurs, ni les plaintes de Claude[8] qui déplore l'invasion des superstitions étrangères, ne sauraient arrêter l'insatiable avidité du fanatisme romain. Rome, lasse de ses adorations inutiles auprès de Jupiter et de Mars, se fera grecque, chaldéenne, syrienne : la Syrienne Astarté est le seul dieu que Néron adore[9]. Rome se fera juive, non pour rendre hommage au vrai Dieu, mais pour ajouter quelques pratiques de plus au catalogue de ses rites : bien des Romains redoutent le jour du sabbat, bien des lampes s'allument sur des fenêtres obscures aux jours de fête prescrits par Moise[10]. Rome surtout se fera égyptienne ; l'empereur Vespasien ira consulter les dieux de Memphis ; les temples d'Isis et de Sérapis s'élèvent au milieu de Rome[11] avec leurs obélisques, leurs hiéroglyphes, leurs statues nombreuses, les réduits obscurs qui servent aux supercheries et aux infamies de leur culte ; c'est de toutes les religions la plus populaire parmi les Romains et surtout parmi les Romaines.

Après les religions viennent les mystères. Les mystères enfoncent l'homme plus profondément encore dans les ténèbres de l'inconnu, dans les frayeurs et les espérances superstitieuses. Les mystères ne se cachent plus dans le secret des temples ; ils courent les rues, ils s'ouvrent au peuple ; au coin de chaque borne, un charlatan est prêt à vous initier avec mille cérémonies révoltantes. Le larmoyant Adonis, l'efféminé Attys, les Cabires au gros ventre, tous ces dieux, objets des adorations secrètes, ont leurs députés mendiants qui leur recrutent des initiés dans les carrefours de Rome. Le dieu est austère et sombre, il impose des privations et des jeûnes, il ne laisse même pas à l'homme le repos de la nuit[12] ; ou bien le dieu est sanguinaire, les épreuves sont effroyables ; ou enfin les impuretés de son culte inspirent le dégoût : qu'importe ! la superstition ne reculera pas. La chaste jeune fille viendra chanter aux obscènes Thesmophories ; le délicat, l'élégant Romain, qui baigne sa belle peau et frise sa belle chevelure, ira dans les sanglantes cérémonies du culte de Cybèle se placer sous des barreaux de fer pour recevoir sur lui le sang tout chaud de la victime ; un autre se mettra au service de la Mère des dieux, rôdera autour de son temple, la chevelure en désordre, lei vêtements souillés et en lambeaux, ne se baignant jamais, se déchirant avec ses ongles, parfois honteusement mutilé, branlant la tête et jetant au hasard des paroles insensées que l'on prend pour des oracles[13]. Un homme passera sa vie entière, soixante, quatre-vingts ans, errant de pays en pays, nu-pieds, pour le culte de l'idole dont il s'est rendu l'esclave[14] ; une faible femme rompra les glaces du Tibre pour se purifier dans ses froides eaux, puis, à demi-nue et tremblante, traversera le Champ de Mars sur ses genoux ensanglantés[15].

Tout est-il épuisé ? Nulle superstition ne reste-t-elle encore ? L'âme humaine a soif de croire, d'interroger, de toucher par un point quelconque un pouvoir supérieur à elle. Si les dieux demeurent inabordables à la prière, le destin ne le sera peut-être pas à la divination. Viennent donc les sciences occultes. La science officielle de l'Étrurie est tombée en mépris ; les augures ne peuvent se regarder sans rire, leur secret s'est laissé voir à nu. Mais l'antique et savante Asie n'aura-t-elle pas à nous offrir des déceptions moins grossières ? Auspices arméniens, astrologues de Chaldée, augures de Phrygie, divinateurs de l'Inde, sorcières de Thessalie, venez : expliquez au peuple romain ce rêve qui l'inquiète. Promettez-lui le testament de ce vieillard qu'il obsède de ses soins et qui ne veut pas mourir. La foudre est tombée ici : que signifie-t-elle ? Les lignes de ma main, que veulent-elles dire ? Chaque présage à son devin. L'incantateur n'est pas astrologue, le chiromancien n'a rien à faire avec les morts : On compte jusqu'à cent espèces de divinations différentes[16].

Saluez surtout ce grand homme. Il est martyr de l'astrologie. Il a sur lui la marque des fers ; il a longtemps habité le rocher de Sériphe ; un général à qui il avait promis la victoire, vaincu, l'a tenu en prison ; César ne lui a pardonné qu'avec peine. Si vous êtes riche, attachez-le à votre maison[17] : on a chez soi un valet astrologue, comme on a un valet cuisinier, un valet homme de lettres et un valet médecin. A tant par jour, vous aurez près de vous un de ces confidents du ciel[18] : espèce vénale sur laquelle ne peut compter, ni la puissance des grands, ni l'espérance des petits ; gens que Rome proscrira toujours et gardera toujours. — Nul astrologue n'aura d'inspiration s'il n'a été condamné[19].

L'astrologie, en effet, cette superstition de l'athée, est la superstition dominante de ce siècle. Grands et petits, ignorants et doctes se précipitent vers l'astrologie[20] ; l'empereur qui la persécute, la persécute parce qu'il y croit. Catilina, Antoine, Auguste, Agrippa ont eu recours à elle[21] ; Tibère adorait Thrasylle son astrologue pendant qu'il faisait crucifier Pituanius l'astrologue du peuple[22] ; Néron avant de tuer Claude[23], Galba avant de se révolter contre Néron, Othon avant de faire mourir Galba[24], consultent les devins ; et le médecin à la mode choisit pour donner ses remèdes l'heure indiquée par le thème natal[25].

Êtes-vous las maintenant ? Fatigué de chercher hors de vous le repos et la vertu, voulez-vous essayer de le chercher en vous-même, et après avoir fait appel à tant de dieux sourds, en appellerez-vous à votre raison ?

Écoutez, voici la philosophie qui passe. Sous ce portique, au milieu des clameurs et des rires de la foule, deux hommes disputent[26], tous deux à la barbe longue, à la tunique sale, au manteau mal brossé. Un stoïcien, la tête rase, la figure pâlie par les veilles, qui vit de fèves et de bouillie, qui a une sainte horreur pour un lit, un souverain mépris pour la vaisselle d'argent, prend parti pour les antiques croyances, pour la Providence, la patrie, l'amitié ; il a les dieux sous sa tutelle. Un cynique demi-nu, avec sa besace et son pain noir, qui n'argumente pas, mais qui raille, brutal, dédaignant toute autre chose que les seuls appétits du corps, fait gorges chaudes de ces vieux mots de patrie, de mariage, d'amitié, de tous les liens de la vie humaine. Il triomphe, car il fait rire le peuple ; il est du peuple, il parle sa langue. Il a quitté l'atelier d'un tanneur, ou la boutique d'un marchand de parfums, pour le métier plus profitable de philosophe. Il fait le tour du cercle : les oboles pleuvent dans sa besace. Courage, philosophe, tu quitteras bientôt le métier ; tu pourras déposer le bâton, raser ta barbe, et, sage retiré, renoncer à toutes les austérités de ton maitre Diogène. En attendant, va chercher d'autres auditeurs ; les tiens sont partis ; ils sont au temple d'Isis à se faire purifier ; ils demandent la santé à la déesse Fièvre, le courage au dieu de la peur. Mais tu dois être content : ils t'ont bien payé.

Entrez dans l'école du philosophe, qu'y trouverez-vous ? Un rhéteur, un homme qui arrondit son geste, qui étudie sa phrase, qui fait résonner sa période, un philosophe de tribune (cathedrarii philosophi), qui aime à voir la foule se lever et battre des mains au-dessus de sa tête. La philosophie se débite sur un marché, elle ne s'enseigne pas dans un sanctuaire ; elle a ses trafiquants, non ses pontifes[27].

A ce délire de la superstition qui vient s'étaler aux portes de son école, la philosophie ne sait pas de remède ; elle blâme tout bas, elle ne sait point guérir ; elle raille un peu, elle n'ose condamner ; ce n'est pas assez, elle baisse la tète et elle approuve. Vous savez le coq que Socrate mourant offrait à Esculape, vous savez les faiblesses d'un Platon et les respects de Cicéron homme d'État pour les croyances dont se moquait Cicéron philosophe. Écoutez le dernier venu de la science : Sénèque sait bien que toute cette théologie païenne n'a pas de sens, que Dieu n'est pas renfermé dans une idole, que toutes ces traditions et ces rites sont impurs, outrageants Pour la divinité, encourageants pour le vice, souvent obscènes, parfois sanguinaires, toujours puérils. Mais, dit-il, le sage les conservera comme un précepte de la loi, non comme un hommage agréable à Dieu ; il leur paiera son observance comme un tribut moins à la vérité qu'à la coutume[28].

Voilà tout ce que la philosophie ose dire. Étonnez-vous si on l'abandonne, si l'esprit romain garde ses préjugés contre les spéculations philosophiques ; s'il les juge inutiles à un Romain, dangereuses à un sénateur, indignes d'un César[29] ; si enfin (Sénèque en gémit) les écoles des pantomimes ou des cuisiniers se perpétuent mieux que celles des philosophes ; tout cela ne se comprend-il pas ?

De ce rapide tableau que j'aurais pu développer à l'infini, deux choses ressortent donc : l'exaltation et l'égarement de l'esprit religieux, le discrédit et l'impuissance de la philosophie ; mais tout cela sans une doctrine dominante, sans une pensée précise. La philosophie, par le fait seul du vide de ses idées, aboutit naturellement au scepticisme ; la religion, par la prépondérance des instincts grossiers de l'âme et par l'influence de l'imitation orientale, arrive tout droit au panthéisme, formellement prêché dans le culte d'Isis.

Et avec ce scepticisme pratique des philosophes, avec ce panthéisme plus ou moins avoué des prêtres, quelle erreur, quelle monstruosité de la pensée, quel excès de la superstition, quel emportement de l'athéisme est inconciliable ? L'homme qui doute ne peut condamner la folie du superstitieux pas plus que les blasphèmes de l'impie. Le panthéiste, qui fait de tout son Dieu, est bien près de l'athée, qui ne voit son Dieu en rien. Ce qui domine, c'est donc un grand trouble de la pensée, un chaos intellectuel où toutes les idées se rencontrent parce que nulle n'est définie, où toutes les contradictions peuvent être admises, où ce qui logiquement est impossible devient moralement explicable. A côté de ces excès du paganisme, les athées et les panthéistes remplissent le monde, vous dira-t-on[30] : — l'impiété a gagné les grands et les petits[31] ; — pas un enfant ne croit à la barque de Caron et aux noires grenouilles qui barbotent dans les marais du Styx[32]. En effet il n'y a pas de doctrines, mais des penchants ; pas d'enseignements, mais des habitudes ; pas de prétentions à la vérité, mais des élans de l'imagination pour réaliser ses propres rêves. Ces rêves et ces penchants peuvent être sceptiques ou panthéistes, athées ou superstitieux, à la même heure, dans le même homme : l'impiété est superstitieuse, la superstition impie ; et Cicéron a vu des Épicuriens qui n'eussent pas voulu oublier la moindre idole dans leurs dévotions[33].

Pline, par exemple, n'apparaît-il pas comme le plus crédule et le plus superstitieux des hommes ? Y a-t-il une niaiserie populaire qu'il se refuse à admettre ? Les hermaphrodites, les enfants rentrés dans le ventre de leur mère, les hommes changés en femmes[34], la pierre qui, placée sous le chevet, donne des songes véritables, les grandes qualités de l'enfant qui naît avec des dents, la longue vie de l'homme qui a une dent de surplus, la fortune de la femme qui compte doubles les canines du côté gauche[35], le futur malheur de l'enfant qui arrive au monde par les pieds[36] ; Pline rapporte tout, Pline croit tout. Il remédie à la morsure des serpents par la salive d'un homme à jeun ; il crache dans sa main afin de guérir l'homme qu'il a involontairement blessé[37] ; il traite longuement et gravement, sinon avec une foi parfaite, des cures par les incantations et les paroles sacrées[38]. Voilà la raison, la science, la philosophie, la médecine de cet homme qui eut toute la science et toute la philosophie de son siècle !

Mais parlez à ce même homme de l'immortalité de l'âme, cet esprit fort va se moquer de vous : Contes puérils ! rêves de l'orgueil humain ! mensonges dont se berce une âme folle d'immortalité et qui veut se survivre à tout prix ! Je vous le demande, en quelle partie de l'espace y aurait-il place suffisante pour tant d'âmes, qui, depuis le commencement du monde, sont sorties de leurs corps[39].

Parlez-lui de la Divinité, et un amer sourire naîtra sur ses lèvres : Chercher quelle est la figure de Dieu et sa forme, c'est un acte de la sottise humaine... ; s'imaginer des dieux innombrables, c'est une sottise plus grande encore. Et ici vient une critique de toutes les divinités possibles, à l'exception, bien entendu, des trois grands dieux régnants, Vespasien, Titus et Domitien : Demander si cet Être supérieur, quel qu'il soit, se mêle des affaires humaines, c'est chose risible... Au milieu de tout cela, l'aveugle humanité se laisse enlacer par tant de doutes, que la seule chose certaine, c'est que rien n'est certain, et que rien n'est comparable à la misère de l'homme ni à sa superbe. Aux autres animaux, il n'est qu'un souci, c'est de vivre, et la nature y a pourvu libéralement, doués ainsi du suprême avantage de n'avoir à penser ni aux richesses, ni à la gloire, ni aux honneurs, ni surtout à la mort. Pour nous, au contraire, l'habitude nous est venue de croire que les dieux se mêlent des choses humaines, que les crimes sont punis tardivement, il est vrai — les dieux ont tant à faire ! —, mais toujours punis. Nous ne voulons pas admettre que l'homme ait été créé si voisin de Dieu, pour que sa misère le fît redescendre au rang des bêtes. Mais, hélas ! la meilleure consolation que nous puissions avoir des imperfections de notre nature, c'est de penser que Dieu même ne peut pas toute chose, qu'il ne peut accorder l'éternité aux mortels, ni — ce qui est le plus grand don qu'il ait fait à l'homme dans cette misérable vie — se donner la mort s'il le veut[40].

Après le philosophe, irons-nous interroger un poète ? Lucain n'est pas moins incrédule que Pline. Le poète suppose, il est vrai, qu'il y a des dieux ; mais ces dieux, voyez comme il les traite : La royauté de Jupiter est un mensonge ; les dieux laissent aller le monde au hasard. Ils ne savent pas grand'chose. Ils ignorent le suprême bonheur, c'est-à-dire la mort ; leur immortalité n'est qu'un long supplice[41]. Il semble que l'athéisme de Pline ait copié l'athéisme du Lucain.

Mais Lucain, à son tour, sera-t-il plus que Pline à l'abri des superstitions de son siècle ? Pas le moins du monde. Pline croit aux talismans, Lucain croit à la magie. Il n'admet point la Providence, mais il admet le pouvoir d'une vieille Thessalienne édentée qui fait des dieux ce qu'il lui plaît. Il cherche philosophiquement les causes et la nature de ce pouvoir : Pourquoi d'infâmes incantations touchent-elles les dieux, sourds aux pieuses prières de tout un peuple ? Pourquoi cette femme, qui dédaigne de prier ou de sacrifier, a-t-elle le pouvoir de menacer le ciel ?[42] Lucain ne sait pas la cause, il se prosterne devant le fait : Les paroles de cette Thessalienne, dit-il, font violence aux dieux : Jupiter étonné entend gronder la foudre et voit les mondes s'arrêter sans son ordre[43].

Tels sont les plus grands esprits de ce siècle : Tacite, qui trahit son peu de foi à la Providence, croit volontiers aux présages et aux songes ; et Tibère, dit son historien, négligeait le culte des dieux, parce que, voué à l'astrologie, il croyait que tout est conduit par le destin[44]. D'un côté, refusant Dieu au genre humain, dégradant l'homme et la Divinité à la fois, abrutissant la pensée humaine et leur propre pensée, leur philosophie n'est autre chose qu'une misanthropie profonde, sans vertu et sans espérance ; une triste raillerie qui insulte aux misères humaines parce qu'elle n'en sait pas le remède, et à la Providence parce qu'elle ne veut pas la reconnaître. Et, d'un autre côté, ces philosophes et ces sceptiques abaissent l'homme devant les superstitions les plus grossières, devant les talismans, les sortilèges, les rêves, les présages, toutes les misères de la crédulité populaire.

D'où venait tant de faiblesse avec tant d'audace ? Comment pouvaient se concilier tant de crédulité et si peu de foi ? Par un seul mot, le fatalisme. L'athéisme et la superstition, dont l'alliance est si fréquente, ont leur point de rencontre dans le fatalisme. L'athée du roi de Prusse, Lamétrie, était fataliste et craignait fort le vendredi. Le paysan qui ne va plus à l'église, devient fataliste et reste plus persuadé que jamais de la puissance des sorts.

Au fatalisme, en effet, se liait intimement le crédit des sciences occultes. L'astrologie et la divination, avec cette doctrine, sont rationnelles et logiques ; elles ne sont plus que la recherche de causes immuables que Dieu a décrétées une fois pour se reposer ensuite dans son éternité[45]. Les stoïciens qui croyaient au destin admettaient par suite la divination et les présages[46].

Par les sciences occultes, on pensait échapper à la Providence. L'homme sans croyance positive, sans véritable inspiration religieuse, est tourmenté du besoin d'être en rapport avec les causes supérieures. Il désespère de fléchir l'avenir, il veut au moins le connaître ; et plus il en croit les lois mathématiquement inébranlables, plus dans les songes ou les présages il a l'espoir de les découvrir. D'une bonne vie et de prières candides que peut-il attendre ? Rien. Des incantations, des immolations sanglantes, des purifications hideuses, il espère encore quelque chose. Il ne distingue même plus l'incantation de la prière, les vœux adressés au ciel pour le fléchir des paroles magiques qui ont la prétention de le contraindre[47]. Il a mis toute force hors de lui-même et de l'intelligence ; il demande la force à ce qui est étrange, mystérieux, inintelligent, parce que, malgré tous les systèmes que l'homme peut se faire sur l'immutabilité des lois du sort, il faut toujours qu'il demande et qu'il espère, et croie aux sorciers, s'il ne croit en Dieu.

Pline, dans sa misanthropie d'athée, met assez bien le doigt sur la plaie : Le culte des dieux, dit-il, abandonné parles uns, est ignoble et honteux chez les autres ; et néanmoins, entre ces deux doctrines, l'espèce humaine s'est fait un moyen terme, une sorte de dieu qui confond davantage encore toutes nos idées sur l'Être divin : en tout le monde, à toute heure, toutes les voix invoquent la fortune, et pour jeter plus de doute sur ce qu'un dieu peut être, le sort est devenu notre dieu[48].

Tout menait à cette dernière conséquence : — et le scepticisme pratique de la philosophie, par suite duquel diminuait dans tous les esprits la croyance aux forces intelligentes ; — et le panthéisme de la religion, qui contenait dans son sein le fatalisme comme une conséquence inévitable ; — et même l'état extérieur de la société, le despotisme impérial avec sa perpétuelle menace, son action aveugle, soudaine, inconséquente.

Arrière maintenant la gracieuse philosophie de l'ancienne Grèce, faite pour des âmes plus jeunes, plus ardentes, pour un air de poésie et de liberté t Au-dessus de tous ces dieux auxquels, on offre encore des hommages héréditaires, domine quelque chose d'inconnu, mais certainement de redoutable. C'est, dit Pline, la puissance de la nature, l'âme universelle, le seul vrai dieu[49]. C'est un dieu puissant, dit Lucain, plus puissant que la magie elle-même[50]. Ne vous figurez pas une de ces riantes divinités de la Grèce qu'on adore des fleurs sur la tête, les chants à la bouche, à qui l'on offre de blanches victimes. Non, c'est un dieu aveugle, inexorable, entouré de ténèbres, et dont la puissance ne se manifeste jamais que par le mal. C'est un dieu qui peut punir, jamais sauver[51]. Son nom prononcé ébranle la terre et fait trembler les autres dieux. Il n'habite pas dans le ciel, mais au-dessous de la terre, au-dessous des enfers même, dans des abymes où se perd la pensée. Le Tartare est le ciel pour lui. Ce dieu-là se parjure impunément par les ondes du Styx[52] ; ce dieu ne souffre d'être invoqué que par une bouche impure, et veut du sang humain dans les entrailles de ses prêtres[53].

Cette religion sans consolation et sans espérance est bien la religion d'un peuple fataliste et d'un peuple esclave. Le culte de la fatalité ne peut être que lugubre et dégradant ; l'intelligence s'avilit et se consume à adorer ce qui n'est pas intelligent. Il semble que cette époque trouvât une joie effroyable dans la prostration de son aine et mit son dieu le plus bas possible pour s'avilir davantage en l'adorant. Elle aimait à croire — et combien de nos contemporains n'en sont pas là ! — l'enfer plus puissant que le ciel, la matière supérieure à l'esprit, la force au droit, le néant à la vie. Elle aimait à trouver dans l'ordre surnaturel la justification de l'ordre social, l'apologie des Césars et de ceux qui adoraient les Césars. Qu'était-ce en effet que Néron, sinon le destin présent et visible, comme lui injuste, menaçant et aveugle, comme lui adoré et respecté pour le mal qu'il pouvait faire ? Jugez si l'on était loin de Socrate et de Pythagore, et si l'esprit du polythéisme n'avait pas eu bon marché du peu d'opposition que la piété philosophique avait pu lui faire !

Ainsi viennent de se développer devant nous quatre grandes époques du polythéisme antique :

Dans la première, qui n'appartient pas à notre sujet, mais sur laquelle nous avons dû jeter un regard, l'esprit de la Grèce combat les traditions primitives des cultes de l'Orient. Elle soulève contre les notions accablantes du panthéisme antique, la personnalité, la raison, l'indépendance de l'homme. Sa religion humaine et familière, sa philosophie critique, répandues par la conquête d'Alexandre, altèrent et décréditent les cultes de l'Orient. Mais sa religion à son tour subit la fatale influence du principe qui l'a formée. Les arts la corrompent, la poésie lui Ôte toute gravité, la philosophie la discute ; et le même esprit qui a soulevé contre les traditions de l'Orient les fictions d'Hésiode et d'Homère, soulève contre les traditions homériques, la protestation insolente d'un Évhémère, d'un Pyrrhon, d'un Épicure.

Dans la seconde période, de même que la conquête d'Alexandre a décrédité les cultes panthéistes de l'Orient, la conquête romaine anéantit les religions politiques de la Grèce. L'une détruisait le caractère traditionnel, antique, vénéré du polythéisme ; l'autre détruit son but patriotique et son caractère national. Les religions, en ce qu'elles avaient de local et d'héréditaire, sont absorbées par le cosmopolitisme romain ; mais Rome à son tour n'échappe pas à l'influence qu'exerce au dehors sa propre victoire. Son culte national s'affaisse comme tous les cultes nationaux. Elle est envahie par tout ce qu'elle a vaincu, rites de l'Orient, fables de la Grèce, sombres traditions des mystères, impitoyable critique des philosophies.

Auguste relève un peu la tradition romaine, mais sans lui rendre sa force et son sérieux. D'un autre côté, la philosophie tombe décréditée et par les preuves qu'elle a données de son impuissance, et par le besoin, naturel à l'homme, d'adoration et de prière. Il n'y a donc plus au monde ni un culte antique qui soit demeuré debout avec son autorité héréditaire, ni une puissance de raison qui sache remplacer pour l'intelligence et pour le cœur les pratiques et les enseignements du sanctuaire. Restent les instincts premiers d'où est découlé le polythéisme, un besoin de religion universel et vague qui s'attache à tout, accepte tout, mélange tout. Et dans ce mélange dominent nécessairement les tendances primitives du polythéisme, ce culte de la nature, et ces notions de panthéisme que la religion et la philosophie grecque croyaient avoir vaincus.

Enfin, dans la dernière époque qui s'achève avec Néron, le progrès de l'esprit Cosmopolite, le discrédit journalier de la philosophie, le gouvernement abrutissant des empereurs, ont augmenté chaque jour cette tendance. La superstition peureuse et insensée, la dévotion toute matérielle et toute pratique, en un mot, les instincts primitifs du polythéisme ont chaque jour plus de puissance. Culte superstitieux pour les dieux anciens et nationaux, importation de dieux nouveaux et étrangers, mystères, divination, sciences occultes, talismans, aucune de ces folies de l'esprit humain ne demeure en arrière et ne tombe en discrédit. Et enfin, de ce vaste mélange et du panthéisme qui le domine, sort la doctrine, je devrais plutôt dire le sentiment universel du fatalisme accepté presque par tous et devenant comme une religion.

Quand le christianisme vint au monde, le polythéisme ne tombait donc pas, il s'en faut bien. Dans le cabinet du philosophe, sous le nom de destin ; au palais, sous celui de César ; dans les temples, sous les mille formes du paganisme ; dans les mystères et dans les cérémonies, sous les symboles les plus impurs, le père du mensonge[54], l'inspirateur du polythéisme, était adoré. La puissance politique était sienne autant que la majesté religieuse, et cette puissance n'avait jamais été si infernale par ses vices, si redoutée par sa force, si grande par l'étendue de son empire. L'idolâtrie régnait. Et le Dieu un, intelligent, immatériel, était aussi méconnu que jamais par le plus grand nombre des hommes.

Il nous reste, avant d'aller plus loin et de dire ce qu'étaient les mœurs du monde romain, à expliquer la liaison qui rattachait les mœurs aux doctrines, et les conséquences morales qui devaient sortir d'un tel ordre d'idées dans la philosophie, d'un tel ensemble d'habitudes dans la religion.

 

 

 



[1] Επιτομή πασής δεισιδαιμονίας. Théodoret. — Omnium numinum cultrix. (Arnobe). Quo omnia pudenda confluunt celebranturque. Tacite, Ann., XV, 44.

[2] Sur ce point qui n'est pas douteux, voyez, entr'autres, Lucien, de Sacrificiis, p. 186. Hermès, égyptien, cité par saint Augustin, de Civ. Dei, VIII, 23.

[3] V. Senec., Ép. 93, et de Superstitione, apud Augustin, de Civit. Dei, VI, 10.

[4] Externis famulantur sacris et digito deos gestant.... Monstra colunt. (Pline, Hist. nat., II, 7.)

[5] Lucian., in Asino Aur.

[6] Juvénal, I, 531 ; VI. Senec., de Vita beata, 27. Tertullien, Apolog., 9.

[7] Péripéties de ce culte à Rome ; — introduit dès le second siècle de Rome, — expulsé en 696 et les temples démolis par ordre du sénat, — plus tard, le sénat admet ce culte, mais en dehors du pomœrium. — En 707, ordre donné par les aruspices de démolir ses temples (Dion, XLII). — En 722, temple décrété à ces dieux ; — 726, nouvelles interdictions en dedans du pomerium (Dion, XLVII) ; — 733, Agrippa, préfet de Rome, les expulse de nouveau et les interdit même à une distance de 500 pas de la ville (Dion, LIII) ; — 772 (9 de J.-C.), nouvelle expulsion par Tibère, qui fait crucifier les prêtres et jeter au Tibre la statue d'Isis. Ils reviennent définitivement sous Néron.

[8] V. encore Valère Maxime, I, 3, 3.

[9] Tacite, Annal., XI, 15.

[10] J'ai traité de ce prosélytisme judaïque dans mon livre Rome et la Judée, IV (4e édit.)

[11] Dans la neuvième région de Rome, auprès des Septa Julia, vers les lieux où est aujourd'hui la Minerve. V. Juvénal, Sat., VI. Il y avait en outre un temple de Sérapis dans la sixième région, au Quirinal, auprès de Sainte-Agathe. V. encore Josèphe, de Bello, VII, 17 ; Ant., XVIII, 3.

[12] Damnant et irrogant cibos.... ne quieto quidem somno. (Pline, Hist. nat., II, 7.)

[13] V. Clément Alex., qui ajoute : Ils montrent que les temples des idoles sont des tombeaux et des prisons. Protrepticon, 10. Les jurisconsultes s'occupent aussi de ces fanatici, et examinent si ce fanatisme a un caractère de folie tel qu'il puisse être chez un esclave vendu un cas rédhibitoire. Ulp., Dig. 1, § 9, de ædilit. edicto (XXI, 1). On prend dans les inscriptions la qualité de fanaticus ad ædem Bellonæ, Isidis, etc. Orelli 2316, 2317.

[14] Voyez la curieuse épitaphe d'un centenaire trouvée en Afrique : MATVRITAS HOMINVM FVI A ME PERLATA EST SERVITVS LONGINQVA TIMORIS NVMINIS (n'est-ce pas le mot de saint Paul ? qui timore mortis per totam vitam obnoxii erant servituti. Hebr., II, 15.) HVIVS ET RELIGIONIS ETIAM NVDO PEDE CASTE ET PVDICE (per) VNIVERSAE TERRAS CIVITATES APPARVI ET IDEO AB EA SIC MERITA PERTVLI VT BENIGNE TERRA ME RECIPERET. — VIX. A. CXV. — Renier, Inscrip. de l'Algérie, 4182.

[15] V. Perse, II, 15.

[16] Fabricius, Biblioth. antiq., p. 593. Divination par les chèvres, les ventriloques, les corbeaux. Clément Alex., Protrepticon, 2. Médecins exorcistes. Ulpien, I, § 3. Dig., de extraord. cognitionib. (I, 13).

[17] Poppée avait, dans la partie secrète de sa maison, beaucoup d'astrologues qui avaient eu la plus détestable part à son mariage avec Néron. Tacite, Hist., I, 22. Un d'eux poussa Othon à prétendre à l'empire. Ibid.

[18] Tacite, Hist., I, 22 : Genus potentibus infidum, sperantibus fallax, quod in civitate nostra et vetabitur semper et retinebitur.

Les astrologues expulsés de Rome en l'an 31 avant J.-C. (ainsi que les magiciens). Dion, XLIX. — Puis en 16 de J.-C. Tacite, Annal., II, 32. Dion, LVII, p. 612 : — revenus quatre ans après. Ibid., III, 26. — Nouvelle expulsion en l'an 53, par un sénatus-consulte, dit Tacite, à la fois cruel et inutile. — En l'an 70, ils furent encore chassés d'Italie. Id., H., II, 52.

[19] Juvénal, Satires, VI, 562.

[20] Pline, Hist. nat., II, 7.

[21] Plutarque, in Anton., 40. Auguste marquait quelques-unes de ses monnaies du signe du Capricorne, qui était celui de sa naissance. Suet., Aug., 94, et les monnaies encore existantes. Voyez aussi Dion, LV, 1 ; LVI, 25.

[22] Suet., in Tiber., 14, 26, 69. Tacite, Annal., II, 32 ; III, 26 ; VI, 20. Dion, LV, 11 ; LVII, 15 ; LVIII, 26. L'origine de cette mesure de rigueur, selon Dion, fut un songe dans lequel Tibère s'entendit commander de donner de l'argent à un certain homme. Il resta persuadé que cet homme avait obtenu des démons de lui envoyer ce songe. Dion, LVII, 15.

[23] Tacite, Annal., XII, 68.

[24] Suet., in Othone, 4, 6.

[25] Juvénal, VI, 475. Pline, Hist. nat., XXXI, 1.

[26] Lucien, Jupiter tragædus.

[27] Si non institorem, sed antistitem nacta est. (Senec., Ép. 53.) Sur tout ce qui précède, V. de Brevitate vitæ.

[28] Senec., de Superstitione, apud August., de Civ. Dei, VI, 10 : Ut meminerimus cultum hunc magis ad morem quam ad rem pertinere.

[29] Agricola racontait qu'il avait embrassé l'étude de la philosophie avec plus d'ardeur qu'il ne convient à un Romain et à un sénateur, mais que la prudence de sa mère arrêta ce zèle immodéré. Tacite, in Agric., 4.

Agrippine détourna Néron de la philosophie, en lui disant qu'elle ne convient pas à celui qui doit régner. Suet., in Ner., 52.

[30] Philon, Aleg., III, 263.

[31] Servius, ad Virg. Æn.

[32] Juvénal, II, 149. Nemo tam puer est ut Cerberum timeat. (Senec., Ép., 14.)

[33] Novi Epicureos omnia sigilla numerantes. (Cicéron, de Natura deor., 31. V. encore Épist., II, 20.)

[34] Pline, Hist. nat., VII, 3.

[35] Pline, Hist. nat., VII, 16. Un habit qu'on a porté à des funérailles n'est jamais attaqué des vers. Un homme qui a été mordu par un serpent n'a rien à craindre ni des abeilles ni des guêpes. Les blessures causées par la morsure d'un animal s'aggraveront par la présence d'une personne qu'un animal de même espèce aura mordue, etc. XXVIII, 3.

[36] Pline, Hist. nat., VII, 6.

[37] Pline, Hist. nat., XXVIII, 3 et 4.

[38] Pline, Hist. nat., XXVIII, 2, 3, 4. V. en entier ces curieux chapitres.

[39] Pline, Hist. nat., VII, 55.

[40] Hist. nat., II, 7. Ailleurs Pline semble regarder le soleil comme le dieu suprême. II, 4.

[41] Pharsale, VII, et VI.

[42] Pharsale, VII.

[43] Pharsale, VII.

[44] Suet., in Tiber., 69. V. les superstitions de Néron. Suet., in Nér., 34, 56 ; Pline, Hist. nat., XXX, 2. Caligula a peur du tonnerre. Suet., in Catig., 51.

[45] Pline, Hist. nat., II, 7.

[46] V. Cicéron, de Div., I, 41, 55, et la réfutation qu'il en fait, II, 42, 47.

[47] V. le curieux chapitre où Pline discute, sans oser la résoudre négativement, la question de la vertu médicinale des paroles humaines. XXVIII, 2. Et ci-dessus les citations de Lucain au sujet de la contrainte que les incantations magiques exercent sur la volonté divine.

[48] Pline, Hist. nat., II, 7. Paul Émile, vainqueur contre toute attente, avertit ses enfants de vénérer la Fortune, dont la puissance est si grande. Florus, II, 12.

[49] Pline, Hist. nat., I, 7 ; XXVII, 3.

[50] Pharsale, VI, 614-615.

[51] Si libertatis superis tam cura placeret,

Quam vindicta placet.

Et Tacite de même : Non esse diis curæ securitatem nostram, esse, ultionem.

[52] V. les menaces de l'Hémonide aux dieux infernaux, Pharsale, VII.

[53] Pharsale, VII.

[54] Joan., VIII, 44.