LA MANŒUVRE D'IÉNA

ÉTUDE SUR LA STRATÉGIE DE NAPOLÉON ET SA PSYCHOLOGIE MILITAIRE

Du 5 septembre au 14 octobre 1806

 

CHAPITRE X. — EXÉCUTION DES MARCHES DE RASSEMBLEMENT PAR LES CORPS DE LA GRANDE ARMÉE.

 

 

Après avoir exposé, en les discutant, les projets et les dispositions de l'Empereur, ayant pour but d'assurer la réunion de la Grande Armée dans la région de Bamberg, il nous reste à montrer comment les maréchaux interprétèrent les ordres pour le rassemblement, quelle en fut l'exécution et, par suite, dans quelle mesure on retrouve chez eux cette unité de pensée, de doctrine, ou de méthode, qui, seule, assure le fonctionnement harmonique de corps autonomes agissant pour le compte de l'armée, à la façon des membres d'un seul et même organisme qui opèrent, tantôt sur un ordre du cerveau, tantôt en vertu de réflexes propres.

Nous passerons ainsi en revue les divisions et corps d'armée en allant de la gauche à la droite.

 

§ 1er. — Division Dupont.

 

A son arrivée à Würzburg, le 1er octobre, le général Dupont reçut l'ordre de cantonner sa division, le lendemain, sur la route principale de Fulda qui longe la rive droite du Main, tout en conservant un bataillon dans la citadelle de Würzburg.

Un ordre de la division, en date du 2 octobre, rectifia les emplacements de la veille et les fixa comme il suit :

Le 1er hussards à Retzbach, ayant un poste d'observation à Karlstadt et un autre à Arnstein, sur les deux routes de Fulda ;

Le 9e d'infanterie légère : un bataillon à Retzbach, comme repli de cavalerie, l'autre à Thungersheim ;

Le 32e de ligne à Veitshöchheim ;

Le 96e de ligne : un bataillon dans la citadelle de Würzburg, l'autre à Versbach ;

L'artillerie à Veitshöchheim.

Tous les cantonnements auront des postes de surveillance et se garderont militairement.

En résumé, Würzburg est éclairée à 24 kilomètres sur les deux routes de Fulda, l'une par Karlstadt, l'autre par Arnstein, et la profondeur des cantonnements, sur la première de ces routes, est de 16 kilomètres en y comprenant les cantonnements de l'avant-garde et la distance entre celle-ci et la tête du gros.

L'avant-garde est tout entière sur la route principale de Fulda, éclairant par des piquets de cavalerie les deux directions dangereuses.

Un bataillon, logé avec le régiment de cavalerie, procure à celui-ci le repos nocturne dont il a besoin pour les soins à donner aux chevaux.

Le gros, cantonné sur une surface triangulaire de 6 kilomètres environ de côté, est en mesure de se porter, aussi bien vers Karlstadt que vers Arnstein, et il a un bataillon, à Versbach, pour commander le débouché des bois au sud d'Arnstein.

Les dispositions de la division Dupont, que nous venons d'indiquer, furent prises à la suite de l'ordre suivant du major général, en date du 2 octobre :

Il faut, Général, que vous laissiez un bataillon à la citadelle de Würzburg, que le reste de votre division soit cantonné sur la route de Fulda et que vos avant-postes soient établis militairement. Je pense que vous devez faire relever un petit poste d'observation que le maréchal Lefebvre a mis, sur la route de Fulda, au débouché qui conduit à Hamelburg.

Je vous préviens que nous ne sommes pas en guerre et que vos avant-postes ne doivent point dépasser le pays de Würzburg.

Supposons que cet ordre soit donné comme thème à un officier de l'École supérieure de guerre, pense-t-on qu'il présenterait une solution très différente de celle qui fut adoptée par le général Dupont ?

Nous ne le croyons pas.

La division Dupont partit, le 4 octobre, pour Bamberg d'après un ordre du major général, en date du 3 octobre, lui prescrivant d'exécuter ce déplacement en trois jours, mais en lui laissant le choix des gîtes.

Le général Dupont rendit compte, le 4 octobre, que ses gîtes seraient :

Le 4, à Dettelbach. Distance : 32 kilomètres.

Le 5, à Burgwindheim. Distance : 34 kilomètres.

Le 6, à Bamberg. Distance : 30 kilomètres.

La division Dupont fut destinée à remplacer, au 1er corps, la division bavaroise dont le commandement répugnait tant au maréchal Bernadotte — lettre de l'Empereur au maréchal Bernadotte, datée de Würzburg, le 5 octobre.

 

§ 2. — Garde à pied.

 

La Garde à pied, comprenant une brigade de chasseurs (4 bataillons), une brigade de grenadiers (4 bataillons), une brigade de dragons (4 bataillons), deux compagnies d'artillerie et une compagnie de pontonniers de la ligne, était arrivée à Würzburg, le 2 octobre, venant de Mayence.

Elle séjourna, le 3 octobre, à Würzburg et commença, le 4, à rompre dans la direction de Bamberg où elle arriva le 6 et le 7 octobre.

 

§ 3. — Cinquième corps.

 

Le 5e corps prit, le 3 octobre, des cantonnements serrés autour de Schweinfurth, pour se conformer à la prescription suivante du major général en date du 2 octobre, 11 heures du soir :

L'intention de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, est que vos troupes ne baraquent ni ne bivouaquent ; vous devez les cantonner aux environs de Schweinfurth, mais de manière à pouvoir les réunir en trois ou quatre heures sur la position que vous aurez choisie.

Aux termes du rapport du général Lefebvre, daté du 3 octobre :

Il (le 5e corps) occupe une ligne qui prend par la gauche à Berg-Rheinfeld, passe par Eggenhausen, Gressthal, Sulztahl, Eltingshausen, Rottershausen, Lauringen, Steinach, et va aboutir, à droite, à Gadheim.

La cavalerie occupe en arrière de Schweinfurth, sur la rive gauche du Main, les villages de Grafen-Rheinfeld, Röthlein, Schwebleim et Weyer.

Les cantonnements qui permettaient au 5e corps de se concentrer en trois heures sur la position d'alarme choisie et sans doute préparée face aux débouchés de Fulda étaient compris, la cavalerie exceptée, dans un rectangle qui mesure environ 28 kilomètres de largeur sur 14 kilomètres de hauteur.

En supposant que la position d'alarme fût située à 8 kilomètres environ au nord de Schweinfurth, les troupes les plus éloignées avaient à parcourir, pour s'y rendre, 15 kilomètres. La cavalerie était cantonnée sur la rive gauche du Main, où la vallée est plus découverte que sur la rive droite et plus riche en fourrages.

Cette cavalerie, qui avait des postes à Kœnigshofen et environs, ainsi qu'à Neustadt et environs, était à l'aise pour bien soigner ses chevaux.

Elle occupait quatre gros villages dans la boucle du Main.

La limite du territoire des cantonnements de rassemblement du 5e corps, en couverture, est marquée par des routes ou par des chemins reliant entre eux les villages formant la ceinture de la zone occupée.

Cette disposition est heureuse parce qu'elle détermine d'une façon précise le périmètre que l'on ne doit pas franchir.

Les documents de l'époque qui sont arrivés jusqu'à nous sont muets sur le service de sûreté des cantonnements de rassemblement, en couverture, du 5e corps, mais un rapport du général Savary, aide de camp de l'Empereur, daté de Münnerstadt, le 4 octobre au matin, contient, sous forme de post-scriptum, le renseignement suivant :

Il y a à Münnerstadt 3 compagnies de la 21e légère (régiment d'infanterie légère) et 25 chevaux que leur commandant envoie, sur-le-champ, à Neustadt.

On peut conclure, de là, qu'il y avait de l'infanterie légère à Kœnigshofen et à Hamelburg et que cette infanterie était éclairée elle-même par des piquets de cavalerie.

D'ailleurs, un rapport du général Suchet (1re division du 5e corps), daté de Kœnigshofen, 3 octobre, ne laisse aucun doute à cet égard.

De Munnerstadt à Rottershausen, le village compris dans les cantonnements du 5e corps le plus proche, il y a 12 kilomètres.

De Munnerstadt à Neustadt, on compte 10 kilomètres.

De Kœnigshofen à Lauringen, limite des cantonnements du 5e corps au nord-est, la distance est de 16 kilomètres.

De Hamelburg à Gressthal, village de la zone des cantonnements le moins éloigné, il y a 12 kilomètres.

On peut donc dire, d'une façon générale, que les avant-postes d'infanterie, consistant en groupes de plusieurs compagnies réunis sur les trois principaux débouchés conduisant à Schweinfurth, sont à 12 ou 14 kilomètres environ de la ligne de tête des cantonnements du 5e corps et que des piquets de cavalerie, forts de 25 chevaux chacun, couvrent les avant-postes d'infanterie à 10 ou 12 kilomètres.

Nous avons dit que la profondeur de la zone de cantonnements du 5e corps était de 14 kilomètres.

La distance d'avant-postes d'infanterie était donc égale à cette profondeur, et la cavalerie de sûreté occupait les débouchés à même distance au delà.

D'où il résulte que :

La zone de stationnement du 5e corps est éclairée par la cavalerie à une distance double de là profondeur des cantonnements et cette zone est protégée par de forts postes d'infanterie à une distance égale à cette profondeur, mais sur les grandes avenues seulement, les avant-postes n'étant reliés entre eux que par un service de patrouilles.

Enfin, il résulte du passage suivant contenu dans le rapport précité du général Suchet (3 octobre), que les vedettes de la cavalerie d'avant-postes du 5e corps poussaient jusqu'à portée de pistolet des vedettes ennemies.

Les Prussiens ont peur d'être attaqués et se gardent mal ; ils ne font pas garder leurs avant-postes à six lieues. Pour être tranquille, il faut pousser jusqu'à portée de pistolet (des vedettes ennemies).

Si l'on tient compte d'une certaine exagération dans l'estimation de la distance, on voit que les postes de cavalerie, à 12 ou 14 kilomètres des postes d'infanterie, poussaient leurs vedettes, à quelques kilomètres au delà, jusqu'au contact des vedettes ennemies.

On peut tirer une conclusion de ce qui précède.

Évidemment, le maréchal Lefebvre avait une grande habitude de la guerre et il était secondé par des généraux habiles.

Les dispositions de stationnement gardé ont donc été prises après mûre réflexion.

Sans vouloir offrir ces dispositions comme un modèle à suivre étroitement, nous pensons qu'elles répondent assez bien à une situation du même genre qui pourrait se représenter à l'avenir.

Nous dirons donc : La zone de cantonnements de rassemblement d'un corps d'armée, surtout s'il est en couverture, doit être protégée, dans toutes les directions dangereuses, par des postes d'infanterie établis à une distance égale à la profondeur (ou largeur) du stationnement et couverte, sur les mêmes directions, par des postes de cavalerie poussés à une distance égale au delà des postes d'infanterie.

 

§ 4. — Septième corps.

 

Le 2 octobre, le maréchal Augereau, au moment où il allait quitter Francfort, fit prendre les devants à son premier aide de camp (chef de cabinet), le colonel Sicard, et lui remit une lettre pour le major général où il était dit :

L'objet essentiel est de savoir quelle position je dois faire occuper par mon corps d'armée.

M. le colonel Sicard a toute ma confiance. Votre Altesse peut, sans réserve, lui dire tout ce qu'elle me dirait elle-même.

Cet officier vous fera connaître les dispositions que j'ai faites, d'après les ordres de l'Empereur et ceux de Votre Altesse.

Ainsi que nous l'avons déjà montré, la 1re division du 7e corps d'armée dépassa Würzburg, le 4 octobre, et cantonna dans les villages situés sur la route de Bamberg entre Würzburg et Dettelbach (exclus), tandis que le même jour, la 2e division atteignait Esselbach, à 34 kilomètres à l'ouest de Würzburg.

En arrivant dans cette ville, le maréchal Augereau reçut du major général l'ordre suivant :

Würzburg, 4 octobre 1806.

L'intention de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, est que vous fassiez cantonner votre corps d'armée aux environs de Würzburg, sur la route de Bamberg ; vous laisserez un bataillon dans la citadelle et aux environs ; vous placerez un parti de cavalerie sur la route de Fulda.

Je vous préviens que le maréchal Lefebvre se trouve en position en avant (au nord) de Schweinfurth.

Faites-moi connaître ce soir vos cantonnements. Assurez-vous si le maréchal Lefebvre a un poste de cavalerie au débouché de Hamelburg ; écrivez-lui qu'il vous prévienne si ce poste apprenait quelque chose de l'ennemi.

En prescrivant au maréchal Augereau de faire cantonner son corps d'armée aux environs de Würzburg, sur la route de Bamberg, Napoléon voulait que le 7e corps fût prêt à continuer sa marche sur Bamberg sans imposer aux troupes de grandes fatigues.

Un corps d'armée qui cantonne en profondeur dans les localités situées sur une route ou à proximité, peut exécuter des marches plus longues que s'il était étroitement concentré.

Supposons, en effet, qu'un corps d'armée ayant une distance d'écoulement de 16 kilomètres, comme c'était le cas pour les corps de la Grande Armée, ait été cantonné le long de sa route, sur une profondeur de 12 kilomètres.

La tête partant, par exemple, le lendemain matin à 6 heures, la queue se mettait en mouvement à 7 heures.

Cette queue pouvait donc marcher depuis 7 heures du matin jusqu'à la nuit, s'il le fallait, parcourant ainsi 48 kilomètres en douze heures. Sans demander aux hommes des efforts aussi grands, le corps d'armée pouvait, dans tous les cas, exécuter très facilement une étape de 10 lieues (40 kilomètres).

Si, au contraire, le corps d'armée eût été formé en pelote, le dévidement exigeait quatre heures et la queue ne partait qu'à 10 heures, en admettant que la tête se fût mise en route à 6 heures du matin.

Pour une étape de 40 kilomètres, la queue ne pouvait arriver au gîte, dans ces nouvelles conditions, qu'à 8 heures du soir, peut-être même à 9 heures, en comptant une grand'halte d'une heure.

La précaution que prend Napoléon de prescrire l'échelonnement des cantonnements du 7e corps sur la route de marche, quand il est à la veille de donner ses ordres pour l'ouverture des opérations, est très judicieuse.

D'ailleurs, la précaution était inutile. Le maréchal Augereau, ainsi que tous les maréchaux de l'époque, ne concevait pas les cantonnements de marche autrement qu'échelonnés le long de la route.

Cette tradition s'est perdue dans notre armée après 1815, et nous n'avons pu en rattacher le fil que grâce à l'examen attentif des ordres de Napoléon en 1806.

Le 4 octobre, dans la soirée, le maréchal Augereau reçut un nouvel ordre du major général lui enjoignant de continuer sa marche, le 5 octobre, pour être rendu le 7 à Bamberg.

Il est probable que cet ordre ne put recevoir son exécution ponctuelle à cause de l'éloignement de la 2e division, à Esselbach. Le maréchal Augereau dut aller trouver le major général, ou bien l'Empereur, afin d'obtenir de ne mettre son corps d'armée en mouvement, en un seul bloc, des environs de Würzburg sur Bamberg, que le 6 octobre.

On trouve, en effet, dans la correspondance du major général un ordre, en date du 7 octobre, à l'adresse du maréchal Augereau, lui prescrivant de traverser la ville de Bamberg, le 8 octobre, dans la matinée, pour se diriger de là sur Coburg par Hallstadt et Oberndorf où était établi un pont de bateaux sur le Main.

En fait, le 7e corps, parti de Francfort, le 2 octobre, a été en quelque sorte le guide de gauche, sur lequel Napoléon a réglé les dispositions et mouvements préparatoires des autres corps avant de mettre franchement toute son armée en marche dans la direction de Dresde.

Le 7e corps n'a pour ainsi dire pas cessé de marcher depuis le 2 octobre, jour de son départ de Francfort, jusqu'au moment où la Grande Armée a débouché en Saxe.

Nous verrons, plus tard, le 5e corps s'allonger sur la route de Schweinfurth à Hassfurt, le 5 octobre, entamer la marche, le 6, et occuper Coburg le 8, pendant que le 7e corps viendra le rejoindre ce jour-là en passant par Bamberg.

 

§ 5. — Premier corps d'armée.

 

Le 1er corps d'armée ne reçut pas, comme le 6e corps, l'ordre direct de l'Empereur (daté de Saint-Cloud, le 19 septembre) de se réunir préalablement en un point de ses quartiers.

L'ordre de rassemblement parvint au maréchal Bernadotte, à Anspach, le 28 septembre.

Cet ordre portait que le 1er corps devait être réuni à Bamberg le 3 octobre.

Nous avons déjà dit que Napoléon avait commis un lapsus calami en indiquant Bamberg et que son intention était que le point de réunion du 1er corps fût Nuremberg.

Dans ces conditions, rien ne pressait ; il suffisait que le 1er corps fût rassemblé, par division, le 30 septembre ou le 1er octobre autour de Fürth et d'Anspach, car il n'y a que deux marches de Fürth à Bamberg.

Mais, ainsi que nous le verrons un peu plus loin, le maréchal Davout devant, lui aussi, se trouver réuni le 3 octobre à Bamberg, et le maréchal Bernadotte n'ayant reçu, suivant les errements d'alors, que les prescriptions le concernant, celui-ci fut tout surpris de voir déboucher sur Schwabach, le 28 septembre, la division d'avant-garde (1re) du 3e corps, venant de Gnosheim.

Le maréchal Bernadotte activa alors la mise en mouvement de ses troupes et put les échelonner, le 29 septembre, entre Forchheim et Fürth, non sans avoir fait perdre au 3e corps toute la journée du 29.

Le 1er corps arriva le 1er octobre à Bamberg, et son chef se disposait à lui faire prendre des cantonnements autour de cette ville lorsqu'il reçut du major général l'expédition de l'ordre contenu dans la lettre impériale du 29 septembre au matin, datée de Mayence, où il était dit que le 1er corps devait se mettre en marche sur Kronach, etc. (voir la discussion de cette lettre, au chapitre 6).

Sans perdre de temps, le maréchal Bernadotte donna des ordres pour que la brigade Werlé, formant l'avant-garde, poursuivit sa route jusqu'à Staffelstein et que le reste de la division Drouet allât cantonner sur la route de Kronach entre Ebensfeld et Bamberg, tandis que la division Rivaud s'installerait dans cette dernière localité. Le 2 et le 3, la marche continua sur Kronach.

Le tableau suivant fait ressortir le détail des marches de rassemblement effectuées par le 1er corps pour se porter de ses quartiers de Fürth, de Nuremberg, d'Heilbronn, de Schwabach et d'Anspach à la position d'avant-garde de l'armée qui lui fut assignée par ordre impérial du 29 septembre (daté de Mayence), ordre expédié par le major général le 30 (de Würzburg) et reçu par le maréchal Bernadotte, le 1er octobre dans la matinée, à Bamberg.

A dater du 3 octobre, la brigade Werlé (division Drouet) resta échelonnée entre Steinwiesen et Kronach, comme avant-garde chargée de fournir les avant-postes d'infanterie, et le gros du corps d'armée fut cantonné depuis Redwitz jusqu'à Lichtenfels, sur une profondeur de 14 kilomètres environ, dans tous les villages bordant la route.

Je me trouverai en échelons depuis Lichtenfels jusqu'à Steinwiesen, écrivait le maréchal Bernadotte, le 3 octobre, au major général.

La cavalerie du 1er corps occupa des cantonnements en tête du gros, tandis que la brigade Lasalle était à Kronach et la brigade Milhaud à Langenstadt.

Donc, au 1er corps, la cavalerie légère cantonna en arrière de l'avant-garde, entre celle-ci et la tête du gros, et détacha des piquets aux avant-postes d'infanterie pour les couvrir sur les principaux débouchés conduisant à la frontière.

Cette disposition était indiquée par la nature montagneuse et boisée du pays.

 

En résumé, le 3 octobre, le 1er corps, échelonné sur la route de Bamberg à Schleiz, depuis Steinwiesen jusqu'à Lichtenfels, forme bien l'avant-garde de la Grande Armée en vue de la marche que Napoléon projette à travers le Franken-Wald.

En effet, ce jour-là, la cavalerie du 4e corps atteint Thumbach et le 5e corps n'a pas encore quitté Schweinfurth. Quant aux autres corps, ils sont plus en arrière.

La Grande Armée possède en ce moment deux avant-gardes.

L'une, formée par le 5e corps, est en position, ou en mesure de s'y mettre promptement, au nord de Schweinfurth.

L'autre, que constitue le 1er corps, est échelonnée sur la route centrale du Franken-Wald, sa queue à 36 kilomètres de Bamberg, point de réunion de la Garde et du 3e corps.

La première est défensive ; la seconde est offensive.

Le 5e corps n'est pas disposé pour marcher dans un sens déterminé, alors que le 1er corps au contraire s'est échelonné en vue d'un bond à exécuter vers la Saxe.

 

§ 6. — Troisième corps d'armée.

 

Dans sa lettre du 19 septembre au major général, l'Empereur disait :

J'ai fait donner l'ordre au maréchal Davout de réunir tout son corps d'armée à Œttingen.

Le chef du 3e corps, alors en permission à Paris, expédia un courrier, le 19 septembre, au général Friant, commandant par intérim le corps d'armée et résidant au quartier général d'Œttingen ; il eut, en outre, la précaution, en indiquant au courrier la route par Mannheim, Heilbronn, Œhringen et Hall, de lui remettre des duplicata de l'ordre de rassemblement préalable pour le général Gudin (3e division), à Œhringen, et le général Kister (commandant par intérim la 2e division), à Hall.

Grâce à cette mesure de prévoyance, les 3e et 2e divisions, les plus éloignées de la zone du rassemblement préalable du 3e corps, purent commencer leurs mouvements préparatoires dès le 23 septembre.

L'ordre du maréchal Davout contenait les prescriptions suivantes :

Le corps d'armée doit être réuni, le 26 ou le 27 du courant, entre Wassertrudingen et Nördlingen.

La 1re division (général Morand) sera stationnée entre Œttingen et Wassertrudingen ; les 2e et 38 entre Œttingen et Nördlingen ; le parc de réserve sera établi à Nördlingen.

Le général Gudin (3e division) reçut communication de l'ordre de rassemblement, le 22 septembre, à Œhringen, et prescrivit aussitôt les mesures nécessaires.

La brigade Petit, qui occupait les environs de Heilbronn fut réunie, le 23, et alla :

Le 24, d'Heilbronn à Œhringen. Distance, 30 kilomètres.

Le 25, d'Œhringen à Hall. Distance, 25 kilomètres.

Le 26, de Hall à Ellwangen. Distance, 42 kilomètres.

Le 27, d'Ellwangen à Wallerstein. Distance, 30 kilomètres.

Dans sa lettre du 22 septembre au général Petit, le général Gudin disait :

Je sais que les journées sont fortes, mais nous savons marcher.

Le général Friant, commandant le 3e corps par intérim, reçut à Œttingen, le 23 septembre, l'ordre de rassemblement du maréchal Davout et prescrivit aussitôt les dispositions nécessaires à son exécution.

Le 26, la 1re division se réunit à Œttingen et environs ; la 2e division à l'est d'Ellwangen, sur la route de Nördlingen ; la 3e division, par brigade, à Ellwangen et à Dinkelsbühl.

Le 27, la 1re division est concentrée à Gnosheim ; la 2e division cantonne entre Nördlingen et Œttingen ; la 3e division, par brigade, à Wallerstein et à Fremdingen.

En même temps, la cavalerie légère du 3e corps, à l'exception du 1er chasseurs primitivement détaché auprès de la 3e division, se portait de Mergentheim à Erlangen où elle avait l'ordre d'arriver pour le 1er octobre.

Le 29 septembre, le maréchal Davout arriva de sa personne à Wassertrudingen.

Le même jour, le 1er régiment de chasseurs ainsi que la batterie à cheval du parc de réserve, rejoignirent la 1re division constituée en avant-garde du 3e corps.

Les journées suivantes, c'est-à-dire le 30 septembre, le 1er et le 2 octobre, le 3e corps marcha en une seule colonne pour atteindre la région de Bamberg.

Le maréchal Davout rendit compte, le 2 octobre, des positions occupées par le 3e corps d'armée, savoir :

La cavalerie légère entre Schesslitz, Hallstadt et Bamberg ;

La 1re division, en colonne, entre Staffelstein exclusivement et Hallstadt, ayant un régiment à Bamberg ;

La 2e division, en colonne, entre Bamberg et Hirschaid inclusivement ;

La 3e division, en colonne, entre Hirschaid et Forchheim ;

Le matériel du parc de réserve, près de Forchheim, et le personnel, ainsi que les chevaux, dans les villages de la rive gauche de la Wiesent.

L'Empereur reçut le rapport du maréchal Davout, le 3 octobre à Würzburg, et lui fit répondre, le 4, par le major général :

L'Empereur pense, Monsieur le Maréchal, que vous devez occuper et faire approcher votre réserve du parc et toutes vos divisions autour de Bamberg ; que vous aurez bien fait cantonner vos troupes afin qu'elles prennent le plus de repos possible ; mais cependant de façon à être prêtes à partir quelques heures après en avoir reçu l'ordre.

A son tour, le maréchal Davout écrivit au major général, en réponse à l'ordre ci-dessus :

Bamberg, 5 octobre 1806.

J'ai l'honneur d'assurer Votre Altesse que le 3e corps est cantonné de manière à pouvoir être réuni à Bamberg en cinq heures et en mesure de se mettre en marche au premier ordre que Votre Altesse pourrait me faire passer.

Cette lettre du maréchal Davout montre trois choses :

1° Le maréchal Davout n'a pas cru devoir modifier l'assiette des cantonnements pris le 2 octobre parce qu'il les a jugés indispensables au bien-être de ses troupes ;

2° Ces cantonnements permettent au 3e corps de se concentrer en cinq heures à Bamberg.

En effet, de Forchheim à Bamberg il y a 24 kilomètres ou cinq heures de marche et, de la tête de l'avant-garde, près d'Ebensfeld, à Bamberg, on compte 20 kilomètres ou cinq heures de marche ;

3° Le 3e corps est en mesure de se mettre en marche au premier ordre.

La position du 1er corps indique au maréchal Davout que la route probable du 3e corps est de Bamberg sur Kronach : Or, le 3e corps étant cantonné en colonne, suivant l'expression même du maréchal Davout, sur la route Forchheim-Bamberg-Staffelstein, peut exécuter, au premier ordre, une marche aussi forte que le permettront les forces humaines, parce que les divisions stationnent sur une profondeur plus grande que leur longueur d'écoulement.

 

§ 7. — Quatrième corps d'armée.

 

Le major général expédia, le 25 septembre, au maréchal Soult la partie de l'ordre général de rassemblement, daté de Saint-Cloud, le 19 septembre, qui concernait le 4e corps.

Cet ordre parvint au maréchal Soult, le 26 septembre. Le même jour, le chef du 4e corps rendit compte au major général que ses divisions se mettraient en mouvement le 27 septembre, de façon à être réunies à Amberg, le 3 octobre, après être passées par Ratisbonne.

Les quartiers du 4e corps s'étendaient autour de Braunau (1re division), de Passau (3e division) et de Landshut (2e division).

La 2e division (Lewal), la plus rapprochée de Ratisbonne, ne se mit en marche vers cette ville que le 28, tandis que les deux autres entamèrent le mouvement le 27 septembre.

La 2e division atteignit Ratisbonne, le 29, et continua, le 30, jusqu'au sud et près de Schwandorf.

Le 30 septembre, la 3e division (Legrand) dépassa Ratisbonne, à la suite de sa quatrième journée de marche, et vint cantonner entre cette ville et la 2e division, le long de la route de Schwandorf.

Le même jour, la 1re division (Saint-Hilaire) parvint à Ratisbonne, après quatre jours de marche et fut logée dans la ville.

La profondeur du stationnement, ce jour-là, fut d'environ 36 kilomètres.

Les distances pour atteindre Ratisbonne furent :

De Landshut à Ratisbonne, 60 kilomètres (2e division) ;

De Passau à Ratisbonne, 150 kilomètres (3e division) ;

De Braunau à Ratisbonne, 160 kilomètres (1re division).

La 2e division parcourut donc trois étapes de 30 kilomètres en moyenne pour arriver dans ses cantonnements du 30 septembre.

La 3e division fit quatre marches de 40 kilomètres, du 27 au 30 septembre.

La 1re division exécuta également quatre marches de 40 kilomètres pour se rendre de Braunau à Ratisbonne.

Dans ces évaluations ne sont pas compris les parcours que les régiments eurent à faire pour entrer dans les colonnes de division, le 27 (1re et 3e divisions) et le 28 (2e division).

Le maréchal Soult était donc en droit d'écrire (rapport du 1er octobre) au major général que, pour se trouver réunies à Bamberg, le 3 octobre, les divisions du 4e corps avaient à faire des marches de 10 à 11 lieues.

Les trois divisions du 4e corps se rendirent de leurs quartiers à Ratisbonne par étapes, comme en temps de paix, puis elles marchèrent en guerre.

Le 30 septembre, le maréchal Soult lança, de Ratisbonne, l'ordre suivant, qui fixait exactement les cantonnements de rassemblement du 4e corps, à partir des 2 et 3 octobre.

4E CORPS D'ARMÉE.

ORDRE.

Ratisbonne, le 30 septembre 1806.

Le général Lewal (2e division) donnera ordre à la 2e division de prendre, le 2 octobre, des cantonnements très resserrés dans les environs de Sulzbach, sur un rayon d'une lieue et demie au plus, sans cependant dépasser la Vils.

Le général Legrand (3e division) donnera ordre à la 3e division de prendre aussi des cantonnements très resserrés, le 3 octobre, en avant d'Amberg, sur la rive gauche de la Vils, depuis Hahnbach et Gebenbach, inclusivement, jusqu'à Pernvied, près d'Amberg, aussi inclusivement.

Le général Saint-Hilaire (1re division) donnera ordre à la 1re division de se rendre aussi, pour le 3 octobre et en son entier, à Amberg ; il la fera cantonner dans cette ville et dans les villages les plus à portée non occupés par les 2e et 3e divisions, sans cependant pouvoir l'étendre à plus d'une lieue.

Le général Milhaud (commandant la cavalerie légère) réglera le mouvement de la division de cavalerie légère (à Neuhaus) de manière à être rendu, le 3 octobre prochain, entre Hahnbach et Vilseck, faisant occuper cette dernière ville et laissant la première à la disposition du général Legrand (3e division).

Le général Lariboisière (commandant l'artillerie) donnera des ordres au parc d'artillerie pour continuer sa marche sur Amberg, et il réglera son mouvement de manière à ce qu'il arrive, le 3 octobre au soir, à hauteur d'Ebermansdorf, en arrière d'Amberg, et le fera établir dans cette partie.

Les troupes se garderont militairement dans leurs cantonnements et se tiendront prêtes à continuer leur mouvement dans la journée du 4. Le général Milhaud fera garder la grande route de Vilseck à Baireuth et le général Legrand (3e division) celles qui conduisent sur la Naab.

Le quartier général sera, le 1er, à Amberg, mais le maréchal commandant en chef ne s'y rendra de sa personne que le 2. MM. les généraux voudront bien lui rendre compte de l'exécution de ces dispositions.

Maréchal SOULT.

L'ordre qui précède est clair, net, judicieux. Les indications d'heures du départ n'y figurent pas, comme inutiles, puisque le corps d'armée stationne sur une profondeur plus grande que la distance d'écoulement.

La forme générale des cantonnements qui résulte de cet ordre est un cercle de 12 kilomètres de rayon environ.

Les dispositions arrêtées, le 30 septembre, par le maréchal Soult découlent du premier ordre de rassemblement prescrivant au 4e corps d'être réuni, le 3 octobre, à Amberg, prêt à continuer sa marche le 4.

A la date du 30 septembre, le maréchal Soult n'a pas encore reçu la lettre impériale, datée de Mayence, 29 septembre, où il est dit :

Mon intention serait que vous puissiez arriver le 5 à Baireuth avec tout votre corps réuni, ayant quatre jours de pain, et en manœuvre de guerre.

Cette lettre, qui parvint au maréchal Soult le 2 octobre, ne lui fit pas modifier ses dispositions arrêtées pour le 3 octobre, ainsi qu'en témoigne le rapport dont nous extrayons le passage suivant : Amberg, 2 octobre 1806.

Votre Majesté a daigné m'instruire par sa dépêche du 29 septembre dernier, que je reçois à l'instant, des dispositions que le 4e corps d'armée aura à exécuter en partant d'Amberg.

Pour remplir ses intentions, j'ai l'honneur de lui rendre compte que, demain 3 octobre, toutes les troupes du corps d'armée seront réunies en avant d'Amberg et seront prêtes à en partir, le 4, pour entrer dans le pays de Baireuth si Votre Majesté l'ordonne.

Dans l'intervalle, les troupes du 4 e corps avaient continué leur marche au delà de Ratisbonne.

Le 1er octobre, la 2e division vint cantonner à Amberg, pendant que les deux autres divisions stationnaient le long de la route depuis Amberg jusqu'à Regenstauf, sur une profondeur totale de 40 kilomètres environ.

Le 2 octobre, la 2e division occupa les cantonnements prescrits par l'ordre du 30 septembre autour de Sulzbach, la 3e division atteignit Amberg et la 1re division cantonna à Schwandorf et au delà.

Mais, dans la soirée du 2 octobre, après le départ du courrier adressé par le maréchal Soult à l'Empereur, une dépêche du prince Murat vint modifier les dispositions arrêtées au 4e corps pour la journée du 3.

Le prince Murat, on se le rappelle, avait conféré avec l'Empereur, à Mayence, pendant la matinée du 29 septembre, était parti pour Würzburg ce jour-là, à 1 heure, et était arrivé à son poste, le 30, à 8 heures du matin.

Dès son arrivée à Würzburg, le prince Murat qui connaissait les intentions dé l'Empereur écrivait, ainsi que l'ordre lui en avait été donné, aux maréchaux et aux commandants des divisions de cavalerie de la réserve.

Sa lettre au maréchal Soult portait que la cavalerie du 4e corps devait être poussée immédiatement sur les confins du pays de Baireuth.

Or, le maréchal Soult ne pouvait pas lancer sa cavalerie légère à deux marches d'Amberg sans la soutenir. Il résolut donc d'annuler son ordre du 30 septembre et d'y substituer celui que nous allons reproduire, où l'on verra le 4e corps s'allonger sur la route de Baireuth, depuis Vilseck (inclus) jusqu'à Amberg (inclus), non plus en cantonnements de rassemblement mais en cantonnements préparatoires à la marche, c'est-à-dire disposé de telle sorte qu'il puisse entamer, au premier signal, le mouvement sur Baireuth.

Avec le dispositif de cantonnements prescrit le 30 septembre, il fallait au 4e corps trois à quatre heures pour se former en colonne sur la route qui serait indiquée.

Après la réception de la dépêche du prince Murat, le maréchal Soult va disposer son corps d'armée à proximité de la route définitivement fixée, celle qui conduit d'Amberg à Baireuth.

 

4E CORPS D'ARMÉE.

ORDRE.

Amberg, 2 octobre 1806.

Le général Milhaud[1], commandant la division de cavalerie légère, donnera ordre aux régiments et compagnies d'artillerie qui la composent de se réunir demain pour 10 heures du matin, à Schlicht, près Vilseck ; il les dirigera sur Thumbach, en suivant la grande route de Baireuth, et les établira entre Thumbach et Thurndorf, occupant tous les villages, dans cette partie, qui forment la frontière du royaume de Bavière, mais se gardant de mettre aucune troupe sur le territoire prussien ni d'y commettre aucune hostilité.

Le général Milhaud se gardera militairement et établira son quartier général à Thumbach.

Le général Legrand (3e division) portera la tête de son infanterie légère jusqu'à Schlicht et Vilseck, et fera cantonner sa division depuis ces deux endroits compris jusqu'à Hahnbach aussi compris ; il s'établira de sa personne à Schlicht ou à Vilseck.

Le général Lewal (2e division) fera rapprocher toutes les troupes qu'il a cantonnées en arrière de Sulzbach, sur la route de Nuremberg, et établira sa division entre Sulzbach et la Vils, depuis le village de Poppenricht jusqu'à celui de Weissenberg ; il donnera ordre aux colonels des régiments de reconnaître les communications qui aboutissent des cantonnements qui leur sont assignés à la grande route d'Amberg à Baireuth, afin que, lors qu'il leur sera donné ordre de déboucher sur cette grande route pour prendre rang dans la colonne, ils n'aient point de détour à faire et puissent s'y rendre par le plus court chemin.

Le général Saint-Hilaire (1re division) établira la 1re division à Amberg et dans les villages situés à droite et à gauche de la route, depuis cette ville jusqu'à Hahnbach exclusivement.

Le général Lariboisière (commandant l'artillerie) donnera ordre au parc d'artillerie de s'établir à Germersdorf en arrière d'Amberg, et il disposera, pour loger les hommes et les chevaux qui y sont employés, de ce village et des deux hameaux à droite et à gauche de Germersdorf.

Les dispositions contraires au présent ordre, et qui sont contenues dans celui du 30 septembre, seront considérées comme non avenues.

L'ordonnateur en chef fera effectuer dans la journée de demain, s'il ne l'a déjà fait, la remise des caissons des équipages militaires qui doivent être affectés aux régiments pour le transport du pain, mais cette remise aura lieu à Amberg, et, à cet effet, les colonels des régiments enverront des officiers pour les prendre.

Tous les caissons des régiments destinés au transport du pain devront être rendus à Amberg demain au soir pour prendre le pain qui doit être distribué à la troupe d'après les nouveaux ordres qui seront donnés ; l'ordonnateur s'assurera du nombre de voitures du pays nécessaires pour prendre le surplus du pain réuni à Amberg qui n'aurait pu être chargé sur les caissons des régiments. Il s'assurera également des voitures pour le transport des eaux-de-vie et du sel qui sont aussi réunis à Amberg.

L'ordonnateur terminera également demain la remise des caissons d'ambulance, avec leur approvisionnement, qui doivent être affectés aux divisions, et il rendra compte dans le jour au maréchal commandant en chef de l'exécution de cette disposition.

Maréchal SOULT.

Nous avons souligné, dans l'ordre qui précède, la prescription relative à la mise en marche des régiments composant la 2e division.

Cette division est cantonnée en dehors de la route de marche, tandis que les deux autres divisions ont leurs troupes échelonnées le long de cette route sur une profondeur plus grande que leur distance d'écoulement.

Il y a 20 kilomètres de Schlicht à Amberg.

Si le 4e corps doit continuer son mouvement sur Baireuth, la 3e division prendra la tête, ensuite viendra la 2e division, puis la 1re.

Pour que la marche puisse être entamée avec ordre, il faut que la 3e division se rassemble, en formation de marche, la tête à Schlicht.

Pendant ce temps, les régiments de la 2e division viendront rejoindre, chacun pour leur compte et par le plus court chemin, la route de marche, puis se rassembleront sur cette route, en formation de marche, la tête touchant la queue de la 3e division.

Dans le même temps, la 1re division serrera, en formation de marche, sur sa tête à Habnbach.

Dès que la 3e division sera réunie sur la route en formation de marche, elle s'ébranlera.

La 2e division fera de même, et la 1re division se mettra en mouvement à son tour de façon à suivre la queue de la 2e division.

Cette façon de mettre en mouvement les grandes unités d'une colonne de corps d'armée, lorsqu'elles ont été cantonnées en profondeur, est très pratique, à la condition de donner l'heure et le point de départ de la tête de chaque division.

En ce qui concerne la 2e division, les régiments qui la composaient devaient venir s'embrancher par des chemins reconnus à l'avance sur l'artère principale.

Le procédé nous paraît supérieur à celui qui consiste à fixer un débouché unique.

Le règlement allemand du 23 mai 1887 sur le service en campagne recommande des points de rassemblement différents pour les diverses unités de commandement de la colonne.

C'est ainsi, par exemple, que dans une division d'infanterie, on pourra donner un point de rassemblement pour l'avant-garde, un autre pour le régiment de tête du corps principal et pour l'artillerie, un troisième pour la brigade d'infanterie de queue.

Les unités de cette nature et celles d'un effectif moindre peuvent également être rassemblées sur la route même, en formation de marche.

Le paragraphe qui précède réglemente, comme on le voit, un procédé de mise en mouvement, inauguré par nos pères et oublié depuis.

Le 3 octobre, les troupes du 4 e corps occupèrent les cantonnements fixés par l'ordre du 2 octobre au soir.

Le maréchal Soult pensait que son corps d'armée romprait, le 4 octobre, de façon à occuper Baireuth, le 5, comme l'Empereur le lui avait fait pressentir dans sa lettre du 29 septembre, confirmée par un ordre du major général ainsi conçu :

L'intention de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, est que votre corps d'armée réuni à Amberg étende ses cantonnements entre cette ville et Baireuth, sans cependant passer les limites de ce pays.

C'était une disposition préparatoire à la marche sur Baireuth que voulait l'Empereur, et, à ce titre, l'ordre du maréchal Berthier est très significatif.

Il montre de la façon la plus évidente, que Napoléon connaissait les propriétés du cantonnement en profondeur considéré comme la préparation nécessaire des longues marches.

S'il eût connu la forme du stationnement adopté par le maréchal Soult, le 3 octobre, l'Empereur l'eût probablement approuvé, car ce stationnement permettait un prompt départ et une forte marche.

Cependant, le maréchal Soult crut devoir prononcer d'une façon plus complète l'échelonnement du 4e corps sur la route de Baireuth, en vue de réduire au minimum les pertes de temps et les mouvements latéraux au départ.

Il se décida, en conséquence, à faire prendre, le 4 octobre, à son corps d'armée des cantonnements plus serrés que la veille, plus étroits et plus profonds, véritables cantonnements de marche, qui allaient lui permettre d'exécuter au premier signal l'ordre de mouvement attendu d'un instant à l'autre.

Voici la teneur de l'ordre d'attente que lança le maréchal Soult dans la soirée du 3 octobre.

 

4E CORPS D'ARMÉE.

ORDRE.

Amberg, 3 octobre 1806.

Demain, 4, les troupes du corps d'armée exécuteront les dispositions suivantes :

Le général Guyot (commandant la cavalerie légère depuis le départ du général Milhaud) réunira la division de cavalerie légère à Thurndorf, sur le territoire bavarois, sans s'occuper d'aucune manière les dépendances du pays de Baireuth, et se tiendra prêt à exécuter dans le jour l'ordre de mouvement qui lui sera adressé.

Le général Legrand (3e division) dirigera sa division sur Thumbach, en suivant la grande Toute de Baireuth, et la fera cantonner dans les hameaux à droite et à gauche de la route sans trop écarter les troupes, si à midi il n'a pas reçu de nouveaux ordres.

Le général Lewal (2e division) réunira sa division en avant de Schlicht et la fera cantonner entre cet endroit exclus et Thumbach, si à midi il n'a pas reçu de nouveaux ordres.

Le général Saint-Hilaire (1re division) réunira sa division à Hahnbach et la fera cantonner entre cette ville et Schlicht et Vilseck compris, si à midi il n'a pas reçu de nouveaux ordres.

Le général Lariboisière (commandant l'artillerie) donnera ordre au parc d'artillerie de se porter en avant d'Amberg en suivant la même route, où il se tiendra prêt à exécuter les nouveaux-ordres qui lui seront adressés.

Le maréchal commandant en chef se réserve de faire connaître par un nouvel ordre le lieu où sera établi le quartier général ; en attendant il restera à Amberg.

Toutes les troupes devront être en mouvement de bonne heure, afin d'exécuter les nouveaux ordres qui peuvent leur être donnés.

L'ordonnateur fera, sur-le-champ, partir pour les divisions les caissons, chargés pour deux jours de pain, qui sont affectés aux régiments, et il les dirigera sur les points où les divisions doivent se rendre en exécution du présent ordre. Il dirigera aussi sur les divisions des bestiaux pour assurer la distribution en viande pour deux jours ; du sel pour quinze jours et de l'eau-de-vie pour deux distributions. Le surplus du pain, des bestiaux, de l'eau-de-vie et du sel, sera transporté sur des voitures à la suite du quartier général.

Les distributions de pain, de viande et de sel seront faites à la troupe le jour même qu'elle campera, mais pas auparavant ; jusqu'à cette époque elle doit être nourrie chez l'habitant, dans les lieux de cantonnements.

L'ordonnateur laissera un employé d'administration à Amberg pour faire réunir et transporter à la suite du corps d'armée tout le pain qui doit être fourni par la régence, d'après la demande qui lui a été faite à ce sujet.

Maréchal SOULT.

L'ordre qu'on vient de lire donne lieu à plusieurs critiques :

1° L'heure du départ n'est pas indiquée, le maréchal Soult se borne à prescrire que les troupes devront être en mouvement de bonne heure.

Il résulte de là que si le général Lewal (2e division) ordonne un rendez-vous en formation de marche, la tête à Schlicht, pour 8 heures du matin, alors que le général Legrand aura indiqué le même point et la même heure à sa tête de colonne, la confusion sera complète ;

2° L'idée de faire arrêter les 2e et 3e divisions à midi, dans le cas où elles n'auraient pas reçu d'ordre, est très heureuse.

De cette manière, les troupes avancent d'une quantité déterminée dans le sens de l'objectif et s'arrêtent toutes en même temps pour cantonner des deux côtés de la route et à faible distance, sur une profondeur égale à la distance d'écoulement.

Encore fallait-il pour cela que les divisions se suivissent sans interruption, ce qui n'eut pas lieu faute d'avoir indiqué l'heure du départ de la 3e division ;

3° L'ordre porte que les troupes partiront de bonne heure et qu'elles s'arrêteront à midi, sauf indication contraire.

On peut admettre que la 3e division ait commencé à serrer sur sa tête à 6 heures du matin et qu'à 7 heures (de Schlicht à Hahnbach, 8 kilomètres) toute la division se soit mise en mouvement (profondeur d'environ 4 kilomètres).

Or, elle devait marcher sur Thumbach.

De Schlicht à Thumbach il y a 18 kilomètres. En quatre heures, au maximum, la tête de la 3e division devait atteindre Thumbach, c'est-à-dire entre 10 h. 30 et 11 heures.

Thumbach ayant été donné comme l'objectif final, le général Legrand arrêta sa tête de colonne dans ce bourg et laissa serrer la 3e division qui se trouva ainsi, vers midi concentrée à Thumbach et environs.

La 2e division (général Lewal) rejoignit la 3e division et cantonna à midi entre Thumbach et Haag.

Quant à la 1re division, l'ordre lui ayant fixé des cantonnements entre Vilseck et Hahnbach inclus, elle se trouva séparée de la queue des cantonnements de la 2e division par une distance de 8 kilomètres.

Il y eut là une faute de commandement dont la conséquence, sans être grave, fut d'obliger le maréchal Soult à faire serrer la 1re division pendant la soirée du jour (6 octobre) qui précéda l'invasion du pays de Baireuth (7 octobre).

 

A notre sens, l'ordre aurait dû porter ceci :

La 3e division atteindra Thumbach à 11 heures et s'y concentrera, sauf contre-ordre.

La 2e division se cantonnera le long de la route entre Haag, Schlicht et Vilseck inclus, si, à midi, elle n'a pas reçu de nouvel ordre.

La 3e division prendra des cantonnements de marche entre Schlicht et Vilseck, exclus, et Hahnbach, inclus, à partir de midi, sauf ordre contraire.

En libellant l'ordre du 3 octobre comme nous venons de le faire, on obtenait la concentration certaine de la division d'avant-garde (3e) à Thumbach, ce qui était dans la doctrine de l'époque ; on se ménageait une bonne distance d'avant-garde (de Thumbach à Haag, 10 kilomètres) et l'on tenait les deux divisions (2e et 1re) du gros, réunies en cantonnements de marche, sur une profondeur (de Haag à Hahnbach, 16 kilomètres) peu supérieure à leur distance d'écoulement.

Un ordre du 4e corps, en date du 4 octobre, confirma les dispositions adoptées, le 3 octobre, par les généraux de division.

Pour faire suite à son ordre du 4 octobre et en manière d'explications, le maréchal Soult adressa le même jour des lettres particulières aux généraux commandant la cavalerie et les divisions pour leur prescrire les mesures de sûreté nécessitées par les circonstances. Ainsi la cavalerie dût envoyer 15 chevaux et un officier à Kemnath.

La 3e division, en avant-garde, réunie à Thumbach eut à se garder sur la route de Kemnath, par Neustadt, et la 1re division sur la route de Hahnbach à Kemnath et sur celle de Hirschau.

Le 5 et le 6 octobre, le 4e corps conserva les cantonnements-bivouacs du 4, sauf pour la 1re division qui vint cantonner et bivouaquer le 6, avant la nuit, le long de la route, en arrière de Haag, rejoignant ainsi la queue des cantonnements-bivouacs de la 2e division.

Enfin, le 7 octobre, le 4e corps envahit le pays de Baireuth, en occupa la capitale et, de ce jour-là jusqu'à Iéna, ne cessa de marcher.

Nous étudierons plus loin, avec les détails qu'elles comportent, les opérations du 4e corps, à partir du 7 octobre.

Revenant en arrière, nous allons jeter un coup d'œil d'ensemble sur les ordres du 30 septembre, du 2 octobre et du 3 octobre reproduits plus haut et qui jettent un jour si éclatant sur la doctrine qui régnait, dans l'armée française de 1806, en matière de marches et de stationnements.

En principe, les troupes vivent chez l'habitant.

Cette règle ne souffre d'exception que dans un seul cas, celui où les nécessités tactiques forcent à bivouaquer.

Le 4 et le 5 octobre, quelques régiments des 3e et 2e divisions durent bivouaquer, faute de place, dans les villages de la route. A ceux-là on fit des distributions de pain, de viande, de sel et d'eau-de-vie.

Le 6 octobre, les bivouacs dominèrent.

Il ne paraît pas que les troupes du 4e corps aient subi des privations depuis le départ de leurs quartiers jusqu'au jour de l'ouverture (7 octobre) des opérations.

Si l'on compare entre eux les quatre croquis donnant la forme du stationnement tel qu'il résulte des ordres du 30 septembre, du 2, du 3 et du 6 octobre, on voit les cantonnements de rassemblement se transformer progressivement en cantonnements de marche.

Toutefois, le passage du rassemblement ordinaire à la concentration de marche ne peut commencer que lorsque le chef sait d'une façon certaine quelle route doit prendre le corps d'armée pour entamer les opérations.

Le maréchal Soult reçut cette indication, le 2 octobre, et prit aussitôt des mesures en conséquence, mais ne sachant pas d'une façon positive s'il aurait à marcher, le 3 ou le 4 octobre, sur Baireuth, il donna aux troupes des cantonnements assez étendus pour qu'elles pussent y trouver à vivre.

Le fond et la forme des ordres du 4e corps ne nous satisfont point, et nous estimons qu'aujourd'hui un grand nombre de généraux et d'officiers d'état-major sont capables de rédiger un ordre de mouvement ou un ordre de stationnement avec plus de méthode, de concision et de netteté que ne le faisait le maréchal Soult en 1806.

Les ordres de mouvement du 4e corps auraient dû indiquer an moins l'heure' et le point die départ de la tête de colonne. Dans le cas de cantonnements de marche plus profonds que la distance d'écoulement, il y avait lieu de donner à chaque division l'heure à laquelle sa tête devait se mettre en marche.

Enfin, les ordres du 4e corps ne font mention, ni d'e l'ennemi, ni de la lâche assignée au corps d'armée.

Ces deux lacunes résultant de l'esprit même de la guerre, telle que la concevait Napoléon, nous nous bornons à les signaler.

On a pu remarquer que les cantonnements de rassemblement, qui eussent été occupés, le 3 octobre, en vertu de l'ordre du 30 septembre sans la dépêche du prince Murat reçue le 2 octobre, se trouvaient à deux étapes de la frontière du pays de Baireuth.

C'est grâce à cet éloignement que le 3, le 4 et le 6, le 4e corps put s'échelonner le long de la route d'Amberg à Baireuth en rétrécissant de plus en plus ses cantonnements latéraux et en s'allongeant au contraire dans le sens de l'objectif.

Que l'on suppose pour un instant que l'ordre primitif de rassemblement émanant de l'Empereur (19 septembre) ait prescrit au 4e corps de se réunir à Thumbach au lieu d'Amberg.

Dans ce cas, le maréchal Soult, au lieu d'échelonner, au préalable, ses divisions le long de la route, comme il le fit le 3, le 4 et le 6 octobre, ne pouvait que concentrer tout son corps d'armée à Thumbach, la veille de couverture des opé1rations, c'est-à-dire de la marche sur Baireuth.

Les questions qui se rattachent air rassemblement comme aux opérations d'es armées avant la bataille sont indépendantes des progrès, réalisés dans l'armement et n'ont été modifiées par les chemins de fer qu'en ceci : les- marches dites de rassemblement ont fait place aux transports par voies ferrées. Mais, une fois les rassemblements- exécutés, les armées de demain agiront suivant les principes-inaugurés par Napoléon pour stationner et marcher.

L'homme et le cheval n'ont pas varié, en effet, d'une façon sensible, depuis le commencement du siècle, et nous ne pensons pas que l'on ait jamais égalé Napoléon, sous le rapport de l'utilisation de l'homme et du cheval en grandes masses, durant la période qui précède la décision d'une guerre.

 

§ 8. — Sixième corps d'armée.

 

Le maréchal Ney, dont le quartier général était à Memmingen, reçut, le 22 septembre, un courrier de l'Empereur lui apportant l'ordre de réunir, dans le plus bref délai, le 6e corps à Ulm.

Les mouvements préparatoires commencèrent le 23 septembre, et, le 28, tout le corps d'armée était rassemblé au point indiqué.

Dans l'intervalle, était arrivée la partie de l'ordre impérial, transmise par le major général, et portant que le 6e corps devait être réuni, le 2 octobre, à Anspach.

Le 30 septembre, le maréchal Ney rendit compte au major général que la 2e division[2] était à Feuchtwang, que la tête de la 3e division avait atteint Dinkelsbühl, et que la brigade de cavalerie (général Colbert) avec le quartier général étaient arrivés à Anspach vers 4 heures du soir.

Ce même jour, 30 septembre, le major général recevait de l'Empereur, alors à Mayence, l'ordre de faire réunir le 6e corps à Nuremberg.

Ce point de rassemblement devait être primitivement attribué, on se le rappelle, au 1er corps d'armée, mais par suite d'une erreur de rédaction on avait substitué, dans l'ordre général de rassemblement, Bamberg à Nuremberg.

Cette circonstance explique que l'Empereur ait fixé, le 29 septembre, au 6e corps la ville de Nuremberg comme centre de son rassemblement.

Le 1er octobre, le maréchal Ney en accusant réception de l'ordre expédié (de Mayence) par le major général, le 30 septembre, rendit compte d'Anspach, que, dans la journée, la cavalerie légère irait au delà d'Heilbronn, que la 2e division occuperait Anspach et les villages sur la route sur Heilbronn, enfin que la 3e division cantonnerait sur la route entre Feuchtwang et Anspach.

Le 2 octobre, le 6e corps occupa des cantonnements de marche depuis Nuremberg, inclus, jusqu'à Heilbronn, inclus, la cavalerie légère vers Lauf.

Le 3 octobre, le 6e corps rectifia ses emplacements et fit séjour, mais, sur un avis lui faisant connaître qu'il aurait probablement à diriger son corps d'armée sur Baireuth, derrière le 4e corps, le maréchal Ney prescrivit, pour le 4, de nouveaux cantonnements à l'est de Nuremberg, savoir :

1° L'avant-garde, comprenant deux régiments de cavalerie, quatre compagnies de voltigeurs et deux pièces de canon, sous les ordres du général Colberg à Ittling et Grafenberg ;

2° La 2e division (général Marchand) en échelon depuis Lauf jusqu'à Rottenbach, le 6e léger au delà, à Obereau, sur la route de Betzenstein ;

3° La 3e division (général Marcognet) ayant sa 1re brigade à Nuremberg et sa 2e brigade en deçà, sur la route d'Anspach.

Le lendemain, 5 octobre, le maréchal Ney, tout en demeurant de sa personne à Nuremberg dans l'attente de nouveaux ordres, poussa son corps d'armée à une petite marche dans la direction de Baireuth.

Ainsi : 1° L'avant-garde, constituée comme la veille, occupa Betzenstein et Pottenstein avec postes sur la frontière du pays de Baireuth ; 2° La 2e division alla cantonner sur la route, près de Betzenstein, et détacha le 6e léger à Weidensees, tout près de la frontière ; 3° La 3e division occupa Hilpoldstein, Grafenberg et les villages intermédiaires situés sur la route.

Le 6e corps fit séjour, le 6, dans ses cantonnements du 5 octobre.

Ce jour-là, 6 octobre, le maréchal Ney reçut à Nuremberg l'ordre de mouvement, daté de Würzburg 5 octobre, qui lui prescrivait d'être à Baireuth le 8.

En conséquence, le maréchal transporta le jour même son quartier-général à Hilpoldstein et dicta un ordre de mouvement pour le 7 octobre, en vertu duquel la tête du 6e corps devait atteindre Creussen.

A partir du 7 octobre jusqu'au 14, jour de la bataille d'Iéna, nous verrons le 6e corps marcher sans interruption, d'abord sur les traces du 4e corps et à une demi étape de lui, puis, isolément, une fois qu'il eût franchi le Franken-Wald.

 

§ 9. — Corps de réserve de cavalerie.

 

A la date du 4 octobre, quatre divisions sur six étaient cantonnées autour des points fixés par le prince Murat, Le 30 septembre, pour le rassemblement du corps de réserve de cavalerie.

La 1re division de dragons (Klein), venant de la région de Siegen, entre Cologne et Francfort, était en marche, Le 4 octobre, derrière le 7e corps d'armée dont la tête atteignait ce jour-là Würzburg.

La 2e division de dragons (Grouchy) se trouvait encore loin, le 4 octobre, ayant à venir de Friburg en Brisgau à Mergentheim.

La 3e division de dragons (Beaumont) occupait Hallstadt, ainsi que tous les villages situés sur la route jusqu'à Ebensfeld ; quartier général : Hallstadt.

Cette division se trouvait ainsi partager ses cantonnements avec les troupes de la 1re division (Morand) du 3e corps, et cela, par la faute du prince Murat qui, au lieu de laisser les divisions de la réserve continuer leurs mouvements de rassemblement d'après les ordres primitifs du maréchal Berthier, les entassa dans le couloir du Main, au risque de gêner les opérations ultérieures de la Grande Armée.

La 4e division de dragons (Sahuc) occupa Baunach, Rattelsdorf, Medlitz et les villages intermédiaires, tous situés sur la rive droite du Main ; quartier général à Baunach.

La 4e division, n'étant pas couverte par d'autres troupes, se garda militairement vers Coburg jusqu'à Rossach où ses reconnaissances d'officier entrèrent en contact avec des hussards prussiens.

La 1re division de cuirassiers (d'Hautpoul) se cantonna dans les villages compris entre Eltmann, Bamberg, l'Aurach et le Main ; quartier général à Eltmann.

La 2e division de cuirassiers (général Nansouty) fut répartie entre les villages entre l'Aurach et l'Ebrach, à l'est de Prolsdorf ; quartier général à Burgebrach.

Le parc d'artillerie du corps de réserve de cavalerie s'établit à Ebrach.

La division provisoire de cavalerie légère, formée de régiments empruntés aux corps d'armée, sous les généraux Lasalle et Milhaud était, le 4 octobre, à Kronach (général Lasalle) et Lichtenfels (général Milhaud).

Toutefois, le général Milhaud, amenant le 11e chasseurs du 4e corps, ne rejoignit son nouveau poste que le 6 octobre.

Les divisions de la réserve restèrent en position depuis le 3 jusqu'au 6 octobre inclus.

 

 

 



[1] Le général Milhaud quitta le 4e corps le 2 ou le 3 octobre, pour prendre le commandement de la brigade de chasseurs de la réserve de cavalerie, à Lichtenfels. Il fut remplacé par le général Guyot.

[2] La 1re division était la division Dupont, détachée à Cologne. Cette division passa au 1er corps.