La nuit se fait sur ces derniers temps des mérovingiens dans la lutte suprême des rois et des maires du palais ; on voit que c'est la fin d'une dynastie qu'on veut faire oublier. Frédégaire n'écrit plus que des fragments[1]. Il faut suppléer à ce vide dans nos annales par les récits épars de quelques légendaires et spécialement par la vie de saint Léger, évêque d'Autun, qui occupa les plus hautes dignités civiles sous les derniers Mérovingiens. Un humble moine du Poitou a écrit la vie de son évêque avec une sincérité naïve ; il nous initie dans l'existence du peuple, dans la vie de la cité[2]. Les chroniqueurs du cycle carlovingien sont impitoyables pour la race de Mérovée ; ils appellent ces rois fainéants ; ils les représentent traînés sur des chars par des bœufs, traçant de longs sillons de métairie en métairie, couverts de molles étoffes tissues d'or et de soie. Ces traditions sur les rois fainéants ne remontent pas au delà des Carlovingiens : il était très-naturel que la dynastie nouvelle cherchât à flétrir les Mérovingiens pour justifier leur réclusion dans un cloître et son propre triomphe : d'ailleurs l'idée d'indolence, de paresse n'avait pas chez les barbares le sens qu'elle a aujourd'hui. Au milieu d'une société de violence et de guerre, tout chef qui préférait les arts paisibles du commerce des sciences aux conquêtes était un roi fainéant. Les derniers des Mérovingiens avaient pris les habitudes gauloises et byzantines ; ils aimaient les douces mœurs, le sillon des charrues dans les champs, le labourage, la fertilisation, le défrichement des forêts ; et la génération des Francs belliqueux considérait ces travaux comme des actes de paresse. On le voit même pour le règne de Dagobert déjà raillé dans ses rapports avec saint Eloi, le ministre pacifique qui donnait aux arts ce que les maires du palais accordaient à la guerre. Il serait impossible de suivre la chronologie des rois
francs Austrasiens, Neustriens et Bourguignons si l'on n'avait d'abord une
idée assez exacte du territoire. L'Austrasie qui conservait toujours une
certaine supériorité sur De cette distinction de mœurs et d'habitudes résultait
également une différence dans la nature des pouvoirs et la tendance des lois.
Si Dagobert mort[4] le partage de sa
succession royale s'accomplit entre ses enfants selon l'usage des Francs. Le
roi avait laissé deux fils, tous deux dans un âge fort tendre : à Sigebert,
qui n'avait pas encore huit ans, Dagobert avait destiné l'Austrasie ; à Clovis
II, à peine âgé de cinq ans, il donna En Austrasie, Pépin le vieux, Arnould, évêque de Metz et Cunibert, évêque de Cologne, gouvernèrent pendant la minorité de Sigebert ; tout se fit avec énergie, la répression des révoltes, la guerre contre les Thuringiens, les Allemands. Le jeune roi était si paresseux de corps, qu'on ne faisait intervenir son autorité que pour la fondation de quelques monastères dans la forêt des Ardennes ou dans la ville de Metz[6]. Comme il fut toujours paisible et qu'il mourut adolescent, on le plaça au nombre des saints[7]. La succession royale était dès lors si peu assurée en Austrasie que déjà les maires du palais essayèrent de proclamer leurs propres enfants. Le maire Grimoald, pendant sept mois, donna à son fils du nom de Childebert, le titre de roi des Francs. Les leudes refusèrent de le reconnaître ; le temps n'était pas encore venu où une race forte et nouvelle pourrait par son énergique concours assurer la succession dans une famille élue. Aussi les leudes entourent-ils encore le berceau de Childéric II, qui à sept ans porte le sceptre sous la protection du duc Wulfoade. De race germanique, Wulfoade, secondant l'impulsion de tous les hommes libres, fit sanctionner le principe du code Germanique : que chacun Austrasien, Neustrien, Gallo-Romain, pouvait se gouverner selon sa loi ou sa coutume personnelle[8] : salique, austrasienne romaine ou visigothe. L'autorité des leudes fut tempérée par l'intervention de saint Léger, ou Léogard, évêque d'Autun, l'un des plus sages conseillers auquel tous s'adressaient pour le gouvernement de l'Etat. A cette époque s'accomplit une nouvelle tentative de la
race d'Austrasie pour s'assurer la suprématie définitive sur les Neustriens.
Saint Léger, toujours très-influent sur les Leudes[9], prit sous son
pallium Childéric II, qu'il amena dans son char pacifique à la métairie de
Clichy, résidence des rois neustriens ; quelques chartes y furent signées. Le
dernier roi de Neustrie fut Dagobert II, fils de Sigebert, et que le maire
Grimoald avait fait disparaître. Le proscrit s'était retiré en Angleterre,
auprès de saint Wilfride, archevêque d'York. Du sein de sa cathédrale,
Wilfride revendiqua les droits de Dagobert sur La décadence mérovingienne fut plus lente dans Clovis n eut pour successeur un enfant encore à peine âgé de quatre ans, Clotaire III, placé sous la tutelle de sa mère Bathilde[16], douce figure de reine qui illumine ces annales. Quand il n'y a pas un maire du palais, on voit une reine qui protège l'enfant. En lutte avec le maire du palais, Ébrouin, Bathilde fut forcée de chercher un abri dans l'abbaye de Chelles[17], depuis si illustre par le nom de la reine Bathilde qui l'avait fondée. Renfermée dans sa cellule, Bathilde correspondait avec son fils Clotaire III, faible, maladif, pour maintenu : son droit. Lorsque la maladie fit des progrès, le jeune roi se fit transporter à l'abbaye, près de sa mère, où il mourut On trouvait son tombeau et sa figure de pierre debout, sous ses longs plis sculptés, à Saint-Denis, à la droite du maître autel. Clotaire III eut pour successeur Thierry III, son frère, toujours sous la protection du maire Ébrouin. Il n'y avait plus de roi sans maire du palais. Ce duc ou leude franc domine le fond du tableau qui va se développer dans le drame émouvant d'Ébrouin, le maire, et de saint Léger, l'évêque ; tableau des mœurs de ces temps qui nous a été conservé presque en entier[18]. Saint Léger, évêque de la ville d'Autun, était le fils
aîné d'une noble famille gallo-romaine ; son éducation avait été brillante
par la science latine, et son âme avait conservé toute la virilité que donne
une vie chaste et travailleuse. Léger devint le conseiller de la reine
Bathilde, qui l'éleva à l'évêché d'Autun. Quand elle s'était condamnée à
l'œil dans le monastère de Chelles, Ébrouin était devenu le maître absolu des
Neustriens. L'auteur de la vie de saint Léger nous fait un tableau assez
rembruni du comte, caractère rapace et violent : Enflammé
d'un tel amour d'argent, que ceux qui lui en donnaient davantage avaient
toujours gain de cause. Les esprits étaient irrités contre lui. Pour une
légère offense, il répandait le sang de beaucoup de nobles innocents. Il
avait pour Léger une haine particulière parce qu'il ne lui payait aucun
tribut de flatterie, et qu'il connaissait ce pontife intrépide contre les
menaces. Ébrouin fit un édit tyrannique : nul des Bourguignons ne put se
présenter au palais sans en avoir reçu l'ordre. Alors tous soupçonnèrent
qu'il avait imaginé cela pour combler ses crimes. Pendant que cette affaire
était en train, le roi Clotaire mourut : Ébrouin aurait dû convoquer tous les
grands et élever sur le trône Théodoric, frère du roi, mais enflé par un
esprit superbe, il ne voulut pas les assembler. C'est pourquoi ceux-ci
commencèrent à craindre qu'il ne méditât quelque complot contre le roi, et qu'il
prit le nom du prince qu'il aurait dû élever au trône solennellement pour la
gloire de la patrie[19]. Une multitude de nobles qui se hâtèrent de se rendre à
l'audience de Théodoric, ayant reçu d'Ébrouin Tordre de rebrousser chemin, se
réunirent alors en conseil et élurent son frère cadet, qui avait eu en
partage le royaume d'Austrasie. Ceux qui ne voulurent pas acquiescer à leur
résolution s'enfuirent secrètement ; d'autres menacés d'incendie ou d'un
péril pour leur vie y consentirent à regret, tant il y avait de crainte de la
tyrannie d'Ébrouin. Tous offrirent donc à Childéric le royaume de Neustrie,
aussi bien que celui de Bourgogne. Le comte Ébrouin alors, voyant que cela se
passait à cause de ses crimes, s'enfuit vers l'autel d'une église, lieu de
refuge. Son trésor fut envahi, et ce que cet homme inique avait amassé
méchamment à la longue fut justement dissipé en un instant. Quelques évêques
et particulièrement Léger intercédèrent pour lui et obtinrent qu'il ne serait
pas tué ; il fut envoyé en captivité au monastère de Luxeuil[20]. Ainsi éclata la disgrâce d'Ébrouin préparée par saint
Léger, le conseiller de la reine Bathilde. La plupart des leudes suivirent d'abord
l'impulsion de saint Léger, mais bientôt ils le délaissèrent, mécontents de
l'évêque qui établit l'égalité entre les leudes. Plus de maire du palais,
tout dut se faire par les assemblées en vertu des lois civiles. Cette
révolution, dirigée par saint Léger, dura peu. Childéric, le roi, ne souffrit
pas longtemps le pouvoir de l'évêque, car, dit
le moine qui a écrit la vie du saint, le monde
vieillissait et chargé de vices ne peut pas supporter la fermeté d'un citoyen
du ciel. Profondément convaincu du bien qu'il faisait en rétablissant
la liberté primitive, Léger ne garda aucun ménagement, même envers le roi.
Une fois en pleine église, il lui fit des remontrances sur sa conduite, et le
roi, plein d'irritation, lui répondit par des menaces. Le lendemain de Cette comète, signe menaçant de la colère du Seigneur, annonçait
bien des tristesses ! Ébrouin était sorti, en effet, de son monastère de
Luxeuil par la volonté du roi Thierry qui avait succédé à son frère. Élu
maire du palais, il avait ressaisi le gouvernement des Austrasiens ; sa haine
contre saint Léger pouvait donc se satisfaire. Dans la ville d'Autun même, les
violences éclatèrent contre l'évêque. Un grand parti s'était formé parmi les
leudes et les clercs pour soutenir un fils de Clotaire, roi de Neustrie.
Ébrouin, maître du pouvoir, attaqua sans pitié le parti que représentait
saint Léger ; il vint donc assiéger l'évêque dans Autun : les chefs
austrasiens s'emparèrent de la ville. En vain, saint Léger se réfugia dans un
monastère, il en fut enlevé. Conduit en la présence d'Ébrouin, l'évêque lui
dit : En t'efforçant d'opprimer les habitants de
toutes les Gaules, tu perds le haut rang que tu as obtenu sans le mériter[23]. A ces mots hardis, Ébrouin, plein de fureur,
ordonna que Guérin, frère de Léger, fût jeté hors des portes, afin que, punis séparément, ils ne se pussent consoler
dans le supplice. Comme on l'emmenait, le bienheureux Léger dit à son
frère : Sois calme, frère très-chéri, il faut que
nous souffrions tout cela, et les maux de cette vie ne sont rien auprès de
l'éternelle gloire qui nous est réservée.... Souffrons donc en ce monde, car
nous sommes débiteurs de la mort ; si nous portons patiemment ces douleurs,
la gloire céleste nous attend. Alors les serviteurs d'Ébrouin
commencèrent à lapider Guérin, le frère de saint Léger, lié à un tronc ; pour
lui, il priait le Seigneur en disant : Bon Jésus,
reçois l'esprit de ton serviteur. Et il rendit le dernier souffle. Le
bienheureux Léger voulut finir sa vie avec son frère pour partager avec lui
la vie future et bienheureuse ; mais le tyran Ébrouin différa sa mort pour
lui préparer les peines éternelles ; il ordonna qu'on le conduisit nu-pieds,
travers une piscine semée de pierres aiguës et perçantes comme des clous ;
ensuite il lui fit tailler les lèvres et les joues, et enlever la langue avec
un fer tranchante[24]. Ainsi était cette société mérovingienne, comment a-t-on pu
y trouver les éléments d'une monarchie régulière[25] ? Ébrouin garde
le vrai caractère des maires du palais : il règne de fait et Thierry de nom.
Les leudes francs, impatients du joug, secouèrent enfin le pouvoir d'Ébrouin
; il fut frappé dans le palais du roi : les Neustriens élevèrent un nouveau
chef du nom de Warton. Or, comme Ébrouin avait servi les intérêts
austrasiens, Pépin, maire d'Austrasie, exigea que le roi rendît tous les
biens aux leudes fidèles à la mémoire d'Ébrouin. Thierry le refusa. Alors le
maire Pépin marcha avec les Austrasiens contre les Neustriens conduits par
leur roi et le maire Warton. Ce fut encore une lutte sauvage. En vain, saint
Ouen voulut se poser en conciliateur, les Austrasiens, maîtres de Les Austrasiens délivrés des Mérovingiens, en entourant la
grande race de Pépin, préparaient déjà cette succession d'hommes forts qui,
plus tard, se personnifia dans Charlemagne. Les Mérovingiens n'eurent plus de
pouvoir que sur l'Aquitaine, une fraction de Clovis III, le fils de Thierry, tient à peine une place dans les annales ; on sait seulement qu'il succéda au titre de roi ; les cartulaires indiquent l'année de sa mort comme s'il s'agissait d'un simple moine trépassé dans un monastère[28], Les Austrasiens et Pépin désignèrent le maire du palais des Neustriens, pris dans la race franque, et qui gouverna les comtes et les leudes[29]. Sur leurs framées, en guise détrône, les Austrasiens élevèrent Childebert, frère de Clovis III : on ne sait rien de lui[30]. Seulement, la chronique dit qu'il mourut à Choisy, près de Compiègne, où l'on voyait encore sa sépulture. L'obituaire de l'Église donnait un peu de renommée à ces rois, morts avant d'être nés. Jamais race ne s'éteignit avec une régularité si parfaite, lente et successive. Ce grand fleuve des Franco-Neustriens se perd dans les terres de l'Austrasie pour disparaître complètement. Dagobert III fut encore un enfant au berceau ; on confia
sa tutelle à un maire du palais de la race de Pépin. Le principe d'hérédité
commençait à s'introduire même parmi les maires du palais. A côté de ces rois
de douze ans vint se placer comme maire du palais un autre enfant de six ans,
petit-fils de Pépin. Ce fut un caprice du pouvoir, une manière de montrer la
supériorité des Austrasiens sur les Neustriens abâtardis : un maire enfant
sur un roi enfant. Blessés de,se voir ainsi méprisés, les Neustriens
brisèrent le pouvoir de cet enfant, non point pour rétablir l'autorité des
Mérovingiens, mais pour élire un fantôme de roi sous le nom de Daniel[31], avancé dans la
vie déjà, car il touchait à sa quarante-cinquième année. Le maire neustrien
Ragenfroy alla le chercher dans la paisible abbaye de Saint-Denis pour donner
un chef aux leudes de Neustrie, tentative impuissante, car contre eux
s'élevait alors Charles Martel, le vigoureux duc de la race germanique. Charles
Martel dispersa sans peine les faibles armées de Chilpéric et de Ragenfroy
dans un lieu du Cambrésis appelé Vinci[32]. Il s'empara,
aux deux extrémités dès Gaules, de Paris et de Cologne par la conquête,
refoulant les Bourguignons, les Neustriens, les Aquitains jusqu'à Cet homme fort, ce Charles Martel, qui frappait si
rudement, reçut une grande mission : celle de délivrer la province
d'Aquitaine de l'invasion des Sarrasins. A cette terrible invasion de Il existe encore quelques chartes revêtues de leur scel. On trouve dans les archives, sous l'année 720, deux diplômes de Théodoric IV, qui prend le titre de roi de Neustrie et de Bourgogne et d'Austrasie. Élevé au monastère de Chelles, Théodoric[35] fut substitué à Chilpéric à l'âge de sept ans et l'on n'y prit pas garde. Ce temps est rempli de la terreur qu'inspirent les Sarrasins : tous les éloges entourent Charles Martel, le vainqueur. Dans les provinces d'Aquitaine, les Mérovingiens furent encore un moment reconnus. On trouve quelques indications de chartes, de diplômes et sur un scel de cire le nom de Chilpéric III. La race était morte et ensevelie ! Dans l'Austrasie et Si l'on veut envisager les faits, les incidents qui
amenèrent la chute des Mérovingiens, on doit reconnaître que jamais événement
ne fut mieux préparé. Cette dynastie, qui avait duré environ trois siècles
depuis Mérovée, était l'œuvre des tribus établies dans les Gaules,
conquérantes sous Clovis. Ce caractère fier des premiers chefs de tribus
était longtemps empreint sur leurs actes ; après la mort de Clovis, chacun de
ses enfants prit son lot et le défendit avec énergie ; les Sicambres
restaient avec leur férocité primitive. De temps à autres, la monarchie
devenait une, puis elle se séparait en vertu du partage. Ceux de ses chefs
qui régnèrent sur De ce jour la décadence fut rapide et complète. Si le règne de Dagobert jeta quelque éclat, cet éclat fut tout gallo-romain, c'est-à-dire artistique et commercial. Dagobert à travers ses violences n'eut jamais le caractère austrasien : la force et la conquête ; il ne fit rien pour les leudes, il ne grandit ni leur puissance, ni leurs bénéfices et les Austrasiens ne comprenaient pas d'autres grandeurs ; ils traitaient comme serf ou juif les marchands, argentiers ou colons paisibles. Les Mérovingiens furent appelés fainéants parce qu'ils ne menaient plus leurs hommes aux batailles. Leur chute fut précipitée par deux causes : 1° le triomphe des ducs, des leudes satisfaits par le supplice de Brunehaut ; 2° la supériorité belliqueuse de la race austrasienne sur les Neustriens au temps où il fallait retrouver toute l'énergie des batailles pour repousser les Sarrasins, tâche que s'imposa glorieusement Charles Martel, le maire du palais. Les traces qu'ont laissées les derniers Mérovingiens sont dans leurs chartes ; comme c'étaient des rois civils, ils usaient de l'écriture et du scel. On conservait dans les cartulaires de l'abbaye de Saint-Denis une charte de Thierry IV, l'avant-dernier roi de la race, confirmant un don au monastère fait à la prière de Charles, maire du palais[37], dernier acte peut-être où se montrent les traces de la vieille dynastie. Les scribes et les protonotaires ont omis quelquefois dans les diplômes le nom de Chilpéric III, le dernier roi de la race, et l'on commence à lire : le duc Carloman régnant[38]. Dans ces chartes se trouve le scel pendant en cire avec les figures réunies du roi et du duc, maire. Sur les monnaies se voit empreinte la figure seule des rois avec leurs attributs : les médailles sont d'or ; les deniers étaient d'argent. Quelques chartes, quelques diplômes, les écrits de Grégoire de Tours, de Frédégaire, quelques vies de saints forment tout le corps de chroniques et d'histoire que nous avons consulté sur cette époque de traditions incertaines et de gouvernement sans unité. Tout l'intérêt se porte déjà sur les Carlovingiens. Hélas ! on entoure ce qui s'élève et ce qui tombe laisse à peine de trace. |
[1] On aperçoit l'embarras de Dom Bouquet, même dans ses admirables résumés habituellement si clairs qu'il place à la tête des volumes des Francor. histor. Collect. Les savants auteurs de l'Art de vérifier les dates avouent qu'ils se perdent dans ces difficultés de temps, de lieux et de noms.
[2] Ursini monachi Vit. Leodgar. Dom Bouquet.
[3]
Il faut dire cependant que l'Aquitaine avait ses ducs particuliers et que
[4] L'an 638, il fut enseveli dans la basilique de Saint-Denis.
[5]
Pépin le Vieux révéré comme un saint à Nivelle. Voyez mon Charlemagne et
[6] Il existe de Sigebert une charte de fondation pour le monastère de Stavelo dans les Ardennes : Gallia christiana, t. IV.
[7] Sigebert mourut le 1er février 656. Ses reliques étaient vénérées dans l'église de Nancy.
[8] Cet édit est de l'année 660 : le principe était en harmonie avec les distinctions des tribus et des races.
[9] Un des plus curieux monuments d'histoire pour cette époque c'est : Anonym. de Vita S. Leodig, (Duchesne, t. I.)
[10] Clovis II succéda à Dagobert en 638 et non pas en 644 comme on l'a écrit.
[11] Le droit romain s'était conservé en Bourgogne.
[12] La mort de Nantilde est de 641.
[13] La vénération peur les reliques est un sentiment du cœur humain ; chaque opinion a ses reliques : on garde une fleur flétrie, on adore un petit chapeau, et des fragments de vieux habits. Le Musée du Louvre n'est-il pas un reliquaire ?
[14] Clovis fit même enlever l'abside d'argent dont Dagobert avait enrichi l'église de Saint-Denis, pour le distribuer aux pauvres : Ipsum argentum desuper predicta abside pauperibus Christi et egenis atque peregrinis erogari præcipit. (Mon. S. Denis, ad, ann. 651.)
[15] La mort de Clovis est de 656.
[16] Bathilde était saxonne ; elle avait été vendue par des pirates. Voir sa touchante vie dans Duchesne, t. I, p. 688.
[17] Sainte Bathilde est considérée comme la fondatrice de l'abbaye de Chelles : une des dernières abbesses fut une des princesses de la maison d'Orléans, la fille du régent pour laquelle Voltaire a fait de si jolis vers.
[18]
Comparez les continuateurs de Frédégaire et
[19]
Ce drame est raconté dans
[20] Voyez Anonym. Vita S. Leodegar.
[21] L'abbé Lebœuf, si savant antiquaire, dit que c'était la forêt de Chaumont-en-Vexin. Ce meurtre est du mois de septembre 673.
[22] Comparez avec les continuateurs de Frédégaire : cap. 95. Les Francs avaient hérité de la terreur des Romains sur les comètes.
[23] Le récit est plein d'incidents qui expliquent l'état de la société, la lutte des leudes et des clercs.
[24] Saint Léger fut placé au rang des martyrs ; on célèbre sa fête au 3 octobre :
Mox sextum nonarum Leodegarius ornat
Seditione potens quem dux populusque, peremit.
On a supposé un testament de saint Léger, mais la pièce est évidemment fausse, ainsi que le démontrent les Bénédictins.
[25] Il fut frappé par un seigneur franc du nom d'Ermenfrid. Voyez Chron. S. Medard.
[26] Saint Ouen fut encore une des grandes physionomies épiscopales. Voyez Vita Audoens, Duchesne, t. I.
[27] Le roi Théodoric III mourut en 691 et eut sa sépulture à Saint-Waast d'Arras.
[28]
[29] Chron. Sigib., ann. 694.
[30] En ce temps morut le glorieux roy Childebert, homme juste et de pieuse mémoire (de se fais ne savons ren, car l'histoire n'en parle pas).
[31]
[32]
Le savant éditeur de
[33] Voyez, sur cette invasion des Sarrasins, mon travail sur Charlemagne.
[34] Le roy ne vesquit pas moult longuement, cinq ans et demi régna, mort fu et sépulture en la cité de Noyon. (Chron. S. Denis ad ann. 722.)
[35] Le temps était si rempli des maires du palais que voici ce que dit l'auteur de Gesta regum : Franci vero Theodericum regem super se statuunt, et il faut remarquer que cet auteur est contemporain, car il ajoute : Qui usque nunc in regno subsistit.
[36] On trouve souvent dans le Midi la dignité byzantine de Patrice.
[37] On trouve les chartes suivantes : 1° de Thierry IV, datée d'Héristal ; 2° id. datée de Zulpich, 720. Le dernier roi dont on trouve le nom est Childéric III.
[38] Quelquefois Carloman dit : In regno meo ; mais le terme de Regnum, pas plus que celui de roi, ne doit être pris dans le sens étendu de l'époque moderne.