LES CÉSARS JUSQU'À NÉRON

 

APPENDICES AU TOME DEUXIÈME.

APPENDICE B. — DES FAMILLES ROMAINES.

 

 

Ce dépérissement et ce prompt renouvellement des familles romaines peuvent être confirmés ici par une courte notice sur quelques-unes des familles qui ont joué un rôle sous les empereurs ; l'ouvrage, malheureusement non encore terminé (1840), de Drumann (Histoire de Rome, etc.), donne tous les détails désirables sur une grande partie des familles notables de Rome au temps de César et d'Auguste. Je prends son travail pour point de départ, et je cherche à le compléter de mon mieux, soit pour la partie qu'il n'a pas encore traitée, soit pour les années qui sont en dehors des limites de son sujet. J'ai déjà indiqué les trois âges de l'aristocratie romaine : 1° le patriciat, l'ancienne et fondamentale aristocratie, déjà bien diminuée de nombre vers la fin de la république ; 2° la nobilitas, composée de familles plébéiennes qui arrivèrent aux honneurs quand les honneurs furent ouverts à la plebs ; 3° les familles nouvelles, qui n'arrivèrent aux honneurs que sous les Césars.

J'indique d'abord le nom propre de la famille (nomen gentilitium), puis le surnom (cognomen), souvent variable, qui servait à distinguer les branches.

 

I. — FAMILLES PATRICIENNES.

ÆMILII. 1° Lepidi. — Famille féconde en bons citoyens (Tacite, Annal., VI, 27), garde quelque gloire sous les empereurs. — Le triumvir Lepidus, mort en 741. — Ses deux petits-neveux, consuls ; l'un d'eux capable de gouverner l'empire. (Tacite, Annal., I, 13.) Un L. Æm. Lepidus, consul en 754 de Rome ; mari de Julie, petite-fille d'Auguste. (V. la généalogie des Césars, Tab. II, n° 21.) — Un autre M. Lepidus, pauvre, demeure honorable dans sa pauvreté, dit Tacite, Annal., III, 32. — Mais une Lepida, petite-fille de Sylla et de Pompée, accusée d'adultère, d'empoisonnement (an 20), est convaincue et se donne la mort. (Tacite, III, 22, 23.) — En 35, une autre, femme de Drusus, fils de Germanicus, accusatrice de son mari, accusée d'adultère avec un esclave, se donne la mort. (Tacite, VI, 23, 40.) — En 39, Marcus Lepidus, petit-fils d'Auguste, beau-frère de Caligula, est mêlé à toutes les infamies de ce prince, conspire contre lui avec Agrippine et Julie, et a la tète tranchée. (Suet., in Claud., 24. 36. Tac., Ann., XIV, 2 et ci-dessus Tab. II, 22.)

Scauri.— Famille d'une illustration assez récente, quoique patricienne et d'une origine antique. Au commencement du VIIe siècle, leur aïeul était marchand de charbon. (Aurel. Vic. ; Val. Max.) — Un M. Scaurus, pris et gracié à Actium. — Mamercus Scaurus, son petit-fils, orateur et poète, accusé sous Tibère de lèse-majesté, d'adultère et de sortilège, se tue (an 34) (Tacite, VI , 29) ; il est le dernier de sa race. (Senec., Suasor., I, 56.)

Pauli. — Æm. Paulus, consul, construit la basilique Æmilia.

CLAUDII (Clodii). — Nerones sive Pulchri. Famille d'origine sabine (Atta Clausus), aristocratique et arrogante (Appius Claudius, décemvir), redoutée même du sénat, maltraitant les tribuns ; jamais un Claudius accusé ne prit le deuil ; jamais, avant l'empereur Néron, un étranger ne fut admis par adoption dans la famille Claudia. (Suet., in Tiber., 1 ; in Claud., 39 ; in Ner., 6. Tacite, Annal., 1, 4 ; XII, 25.) — Appius Claudius, censeur au temps de Cicéron. — Publius Clodius, l'ennemi de Cicéron, se fait plébéien et tribun. — Un Claudius, adopté dans la famille Livia, est père de Livie, femme d'Auguste ; celle-ci fait adopter par Auguste les deux fils qu'elle avait eus de Tiberius Claudius, son premier mari. — Ces deux fils furent l'empereur Tibère (Tiberius Claudius Nero), et son frère, qu'on surnomma Drusus. La race de Tibère s'éteint dans son petit-fils, tué par Caligula. — Celle de Drusus, dans les enfants de l'empereur Germanicus (entre autres Caligula), et dans ceux de Claude, autre fils de Drusus ; Britannicus fut le dernier des Claudii. — Une Claudia Pulchra, sous Tibère (au 26), condamnée pour adultère. — Détails sur la gens Claudia : Borghesi, t. I, Osservazioni numismatiche.

CORNELII. 1° Sullæ ou Syllæ. — Plusieurs Syllas, consuls, an de Rome 749, pris de J.-C. 33, 52. — En 17, un Sylla exclu du sénat pour sa mauvaise conduite. — En 62, Publius Sylla, gendre de Claude, exilé à Marseille par Néron, y est tué par ordre de ce prince.

Scipiones. — Descendant, peut-être par adoption, des anciens Scipions ; consuls en 57 et 58 ; ne jouent qu'un assez faible rôle. – César allant faire la guerre contre Metellus Scipion, en Afrique, où l'on disait que le nom des Scipions était fatalement vainqueur, pour détourner le présage, emmène avec lui un Scipion, homme fort méprisé, surnommé Salucion, du nom d'un bouffon auquel il ressemblait. (Suet., in Cæs., 59.) — Pub. Corn. Scipion, mari de la première Poppée, auteur de la proposition au sénat en faveur de l'affranchi Pallas. (Tacite, Annal., XI, 3, 4 ; XII, 53 ; XIII, 25.)

Lentuli. — Tous orateurs distingués (Tacite, de Orat., 37). — Pub. Lentulus Sura, complice de Catilina. — Deux Lentuli, consuls en 736. — Un autre, consul en 740, honoré par sa patience dans sa pauvreté, sa modération dans l'opulence, accusé de lèse-majesté (24), meurt en 35. (Tacite, Annal., I, 27 ; II, 32 ; III, 59, 68 ; IV, 29, 44.) —Sous Tibère, Cnéius Lentulus l'augure, son incapacité et sa fortune. — Des Lentuli, consuls en 25 et 60.

Cethegi. — Caïus Céthégus, complice de Catilina. — Un Céthégus, consul en 24.— Un M. Céthégus, consul en 170.

Dolabellæ. — Publius Dolabella, gendre de Cicéron, son tribunat. — Son fils, amoureux de Cléopâtre. — Le fils de ce dernier (ans 23 et 24), vainqueur en Afrique ; Tibère lui refuse le triomphe. (Tacite, Annal., III, 47, 68 ; IV, 23, 24.) — Cnéius Dolabella, suspect à Galba, relégué par Othon, tué par ordre de Vitellius. (Tacite, Hist., I, 88 ; II, 63.)

Cinnæ. — Cnéius Cinna conspire contre Auguste, est gracié et fait consul en l'an 5.

Maluginenses. — Un consul, an 10 ; un autre, Flamen Dialis, an 20. (Tacite, Annal., III, 58, 71.) Son fils lui succède, an 23. (Tacite, Annal., IV, 16.)

FABII. Maximi. — Ceux qui existaient au temps de l'empire étaient originaires de la gens Æmilia, et ne portaient le nom de Fabius que par adoption. — Q Fab. Max., dont parle Cicéron, in Vatinium, II, 28. Son fils, Q. Fab. Max., consul en 743 de Rome, proconsul d'Asie. — Son petit-fils, Paulus Fab. Persicus, consul en 34 ap. J.-C. (Sénèq., de Benef., IV, 30. Juvénal, VIII, 13. Tacit., Ann., VI, 28. Henzen, 7051. Marini, Atti, 4, 7, 11.) — Oncle de celui-ci, Q. Fab. Max. Africanus, consul en 744, proconsul d'Afrique ; 749 de R. Fab. Max. (lequel ?) meurt (an 14 ap. J.-C.) peu avant Auguste. (Tacite, Ann., I, 5.)

FURII. Camilli. — Furius Camillus, proconsul d'Afrique. Ses victoires, an 17. (Tacite, Annal., II, 52 ; III, 20.) Sa gloire lui fut pardonnée, dit Tacite, à cause de la simplicité de ses mœurs. — Son fils (adoptif ?), Furius Camillus Scribonianus, consul en l'an 32, se révolte contre Claude, et est tué. Junia, sa femme, est exilée. — Son fils, exilé sous Claude, meurt, fortuita morte an per venenum ? (Tacite, XII, 52, an 53.)

JULII. Cæsares. — V. ce que dit César de l'antiquité de sa famille ; il ne laisse d'autre fils que le bâtard Césarion. — Octave, son petit-neveu et son fils adoptif, prend son nom. (V. sur les Julii, Borghesi, loco citato.)

SERVILII. Cæpiones. — Q. Servilius, oncle et père adoptif de M. Brutus ; Servilie, mère de Brutus ; et une autre Servilie, femme de Lucullus, sont les derniers de cette famille. (Cic., Annal., II, 24. Fam., VII, 21. Phil., D, 10.) C'est par suite de cette adoption et de la confiscation des biens de Brutus que la villa de Servilius, dont il est plusieurs fois question, passa aux Césars.

Des Servilii (d'une autre famille) sont consuls sous les empereurs, en 3 et 34. (Tacite, Annal., III, 22 ; VI, 31.) Ce dernier meurt en 60.

SULPITII. Galbæ. — Très-ancienne famille, descendant, disait-on, de Jupiter et de Pasiphaé. — Patriciens. (Tacite, Annal., III, 48.) — Consuls en 511, 552, 644 de R. Plusieurs distingués par leur éloquence. — Le père de l'empereur Galba fut C. Sulpitius, consul, bossu, orateur médiocre, mais très-livré à la plaidoirie. — Un autre Caïus, frère de l'empereur, quitte Rome à cause de sa pauvreté ; consul en 22 ; Tibère lui interdit de concourir au tirage au sort des provinces ; il se tue. — Servius, appelé aussi Lucius, consul en 33, fait empereur après Néron, est tué au bout de quelques mois. (Suet., in Galba, 1 et s.) V. aussi Borghesi et la généalogie de cette famille dans un Appendice à mon livre Rome et la Judée. — Quoique, selon Denys d'Halicarnasse (I, 85), il restât à la fin de la république une cinquantaine de familles patriciennes, il en est bien peu, comme on le voit, dont on retrouve sous les empereurs des traces un peu éclatantes et un peu certaines. J'ai expliqué les causes de cette prompte extinction, dont la preuve est dans les nominations de nouveaux patriciens, que César, Auguste et Claude furent obligés de faire, pour suffire aux besoins du sacerdoce. Tacite affirme qu'au temps de Claude, il ne restait pas une famille des patriciens de la république. (Annal., XI, 25.)

 

II. — FAMILLES PLÉBÉIENNES CONSULAIRES SOUS LA RÉPUBLIQUE.

ALII. — Beaucoup de familles de ce nom ; la plus illustre est celle des Lamiæ. Son antiquité. (Horace, Ode III, 17.) —Consuls en 3, en 116. — L. Æl. Lamia meurt en 33 (Tac., Ann. , IV, 13 ; VI, 27.) — Un autre Lamia auquel Domitien enlève sa femme, et qu'il fait tuer. (Suet., in Domit., I, 10. Juvén., IV, 154.)

ANTISTII. Labeones sive Veteres. Antistius Labéo, célèbre jurisconsulte sous Auguste et sous Tibère. (Tacite, Annal., III, 75.) — Caïus Antistius, consul en 23. — Antistius Vétus, consulaire, beau-père de Plantas, accusé, se donne la mort. (Tacite, XVI, 11.) — Un autre Antistius Vétus en Macédoine, probablement client de cette famille. (Tacite, Annal., III, 38.)

ANTONII. — M Antoine le triumvir. — Sa postérité fut malheureuse ; ses enfants, nés de Cléopâtre, bâtards selon la loi romaine, périrent peu après lui. — Parmi ceux qu'il eut de ses autres femmes, Antyllus fut jugé et tué après la mort de son père en 724 de Rome. — Iulus ou Julius Antonius, préteur en 741, consul en 744 de Rome, étant devenu amant de Julie, fille d'Auguste, périt en l'an 752 de mort violente[1]. — Son fils, retenu par la défiance de Tibère, meurt à Marseille. (Tac., Ann., IV, 44. V. l'Appendice précédent, Tab. II, n° 5 et 6.) — Deux filles du triumvir : une Antonia, grand'mère de Néron par Domitius ; une autre, sa bisaïeule par Germanicus et Agrippine. — Les Gordiens, empereurs aune, siècle, prétendaient descendre du triumvir Antoine.

AURELII. Cottæ. — Illustre famille du temps de la république. — Aurélia, mère de César. M. Aurelius Cotta, consul en 20. (Tacite, Ann., III, 17.) — Un autre Aurelius Cotta, après avoir dissipé son patrimoine, reçoit une pension de Néron. (Tacite, Annal., XIII, 31.) V., en général, Borghesi, tome I, loco citato.

CALPURNII. Pisones. — Famille illustre, pleine d'orgueil aristocratique. — Cu. Pison, ennemi de César et d'Auguste, gracié par celui-ci. — Cn. Pison, son fils, auteur de la mort de Germanicus, se tue (20). — Cn. et M., ses fils. (III, 17.) —L. Pison, homme de mœurs antiques ; sa hardiesse ; accusé de lèse-majesté, meurt à temps (24), dit Tacite, Ann., IV. — L. Pis., préteur, tué en Espagne (25). (Ann., IV, 45.) — Un autre. L. Pis., pontife, meurt dans son lit (mirum in tanta claritudine !) en 32. (Ann., VI, 10.) — Une Calpurnia, exilée sous Claude par Agrippine, jalouse de sa beauté (50). — L. Pis., consul en 58, tué en Afrique, par ordre de Mucien (70). (Hist., IV, 48, 70.) C. Pison conspire contre Néron et meurt. Calpurnius Galérianus, son fils, tué en 69 par ordre de Mucien. — Un Calp., descendant sans doute de cette famille, consul en 111.

CASSII. Longini. — C. Cassius, meurtrier de César, se tue après la bataille de Philippes. — Sa famille, ancienne et honorée, reste célèbre même chez les barbares ; son attachement aux anciennes mœurs. (Tacite, Ann., VI, 15 ; XII, 12.) — Son frère, L. Cass. Longin., tribun du peuple en 710 de R., continue la famille. — Il a un petit-fils, L. Cassius, consul en 742. — Un arrière-petit-fils, L. Cassius, consul en 30 ap. J.-C., épouse Drusille, fille de Germanicus. (Tac., Ann., VI, 15, 45.) — C. Cassius, descendant du fameux Cassius, marié à une Junia Lepida, homme d'une gravité antique, savant jurisconsulte, garde l'image de son aïeul avec cette inscription : Duci partium. Néron l'exile (65). Vespasien le rappelle. (Tacite, Ann., XII, 11, 12 ; XIV, 13 ; XV, 52 ; XVI, 6, 9. Suet., in Ner., 37.) Ce nom destiné à être porté par des républicains enthousiastes fut encore celui du meurtrier de Caligula, Cassius Chœréa, et celui du dernier républicain, Cassius Avidius, qui se révolta contre M. Aurèle.

CLAUDII. Marcelli. — Branche plébéienne de la gens Claudia. — Marcellus, neveu d'Auguste, l'idole du peuple (Tu Marcellus eris), meurt prématurément, empoisonné, dit-on, par Livie, en 730 de Rome. — Les Marcelli Æsernini, alliés des Asinii, orateurs célèbres, consuls en 732 de Rome et 54 après J.-C. (Tacite, Ann., III, 11 ; XI, 7 ; XII, 64 ; XIV, 40. Sen., Controv., IV, Præfat. Dion, LIV. Suet., in Aug., 43 ; in Claud., 45.)

DOMITII. 1° Ænobarbi (Barbe rousse). — Admis au patriciat probablement sous Auguste. — Un de ces Domitii vit un jour Castor et Pollux qui lui annonçaient une victoire remportée par les troupes romaines, et, en gage de leur apparition, lui caressèrent si bien les joues que sa barbe devint rouge comme l'airain. (Suet., in Ner., 1.) Un grand nombre de ses descendants eurent la barbe rousse. — Sept consuls, un triomphateur et un censeur : orgueilleux et violents ; on disait de l'un d'eux : Il n'est pas étonnant que sa barbe soit d'airain, quand son front est de fer et son cœur de plomb. — L. Domitius, ennemi acharné de César, tué à Pharsale. — Son fils combat pour les meurtriers de César, puis pour Antoine ; passe à Auguste : consul en 721 de Rome. — L. Domitius, fils de ce dernier, consul en 738, arrogant et plein de violence, fait monter des matrones et des chevaliers sur la scène, pousse la cruauté dans les combats de gladiateurs à un excès qu'Auguste est obligé de réprimer. — Son fils, Cnéius, détestable en toute sa vie, assassin, escroc, consul en 32 ap. J.-C., digne père de Néron. — Domitia et Domitia Lepida, ses sœurs, l'une empoisonnée par Néron ; l'autre, mère de Messaline ; Agrippine la fait condamner à mort en 54. (Tacite, Ann., XII, 64, 65.) — Lucius, fils de Cnéius, élevé par ces deux tantes, adopté par Claude, devient empereur sous le nom de Néron, et meurt le dernier de sa race. V. encore Borghesi, tome I, Osservaz. numismat.

Calvini. — Le dernier nommé dans l'histoire, et consul en 714 de Rome.

Domitius Afer, l'orateur dont j'ai parlé plusieurs fois ; Domitia, femme de Vespasien ; Cn. Domitius Corbulon, le général vainqueur et proscrit sous Néron ; son père (?), consul sous Caligula (Dion, LIX, p. 651) ; et sa fille Domitia Longina, femme de Domitien, répudiée et reprise par lui, et qui finit par le faire mourir, se rattachent-ils à l'une de ces deux branches de la gens Domitia[2] ?

HORTENSII. Hortali. — Hortalus, petit-fils de l'orateur Hortensius, secouru dans sa pauvreté par Auguste, qui lui donne un million de sesterces pour se marier, implore inutilement la pitié de Tibère ; ses enfants tombent dans une honteuse misère.

JUNII. 1° Bruti. — Junia, femme de Cassius, le meurtrier de César, sœur du célèbre Brutus et nièce de Caton, meurt la dernière de sa race en 22 ap. J.-C. On remarque qu'elle osa ne pas nommer Tibère dans son testament. A ses obsèques parurent les images de vingt des plus nobles familles ; mais parmi tant de noms illustres, ceux de Brutus et de Cassius furent d'autant plus remarqués que leurs images étaient absentes. (Tacite, Ann., III, 76.)

Silani ou Torquati. Nulle famille ne fut plus cruellement décimée par les Césars. — D. Silanus, amant de Julie, petite-fille d'Auguste, exilé par ce prince en 761 de R. (Tacite, Ann., III, 24.) — C. Silanus, proconsul d'Asie, exilé en 22 ap. J.-C. (Tacite, Ann., III, 66, 69.) — Junia Torquata, sa sœur, vestale ibid. — M. Silanus, consul en 19 (Tacite, Ann., II, 59 ; III, 24, 57 ; VI), beau-père de Caligula et tué par lui. (Suet., in Cal., 12, 23.) — Junia Claudilla, femme de Caligula (Tacite, Ann., VI, 20 ; Suet., in Cal., 12), meurt en 33. — App. Silanus, consul en 28, second mari de la mère de Messaline ; celle-ci devient amoureuse de lui, et pour se venger de ses dédains le fait mourir en 42. — Son fils, L. Silanus, fiancé d'Octavie ; son mariage est rompu ; on lui ôte la préture ; il est accusé d'inceste avec sa sœur et se tue en 49. (Ann., XII, 3, 8.) —Junia Calvina, sa sœur, exilée. (V. sur elle, Ann., XII, 4, 8 ; XIV, 12. Suet., in Vespas., 23.) — Ses frères : M. Silanus, appelé par Caligula pecus aurea, consul en 46, tué par ordre d'Agrippine en 54 (Ann., XIII, 1.) — D. Silanus Torquatus, consul en 53, tué par Néron. (Ann., XV, 35 ; XVI, 8, 12.) — Leur sœur, Lepida, femme du jurisconsulte Cassius, accusée d'inceste avec son neveu, est tuée en 65. (Id., XVI, 8, 9.) — Celui-ci, L. Silanus Torquatus, exilé et tué à la même époque. — Une Junia Silana, femme de Silius, que Messaline force à. la répudier, est ensuite exilée par Agrippine, et meurt en exil en 60. (Tac., XIV, 12.)

Les Silani portaient le surnom de Torquatus, sans doute par suite d'une alliance avec les Manlii, dont la race était éteinte. Ce sont eux probablement aussi qui portaient le collier (torques) auquel ce nom faisait allusion et que Caligula leur interdit de porter. (Suet., in Cal., 35.)

LICINII. 1° Crassi. — M. Licin. Crassus, le triumvir, tué par les Parthes. — Son petit-fils, M. Licin. Crassus, consul en 723de Rome, triomphateur en 725. — Le fils de celui-ci, consul en 739. — Le petit-fils, M. Licin. Crassus Frugi, consul. en 27 de J.-C., et triomphateur, tué par Claude (Tacite, Ann. ; Hist., I, 14. Suet., in Cl., 17. Sénèque., Apocoloq.) avec sa femme Scribonia, petite-fille du grand Pompée. — Le fils de ce Crassus prend le nom de Pompéius Magnus, est gendre de Claude, tué par son ordre. (Tacite, Hist., I, 48. Suet., in Cl., 29. Sénèq., Apocoloq.) — Son frère, M. Licin. Crassus, consul en 44, tué par Néron. (Tacite, Hist., I, 48.) — Un autre frère, Crassus Scribonianus, refuse l'empire en 70. (Tac., Hist., I, 47 ; IV, 39.) — Le dernier frère, adopté par Pison, dont il prend le nom, puis par Galba, et associé à l'empire, est tué par Othon. (Tacite, Hist., I, 14, 48. Suet., in Galba, 17.) — Un Crassius Frugi est banni par Trajan et tué par Hadrien en 117.

Ces Crassus étaient descendants de Pompée par les femmes, c'est pour ce motif qu'un d'eux portait le nom de Pompée et le surnom de Grand que Caligula lui défendit de porter. (Suet., in Cal., 35.)

POMPEII. — La postérité mâle du grand Pompée parait s'être éteinte dans ses deux fils Cnéius et Sextus, qui périrent dans les guerres civiles (709 et 719). — Néanmoins Sext. Pompéius, consul en 14 après J.-C., et C. Pompéius, consul en 50, alliés d'Auguste, paraissent être de la même famille. (V. sur eux Tacite, Ann., I, 7 ; III, 11, 32 ; XII, 5. Dion, LVI. Valère Max., IV, 7.) — Un fils de ce Sextus (?), tué par Caligula. (Sénèq., de Tranq. animi, 11.) — Libon, qui péril sous Tibère, comme coupable de conjuration, et Æmilia Lepida, condamnée pour adultère et empoisonnement, descendaient de Pompée par les femmes. (Tacite, Ann., II, 27 ; III 22.) — Le nom de Pompée passa dans la famille des Crassus, et un d'eux fut tué à ce titre. (Suet., in Claud., 29.)

SCRIBONII. Libones sive Drusi. — Ils descendaient d'une fille de Pompée. — Un Scribonius Libo, envoyé dans le Bosphore par Auguste, épouse une petite-fille de Mithridate et veut s'y rendre indépendant. Il en est chassé. (Dion, LIV.) — Scribonia, sa tille, mariée à deux consulaires, femme d'Auguste, mère de Julie, répudiée le jour de ses couches, meurt en exil. — Scrib. Libo, neveu de celle-ci, accusé de conspiration sous Tibère, se tue (an 16). — On interdît aux Libons de prendre désormais le nom de Drusus, en 16. (Tacite, Ann., II, 27 et s.) — L. Scrib. Libo, consul en 16. — Deux frères Scribonii, remarquables par leur union et leur opulence, tués par Néron. (Tacite, Ann., XIII, 48 ; Hist., IV, 41.) — Scribonia, femme d'un Crassus, tuée avec son mari sous Claude. (Sénèque, Apocoloq.)

SEMPRONII. Gracchi. — Un Sempr. Gracchus, amant de Julie, est exilé par Auguste, et Tibère le fait tuer dans son exil. (Tacite, Ann., I, 53.) — Son fils, élevé dans le lieu de son exil, pauvre et misérable, y vit d'une industrie obscure, et cependant n'échappe pas à la haine de Tibère ; il est accusé. (Tacite, Ann., I, 16 ; IV, 13.) — C. Gracchus, préteur. (Tacite, Ann., IV, 16, 38.) — Ce sont les dernières traces de la famille des Gracques.

TULLII. Cicerones. — Chacun sait que Cicéron était d'une simple famille de chevaliers du municipe d'Arpinum. Les deux Quintus, son frère et son neveu, périrent dans les guerres civiles. — Marcus, son fils, le plus grand ivrogne de Rome, ne fut cependant pas sans caractère ni sans talent. Consul en 723 avec Auguste, à, ce titre il fit condamner par le sénat la mémoire d'Antoine, l'ennemi de son père. — Il n'y a plus ensuite trace des Cicérons.

VALERII. Messalæ sive Corvini. — Famille d'orateurs. — M. Val. Messala Corvinus, partisan de Brutus, gracié et protégé par Auguste, consul en 723 ; premier préfet de Rome, orateur illustre. (Tacite, Ann., VI, 11 ; XI, 6, 7 ; XIII, 34 ; de Orat., 17, 18, 21.) — Son fils, consul en 20. — Son petit-fils Statilius Corvinus se révolte contre Claude. (Suet., in Claud., 13.) — Son arrière-petit-fils, consul en 58 avec Néron, comme lui-même l'avait été avec Auguste. (Tacite, XIII, 34.) — Un autre Messala, surnommé Barbatus, consul en 742 de Rome, épouse Marcella, nièce d'Auguste. (Suet., in Aug., 43 ; in Cl., 26. Dion, LIV.) — Son fils, M. Val. Messala Barbatus (Suet., ibid.) père de Valéria Messalina, femme de Claude. — Un Valérius Messalinus, consul en 73. — Statilia Messalina, tille de Statilius Corvinus, épouse Néron et lui survit. L'empereur Othon au moment où il mourut était sur le point de l'épouser. (Suet., in Othon, 10.)

 

III. — FAMILLES CONSULAIRES SOUS LES EMPEREURS.

ÆLII. Sejani. — Le père de Séjan était Seius Strabo, chevalier romain, préfet du prétoire. (Tacite, I, 7, 24.) — Son fils prend le nom d'Ælius, par suite d'adoption. Son élévation. (Tacite, IV, 17.) Ses frères et ses cousins consuls. — Sa chute en 31. — Son fils aîné parait avoir été tué en même temps que lui comme complice de son crime. —Atroce supplice de ses enfants plus jeunes. (Tacite, V, 9)

ANNÆI. Senecæ. — M. Seneca, le père du philosophe, originaire de Cordoue, vient le premier de sa famille s'établir à Rome sous le règne d'Auguste et y enseigne la rhétorique. — L. Annamis Seneca, le philosophe, précepteur de Néron, consul en 58, marié à Pompéia Paulina, est obligé par Néron à se donner la mort en 65. — Annæus Mella, son frère, également obligé à se tuer. (Tacite, XVI, 17.) V. sur lui Sénèq., Controv., II , Prœf. Tacite, Ann., XX, 71. Pline, Hist. nat., XIX, 6. Son fils Lucain s'était déjà donné la mort (Tacite, Ann., XV, 49, 56, 70 ; XVI, 17. Stace, Silv., II. Sénèq., ad Helv.) — M. Ann. Novatus, autre frère du philosophe, nommé par suite d'adoption Junius Gallion. (V. sur lui Tac., Ann., VI, 3 ; XV, 73. Quintil., III, 2, 10. Sénèq., Nat. Quæst., III ; Controv., loc. cit. Dion, LVIII. Act. apostol.) — Il a une fille appelée Novatilla. (Sénéq., ad Helviam, 18.) Je parlerai plus tard ci-dessous t. IV, livre IV, ch. II et dans les Antonins, t. III, appendice II, des deux Annæi chrétiens, dont on a retrouvé l'épitaphe.

ARRUNTII. — Le seul personnage illustre de cette famille, L. Arruntius, consul en 6, longtemps gouverneur d'Espagne sans que Tibère lui permit d'y aller, riche et honoré, loué souvent pour la pureté de sa vie, pour son éloquence et l'usage honorable qu'il en faisait ; accusé, est obligé de s'ouvrir les veines en 37. (Tacite, I, 13, 76-79 ; III, 6, 21 ; V, 27 ; VI, 47, 48 ; XI, 6.) — T. Arruntius. (Tacite, III, 4.) — Arruntius Stella. (Id., XIII, 22.)

ASINII. Polliones sive Galli. — Asinius Pollion, célèbre historien et orateur. Né en 677, consul en 714 de Rome, meurt en l'an 5 de J.-C. (Tac., Ann., 1, 12 ; XI, 6 ; de Orat., 17, 21, 25 ) — Son fils, C. Asin. Gallus, né en 714, consul en 746, épouse Vipsania, répudiée par Tibère ; emprisonné par ce prince pour un prétendu adultère avec Agrippine, il est obligé de mourir de faim en 33 après J.-C. (Dion, LVIII. Suet., in Tib. Tacite, Ann., I, 76, 77 ; II, 32, 35 ; IV, 20, 30, 71 ; VI, 23.) — Des Asinii, consuls en 23, 25, 54, 63 (V. sur eux, Tacite, Ann., IV, 1, 34, 61, 111-75. Pline, Hist. nat., XXXIII, 2, 8, 32 ; IX, 18,. 31, 67. Orelli, 2546. Henzen, 7165. Sénèq., in Apocol.) — Asinius Gallus, petit-fils de l'orateur, se révolte contre Claude et est exilé, en 47. (Suet., in Cl., 13.) — Une fille de l'orateur épouse un M. Claudius Marcellus Æserninus, d'où naissent les Marcelli Æsernini ou Asinii Marcelli que j'ai nommés plus haut. — Q. Asinius Marcellus, accusé de faux en matière de testament. (Ann., XIV, 40.) — V. sur la généalogie des Asinii, Borghesi, Œuvres, t. III, p. 339 et s.

COCCEII. Nerva. — Famille d'origine crétoise et nouvelle à Rome. — M. Cocceius Nerva, consul en 716 de Rome. — son fils, Cocceius Nerva, consul en 22 ap. J.-C., jurisconsulte célèbre, ami de Tibère, se tue en 33. (V. Tacite, Ann., IV, 58 ; VI, 26.) — M. Cocc. Nerva, fils du jurisconsulte, consul, dit-on, en 40.— Son fils, M. Cocc. Nerva, désigné préteur en 66 (Tacite, Ann., XV, 72), reçoit les ornements du triomphe sous Néron ; poète ; consul en 71 et 90 ; succède à l'empereur Domitien en 96 ; ne laisse pas de postérité. — V. sur les Cocceii, Borghesi, t. I, Osservaz. numismat.

HATERII. — D. Hatérius Agrippa, consul en 22 ; parent de Germanicus. (Tacite, Ann., I, 77 ; II, 51 ; III, 49, 52 ; VI, 4.) — Q. Hatérius, senex fœdissimæ adulationis, consul en..., orateur et délateur célèbre, meurt en 26. (Ibid., I, 13 ; II ; III, 57 ; IV, 61.) — Q. Hatérius Antoninus, consul en 53. Ruiné par ses débauches, obtient une pension de Néron. (Ibid., XII, 58 ; XIII, 34.)

JUNII. Blæsi. — Junius Blœsus, oncle de Séjan, proconsul en Afrique en 21, 22 ; le dernier citoyen qui reçut le titre d'imperator. (Tacite, Ann., III, 38.) Périt avec Séjan en 31. (Tacite, Ann., V. 7.) — Deux Blæsus, ses fils, se tuent par l'ordre de Tibère en 36. (Ibid., VI, 40.) — Junius Blæsus, son autre fils, est empoisonné par Vitellus dont il blesse la jalousie par la magnificence de ses repas. (Hist., II, 59 ; III, 38.)

LOLLII. — Famille élevée par Auguste. (V. Horace.) — M. Lollius, consul en 33, défait par les Germains en 738, enrichit sa famille par le pillage de l'Asie. — Son fils, M. Loll., consul en... (Tacite, Ann., III, 48.) — Sa petite-fille, Lollia Paulina, femme d'abord de Memnius Regulus, épouse Caligula, veut épouser Claude. Agrippine la fait périr en 49. (V. Tacite, Ann., XII, 1, 22 ; XIV, 12.)

MEMNII. Reguli. — Famille illustre , quoique nouvelle ; échappe à la tyrannie des empereurs. — Un P. Mem. Regulus consul en 31. (Est-ce le premier mari de Lollia Paulina ?) — Un C. Mem. Regulus, gouverneur de la Mésie et de la Grèce en 35, 36. Son crédit. Néron le désigne comme pouvant être son successeur. Il meurt en 62. (Tacite, Ann., XIV, 47.) —C. Mem. Rég. (son fils ?), consul en 63. (Tacite, Ann., XV, 23.)

OCTAVII. — V. ci-dessus la généalogie des Césars, Tab. II.

PETRONII. — Un P. Petronius Turpillianus, triumvir monétaire en 735 de Rome — P. Pétron. Consul, proconsul d'Asie (V. Tacite, Annal., III, 49 ; VI, 45) tué par Claude.— C. Pétron. Turpillianus, consul ordinaire en 814 (61 de l'ère vulgaire), fait la guerre en Bretagne, obtient les honneurs du triomphe, tué par Galba. (Tac., Annal., XIV, 29, 39 ; XV, 72. Hist., I, 6, 37.) C. Petronius, tué par Néron, après avoir été le compagnon de ses débauches. Auteur vrai ou supposé de la fameuse satire. (Annal., XVI, 17, 18.) — Pétronia, femme de l'empereur Vitellius et après lui de Dolabella. (Tac., Hist., 11, 63.) — Elle a pour fils un Vitellius Pétronianus et un Cornélius Dolabella Pétronianus, consul en 86 é. v.

V. Borghesi. — Opere epigrapiche delle Tessere gladiatorie.

PLAUTII. — M. Plautius, consul en 752 de R. (Orelli, 622.) — M. Plautius Silvanus, préteur, accusé du meurtre de sa femme, se tue. (Tac., Ann., IV, 22.) — A. Plautius Ælianus, consul en 29. Ses victoires en Bretagne en 43. Son retour triomphal en 47. Il juge Pomponia Græcina, sa femme, en 57. (V. Tacite, Ann., XIII, 32 ; Agr., 14. Dion, LX.) — Un Q. Plautius, consul en 36. (Tacite, Ann., VI, 40.) — A. Plautius, qu'on suppose fils du triomphateur, tué par Néron avec des circonstances abominables, comme amant d'Agrippine et aspirant à l'empire. (Suet., in Ner., 35.) — Plautius Latéranus, qu'on suppose neveu du triomphateur, amant de Messaline (Tacite, Ann., XI, 36), désigné consul et tué par Néron en 65. — T. Pl. Ælianus Silvanus, fils de Marcus, préfet de Rome sous Vespasien, consul en 47 et 76, pontife. (V. Tacite, Hist., IV, 53, et la longue inscription trouvée sur la route de Tivoli. Gruter, 453.)

POMPONII. 1° Secundi. — L. Pomponius Secundus, consul en 31, accusé sous Tibère en 33, et mis en prison, y est retenu jusqu'à la mort du prince. (Tacite, Ann., X, 8 ; VI, 8.) Ses victoires en Germanie (XIII, 27 et 28.) ; ses poésies dramatiques. — Son frère Quintus se fait délateur, afin, disait-il, de gagner ainsi la faveur du prince et de pouvoir obtenir la grâce de son frère accusé (VI, 18). Consul en 41, il baisait les pieds de Caligula au théâtre, au moment qui précéda la mort de ce prince ; il fut ensuite des plus ardents à proclamer la république. Poussé plus tard à la guerre civile, sans doute il y périt. (Tacite, Ann., XIII, 43.)

Flacci seu Græcini. — P. Pomponius Flaccus, consul en 17. (Tacite, Ann., II, 41.) Gouverneur de Mésie en 19, (Tacite, Ann., II, 64, 67), puis de Syrie en 32, meurt en 33. (Jos., Ant., XVIII, 8. Tacite, Ann., VI, 27.) — Pomponia Græcina, dont j'ai parlé tout à l'heure.

POPPÆI. — Q. Poppæus Sabinus, consul subrogé en 9, vainqueur des Thraces en 25 et 26, meurt en 35. (Tacite, Ann., I, 80 ; IV, 46 ; V, 10 ; VI, 39.) — Poppæa Sabina, sa fille, femme d'une rare beauté ; Messaline, par jalousie, la force à se tuer en 47. (Tacite, Ann., XI, 12.) — La seconde Poppée, fille de celle-ci et de T. Ollius, prend le nom de sa mère, dont elle égale la beauté, épouse Rufius Crispinus, puis Othon, qui fut plus tard empereur, et enfin (en 62) Néron, qui la tue d'un coup de pied en 65.

RUBELLII. — Rubellius Blandus, petit-fils d'un simple chevalier de Tibur, épouse Julie, petite-fille de Tibère (Tacite, Ann., II, 27 ; III, 23, 51 ; VI, 45), laquelle auparavant, avait épousé Néron, fils de Germanicus. — Rubellius Plautus, son fils, soupçonné d'aspirer à l'empire en 55, exilé en 60, tué en 62. (Tacite, Ann., VIII, 19 ; XIV, 22, 27, 57, 59.) — Mort de sa femme Pollutia et de son beau-père Antistius.

SALVII. Othones. — Salvius Otho, simple chevalier. — M. Salvius Otho devient préteur par la faveur de Livie. — L. Salvius Otho, son fils, père de l'empereur, s'illustre dans les armées sous Claude. — L'empereur Othon se tue après un règne de quelques mois et sans laisser de postérité. — Son neveu paternel, Salvius Cocceianus, périt sous Domitien.

SILII. — C. Silius, vainqueur de Sacrovir ; Séjan le force à se tuer, et sa mémoire est abolie par le sénat. (Tacite, Ann., I, 31, 72 ; II, 6, 7, 25 ; III, 42, 45 ; IV, 18, 19.) — C. Silius, son fils, désigné consul, épouse Messaline et est tué par Claude en 49. (Tacite, Ann., XI, 5, 26, 27, 31, 32, 35.) — Silia, femme d'un sénateur, exilée comme suspecte d'avoir divulgué les secrètes débauches de Néron. (Tac., Ann., XVI, 20.)

VINICII. — Deux frères tous deux orateurs. 1° P. Vinicius, chevalier romain. (V. Sénèque, Controrv., I, 1, 4, ad Lucil., 40.) Et 2° L. Vinicius, triumvir monétaire (693 de Rome), tribun (703), consul (721). (Sénèque, Controv., II, 13 ; III, 20, 21 ; V, 53. Cicéron, Famil., VIII, 8.) — Descendants du premier, M. Vin., consul (735). — P. Vin., consul (755). — M. Vin., consul (783 et 793), épouse Julie, fille de Germanicus. — Du second, L. Vin., triumvir monét. en 738. (Suétone, in August.) Sur la famille en général. — Tacite, Annal., I, 1, 15.

VIPSANII. Agrippæ. — V. la généalogie des Césars, Tab. II, n° 31, 32, 33.

VITELLII. Nés, disait-on, d'un affranchi savetier. — P. Vitellius, de Nuceræ, chevalier romain, procurateur d'Auguste. (Suet., in Vitellio, 2.) Il eut quatre fils : — 1° L. Vitellius, censeur, trois fois consul (Suet., in Vitellio, 2. Tacite, Ann., VI, 28, 32 ; XII, 4 ; XI V, 56. Hist., I, 9 ; Il, 64), qui fut le premier adorateur de Caligula, flatteur de Messaline, ensuite d'Agrippine — c'est lui qui sollicita comme une insigne faveur d'ôter les pantoufles de Messaline, et depuis ce temps en portait une sous sa toge et la tirait de temps à autre pour la baiser —, accusé. (Tacite, Hist., XII, 42.) — 2° Aulus Vit. meurt consul. — 3° Quintus est exclu du sénat. — 4° Publius accuse Pison comme coupable de la mort de Germanicus ; accusé comme ami de Séjan, il veut se tuer et meurt en prison. (Suet., ibid. Tacite, Ann., I, 70 ; V, 8.) — Les deux fils de Lucius, tous deux consuls ; l'un d'eux, Aulus, empereur après Othon, est tué par les soldats de Vespasien.— L'autre, Lucius, infamis sed industrius, également tué. (Tacite, Hist., IV, 2.) — Les enfants de l'empereur : Pétronianus, tué, dit-on, par ordre de son père, qui l'accuse de parricide ; — un autre enfant surnommé Germanicus, presque muet ; — une fille mariée par Vespasien. (V. la généalogie dans un appendice de Rome et la Judée.)

VOLUSII. Saturnini. — Ancienne famille, mais qui, sous la république, ne s'était pas élevée au-dessus de la préture. Elle fut, avec les Memnii Reguli, du petit nombre de celles qui, malgré leur illustration, échappèrent à la jalousie des empereurs. — L. Volusius, mort en 20, est le premier fait consul, acquiert par son économie de grandes richesses, et établit puissamment le crédit de sa famille. (Tacite, Ann., III, 30.) —L. Volusius (son fils ?) meurt en 57, préfet de Rome, âgé de quatre-vingt-treize ans, riche et ayant traversé le règne de tant de Césars, sans en offenser aucun. — Q. Volusius, né en 29, consul en 56. (Tacite, XIII, 25 ; XIV, 46. Pline, Hist. nat., VII, 12 (14). 49 (48). Borghesi, t. III, p. 313.)

 

D'après cette esquisse très-incomplète sans doute, on peut juger du prompt dépérissement des familles romaines, du grand nombre de celles qui , après avoir été riches et puissantes sous la république ou même sous les empereurs, tombèrent dans la pauvreté, furent décimées par les Césars, ou périrent par leurs propres crimes. J'ai recherché, autant qu'il m'a été possible, les traces de ces familles pendant les époques suivantes ; je n'en ai trouvé, comme on peut le voir, que de bien rares et souvent de bien incertaines. La confusion des noms ; le nombre très-restreint des noms de famille proprement dits (nomina gentilitia), par suite duquel un grand nombre de familles sont désignées par le même nom ; les adoptions qui transportent dans une famille les membres d'une autre ; l'habitude qui s'introduit sous les empereurs, de changer à l'infini les surnoms (cognomina) par lesquels on distinguait les branches d'une même gens ; tout cela, sans doute, rend difficile à trouver la filiation des familles : mais cet oubli même et cette confusion des noms propres, à une époque où la vanité nobiliaire ne manquait pas, sont une preuve de plus de la plus prompte destruction des races. On peut considérer l'époque de Néron comme celle de la grande coupe de l'aristocratie romaine, déjà fortement entamée par Tibère ; et il est à remarquer qu'à côté de l'opulence et de la proscription marchent toujours l'appauvrissement et la honte. Quand Néron trouve la noblesse riche, il la fait mourir et confisque ses biens ; quand il la trouve pauvre, il l'achète pour monter au théâtre et se déshonorer. On conçoit que quatorze années d'un tel système durent faire prompte justice des restes fort dégénérés et souvent fort douteux de la nobilitas romaine, et qu'elle dut s'éteindre sous Tibère et sous Néron à peu près aussi complètement que les restes du patriciat s'étaient éteints dans les désastres de la guerre civile.

Mais la grande cause de destruction fut encore la dépravation des mœurs. Pendant notre révolution, un système de proscription beaucoup plus complet, beaucoup plus organisé, d'une exécution bien plus prompte et plus générale que celui des empereurs, a décimé, sans pourtant les détruire, la plupart des anciennes familles aristocratiques ; elles sont restées politiquement et pécuniairement affaiblies : mais pourtant elles ont vécu, et sont encore propriétaires d'une partie considérable de la fortune territoriale. Sous les empereurs, la proscription et surtout la spoliation furent loin d'être aussi générales et aussi complètes ; les honneurs même, les titres, une certaine dignité héréditaire, en un mot, les préjugés aristocratiques subsistèrent. Mais le déshonneur tua encore plus que l'épée, et ces familles périrent surtout par la prodigalité qui détruisait les patrimoines, par l'oubli de leur dignité qui entachait leur vie, par la dépravation des mœurs et l'habitude du célibat qui laissaient les plus grands noms sans héritiers.

 

 

 



[1] Son prénom de Marcus fut changé en celui de Iulus ou Julius par suite d'un sénatus-consulte qui, par haine pour Marc-Antoine, défendit qu'aucun membre de sa famille portât le prénom de Marcus. (Dion, 21, 19). C'est à lui qu'est adressée l'ode d'Horace, IV, 2.

[2] Selon Pline (VII, 4, 5), Vestilla, qui épousa successivement C. Herdicius, Pomponius et Orphitus, fut mère de sept enfants, parmi lesquels il nomme Suilius Rufus et Corbulon, qui furent tous deux consuls, et Césonie, qui fut femme de Caligula. Cette diversité de noms de famille entre père, enfants et frères est singulière.