Aspect des terres. — Forêts. — Déserts. — Ermitages. — Oratoires. — Routes. — Culture. — Ponts. — Bacs. — Péages. - Bourgs. — Villes. - Monastères. — Châteaux. — Traces de la civilisation romaine. — Les races d'hommes. — La grande famille féodale.Xe SIECLE. Les vastes terres qui s'étendent des Alpes à l'Océan, du Rhin aux Pyrénées, offraient dans le dixième siècle l'aspect d'une nature sauvage ; ces fertiles campagnes, où se déploient, en mille couleurs ondoyantes, les vertes prairies ; ces coteaux où jaunit aujourd'hui le pampre ; ces parcs, ces jardins si travaillés par l'art, n'ornaient pas de leur brillante parure le territoire féodal. Si vous avez quelquefois parcouru la sombre forêt de Fontainebleau, dans ses sentiers les plus épais, à travers ces rochers de granit jetés par la création, vous pouvez alors vous faire une idée de la vieille terre au Xe siècle ; et quand vous vient au cœur ce frissonnement que donnent la solitude et les grands bois secoués par l'ouragan, vous pouvez vous représenter la triste société ravagée par tant de fléaux avant qu'elle se fût organisée sous la double hiérarchie de la royauté et du catholicisme[1]. Les forêts couvraient le sol. De A côté de la forêt était le désert couvert de bruyères ; il n'est pas une chartre, une légende qui ne parle du désert ; la plupart des fondations pieuses indiquent ces terres incultes ou malsaines. Le désert offrait des champs en friche, des landes sans culture, qui se prolongeaient pendant des lieues entières sans présenter une seule habitation ; là bondissait en liberté le chevreuil sauvage, tandis que le loup faisait entendre sa glapissante voix ; de temps à autre, une troupe de pèlerins traversait ces bruyères épaisses pour se rendre à l'oratoire voisin, et visiter les châsses bénites d'un saint en vénération à la contrée. On entendait alors des hymnes, des cantiques au son de quelques instruments grossiers[4] ; on apercevait le pèlerin agenouillé comme on le voit encore aux vitraux des vieilles églises. Quelquefois aussi, des marchands, des juifs, des Italiens, parcouraient à l'aide de guides ces contrées perdues, pour aller à la foire ou landit, à Saint-Denis en France, ou vers toute autre réunion marchande qui tenait ses étaux à la porte des cathédrales, sous les niches des saints, à l'abri de l'image des martyrs. Le plus humble habitant de ces déserts était l'ermite[5] ; de loin en loin, dans la vaste plaine ou sur la colline élevée, on voyait briller la croix sur un petit clocher en forme latine, comme les basiliques de Rome, qui remuent l'âme si profondément. Un petit bâtiment construit en chaume contenait deux seules pièces : l'une pour le chétif ermite, couché sur des feuilles sèches, son unique lit de repos ; l'autre était destinée aux voyageurs pour l'hospitalité sainte ; quand un pauvre chrétien s'était égaré dans le désert, sans trouver trace, il frappait fortement à la porte, et Termite lui préparait le dîner de ses mains, et le servait sur sa modeste huche ; les pieux canons imposaient comme devoirs à l'ermite[6] la prière et le gîte pour le voyageur. Souvent ce religieux à la barbe grisâtre, au front haut et fortement ridé, avait été, dans le temps de sa force et de sa jeunesse, un farouche chevalier au bras indompté, au cœur impitoyable, au dur gantelet, à la lance plus dure encore ; les traditions populaires disaient souvent que c'était un seigneur fameux par ses pilleries d'églises, et qui les expiait ainsi par le repentir et la pénitence austère. Dans la fougue de sa jeunesse, il avait mené ses chevaux bardés de fer dans le parvis du monastère ; il avait brisé le crâne de l'avoué ou défenseur de l'église, et meurtri le sein des religieux : aujourd'hui il faisait pénitence et pleurait ses fautes[7]. L'ermite était vénéré par tous les habitants du canton ; quand on le voyait venir de loin, appuyé sur son bâton blanc, vêtu de bure comme les serfs du manoir, on lui prodiguait tout le respect qu'inspire une existence de sainteté et de solitude ; l'ermite était l'arbitre des différends, le consolateur des affligés, et lorsque les ravages des grandes passions avaient secoué la vie, on venait déposer dans le sein du solitaire les secrets de la confession après une existence agitée, où apparaissaient le meurtre, la violence et la confusion ! Non loin de l'ermitage, souvent était l'oratoire ; si un pèlerinage célèbre dans la contrée appelait les habitants vers quelque lieu sacré, riche d'un pieux reliquaire, on bâtissait sur la route de petits oratoires avec une croix pour prier ; c'étaient des stations fréquentées et des lieux de repos pour la troupe des pèlerins qui s'agenouillaient. Au pied de l'oratoire s'établissait la petite caravane, qui allait porter l'ex-voto au reliquaire ; on voyait seigneurs, clercs, femmes, enfants, le faucon au poing et les chiens en laisse, se diriger vers les stations. On n'allait jamais tout d'un trait au pèlerinage lointain ; on se reposait dans les lieux les plus agrestes où la croix était plantée, au milieu de ces rochers couverts de mousse, rafraîchis par les cascades et les ruisseaux qui se perdaient dans la prairie. La distance se comptait par les oratoires, et le chapelet récité on route servait à mesurer l'éloignement, comme le sablier à marquer les heures dans les manoirs. De longues processions suivaient l'itinéraire tracé par les pèlerinages ; et lorsque les ravages des Normands jetaient la désolation et l'effroi au sein des abbayes, on voyait les troupes de moines éperdus porter sur leurs épaules la chasse, qui était le plus riche dépôt de la communauté[8]. Les reliques attiraient les fondations pieuses sur le monastère ; ces ossements arrachés au sépulcre se rattachaient le plus souvent à un souvenir patriotique : ici c'était une sainte patronne qui avait arrêté l'invasion des Huns ; là un évêque qui avait abaissé le col du fier Sicambre, et apaisé le courroux des Barbares sous le joug salutaire du christianisme. La plupart des légendes c'étaient l'histoire de la civilisation dans les Gaules ; elles célébraient le saint qui avait cultivé la terre, ou enseigné la morale aux hommes de force et de violence[9]. Ces pèlerinages aux oratoires, aux pieuses abbayes, avaient tracé les premières routes dans les campagnes désertes ; on se voyait, on se communiquait dans les grandes fêtes, dans les saintes solennités. Les foires, les landits, se tenaient devant la porte des abbayes ; il y avait un mélange de cérémonies religieuses et d'émotions populaires ; tout se tenait et marchait de concert dans ces siècles ; le Christ tendait la main aux serfs, et la corporation monastique fut le modèle de la corporation communale. Le monastère était plus vaste et plus peuplé que l'ermitage et l'oratoire. Ce n'était point encore l'époque des ogives élancées et des vitraux coloriés par les brillants efforts des artistes ; les temps étaient trop difficiles pour qu'on songeât aux embellissements de l'église ; les monastères étaient de véritables châteaux fortifiés ; des tours larges, byzantines ou romaines, avec des meurtrières[10] et des créneaux ; des portes toutes liardées de fer, aux gonds épais et criards ; des palissades, des fossés gardaient l'abbaye comme le plus fort château de la montagne ; et il le fallait bien, quand l'Église était incessamment menacée par mille Barbares, Hongres, Sarrasins et Normands[11]. L'ogive et la rosace, ces enjolivements gothiques, ne vinrent qu'au temps paisible, au XIIe siècle surtout, période si avancée déjà, comparativement aux époques qui l'avaient précédée. Si les pèlerinages avaient ouvert les voies pour les communications plus lointaines, les oratoires, les monastères furent le premier principe des bourgs, des villes qui se fondaient à leur entour. Dès qu'un lieu de prière était consacré, le peuple y accourait en foule ; quelques cabanes s'élevaient d'abord en bois et en chaume, puis on bâtissait des maisons plus solides, et bientôt le bourg, la ville prenaient un plus vaste développement autour du reliquaire ; et c'est ce qui explique comment les cités, les hameaux même, portent tous encore le nom des saints : ne fallait-il pas dire la reconnaissance des bourgeois et des serfs ? L'aspect d'un bourg avait alors un caractère de simplicité et d'agreste sauvagerie. Ainsi que le monastère et l'abbaye, le bourg était palissade contre les invasions du dehors. C'était avec les débris des vieux monuments romains que les habitants fortifiaient leurs murailles ; ici les fragments d'un cirque, 4es ruines d'un théâtre, les vestiges d'un forum où s'asseyaient naguère les citoyens couverts du pallium ou de la prétexte, servaient à construire une tour, un château, ou les fondements d'une église[12]. Dans ces temps de tristesse et d'isolement, il se faisait une double invasion dans les monuments de la civilisation romaine. Aux longues veillées d'hiver, un religieux déchirait une page d'Homère et de Virgile pour écrire sur le parchemin ces plains-chants douloureux qui s'adressaient au Seigneur, tandis que la confrérie des maçons brisait les colonnes des temples pour établir sur de solides bases les murailles épaisses des monastères. Comme le bourg était parti de l'église, les maisons se groupaient autour du presbytère en ruelles étroites et pressées ; la croix de la paroisse était le centre du village, parce qu'elle en avait été la première origine. Là vivait le serf couvert de bure, sous la protection de l'abbaye ou du château ; et sur la hauteur on voyait aussi la forte tour aux murailles crénelées qui se mêlait aux rochers, nids d'aigle. Il n'y avait point encore cette noble chevalerie qui protégeait le faible et l'orphelin, les dames et les clercs. Le château du seigneur était un véritable repaire d'hommes d'armes. Elles étaient bien redoutées, ces tours que l'on voyait çà et là semées sur le territoire féodal. Entendez-vous le son du cornet, le bruit des chevaux qui font trembler la terre sous leur pas hâtif ? c'est l'implacable châtelain qui s'avance. Il a sa lance au poing, son corps est tout de fer, sa tête ornée d'un casque sans visière, comme on le voit encore sur les plus anciennes tapisseries[13]. Le voilà qu'il s'élance dans la plaine ; tantôt il dépouille des pèlerins, le pauvre moine qui visite un monastère de son ordre ; tantôt il s'en prend au marchand, au juif qui se rend à la foire ou landit à Orléans, Saint-Germain ou Saint-Denis en France. Ce mélange du bourg et de l'abbaye, de l'église et du hameau, explique, je le répète, comment les villages prenaient le nom d'un saint. Ne lui devaient-ils pas leur origine première et leur fondation autour de l'église ? ne lui devaient-ils pas la protection de la croix et des reliques contre les féodaux ? Auprès de la bourgade, incessamment menacée par les invasions des Normands et des Hongres, se trouvait le champ cultivé par les moines, les serfs et les paysans. Toutes les terres d'abbaye étaient des fermes travaillées. On y voyait de vastes plaines de blé ; un jardinage arrosé par de nombreuses rigoles qui serpentaient dans ces terrains gras et plantureux[14]. Le serf était partout attaché au sol ; il le cultivait de ses mains calleuses sous la surveillance du majordome. Il n'y avait rien en dehors de ces cultures religieuses, car les méthodes de l'art du Latium et des Gaulois étaient oubliées. Quelques vestiges de routes romaines favorisaient les communications ; partout des ponts, des bacs, des péages. Et puis, comment éviter le pillage à main armée, quand l'homme d'armes s'élançait de sa tour en la montagne pour rançonner le bourgeois ou le voyageur qui allait de foire en foire, ou le pauvre pèlerin courant visiter le pieux reliquaire ? La forêt était aussi la demeure de ces noirs charbonniers qui effrayèrent l'enfance de Hugues Capet et de Philippe-Auguste[15]. Le voyageur qui aurait parcouru le vieux territoire des
Gaules au Xe siècle, n'aurait trouvé que de rares vestiges de la grande
civilisation romaine qui avait dominé cette magnifique contrée. Que de villes
ne comptait-on pas, dès les premières années de l'ère chrétienne, dans ces
vastes divisions de l'administration impériale ! Au midi, Arles avec ses arcs
de triomphe, ses cirques, ses théâtres, où dix mille spectateurs s'asseyaient
à l'aise, revêtus de la prétexte ou de la robe de pourpre ; Marseille, la
ville grecque, avec ses maisons hautes sur la colline, Lyon, la capitale des
Gaules, cité splendide où siégeaient le propréteur et le sénat des municipes
; Vienne, Autun, si célèbres dans les derniers jours de l'empire, et Ainsi était le territoire de Sur ce territoire, d'un aspect si inculte, les races d'hommes étaient marquées de caractères distincts ; il n'y avait nulle trace d'une commune origine parmi ces peuples qui se partageaient les lambeaux de l'empire romain ; lorsque les grandes invasions du IIIe et du IVe siècle eurent arraché les Gaules à la domination des empereurs, les peuples conquérants s'en partagèrent les dépouilles. L'histoire de la première race n'est que la lutte des familles franque, bourguignonne et visigothe qui avaient chacune leur roi, leur code, leurs mœurs et leurs habitudes particulières ; le vaste empire de Charlemagne les réunit un moment sous une même loi, mais le caractère des populations ne se modifia pas ; les diverses familles des peuples restèrent avec leur trait fortement empreint[17]. La race franque s'était établie par la conquête dans le
territoire qui s'étend de Le Franc Neustrien avait pris un caractère plus sédentaire
et plus pacifique ; ces belles plaines de Les Bourguignons habitaient la vaste province lyonnaise et
le royaume moitié germanique qui s étendait jusqu'à Arles. Les chroniques de
la première race ont conservé les traces des lois et des mœurs des
Bourguignons, mélange des peuples du Nord et de la famille méridionale ; il y
avait chez les Bourguignons une civilisation un peu plus avancée ; leurs
coutumes se ressentaient surtout de leur contact avec le droit romain et avec
les populations plus éclairées de La race d'Aquitaine venait des Visigoths, sous ce
merveilleux gouvernement d'évêques, de conciles et d'assemblées qui, votent
les lois aussi librement que les vieilles républiques, gouvernaient la race
méridionale[22].
Les Aquitains se distinguaient des Francs par des mœurs plus douces, ils
avaient en partage la ruse, la finesse et un peu de déloyauté ; la chronique
franque plaçait là le type de la trahison ; les méridionaux se séparaient de
la famille germanique même par le costume ; les peuples d'Aquitaine portaient
la barbe rasée, les vêtements courts, les cheveux bouclés et parfumés
d'essences[23]
; les Aquitains aimaient le plaisir, les grandes distractions de la vie, sous
l'influence du beau climat du Languedoc et de En avançant un peu plus vers les Pyrénées, vous trouviez les Gascons et les Basques ; c'étaient des populations d'origine perdue dans les temps ; les Gascons formaient une nation vaillante, se maintenant dans son indépendance au milieu des montagnes escarpées. Les chroniques parlaient des Gascons même sous la race carlovingienne, et les chants de Roncevaux disaient encore comment Roland, le puissant paladin, le brave et digne Olivier, le saint archevêque Turpin, de vaillante mémoire, avaient été brisés sur les rochers des Pyrénées par la population des Basques, des Navarrais et des Gascons[24], qui attaquèrent l'armée franque. En vain Roland avait fait entendre le son du cor, il avait expié son grand courage ; il était mort béni par le hou évêque Turpin, expirant lui-même à ses côtés. Les Basques et les Gascons parlaient une langue particulière, dont le Franc ne savait pas la première syllabe ; des mots durs, demi-sauvages, n'avaient aucune analogie avec les idiomes de France et même d'Aquitaine ; il semblait que cette population avait été jetée là avec les immenses rochers des Pyrénées, au moment de ce cataclysme qui, remuant les montagnes et secouant les grandes eaux, engloutit la première création. Les Bretons avaient également l'indélébile caractère des
nations primitives ; ils habitaient un territoire de bruyères, ou de grandes
forêts, chevelure épaisse de ces terres druidiques[25]. Les Bretons
formaient une famille à part, qui avait plus de rapport avec les Saxons des
côtes de Dorchester et d'Exeter qu'avec les Neustriens et les Normands,
mortels ennemis de la famille bretonne ; leur langue était aussi inconnue que
celle des Basques ; bien que convertis au christianisme, ils conservaient
encore dans la campagne les traditions des druides aux vêtements de lin, aux
oracles sacrés ; et les superstitions que César avait décrites n'étaient pas
complètement effacées dans ces forêts qui bruissaient aux vents. C'était en
vain que les solitaires, les moines de Redon et de Saint-Florent, parcouraient
les campagnes pour extirper les superstitions antiques ; ces usages
survivaient dans les bois séculaires ; on voyait encore les grottes où
retentissaient les voix solennelles, traditions vivantes des mystères de Toutes ces races franque, bretonne, visigothe, neustrienne, étaient sédentaires dans les domaines que la conquête leur avait départis ; elles se confondent avec les nations primitives qu'elles avaient soumises au servage. Mais dans les deux siècles qui venaient de finir, les terres furent fortement secouées par les invasions d'autres races plus belliqueuses et conquérantes. Pendant les IXe et Xe siècles, toutes les chroniques, les cartulaires des monastères, sont remplis des cris d'une douleur sombre et fatale ; de toutes parts les Barbares parcourant le soi des Gaules, foulaient aux pieds les reliquaires, pillaient les églises, dispersaient les populations des cités et des bourgs ; une terreur étrange se montre dans tous les récits des chroniqueurs ; les mots communs de païens, d'infidèles, signalent la présence des hordes envahissantes[28] ; quels étaient leur origine et leur caractère ? d'où venaient ces Barbares qui brisaient les dalles des églises et abreuvaient leurs chevaux aux baptistères ? Là règne une grande confusion, comme à toutes les époques où des crises fatales s'emparent de la société et la préoccupent douloureusement. Trois peuples envahissants viennent fondre sur la génération attristée : 1° les Sarrasins ; 2° les Normands ; 3° les Hongres ou Hongrois, plus cruels encore et plus sauvages. Les Sarrasins, maîtres de l'Espagne, avaient vu leurs
batailles de lances dispersées dans les plaines de Poitiers ; de blancs
ossements amoncelés attestaient encore leur irréparable défaite sous Charles
Martel ; les Sarrasins, en possession de Les Normands, implacables envahisseurs, avaient atteint le
but d'une colonisation plus sûre et plus régulière. Toutes les chroniques de
l'époque carlovingienne étaient remplies de gémissements sur les tristes
invasions des Scandinaves, de ces Nortmans qui remontaient Quelle terrible irruption dans ce lugubre Xe siècle, que
colle des Hongres ; peuple barbare qui se répandit comme un torrent jusqu'au
fond de l'Aquitaine. Les cartulaires des abbayes nous font une triste
description de ces farouches envahisseurs ; ils étaient petits de taille, les
épaules hautes, la figure plate, le nez épaté, les yeux ronds et terribles ;
ils montaient des chevaux sauvages sans selle ni étriers[32] ; ils portaient
de longues lances et des carquois pleins de flèches aiguës qui perçaient
d'outre en outre les seigneurs et le menu peuple ; ils ne marchaient pas
régulièrement au combat, ils se précipitaient confusément, fuyaient, se
ralliaient tout à coup pour surprendre les chevaliers éperdus de tant
d'impétuosité. A tous ces traits on reconnaît l'origine tartare des Hongres ;
ils appartenaient à ces familles d'hommes des Palus-Méotides, origine
première de toutes les grandes invasions. Les Hongres, peuple de passage sur
les terres de La hiérarchie féodale, les droits et les devoirs qui constituaient le régime des fiefs, n'existaient point encore au milieu de ce Xe siècle, époque confuse, désordonnée. On ne trouvait point établi ce système de vasselage et de suzeraineté, de protection et d'obéissance, qui domina la forte et grande féodalité des XIIe et XIIIe siècles ; c'était tout l'individualisme de la force : il n'y avait ni liens, ni devoirs, ni pairs, ni barons, ni plaids de justice, ni intervention de clercs ; quand un seigneur possédait une terre, il levait ses hommes, les convoquait sous sa bannière, et s'il s'en trouvait un assez fort parmi eux pour se proclamer indépendant, il s'affranchissait de l'obéissance envers son supérieur ; son droit résultait de sa puissance. De là cette multitude de petits seigneurs qui possédaient des tours élancées au milieu même des grands fiefs, nids d'aigles dans les montagnes, tels que les sires du Puiset et de Montmorency, de Montfort ou de Corbeil ; ils ne reconnaissaient aucun supérieur dans l'ordre des fiefs ; ils ne se soumettaient qu'à la violence victorieuse ; c'était l'absence de tout droit public : le roi n'était que le chef militaire, comme aux vieilles forêts germaniques[34]. Au centre de ce système désordonné se trouvaient le duché
de France et le comté de Paris au pouvoir d'une famille d'hommes forts, dont
j'aurai plus tard à suivre la généalogie. Le duché de France embrassait
toutes les terres qu'arrosent Le duché de Bourgogne, qu'il ne faut pas confondre avec le
royaume du même nom, était aux mains de la famille de Hugues le Grand, comte
de Paris ; il comprenait la province de Bourgogne telle qu'elle fut possédée
plus tard. Hugues le Grand en avait reçu l'investiture de Louis d'Outre-Mer, l'un
des fils des Carlovingiens. Le comté de Bourgogne était resté dans la race
germanique ; Hugues le Noir, fils de Richard le Justicier, duc de Bourgogne,
qui gît couché aux marbres de Ratisbonne avec son faucon au poing et sa tête
couronnée de fer, possédait le comté de Bourgogne, et puis Létalde, comte de
Mâcon et de Besançon, le vaillant homme d'armes lui succéda[36]. Grand épouseur
de femmes, les liens du mariage ne le retenaient en rien : le voilà donc qui
prend pour noble dame Ermengarde ; il brise ces noces, il se fait l'époux dur
et barbare de Richilde aux beaux cheveux, comme le disent les chroniques ;
ils étaient si longs que ses blondes tresses lui servaient à essuyer ses
pieds, plus blancs que la neige qui couvrait le donjon des châteaux au temps
d'hiver. Richilde ne suffit pas à l'impétueux comte de Bourgogne, et il prit
pour troisième femme Berthe, doux nom du moyen âge ; car combien ne fut pas
célèbre dans les chansons de Geste La race de Roll ou de Rollon était fortement consolidée en Normandie ; le chef des Scandinaves avait d'abord fait sa mie de Pope, fille du comte Bélengier ; puis il épousa Giselle, la fille de Charles le Simple. A cette époque il n'y avait aucun caractère de sainteté pour le mariage, et ce fut la puissance catholique des papes qui rappela parmi ces Barbares les magnifiques lois d'égalité dans la mystérieuse union de l'homme et de la femme ; Roll reprit ensuite Pope, il en eut deux enfants ; l'un fut Guillaume Ier, dit Longue Épée, brave duc, qui pourfendit les Bretons de sa grande épée ; l'autre fut Héloïse, qui épousa Guillaume, comte de Poitou, surnommé Tête d'Étoupe, car il avait un esprit fort léger, et rieur avec les chanteurs, trouvères et troubadours. A Guillaume Longue Épée succéda Richard sans Peur ; quel noble titre dans ce temps de fierté et de prouesses chevaleresques ! Les ducs de Normandie étaient des plus vaillants et des mieux éprouvés aux batailles[38] En quelles mains était alors Le comté d'Anjou, au delà de Au nord se déployait le comté de Flandre. Vous
rapporterai-je l'histoire de ce brave et simple chevalier du nom de Baudouin,
dit Bras de fer, qui enleva Judith,
fille de Charles le Chauve ? Les deux amants parcoururent les terres de France
et d'Angleterre ; puis ils obtinrent grâce de l'empereur, et ce fut à F
intervention du pape Nicolas qu'ils durent leur retour en bienveillance
auprès de Charles le Chauve. Baudouin eut en dot les terres plantureuses de L'origine des comtes de Champagne et de Blois était noble. Il y avait en Vermandois un riche et puissant chevalier du nom de Robert ; il était fils cadet de comte, et comme il n'avait pas de patrimoine, il partit à la tête d'une forte bataille de lances ; bâtards et cadets de races, ne devaient-ils pas chercher état ? Le voilà qui arrive devant Troyes, au pouvoir de l'évêque ; il ne fut pas difficile au chevalier couvert d'acier d'expulser le faible clerc d'église ; Robert, maître de Troyes, fut admis à l'hommage comme comte de Champagne. Quant aux comtes de Blois, de la seconde liguée, ils reçurent les fiefs par mariage. Un pauvre sire, nommé Thibault, épousa Richilde, fille de Robert le Fort, et reçut pour dot le comté de Blois ; il advint donc ce fief à Thibault Ier, dit le Tricheur, prince aussi rusé que la race normande : il se fit octroyer les comtés de Tours et de Chartres en récompense de mille bons tours qu'il joua aux comtes de Champagne dans leurs différends avec la France[42]. La famille féodale du midi des Gaules comptait d'abord les ducs d'Aquitaine, comte de Poitiers et d'Auvergne. Sous la deuxième race, toute l'Aquitaine obéissait à un roi. Dans les troubles des faibles descendants des Carlovingiens, la race des comtes d'Auvergne reçut l'investiture de l'Aquitaine. Guillaume fut le premier duc. Pieux seigneur, il accabla l'Église de dons, et fonda la plupart des monastères qui abritaient les serfs aux déserts du Midi, dans les campagnes ravagées par les Sarrasins. Cette famille vint s'éteindre dans la race bâtarde d'Èbles, qui prit la couronne ducale en l'église de Poitiers. Le fils d'Èbles fut ce Guillaume III, surnommé Tête d'Étoupe, à cause de la légèreté extrême de son caractère. Ce fut toujours joie aux cours plénières d'Aquitaine quand les troubadours venaient dire les grandes prouesses, et la tête de Guillaume s'enflammait aux amours comme l'étoupe au flambeau. Le duc d'Aquitaine commandait à ces populations joyeuses et légères, antipathiques à la race des Francs[43]. Qui pourrait suivre l'obscure généalogie des ducs de Gascogne, si célèbres dans la seconde race ? Ils étaient d'une origine de peuple. Ce fut dans la montagne que Sanches, surnommé Mittara, reçut les acclamations solennelles des hommes d'armes et des bergers grossiers des Pyrénées : il fixa sa résidence à Bordeaux, cité tout épiscopale. Les comtes de Gascogne se divisèrent en deux lignées ; Tune reçut le comté de Fesenzac[44], et l'autre, sous le nom également de Garcie, comte d'Astarac, obtint le duché de Gascogne. Ce fut aussi la race visigothe qui devint l'origine des comtes de Toulouse, marquis de Septimanie. Ces deux grands fiefs, unis d'abord sous les Bernard et les Bérenger, se divisèrent pour former le comté de Toulouse, illustré par les Raymond, de la race méridionale, nobles chevaliers aux croisades ; tandis que le marquisat de Septimanie passait aux noms germaniques des Sunifred Aledran, car alors la race du Rhin possédait de grands domaines au midi des Gaules, et le royaume d'Arles même saluait les empereurs. Raymond Pons était comte de Toulouse ; bouillant envahisseur qui réunit à son comté l'Aquitaine et l'Auvergne, plantureux domaines qu'il divisa entre ses enfants ; il avait hérité également du marquisat de Septimanie, d'où naquit cette grande puissance des comtes de Toulouse, si retentissante dans les annales de la féodalité du Midi ; nobles comtes si nationaux qu'il fallut une cruelle invasion des barons francs pour les arracher à l'enthousiasme et au dévouement des peuples méridionaux[45]. La race germanique avait fondé les royaumes de Provence et
de Bourgogne ; dans l'étrange confusion de toutes les monarchies, les comtes
d'Arles furent un moment rois de Bourgogne et de Provence. Arles, ville
romaine, remplit un grand rôle au moyen âge ; elle eut même ses rois, et les
Chartres de Rodolphe portaient le titre de roi d'Arles et de |
[1] J'ai surtout consulté, pour connaître l'aspect de la société aux Xe et XIe siècles, la grande collection des Bollandistes, et les Acta sanctor. ordin. sanct. benedit., par le P. Mabillon, sans lesquels il n'y a pas d'histoire. Au Xe siècle, presque toutes les légendes et les translations de reliques furent écrites, et rien ne donne une idée plus exacte de la civilisation. Les pieux cénobites disaient toutes leurs impressions et toutes leurs douleurs dans ces récits si vivement empreints des couleurs contemporaines. La collection des Chartres est moins précieuse, parce que les pièces de cette époque sont très-rares. Voyez le beau travail de Bréquigny : Diplomata, chartœ, etc. tom. I, ann. 950-1025.
[2] La plus curieuse de ces vies de saints, qui fait connaître l'état de la société, est le livre d'Aimoin, de Miraculis sanct. Germani. — Mabillon, Acta sanct., tom. I.
[3] Bien que la vie de Geneviève de Brabant ait été écrite postérieurement, elle est le plus exact reflet des mœurs du Xe siècle. C'est la légende de la femme souffrante.
[4] Voyez Ducange, v° Désert, et Orator. Ducange, cette merveille de la grande érudition, cite une multitude de Chartres et de passages de la vie des saints dans les déserts.
[5] Ducange, v° Eremita.
[6] Concil. Gallic., tom. I, p. 528. —
[7] Cette image du barbare seigneur, qui abandonne sa vie de violence pour se faire ermite, a été personnifiée dans le moyen âge par le géant Roboastre des romans de chevalerie. Voyez Guérin de Monglave, mss. du roi. n° 7542.
[8]
Voyez
[9] Consultez le recueil des Bollandistes, et Mabillon, Art. sanct. ordin. sanct. Benedict., tom. I à III.
[10] Il existe très-peu de débris de cette première époque architecturale à Paris, la tour de Saint-Germain-des-Prés ; à Marseille, l'abbaye de Saint-Victor ; le style ogivique est postérieur de deux siècles ; il ne faut pas le confondre.
[11] Le plus curieux monument qui indique les moyens de défense des monastères contre les Barbares est incontestablement le poème d'Abbon : Carmen de obsidion. Parisiens. Ducbesne, tom. IV. Mr Taranne l'a traduit avec des notes et des explications, Paris, ann. 1834.
[12] Aujourd'hui encore, quand on procède à des fouilles, c'est presque toujours sous les débris des monuments du moyen âge qu'on trouve les traces des édifices romains.
[13] Il n'existe pas de miniatures ou de manuscrits peints en France au Xe siècle ; le P. Montfaucon n'a dessiné que des tapisseries du XIe siècle ; son plus ancien monument ne va pas au delà de la première croisade. Montfaucon, Monuments de la monarchie française, tom. I.
[14] On donnait souvent la terre aux prêtres pour la cultiver : Charta qua Gunefredus donat Benedicto sacerdoti terram ad complantandam in pago Pictaro. Labbe, tom. II, p. 537.
[15] Voyez mon travail sur Philippe Auguste, tom. I.
[16] Sur l'aspect de la terre au Xe siècle, consultez Instrument. de transmission. Resbaco a Uticenses S. Ebrulfi reliquiis. — Mabillon, Act. sanct. ordin. sanct. Benedict. tom. V. p. 238. J'ai trouvé une multitude de lettres des papes pour empêcher que les monastères ne soient pillés. Epistol. Agapet. pap. qua rogat eos ut a monasterio Celsiniacensi arceant prœdones et invasores. — Mabillon, Annal. Benedict, tom. III, p. 514.
[17] Frédégaire et Grégoire de Tours sont les annalistes des guerres civiles entre les envahisseurs. Ces époques ont été livrées à l'esprit de système ; quand je les publierai, j'espère y apporter, à l'aide des Bollandistes et de Mabillon (Acta sanctor.), un peu plus de clarté et de couleurs.
[18] Chroniq. de Frodoard, ad ann. 950-970, et Vita Buchardi. Le tome X des historiens de France est tout entier consacré au recueil des actes et des pièces qui peuvent constater cet état social. Les Bénédictins ont ajouté une belle et longue préface, p. 1 à 105.
[19]
Ce sont presque toujours les ducs de France, les comtes de Paris, qui viennent
défendre les Neustriens abâtardis. Comparez, pour tout ce qui concerne
l'histoire de
[20] Les lois des Bourguignons existent encore ; il s'y môle beaucoup de dispositions du code Théodosien ; Montesquieu a commenté ces lois avec un esprit systématique. (Esprit des Lois, liv. XXVI.)
[21]
J'ai parcouru attentivement la collection Brequigny ; presqu'un tiers des
Chartres appartient à
[22] Montesquieu, se laissant aller au mauvais esprit du XVIIe siècle, n'a pas rendu assez de justice au gouvernement des Visigoths et à cette admirable organisation ecclésiastique. Il ira vu qu'un bigotisme là où il y avait un principe de droit romain.
[23] Il faut voir comme le moine franc Glaber attaque les mauvaises mœurs des Aquitains. Croniq. ad ann. 1010.
[24] Les chants de Roncevaux dominent tout le moyen âge.
Menbre-vos ore de la perte de Karlle
De Ronceveaux où fu la grant bataille
Mort fu Rollant et Turpin et li autre
Et Olivier le chevalier mirable
Plus de XX mi. i ot mort a glaive
Pris fu Garin d'Anseaume le large
Si l'en mena i. fel païen Marage.
[25] Le moine Glaber parle d'une manière fort sévère des Bretons et Angevins : Peuple léger, inconstant, sauvage et dur. Croniq. ad ann. 975.
[26]
Les plus curieux documents sur les mœurs de
[27] Ex cronic. monast. S. Sergii. — Cronic. Nannetens. — Cronic. Britann. — Dom Bouquet, Historiens de France, tom. VII, VIII et IX.
[28] Voyez Cronic. Mettens. — Annal. S. Bertin., ann. 880 à 910.
[29] Il existe mille vestiges du passage des Sarrasins dans les Alpes ; à l'église de Saint-Pierre, entre Martigni et Sion, se trouve une inscription latine qui constate le passage des Sarrasins dans les Alpes.
Ismaelita cobors rhodani
eum spersa per agros
Ipie, famé et ferro sœvivet tempore longo.
Vertet in hanc vallem
Pœninam mersio falsem,
Hugo praesul Genevæ,
Christi productus amore.
Struxerat hoc templum, etc., etc.
M. Reinaud a fait un savant travail sur les invasions des Sarrasins en France : Paris, ann. 1836.
[30] La chronique la plus expressive sur ces ravages des Normands est écrite en langue du Poitou ou de l'Anjou ; elle est parmi les manuscrits du roi, 10307-5. En voici quelques extraits :
Per la paoar des Normans fit
rebos en liglise de Nantes li tresorz au pie de l'outà.
En liglise S. Florens de Soumur furent seveliz li trésors di l'église josta, les sains martirs qui iesent en sepulchra.
[31]
Voyez le Roman du Rou sur l'établissement des Normands dans
[32]
Voyez
[33] Dom Bouquet, Historiens de France, tom. X, a publié un grand nombre de chroniques dans lesquelles il est question des Hongres sauvages. Frodoard est le chroniqueur qui donne le plus de détails sur les Hongres. On s'écriait dans les litanies : Ab Ungarorum nos defendas jarulis ! En 937 ils ravagèrent l'Italie jusqu'à Bénévent et Capoue. Muratori, Ann. Italia. ann. 937.
[34] Ducange, v° Feuda. Voyez aussi l'œuvre immense de Vaissète, Histoire du Languedoc, tom. II, Appendix. Depuis Charles le Chauve, tout homme libre avait le droit de choisir son seigneur à son gré : Volumus ut unusquique homo liber in nostro regno, seniorem qualem voluerit in nobis et in nostris fidelibus recipiat. Cap. Carol. calv. A. D. 877. Baluze, tom. II.
[35] L'empereur Charles le Chauve me parait le grand organisateur de la féodalité ; il cherche à lui imposer des lois : Volumus ut cujuscumque regno sit, cum seniore suo in hostem vel aliis suis militatibus pergat. Capit. Charles le Chauve, A. D. 877. Voyez également, sur la géographie du comté de Paris et du duché de France, dom Félibien et Lobineau dans leur grande Histoire de Paris, si grossièrement exploitée par les modernes.
[36] Hugues le Noir mourut en 952 ; Létalde en 965. Art de vérifier les Dates, tom. II.
[37]
La tradition de Berthe est une des plus douces légendes du moyen âge. Le vieux
proverbe : Au temps où la reine Berthe filait
est de toute antiquité ; on croit que la statue de la reine Pédauque, de nos
cathédrales, est la représentation de
[38]
[39] Cronic. Nannetens. Dom Bouquet, Historiens de France, tom. VII, p. 218.
[40] Les chroniques d'Anjou sont les plus curieux monuments du moyen âge ; elles forment comme une grande épopée. Voyez l'édition de 1580.
[41] Art de vérifier les Dates, par les Bénédictins, tom. III, in-4°.
[42]
Tableau et succession chronologique des principaux fiefs immédiats qui ne
tenaient plus à la couronne que par le service de Post et du plaid, par
l'abbé de Camps, mss. de
[43]
Dom Vaissète est toujours la grande autorité qu'il faut consulter pour tout ce
qui touche à l'histoire du midi de
[44] Elle est, selon une généalogie contestée, l'origine des Montesquiou. Voyez Gazette de France, 14 novembre 1777.
[45] Voyez les croisades des Albigeois dans mon Philippe Auguste, et dom Vaissète, l'historien spécial des races du Midi, tom. I et II. Quels hommes que ces bénédictins !
[46] Dom Vaissète, Preuves, tom. I ; Art de vérifier les Dates, tom. III.
[47] Au règne même de Louis VII, on voit Suger assiéger le château de Montmorency, à deux lieues de Paris. Anonyme, Vita Suggeri. ad ann. 1142.