LES ORIGINES DU SÉNAT ROMAIN

PREMIÈRE PARTIE — La formation du Sénat patricien

CHAPITRE V. — DU RAPPORT DU SÉNAT AVEC LES TRIBUS, LES CURIES ET LES GENTES. - DE LA CONSTITUTION DE LA GENS PATRICIENNE.

 

 

I. — Du rapport du Sénat avec les tribus et les curies. - Les décuries sénatoriales.

Le corps équestre et le corps sénatorial sont la plus haute expression de la cité patricienne dans l’ordre militaire et dans l’ordre politique. Ils sont la cité même dont ils reproduisent le plan. Pour le corps équestre, il suffit de considérer les noms des centuries. On sait qu’il se partage en trois groupes répondant aux trois tribus, chacun de ces groupes étant très probablement subdivisé en dix autres dont la totalité répond aux trente curies[1]. Les mêmes dispositions se retrouvent dans le Sénat, mais moins apparentes, parce qu’elles s’y présentent sous un aspect différent.

Un seul texte, à vrai dire, affirme positivement le rapport du Sénat avec les divisions de la cité patricienne. C’est celui de Festus, où il est parlé de la loi Ovinia[2]. Il concerne le milieu du cinquième siècle de Rome[3], et n’en parait que plus digne d’être recueilli. En effet, les traditions touchant la constitution du Sénat primitif n’ont, par elles-mêmes, qu’une valeur médiocre. Mais elles prennent un autre caractère quand les faits dont elles témoignent sont confirmés par des faits analogues relevés à une époque postérieure. Si donc on découvre, dans les temps historiques, quelque indice d’un rapport entre le Sénat d’une part, les tribus et les curies de l’autre, on aura lieu de croire que cette relation était plus étroite, quand l’institution des tribus et des curies était dans toute sa force. Malheureusement le texte de Festus est très altéré, et le mot le plus discuté est précisément le seul qui importe pour l’objet des présentes recherches. Ce n’est donc pas ce texte qui peut servir de preuve pour établir le rapport en question. C’est ce rapport, une fois démontré, qui pourra aider à établir la lecture du texte.

Si les raisons directes font défaut, les autres ne manquent pas. Une première est fournie par une vue générale de la cité. Puisqu’elle formait un tout symétrique où chaque partie était comme une réduction de l’ensemble, on ne peut admettre que le Sénat, qui la dominait tout entière, ait été laissé en dehors. Composé comme les centuries, il devait être organisé comme elles.

Le mot curie, employé pour désigner le local affecté aux séances du Sénat, et, par extension, le Sénat lui-même, n’apprend rien, s’il est vrai que le sens premier n’est autre que réunion ou lieu de réunion[4]. Ce qui est plus significatif, c’est ce nombre trois cents, demeuré immuable durant des siècles, et qui concorde si exactement avec les divisions fondamentales de la cité. Et même, quand ce nombre est dépassé, la concordance est maintenue. Le tribun Drusus veut porter le Sénat à six cents membres, en y introduisant trois cents chevaliers[5]. Ce dessein est exécuté par Sylla[6]. César va à neuf cents[7]. Auguste revient au nombre six cents[8]. Ainsi, à travers tant de révolutions, le nombre combiné de dix et de trois subsiste, rappelant au Sénat des temps nouveaux l’ancien dont il est sorti.

On connaît le passage où Denys montre les trois tribus et les trente curies procédant chacune à part soi et dans les mêmes proportions à l’élection des cent premiers sénateurs[9]. Quelle qu’en soit l’autorité[10], il faut qu’il ait un fondement. M. Mommsen[11], d’accord avec M. Rubino[12], suppose que Denys a mal entendu un mot qu’il aurait trouvé dans ses sources, le même du reste que quelques-uns croient lire dans le texte déjà cité de Festus[13] : Senatum legi tributim curiatimque. C’est cette même expression que le compilateur byzantin Lydus aurait plus heureusement traduite : έκ πασών τών κουριών άντί τοΰ φυλών[14], dans toutes les curies, c’est-à-dire dans les tribus. Ajoutons que Denys n’aurait sans doute pas imaginé ce mode d’élection, s’il n’avait eu au moins la preuve ou le soupçon des liens qui avaient uni le Sénat aux tribus et aux curies.

Une tradition universellement acceptée représente le Sénat divisé à l’origine en dix sections. Ovide, qui n’est pas tenu à une exactitude rigoureuse, les appelle orbes[15]. Mais leur véritable nom est décuries, ou groupes de dix individus. Elles apparaissent à propos de l’interrègne dans les deux historiens Tite-Live et Denys. Le texte de Denys est le plus clair et le plus développé : Les patriciens appelés au Sénat par Romulus, au nombre de deux cents, se partagèrent en décuries. Ensuite on tira au sort dans chaque décurie, et les dix premiers que le sort avait désignés furent investis du souverain pouvoir sur la cité. Ils ne régnaient pas tous en même temps, mais tous les cinq jours un autre prenait les faisceaux et tous les insignes de la royauté. Le premier qui avait exercé le pouvoir le transmettait au second, le second au troisième, et ainsi de suite, jusqu’au dernier. Puis, les cinquante jours réservés aux dix premiers étant écoulés, dix autres leur succédaient qui faisaient eux-mêmes place aux suivants[16]. Tite-Live s’exprime en termes plus ambigus. Il faut le citer dans l’original : Ita rem inter se centum patres, decem decuriis factis, singulisque in singulas decurias creatis, qui summæ rerum præessent, consociant. Decem imperitabant ; usus cum insignibus imperii et lictoribus erat. Quinque dierum spatio finiebatur imperium, ac per omnes in orbem ibat, annuumque intervallum regni fuit[17]. Ce texte soulève plusieurs difficultés[18]. Et d’abord, les dix premiers interrois, leur temps expiré, reprenaient-ils le pouvoir dans le même ordre, ou cédaient-ils la place à une autre série ? Tite-Live ne le dit pas, car le membre de phrase ac per omnes in orbem ibat peut s’appliquer aux sénateurs de la première dizaine, aussi bien qu’au Sénat tout entier. Pourtant, le fond de sa pensée ne parait pas douteux. Non seulement rien, dans l’ensemble du passage, n’indique qu’aucun sénateur ait été exclu de l’interrègne, mais de plus, il semble résulter de ces mots : rem inter se centum patres..... consociant qu’ils y avaient tous le même droit. On peut donc admettre que la deuxième interprétation est la meilleure et qu’il y a accord sur ce point entre Tite-Live et Denys. Autre question : Comment la série des dix interrois était-elle formée ? Par la voie du sort comme dans Denys, ou par l’élection ? Le mot creatis ne décide rien. La creatio n’implique pas plus l’idée du tirage au sort que celle du choix. Elle n’exprime pas autre chose que la prise de possession régulière et définitive. Le consul créait le dictateur qu’il choisissait[19], de même que l’interroi créait le consul qui lui était désigné par les comices[20]. Mais, ici encore, il n’y a pas lieu de donner au silence de Tite-Live la valeur d’une négation, d’autant plus que le système de l’élection ne parait à aucune époque avoir été appliqué à la nomination de l’interroi[21]. Enfin, les dix décuries étaient-elles appelées tour à tour à exercer l’interrègne, ou fournissaient-elles chacune à chaque fois un nouvel interroi, de manière à former la dizaine ? Cette deuxième version, qui est celle de Denys, ne peut s’autoriser de cette phrase : singulisque in singulas decurias creatis qui summæ rerum præessent. Ce qui la rend pour nous plus obscure, c’est l’emploi très remarquable du mot creatis. Tite-Live signifie par là que le fait d’être classé dans une décurie en vue de l’interrègne équivalait virtuellement à la prise de possession de cette magistrature. Mais cette idée étant dégagée, creatis n’a pas au fond d’autre sens que collocatis et l’on peut traduire : Les sénateurs furent distribués par nombre égal dans chaque décurie afin de prendre en mains, à tour de rôle, le gouvernement de la cité. On le voit, il n’est fait aucune allusion à une deuxième opération qui aurait consisté, les décuries une fois formées, à extraire de chacune d’elles un des dix interrois. Il est vrai que s’il y a omission, il n’y a point négation, de sorte qu’il n’est pas impossible de ramener, même sur ce dernier point, le texte de Tite-Live à celui de Denys. Mais, quand il y aurait divergence sur ce point et sur les autres, il n’y en aurait pas, en tout cas, sur le seul qui nous intéresse, la division du Sénat par décuries.

D’où vient cependant qu’il ne soit pas dit un mot de cette organisation dans Cicéron[22] et dans Plutarque[23] ? C’est que Cicéron ne sort pas, à propos de l’interrègne, des généralités. On a eu déjà occasion de le remarquer. Il étudie l’esprit des institutions de son pays. Il n’en fait pas l’histoire. Quant à Plutarque, son silence ne peut être attribué qu’à un malentendu. Il raconte qu’après la mort de Romulus, les sénateurs exercèrent l’interrègne, chacun son tour, six heures du jour et six heures de la nuit. M. Mommsen montre fort bien que ce système, tout extraordinaire qu’il paraisse, n’a pas été imaginé au hasard[24]. Plutarque a lu, comme Tite-Live et Denys, que l’interrègne avait duré cinquante jours, mais il ne s’est pas aperçu qu’il s’agissait du temps mesuré à chaque décurie d’interrois. Il a cru comprendre que, dans l’espace de cinquante jours, chaque sénateur avait eu le pouvoir à son tour. Dans ces conditions, il fallait que l’interrègne de chacun des cent sénateurs n’eût pas dépassé douze heures. Tel a été le calcul de Plutarque, ou plutôt de l’auteur qu’il a copié maladroitement, car il ôte à ce calcul toute raison d’être en comptant cent cinquante sénateurs. Mais sa distraction n’empêche pas de rétablir le raisonnement et de voir d’où il procède, d’une méprise sur un texte où il est question plus ou moins clairement des décuries.

Y a-t-il un rapport entre la division du Sénat par décuries et celle du peuple par curies ? La question ne se poserait mémo pas, si, comme le dit M. Mommsen, les décuries étaient formées par la voie du sort[25]. Mais il y a dans cette assertion une singulière inadvertance. Denys, qui seul parle d’un tirage au sort, applique ce procédé à la formation de la décurie de l’interrègne, et non à celle des décuries sénatoriales. Rien donc n’empêche de croire que les sénateurs étaient classés une fois pour toutes, chacun dans sa décurie, et que ces décuries, pour n’apparaître qu’une fois, à propos de l’interrègne, n’en étaient pas moins permanentes. Il est très naturel en effet que les historiens ne fassent pis allusion plus souvent à une institution fonctionnant surtout en cette circonstance spéciale, et qui, du reste, ne subsistait plus depuis longtemps, quand ils écrivaient[26]. Mais il y a plus. Ovide, dans le passage cité plus haut, fait remonter cette division du Sénat à Romulus, au même titre que celles de la légion et des centuries. C’est une preuve qu’on ne voyait pas dans les décuries un groupement temporaire, établi à nouveau en vue de chaque interrègne et dissous après. Pour Ovide, interprète fidèle, quoique frivole, de l’érudition de son temps, elles ont le même caractère de stabilité que les institutions avec lesquelles il les a mentionnées.

Du moment où cette organisation du Sénat est fige, elle a pour base celle de la cité. Les décuries correspondent donc aux curies. Mais il y a trente curies pour dix décuries. lia formation successive du Sénat rend compte de cette anomalie apparente. Chaque tribu comprenait dix curies. Or le Sénat se composa d’abord de cent représentants de la première tribu. La distribution par groupes de dix remonte donc à cette première période de son histoire. Quand les deux autres tribus furent admises à fournir leur contingent, le système des décuries ne fut pas changé, mais chacune compta dix, puis vingt membres de plus. Il y a sur ce point une indication précieuse dans le texte de Denys[27]. M. Mommsen voit à tort dans ce texte une contradiction[28]. Denys, qui pour le premier interrègne suppose le nombre de deux cents sénateurs, rapporte qu’ils se partagèrent en groupes de dix (δεκάδες) et qu’en tirant au sort dans chacun de ces groupes on obtint dix interrois. Mais à ce compte, dit M. Mommsen, on aurait dû en obtenir vingt. Nullement. Le mot décurie, que Denys traduit par le mot δέκας, dizaine, et qui en effet n’a pas au fond d’autre sens, s’était éloigné de son acception littérale, de même que le mot centurie. Il désignait un groupe qui avait compris d’abord dix individus, mais qui depuis s’était renforcé.

 

Si l’on essaie maintenant de se figurer le rapport du Sénat avec les tribus et les curies, on construit le tableau suivant.

Chacune des trois tribus envoie au Sénat cent sénateurs.

Chacune des trente curies, inscrites dix par dix, dans les trois tribus, en envoie dix.

Ce Sénat de trois cents membres est partagé en dix groupes ou décuries comprenant chacun dix sénateurs de chacune des trois tribus, en d’autres termes un sénateur de chacune des trente curies.

Ainsi le Sénat, bien que représentant dans d’égales proportions les tribus et les curies, n’est point, comme le corps équestre, divisé par tribus et par curies. Ce fait, qui surprend au premier abord, s’explique. Il a pour raison, non point une différence dans l’organisation des deux corps, mais au contraire une étroite analogie. L’armée et le Sénat étaient l’expression de l’unité nationale, mais les centuries n’étaient point l’armée. La distinction entre les trois tribus y pouvait paraître au premier plan puisqu’elle devait s’effacer dans la légion, c’est-à-dire dans la turme. Il en allait autrement du Sénat, qui n’était point un cadre disposé pour le recrutement d’un corps politique, mais qui était ce corps lui-même. Le même principe qui présidait au groupement des chevaliers dans la légion devait donc présider à celui des sénateurs dans le Sénat. Aussi la décurie sénatoriale, composée de trente sénateurs dont dix Ramnes, dix Tities et dix Luceres, est-elle l’exact pendant de la turme équestre.

 

II. - Les décuries de Denys d’Halicarnasse. - Du rapport du Sénat avec les gentes.

Il reste à rechercher s’il y avait des divisions moindres que la curie et également représentées dans le Sénat.

Nous lisons dans Denys : Romulus divisa les curies en décuries (δεκάδας) et plaça à la tête de chacune un chef appelé décurion (δεκάδαρχος)[29].

On tonnait l’hypothèse de Niebuhr[30]. La décurie n’est autre chose que la gens, et elle est ainsi nommée parce qu’elle est une association de dia familles. Chaque curie comprend dix gentes ou décuries. Chaque décurie envoie un sénateur au Sénat, un cavalier dans les trois centuries équestres, dix fantassins dans la légion.

Niebuhr a très bien compris que la décurie, si elle existe, doit être identique à la gens. Car le calcul de Denys donne trois cents décuries, et l’on verra que les trois cents sénateurs supposent trois cents gentes. Ainsi la décurie est la gens ou elle n’est rien. Mais pourquoi ce nom de décurie, qui fait double emploi et qui, de plus, implique contradiction ? Car si la gens est la décurie, elle n’est plus la gens. Elle est une institution politique semblable à la curie. Elle n’est plus la famille, triée suivant certaines règles imposées par la religion, mais la famille avant tout. Ajoutez que la gens ne comptait pas dix familles. On le montrera plus loin (§ 6). Ajoutez enfin que de la décurie de Denys il n’est question nulle part ailleurs.

On imagine que Denys a fait une confusion entre les centuries et les curies, prêtant à celles-ci des divisions propres à celles-là[31]. Il est probable, en effet, que la centurie se subdivisait en un certain nombre de détachements. Or, la centurie représentant la tribu, ces détachements devaient représenter les curies, et, comme chaque curie fournissait dix cavaliers à la centurie, la centurie comptait dix décuries. Pourtant cette hypothèse, si vraisemblable qu’elle soit, n’est fondée sur aucun texte. Quand Ovide partage le corps équestre en dix escadrons, il ne parle point d’un sectionnement opéré dans le sein de chaque centurie. Ses escadrons sont les turmes auxquelles les trois centuries apportent chacune leur contingent[32].

La véritable cause de l’erreur de Denys parait être dans une fausse analogie avec l’organisation des colonies. Les savants qui n’admettent pas de décuries à Rome ne veulent pas non plus en admettre dans les colonies, par cette raison qu’elles étaient constituées sur le plan de la métropole[33]. Mais cette opinion préconçue tombe devant un fait. D’où viendrait aux sénateurs des colonies le titre de décurions, s’ils n’étaient pas des chefs de décuries ? Il ne sert de rien de répondre que les sénats des colonies étaient distribués en décuries, à l’exemple de celui de Rome[34]. Le mot decurio ne veut pas plus dire membre d’une décurie que le mot curio ne veut dire membre d’une curie, le mot centurio membre d’une centurie. L’explication rapportée par le jurisconsulte Pomponius ne fait pas à la langue une moindre violence : Decuriones quidam dictos aiunt ex eo quod initio, cum coloniæ deducerentur, decima pars eorum qui ducerentur consilii publici gratia conscribi solita sit[35]. Il faut donc en revenir au seul sens autorisé par la grammaire, et conclure que, non seulement les colons étaient répartis par curies[36], mais que les curies elles-mêmes étaient subdivisées en décuries. Les chefs de ces décuries s’appelaient décurions et constituaient le Sénat. Ils étaient au nombre de trente, comme le dit expressément Pomponius. En effet le nombre normal des colons était de trois cents[37], et Pomponius nous apprend qu’on en choisissait la dixien4e partie pour former le Sénat. Ainsi, il y avait trente décuries, et très probablement dix curies. Ce nombre de trente décurions n’est pas, il est vrai, celui que l’on rencontre dans las documents littéraires et épigraphiques. Les uns et les autres donnent le plus souvent le nombre cent[38]. Aussi Pomponius a-t-il soin de spécifier qu’il parle des temps les plus anciens : initio. Il est à croire que les sénats furent renforcés quand les cadres des colonies s’élargirent, c’est-à-dire quand on cessa de distinguer entre les colons et les indigènes[39]. Si l’on demande après cela pourquoi ce partage de la curie dans les colonies, et non pas à Rome, on en trouvera peut-être la raison dans les nécessités qui imposaient à ces petites garnisons isolées en pays ennemi une organisation spéciale. Les divisions politiques y devaient être en même temps des divisions militaires, c’est-à-dire que le fractionnement y devait être poussé jusqu’à la dernière limite. C’est pour cela sans doute que les trente hommes de-la curie étaient distribués par détachements de dix hommes. Il résulte de là que l’on peut voir dans les sénateurs des colonies des chefs de décuries, sans être obligé de reconnaître le même caractère aux sénateurs de Rome. Ou plutôt, on ne peut faire autrement que de le contester à ces derniers. Car, s’ils avaient représenté chacun une décurie, on ne voit pas pourquoi ils n’auraient pas eux aussi porté le titre de décurions.

Les décuries de Denys étant purement imaginaires, il n’y a plus en fait de subdivision de la curie que la gens, et la question se pose dans les termes suivants : chacune des gentes qui composaient la curie était-elle représentée dans le Sénat ?

Cette fois encore, il faut se résigner à n’obtenir pas des historiens une réponse directe. Mais les indications qu’ils fournissent suffisent pour arriver à la vérité.

Ils font tous coïncider l’institution des gentes minores avec un accroissement proportionnel du Sénat[40]. Pour mieux dire, entre ces deux faits, ils ne distinguent pas. Créer des sénateurs nouveaux et créer des gentes nouvelles, c’est tout un. Quand la gens Claudia entre dans la cité, elle prend aussitôt place dans le Sénat[41]. De même les gentes albaines admises par Tullus Hostilius[42]. Cicéron nous dit que les sénateurs des gentes minores votaient après ceux des majores[43]. C’est dire tout au moins que les sénateurs étaient classés par gentes.

L’identité de ces deux mots, patres et sénateurs, est décisive. Elle prouve que la qualité de sénateur supposait celle de pater, et réciproquement. Prétendre en effet que, si tous les sénateurs étaient des patres, tous les patres n’étaient pas des sénateurs, c’est prêter aux Romains une façon de parler qui n’est pas la leur. C’est porter la confusion dans la langue juridique la plus précise qui fût jamais. L’expression patres conscripti établit, il est vrai, une distinction, mais les historiens sont généralement d’accord qu’elle a été imaginée plus tard[44]. On verra quand et pourquoi.

 

III. - De la constitution de la gens. - Son unité primitive. – Son régime économique.

Il y a une difficulté. La gens avait-elle un chef auquel convînt exclusivement le titre de pater ? Les textes ne le disent pas. Ils nous font connaître le père de famille et non point le père de la gens. La gens, toutes les fois qu’il est possible de la saisir dans un de ses actes, nous apparaît comme un groupe d’individus portant un même nom, participant à un même culte, se concertant en vue de résolutions communes[45], confiant à un d’entre eux le soin de parler et d’agir au nom de tous[46] ; mais ces individus sont des pères de famille indépendants et, dans leur sphère, souverains, ne relevant d’aucune volonté supérieure, sinon de celle qui émane du libre consentement de leurs volontés particulières. Si ce tableau est exact, la synonymie des mots patres et sénateurs ne prouve pas que le Sénat ait été la représentation des gentes. Mais la question est de savoir s’il est exact pour tous les temps ; en d’autres termes, si la gens n’a pas été, à l’origine, une seule famille gouvernée par un seul chef.

Dans un livre que tout le monde a lu, on a demandé aux plus vieilles croyances de notre race le secret de ses premières institutions politiques et privées. On a montré comment ces croyances ont fait le droit à leur image ; comment la propriété, fondée sur la religion, en a reçu un caractère sacré ; comment elle s’est perpétuée au sein de la même famille, d’après les mêmes règles que cette religion où elle trouvait sa raison et sa sauvegarde, passant d’aîné en aîné, indivisible, inaliénable, et commune à tous ; comment enfin, chez les Grecs et les Romains, le culte, la langue, la législation ont conservé des vestiges plus ou moins apparents de ces formes sociales depuis si longtemps évanouies. Il n’y a plus à revenir sur des recherches dont les résultats, dans leur généralité, sont acquis. Mais il ne sera pas inutile, en partant des conclusions où s’est arrêté l’auteur de la Cité antique, et en nous attachant uniquement à la gens romaine, d’insister sur quelques faits dont la signification mérite d’être établie[47].

A l’époque où le démembrement de la gens est depuis longtemps accompli, elle possède encore en commun un lot de terre que la loi défend de vendre, après qu’elle a autorisé la vente de tout le reste. C’est le tombeau[48] autour duquel elle a grandi, et où elle vénère, après tant de transformations, le souvenir et le symbole de son antique unité. Les auteurs parlent souvent des sepulcra gentilicia. Quelquefois ils en indiquent les divers emplacements. Celui de la gens Valeria était situé au pied de la Velia[49]. Celui des Claudii au Capitole[50]. Celui des Fabii très probablement au Quirinal[51].

Si l’on remonte jusqu’au premier siècle de la république, on voit que le tombeau n’était pas le seul terrain dont la gens eût la commune propriété. Tite-Live parle des prata Quinctia (III, 26), c’est-à-dire des prés de la gens Quinctia. M. Genz fait observer avec raison, semble-t-il, que s’il s’était agi d’une propriété individuelle, de celle de Cincinnatus, comme le prétend la légende[52], le terme prata Quinctii ou Cincinnati aurait été mieux à sa place, de même qu’on dit horti Luculli et non Licinii, et horti Pompeii au génitif[53]. Au reste, Tite-Live raconte que le champ des Tarquins, ager Tarquiniorum, fut consacré au dieu Mars après qu’on eut décidé l’expulsion de la gens Tarquinia[54].

Considérons maintenant les relations des clients avec la gens.

Les clients appartiennent à la gens. Quand, après la chute des institutions patriciennes, les nations vaincues contractaient avec les grandes familles romaines des liens qui rappelaient ceux de l’ancienne clientèle, elles acceptaient le patronage, non pas d’un homme, mais de la famille entière. On voit dans Tite-Live que les Siciliens, pendant la deuxième guerre punique, devinrent les clients du consul M. Marcellus[55]. Cicéron nous apprend ce qu’il faut entendre par là : à partir de ce jour, la province fut liée à tout ce qui portait le nom de Marcellus[56]. Ces relations du client avec la gens se traduisent par les dispositions suivantes : il porte le nom de la gens, il participe à son culte, il repose dans son tombeau, il contribue aux dépenses communes[57], il doit assistance aux gentiles qui, à leur tour, lui doivent aide et protection[58]. Quand le client meurt intestat ou sans héritier, c’est la gens qui hérite. Dans le procès entre les Claudii et les Marcelli, ce sont tous les Claudii qui entrent en cause pour revendiquer la succession du fils de l’affranchi des Marcelli[59].

Mais le client, en même temps qu’il est attaché à la gens, est attaché au patron, et même ses rapports avec le patron ont fait oublier ses rapports avec la gens. Denys, qui a décrit le plus complètement l’ancienne clientèle, ne dit presque rien de ces derniers[60].

Pour expliquer cette double relation et en tirer toutes les conséquences, il faut se rendre compte du principe sur lequel repose la clientèle. Les jurisconsultes assimilent les rapports du client et du patron à ceux qui existent entre le fils et le père[61]. C’est assez dire que le client, n’étant pas plus que le fils qui se trouve en la puissance de son père une personne sui juris, ne peut être propriétaire, puisque cette qualité de personne sui juris est essentielle pour l’aptitude au droit de propriété. Festus énonce le même fait encore plus clairement, quand il dit que les sénateurs portaient le nom de pères parce qu’ils avaient distribué aux pauvres des lots de terre comme à leurs propres enfants[62]. La concession du client avait donc le même caractère que celle du fils de famille. Elle ne transportait au client aucun des attributs du droit de propriété ; comme le pécule du fils, elle était révocable à volonté[63]. De là les obligations du client envers le patron : doter sa fille, payer sa rançon, ses amendes, subvenir aux frais de ses procès, de ses magistratures, etc.[64] C’est une redevance due par le concessionnaire au propriétaire, un impôt levé par celui-ci sur le lot de terre dont il abandonne la jouissance et l’entretien. Mais le client est obligé envers la gens tout entière. La raison n’en est-elle pas que la concession provient, au fond, de la gens, qu’elle est prise sur le bien commun dont le patron a l’administration et le dépôt, et dont la famille, dans son ensemble, dans tous ses membres présents, passés et futurs, a la propriété. Pater, patronus, ce sont là deux mots qui ont la même racine et qui s’appliquent au même personnage[65], père dans ses rapports avec les gentiles, patron dans ses rapports avec le client. Or, les clients n’ont jamais de père en fils qu’un patron. D’où il suit que la gens n’a jamais qu’un père et qu’un chef.

Un mot, dont le sens primitif nous est parvenu, confirme ce qui précède, et en même temps nous fait entrer plus avant dans cette organisation sociale.

C’est le mot heredium, qui veut dire héritage, mais qui veut dire aussi petit domaine prædium parvulum, et, avec plus de précision, domaine de deux jugères[66]. Il résulte de cette synonymie que, dans Rome naissante, chaque héritage était invariablement fixé à deux jugères. Mais pour que cette fixité fût possible, il a fallu plusieurs conditions. Il a fallu d’abord qu’il y eût dans chaque famille un patrimoine assez vaste pour fournir un certain nombre d’heredia de deux jugères. Il a fallu, en second lieu, que ce patrimoine constituât un fonds indivis, dont chaque heredium fût une parcelle. Il est clair, en effet, qu’il ne pouvait exister à l’état de propriété individuelle, puisque ce genre de propriété ne devait pas dépasser les limites de l’heredium. Il a fallu enfin, pour que ce patrimoine ne fût pas dissipé au bout de plusieurs générations, qu’il se reformât à mesure qu’il se démembrait, et comme il ne pouvait se reconstituer par la conquête, le sol conquis étant ager publicus, il a fallu que les parcelles en question fissent retour finalement au fonds commun.

On arrive aux mêmes conclusions par une autre voie. Deux jugères équivalent à un peu plus d’un demi-hectare de nos mesures. M. Macé calcule que, en Bretagne, la même surface de terrain ne donne pas plus de 750 kil. de blé, tandis que la consommation d’un paysan breton est évaluée à 412 kil. Faisons la part des climats. Admettons pour l’Italie un rendement supérieur et une consommation moindre. La différence ne sera jamais assez sensible pour que ce lambeau de terre suffise à la nourriture d’une famille, quand même on ajouterait aux céréales quelques fruits, ou le rapport du bétail entretenu sur les pâturages publics, ou les ressources bien aléatoires offertes par la guerre. Encore y a-t-il un fait dont on ne tient pas compte : c’est que la terre, à moins de recevoir des cultures variées, devait, pour une bonne partie, rester en friche, sans que les échanges présentassent alors de grandes facilités pour combler le déficit. Ajoutez à cela l’imperfection des procédés du temps. Ajoutez qu’il fallait de la place pour la maison et les dépendances[67]. Que les Romains de l’empire déclament donc à leur aise sur la frugalité antique[68]. La vérité est que chaque famille se serait trouvée dans une gêne voisine de la misère, si, outre le lot qui lui était affecté en propre, elle n’avait pas eu sa part de jouissance d’un domaine commun consistant, non pas seulement en prés et en bois, mais aussi en terres de labour[69]. C’est là sans doute cet ager Tarquiniorum dont il est question plus haut. Quant à l’heredium, il n’était peut-être qu’un verger. Pline, en tout cas, dit que ce mot était synonyme de hortus. Il est vrai que hortus est lui-même synonyme de villa[70].

Ce n’est pas tout. On se demande ce que devenait ce lot après la mort du père. Puisqu’il était à peine suffisant pour l’entretien de deux ou trois personnes, on ne peut croire qu’il fait partagé entre les fils du défunt, s’il en avait plusieurs. Le sens exact du mot heredium s’oppose d’ailleurs à ce morcellement, sans compter qu’il eût abouti à des parts dérisoires. Avec l’heredium, on pouvait établir un fils, l’aîné. Quant aux autres, ils devaient être pourvus sur le domaine commun. Mais ici il y a une autre difficulté. Ce domaine commun, quelque vaste qu’on le suppose, ne pouvait suffire à une population qui serait allée sans cesse en augmentant, car il aurait fini par être réduit tout entier en heredia, et la fortune de tous aurait été tarie dans sa source. Que seraient devenus d’ailleurs les clients qui vivaient sur ce domaine, que l’on ne pouvait déposséder sans sacrilège, dont on devait au contraire, par un intérêt bien entendu, favoriser l’accroissement, puisque une nombreuse clientèle était la force et l’honneur de la gens dont elle dépendait ? Or, cette nombreuse clientèle ne pouvait s’obtenir qu’en limitant le nombre des patriciens, car tout ce qui était accordé aux uns était autant de retranché aux autres. La gens, dira. t-on, trouvait un débouché dans la conquête, dans les colonies qui permettaient d’assurer le sort des cadets, dans les occupations du domaine public qui ajoutaient aux ressources de la communauté. Mais nous parlons d’une époque où le territoire de Rome n’avait encore reçu qu’une très faible extension[71]. Les conséquences d’un tel régime sont partout les mêmes. Sitôt qu’une nation, une classe, une famille ne peut se multiplier qu’aux dépens de son bien-être, la force de reproduction qui réside en elle tend à décroître. Ainsi il a dû arriver que les heredia retournaient par extinction au patrimoine commun dont ils étaient détachés. Quant à les faire entrer dans une gens voisine, il n’en pouvait être question. Le droit successoral ne le permettait pas.

Ces vues sur la gens romaine ont une telle importance pour l’histoire du Sénat patricien, de sa constitution et de ses transformations qu’on ne saurait trop y insister. Au premier abord lis témoignages des anciens y paraissent aussi contraires que les préjugés des modernes. On se figure volontiers la gens comme une vaste famille, composée d’une branche aînée et de beaucoup de cadettes, et formant à elle seule, en dehors des clients, un groupe très nombreux. On cite les trois cent six Fabii et leur mort glorieuse sur le Crémère. Trois cent six, c’est à une unité près, le nombre des soldats pris en 396 u. c. = 358 sous le commandement du consul C. Fabius et immolés par les Tarquiniens[72]. La coïncidence est au moins surprenante. Mais passons. Tite-Live voit dans ces Fabii autant de patriciens, tous dignes de servir de chefs au Sénat (II, 49). Ces derniers mots suffiraient pour mettre en défiance. Ce n’est pas un historien qui parle. C’est un rhéteur, ou plutôt c’est un panégyriste, c’est l’annaliste Fabius Pictor, chantant les louanges de sa race. Mais la première assertion parait-elle plus digne de foi ? Une gens Fabia composée de trois cent six individus en état de porter les armes suppose un minimum de douze cents têtes. Or, cette même gens n’a laissé derrière elle qu’un enfant, seul gage de l’avenir dans le désastre où ont péri tous les siens[73]. Denys lui-même n’y peut croire[74]. Il imagine, pour rendre cette tradition plus vraisemblable, qu’elle s’applique exclusivement aux trois branches consulaires, représentées par les trois frères Cæso, Quintus et Marcus, les seuls Fabii que l’histoire nous fasse connaître à cette époque. Hypothèse juste, si elle ne s’arrêtait à moitié chemin. Car il s’agit bien de la gens entière. Le langage des historiens est formel. Mais la vérité est que la gens ne comprenait que les trois branches en question. Tout s’explique ainsi de la façon la plus simple. Parmi les trois cent six Fabii il y a les clients. Leur devoir était d’accompagner leur patron à la guerre, et Denys (IX, 15), Aulu-Gelle (XVII, 21), Servius (En., VI, 846), Festus (p. 334) racontent qu’ils n’y manquèrent pas en cette circonstance. Ils se trompent seulement quand ils les comptent à part des trois cent six combattants dont les archives des Fabii font mention. Mais l’erreur n’est pas de leur fait. Elle vient des Fabii eux-mêmes, intéressés à rehausser le prestige de leur gens en en multipliant l’effectif. Pour cela leur orgueil ne répugnait pas à transformer en patriciens toms leurs clients, et ils le pouvaient d’autant mieux que patriciens et clients portaient le même nom[75].

 

IV. - La décroissance du patriciat.

Une preuve que les gentes patriciennes ne comprenaient pas un très grand nombre d’individus, c’est leur rapide extinction. Le patriciat romain est constamment en voie de décroissance, et, par un phénomène remarquable, cette décroissance s’accélère à mesure qu’on remonte vers les temps de sa prospérité et de sa grandeur.

M. Mommsen[76] a donné une liste des gentes patriciennes connues suivant un critérium que M. Willems juge avec raison trop étroit[77]. De son côté, M. Willems nous paraît en avoir adopté un beaucoup trop large, quand il ajoute à tous les noms gentilices patriciens ceux qui sont mentionnés comme ayant été portés par des plébéiens avant le milieu du quatrième siècle de Rome. Il ne fait en cela que se conformer à un système d’après lequel les plus anciennes familles plébéiennes ne seraient autres que des familles clientes émancipées. Mais, pour qui n’attribue pas à la plèbe cette unique origine[78], il est clair que cette deuxième partie de la liste doit être rejetée. On s’en tiendra ici à la première, en y pratiquant seulement trois suppressions, dont les motifs ont été exposés ailleurs avec différentes observations se rattachant au même sujet.

Réduite ainsi, la liste comprend les soixante-treize gentes dont les noms suivent :

1. Æbutia. 2. Æmilia. 3. Antonia. 4. Aquilia. 5. Aternia. 6. Atilia. 7. Camilia. 8. Canuleia. (?) 9. Cassia. 10. Cispia. 11. Claudia. 12. Clœlia. 13. Cælia. 14. Cominia. 15. Cornelia. 16. Curiatia. 17. Curtia. 18. Diulia. 19. Fabia. 20. Foslia. 21. Fulcinia. 22. Furia. 23. Galeria. 24. Gegania. 25. Genucia. 26. Hermenia. 27. Horatia. 28. Hostilia. 29. Julia. 30. Junia. 31. Lartia. 32. Lemonia. 33. Lucretia. 34. Manlia. 35. Marcia. 36. Menenia. 37. Minucia. 38. Mucia. 39. Nautia. 40. Numicia. 41. Oppia. 42. Orbinia. 43. Papiria. 44. Pinaria. 45. Pœtelia. 46. Pollia. 47. Pompilia. 48. Postumia. 49. Potitia. 50. Pupinia. 51. Quinctia. 52. Quinctilia. 53. Raboleia. 54. Racilia. 55. Romilia. 56. Roscia. 57. Sempronia. 58. Sergia. 59. Servilia. 60. Sestia. 61. Siccia. 62. Sulpicia. 63. Tarpeia. 64. Tarquinia. 65. Tarquitia. 66. Tullia. 67. Valeria. 68. Verania. 69. Vergipia. 70. Veturia. 71. Vitellia. 72. Voltinia. 73. Volumnia.

Sur ce nombre, on en trouve quatorze survivant dans le dernier siècle de la république. Ce sont les gentes :

1. Æmilia. 2. Claudia. 3. Cornelia. 4. Fabia. 5. Julia. 6. Man-lia. 7. Pinaria. 8. Postumia. 9. Quinctia. 10. Quinctilia. Il. Sergia. 12. Servilia. 13. Sulpicia. 14. Valeria[79].

Rien ne prouve que les Furii du septième siècle aient été patriciens[80]. Mais comme rien non plus ne prouve le contraire, on peut ajouter à ce tableau le nom de la gens Furia. On ne sait pas du reste si les Furii Camilli qui jouèrent un assez grand rôle sous Tibère et sous Claude[81] descendaient du vainqueur des Gaulois. Tacite semble le croire[82]. Mais la résurrection de cette famille, après une si longue disparition, est bien surprenante. Ces Furii ne sont peut-être que des plébéiens qui, par des généalogies supposées et par l’usurpation du surnom de Camillus, ont essayé de donner le change sur leur véritable origine. Peut-être aussi sont-ce les Furii du septième siècle qui ont abandonné leur surnom de Crassipes pour faire revivre cet autre plus illustre[83].

Sur les quatorze ou quinze gentes que nous venons d’énumérer, on ne trouve plus, après Auguste et Tibère, que les Æmilii, les Claudii, les Cornelii, les Fabii, les Sulpicii, les Valerii. Les Manlii, les Postumii, les Servilii ne survivent pas à la république. Les Quinctilii, les Quinctii s’éteignent sous Tibère. Les Julii ne durent au delà de César que par l’adoption. Les Furii Camilli sont douteux.

Ces quatorze ou quinze gentes sont représentées dans le Sénat de 699 u. c. = 55 par quarante-six sénateurs[84], à l’exception de la gens Sergia qui s’est éteinte un peu plus tôt, en 691 u. c. = 63, dans la personne de L. Sergius Catilina, et de la gens Pinaria dont le dernier rejeton patricien connu est L. Pinarius Natta, pontife en 696 u. c. = 55[85].

Cent vingt-quatre ans plus tôt, en 575 u. c. = 179, le Sénat compte quatre-vingt-huit patriciens[86] et le patriciat dix-huit gentes. Ce sont, en outre des quinze précédentes, les gentes Æbutia, Papiria, Veturia[87]. Ce chiffre peut être porté à vingt, en y ajoutant la gens Clœlia, dont le dernier représentant, P. Clœlius Siculus, est mentionné un an auparavant (574 u. c. = 180) en qualité de roi des sacrifices[88], et la gens Marcia qui donne un titulaire du même sacerdoce en 544 u. c. = 210 et qui prolonge peut-être son existence jusqu’au septième siècle[89].

La gens Papiria disparaît à partir de 578 u. c. = 176 (L. Papirius Maso, préteur)[90]. La gens Æbutia, à partir de 586 u. c. = 168 (M. Æbutius Helva, préteur)[91]. La gens Veturia, à partir de 641 u. c. = 113 (L. Veturius Philo, questeur)[92].

Dans l’intervalle deux fois séculaire environ qui s’étend entre l’an 575 u. c. = 179 et l’an 388 u. c. = 366 ; date des lois liciniennes, on compte vingt-quatre gentes patriciennes qui sont, en outre des vingt précédentes, les gentes Foslia, Potitia, Verginia, Nautia. Elles disparaissent, la gens Foslia, à partir de 436 u. c. = 318 (M. Foslius, cos.), la gens Potitia, à partir de 442 u. c.  312, dans une catastrophe dont la légende s’est emparée, la gens Verginia, à partir de 458 u. c. = 296 (Verginia A. F., épouse du consul plébéien L. Volumnius)[93], la gens Nautia, à partir de 467 u. c. = 287 (C. Nautius Rutilus, cos.).

Il n’est pas possible de déterminer pour cette période le nombre des sénateurs patriciens avec une approximation aussi juste que tout à l’heure. Néanmoins, M. Willems a pu établir que de 442 U. C. = 312 à 538 u. c. = 216, les gentes Cornelia, Fabia, Valeria, Æmilia, Claudia, Manlia, Postumia, Servilia, Sulpicia, Papiria, Furia, Julia, Nautia, Quinctia, Veturia ont fourni soixante-treize sénateurs curules contre soixante-quinze tirés de la plèbe[94]. L’équilibre est établi entre les deux ordres. La gens Foslia a disparu avant l’ouverture de cette période, la Verginia et la Clœlia sont sorties de la carrière des honneurs, la Potitia et la Marcia ne paraissent pas y être jamais entrées, l’Æbutia, la Sergia, la Pinaria, la Quinctilia subissent une éclipse relative.

Ainsi, au lendemain des lois liciniennes, sur soixante-treize gentes patriciennes connues, nous n’en trouvons plus que vingt-quatre. A partir de cette époque, le patriciat décroît, suivant une loi constante et dans des proportions assez faibles. En effet, de 544 u. c. = 210 à 696 u. c. = 70, il perd cinq gentes. De 388 u. c. = 366 à 544 u. c. = 210, il en perd quatre. C’est la moyenne pour une période d’environ un siècle et demi. La mortalité devient plus forte dans les dernières années de la république et les premières de l’empire. On en devine la raison.

Elle sévit aussi avec une grande intensité dans la période qui précède les lois de Licinius. Il suffit, pour s’en convaincre, de rapprocher ce nombre de vingt-quatre gentes, existant encore après ces lois, du nombre total de soixante-treize que l’histoire nous fait connaître. Dix-neuf ont disparu durant les quatre-vingt-cinq ans qui se sont écoulés entre la première année du décemvirat (303 u. c. = 451) et le triomphe de la plèbe. Ce sont les gentes Sestia, Romilia, Curiatia, après 303 u. c. = 451, les gentes Oppia, Pœtelia, Raboleia, après 304 u. c. = 450, la gens Herminia, après 306 u. c. = 448, la gens Curtia, après 309 u. c. = 445, les gentes Roscia, Fulcinia, après 316 u. c. = 438[95], la gens Autonia, après 332 u. c. = 422, la gens Genucia, après 358 u. c. = 396, la gens Lucretia, après 361 u. c. = 393, la gens Sempronia, après 374 u. c. = 380, la gens Horatia, après 376 u. c.- 378, la gens Menenia, après 378 u. c. = 376, la gens Gegania, après 387 u. c. = 367. Les cinquante-huit ans qui se sont écoulés entre l’établissement de la république et le décemvirat ont vu disparaître dix-huit gentes : les gentes Tarquinia, Junia, Vitellia[96], après 245 u. c. = 509, la gens Tullia, après 254 u. c. = 500, la gens Lartia, après 256 u. c. = 498, la gens Cominia, après 261 u. c. = 493, les gentes Aquilia, Siccia, Mucia, après 267 u. c. = 487, la gens Cassia, après 268 u. c. = 486, la gens Orbinia, après 282 u. c. = 472[97], la gens Numicia, après 285 u. c. = 469, la gens Volumnia, après 293 u. c. = 461, les gentes Tarquitia, Racilia[98], après 296 u. c. = 458, la gens Minucia, après 297 u. c. = 457, les gentes Aternia et Tarpeia, après 300 u. c. = 454[99].

Les gentes Pompilia, Canuleia, Verania, Hostilia sont signalées par la tradition comme contemporaines des origines de Rome. Les gentes Cælia, Cispia, Camilia, Galeria, Lemonia, Pollia, Pupinia, Voltinia sont connues seulement pour avoir donné leur nom à un quartier de la ville ou à une tribu rustique. Les unes et les autres sont placées en dehors de toute donnée chronologique. Cela fait douze gentes sur soixante-treize dont on ne peut dire à quel moment elles sont ou paraissent éteintes.

Il faut répondre aux objections qui pourraient menacer la solidité de ces résultats. Denys compte de son temps prés de cinquante familles dites troyennes[100]. Or, sur les quatorze ou quinze gentes patriciennes dont nous constatons la durée jusque vers la fin de la république, il y en a trois seulement qui rentrent dans cette catégorie, la Julia, la Sergia, l’Æmilia[101]. S’il en est ainsi, l’écart entre les gentes que nous connaissons et celles qui existaient en effet est tel que l’histoire du patriciat ne peut manquer de nous échapper. Mais il faut remarquer d’abord que Denys ne parle pas des gentes, mais des branches des gentes (οΐκοι). Il faut examiner ensuite quelle peut être la valeur de cette assertion. Il n’est pas douteux qu’elle ne s’appuie sur le livre de Varron : Des familles troyennes[102]. Bien que cet ouvrage soit perdu, on s’en fait une idée par les emprunts de Virgile. Ils montrent assez quelle en était la méthode et qu’il se bornait à enregistrer les fables forgées par la vanité nobiliaire de quelques Romains. Ce n’étaient pas seulement des maisons patriciennes qui se vantaient de remonter jusqu’aux compagnons d’Enée. Des plébéiens affichaient la même prétention, les Cæcilii[103], les Cluentii[104], les Memmii[105], et d’autres sans doute que nous ne savons pas. Dans ces conditions, il n’y a pas lieu d’opposer le témoignage de Denys aux données fournies par l’histoire du patriciat.

Il est certain que nous sommes loin de connaître toutes les gentes patriciennes, que beaucoup ne sont pas arrivées au consulat, ou n’ont joué qu’un rôle insignifiant, ou n’ont laissé d’autre souvenir que leur nom, ou n’ont pas su préserver leur nom même de l’oubli. Sur nos soixante-treize gentes, il y en a cinquante consulaires, quinze qui figurent dans l’histoire d’une manière plus ou moins brillante, huit qui n’y figurent pas du tout. Mais, même en opérant exclusivement sur la première catégorie, les résultats auxquels on est conduit ont encore une portée générale, et l’on est autorisé à conclure de la partie au tout. Le nombre des gentes n’était pas illimité. Il résulte de l’ensemble de ces recherches qu’il n’a pas dépassé trois cents. Ainsi les observations ne portent jamais sur moins du cinquième ou du sixième du nombre total.

Autre objection : les dates mentionnées plus haut sont celles qui marquent la dernière apparition des gentes en question. Mais s’ensuit-il que ces gentes aient à la même époque cessé d’exister ? Nul ne le prétendra. Il est trop clair que le silence qui se fait autour d’elles, s’il est le signe irrécusable d’une déchéance sans espoir, ne prouve point qu’elles n’aient pas traîné plus ou moins longtemps encore leur existence amoindrie. Il y a lieu seulement de se demander si cette déchéance ne tenait pas à un état d’affaiblissement où l’on pouvait lire les symptômes d’une extinction prochaine.

On dira que si les gentes patriciennes apparaissent en plus grand nombre sur la scène politique durant le troisième et le quatrième siècle de Rome, c’est qu’elles l’occupaient exclusivement, que plus tard, l’entrée de la plèbe dans la carrière laissant un moindre espace à l’activité du patriciat, il n’est pas étonnant qu’il soit représenté par un nombre moins grand de familles, mais que ces familles ne sont pas pour cela les seules survivantes. D’où vient cependant qu’il ne soit question que de celles-ci ? Si l’effectif du patriciat était resté intact, il semble que les maisons autrefois en possession des honneurs n’auraient pas cessé d’en prendre chacune leur part, moins large seulement qu’au temps où elles n’avaient pas à lutter contre la concurrence de la plèbe, et dans des proportions inégales et variables. Mais comment expliquer que les dignités se soient accumulées sur une vingtaine d’entre elles, à l’exclusion de tant d’autres non moins illustres ? N’est-ce pas un signe que ces dernières étaient éteintes ou tombées dans une décadence pire que la mort ?

Les inductions suggérées par l’étude des faits sont confirmées par le témoignage des historiens. Ce n’est pas seulement à la veille de l’empire qu’ils constatent les pertes du patriciat[106]. Cinq siècles plus tôt, au lendemain de la chute de la royauté, ils signalent le même fait. La promotion de sénateurs attribuée aux deux premiers consuls n’a pas d’autre raison. Tite-Live[107], Denys[108], Festus[109], Plutarque[110] sont d’accord sur ce point. Pourtant l’authenticité de cette tradition a été contestée par M. Willems[111]. Comme elle est mêlée de faux et de vrai, le faux y a fait tort au vrai. Mais s’il est faux que les nouveaux sénateurs aient été des plébéiens élevés au patriciat ou maintenus plébéiens, si par conséquent la mesure prise par les fondateurs de la république a eu un caractère différent de celui que lui prêtent les historiens, on n’est pas autorisé pour cela à nier les raisons qu’ils en donnent, pas plus qu’on ne peut nier la mesure elle-même. On aura beau montrer, par la composition du Sénat durant la période de la lutte des deux ordres, que l’ordre patricien était assez nombreux pour suffire à cette lutte, ainsi qu’à toutes les charges de la vie publique : d’abord les faits mis en lumière sont postérieurs à cette date de 245 u. c. = 509, et en second lieu la question n’est pas là. Il ne s’agit pas, en effet, de savoir s’il y avait dans la masse des patriciens les éléments d’un Sénat de trois cents membres, mais si ces trois cents membres pouvaient être encore uniquement des chefs de gentes ; en d’autres termes, si les trois cents gentes étaient encore au complet. Nous essayerons de prouver qu’il n’en était rien, et que le but des premiers consuls fut précisément de parer à cet état de choses en élargissant le recrutement et en admettant pour la première fois au Sénat, non plus même des patres dans le sens nouveau au mot, c’est-à-dire des chefs de branches cadettes, mais des juniores et des fils de famille[112]. Ce fut la suite d’une révolution qui changea la face de la société romaine. Festus et Plutarque[113] donnent à ce propos un renseignement qui mérite d’être relevé. Les sénateurs créés en 245 u. c. = 509 auraient été au nombre de cent soixante-quatre. Sans doute, la précision de ce chiffre est suspecte ; mais, au lieu de le rejeter sans autre forme de procès, il vaut mieux se demander comment on y est arrivé. M. Mommsen suppose, avec beaucoup de raison, que c’est en faisant le compte des gentes patriciennes survivantes dans le premier siècle de la république[114]. Comme ils n’en trouvaient que cent trente-six, les antiquaires qui voyaient dans les nouveaux sénateurs des plébéiens élevés au patriciat ont imaginé pour eux ce nombre de cent soixante-quatre, afin de compléter l’effectif. Le patriciat en était là quand tous ses privilèges étaient intacts. Qu’étaient devenues les trois cents gentes que nous trouvons au complet quelques générations auparavant, grâce à l’élévation des gentes minores par Tarquin l’Ancien ? Il est vrai que cette dernière mesure ne parait pas elle-même avoir eu d’autre objet que de combler les vides qui s’étaient déjà faits au sein du patriciat[115].

D’où vient cet épuisement précoce ? Qu’une noblesse déchue de son rang, après des siècles de puissance et de gloire, sente la vie lui échapper en même temps que la fortune, c’est un phénomène dont on trouve plus d’un exemple, bien qu’il soit toujours difficile d’en saisir les causes immédiates. De même que, dans le premier siècle de l’empire, on voit les plus grands noms de Rome républicaine céder peu à peu la place à d’autres nouveaux venus[116], de même plus d’une gens patricienne, naguère illustre, a dû s’effacer devant cette aristocratie plébéienne pleine de sève et d’énergie, qui s’élançait dans la carrière ouverte à son ambition par les lois liciniennes. Ajoutons, si l’on veut, que l’on se dépouillait volontiers de la qualité de patricien, depuis qu’elle était devenue une véritable entrave dans la vie publique. M. Mommsen cite quelques exemples de patriciens ayant passé à la plèbe[117]. Mais ces raisons qui, jusqu’à un certain point, peuvent rendre compte du dépérissement du patriciat dans sa décadence, n’expliquent pas comment ce dépérissement a été plus marqué dans la période la plus brillante de son histoire. La guerre, les mariages entre soi, avec leurs conséquences funestes pour le renouvellement de la race, voilà sans doute deux causes actives de destruction ; mais n’en faut-il pas chercher une troisième dans le régime économique qu’on vient de décrire et qui, arrêtant net la propagation de la famille, la mettait par là dans l’impossibilité de réparer ses pertes, et la menait, par un chemin plus ou moins rapide, mais sûr, à l’extinction totale ? Il reste un point obscur. La religion avait prévu le moment où une famille, menacée de périr, allait laisser ses dieux privés des hommages auxquels ils avaient droit. Pour éviter le malheur qui entraînait ce sacrilège, elle avait inventé l’adoption. Comment se fait-il que le patriciat n’ait pas usé de cette suprême ressource ? Faut-il croire avec M. Genz[118] que, le jour où elle fut imaginée, il était trop tard Mais cette institution n’est pas particulière aux Romains. On la rencontre en Grèce et jusque dans l’Inde. Elle est liée aux idées religieuses les plus anciennement enracinées dans les nations aryennes[119]. Nous sommes plutôt porté à admettre, avec M. Mommsen[120], que les patriciens ne confiaient pas sans répugnance à des mains plébéiennes le soin de perpétuer leur culte domestique. Si rien, en droit, ne s’opposait à des adoptions de ce genre, si même elles devinrent assez communes par la suite, il est probable qu’elles trouvèrent longtemps plus d’un obstacle dans les préjugés qui élevaient une si haute barrière entre les deux ordres. Les adoptions ne dépassaient donc pas le cercle du patriciat, et ainsi elles étaient moins efficaces et surtout moins fréquentes. Car les pontifes, avant de les autoriser, avaient pour devoir de rechercher si, en assurant la durée d’un culte, elles ne compromettaient pas l’avenir d’un autre[121]. Or, la gens n’avait pas trop de toutes ses forces pour lutter contre la mort qui sans cesse l’envahissait.

 

V. - Les noms propres dans la gens patricienne. - Le prænomen. - Le cognomen.

Dans les pages qu’on vient de citer, M. Mommsen appelle l’attention sur le secours que l’histoire des noms propres peut prêter à celle des mœurs et des institutions[122]. On est surpris tout d’abord du petit nombre des prénoms[123]. Varron en compte une trentaine au maximum[124]. Mais quand on parcourt les recueils épigraphiques, on s’aperçoit bientôt que la liste de Varron, bornée aux plus usuels, ou du moins à ceux qui nous paraissent tels, parce que les personnages historiques nous les ont rendus familiers, ne les comprend pas tous ; qu’à côté, il y a place pour une autre, infiniment étendue, où puisent les conditions modestes. En d’autres termes, on distingue deux classes de prénoms : les uns en quantité fixe avec un caractère officiel, les autres livrés à l’arbitraire et à peine dignes d’être mentionnés. D’une part, l’aristocratie, petit monde étroit, fermé et bien ordonné ; de l’autre, la plèbe, masse inorganique et ouverte à tous venants. Il y a dans cette opposition quelque chose de profondément romain, et qu’on ne s’explique bien qu’en remontant jusqu’aux origines de cette société, à l’époque où elle ne se composait encore que de patriciens et de clients, portant également le nom de la gens dont ils faisaient partie à des titres différents. Pour empêcher une confusion dont les intérêts du patricial ne s’accommodaient pas plus que son orgueil, il ne restait que les prénoms, et ainsi il s’établit entre eux une hiérarchie, image exacte de celle qui régnait dans la cité. Les patriciens eurent les leurs qui furent exclusifs à leur caste. Les clients prirent ceux qu’ils voulurent, en dehors des premiers. Mais ceux-ci étaient, à proprement parler, les seuls romains, car, réservés aux patriciens, ils étaient devenus le signe distinctif et en quelque sorte l’étiquette du citoyen. C’est pourquoi on a pu dire des femmes qu’elles n’avaient pas de prénoms, bien qu’en réalité elles n’en fussent pas plus dépourvues que les hommes[125]. Seulement leurs prénoms, choisis à volonté, et même, quand ils étaient tirés de la série patricienne, dénaturés par la désinence féminine, ne servaient que dans l’intimité et ne comptaient pas aux yeux de la loi, parce qu’ils ne représentaient pas, comme les autres, les vrais, la possession des droits civiques. Et cette idée était si bien liée à ces derniers, que, donnés par les parents, le neuvième jour après la naissance, ils ne recevaient de valeur légale que lorsque le jeune homme avait atteint sa majorité. Plus tard, quand les patriciens cessèrent d’être les seuls citoyens, leurs prénoms devinrent d’un usage plus général, mais longtemps encore ils restèrent le privilège de la noblesse de Rome et des municipes. Les inscriptions de la république montrent qu’ils n’étaient pas toujours portés par les ignobiles. A plus forte raison demeuraient-ils à la même époque interdits aux affranchis dont la condition rappelle de si près celle des anciens clients.

Le patriciat, dans son ensemble, ne disposait donc que d’une trentaine de prénoms. Mais les patriciens, pris un à un, disposaient de beaucoup moins. Chaque gens avait les siens, dont le nombre était singulièrement restreint. La gens Æmilia en avait huit ; la Furia, la Cornelia, sept ; la Claudia, la Manlia, six ; la Fabia, cinq ; la Julia, quatre[126]. On ne parle que de celles-ci, parce qu’elles sont des mieux connues et que le retour constant des mêmes prénoms, portés de siècle en siècle par tant d’individus, n’y peut être attribué au hasard. Il atteste bien plutôt une prédilection marquée, et, mieux encore, une obligation stricte. Les historiens signalent un décret de la gens Manlia pour interdire à tous ses membres de prendre désormais le prénom Marcus, déshonoré par la trahison de M. Manlius Capitolinus[127]. Suétone rapporte une décision semblable de la gens Claudia, à propos du prénom Lucius, et il ajoute qu’une autre fois elle autorisa l’introduction du cognomen Nero[128]. L’approbation de la gens, nécessaire pour l’emploi d’un cognomen nouveau, ne l’était pas moins, sans doute, pour celui d’un prénom, et ainsi, admettant tel nom, rejetant tel autre, on peut dire que, si elle n’imposait pas son choix pour chacun de ses membres, elle arrêtait du moins la liste où ils devaient tous le circonscrire. Mais si volontairement elle les a enfermés dans un cercle aussi étroit, n’en faut-il pas conclure qu’ils n’étaient guère nombreux P Car s’il y en avait eu un grand nombre, on se fût trouvé fort embarrassé. On pouvait, il est vrai, indiquer l’ascendance. Mais, outre que cette addition était plus commode dans les actes publics que dans le langage ordinaire, elle ne prévenait pas la confusion au delà d’une certaine limite. Quant au cognomen ou surnom, on aura beau supposer qu’il avait pour objet de suppléer à la pénurie des prénoms, cette pénurie initiale n’en restera pas moins un fait incompréhensible. N’était-il pas plus simple, en effet, de réserver dés le principe un nombre de prénoms suffisant ? Mais cette hypothèse même n’est pas fondée. Il y avait assez de prénoms, puisqu’il est prouvé qu’il y avait peu de patriciens, et, quand ils n’auraient pas répondu à tous les besoins, ce n’étaient pas les cognomina qui y répondaient à leur place[129].

Si les cognomina étaient des prénoms complémentaires, ils devaient être donnés en même temps que les autres, aussitôt après la naissance, car ce n’était pas plus tard, mais tout de suite, que la nécessité se faisait sentir de distinguer entre les membres de la gens. Or, il résulte de l’examen le plus superficiel que les prénoms et les cognomina n’étaient pas donnés simultanément. On peut diviser les cognomina en deux classes : ceux qui sont empruntés à des noms de lieux, et ceux qui rappellent certaines particularités physiques. On parlera à loisir des premiers[130]. Un mot suffira ici. S’ils indiquent l’origine, elle était la même pour tous les membres de la gens, et s’ils se rapportent à quelque événement digne d’être noté, un exploit accompli, un établissement obtenu en telle ville ou tel pays, ils ne peuvent avoir été conférés qu’a des hommes faits. Ceux de la deuxième classe, — les seuls dont on ait à s’occuper pour le moment, — offrent des caractères variés. Quelques-uns, comme Barbatus, Cincinnatus, Volso, s’appliquent tout au plus à des jeunes gens ; beaucoup, comme Labeo, Crassipes, Scævola, etc., n’ont rien de flatteur, bien différents, les uns et les autres, des prénoms qui ne laissent entrevoir aucune physionomie distincte, et surtout ne dénotent aucun sentiment de malveillance ou de raillerie. C’est que les prénoms sont donnés par les parents aux nouveaux-nés, tandis que les cognomina proviennent d’observations plus ou moins indulgentes, qui ne peuvent avoir été faites que par des indifférents. Au fond, le cognomen n’est autre chose qu’un sobriquet. La vivacité des impressions s’alliant à une certaine rudesse dans les mœurs, on aimait à substituer, au nom proprement dit, toujours impersonnel, soit qu’il eût été transmis par l’hérédité, comme le gentilicium, soit qu’il eût été attribué dès le berceau, comme le prénom, un autre plus expressif, faisant saillir le trait dont s’était emparée la malice populaire. C’est un goût très répandu dans les civilisations mal dégrossies. On en trouve de nombreux exemples au moyen âge, et l’on ne sera pas étonné de le rencontrer, non moins vit, dans les premiers temps surtout, chez le peuple qui devait créer la satire. Mais la satire ne s’attaque pas aux enfants.

Ces remarques font justice d’une autre erreur touchant l’origine du cognomen. On croit quelquefois qu’il a été imaginé pour distinguer les diverses familles au sein d’une même gens. Mais pour remplir cet office, il fallait qu’il fût héréditaire, et l’on vient de voir qu’il a commencé par être purement personnel. D’ailleurs on connaît des gentes qui s’ont eu plus ou moins longtemps pour leurs membres collatéraux qu’un cognomen ou plusieurs cognomina communs à tous, les Fabii Vibulani, les Furii Medullini Fusi, etc.[131] De deux choses l’une : ou ces gentes étaient dès lors fractionnées en familles, et dans ce cas le cognomen ne servait pas à distinguer ces familles les unes des autres ; ou elles avaient encore maintenu leur unité, et le cognomen, ayant précédé le démembrement, doit avoir sa raison ailleurs.

Le cognomen, tel qu’il vient de se montrer, n’est déjà plus le même qu’à son point de départ. Par une transformation inévitable, il a cessé d’être individuel pour devenir générique. Il était naturel, en effet, que chaque maison conservât, comme un titre d’honneur, le surnom qu’un des siens avait illustré, car c’était ce surnom, plus que le nom véritable, qui avait gravé son image dans l’esprit de ses contemporains et qui la faisait vivre encore aux yeux de la postérité. Cette pensée suffisait sans doute pour faire pardonner une plaisanterie qui, au fond, n’avait rien de cruel et dont le ressentiment ne survivait pas à celui qui en était l’objet. Ainsi le cognomen finit par demeurer comme un second gentilicium, mais qu’il n’était pas permis à tout le monde d’ajouter au premier. Bien qu’en principe il fût applicable à tous, grands et petits, on comprend que de tout temps il ait paru plus particulièrement réservé aux patriciens. Comme ils étaient plus en vue, ils offraient plus de prise à l’humeur satirique de leurs compatriotes, et, d’autre part, les surnoms, que ceux-ci ne leur ménageaient pas, jouissaient d’une notoriété à laquelle ils n’auraient pu prétendre dans une condition obscure. C’était assez pour que leur vanité voulait s’en assurer le privilège, quand même l’usurpation de leurs prénoms par les clients ne les aurait pas obligés à élever ce nouvel obstacle contre les empiètements de la classe inférieure. Les clients devenus des plébéiens, et, par analogie, les plébéiens de naissance libre, se virent donc refuser l’emploi du cognomen, sinon dans le langage de la vie privée, au moins dans les actes ayant une valeur officielle. A la vérité, on peut douter si cette interdiction fut consacrée par l’usage ou édictée par la loi. L’organisation de l’état civil chez les Romains est peu connue. On voit cependant qu’elle ne laissait guère de place à l’initiative individuelle. La gens tranchait elle-même les questions qui la concernaient exclusivement. On en a eu des preuves plus haut. Puis, quand la gens ne fut plus un corps assez compact pour prendre et imposer des décisions communes, ce fut l’Etat qui hérita de sa compétence dans quelques-unes des circonstances où elle s’était jadis exercée. Tandis que, en 370 u. c. = 384, tous les Manlii se réunissaient pour proscrire le prénom Marcus, sous Auguste et sous Tibère, c’était le Sénat qui décrétait l’abolition du même prénom chez les Antonii et celle du prénom Cnæus chez les Calpurnii Pisones[132]. A plus forte raison était-il appelé à régler les cas intéressant la généralité des citoyens. Dion Cassius cite un sénatus-consulte de l’an 514 u, c. = 240 d’après lequel les noms du père n’étaient transmissibles qu’à l’aîné[133]. Mais ce n’est pas au sixième siècle seulement que l’un peut constater l’intervention de la haute assemblée en ces matières. Elle résulte dès le principe de cet ordre rigoureux qui régna longtemps dans le système des noms propres et qui n’a pu ni s’établir ni se maintenir tout seul. Peut-être même est-il permis d’affirmer qu’elle a été plus active à l’origine, s’il est vrai que, plus on remonte vers les premiers temps, plus on trouve ce système sévèrement constitué. Ainsi tout porte à croire que le cognomen fut réservé aux patriciens par une disposition formelle prise de très bonne heure, car, si loin que pénètrent les regards, la vulgarisation du prénom paraît un fait accompli. Le client du décemvir Appius Claudius s’appelle Marcus[134]. Puis il en fut de cette prérogative comme de celle du prénom. Elle alla s’étendant peu à peu, par une marche irrésistible et lente, passant de la noblesse patricienne à la noblesse plébéienne, de la noblesse plébéienne à l’aristocratie municipale, de l’aristocratie municipale à la petite bourgeoisie et à la classe des affranchis jusqu’à ce que le cognomen, étant revenu à son point de départ, retomba enfin dans le domaine commun d’où il était sorti.

On voudrait suivre dans ses phases successives ce mouvement où se reflète celui de la société romaine. Mais il faut se contenter d’en éclairer l’ensemble par quelques observations partielles. Les Fastes consulaires semblent le premier document à consulter. C’est celui qui remonte le plus haut et le seul en même temps où l’on soit sûr de trouver la série des noms au complet. Malheureusement, c’est une question de savoir si elle reproduit textuellement, pour les temps les plus reculés, l’exemplaire primitif. Ou plutôt la question est tranchée, s’il est vrai, comme on le montrera tout à l’heure, que le cognomen n’apparaît guère dans les actes publics avant l’époque de Sylla. Quand donc on le rencontre, dès le début des Fastes, associé aux noms des consuls, on ne doutera pas qu’il n’y ait été introduit par les rédacteurs du dernier siècle de la république ; mais leur initiative sera jugée plus ou moins légitime suivant qu’il s’agit de personnages patriciens ou plébéiens. En ce qui concerne les premiers, du moment où l’on reconnaît dans chaque cognomen l’équivalent d’un brevet de noblesse, on ne fera pas difficulté de tenir pour authentiques tous ceux qui sont assignés à des magistrats patriciens. S’ils ne figuraient pas dans les archives de l’Etat, ce n’est pas une raison pour que les annales privées ou publiques n’en aient pas conservé la mémoire, en attendant qu’ils finissent par passer dans le catalogue consulaire officiel. Mais on éprouvera plus de scrupules touchant les magistrats plébéiens. Sans doute, il se peut que dès lors les chefs de la plèbe aient partagé le privilège du cognomen avec les membres du patricial, de sorte qu’il n’y aurait eu, pour les uns comme pour les autres, qu’à combler, sur ce point, les lacunes de l’ancienne liste ; mais il se peut aussi que leurs descendants, par une sorte de vanité rétrospective, aient cru relever l’éclat de leur race en la représentant dés le principe pourvue d’un surnom dont elle n’aurait été autorisée à se prévaloir que par la suite. C’est assez de cette alternative pour qu’il n’y ait pas lieu d’invoquer dans aucun sens cette partie du monument capitolin. La plus récente, se rapportant à une époque où le cognomen avait pris droit de cité partout, serait plus instructive, si elle n’en montrait l’emploi sujet à des variations qui dénotent l’absence de toute règle fixe. Il est clair que, dés le sixième siècle, le cognomen a beaucoup perdu de son prix dans les classes élevées. Ceux qui l’ont reçu de leurs ancêtres le gardent comme un titre d’honneur dont ils sont justement fiers. Mais ceux qui n’en ont pas ne semblent pas très désireux de s’en procurer un à mesure qu’ils sortent de la foule. Leur indifférence s’explique si l’on considère que le troisième nom, sans être encore accessible aux éléments inférieurs de la population, commençait cependant à se répandre dans un monde placé fort au-dessous de l’aristocratie sénatoriale. Il était naturel que celle-ci n’y tînt plus autant depuis qu’elle ne s’en parait plus exclusivement.

M. Mommsen prétend que la privation du cognomen distingue en général les familles de noblesse récente et d’extraction obscure[135]. Cette assertion ne résiste pas à l’examen des faits. Si nous prenons la liste des consuls de 400 u. c. = 354 à 500 u. c. = 254, nous n’y trouvons, à la vérité, aucun nom qui n’ait été mentionné déjà dans la période précédente ; mais il y en a deux qui ne sont pas accompagnés du surnom. Ce sont ceux de C. Duilius (494 u. c. = 260) et Q. Cædicius (498 u. c. = 256). Le second est fils ou petit-fils de Q. Cædicius cos., en 465 u. c. = 289 et qui a le surnom de Noctua[136]. On ne peut donc pas dire que la gens Cædicia fût dépourvue de surnom. On remarque au contraire que sur deux Cædicii, qui, à notre connaissance, sont arrivés aux dignités curules, c’est le premier en date qui en a un, tandis que l’autre, pour une raison qui nous échappe, parait s’être contenté du gentilicium. Le consul Duilius compte parmi ses ascendants, en ligne droite ou collatérale, K. Duilius qui exerça le consulat soixante et seize ans avant lui, quarante-sept ans avant Q. Cœdicius Noctua, en 418 u. c. = 336 et qui n’a pas plus de cognomen que le Duilius de l’an 494 u. c. = 260[137]. Ainsi, de ces deux familles, la seule qui n’ait pas de cognomen est précisément celle dont la noblesse est la plus ancienne. Ajoutons que les Duilii n’ont pas fourni moins de trois tribuns de la plèbe avant de parvenir à la magistrature suprême[138], tandis que les Cædicii n’en ont donné qu’un[139].

Le sixième siècle offre cinq consuls sans cognomen : C. Flaminius cos. I en 531 u. c. = 223 et II en 537 u. c. = 217 ; C. Flaminius en 567 u. c.  187 ; C. Servilius en 551 u. c. 203 ; C. Lœlius en 564 u. c. =190 ; et Cn. Octavius en 589 u. c. =165.

C. Servilius est un patricien qui, de son chef ou par son père, a passé à la plèbe. Il appartient à la branche des Gemini[140]. On pourrait voir dans la suppression du cognomen une conséquence de cette désertion si le frère du même personnage, devenu également plébéien[141], et consul l’année suivante, 552 u. c. = 202, ne s’appelait tout au long M. Servilius Pulex Geminus. Cn. Octavius a pour père Cn. Octavius préteur en 549 u. c. = 205, et pour grand père Cn. Octavius Rufus questeur en 524 u. c. = 230[142]. Ce n’est donc pas, à proprement parler, un homme nouveau. Celui qui doit être qualifié ainsi est son père le préteur, le premier de la famille qui ait été honoré d’une magistrature curule[143]. Or, si ce dernier, ainsi que son fils et tous ses descendants, n’a point de cognomen[144], en revanche le questeur de l’an 524 u. c. = 230, le premier Octavius dont l’histoire fasse mention en a un. C’est la même particularité qui a déjà été signalée à propos des deux Cædicii. Restent deux consuls sans cognomen qui sont des hommes nouveaux : C. Flaminius[145] le père, et C. Lælius. Mais d’un autre côté, il y a, dans la même série, treize consuls de noblesse également récente et qui ne sont pas, en ce qui concerne le cognomen, plus déshérités que les représentants des plus vieilles familles. Ce sont : C. Aurelius. Cotta en 502 u. c. = 252 ; C. Fundanius Fundulus en 511 u. c. = 243 ; C. Lutatius Catulus en 512 u. c. = 242 ; M. Poblicius Malleolus en 522 u. c. = 232 ; L. Apustius Fullo en 528 u. c. = 226 ; C. Terennius Varro en 538 u. c. = 216 ; P. Villius Tappulus cos. en 555 u. c. = 199[146] ; M. Porcius Cato en 559 u. c. = 195 ; M’ Acilius Glabrio en 563 u. c. = 191[147] ; Cn. Bæbius Tamphilus en 572 u. c. = 182[148] ; Q. Petillius Spurinus en 578 u. c. 176 ; C. Cassius Longinus en 583 u. c. = 171[149] ; C. Fannius Strabo en 593 u. c. = 161[150]. Peut-être faut-il ajouter à cette liste M’ Pomponius Matho en 521 u. c. = 233, si toutefois il ne descend pas de M. Pomponius Rufus tribun consulaire en 355 u. c. = 399[151].

De 600 u. c. = 154 à 700 u. c. = 54, on rencontre vingt-deux noms de consuls sans cognomen dont neuf d’hommes nouveaux et treize de nobles.

Ces derniers sont : L. Mummius qui s’appela plus tard Achaicus cos. en 608 u. c. = 146[152] ; C. Lælius en 614 u. c. = 140, M. Aquilius en 625 u. c. = 129[153] ; Cn. Octavius en 626 u. c. = 128 ; L. Opimius en 633 u. c. = 121 ; P. Manilius en 634 u. c. = 120 ; M. Aquillius en 653 u. c. = 101 ; M. Antonius en 655 u. c. = 99[154] ; M. Perperna en 662 u. c. = 92 ; Cn. Octavius en 667 u. c. = 87 ; C. Marius en 672 u. c. = 82[155] ; Cn. Octavius en 678 u. c. = 76 ; L. Octavius en 679 u. c. = 75[156].

Les hommes nouveaux sont : Q. Opimius. cos. en 600 u. c. = 154[157] ; M’ Manilius en 605 u. c. = 149[158] ; Q. Pompeius en 613 u. c. = 141[159] ; M. Perperna en 624 u. c. = 130[160] ; C. Marius cos. I en 647 u. c. = 107 ; T. Didius en 656 u. c. = 98[161] ; M. Herennius en 661 u. c. = 93[162] ; L. Afranius en 694 u. c. = 60[163] ; A. Gabinius en 696 u. c. = 58[164].

Les hommes nouveaux avec cognomen sont au nombre de six, savoir : P. Rupilius Calibo cos. en 622 u. c. = 132 ; C. Cœlius Caldus en 660 u. c. = 94[165] ; C. Norbanus[166] Bulbus en 671 u. c. = 83 ; M. Tullius Decula en 673 u. c.  81 ; L. Gellius Publicola en 682 u. c..= 72[167] ; M. Tullius Cicero en 691 u. c. = 63.

La liste des membres du Sénat en l’an 575 u. c. = 179, telle qu’elle est reconstituée par M. Willems[168], est un document moins sûr que les Tables Capitolines. Sauf pour les personnages consulaires, tous les éléments en sont fournis par les auteurs qui négligent souvent de donner le cognomen et dont les omissions ne sont que très rarement réparées par des témoignages épigraphiques ou numismatiques antérieurs. Néanmoins, sous cette réserve, elle est encore intéressante à consulter. On va voir qu’elle ne conduit pas à des résultats plus décisifs que les Fastes.

Cette liste nous fait connaître vingt-trois gentes dépourvues de cognomen, dont seize qui ont acquis récemment la dignité sénatoriale, et sept qui la possèdent depuis plus ou moins longtemps, mais toutes avant le sixième siècle[169].

Les premières sont les gentes : Aburia[170], Arrenia[171], Aurunculeia[172], Catia[173], Cicereia[174], Digitia[175], Duronia[176], Flaminia[177], Helvia[178], Lealia[179], Numisia[180], Orchia[181], Plætoria[182], Ræcia[183], Stertinia[184], Tuccia[185].

Les autres sont les gentes : Antistia[186], Antonia[187], Hortensia[188], Mænia[189], Pœtilia[190], Pupia[191], Sicinia[192].

On émettra un doute au sujet de la gens Pœtilia. Si elle est identique à la gens Pœtelia, ainsi qu’il semble résulter du classement de M. Willems, elle ne peut être mise au nombre des gentes nobles dépourvues du cognomen, car elle figure à quatre reprises dans les Fastes consulaires du cinquième siècle avec le double cognomen de Libo et Visolus[193]. Si au contraire, elle en est distincte, elle doit être rejetée parmi les gentes nouvelles. D’une manière ou de l’autre, il semble qu’il faut la rayer de la catégorie où elle vient d’être placée, ce qui réduit le nombre des gentes nobles sans cognomen à six. Il se ramène à cinq si l’on défalque encore la gens Sicinia[194].

Cette fois leur nombre est sensiblement inférieur à celui des gentes nouvelles qui se trouvent dans le même cas. Mais cette disproportion perd toute importance et parait purement accidentelle, si l’on considère qu’il n’y a pas, dans la même liste, moins de vingt sept gentes également nouvelles et dont on peut citer un cognomen ou plusieurs cognomina.

Ce sont les gentes : Æbutia (Carys)[195], Afrania (Stellio)[196], Allia (Liges, Pætus, Catus, Tubero)[197], Bæbia (Herenniur, Sulca, Tamphilus)[198], Calpurnia (Piso)[199], Caninia (Rebilus)[200], Cassia (Longinus)[201], Cincia (Alimentus)[202], Cluvia (Saxula)[203], Decimia (Flavus)[204], Faunia (Strabo)[205], Fonteia (Balbus, Capito, Crassus)[206], Furia (Aculeo, Crassipes, Luscus)[207], Hostilia (Calo, Mancinus, Tubulus)[208], Juventia (Thalna)[209], Lucretia (Gallus)[210], Mucua (Scævola)[211], Nævia (Crista, Matho, Balbus)[212], Petillia (Spurinnus)[213], Postumia (Tempsanus)[214], Salonia (Sarra)[215], Scribonia (Curio, Libo)[216], Terentia (Culleo, Istra, Massaliota, Varro)[217], Tremellia (Flaccus)[218] Valeria (Tappo, Antias)[219].

On dira qu’il s’agit moins de compter les gentes que de mesurer leur importance relative. Ainsi, parmi les gentes nouvelles, celles qui ont un cognomen sont peut-être d’une origine plus relevée que celles qui n’en ont pas. Mais c’est encore là une illusion qu’il est nécessaire de dissiper. M. Mommsen cite l’exemple des Marii, des Sertorii, des Afranii, des Didii, des Gabinii, des Hortensii, des Pompeii, des Perpernæ[220]. Ces noms ne paraissent pas très bien choisis. On ne sait rien sur l’origine des Perpernæ, sinon qu’ils venaient d’Etrurie[221], rien non plus sur celle des Didii, car on ne peut entendre dans un sens méprisant la qualification d’ignobiles que leur applique Cicéron[222], rien enfin sur celle des Hortensii, mais il y a peu de familles dans la plèbe qui se soient illustrées plus tôt et par de plus signalés services. Dés la première moitié du quatrième siècle, ils fournissent un tribun, défenseur intrépide des intérêts de son ordre. Puis, cent trente ans plus tard environ, c’est le grand dictateur Q. Hortensius dont le souvenir est lié à celui d’une des plus éclatantes défaites du patriciat[223]. Pourtant c’est l’orateur contemporain de Cicéron qui porte le premier le cognomen Hortalus[224]. Q. Pompeius ; le consul de l’an 613 u. c. = 141[225], Sertorius[226], Marius lui-même, quoi qu’en dît la légende[227], étaient de bonne noblesse équestre, ni plus ni moins que P. Rupilius Calibo[228], M. Porcius Cato[229] et L. Tullius Cicero[230]. Et s’il faut prendre à la lettre les plaisanteries de Cicéron sur Afranius fils d’Aulus[231], ou ses exagérations évidentes au sujet de Gabinius, l’auteur de la loi tabellaire[232], il est certain que tous deux n’étaient pas d’une extraction plus humble que ce fils de boucher dont la présomption amena la catastrophe de Cannes, M. Terentius Varro[233].

Quels sont donc les faits sur lesquels s’appuie la théorie qui a été exposée tout à l’heure ? En vertu de quelles inductions se croit-on autorisé à marquer dans l’histoire du cognomen ces dégradations successives qui en ont fait descendre l’usage des sommets de la société romaine dans ses couches les plus infimes ? C’est un point qu’on ne peut se dispenser d’examiner, après avoir ébranlé une partie des preuves produites jusqu’à présent.

On se trouve placé entre deux hypothèses : ou bien le cognomen a été dès le principe commun à la plèbe et au patriciat, ou bien c’est l’un des deux ordres qui l’a emprunté à l’autre. Si la première était la vraie, il semble que le cognomen exit du être également usité partout. Or, parmi les familles ou l’on en constate l’absence, on n’en rencontre pas une qui ne soit plébéienne. Au contraire, il n’y a pas une gens patricienne qui ne soit en possession d’un surnom. Les seules auxquelles on n’en puisse assigner sont celles qui n’obtiennent de l’histoire qu’une mention rapide, ou dont le gentilicium n’a été sauvé de l’oubli que pour s’être imposé à quelque district rural, à quelque quartier de la ville, ou à quelque emplacement fameux dans les traditions populaires. Ces exceptions, créées par notre ignorance, ne sont donc qu’apparentes, et la règle, reconnue exacte partout où il est possible de la vérifier, n’en reste pas moins d’une application universelle. Il résulte de là cette conséquence que le cognomen, étant inséparable du titre de patricien et nullement lié à celui de plébéien, a passé du patriciat à la plèbe et non de la plèbe au patriciat. C’était l’aristocratie patricienne qui donnait le ton à l’autre. On combattait ses privilèges plus pour les partager que pour les détruire, et les distinctions extérieures, par où elle manifestait sa supériorité, n’étaient pas celles dont on se montrait le moins jaloux[234].

Franchissons la période où ne peut atteindre l’observation directe et arrivons au temps où apparaissent les premiers textes épigraphiques, c’est-à-dire au milieu du cinquième siècle environ. En prenant le cognomen à cette époque et en le suivant dans son évolution ultérieure, on jugera mieux, par le chemin qui lui reste à faire, de celui qu’il a parcouru auparavant. Assez répandu déjà au-dessous de la noblesse romaine pour être devenu presque, indifférent à celle-ci, il est loin cependant de la promiscuité où on le verra tombé à la fin de la république et sous l’empire. Il ne manque pas seulement dans les inscriptions relatives aux affranchis et à ceux des ignobiles dont le prénom, choisi en dehors de la liste patricienne, trahit la très humble origine. Les citoyens de condition simplement médiocre et n’offrant pas ce signe spécial d’infériorité en sont également privés. Parmi les inscriptions d’artistes publiées au tome Ier du Corpus latin[235] on en trouve deux qui donnent, avec le signalement de la tribu, le prénom Caïus et où le cognomen fait défaut[236]. Le même tome comprend quatre-vingt onze inscriptions funéraires découvertes à Préneste et dont quatre-vingt-six sont rapportées par M. Mommsen au cinquième, au sixième ou au septième siècle[237]. Sauf deux ou trois[238], elles présentent toutes la même lacune[239]. Elle se retrouve également sur les urnes de San Cæsario où le rapprochement des affranchis et des ingénus montre assez à quelle classe appartiennent ces derniers[240]. Toutefois, dans ces inscriptions, qui paraissent être dû septième siècle, la mention du surnom est déjà plus fréquente. Sur près de cent soixante dont la lecture est certaine, il y en a une quinzaine avec cognomen[241]. Mais les textes les plus curieux sont ceux qui concernent les collèges où s’était réfugié, après la catastrophe de la deuxième guerre punique, tout ce que les vainqueurs avaient laissé d’autonomie au pays campanien[242]. On sait qu’ils rappellent, à propos de certains travaux d’utilité publique, les noms des chefs ou magistri qui y ont présidé. Ces chefs sont encore ou des affranchis ou des ingénus[243], mélange aussi significatif que tout à l’heure, bien qu’il soit moins prononcé, car il arrive rarement que les uns ou les autres soient appelés ensemble à l’administration d’un même collège. Au reste, ces ingénus sont les mêmes hommes que Cicéron caractérise suffisamment en les appelant des soldats, des laboureurs et des plébéiens[244]. Le grand intérêt de ces monuments c’est qu’étant datés pour la plupart et se succédant à intervalles à peu près réguliers, ils limitent nos observations à une période qui se trouve être précisément la période décisive. Ils sont au nombre de onze qui peuvent se distribuer en deux séries allant l’une de 642 ou 643 U. c. = 112 ou 111 à 650 u. c. = 104[245], l’autre de 660 u. c. = 94 à 683 u. c. = 71[246]. La première nous fait connaître cinquante-sept noms de magistri dont onze accompagnés du cognomen et quarante-six qui sont seuls. La seconde nous en montre quarante et un, mais ici ce sont les noms à cognomen qui l’emportent dans une proportion de trente ou trente et un contre dix. Et tandis que, dans la première série, le cognomen ne se produit encore que timidement, se dissimulant en quelque sorte sous des abréviations arbitraires, dans la seconde, il s’étale le plus souvent en toutes lettres, et, même abrégé, ne laisse rien à deviner au lecteur. C’est déjà la règle en vigueur à l’époque classique. Elle apparaît si brusquement, que M. Mommsen ne craint pas de supposer une loi qui, entre 650 u. c. =104 et 660 u. c. = 94, aurait autorisé à tous les degrés de l’échelle sociale une nomenclature uniforme[247]. Une autre remarque qui vaut la peine d’être faite, c’est qu’il y a beaucoup plus d’affranchis que d’ingénus en possession du cognomen. Les cinquante-sept magistri de la première série se partagent en trente trois ingénus, et vingt-quatre affranchis. Trois ingénus ont un cognomen et trente n’en ont pas. Seize affranchis n’en ont pas et huit en ont. Dans la seconde série ce sont tous les affranchis, au nombre de vingt-cinq, qui portent le surnom, tandis que cinq ou six ingénus seulement sur seize en peuvent dire autant[248]. On en conclut que le cognomen a été employé plus tôt et plus fréquemment par les affranchis que par les ingénus appartenant aux rangs inférieurs de la population. M. Mommsen en donne la raison[249]. Quand les affranchis commencèrent à ajouter les prénoms romains aux gentilicia qu’ils tenaient de leurs patrons, on sentit le besoin de se défendre contre les envahissements de cette classe tous les jours plus nombreuse. C’était le même problème qui s’était posé plusieurs siècles auparavant à propos des clients. Les patriciens l’avaient résolu en se réservant l’usage exclusif du cognomen. Mais le cognomen n’était déjà plus le privilège des classes élevées. Une solution différente prévalut donc, et, à l’inverse de ce qui avait été décidé jadis, ce furent les affranchis qui durent prendre un surnom pour éviter la confusion avec les patrons. Ce surnom n’était autre que leur nom servile, reconnaissable ordinairement à son air étranger. On voit par là que la propagation du cognomen ne s’est pas toujours faite en ligne droite, comme on pourrait le croire ; mais cette légère déviation n’empêche pas que dans l’ensemble elle n’ait suivi la marche indiquée plus haut.

Du moment où le patriciat ne voyait plus dans le cognomen qu’un deuxième gentilicium héréditaire à l’égal du premier, il devait songer à s’en servir pour distinguer les familles au sein de la gens, lorsque la gens se fut fractionnée en familles. C’est alors seulement et après ce long détour qu’il se présente sous la forme où on le saisit au premier abord et qui est, à y regarder de près, la dernière. Mais alors même qu’il remplissait cet office, et bien qu’il fît désormais partie intégrante de la série des noms propres, il garda toujours dans ses allures quelque chose d’indépendant et de capricieux qui lui donne une physionomie à part. On ne pouvait avoir, avant l’empire, qu’un prénom et qu’un gentilicium. On était libre d’avoir plusieurs cognomina. Le gentilicium devait rester le même à travers la suite des générations. Rien n’empêchait de remplacer un cognomen ancien par un autre plus brillant ou simplement plus nouveau. Du moins il ne semble pas qu’une autorisation de l’État fait nécessaire, ou, si elle l’était, on l’accordait souvent. Une dernière anomalie, c’est l’introduction tardive du cognomen dans la langue écrite et surtout dans la langue officielle. Déjà la place qu’il occupe est significative. Toutes les fois que l’énumération des noms est complète, il reste, pour ainsi dire, en dehors. Il vient après l’indication de l’ascendance et de la tribu ajoutée au gentilicium et au prénom. La cause en est sans doute qu’au temps où les tribus furent instituées, il n’avait pas encore d’existence légale. Car autrement, il eût été plus naturel de le rattacher au prénom et au nom, et de rejeter l’ascendance et la tribu à la fin. Si l’on consulte les témoignages épigraphiques et numismatiques, on remarque qu’à l’époque où il commence à se montrer sur les monnaies[250], c’est-à-dire vers la deuxième guerre punique, il est généralement absent des inscriptions, de celles même qui concernent les plus grands personnages. Il suffit de signaler les inscriptions relatives à P. Cornelius L. F. (Lentulus) cos. en 518 u. c. = 236 (?)[251], à M. Minucius C. f. (Rufus) dictat. en 537 u. c. = 217 (?)[252], à M. Claudius M. f. (Marcellus) cos. en 544 u. c. = 210[253], à M. Fulvius M. f. (Nobilior) cos. en 565 u. c. = 189[254]. Les monuments des Scipions, dont la série commence au milieu du cinquième siècle, font exception, mais on n’oubliera pas qu’ils proviennent d’un tombeau réservé à cette famille à l’exclusion des autres Cornelii[255]. La mention du cognomen y paraît donc indispensable.

Il faut répondre ici à une objection. Si l’omission du cognomen est générale au sixième siècle, qui nous dit que les ignobiles dont il a été question tout à l’heure n’en avaient pas un aussi bien que les nobles dont on vient de parler ? La seule différence n’est-elle pas que l’histoire nous fait connaître les surnoms de ces derniers, tandis que ceux des autres restent ignorés ? Ce raisonnement est assez réfuté par les textes où les trois noms sont présentés comme un signe de noblesse[256]. On remarquera de plus que le cognomen devient de règle sur les monuments élevés à des nobles, alors qu’il est encore très clairsemé sur ceux des petites gens. C’est vers la fin du sixième siècle que se produit cette nouveauté dont l’inscription de L. Cornelius Scipio en 561 u. c. = 193 (?) offre sans doute un des premiers exemples[257]. Puis viennent celles de M. Æmilius Lepidus cos. en 567 u. c. = 187[258], de L. Manlius Acidinus III vir colon. deduc. en 573 u. c. = 181[259], etc., etc. Pourtant, à la même époque et plus tard encore, quand le cognomen est requis par la loi Acilia repetundarum (631 u. c. = 123 ou 632 u. c. = 122), pour la confection de l’album judiciaire[260], il demeure exclu des actes publics, plus fidèles, comme on sait, aux anciennes formules. Les sénatus-consultes de la république sont à ce point de vue particulièrement intéressants. On ne le trouve ajouté aux noms des témoins ni sur le sénatus-consulte qui est adressé aux Delphiens (565 u. c. = 189)[261], ni sur celui des Bacchanales (568 u. c. = 186)[262], ni sur celui de Thisbé (584 u. c. = 170)[263], ni sur celui des Tiburtins (595 u. c. = 159)[264], ni sur celui de Narthakion (entre 604 u. c. = 150 et 608 u. c. = 146)[265], ni sur celui de Priène (619 u. c. = 135)[266], ni sur les deux qui sont transmis par Josèphe (615 u. c. = 139 et 618 u. c. = 136)[267], ni sur celui d’Astypalæa (649 u. c. = 105)[268], ni sur celui qui concerne Asclépiade de Clazomène (676 u. c. = 78)[269]. Le premier où on le rencontre est celui d’Aphrodisias (698 u. c. = 56)[270]. Il est vrai que la mention du cognomen suit une marche moins régulière pour le magistrat qui préside à l’acte. Le sénatus-consulte de Narthakion est le premier qui le donne, puis il ne reparaît que sur celui d’Asclépiade pour disparaître encore une fois sur celui d’Aphrodisias[271]. De même sur les autres textes officiels. S’il n’accompagne pas les noms des consuls sur le monument découvert à Pouzzoles et rappelant certains travaux exécutés dans cette colonie en 649 u. c. = 105[272], d’un autre côté, il fait suite, douze ans plus tôt, à ceux des deux. Minucii, sur la table de bronze qui nous a conservé leur sentence dans le différend entre les Génois et leurs voisins (637 u. c. = 117)[273]. Il y a là, évidemment, une période de transition où l’usage n’est pas bien fixé[274].

C’est encore à la gens patricienne qu’il faut remonter pour avoir la clé de ces singularités. C’est elle qui a fait le cognomen ce qu’il est et qui a imprimé cette direction à son histoire. Qu’on la suppose en effet composée dès le principe de familles indépendantes ; n’est-il pas vrai que dès le principe le cognomen aurait dû être utilisé pour servir d’étiquette à chacune d’elles ? Ainsi on ne verrait pas de gentes réduites à un seul surnom. On ne verrait pas non plus celles qui en possédaient plusieurs attribuer indifféremment à tous leurs membres le droit de les porter. Toutes au contraire auraient commencé par s’en choisir un certain nombre ayant chacun leur destination propre. Enfin le cognomen, remplissant, comme le nom et le prénom, une fonction nettement définie, aurait fait partie de la série, et, soustrait à l’arbitraire, il se serait trouvé soumis à la loi. On se demande, il est vrai, comment la règle ne lui a pas été appliquée par la suite, quand l’unité de la gens fut brisée. C’est apparemment que l’habitude étant prise et le système des noms propres arrêté de longue date, on ne se donna pas la peine d’y rien changer.

 

VI. — Le cognomen dans les diverses gentes patriciennes. – Le développement des gentes patriciennes.

L’étude du cognomen au sein des diverses gentes patriciennes complète ces recherches et vient à l’appui de ces conclusions en même temps qu’elle en prépare d’autres qui se retrouveront plus tard.

Il faut laisser de côté les gentes dont on ne connaît pas le cognomen, la Camilia, la Canuleia, la Cispia, la Cælia, la Fulcinia, la Galeria, l’Hostilia, la Lemonia, l’Orbinia, la Pœtelia, la Pollia, la Pompilia, la Potitia, la Pupinia, la Raboleia, la Racilia, la Romilia, la Roscia, la Verania, la Vitellia, la Voltinia.

Il faut écarter aussi les gentes auxquelles on ne connaît qu’un représentant, de sorte que le caractère de leur cognomen ou de leurs cognomina reste tout à fait indécis : l’Antonia (Merenda)[275], l’Aquilia (Tuscus)[276], l’Aternia (Varus Fontinalis)[277], la Cassia (Vecellinus)[278], la Cominia (Auruncus)[279], la Curiatia (Fistus Trigeminus)[280], la Curtia (Chilo)[281], la Junia (Brutus)[282], la Marcia (Coriolanus)[283], la Mucia (Cordus Scævola)[284], la Numicia (Priscus)[285], l’Oppia (Cornicen)[286], la Sestia (Capito ou Capitolinus Vaticanus)[287], la Siccia (Sabinus)[288], la Tarpeia (Montanus Capitolinus)[289], la Tarquinia (Collatinus)[290], la Tarquitia (Flaccus)[291], la Tullia (Longus)[292], la Volumnia (Amintinus Gallus)[293].

Les gentes suivantes, qui ne sont représentées que par deux de leurs membres, ne paraissent pas non plus ouvrir à l’observateur un champ assez vaste.

La gens ATILIA est représentée par L. Atilius Luscinus tr. m. c. P. en 310 u. c. = 444[294] et par L. Atilius. L. f. L. n. Priscus. tr. m. C. p. en 355 u. c. = 399, qui doit être le petit-fils du précédent. Cette gens offre donc un exemple d’un changement de surnom dans la même ligne directe[295].

La gens DUILIA est représentée par C.[296] Duilius Xvir en 304 u. c. = 450, et par C. Duilius K. f. K. n. Longus (CN dans Tite-Live, V, 13) tr. m. c. p. en 355 u. c. = 399. Il n’est pas douteux que le second ne descende en droite ligne du premier. En effet, le premier a, d’après Denys[297], le prénom K, et comme les Fastes Capitolins offrent une lacune en ce qui le concerne, nous sommes autorisés à croire qu’ils lui donnaient le même prénom, d’autant plus que la confusion entre C. et K. est facile. S’il en est ainsi, nous pouvons supposer que le premier avait aussi le cognomen Longus que nous lirions dans les Fastes si ce fragment n’avait pas péri[298].

La gens FOSLIA est représentée par M. Foslius Placcinator tr. m. c. P. en 321 u. c. = 433, et par M. Foslius C. f. M. n. Flaccinator cos. en 436 u. c. = 318, qui descend en droite ligne très probablement du précédent.

La gens LARTIA est représentée par Sp. Lartius cos. en 248 u. c. = 506, cos. II en 264 u. c. = 490[299], et par T. Lartius cos. en 253 u. c. = 501, cos. II en 256 u. c. = 498. Le cognomen Rufus, qui est attribué à tous deux dans leur premier consulat, est remplacé dans le second par celui de Flavus, ou du moins en ce qui concerne Titus, Flavus vient s’ajouter à Rufus. Quant à Spurius, il ne s’appelle plus que Flavus. De ce chassé-croisé et de l’identité des deux épithètes, on peut conclure que les deux personnages n’avaient qu’un même cognomen.

De ces quatre gentes, l’histoire ne signale qu’une branche. Il semble qu’on en distingue deux dans la gens HERMENIA.

Elle fournit deux consuls : T. Hermenius Aquilinus en 248 u. c. = 506 et Sp. Hermenius Coritinesanus en 306 u. c. = 448. Remarquons pourtant que pour l’un comme pour l’autre nous n’avons que l’indication fournie par le Chron. de 354, qui ne donne jamais qu’un cognomen.

Restent trente gentes dont on peut suivre le développement d’un peu plus près.

Enumérons d’abord celles qui se présentent indivises à tous les moments de leur histoire. Ce sont les gentes[300] :

ÆBUTIA. — T. Æbutius Helva cos. en 255 u. c. = 499, L. Æbutius Helva cos. en 291 u. c. = 463, et Post. Æbutius I3elva cos. en 312 u. c. = 442 paraissent représenter trois générations successives ; mais l’on ne sait s’ils appartiennent à une même ligne directe ou à des branches collatérales. Le dernier a, dans Tite-Live, le cognomen Cornicen, tandis que le Chron. de 354, suppléant aux Fastes Capitolins, les Fasti Hisp., la Chron. Pasch., et Diodore[301], lui donnent celui d’Helva. Tite-Live lui-même nomme, quelques années après, un Post. Æbutius Helva mag. eq. en 319 u. c. = 435 qui doit être identique au précédent[302]. Le cognomen Cornicen, étant associé à celui de Helva, ne paraît donc pas représenter une famille distincte. Au reste, il n’est pas attribué au dernier Æbutius patricien, M. Æbutius Helva préteur en 586 u. c. = 168[303].

CLOELIA. — Cette gens est représentée par six personnages, sans compter la légendaire Chelia, depuis les origines de la république jusque vers la fin du sixième siècle. On manque d’indications pour établir leur généalogie. Il suffira de les énumérer. Ce sont : Q. Clœlius Siculus cos. en 256 u. c. = 498, T. Clœlius Siculus tr. m. c. p. en 310 u. c. = 444, P. Clœlius Siculus tr. m. c. p. en 376 u. c. = 378, Q. Clœlius Siculus censeur la même année[304], P. Clœlius Siculus rex sacrif. en 574 u. c. = 180[305]. Enfin Tite-Live mentionne en 316 u. c. = 438 un sénateur du nom de Clœlius Tullus[306]. Mais il semble qu’il a, par erreur, donné la place d’un cognomen au mot Tullus qui est un ancien prénom[307]. Cicéron appelle le même personnage Tullus Cluvius[308].

Le Chron. de 354 donne au premier Clœlius cos. en 256 u. c. = 498 le cognomen Vocula ; mais Denys[309], d’accord avec les Fasti Hisp. et la Chron. Pasch., donne celui de Siculus, le seul qui soit signalé par la suite. Les Fastes Capitolins font défaut et Tite-Live ne donne point de cognomen. Vocula n’est peut-être qu’une faute de copiste[310]. En tout cas, ce deuxième cognomen, s’il est authentique, ne paraît pas avoir une autre portée que celui de Cornicen dans la gens Æbutia[311].

GEGANIA. — Cette gens est représentée à la fin du troisième siècle et au commencement du quatrième par T. Geganius Macerinus cos. en 262 u. c..= 492, par L. Geganius sénateur, frère du précédent[312], par M. Geganius M. f. Macerinus cos. en 307 u. c. = 4471 II en 311 u. c. =143, III en 317 u. c. - 437, par Pro-cul. Geganius Macerinus cos. en 314 u. c. = 440. Le rapport de parenté de ces deux derniers personnages, entre eux et avec les deux premiers, ne peut pas être déterminé. L. Geganius tr. m. c. p. en 376 u. c. = 378, et M. Geganius Macerinus tr. m. c. p. en 387 u. c. = 367 descendent sans doute de L. et de M. nommés plus haut[313].

GENVCIA. — T. Genucius L. f. L. n. Augurinus cos. et Xvir en 303 u. c. = 451 a deux fils M : T. Genucius Augurinus, sénateur[314], et M. Genucius Augurinus cos. en 309 u. c. = 445. Ce dernier a pour petit-fils Cn. Genucius M. f. M. n. tr. m. c. p. en 355 u. c. = 399, II en 358 U. c. = 396, qui s’appelle encore Augurinus.

LUCRETIA. — Les incertitudes touchant la succession des consuls dans les premières années de la république rendent la généalogie de cette gens très difficile à débrouiller au début. Le premier des Lucretii est Sp. Lucretius Tricipitinus cos. en 245 u. c. = 509, mort dans l’exercice de sa magistrature. Parmi les nombreux consuls de cette année on rencontre T. Lucretius Tricipitinus cos en 246 u. c. == 508, II en 250 u. c = 504. L. Lucretius T. f. T. n. Tricipitinus cos. en 292 u. c. = 462 doit être son Petit-fils. Puis vient Hostius Lucretius Tricipitinus cos. en 325 u. c. = 429 qui a pour fils P. Lucretius Hosti L Tricipitinus tr. m. c. p. en 335 u. c. = 419, II en 337 u. c. = 417. L. Lucretius Flavus Tricipitinus cos. en 361 u. c. = 39 :3, tr. m. c. p. quatre fois de 363 u. c. = 391 à 373 u. c. = 381, est le dernier Lucretius patricien. On ne peut pas conclure du cognomen Flavus qu’il appartienne à un rameau détaché.

MENENIA. — Agrippa Menenius C. f.[315] Lanatus cos. en 251 u. c. = 503 a pour fils[316] T. Menenius Agripp. f. C. n. Lanatus cos. en 277 J. c. = 477, et très probablement pour petit-fils, par l’intermédiaire d’un Agrippa resté inconnu, T. Menenius Agripp. L Agripp. n. Lanatus cos. en 302 u. c. = 452, II en 314 u. c. = 440. Il y a incertitude sur le prénom de ce dernier que Tite-Live appelle C. lors de son premier consulat (III, 32) et L. lors de son second (IV, 12), tandis que Denys lui donne la première fois le prénom L. (X, 54). Mais s’il s’appelle T. ainsi qu’il ressort des Fastes Capitolins, il est père d’Agrippa Menenius T. f. Agripp. n. Lanatus cos. en 315 r. c. = 439, tr. m. c. p. en 335 u. c. = 419, II en 337 u. c. = 417. On ne peut rien affirmer sur l’ascendance de L. Menenius Lanatus tr. m. c. p. quatre fois, entre 367 u. c = 387 et 378 r. c. = 376[317].

MINUCIA. — M. Minucius Augurinus cos. en 257 u. c. = 497 a pour fils P. Minucius M. L. Augurinus cos. en 262 u. c. = 492, ainsi qu’il résulte de l’ascendance des deux frères, L. Minucius P. f. M. n. Esquilinus Augurinus cos. en 296 u. c. = 458, et Q. Minucius P. f. M. n. Augurinus Esquilinus cos. en 297 u. c. = 457. Ces deux personnages ont ajouté un nouveau cognomen à celui que leur avaient légué leur père et leur grand-père ; mais ce nouveau cognomen leur étant commun ne signifie pas que la gens se soit fractionnée[318].

NAUTIA. — Sp. Nautius Rutilus cos. en 266 u. c. = 488 et C. Nautius Sp. f. Sp. n. Rutilus cos. en 279 u. c. = 475, II en 296 u. c. = 458, paraissent être, à première vue, l’un le père, l’autre le fils. Pourtant M. Haakh voit en eux deux frères, Sp. étant l’aîné et C. le cadet[319]. Cette conjecture est suggérée par l’ascendance de Sp. Nautius Sp. f. Sp. n. Rutilus tr. m. c. p. en 335 u. c. = 419, II en 338 u. c. = 416, III en 350 u. c. = 404. Si en effet celui-ci représentait la troisième génération, il serait C. f. Sp. n. Par conséquent, il doit être le fils de Spurius cos. en 266 u. c. = 488 et le neveu de Caïus. On remarquera néanmoins que l’on peut supposer à Sp. un deuxième fils, héritier du prénom paternel et père du Spurius qui fut trois fois tribun consulaire. Ainsi l’on pourrait maintenir entre le premier Spurius et Caïus le rapport de parenté qui paraît le plus naturel, étant donné les dates de leurs magistratures respectives. On rencontre à la même époque un Sp. Nautius Rutilus tr. m. c. p. en 330 u. c. = 424. Les Fastes Capitolins faisant défaut, son ascendance, dont les auteurs ne disent rien, n’est pas connue. On ne peut l’identifier avec le précédent. La numérotation des quatre tribunats consulaires auxquels se trouve attaché le prénom Sp. ne le permet pas. En effet, le troisième, celui de 338 u. c. = 416, porte dans Tite-Live (IV, 47) le numéro deux, et le quatrième, celui de 350 u. c. = 404, a le numéro trois dans les Fastes Capitolins. On ne peut pas davantage faire de ces deux personnages deux frères, puisqu’ils ont le même prénom. Restent deux hypothèses : ou bien l’un des deux est le père, l’autre le fils ; ou bien ils appartiennent à deux lignes collatérales. Dans ce deuxième cas, le Spurius dont l’ascendance n’est pas indiquée pourrait être fils de Caïus cos. en 279 u. c. = 475, II en 296 u. c. = 458, et celui-ci serait, par son intermédiaire, grand-père de C. Nautius Rutilus cos. en 343 u. c. = 416[320]. De ce Caïus descend peut-être un autre Caius, C. Nautius Rutilus consul cent vingt-quatre ans plus tard, en 467 u. c. = 287. Enfin, c’est aussi dans le courant du cinquième siècle, en 438 u. c. = 316, que le consulat est exercé par Sp. Nautius Sp. f. Sp. n. Rutilus, qui sans doute descend de l’un des deux Spurii dont il vient d’être question[321].

On remarque dans la gens Nautia la même confusion que l’on a déjà vue se produire dans la Lartia entre deux cognomina offrant un sens analogue[322]. Mais, cette fois, les deux cognomina qui sont pris l’un pour l’autre sont identiques. C. Nautius Rutilus cos. en 279 u. c. = 475 est appelé Rufus par Diodore[323] qui, du reste, lui restitue le cognomen Rutilus lors de son deuxième consulat, en 296 u. c. = 458[324].

Le dernier Sp. Nautius cos. en 438 u. c. = 316 a dans le Chron. de 354 le cognomen Lucillus, contrairement à toutes les autres sources, y compris les Fastes qui lui donnent celui de Rutilus. Il doit y avoir là une erreur.

QUINCTILIA. — Cette gens débute dans l’histoire au quatrième siècle par deux collatéraux, Sex. Quinctilius Sex. f. P. n. Varus cos. en 30t u, c. = 453, et M. Quinctilius L. f. L. n. Varus tr. m. c. p. en 351 u. c. = 403. Elle garde le même cognomen jusque sous le règne de Tibère où elle disparaît dans la personne de P. Quinctilius Varus cos. en 741 u. c. = 13, accusé en 27 ap. J.-C.[325] Dans son existence six fois séculaire, elle est représentée par onze personnages qui s’appellent tous Varus[326].

SEMPRONIA. — A. Sempronius Atratinus cos. en 257 u. c. = 497, II en 263 u. c. = 491, a deux fils qui ont tous deux le même cognomen Atratinus, Aulus tr. m. c. p. en 310 u. c. = 444, ot Lucius consul la même année[327]. Ce dernier a pour fils A. Sempronius L. f. A. n. Atratinus tr. m. c. p. en 329 u. c. = 425, II en 334 u. c. = 420, cos. en 338 u. c. = 416. A. Sempronius Atratinus mag. eq. en 374 u. c. = 380[328] est peut-être fils du précédent ou son petit-fils. C. Sempronius Atratinus cos. en 331 u. c. - 423, cousin germain par son père (patruelis) de Aulus L. f. A. n.[329], est fils par conséquent de A. Sempronius A. f. Atratinus tr. m. c. p. en 310 u. c. = 444, à moins qu’il n’ait pour père un troisième fils inconnu de A. Sempronius le chef de la race, le consul de 257 u. c. = 497[330].

Il y a des gentes dont les divers cognomina, au lieu d’apparaître simultanément, se succèdent de telle sorte que le plus récent est toujours le seul. Ces gentes se sont-elles ou non fractionnées ? En d’autres termes, sommes-nous en présence de plusieurs familles qui, par un merveilleux hasard, ou une entente plus extraordinaire encore, se seraient régulièrement effacées l’une devant l’autre, ou bien n’avons-nous affaire qu’à une famille, toujours la même, qui aurait changé plusieurs fois de cognomen dans le cours de son existence ? La question reste douteuse, mais on a le droit de la poser.

Ce sont les gentes :

JULIA. - Cette gens se partage, dès le principe, en deux branches qui ont le même cognomen Julus.

L. Julius, personnage qui n’est pas connu directement, a pour fils C. Julius L. f. Julus cos. en 265 u. c. = 489, et pour petit-fils C. Julius C. f. L. n. Julus cos. e11272 u. c. = 482 et Xvir en 303 u. c. = 451[331]. Il est père sans doute de C. Julius Julus cos. en 307 u. c. = 447, II en 319 u. c. = 435 (III en 320 u. c. = 434 ?).

L’auteur de la deuxième branche est Vopisc. Julius Julus cos. en 281 u. c. = 473. Il a deux fils : 1° L. Julius Vopisc. f. Julus tr. m. c. p. en 316 u. c. = 438, cos. en 324 u. c. = 430, père de L. Julius L. f. Vopisc. n. tr. m. c. p. en 351 u. c. = 403, II en 353 u. c. = 401[332]. L. Julius tr. m. c. p. en 366 u. c. = 388, II en 375 u. c. = 379, est peut-être fils du précédent. 2° Sp. Julius, connu par son fils C. Julius Sp. f. Vopisc. n. cos. en 346 u. c. = 408, duquel descend probablement C. Julius dictateur en 402 u. c. = 352[333]. Reste Sex. Julius Julus tr. m. c. p. en 320 u. c. = 424 dont le prénom ne fournit aucune indication pour le rattacher à l’une ou à l’autre branche.

C. ou Cn Julius Mento cos. en 323 u. c. = 431 est le seul qui, au quatrième siècle, se présente avec un cognomen autre que Julus. A-t-il fondé une famille distincte restée obscure après lui ? Serait-ce par hasard un fils de C. Julius Julus cos. en 307 u. c. = 447, 11 319 u. c. = 435, qui aurait simplement échangé contre un aulne le cognomen paternel ? Ou bien le cognomen Mento (au menton saillant) ne serait-il qu’un sobriquet personnel s’ajoutant au surnom gentilice de Julus ? On comprend qu’il n’y a pas moyen de se prononcer entre ces hypothèses. On remarquera seulement que les Fastes Capitolins manquent, en sorte que l’emploi simultané des deux cognomina n’a rien d’impossible.

L. Julius tr. m. c. p. en 366 u. c = 388, II en 375 u. c. = 379 est le dernier du nom surnommé Julus. Cent douze ans plus tard, en 487 u. c. = 267, apparaît, avec un collègue plébéien, le consul patricien L. Julius L. f. L. n. Libo qui, par son prénom et son ascendance, paraît se rattacher au précédent.

Enfin, cinquante-neuf ans plus tard, en 546 u. c. = 208, Tite-Live signale le premier Cæsar, Sex. Julius Cæsar préteur[334].

PINARIA. — P. Pinarius Mamertinus Rufus cds. en 265 u. c. = 489 et L. Pinarius Mamertinus Rufus cos. en 282 u. c. = 472 ouvrent l’histoire de la gens. L’identité du prénom conduit à voir dans P. Pinarius censeur en 324 u. c. = 430[335] le fils ou le petit-fils du premier, et dans L. Pinarius Mamertinus tr. m. c. p. en 322 u. c. = 432 le fils ou le petit-fils du second. Ce dernier Lucius n’a, à notre connaissance, que le cognomen Mamertinus, parce que les Fastes Capitolins font défaut à son endroit et que le Chron. de 354 ne donne jamais qu’un cognomen. Les Fasti Hisp. et la. Chron. Pasch. manquent également, et Diodore ne mentionne même pas ce personnage. Tite-Live lui donne le cognomen Mamercus qui est identique à Mamertinus ; mais on sait qu’il lui arrive rarement de donner les deux cognomina. Il y a donc lieu d’attribuer à l’insuffisance des documents l’absence du deuxième cognomen Rufus. Quant à Publius le censeur, s’il n’a ni l’un ni l’autre, c’est qu’il n’est connu que par un passage de Cicéron. Pour les deux premiers, les sources plus abondantes se complètent les unes par les autres et suppléent à l’absence des Fastes Capitolins.

Le double cognomen Mamertinus Rufus est remplacé par celui de Natta qui apparaît à la fin du quatrième siècle dans la personne de L. Pinarius Natta mag. eq. en 391 u. c. = 363[336]. On remarquera qu’il porte le même prénom que l’un des deux derniers Mamercini, Lucius, tr. m. c. p., soixante neuf ans auparavant, en 322 u. c. = 432. Il y avait encore des Pinarii Nattas au temps de Cicéron[337].

SERGIA. - Le premier Sergius, M. d’après Tite-Live et Denys[338], C. d’après Diodore (XII, 24), Xvir en 304 u. c. = 450 a le cognomen Esquilinus. Puis apparaît le cognomen Fidenas porté par L. Sergius C. f. C. n. Fidenas cos. en 317 u. c. = 437, tr. m. c. p. en 321 u. c. = 433, cos. Il en 325 u. c.  429, tr. m. c. p. II en 330 u. c. = 424, III en 336 u. c. = 418, par M’ Sergius L. I. L. n. Fidenas tr. m. c. p. en 350 u. c. = 404, II en 352 u. c. = 402, sans doute petit-fils du précédent, enfin par le fils de Manius, L. Sergius M’ f. L. n. Fidenas tr. m. c. p. en 357 u. c. = 397.

M. Willems fait l’observation suivante : M’ Sergius, tribun consulaire de 350 u. c. = 404 et 352 u. c. = 402 est, d’après les Fastes Capitolins, L. f. L. n. ; il ne peut être le fils du consulaire L. Sergius qui est, d’après les mêmes Fastes, C. f. C. n. ; en outre, l’intervalle entre le premier consulat de L. Sergius (317 u. c. = 437) et le premier tribunat consulaire de M’ Sergius (350 u. c. = 404) n’étant que de trente-trois ans, il n’est pas possible non plus de considérer M’ comme le petit-fils de L. Partant M’ Sergius est d’une branche collatérale et, néanmoins, il porte lui aussi le cognomen Fidenas : preuve évidente que ce cognomen indique l’origine de la gens Sergia. Il résulte aussi de là que le cognomen Fidenas est antérieur à celui d’Esquilinus, adopté par une autre branche qui est arrivée la première aux magistratures curules[339].

Rien n’est moins prouvé que la deuxième partie de la proposition de M. Willems avec les conséquences qui en découlent, car il se peut fort bien que Manius ait été le petit-fils de Lucius. En effet L. Sergius, élevé pour la première fois au consulat en 317 u. c. = 437, a, il est vrai, encore une assez longue carrière à parcourir, puisqu’on le retrouve tribun consulaire en 336 u. c. = 418, dix-neuf ans après ; mais l’élément décisif du problème, la date de la naissance de ce personnage, nous échappe. Supposons donc, et la conjecture sera des plus admissibles, qu’il ait eu trente-cinq ans environ en 317 u. c. = 437, lors de son premier consulat. On pourrait même lui en prêter davantage, car, à ce compte, il n’aurait eu que cinquante-quatre ans quand il exerça pour la dernière fois la suprême magistrature. Mais ce minimum suffit, et le raisonnement n’en paraîtra que plus convaincant. Agé de trente-cinq ans, Lucius pouvait avoir un fils d’au moins douze ou treize ans. On n’ignore pas, en effet, que les mariages sont généralement précoces dans les sociétés aristocratiques. Ce fils, d’ailleurs inconnu, et que nous appellerons également Lucius, aurait eu, trente-trois ans plus tard, lors du premier tribunat consulaire de Manius, en 350 u. c. = 404, de quarante-cinq à quarante-six ans. Dans ces termes, rien n’empêche que Manius (L. f. L. n.) n’ait été son fils. Il pouvait, avec un père de quarante-cinq ans, en avoir lui-même vingt-cinq, et l’on a vu plus haut les faits d’où il ressort que le consulat était accessible à un âge moins avancé[340]. Ainsi, il n’y a pas lieu d’imaginer une deuxième branche des Sergii Fidenates, et le cognomen Fidenas, n’étant pas, au point où le croit M. Willems, lié au nom même des Sergii, n’indique pas nécessairement leur extraction, et peut avoir succédé à celui d’Esquilinus. La démonstration serait complète si le premier Fidenas, C. f. C. n., pouvait être considéré comme le fils ou le petit-fils de Sergius Esquilinus le décemvir. Pour cela, il n’y aurait qu’à substituer au prénom M., attribué à ce dernier par Tite-Live et par Denys, le prénom C. qui lui est donné par le témoignage non moins autorisé de Diodore. Si toutefois, entre ces deux versions, on trouve une raison quelconque de se décider pour la première, il reste à faire descendre L. Sergius Fidenas d’un frère du décemvir ou d’un collatéral plus éloigné. Il pouvait s’appeler Esquilinus ou Fidenas. Dans le premier cas, le cognomen aurait changé dans toute la gens d’une génération à la suivante. Dans le second, il serait constaté que le cognomen Fidenas n’était pas antérieur à Esquilinus, autant du moins qu’on en peut juger. Ce résultat, qui nous intéresse peu en ce moment, n’en a pas moins son importance, ainsi qu’on le verra par la suite de ces recherches[341].

La gens Sergia offre un autre exemple, moins contestable, d’un changement de cognomen dans la même ligne directe. On ne connaît pas le cognomen de C. ou Cn. Sergius, trois fois tr. m. c. p. entre 367 u. c. = 387 et 374 u. c. = 380, ni celui de M. Sergius tribun légionnaire en 549 u. c. = 205[342], ni celui de L. Sergius ambassadeur à Carthage en 551 u. c. = 203[343] ; mais à l’époque où vivent ces deux derniers, on voit s’ajouter au nom de Sergius, à la place du cognomen Fidenas, un cognomen nouveau, celui de Silus, qui apparaît pour la première fois avec M. Sergius Silus, le héros de la deuxième guerre punique, préteur en 557 u. c. = 197[344]. Il est par son fils, M. Sergius Silus, et par son petit-fils, également surnommé Silus, l’arrière-grand-père d’un Sergius qui s’est choisi un autre cognomen devenu tristement célèbre, L. Sergius Catilina[345].

VETURIA. — P. Veturius Cicurinus Geminus cos. en 255 u. c. = 499 ouvre la série, suivi de T. Veturius Cicurinus Geminus consul cinq ans plus tard, en 260 u. c. = 494, lequel doit être frère du premier[346] et a probablement pour fils T. Veturius Cicurinus Geminus, cos. en 292 u. c. = 462. Publius a deux fils : 1° C. Veturius P. f. Cicurinus cos. en 299 u. c. = 455[347], duquel descend peut-être au troisième ou au quatrième degré C. Veturius tr. m. c. P. en 377 u. c. = 377, II, en 385 u. c. = 369[348] : 2° Sp. Veturius, dont l’histoire ne fait pas mention, mais qui nous est connu par son fils, Sp. Veturius Sp. f. P. n. Crassus Cicurinus Xvir en 303 u. c. = 451, père lui-même de Sp. Veturius Sp. f. Sp. n. Crassus Cicurinus, tr. m. c. p. en 337 u. c. = 417[349]. Celui-ci a deux fils qui, comme leur bisaïeul Spurius, ne sont connus qu’indirectement, Tiberius par son fils M. Veturius Ti. f. Sp. n. Crassus Cicurinus tr. m. c. p. en 355 u. c. = 399, et Lucius par son fils, L. Veturius L. f. Sp. n. Crassus Cicurinus tr. m. c. p. en 386 u. c. = 368, II en 387 u. c. = 367. En comparant les dates des tribunats gérés par les deux cousins, on remarque que Lucius a dû être beaucoup plus jeune que Marcus. La distance paraît même assez grande pour qu’il y ait lieu d’apporter une correction au tableau qu’on vient de présenter, en mettant le premier à un degré plus bas que le second. Ainsi le Lucius que nous avons supposé être fils de Spurius tr. m. c. p. en 337 u. c. = 417 ne serait que son petit-fils, par l’intermédiaire d’un autre Spurius, également inconnu, qui prendrait sa place. Et de même, au lieu d’être le frère de Tiberius, il serait son neveu.

La gens Veturia a donc deux cognomina, dont l’un, Cicurinus, persiste durant six ou sept générations, tandis que l’autre, Geminus, tombe à la seconde ou à la troisième pour être remplacé par celui- de Crassus. Il est vrai que, sur les trois Veturii qui représentent la deuxième génération, T. Veturius Cicurinus Geminus cos. en 292 u. c. = 462 n’a point de postérité à nous connue. Son cousin, C. Veturius Cicurinus cos. en 299 u. c. = 455 a peut-être un rejeton éloigné dans la personne de C. Veturius tr. m. c. p. en 377 u. c. = 377, mais précisément on ignore son cognomen. Spurius, frère de Caius, est le seul dont on puisse suivre la descendance qui se ramifie au troisième degré en deux branches ayant deux cognomina communs, Crassus Cicurinus. Il y a là un point obscur qu’il était bon de signaler.

Ces deux cognomina disparaissent à la fin du quatrième siècle avec la gens Veturia elle-même. Mais celle-ci, après une longue éclipse, fait sa rentrée dans le commencement du sixième avec le cognomen nouveau de Philo. Le premier qui le porte est L. Veturius L. f. Post. n. Philo cos. en 534 u. c. = 220, père de L. Veturius L. f. L. n. Philo, cos. en 548 u. c. = 206. A la même époque, on trouve un T. Veturius Philo flamen Martialis en 550 u. c. = 204[350]. On rencontre encore un L. Veturius Philo au septième siècle[351].

 

Le fractionnement des gentes Julia, Veturia, Sergia peut encore être considéré comme douteux. Il n’en est pas de même des gentes suivantes ; mais elles ne se sont pas fractionnées toutes sur la même échelle ni en même temps.

 

La gens HORATIA, qui disparaît après les lois liciniennes, sort de la légende avec M. Horatius Pulvillus cos. en 245 u. c. = 509, II en 247 u. c. = 507. Il a pour neveu P. Horatius Cocles, célèbre par l’exploit du pont Sublicius, et qui représente peut-être une branche distincte[352]. M. Horatius Pulvillus a deux fils : 1° C. Horatius M. f. M. n. Pulvillus cos.  en 277 u. c. = 477, Il en 297 u. c. = 457, duquel descend L. Horatius Pulvillus tr. m. c. p. en 368 u. c. = 386 ; 2° L. Horatius, père de M. Horatius, tous deux connus seulement par le fils de ce dernier, arrière petit-fils du consul de 245 u. c. = 509[353], M. Horatius M. f. L. n. Turrinus Barbatus cos. en 305 u. c. = 449 et premier représentant de la branche des Barbati, détachée de celle des Pulvilli[354]. L. Horatius Barbatus tr. m. c. P. en 329 u. c. = 425 doit être son fils ou son neveu. M. Horatius tr. m. c. p. en 376 u. c. = 378 n’ayant pas de cognomen connu, on ne sait à quelle branche le rattacher.

La gens VERGINIA, qui disparaît également après les lois liciniennes, est divisée, dès l’origine, en deux branches :

1° La branche des Tricosti[355] Cæliomontani où l’on distingue deux lignées : 1° T. Verginius Tricostus Cæliomontanus cos. en 258 u. c. = 496, duquel descend probablement T. Verginius Tricostus Cæliomontanus cos. en 306 u. c. = 448 ; 2° A. Verginius A. f.[356] Tricostus Cæliomontanus cos. en 260 u. c. = 494. Ce dernier a deux fils : A. Verginius Tricostus Cæliomontanus cos. en 285 u. c. = 469, et Sp. Verginius A. f. A. n. Tricostus Cæliomontanus cos. en 298 u. c. = 456, père de Sp. Verginius, dont parle Denys[357] ;

2° La branche des Tricosti, représentée par Opet. Verginius Opetr. f. Tricostus cos. en 252 u. c. = 502, duquel sortent les deux branches des Tricosti Rutili et des Tricosti Esquilini. La première est représentée par Proc. Verginius Opetr. f. Opetr. n. Tricostus Rutilus cos. en 268 u. c. = 480, T. Verginius Opetr. f. Opetr. Il. Tricostus Rutilus cos. en 275 u. c. = 479, A. Verginius Opetr. f. Opetr. n. Tricostus Rutilus cos. en 278 u. c. = 476, tous trois fils du consul de 252 u. c. = 502[358]. La seconde a pour chef Opetr. Verginius Opetr. f. Opetr. n. Tricostus Esquilinus cos. eu 276 u. c. = 478, frère des précédents. Il a pour fils L. Verginius Opetr. L Opetr. n. Tricostus Esquilinus cos. en 319 u. c. = 435, père lui-même de L. Verginius L. f. Opetr. n. Tricostus Esquilinus tr. m. c. p. en 352 u. c. = 402[359], lequel est identique peut-être à L. Verginius tr. m. c. p. en 365 u. c. = 389.

 

Les gentes suivantes prolongent leur existence très avant sous la république.

 

La gens MANLIA débute, avec le cognomen Cincinnatus dans la personne de Cn. Manlius P. f. Cincinnatus cos. en 214 u. c. = 480. Ce cognomen, remplacé dès la deuxième génération par le cognomen Vulso[360], et peut-être dès la première, associé à celui-ci, n’annonce pas une branche distincte.

Cn. Manlius P. f. Cincinnatus cos. en 274 u. c. = 480 a deux fils :

1° Cnæus, connu indirectement par sa descendance, père de M. Manlius Cn. f. Cn. n. Vulso tr. m. c. p. en 334 u. c. = 420[361], grand-père de P. Manlius M. f. Cn. n. Vulso tr. m. c. p. en 354 u. c. = 400[362]. Il faut sauter par-dessus plusieurs générations pour arriver à L. Manlius A. f. P. n. Vulso Longus, qui fut consul cent quarante-quatre ans plus tard, en 498 u. c. = 256, II en 504 u. c. = 250. C’est ici peut-être qu’il convient d’intercaler L. Manlius Vulso, qui se présenta au consulat en 537 u. c. = 217[363], père de Cn., et grand-père de Cn. Manlius Cn. f. L. n. Vulso cos. en 565 u. c. = 189[364], de A. Manlius Cn. f. L. n. Vulso cos. en 576 u. c. = 178[365], de L. Manlius Cn. f. L. n. Vulso préteur en 557 u. c. = 197[366]. P. Manlius Vulso préteur en 544 u. c. = 210[367] pourrait être l’oncle des précédents.

On remarquera que le cognomen Longus, ajouté à celui de Vulso par le consul de 498 u. c. = 256, disparaît après lui. On peut en conclure qu’il lui est personnel, à moins de supposer qu’il ait été recueilli et perpétué dans une descendance que nous ne connaissions point.

2° A. Manlius Cn. f. P. n. Vulso cos. en 280 u. c. - 4741 Xvir en 303 u. c. = 451, deuxième flls du consul de 274 u. c. = 4801 a trois fils qui se détachent de la branche des Vulsones proprement dits et fondent la branche des Vulsones Capitolini devenus, à la deuxième ou à la troisième génération, les Capitolini tout court. Ce sont : A. Manlius A. L Cn. n. Vulso Capitolinus tr. m. c. p. en 349 u. c. = 405, Ii en 352 u. c. = 402, III en 357 u. c. = 337 ; Q. Manlius A. f. Cn. n. Vulso Capitolinus tr. m. c. p. en 358 u. c. = 396, et sans doute aussi L. Manlius Capitolinus tr. m. c. p. en 332 u. c. = 422[368]. Les deux derniers n’ont pas de postérité connue. Le premier est, par un fils inconnu Titus, le grand père de M. Manlius T. f. A. n. Capitolinus cos. en 362 u. c. = 392, celui qui essaya de soulever la plèbe contre le patriciat. Marcus a deux frères, Titus et Aulus[369], celui-ci tr. m. c. p. en 365 u. c. 389, II en 369 u. c. = 385, III en 371 u. c. = 383. Le fils d’Aulus, L. Manlius A. f. T. n.[370] Capitolinus dictat., en 391 u. c. = 363, ajoute au premier cognomen le cognomen nouveau de Imperiosus, et donne naissance à la branche des Capitolini Imperiosi qui continue la précédente, et à celle des Imperiosi Torquati qui s’en détache. La première n’est représentée que par Cn. Manlius L. f. A. n. Capitolinus Imperiosus cos. en 395 u. c. = 359, II en 397 u. c. = 357. La seconde, dont l’auteur est T. Manlius L. f. A. n. Imperiosus Torquatus cos. en 407 u. c. = 347, U en 410 u. c. = 344, III en 414 u. c. = 340, subsiste jusqu’à la fin de la république[371]. T. Manlius Torquatus cos. en 455 u. c. = 299, petit-fils sans doute de celui qui fut trois fois consul, a deux fils, dont l’un, T. Manlius T. f. r, n. cos. en 519 u. c. = 2359 II en 530 u. c. = 224, continue la branche des Torquati, et dont l’autre, A. Manlius T. f. T. n. cos. en 510 u. c. = 244, II en 513 u. c. = 241, ajoute au cognomen Torquatus celui d’Attieus. Mais on ne lui connaît pas de postérité, et ce nouveau cognomen disparaît avec lui.

La branche des Manlii Acidini apparaît dans le courant du sixième siècle de Rome, sans qu’on puisse dire comment elle se rattache aux autres branches de la même gens. Elle a d’ailleurs des destinées plus modestes : L. Manlius Acidinus n’arrive qu’à la présure en 544 u. c. = 210[372]. L. Manlius L. f. L. n. Acidinus Fulvianus cos. en 575 u. c. = 179, n’est que le fils adoptif du précédent, fils, selon la nature, de Q. Fulvius Flaccus[373]. On signale encore des Acidini à la fin du sixième siècle[374] et au commencement du huitième[375].

La gens PAPIRIA, qui est signalée dès les premières années de la république et plus tôt[376], n’arrive pas au consulat avant le commencement du quatrième siècle de Rome, et même alors son histoire offre d’assez grandes obscurités.

Elle se divise, dès le principe, en deux branches :

1° La branche des Mugillani est représentée par L. Papirius Mugillanus cos. en 310 u. c. = 444 (?) cens. en 311 u. c. = 443[377], L. Papirius Mugillanus cos. en 327 u. c. = 427, L. Papirius L. f. Mugillanus, tr. m. c. p. en 332 u. c. = 422, M. Papirius L. f. Mugillanus tr. m. c. p. en 336 u. c. = 418, II en 338 u. c. = 416, cos. en 343 u. c. = 411[378].

Ici finit la branche des Mugillani, mais il semble qu’elle a été continuée par celle des Cursores, soit que les seconds descendent réellement des premiers et n’aient fait que substituer un cognomen à un autre, soit qu’ils aient recueilli celui que la branche plus ancienne laissait vacant[379]. En effet, L. Papirius Cursor, le premier de cette branche, tr. m. c. p. en 367 u. c. = 387, II en 369 u. c. - 385, a pour fils Sp. (?)[380] Papirius L. L Cursor tr. m. c. p. en 374 u. c. = 380, et pour petit-fils L. Papirius Sp. f. L. n. Cursor cos. cinq fois de 428 u. c. = 326 à 441 u. c. = 313, lequel porte, d’après quelques annalistes, le cognomen Mugillanus[381]. Ce cognomen, s’il ne lui est pas attribué par erreur, s’ajoute à celui de Cursor que le même personnage portait sans conteste, puisque notoirement il a des Cursores dans son ascendance et dans sa descendance. D’autre part, on remarque que le premier des Cursores n’est signalé qu’alors que les Mugillani viennent de disparaître. La conséquence de cette double observation est facile à tirer.

C’est la seule fois, du reste, que l’on constate l’association des deux cognomina. L. Papirius L. f. Sp. n. cos. en 461 u. c. = 293, II en 482 u. c. - 272, s’appelle Cursor tout court. De même son neveu Spurius[382], et L. Papirius, cens. en 482 u. c. = 272, qui paraît être son fils[383]. Il n’est plus question des Papirii Cursores après ce dernier.

2° La branche des Papirii Crassi apparaît en même temps que celle des Mugillani avec M. Papirius Crassus cos. en 313 u. c. = 441. La généalogie de cette branche peut s’établir ainsi qu’il suit : Marcus a deux fils : 1° L. Papirius Crassus cos. en 318 u. c. = 436, II en 324 u. c. = 430, père de C. Papirius Crassus tr. m. c. p. en 370 u. c. = 384, grand-père de Sp. Papirius C. f. Crassus tr. m. c. p. en 372 u. c. = 382, arrière-grand-père de L. Papirius Sp. f. C. n. Papirius Crassus tr. m. c. p. en 386 u. c. = 368 ; 2° M. Papirius, personnage inconnu, père de L. Papirius M. f. Crassus tr. m. c. p. en 372 u. c. = 382, grand-père de L. Papirius L. L M. n. Crassus cos. en 413 u. c. = 336, II en en 424 u. c. = 330, et peut-être aussi de M. Papirius Crassus dictat. en 422 u. c. = 332[384].

Les Papirii Crassi ont disparu depuis soixante et dix ans environ, les Cursores depuis plus de vingt ans, quand apparaît la branche des Masones destinée à une carrière moins brillante et plus courte. Elle ne fournit qu’un consul, C. Papirius C. f. L. n. Maso cos. en 523 u. c. = 231. L. Papirius Maso préteur en 578 u. c. = 176[385] est le dernier Papirius patricien[386].

La gens POSTUMIA se divise en deux branches, dès le troisième siècle de Rome :

1° La branche des Tuberti, qui ne compte que deux représentants, P. Postumius Q. f. Tubertus[387] cos. en 249 u. c. = 505, et A. Postumius Tubertus dictat. en 323 u. c. = 431[388] ;

2° La branche des Albi ou Albini Regillenses, plus nombreuse que la première. Elle se détache des Tuberti et commence avec A. Postumius P. f. Q. n. Albus Regillensis cos. en 258 u. c.  4961 fils de P. Postumius Tubertus cos. en 249 u. c. = 505. Son ascendance a pu être reconstituée avec celle qui est mentionnée pour ses deux fils, A. Postumius A. f. P. n. Albus Regillensis cos. en 290 u. c. - 464, et Sp. Postumius A. f. P. n. Albus Regillensis cos. en 288 u. c. - 466, Xvir en 303 u. c. = 451.

La descendance des deux frères continue à ne former qu’une branche.

Du premier sont issus : P. Postumius A. f. A. n. Albinus Regillensis tr. m. c. p. en 340 u. c. = 414, et M. Postumius A. f. A. n. Albinus Regillensis cens. en 351 u. c. = 403. A. Postumius Albinus Regillensis tr. m. c. p. en 357 u. c. = 397 doit être le frère des précédents. C’est lui ou son fils qui, sous. le nom de A. Postumius Regillensis, exerce la même magistrature en 373 u. a. = 481.

L’autre des deux frères, Sp. Postumius A. f. P.  n. Albus Regillensis, cos. en 288 u. c. = 466, est très probablement le père de Sp. Postumius Albus tr. m. c. p. en 322 u. c. - 432, et le grand-père de Sp. Postumius tr. m. c. p. en 360 u. c.  494.

Ici le fil de la généalogie nous échappe. M. Postumius tr. m. c. P. en 328 u. c. = 426 n’a pas de cognomen connu, et son prénom ne nous apprend rien de L. Postumius, tr. m. c. p. en 365 u. c. = 389, le même, sans doute, qui exerça cette magistrature une seconde fois en 373 u. c. = 481, nous pouvons dire qu’il appartient à la branche des Albini Regillenses, le cognomen Albinus lui étant donné dans son premier tribunat par le Chron. de 354, et le cognomen Regillensis dans son second par Tite-Live, mais son ascendance reste ignorée. Avec Sp. Postumius Albinus cos. en 420 u. c. = 334, II en 433 u. c. = 321, nous revenons, semble-t-il, à la descendance de Spurius, le consul de 288 u. c.  466, le décemvir de 303 u. c. = 451. Elle se continue par L. Postumius L. f. Sp. n. cos. en 449 u. c. = 305, Il en 460 u. c. = 294, petit-fils du précédent par l’intermédiaire d’un L. Postumius inconnu.

L. Postumius, dont il vient d’être question, ne porte dans les Fastes Capitolins que le cognomen Megellus. Il ne semble pourtant pas que l’apparition de ce cognomen annonce la fondation d’une famille nouvelle. En effet L. Postumius a pour fils L. Postumius L. f. L. n. cos, en 492 u. c. = 262 qui s’appelle Megellus dans les Fastes Capitolins, mais auquel les Fasti Hisp. et la Chron. Pasch., sans parler de Pline l’Ancien[389], donnent le cognomen Albinus. Ce qui est plus significatif, c’est que le petit-fils de ce personnage, A. Postumius. A. f. L. n. cos. en 512 u. c. = 242, reprend tout simplement le cognomen Albinus, qu’il lègue à son fils L. Postumius A. f. A. n. Albinus, cos. en 520 u. c. = 234, Il en 525 u. c. = 229, à son petit-fils Sp. Postumius L. f. A. n. Albinus cos. en 568 u. c. = 186, et à son arrière-petit-fils L. Postumius Sp. f. L. n. Albinus cos. en 600 u. c. = 154.

Cette lignée n’est pas la seule qui soit sortie du consul de 512 u. c. = 242. Il a un deuxième fils, qu’il faudrait plutôt appeler le premier, car son prénom indique qu’il est l’aîné, A. Postumius, connu par son fils, A. Postumius A. L A. n. Albinus cos. en 574 u. c. = 180. Les Fastes Capitolins ne lui donnent que le cognomen Albinus, mais Tite-Live, à deux reprises, ajoute celui de Luscus[390]. Toutefois ce cognomen, pas plus que tout à l’heure celui de Megellus, ne paraît représenter une branche distincte. En effet, le fils ou le petit-fils de Luscus[391], A. Postumius A. f. A. n. cos. en 603 u. c. = 151 n’a dans les Fastes d’autre cognomen que celui d’Albinus.

A. Postumius A. f. A. n. Albinus Luscus cos. en 574 u. c.  180 a deux frères : 1° L. Postumius A. f. A. n. Albinus cos. en 581 u. c. = 173 auquel on ne connaît pas de postérité[392] ; 2° Sp. Postumius A. f. A. n. Albinus Paululus cos. en 580 u. c. = 174. Le cognomen Paululus ne reparaît plus. Il est remplacé par celui de Magnus chez le fils du précédent, Sp. Postumius Albinus Magnus cos. en 606 u. c. = 148[393]. Ce cognomen tombe lui-même à la génération suivante, d’où l’on peut conclure qu’il est, ainsi que le précédent, purement personnel. Sp. Postulgius Albinus Magnus a deux fils : 10 Sp. Postumius Albinus cos. en 644 u. c. = 110[394], et A. Postumius Albinus cos. en 655 u. c. = 99[395], père de A. Postumius A. f. Sp. n. Albinus préteur entre 689 u. c. = 65 et 699 u. c. = 55[396].

Il semble résulter de ces recherches que la gens Postumia, divisée en deux branches dès le début de la république, la branche des Tuberti et celle des Albini Regillenses, ou Megelli, Ou Lusci, ou Paululi ou Magni et, le plus souvent, Albini tout court, a laissé la première s’éteindre dès le quatrième siècle de Rome, et s’est propagée par la seconde jusque dans le huitième[397].

La gens QUINCTIA est divisée, dès l’origine, en deux branches :

1° La branche des Capitolini Barbati, représentée par T. Quinctius L. f. L. n. Capitolinus Barbatus six fois consul, entre 283 u. c. = 471, et 315 u. c. 439. Il a pour fils[398] T. Quinctius T. f. L. n. Capitolinus Barbatus cos. en 333 u. c. = 421, tr. m. c. p. en 3 49 u. c. = 405. T. Quinctius Capitolinus tr. m. c. p. en 369 u. c. = 385[399] est probablement le fils du précédent. Cn. Quinctius Capitolinus, édile curule en 388 u. c. = 366, appartient à la même descendance[400].

2° La branche des Cincinnati, dont le chef est L. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus, cos. en 294 u. c. = 460, frère du premier Capitolinus Barbatus[401]. Il a quatre fils[402] : L. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus tr. m. c. p. en 316 u. c. = 448, II en 329 u. c. = 425, III en 334 u. c. = 420[403] ; T. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus Pennus cos. en 323 u. c. = 431, 1I en 326 u. c. = 428, Q. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus tr. m. c. p. en 339 u. c. = 415, II en 349 u. c. 405[404], et enfin K. Quinctius, fameux par ses démêlés avec la plèbe et son exil.

Kæso n’a point, que nous sachions, de postérité. On reconnaît les fils des trois autres à leur prénom. Lucius a pour fils L. Quinctius L. f. L. n. Cincinnatus Capitolinus tr. m. c. p. en 368 u. c. = 386, II en 369 u. c. = 385, IlI en 377 u. c. = 377. Quintus a pour fils, ou plutôt pour petit-fils, Q. Quinctius Q. f. L. n. tr. m. c. p. en 385 u. c. = 369. Le cognomen de ce personnage n’est d’ailleurs pas mentionné. C’est Titus dont la descendance va le plus loin. D’abord son fais, T. Quinctius T. f. L. n. Cincinnatus Capitolinus tr. m. c. p. en 366 u. c. = 388, II en 370 u. c. = 384, puis son petit-fils, T. Quinctius T. f. T. n. Pennus Cincinnatus Capitolinus tr. m. c. p. en 386 u. c. = 368, puis son arrière-petit-fils, T. Quinctius T. f. T. n. Pennus Capitolinus Crispinus cos. en 400 u. c. = 354, II en 403 u. c.  = 351[405]. De celui-ci descend T. Quinctius Crispinus cos. en 546 u. c. = 208 qui est peut-être le père de L. Quinctius Crispinus préteur en 568 u. c. =186[406]. Appartiennent à la même lignée, T. Quinctius T. L Crispinus Sulpicianus cos. en 745 u. c. = 9, et les Quinctii Crispini qu’on trouve encore au premier siècle ap. J.-C.[407]

Il n’est pas très facile de suivre les destinées de la branche des Cincinnati. On remarque que le cognomen Capitolinus, porté par la branche des Capitolini Barbati, revient à la troisième génération dans celle des Cincinnati, alors que les premiers figurent encore dans les honneurs. Peut-être faut-il conclure de là que ce cognomen, chronologiquement antérieur aux deux autres, a été commun à tous les Quinctii au temps où ils formaient une gens indivise, ce qui a pu les autoriser plus tard à s’en prévaloir également, lorsqu’ils se trouvèrent partagés en deux branches[408].

De la branche des Cincinnati se détache, dans le courant du quatrième siècle de Rome, celle des Cincinnati Penni ; mais on ne saurait dire si le cognomen Crispinus qui, à la fin du même siècle, vient s’ajouter au cognomen Pennus, indique un démembrement nouveau.

Un K. Quinctius cos. en 483 u. c. 271 a, dans le Chron. de 354 et les Fasti Hispan., qui remplacent les Fastes Capitolins perdus, le cognomen Claudius, plus correctement Claudus. Il annonce peut-être l’apparition d’une branche nouvelle, laquelle n’est point connue autrement.

La branche des Quinctii Flaminini apparaît au commencement du sixième siècle de Rome[409] et fleurit jusque dans le courant du septième[410].

 

Les gentes suivantes sont celles qui ont atteint le plus grand développement.

 

De la gens ÆMILIA on ne connaît, jusque dans le courant du cinquième siècle de Rome, que la branche des Mamerci ou Mamercini. L. Æmilius Mamercus cos. en 270 u. c. = 284, II en 276 u. c. = 478, III en 281 u. c. = 473, est père[411] de Ti. Æmilius L. f. cos. en 284 u. c. = 471, Il en 287 u. c. = 467. Ici la branche se partage en deux lignées : 10 celle de Tiberius, père d’un Tiberius inconnu, grand-père de C. Æmilius Ti. f. Ti. n. Mamercinus tr. m. c. p. en 360 u. c. = 394, II en 363 u. c. = 391. De lui descend peut-être Ti. Æmilius Mamercinus cos. en 415 u. c. = 339 ; 20 celle de Mamercus,«frère de Tiberius, de celui qui est connu grâce à l’ascendance indiquée pour ses petits-fils. L’un des deux fils de Mamercus, Mamerc. Æmilius Mamerc. f. Ti. n. Mamercinus tr. m. c. p. en 316 u. c. = 438 est père de M’ Æmilius Mamerc. L Mamerc. n. Mamercinus cos. en 344 u. c. = 410, tr. m. c. p. en 349 u. c. = 405, II en 351 u. c. = 403, III en 353 u. c. = 401, et de L. Æmilius Mamerc. f. Mamerc. n. Mamercinus tr. m. c. p. quatre fois de 363 u. c.  391 à 372 u. c. 382. Le deuxième fils de Mamercus, Lucius, est inconn u comme son père, mais le fils de Lucius, L. Æmilius L. f. Mamerc. n. Mamercinus arrive au sommet des honneurs, tr. m. c. p. en 365 u. c. = 389, Il en 374 u. c. = 3801 III en 377 u. c. = 377, cos. en 388 u. c. = 366, II en 391 u. c. = 363. Le fils de celui-ci, L. Æmilius L. f. L. n. Mamercinus ne joue pas un rôle moins considérable, cos. en 413 e. c. = 341, II en 425 u. c. = 329 etc. Il ajoute à son cognomen de Mamercinus celui de Privernas pour avoir emporté la ville de Privernum. Ce nouveau cognomen n’annonce pas une branche nouvelle. D’ailleurs, les Æmilii Mamercini paraissent finir avec le seul d’entre eux qui s’en soit paré.

Il ne serait pourtant pas impossible qu’ils eussent été continués en ligne directe par les Paulli, lesquels surgissent quelques années après eux pour jeter un si vif éclat dans la personne de L. Æmilius Paullus, le vainqueur de la. Macédoine. En effet, le premier de cette branche, M. Æmilius Paullus cos. en 452 u. c. = 302 est, ainsi que nous le voyons par l’ascendance indiquée pour son fils cos. en 499 u. c. = 255, fils lui-même d’un certain Lucius. Or, ce Lucius pourrait bien être, d’après l’ordre des temps, L. Æmilius Privernas dont il vient d’être question.

La branche des Paulli s’éteint au bout d’un siècle et demi dans la personne de Paul-Émile[412]. Mais d’autres s’élèvent qui maintiennent et portent plus haut encore l’antique gloire des Æmilii. Les Mamercini figuraient encore dans l’histoire lorsque les Barbulæ et les Papi y faisaient leur entrée pour en sortir après un peu plus d’un siècle. On ne peut déterminer leur degré de parenté avec les Mamercini, mais on voit qu’ils étaient très proches parents les uns des autres[413]. Le premier des Papi, M. Æmilius dictat. en 433 u. c. = 321[414], identique très probablement à M. Æmilius Q. f. L. n. Barbula dictator, dont le nom est conservé dans une inscription[415], réunissant, par conséquent, les deux cognomina, doit être le chef de la branche des Papi, sortie de celle des Barbulæ. En effet, son frère, Q. Æmilius Q. f. L. n. Barbula cos. en 437 u. c. = 317, II en 443 u. c. = 311, continue cette dernière, par lui-même, par son fils, L. Æmilius Q. f. Q. n. Barbula cos. en 473 u. c. - 281, et par son petit-fils, M. Æmilius L. f. Q. n. Barbula cos. en 524 u. c. = 230. La généalogie des Papi est plus difficile à établir. Il est probable que le dictateur de 433 u. c. = 321 a un frère Cnæus, père de Q. Æmilius Cn. f. Q. n. Papus[416] cos. en 472 u. c. = 282, II en 476 u. c. = 278, grand-père de L. Æmilius Q. f. Cn. n. Papus cos. en 529 u. c. = 225. Le dernier des Papi est L. Æmilius Papus Xvir sacrorum, mort en 582 u. c. = 172[417].

A côté des Paulli, des Barbulæ et des Papi, apparaît, dans la dernière moitié du cinquième siècle[418], l’illustre branche des Lepidi qui subsiste jusque sous Caligula[419] et, bien que partagée en plusieurs lignées[420], n’en paraît pas moins rester indivise, puisque tous ses membres ont le même et seul cognomen de Lepidus. Il faut excepter cependant M. Æmilius Lepidus Porcina cos. en 617 u. a. = 137 qui, du reste, ne transmet ce deuxième cognomen à aucun personnage connu, et L. Æmilius cos. en 704 u. c. = 50 qui adopte celui de Paullus, pour faire revivre le souvenir des Æmilii Paulli éteints depuis plus d’un siècle[421]. Son fils, Paullus ÀEmilius L. f. M. n. Lepidus cos. en 720 u. c. = 34, par une transformation dont il y a d’autres exemples à la même époque[422], fait de ce cognomen un prénom, et reprend le surnom de Lepidus..

Les Scauri entrent en scène en 564 u. c. = 190, alors qu’il n’y a plus en présence que les derniers des Paulli et des Papi, et les Lepidi, dans tout l’éclat de leur prospérité. En cette année Tite-Live (XXXVII, 31) signale L. Æmilius Scaurus, probablement le grand-père de M. Æmilius M. f. L. n. Scaurus cos. en 639 u. c. = 115 et prince du Sénat[423]. Les Scauri durent jusque sous Tibère[424].

Il reste à signaler les Regilli, dont le rôle est beaucoup plus obscur. Ils surgissent à la fin de la première moitié du sixième siècle[425] et paraissent se rattacher aux Lepidi[426].

La gens CLAUDIA est entre toutes celle qui paraît rester indivise le plus longtemps. Elle se présente d’abord avec le double cognomen de Sabinus Regillensis, auquel ne tarde pas à s’ajouter celui de Crassus ou Crassinus[427]. Le chef de la gens est App. Claudius Sabinus Regillensis cos. en 259 u. c. = 495. Il laisse deux fils, C. Claudius App. f.[428] Sabinus Regillensis cos. en 294 u. c. = 460, et App. App. f.[429] Claudius Crassus Regillensis Sabinus, cos. en 283 u. c. = 471, II en 303 u. c. = 451, Xvir en 303 u. c. = 451 et 304 u. c. = 450[430]. Celui-ci a deux fils, App. Claudius Crassus tr. m. c. p. en 330 u. c. = 424[431] et Publius, connu par son fils, App. Claudius P. f. App. n. Crassus Regillensis tr. m. c. p. en 351 u. c. = 403, cos. en 405 u. c. = 349. Ce dernier est par son fils, C. Claudius App. L P. n. Regillensis dictat. en 417 u. c. = 337[432], le grand-père de App. Claudius C. f. App. n. Cæcus cos. en 447 u. c. = 307, II en 458 u. c. = 296, à partir duquel s’opère, à ce qu’il semble, le démembrement de la gens. E faut remarquer pourtant que ce personnage a un frère, App. Claudius C. f. App. n. cos. en 490 u. c. 264[433], qui porte le cognomen nouveau de Caudex. Au commencement du siècle, on rencontre déjà un Claudius Hortator[434]. Quoi qu’il en soit, Appius, le censeur, a quatre fils : App. Claudius App. f. C. n. Rufus Crassus cos. en 486 u. c. = 268, P. Glaudius App. f. C. n. Pulcher cos. en 505 u. c. = 249, C. Claudius App. f. C. n. Centho cos. en 514 u. c. = 240, Ti. Claudius Nero, qui n’arriva point aux honneurs[435]. Le premier n’a point de postérité connue, mais le second est l’auteur des Claudii Pulchri qui s’éteignent sous Auguste[436], le troisième des Claudii Centhones qui ne durent pas au delà du sixième siècle[437], le quatrième des Claudii Neroues qui s’élèvent à l’empire.

La généalogie de la gens CORNELIA, la plus féconde des gentes patriciennes, est difficile à établir dans les commencements. Nous suivrons le tableau qui a été tracé par Borghesi[438].

L’auteur de la race est un Publius inconnu, père de Serv. Cornelius P. f. Maluginensis Tricostus cos. en 269 u. c. = 485, grand-père de L. Cornelius Serv. f. P. n. Maluginensis Uritanus[439] cos. en 295 u. c. = 459, arrière-grand-père de M. Cornelius L. f. Serv. n. Maluginensis Xvir en 304 u. c. = 450.

Ici la branche des Cossi se détache de la branche des Maluginenses. Le personnage précédent a quatre fils, dont l’un, Marcus, continue la branche mère. Il en sera question plus loin. Les trois autres sont : Serv. Cornelius M. f. L. n. Cossus tr. m. c. p. en 320 u. c. = 434, P. Cornelius M. f. L. n. Rutilus Cossus tr. m. c. p. en 348 u. c. = 406, tous deux sans postérité connue, sauf peut-être le second, et enfin A. Cornelius M. f. L. n. Cossus cos. en 326 u. c. = 428, tr. m. c. p. en 328 u. c. = 426. Ce dernier a trois fils : Cn. Cornelius A. f. M. n. Cossus tr, m. c. p. en 340 u. c. = 414, cos. en 345 u. c. = 409, A. Cornelius A. f. M. n. Cossus cos. en 341 u. c. = 413 et P. Cornelius A. f. M. n. Cossus tr. m. c. p. en 346 u. c. = 408[440]. Aulus a pour fils ou plutôt pour petit-fils A. Cornelius Cossus tr. m. c. p. en 385 u. c. = 369, II en 387 u. c. = 307, identique peut-être au dictateur de 369 u. c. = 385[441], et Publius a pour fils A. Cornelius P. f. A. n. Cossus cos. en 411 u. c. = 343, II en 422 u. c. = 332, qui prend le deuxième cognomen Arvina et fonde la branche de ce nom, détachée de celle des Cossi. Elle est représentée encore par les deux fils du précédent : A. Cornelius Arvina fétial en 434 u. c. = 320[442], et P. Cornelius A. f. P. n. Arvina cos. en 448 u. c. = 306, II en 466 u. c. = 288.

Si le tableau présenté par Borghesi est exact, il donne lieu à une observation assez curieuse. L’auteur inconnu de la race, P. Cornelius, père de Serv. Cornelius Maluginensis cos. en 269 u. c. = 485, a un autre fils, Publius, également inconnu, père de A. Cornelius questeur en 295 u. c. = 459, pontif. max. en 323 u. c. = 431[443], grand-père de P. Cornelius A. f. P. n. Cossus tr. m. c. p. en 339 u. c. = 415. Ce dernier a deux fils : P. Cornelius Cossus tr. m. c. p. en 359 u. c. = 395[444], et Cn. Cornelius P. f. A. n. Cossus tr. m. c. p. en 348 u. c. = 406, II en 350 u. c. = 404, III en 353 u. c. = 401. Ainsi, la branche des Cossi, qui, fondée par trois des fils de M. Cornelius Maluginensis le décemvir, exclut leur quatrième frère, chargé de continuer celle des Maluginenses, rallie au contraire leur cousin au troisième degré et sa descendance. On peut supposer, il est vrai, que cette branche a été fondée par Publius, le frère inconnu du premier des Maluginenses ; mais dans la deuxième hypothèse, comme dans la première, elle n’en aurait pas moins rallié au même moment une partie de la lignée collatérale.

Le frère des trois Cossi, M. Cornelius M. f. L. n. Maluginensis cos. en 318 u. c. = 436, continue, ainsi qu’on l’a dit, la branche des Maluginenses[445]. Il a pour fils P. Cornelius M. f. M. n. Maluginensis tr. m. c. p. en 350 u. c. = 404, lequel a deux fils : 10 P. Cornelius P. f. M. n. Maluginensis tr. m. c. p. en 357 U. G. = 397, II en 364 u. c. = 390, cos. en 361 u. c. 393[446], père de M. Cornelius P. f. P. n. Maluginensis tr. m. c. p. en 383 u. c. = 369, II en 387 u. c. = 367. 20 Serv. Cornelius P. f. M. n. Maluginensis tr. m. c. p. sept fois de 368 u. c. = 386 à 386 u. c. = 368, mag. eq. en 393 u. c. = 361. Ce dernier est, avec son neveu Marcus, le dernier des Maluginenses[447].

La branche toutefois n’est pas séchée. Elle refleurit sous un nouveau nom dans la descendance de Servius. En effet L. Cornelius Lentulus cos. en 427 u. c. = 327, en protestant contre la capitulation des Fourches Caudines, rappelle que son père a été le seul qui se soit opposé à ce que l’on rachetât la ville à prix d’or aux Gaulois[448]. Ce père de Lentulus ne petit être que Serv. Cornelius P. f. M. Il. Maluginensis qui vécut au temps de l’occupation gauloise, et dont le prénom se retrouve porté par l’arrière-petit-fils du Lentulus en question, c’est-à-dire par L. Cornelius Ti. f. Serv. n. Lentulus cos. en 479 u. c. = 275, et comme on le voit par le grand-père de ce dernier, Serv. Cornelius Lentulus resté inconnu. Ce même prénom a été transmis à Serv. Cornelius Cn, f. Cn. n. Lentulus Rufus cos. en 451 u. c. = 303, qui doit être le petit-fils de Serv. Maluginensis, par l’intermédiaire de deux Cnæi inconnu, tout comme le Lentulus de tout à l’heure[449]. Enfin le cognomen Maluginensis et celui de Cossus, si étroitement apparenté au premier, sont recueillis plus tard parles Lentuli comme un héritage de famille[450]. Cette branche est très nombreuse et figure encore dans les honneurs sous les Césars[451] ; mais il est évident que les divers cognomina, ajoutés par elle au premier, n’indiquent pas autant de fractionnements nouveaux[452]. Le cognomen Rufus, attribué au consul de 451 u. c. = 303, ne réparait plus après lui. Dans la lignée collatérale, L. Cornelius L. f. Ti. n. Lentulus cos. en 317 u. c. = 237, et P. Cornelius L. f. Ti. n. Lentulus cos. en 518 u. c. = 236, prennent le deuxième cognomen de Caudinus, déjà porté par leur père,

L. Cornelius Ti. f. Serv. n. Lentulus cos. en 479 u. c. = 275, et peut-être attribué plus tard au grand-père de celui-ci, le consul de 427 u. c. = 327, nommé plus haut[453] ; mais ce cognomen de Caudinus tombe à la génération suivante. Cn. Cornelius L. f. L. n. cos. en 553 u. c. = 201, et son frère L. Cornelius L. f. L. n. cos. en 555 u. c. = 199, s’appellent tout simplement Lentulus. De même le fils de ce dernier, P. Cornelius L. f. L. n. Lentulus cos. en 592 u. c. = 162. Le petit-fils de celui-ci, célèbre par sa complicité avec Catilina, P. Cornelius Lentulus cos. en 683 u. c. = 71 s’appelle Lentulus Sura[454]. On ne sait ce que devient le cognomen Caudinus dans la descendance de Publius, les personnages qui la composent ne figurant pas dans les Fastes consulaires. Mais le fils de Cn. Cornelius cos. en 553 u. c. = 201, L. Cornelius Cn. f. L. n. Lentulus cos. en 598 u. c. = 156, prend le deuxième cognomen de Lupus, qu’il est du reste le seul à porter, d’autant plus qu’on ne lui tonnait pas de postérité[455].

P. Cornelius P. f. M. n. Maluginensis tr. m. c. p. en 357 u. c. = 397, II en 364 u. c. = 390, cos. en 361 u. c.- 393, mag. eq. en 358 u. c. = 396, reçoit, dans cette dernière fonction, de Tite-Live (V, 19) et de Plutarque (Camille, 5), le cognomen Scipio. D’autre part M. Cornelius Scipio, préteur désigné pour 578 u. c. = 176, reprend tout à coup l’antique surnom Maluginensis, depuis longtemps tombé en désuétude[456]. De ce double fait, Borghesi conclut que les Maluginenses ont donné naissance aux Scipions comme aux Lentuli[457]. Toutefois il renonce à rechercher l’ascendance du premier Scipion ainsi nommé exclusivement ; P. Cornelius Scipio tr. m. c p. en 359 u. c. = 395[458]. Cette famille reste indivise en deus lignées, avec le triple cognomen de Scipio, de Barbatus et de Scapula, jusqu’à la cinquième génération, où l’on rencontre L. Cornelius L. f. Cn. n. Scipio cos. en 495 u. c. = 259 et Cn. Cornelius L. f. Cn. n. Scipio Asina cos. en 494 u. c. = 260, II en 500 u. c. = 254, deux frères dont le second fonde la branche des Asinæ, qui s’éteint du reste avec P. Cornelius Cn. f. L. n. Scipio Asina cos. en 533 u. c. = 221, fils du précédent. Le premier continue celle des Scipions proprement dits par ses deux fils, Cn. Cornelius L. f. L. n. Scipio Calvus cos. en 532 u. c. = 222, et P. Cornelius Scipio L. f. L. n., père de l’Africain et de l’Asiatique. Calvus donne naissance aux Scipiones Hispalli ou Hispani, mais ce cognomen pas plus que ceux d’Africanus, d’Asiagenus, de Calvus, ne semblent représenter des branches distinctes. On constate en effet que ceux qui en sont revêtus ont été admis dans le tombeau commun des Scipions, tandis qu’on n’y trouve ni les Scipiones Asinæ ni les Scipiones Nasica e, dont le premier est P. Cornelius Cn. f. L. n. Scipio Nasica cos. en 563 u. c.  191, fils de Calvus. Les Scipions s’éteignent sous Auguste[459].

M. Willems, se fondant sur la date et sur l’indication de l’ascendance, considère comme un fils de L. Cornelius Cn. f. L. n. Scipio Barbatus cos. en 456 u. c. = 298, Cn. Cornelius L. f. Cn. n. Blasio cos. en 484 u. c. - 270, II en 497 u. c. = 257[460]. Les Blasiones fournissent un préteur au sixième siècle (560 u. c. = 194)[461]. Ils subsistent encore au septième[462].

Peut-être est-il permis de rattacher la branche des Rufini à celle des Cossi. On a remarqué plus haut que P. Cornelius M. f. L. n. Rullus Cossus tr. m. c. p. en 348 u. c. = 406 n’a point de postérité connue. Mais soixante et dix ans plus tard environ, on rencontre P. Cornelius Ruflnus dictai. en 421 u. c. = 333. Le prénom est le même. Le cognomen Rufinus n’est qu’une autre forme de Rutilus. On est donc amené à se demander si P. Cornelius Rutilus Cossus n’est pas le véritable auteur de la branche des Rufini. Cette branche reste indivise jusqu’au bout. Seulement, à la quatrième génération, le cognomen Rufinus fait place à celui de Sulla. Le premier ainsi nommé, P. Cornelius Sulla, préteur en 542 u. c. = 212, a deux fils, dont l’un, Servius, n’a pas de postérité connue, tandis que l’autre, Publius, préteur en 568 u. c. = 186, a un fils, Lucius, père du dictateur et de Serv. Cornelius Sulla. Ce dernier a deux fils qui continuent de porter le même cognomen[463].

Les Dolabellæ, chez lesquels on distingue deux lignées, les Merendæ, moins nombreux et moins illustres, apparaissent à la fin du cinquième siècle et durent, les seconds jusque dans la dernière moitié du sixième, les premiers jusque dans la même période du huitième[464].

Les Cethegi, qui se partagent aussi en deux lignées, apparaissent au milieu du sixième siècle et disparaissent à la fin du septième[465]. Les Merulæ, qui surgissent en même temps, durent un peu moins longtemps[466].

La gens FABIA[467] reste indivise fort longtemps, d’abord sous le cognomen de Vibulanus. K. Fabius est père de trois fils : Q. Fabius K. f. Vibulanus cos. en 269 u. c. 485, II en 272 u. c. = 482 ; K. Fabius K. f. Vibulanus cos. en 270 u. c. = 484, II en 273 u. c. = 481, III en 275 u. c. = 479 ; M. Fabius K. f. Vibulanus cos. en 271 u. c. = 483, II en 274 u. c. = 480. Ce dernier laisse un fils, Q. Fabius M. f. K. n. Vibulanus cos. en 287 u. c. = 467, II en 289 u. c. = 465, III en 295 u. c. = 459, Xvir en 304 u. c. = 450. De Quintus naissent également trois fils : M. Fabius Q. f. M. n. Vibulanus cos. en 312 u. c. = 442, tr. m. c. p. en 321 u. c. = 433, Q. Fabius Q. f. M. n. Vibulanus cos. en 331 u. c. = 423, tr. m. c. p. en 338 u. c. = 416, II en 340 u. c. = 414, et N. Fabius Q. f. M. n. Vibulanus cos. en 333 u. c. = 421, tr. m. c. p. en 339 u. c. = 415, II en 347 u. c. = 407. Le premier des trois, Marcus, est à son tour père de trois fils qui échangent le cognomen Vibulanus contre celui d’Ambustus : Q. Fabius M. f. Q. n. Ambustus cos. en 342 u. c. = 412, tr. m. c. p. en 364 u. c.

3901 N. Fabius M. f. Q. Il. Ambustus tr. m. c. p. en 348 u. c. 4061 II en 364 u. c. - 390, K. Fabius M. f. Q. n. Ambustus tr. m. c. p. quatre fois de 350 u. c. = 404 à 364 u. c. = 390.

C’est ici, vers la fin du quatrième siècle de Rome, que commence le fractionnement de la gens Fabia.

Le premier des trois frères mentionnés plus haut, Q. Fabius Ambustus serait, d’après M. du Rieu[468], le père de C. Fabius Dorso, célèbre par son entreprise héroïque lors de l’occupation gauloise, père sans doute de M. Fabius Dorso cos. en 409 u. c.  345. M. du Rieu conjecture encore que de ce dernier est né C. Fabius Pictor[469], père de C. Fabius Pictor cos. en 485 u. c. = 269, et de N. Fabius C. f. M. n. Pictor cos. en 488 u. c. - 266. Les Fabii Pictores subsistent jusqu’au septième siècle. Les Dorsones se continuent par un certain Marcus, deuxième fils de M. Fabius Dorso cos. en 409 u. c. = 345, père de C. Fabius M. f. M. n. Dorso Licinus cos. en 481 u. c. = 273, père lui-même du dernier représentant de cette branche, M. Fabius C. f. M. n. Licinus cos. en 508 u. c. = 2116. On voit, que vers la fin le cognomen Licinus s’est substitué à celui de Dorso.

Pendant que le premier des trois frères, Quintus, donne naissance à la branche des Dorsones (?), de laquelle sort celle des Pictores (?), le second et le troisième Numerius et Kieso continuent celle des Ambusti.

Kæso a pour fils M. Fabius K. f. M. n. Ambustus tr. m. c. p. en 373 u. c. = 3817 II en 385 u. c. = 369, père très probablement de Q. Fabius Ambustus mag. eq. en 410 u. c. = 344 et dictat. en 433 u. c. = 321.

La descendance de Numerius est plus nombreuse et plus illustre. Il a deux fils : M. Fabius N. f. M. n. Ambustus cos. en 394 u. c. = 3601 II en 398 u. c. 356, III en 400 u. c. = 354, et C. Fabius Ambustus cos. en 396 u. c. = 358. Ce dernier, dont l’ascendance n’est d’ailleurs pas certaine, n’a point de postérité connue ; mais son frère Marcus a trois fils : 1° M. Fabius M. f. N. n. Ambustus mag. eq. en 432 u. c. = 322 ; 2° C. Fabius M. f. N. n. Ambustus mag. eq. en 439 u. c. = 315 ; 3° Q. Fabius M. f. N. n. Maximus Rullianus cos. cinq fois de 432 u. c. = 322 à 459 u. c. = 295.

Caïus n’a point, que nous sachions, de postérité ; mais Marcus est sans doute par son fils, également nommé Marcus, et dont on ne connaît d’ailleurs que le nom, l’auteur de la branche des Buteones. Les deux premiers représentants de cette branche sont N. Fabius M. f. M. n. Buteo cos. en 507 u. c. = 247, et son frère M. Fabius M. f. M. n. Buteo cos. en 509 u. c. = 245. Les Buteones durent jusqu’à la fin du sixième siècle.

Quintus est l’auteur de l’illustre branche des Fabii Maximi qui se succèdent jusque dans la deuxième moitié du huitième siècle. Ils ajoutent le deuxième cognomen Gurges, Verrucosus, Cunctator, Allobrogicus, Sanga, etc. ; mais tons ces cognomina sont personnels à ceux qui les portent et ne représentent point de branche nouvelle. On ne sait trop à qui rattacher Q. Fabius Q. f. Q. n. Labeo cos. en 571 u. c. = 183. M. du Rieu voit en lui un fils de Q. Fabius Maximus cos. en 541 u. c. = 213. Comme il s’appelle Labeo tout court, il se peut qu’il ait fondé une branche distincte de celle des Maximi ; mais on ne lui tonnait pas de postérité.

La gens FURIA[470] se présente d’abord avec le double cognomen de Medullinus Fusus commun à tous ses membres. Ce sont, en première ligne, Sex. Furius cos. en 266 u. c. = 488[471], Sp. Furius Medullinus Fusus cos. en 273 u. c. = 481, L. Furius Medullinus[472] cos. en 280 u. c. = 474, P. Furius Medullinus Fusus cos. en 282 u. c. = 472. Les rapports de parenté de ces quatre personnages ne peuvent être établis.

La descendance de Lucius et de Publius n’est pas connue. L. Furius Medullinus cos. en 341 u. c. = 413, II en 345 u. c. = 409, est peut-être le petit-fils du premier[473]. On ne sait pas davantage où rattacher M. Furius tr. m. c. p. en 351 u. c. = 403, Agripp. Furius Fusus cos. en 308 u. c. = 446, et Agripp. Furius Sex. f. Fusus tr. m. c. p. en 363 u. c. = 391, qui doit être petit-fils du précédent. Pourtant, pour ces deux derniers, l’intercalation d’in Sextus ferait croire qu’ils descendent de Sextus Furius cos. en 266 u. c. = 488.

Avec Spurius, le consul de 273 u. c. = 481, on se trouve sur un terrain plus solide. Il a pour fils Sp. Furius Medullinus Fu-sus cos. en 290 u. c.  464, à moins que celui-ci ne lui soit identique. Le premier Spurius a donc pour fils ou pour petit-fils L. Furius Sp. f. Medullinus tr. m. c. p. en 322 u. c. = 432, Il en 329 u. c. = 4251 III en 334 u. c. = 420. Celui-ci a trois fils dont deux continuent la branche des Medullini, qui parait décidément laisser tomber le cognomen Fusus. Ce sont : L. Furius L. f. Sp. n. Medullinus sept fois tr. m. c. p. de 347 u. c. = 407 à 363 u. c. = 391, et Sp. Furius L. L Sp. n. Medullinus tr. m. c. P. en 354 u. c. = 400. Spurius n’a point de postérité connue, mais Lucius est père de Sp. Furius tr. m. c. p. en 376 u. c. = 378, qui a lui-même pour fils L. Furius Sp. f. L. n. tr. m. c. p. en 384 u. c. = 370, avec lequel finit la branche des Medullini[474].

Le troisième fils de L. Furius Medullinus, le tribun consulaire de 322 u. c. = 432, etc., n’est autre que le vainqueur de Véies et des Gaulois, six fois tribun consulaire de 353 u. c. = 401 à 373 U. C. = 381, cinq fois dictateur de 358 u. c. = 396 à 387 u. c. = 367, censeur en 351 u. c. = 403, M. Furius L. f. Sp. n., le premier qui s’appela Camillus. Il a deux fils, Sp. Furius M. f. L. n. Camillus[475] tr. m. c. p. en 376 u. c. = 378, père de L. Furius Sp. f. M. n. cos. en 416 u. c. - 338, II en 429 u. c. = 325, et aussi très probablement L. Furius Camillus cos. en 405 u. c. = 349.

La branche des Pacili apparaît quelques années plus tôt que celle des Camilli, dans la personne de C. Furius Pacilus cos. en 313 u. c. = 441, II en 328 u. c. = 426 (?). Il porte encore, d’après le Chron. de 354, le cognomen Fusus[476], preuve que les Pacili sont détachés, comme les Camilli, de la branche mère des Medullini Fusi. Ce cognomen n’est plus porté par son fils, C. Furius Pacilus cos. en 342 u. c. = 412[477]. De celui-ci descend C. Furius C. f. C. n. Pacilus cos. en 503 u. c. = 251[478].

Dans le courant du sixième siècle apparaissent les Purpureones, représentés par L. Furius Sp. f. Sp. n. Purpureo cos. en 558 u. c. = 196[479] et son fils, L. Furius légat en 554 u. c. = 200[480] ; les Phili, dont l’auteur est P. Furius Sp. f. M. n. Philus cos. en 531 u. c. = 223, et qui durent jusque dans le septième siècle. Il semble résulter des prénoms et de l’ascendance que ces deux branches sont issues des Medullini ou plutôt des Camilli. Le patriciat des Aculeones, des Crassipedes, des Bibaculi, des Brocchi qui s’élèvent à la même époque n’est pas prouvé.

La gens SERVILIA[481] est divisée, dès le principe, en deux branches dont le cognomen commun est Structus, les Servilii Prisci Structi ou anciens Structi, de la branche mère, et les Servilii Structi Ahalæ qui s’en sont détachés.

La généalogie des premiers s’établit ainsi qu’il suit :

P. Servilius P. f.[482] Priscus Structus cos. en 259 u. c.= 495 a pour fils Sp. Servilius P. f. P. n. Priscus Structus cos. en 278 u. c. = 476, pour petit-fils, P. Servilius Sp. f. P. n. cos. en 291 u. c. = 463, pour arrière-petit-fils, Q. Servilius P. L Sp. n. dictat. en 319 u. c. = 435 et 336 u. c. = 418. Ce dernier rejette le cognomen Structus et ajoute celui de Fidenas à celui de Priscus. Il a pour fils Q. Servilius Q. f. P. n. Fidenas, six fois tr. m. c. p. de 352 u. c.

402 à 368 u. c. = 386. Q. Servilius Fidenas tr. m. c. p. en 372 u. c. = 382, II en 376 u. c. = 3781 III en 385 u. c. = 369 est sans doute fils du précédent.

Une autre lignée se compose de Q. Servilius P. f. Priscus Structus mag. eq. en 260 u. c. = 494, frère du consul de 259 u. c. = 495[483], et peut-être de Q. Servilius Priscus cos. en 286 u. c. 468, II en 288 u. c. = 466, fils du précédent (?).

Le premier des Ahalæ est C. Servilius Structus Ahala cos. en 276 u. c. = 478. Il laisse deux fils[484], Q. Servilius C. f. Structus Ahala questeur en 295 u. c. = 459[485], et C. Servilius Structus Ahala mag. eq. en 315 u. c. = 439. Ce dernier n’a point de postérité connue. Quintus a deux fils : C. Servilius Q. f. C. n. Axilla[486] cos. en 327 u. c. = 427, tr. m. c. p. en 335 u. c. = 419, II en 336 u. c. = 418, III en 337 u. c. - 417, et P. Servilius connu par son fils, C. Servilius P. f. Q. n. Axilla tr. m. c. p. en 346 u. c. = 408, II en 347 u. c. = 407, III en 352 u. c. = 402. Il est difficile de trouver une place à Q. Servilius Q. f. Q. n. Ahala cos. en 389 u. c. = 365, II en 392 u. c. = 362, ainsi qu’à Q. Servilius Ahala cos. en 412 u. c. = 342, lequel doit être fils du précédent.

La gens Servilia rentre dans l’ombre pendant plus d’un demi-siècle, après quoi elle reparaît dans la personne de C. Servilius Tucca cos. en 470 u. c. = 284, le seul qui soit ainsi nommé. Quelques années plus tard apparaissent les Cæpiones et les Gemini, les premiers débutant avec Cn. Servilius Cn. f. Cn. n. Cæpio cos. en 501 u. c. = 253, les seconds avec P. Servilius Q. f. Cn. n. Geminus cos. en 50 : ? u. c. = 252, II en 506 u. c. = 248. Ces deux personnages semblent descendre du même aïeul Cnæus. D’autre part, ce même prénom Cnæus, commun aux Cæpiones et aux Gemini, tandis qu’il ne se rencontre chez aucun des anciens Servilii, atteste assez l’étroite parenté des deux branches[487]. Les Servilii Cæpiones durent jusqu’à la fin de la république[488]. Les Gemini ne tardent pas à passer à la plèbe[489].

La gens SULPICIA présente de grandes lacunes dans son arbre généalogique, de sorte que le rapport de ses diverses branches n’est pas facile à établir.

Elle est d’abord indivise avec le double cognomen de Camerinus Cornutus porté par Serv. Sulpicius Camerinus Cornutus cos. en 254 u. c. = 500, Q. Sulpicius Camerinus Cornutus cos. en 264 u. c. = 490, Serv. Sulpicius Serv. f. Serv. n. Camerinus Cornutus cos. en 293 u. c. = 461, Xvir en 303 u. c. = 451, petit-fils du premier Servius par Serv. Sulpicius curio max. en 291 u. c. = 463[490].

La branche des Camerini proprement dits finit avec C. Sulpicius Camerinus[491] tr. m. c. p. en 372 u. c. = 382. On trouve, il est, vrai, deux Sulpicii Camerini sous Auguste et sous Néron[492], mais, sans doute, ils ont recueilli ce cognomen demeuré vacant depuis des siècles. Peut-être même ne sont-ils pas patriciens.

Les Prætextati paraissent être les premiers détachés des Camerini. Q. Sulpicius tr. m. c. p. en 320 u. c. = 434, appelé Camerinus par les Fastes Hisp. et la Chron. Pasch. reçoit déjà de Diodore (XII, 53) le cognomen Prætextatus. Serv. Sulpicius Prætextatus quatre fois tr. m. c. p. de 377 u. c. = 377 à 386 u. c. = 368, petit-fils peut-être du précédent, est le deuxième et le dernier ainsi nommé.

Les Sulpicii Longi viennent ensuite, représentés par Q. Sulpicius Longus tr. m. c. p. en 364 u. c. = 390 et par C. Servilius Serv. L Q. n. Longus, petit-fils du précédent, cos. en 417 u. c. = 337, II en 431 u. c. = 323. Puis les Sulpicii Rufi qui se succèdent jusqu’à la fin de la république[493]. Puis les Petici ou plutôt un Peticus, C. Sulpicius M. f. Q. n. Peticus cos. cinq fois de 390 u. c. = 364 à 403 u. c. = 351. Puis les Saverriones qui ont deux représentants, P. Sulpicius Serv. f. P. n. Saverrio cos. en 450 u. c. = 304, et P. Sulpicius Saverrio cos. en 475 u. c. = 279[494]. Puis un Paterculus, C. Sulpicius Q. f. Q. n. Paterculus cos. en 496 u. c. = 258. Toutes ces branches sont éteintes, sauf les Rufi, quand, au sixième siècle, apparaissent les Galli[495], qui subsistent jusqu’à la fin de la république[496], et les Galbæ[497] qui arrivent à l’empire après Néron.

La gens VALERIA[498] est représentée d’abord par quatre frères, fils de M. Valerius Volusus : P. Valerius Poplicola cos. quatre fois de 245 u. c. = 509 à 250 u. c. = 504, M. Valerius Volusus cos. en 249 u. c. = 5059 M. Valerius Maximus dictat., en 260 u. c. = 494, et L. Valerius Potitus Volusus cos. en 271 u. c. = 483, II en 284 u. c. = 470.

Le premier donne naissance aux Valerii Potiti Poplicolæ[499] qui durent jusqu’au commencement du cinquième siècle[500].

La descendance du second ne paraît pas aller plus loin que son fils M. Valerius[501].

Le troisième donne naissance aux Valerii Maximi Lactucœ ou Lactucini, dont le dernier est M. Valerius M. f. M. Il. Lactucinus Maximus cos. en 356 u. c. = 398, II en 359 u. c. = 395.

Le quatrième donne naissance aux Valerii Potiti dont le dernier est L. Valerius Potitus cos. en 362 u. c. = 392 ; identique peut-être à L. Valerius L. f. P. n., qui fut cinq fois tribun consulaire de 340 u. c. = 414 à 356 u. c. = 398, ou bien, après lui, C. Valerius Potitus tr. m. c. p. en 384 u. c. = 370[502].

La branche des Valerii Maximi donne naissance à celle des Valerii Maximi Corvi ou Corvini, dont l’auteur est M. Valerius M. L M. n. Corvus, six fois consul, de 406 u. c. = 348 à 455 u. c. = 299, et deux fois dictateur, en 412 u. c. = 342 et en 453 u. c. = 301. Son fils, M. Valerius M. f. M. n. cos. en 442 u. c. = 312, II en 465 u. c. = 2891 III en 468 u. c. = 286, s’appelle, dans les Fastes Capitolins, Maximus ; mais le Chron. de 354 (465 u. c. = 289) dit Corvinus. D’ailleurs, il semble bien être, par l’ascendance indiquée, le petit-fils du dernier Lactucinus Maximus nommé plus haut. Ce fils est, du reste, le dernier de cette branche, laquelle n’est sans doute que la suite, avec changement du deuxième cognomen, de la branche des Maximi Lactucini.

La branche des Valerii Maximi Corvini se continue de même par celle des Valerii Messalæ dont l’auteur est M’ Valerius M. f. M. n. Maximus, plus tard Messala, cos. en 491 u. c. = 263, qui, d’après l’ascendance, la date et le premier cognomen, est très certainement fils du consul de 442 u. c. = 312, etc.[503] On sait que cette branche est florissante dans le premier siècle de l’empire[504].

Des Valerii Potiti sortent les Valerii Flacci ; les deux cognomina sont encore portés par C. Valerius Potitus cos. en 423 u. c. = 331[505]. Mais celui de Potitus ne tarde pas à disparaître. Les Flacci fournissent une brillante carrière jusqu’à la fin de la république[506].

Il semble résulter d’un mot d’Horace[507] que des Poplicolæ étaient issus les Lævini qui apparaissent vers la fin du cinquième siècle[508], et ne vont pas au delà de la fin du sixième[509].

Il reste à signaler les Faltones dont le rapport avec les autres branches nous échappe. Cette nouvelle branche commence avec deux frères, Q. Valerius Q. f. P. n. Falto cos. en 515 u. c. = 239, et P. Valerius Q. f. P. n. Falto cos. en 516 u. c. = 238. Elle finit avec M. Valerius Falto préteur en 553 u. c. = 201[510].

Quelles que soient les incertitudes ou les lacunes de cette histoire du patriciat, il en ressort cette impression très nette que le caractère propre et originel de la gens est l’unité. Sur vingt-huit gentes que nous avons pu étudier d’un peu près, il y en a la moitié, quatorze, qui ne paraissent s’être fractionnées à aucun moment de leur existence, soit qu’elles n’aient jamais eu qu’un cognomen ou plusieurs également portés par tous leurs membres, soit que leurs divers cognomina aient succédé l’un à l’autre de manière à faire croire qu’ils se sont supplantés. Ce sont les gentes Æbutia, Cloelia, Gegania, Genucia, Julia (?), Lucretia, Menenia, Minucia, Nautia, Pinaria, Sempronia, Sergia (?), Veturia (?), Quinctilia, cette dernière représentée par seize individus qui s’espacent durant six siècles et sont tous surnommés Varus. On peut dire, il est vrai, que l’unité de ces gentes est purement apparente et ne tient pas à autre chose qu’aux données incomplètes que nous avons sur leur compte ; mais voici qui est plus décisif. Si nous n’atteignons pas jusqu’à l’époque où la gens maintenait intacte sa constitution primitive, nous pouvons du moins, en descendant le cours des générations, suivre la marche de son démembrement et, à mesure que nous avançons, en constater les progrès. Il ne fait que commencer dans les premières années de la république, au troisième siècle de Rome. Sur les quatorze gentes qui s’offrent à notre étude, il en est sept au moins qui ne se sont pas laissé entamer, l’Æmilia, la Claudia, la Cornelia, la Fabia, la Furia, la Manlia, la Sulpicia. Nous ne parlons pas de la Papiria, qui ne figure dans l’histoire qu’au siècle suivant. Des six qui restent, quatre ne comptent encore que deux familles, l’Horatia (?) (Pulvillus et Cocles ?), la Postumia (Tubertus et Albus ou Albinus Regillensis), la Quinctia (Capitolinus Barbatus et Cincinnatus), la Servilia (Priscus Structus et Structus Ahala ou Axilla). La Verginia en compte trois (Tricostus Rutilus, Tricostus Esquilinus, et Tricostus Cæliomontanus), la Valeria peut-être quatre (Poplicola Potitiis, Volusus, Maximus Lactuca ou Lactucinus, Potitus Volusus)[511]. Le mouvement est déjà plus prononcé au quatrième siècle. Quatre des gentes restées indivises jusque-là entrent, elles aussi, dans la voie nouvelle. La Manlia se scinde en deux familles (Vulso et Vulso Capitolinus). La Cornelia de même (Maluginensis, Cossus). La Furia en compte trois (Medullinus Fusus, Pacilus, Camillus). La Sulpicia va plus loin et se partage en cinq branches (Camerinus Cornutus, Prætextatus, Longus, Rufus, Peticus)[512]. L’Æmilia, la Claudia, la Fabia résistent encore. Le nombre de cinq familles, peut-être seulement de quatre[513], auquel arrive la gens Sulpicia, n’est pas dépassé ni même atteint une seconde fois dans ce siècle. Sur les quatre gentes qui, déjà au troisième siècle, s’étaient divisées en deux familles, trois demeurent stationnaires, la Postumia, la Servilia, l’Horatia, celle-ci avec les Turrini Barbati à la place des Coclites (?). Seule la Quinctia forme une famille nouvelle, celle des Cincinnati Penni. La Verginia perd les Tricosti Rutili et ne garde que les Cœliomontani et les Esquilini. Il est vrai qu’elle est destinée à disparaître bientôt avec l’Horatia. La Valeria, privée des Volusi proprement dits, ne compte plus que trois familles, mais elle n’en avait peut-être pas eu davantage au siècle précédent[514]. La Papiria, qui sort de l’ombre où elle s’était tenue jusqu’à présent, n’en a que deux, les Mugillani continués par les Cursores et les Crassi. Ce n’est guère qu’au cinquième et au sixième siècle que le fractionnement est poussé aux dernières limites. Les gentes retardataires, la Claudia, la Fabia, l’Æmilia, prennent leur essor, la première avec trois familles (Cantho, Pulcher, Nero), peut-être avec six (Caudex, Hortator, Rufus Crassus (?)), la seconde avec trois (Ambustus, Dorso, Pictor) qui, au sixième siècle, deviennent quatre, peut-être cinq (Dorso, Pictor, Buteo, Maximus, Labeo (?)) ; la troisième avec quatre (Paullus, Barbula, Papus, Lepidus)[515], auxquelles viennent s’en ajouter deux autres dans le siècle suivant (Scaurus, Regillus). La Cornelia arrive dès le cinquième siècle à son plein développement avec neuf familles (Lentulus, Cossus, Arvina, Scipio, Scipio Asina, Blasio, Rufinus, Dolabella, Merenda), mais ce chiffre est exceptionnel. La Valeria n’a que trois familles (Potitus Poplicola, Maximus Corvus, Flaccus). La Servilia également (Priscus Structus, Structus Ahala, Tucca). De même la Manlia (Vulso, Capitolinus Imperiosus, Imperiosus Torquatus). La Sulpicia en a quatre (Longus, Rufus, Saverrio, Paterculus), etc., etc. Ainsi, tout en suivant dans l’ensemble les progrès du démembrement, on remarque qu’il ne s’est pas opéré partout dans les mêmes proportions, mais les causes qui l’ont ralenti ou arrêté d’une part pour le précipiter de l’autre restent inconnues.

On essaiera peut-être une fois de plus de contester la valeur de ces résultats. On dira ici encore que nous sommes dupe de notre ignorance, que si le fractionnement de la gens nous apparaît plus clairement dans les temps historiques, c’est uniquement parce qua ces temps sont mieux connus, et que tout y est mieux mis en lumière. Mais ce serait oublier que nous n’assistons pas seulement à la multiplication des familles, que nous les voyons de plus naître les unes des autres et se détacher successivement, soit de la branche mère, soit des rameaux secondaires qui en sont issus. Sans doute, il ne nous est pas donné de vérifier le même fait pour toutes ; mais les observations qu’on a pu recueillir sont assez nombreuses et, le plus souvent, assez certaines pour autoriser une conclusion générale. Les Cornelii Maluginenses, continués par les Lentuli, donnent naissance d’abord aux Cossi, puis aux Scipiones. Des premiers proviennent les Arvinæ, et peut-être les Rufini ; des seconds, les Scipiones Asinæ, les Scipiones Nasicæ et très probablement les Blasiones. Restent en dehors de cette généalogie les Dolabellæ, les Merendæ, les Cethegi, les Merulæ, du cinquième et du sixième siècle. Des Fabii Vibulani continués par les Ambusti, paraissent se détacher, au cinquième siècle, les Dorsones d’où sortent les Pictores (?), au sixième les Buteones et les Maximi. Des Furii Medullini Fusi sont issus les Camilli et les Pacili, peut-être les Purpureones et les Phili. Des Manlii Vulsones, les Capitolini Imperiosi, et de ceux-ci, les Imperiosi Torquati. Des Horatii Pulvilli, les Turrini Barbati. Des Postumii Tuberti, les Albini Regillenses. Des Servilii Prisci Structi, les Structi Ahalæ. Quant aux Cæpiones et aux Gemini, si l’on ne peut saisir leur rapport avec les précédents, on constate du moins qu’ils sont étroitement apparentés entre eux. Les Sulpicii Camerini Cornuti produisent les Prætextati. Des Claudii Sabini Regillenses naissent les Centhones, les Pulchri, les Nerones. Les Verginii Tricosti se partagent en Tricosti Rutili et Tricosti Esquilini, tandis que, d’autre part, le même cognomen Tricostus, porté par les Cæliomontani, nous fait voir, dans cette quatrième branche un rejeton de la première, celle des Tricosti tout court, laquelle devient ainsi la branche génératrice, le tronc d’où est sortie toute la race. Une dernière remarque, qui confirme ce qui a été dit plus haut du régime économique de la gens, c’est que plus on remonte vers les temps anciens, plus le nombre des gentiles se réduit. La cause en est que l’extension de la gens est en raison inverse de sa puissance, parce que la même révolution qui a ruiné la puissance de la gens a supprimé les obstacles qui s’opposaient à sa fécondité.

La gens n’est donc pas autre chose qu’une famille. Tite-Live dit indifféremment la gens des Fabii et la famille des Fabii[516]. Cependant, il arriva un moment où ces deux termes s’opposèrent l’un à l’autre[517]. Cette distinction fut une conséquence des transformations sociales dont on essaie de retracer l’histoire. La gens, c’est l’ensemble des gentiles. La vraie signification du mot familia est autre. B se dit de la propriété, hommes et choses, dans son acception la plus large[518]. On comprend, dès lors, qu’au temps où la familia était indivise dans la gens, ces deux mots aient été considérés comme synonymes. Mais quand il se constitua dans la gens des groupes distincts ayant leur familia particulière, le sens de ce mot se restreignit, tandis que le mot gens ne fut plus employé que pour désigner la grande association naturelle et religieuse à laquelle s’était attachée jadis l’idée d’une familia commune.

Si la gens ne se distinguait pas de la famille, elle devait avoir son pater familias, qui ne pouvait être que l’aîné, car on ne voit pas d’autre titre pour justifier ce privilège. Nous arrivons ainsi au terme de cette recherche. C’était l’aîné qui assurait dans une lignée la perpétuité de la race, puisque les cadets, trop bornés dans leurs ressources, ne pouvaient pas désirer pour eux-mêmes une nombreuse descendance qui, du reste, en se multipliant, aurait fini par compromettre les intérêts et dévorer l’avenir de la communauté. C’était lui qui représentait la gens dans ses rapports avec les gentes voisines et avec l’Etat, qui administrait la propriété commune, distribuait les heredia, établissait les clients. Ce dernier point est essentiel. On se rappelle que les obligations de la clientèle avaient leur principe dans la concession de terre faite par le patron au client. S’il en est ainsi, il est clair qu’aucun des possesseurs d’heredia n’avait droit à ce titre de patron, car leur lot était à peine suffisant pour leur propre entretien. Le seul qui fût en mesure de faire des concessions de ce genre était l’aîné, administrateur, de cette portion indivise du domaine dont les gentiles avaient leur part et où vivaient les clients. Il n’y avait donc qu’un patron et, par suite, il n’y avait qu’un pater familias, car les clients faisaient partie de la famille, et l’on ne pouvait être le chef de la famille si l’on n’était en même temps celui des clients. Quant aux autres membres de la gens, il faut distinguer entre les fils du pater vivant qui ne pouvaient aspirer au titre de pater familias, même s’ils étaient des pères au sens naturel du mot, et les fils ou les descendants d’un pater décédé qui avaient reçu en héritage un terrain de deux jugères. La situation de ces derniers n’apparaît pas bien nettement. Toutefois on ne peut voir en eux des pères de famille, car la famille, indivise au sein de la gens, les comprenait avec ce qu’ils possédaient, et la famille ne pouvait avoir qu’un père. Ce principe est formellement énoncé par Paul Diacre[519]. Le même abréviateur nous apporte un autre texte qui tranche la question. Familia antea in liberis hominibus dicebatur quorum dux et princeps vocabatur pater et mater familiæ, unde familia nobilium Pompiliorgm, Valeriorum, Corneliorum[520]. Les Pompilii, les Valerii, les Cornelii, voilà bien des gentes. Ces deux mots, dux, princeps, considérés comme synonymes de pater, sont également significatifs. Suétone appelle Atta Claudius, le princeps de la gens Claudia[521], et tous les historiens qui racontent l’immigration de cette gens la montrent conduite par un chef[522] qui alla la représenter dans le Sénat.

Il reste à savoir comment s’appelaient les gentiles qui n’avaient point droit au titre de pater. C’est ici qu’apparaît le mot de patricii. Il désignait d’abord les enfants des patres. C’est la définition qu’en donnent les anciens[523], et s’il n’y a rien dans la forme grammaticale du mot qui l’impose, il n’y a rien non plus qui commande de la rejeter. Le suffixe ictus (allongement de icus, ικός) ne paraît pas avoir de sens très déterminé. Il veut dire, le plus ordinairement, qui a rapport à..., qui appartient à... ex. pastor, pastoricius ; gens, gentilicius ; triburius, ædilis, tribunicius, ædilicius, les deux derniers mots se prenant aussi dans le sens d’ancien tribun, ancien édile. Quelquefois il signifie la matière dont une chose est faite : ex. latericius. Ajouté au mot pater, il peut très bien convenir à ceux qui se rattachaient au pater[524], qui, dans une certaine mesure, participaient à la qualité de pater, par opposition aux clients qui n’y participaient point. On comprend qu’à la longue ce qualificatif ait fini par désigner la noblesse patricienne tout entière, la partie la plus nombreuse étant prise pour le tout. On comprend aussi que l’inverse ait eu lieu, et que le mot patres, réservé primitivement aux chefs de gentes, ait été employé à son tour pour dire l’ensemble du patricia. Ce fut la conséquence de la même révolution qui modifia le sens du mot familia, pour avoir séparé la gens en groupes distincts avec un pater à la tête de chacun. Ainsi les mots ont leur histoire où on peut lire celle des faits et des idées.

 

VII. - Comment le nombre de trois cents gentes fut obtenu à l’origine et comment il fut maintenu par la suite. - Des voies légales pour conférer la qualité de patricien. - De la fondation de Rome. Rome colonie albaine. - De l’identité primitive des noms de patricii et d’ingenui.

L’organisation symétrique de Rome patricienne est maintenant complète. Puisque, erg effet, les sénateurs étaient les chefs des gentes, celles-ci étaient, comme les sénateurs eux-mêmes, au nombre de trois cents, dix par curies, cent par tribus. Mais nous n’en avons pas fini avec les objections. On comprend cette symétrie rigoureuse, tant qu’il s’agit de groupes artificiels, tels que les curies et les tribus. On ne la comprend plus dès qu’on veut l’étendre à une association naturelle, telle que la gens. Par quel hasard les gentes se seraient-elles trouvées à l’origine juste trois cents, de manière à être également réparties dans les divisions administratives de la cité ? Par quel hasard non moins surprenant cette proportion se serait-elle maintenue dans la suite ?

Les faits qui ont été établis précédemment ont répondu par avance à la deuxième question.

Cette proportion pouvait être renversée de deux manières : par l’accroissement des patriciens ou par leur diminution. Mais nous savons que l’accroissement des patriciens n’était pas à craindre. Et quand même la famille patricienne n’aurait pas été arrêtée dans son développement par la pénurie de ses ressources, elle aurait eu beau se multiplier, elle n’aurait pas cessé de constituer une famille. Le seul danger était donc que les gentes ne vinssent à tomber fort au-dessous du nombre régulier, et c’est ce qui arriva plus d’une fois. On a vu les mesures prises pour remédier à ce mal chronique.

On voudrait savoir quelles étaient, en dehors de l’adoption, qui n’a rien à voir ici, les voies légales pour conférer la qualité de patricien. Tite-Live met cette phrase dans la bouche du tribun Canuleius : nobilitatem istam vestram quam plerique oriundi ex Albanis et Sabinis, non genere nec sanguine, sed per cooptationem in patres habetis, aut ab regibus lecti, aut post exactos reges, jussu populi[525]. Il résulte de là que l’on entrait dans le patriciat par le choix du Sénat, ce choix étant précédé d’une sorte d’autorisation ou de mise en demeure émanée, sous des formes nécessairement différentes ; du roi, tant qu’il y eut des rois, et, après eux, du peuple. Nous disons du Sénat, car il paraît difficile d’interpréter autrement le texte de l’historien. En effet, ces mots : jussu populi doivent s’entendre d’un vote des comices curiates ou centuriates. Les tributes n’existaient pas encore lors de l’admission des Claudii, à laquelle il est fait allusion lorsqu’il est question de Sabins entrés dans le patriciat après la chute de la royauté. D’ailleurs, leur intervention en un pareil sujet aurait été tout à fait déplacée. Mais on ne voit même pas ce qui aurait motivé celle des comices centuriates, aussi compétents en matière constitutionnelle qu’ils l’étaient peu dans ce qui touchait à l’organisation exclusive de la cité patricienne. Il est donc infiniment probable que Tite-Live attribue à l’assemblée patricienne des comices curiates le vote précédant la cooptatio, et, dès lors, les patres qui effectuent celle-ci né peuvent être que les sénateurs. Car il ne viendra à personne l’idée que la cooptatio in patres ne soit pas aussi la cooptatio a patribus. Quant aux mots ab regibus lecti, ils ne peuvent signifier autre chose que la lectio in senatum[526], et ainsi la phrase de Tite-Live conserve sa symétrie, et le mot patres a le même sens là où il est exprimé que là où il est sous-entendu. Le roi forçait donc la main au patriciat ; il introduisait dans le Sénat des membres plébéiens auxquels les patriciens ne pouvaient pas tenir rigueur sans laisser consommer une atteinte irréparable aux principes qui établissaient leur domination. Il va de soi que le vote des comices curiates, après la chute de la royauté, ne devait pas avoir le même caractère de contrainte tyrannique. M. Weissenborn rappelle à ce propos celui des dix-sept tribus, qui combina l’élection avec le système de la cooptatio pour les collèges sacerdotaux.

Telle est l’explication que l’on peut légitimement proposer pour le texte de Tite-Live, mais il s’en faut qu’ainsi compris il puisse nous satisfaire. La cooptation est un acte commun au corps tout entier dont le coopté doit faire partie. Ajoutez qu’en l’espèce elle intéressait tout particulièrement la société religieuse constituée par les gentes et dont les comices curiates avaient la haute surveillance. S’ils devaient autoriser toutes les mesures qui concernaient la transmission régulière du culte au sein des familles, à plus forte raison leur sanction était-elle nécessaire, quand il s’agissait d’admettre de nouveaux contractants au pacte que la cité avait conclu avec ses dieux. Or, si l’on s’en rapporte à Tite-Live, l’intervention des comices curiates n’avait qu’une valeur secondaire : elle précédait la cooptatio et la rendait possible, mais elle laissait au Sénat le soin de la prononcer. Ce n’est pas la pensée de Denys, quand il rappelle que Servius Tullius, Tarquin l’Ancien et Numa ont été tirés de la plèbe et introduits parmi les patriciens par un vote des Romains[527]. Les Romains qui votaient au temps de Numa et de Tarquin l’Ancien ne pouvaient être que ces mêmes patriciens convoqués dans les comices curiates[528].

Il est vrai que le même Denys montre le premier des Claudii élevé au patriciat par une décision du Sénat et du peuple[529], mais il n’y a pas là de contradiction. Denys assimile le vote de la cooptatio à celui d’une loi ordinaire, et peut-être n’a-t-il pas tort, car rien n’empêche de croire qu’il en fait de cette rogation comme des autres qui devaient avoir été approuvées au préalable ou ratifiées par le Sénat. Est-ce la même idée qu’a exprimée Tite-Live dans le texte qu’on vient d’étudier ? On aurait quelque peine à le soutenir. On se demandera plutôt s’il n’a point voulu rapprocher deux faits distincts, bien qu’à cette époque encore liés l’un à l’autre, l’entrée dans le Sénat et l’entrée dans le patriciat. Malheureusement, cette interprétation n’est pas plus justifiée que la précédente. Si, en effet, par la cooptatio in patres il entend la réception dans le Sénat, il commet une erreur de fait, le Sénat ne s’étant jamais recruté par cooptation. Il en commet une non moins grave s’il applique les mots ab regibus lecti à la réception dans le patriciat. Dira-t-on qu’il suit l’ordre chronologique, mentionnant l’admission au patriciat avant de rappeler l’admission dans le Sénat ; mais, dans ce cas, que signifie ce vote populaire qui se substitue pour la deuxième opération à la lectio royale ? Car ces mots : jussu populi ne sauraient contenir une allusion à l’élection des magistrats, et indirectement des sénateurs, par le peuple. Ce mode de recrutement n’était pratiqué alors que par exception, pour les consuls, quand, par hasard, ils n’étaient pas déjà sénateurs. On sait, du reste, que le chef des Claudii n’était pas entré au Sénat par cette voie. Il y a un autre texte de Tite-Live où il paraît avoir mieux saisi la vérité. C’est quand il nous apprend que Camille fut rappelé d’exil par les comices curiates[530]. Non que ce texte ait en lui-même une grande valeur. Les comices curiates, dès cette époque, ne représentaient plus la cité tout entière et, par conséquent, ne pouvaient ni en fermer, ni en ouvrir l’accès. Ce droit revenait aux comices centuriates ou tributes[531], et, d’ailleurs, cette inexactitude n’est pas la seule qu’on puisse ici reprocher à Tite-Live[532]. Mais, en faisant intervenir les comices curiates, il pensait certainement, lui ou l’auteur qu’il a suivi, à la réintégration de Camille dans le patriciat.

L’ignorance de Tite-Live sur ces matières surprendra moins si l’on réfléchit que, en dehors de la gens Claudia, dont le cas est, ainsi qu’on le verra, des plus douteux[533], les historiens ne signalent pas une famille entrée dans le patriciat depuis la chute de la royauté[534]. La tradition fut donc brisée, au point que César et Auguste, quand ils s’occupèrent de rendre quelque sève à ce vieux corps épuisé, ne voulurent pas ou ne purent pas la renouer. Ils firent des patriciens, en vertu d’une loi ou d’un plébiscite, non pas au moyen de la cooptatio, mais par voie d’adlectio[535], agissant eux-mêmes, sans recourir aux comices curiates dont l’ombre pourtant subsistait et qui, toujours mis en mouvement pour une autre occasion[536], pouvaient l’être également pour celle-ci. Cette manière de procéder a suggéré à M. Mommsen une théorie qui nous paraît mériter d’être reprise[537], bien que l’auteur l’ait abandonnée dans un plus récent ouvrage[538]. Si César, si Auguste surtout n’a pas eu recours à la cooptatio, c’est qu’elle n’était plus praticable depuis longtemps. Comment comprendre autrement que le patriciat, après avoir si largement ouvert ses rangs sous la royauté, les ait fermés tout à coup jusqu’à la fin de la république ? Ce n’est pas assez de dire qu’enivré par sa victoire de l’an 509 il se crut désormais en mesure de se suffire à lui-même. S’il eut cette illusion, il ne dut pas tarder à en revenir. On ne pourra pas non plus donner cette raison que- la création du tribunat ouvrait une carrière nouvelle à l’ambition des grandes familles plébéiennes, en même temps qu’elle rendait plus chère aux autres la possession exclusive des privilèges dont elle menaçait de les dépouiller[539]. Le patriciat était trop intéressé à maintenir son effectif dans des proportions qui ne fussent pas dérisoires ; il trouvait un avantage trop évident à affaiblir la plèbe en lui enlevant ses chefs. D’un autre côté, ce n’était pas à l’époque où les tribuns luttaient péniblement pour leurs premières conquêtes que le titre de patricien pouvait paraître de vil prix. Si donc il n’est question, à aucun moment de la lutte des deux ordres, d’un rapprochement de ce genre, si l’idée même n’en vient à personne, ce n’est pas qu’il ait rencontré un obstacle dans l’indifférence des uns et dans l’orgueil des autres, c’est plutôt qu’il n’y avait aucun moyen de l’opérer. M. Mommsen remarque que le passage de Cicéron[540] sur les conséquences qu’entraînerait l’extinction des anciennes familles patriciennes n’aurait pas de sens si l’on avait pu à volonté en créer de nouvelles[541]. Mais tout s’explique si l’on attribue le recrutement du patriciat aux comices curiates qui, de bonne heure, admirent des plébéiens[542], et perdirent ainsi le droit de conférer un honneur que la cooptatio suppose, par définition, acquis préalablement à tous les votants. On se demande, il est vrai, comment les patriciens ne se sont pas mis en quête d’un autre moyen pour réparer leurs pertes. Est-ce leur orgueil qui a été trop heureux de trouver ce prétexte ? Est-ce leur respect superstitieux pour les vieux usages qui les a arrêtés ? La réponse est embarrassante ; mais une dernière observation qui résulte de ce qui précède et qui vaut la peine d’être faite, c’est que, à l’époque où l’entrée dans le patriciat était possible, elle se confondait avec l’entrée dans la cité. En effet, tant que les comices curiates se composèrent exclusivement de patriciens, ceux-ci furent les seuls citoyens, et ainsi il n’y avait pas, à proprement parler, acquisition du patriciat, mais acquisition de la cité par le mode patriarcal et religieux de la cooptatio. Cette identité des deux actes prit fin, et le premier fut rendu impossible quand le patriciat cessa de former le corps de la cité pour constituer un ordre de noblesse qui ne trouvait plus son organe dans les comices curiates. A cette théorie, dont l’idée lui appartient, M. Mommsen[543] oppose lui-même, et il ne pouvait guère opposer que le texte de Tite-Live relatif au rappel de Camille[544]. Mais on a vu combien l’autorité en est faible. Il est clair que Tite-Live raisonne a priori. D’ailleurs, il est contredit par Cicéron, qui fait honneur de cette mesure aux comices centuriates et leur attribue la même initiative à propos de K. Quinctius et de C. Servilius Ahala[545]. Sans doute, c’est là une autre erreur, volontaire peut-être, car Cicéron, qui venait lui-même d’être ramené d’exil, contrairement à la règle, par les comices centuriates, avait intérêt à les montrer investis de ce droit dés la plus haute antiquité. Mais la vérité est que les comices compétents étaient les tributes[546]. En ce qui concerne Camille notamment, ils ne faisaient, en le rappelant, que réformer leur propre sentence[547], et, quant à sa rentrée dans le patriciat, on remarquera qu’il n’en avait jamais été exclu, et qu’il dut y reprendre sa place, sans autre formalité, une fois rentré dans la cité.

 

Après avoir montré comment le patriciat a pu maintenir le chiffre de trois cents gentes, il faut examiner comment ce chiffre a pu être fixé dans le principe. C’est là un problème qu’on est tenté, au premier abord, de déclarer insoluble ; mais il ne paraît tel que parce qu’il a été mal posé.

Quelques remarques sur les origines de Rome sont ici nécessaires. Le peuple romain, pris à ses débuts, se distingue par un trait particulier : il n’a pas d’enfance ; il ne connaît pas les tâtonnements d’une civilisation qui se cherche ; il ne prélude pas par des essais informes à des conceptions rationnelles et régulières. Ces conceptions, il les a trouvées dans son berceau. A peine Rome est-elle fondée, au milieu de cérémonies qui attestent une doctrine religieuse toute formée, nous sommes en présence d’institutions dont les solides assises s’élèvent sur un plan d’une rigueur géométrique. C’est un édifice construit tout d’une pièce et dont le temps ne pourra que troubler la puissante harmonie. Cette maturité précoce n’est pas le fait d’un peuple qui ne doit qu’à lui-même les premiers éléments de son organisation sociale ; l’observation la plus superficielle y saisit tout un ensemble de traditions puisées ailleurs et remontant à un passé déjà lointain. Les anciens, à qui n’avait pas échappé ce signe caractéristique de Rome naissante, ont imaginé, pour tout expliquer, la double intervention d’un législateur politique et d’un législateur religieux. C’est un procédé qui leur est ordinaire, mais dont l’apparente simplicité ne saurait nous suffire. Considérons plutôt le milieu où Rome naquit et grandit. A l’époque où la légende place sur les bords de l’Albula, sur les confins des pays latin et étrusque l’établissement de la ville du Palatin, la région environnante offrait au peuple nouveau-né le modèle d’une société constituée. A quelques lieues de là florissait Albe la Longue, dont la suprématie s’étendait sur tout le Latium qu’elle avait couvert de ses rejetons. Tite-Live[548] et Denys[549] voient dans les villes de la confédération latine autant de colonies albaines, et l’on ne trouve aucune bonne raison pour y contredire. Car, s’il est certain que plusieurs des villes en question se vantaient, à juste titre ou non, d’une autre origine[550], ces récits, où se complaisait le patriotisme local, n’avaient rien d’inconciliable avec le fait de la colonisation albaine. On n’ignore pas, en effet, que, dans la langue des Latins, coloniser une ville n’équivalait pas à la fonder. Rome était-elle une de ces colonies ? C’est elle-même qui répond quand elle fait de son héros éponyme un fils de la maison royale d’Albe. Pour Tite-Live, les compagnons de Romulus et de Remus sont des Albains, des Latins, de véritables émigrés, un excédant de population qui va chercher fortune au-dehors[551]. Les bergers, dont on a voulu faire le noyau de la population primitive[552], ne sont au contraire présentés que comme un élément accessoire. La guerre entre Rome et Albe est une guerre civile, une guerre de famille entre pères et enfants. Les deux peuples appartiennent à la même race troyenne[553]. Denys ne parle pas autrement que Tite-Live. Avec l’emplacement où doit s’élever la ville future, Numitor concède aux deux jumeaux une partie de son propre peuple, des Albains et, parmi eux, des patriciens[554]. Ailleurs, le même historien met ces paroles dans la bouche de Sp. Cassius : Albe, dont Rome est issue[555]. Contre une tradition si généralement acceptée et si fondée en raison, il ne suffit pas d’alléguer quelques fables où elle est perdue de vue et qui viennent, pour ainsi dire, se jeter à la traverse[556].

Les historiens se sont donc trompés lorsqu’ils nous montrent dans les premiers Romains un ramas d’aventuriers groupés sans choix autour d’un compagnon devenu, par son audace, leur chef. S’il était vrai, il est clair qu’on ne pourrait admettre comme vraisemblable un nombre originel de gentes, répondant exactement aux divisions politiques tracées par le législateur. Mais cette difficulté est levée du moment où ce n’est pas le hasard qui a présidé à la naissance de la ville de Romulus. Si Rome est une colonie d’Albe, il faut admettre que la deductio s’est opérée suivant certaines formes consacrées, semblables à celles que l’on observe plus tard dans les colonies romaines. Les hommes descendus d’Albe sur le plateau du Palatin y sont venus avec les institutions politiques et religieuses de la mère patrie, organisés par tribus et par curies, et distribués dans ces tribus et ces curies en nombre égal. C’est ainsi qu’eux-mêmes enverront au-dehors leurs essaims de trois cents colons organisés à leur image. Et, de même que ces colons formaient, au milieu des populations conquises, l’aristocratie des citoyens romains, de même ces premiers citoyens de la Rome carrée, groupés autour de la Vesta nationale, se distinguent nettement de la population sans cesse grossissante qui se forme autour d’eux. D’un côté, la plèbe laissée en dehors de la cité ; de l’autre, les fondateurs qui jouissent seuls des droits politiques et religieux, qui ont reçu le dépôt des promesses divines manifestées par les auspices, qui forment le Sénat[557]. Ceux-là avec leur famille, au milieu des clients qu’ils ont amenés à leur suite, et des autres qu’ils ont pu recruter depuis, sont la noblesse des patricii ou des ingenui, deux termes qui, à l’origine, avaient une application commune. On trouve, en effet, dans les auteurs anciens, deux définitions du patriciat. Suivant Cicéron[558] et Tite-Live[559], il se composa des sénateurs et de leur descendance masculine. Mais ailleurs le même Tite-Live attribue ces paroles au plébéien Decius Mus : Ne savez-vous donc pas que les premiers patriciens ne sont pas descendus du ciel, mais qu’on reconnut pour tels ceux qui pouvaient citer leur père, c’est-à-dire les ingénus et rien de plus ?[560]  En d’autres termes, le patriciat comprenait tous les ingénus, tous les hommes de race libre. On aura beau démontrer que l’étymologie patrem ciere, présentée à l’appui de cette définition, n’est pas sérieuse. Il ne s’ensuivra pas que la définition elle-même n’ait pas de valeur. Les anciens la tenaient pour vraie puisqu’ils acceptaient d’un accord général l’étymologie sur laquelle elle était fondée[561]. Le jurisconsulte Cincius la donne même indépendamment de toute étymologie[562]. S’il en est ainsi, l’autre définition doit être écartée comme trop étroite. Tout au moins faut-il choisir. C’est le raisonnement qui vient d’abord à l’esprit, au risque de mettre Tite-Live en contradiction avec lui-même. Mais il nous est facile maintenant de reconnaître à l’une et à l’autre explication le même caractère de vérité. D’abord il n’y a d’ingénus que les chefs et les membres des gentes, c’est-à-dire les sénateurs et leurs descendants. Ce sont les plus anciens bourgeois de Rome, comme les appelle Cicéron[563]. Tout le reste est engagé dans les liens de la clientèle[564]. Mais il vient un temps où les clients s’émancipent, où les plébéiens font leur entrée dans la cité[565]. La qualité d’ingénu cesse d’être la propriété exclusive des familles sénatoriales, et le patriciat n’est plus que la noblesse de Rome, après avoir été le peuple romain tout entier. Cette origine de Rome explique l’idée que l’on s’y faisait de la propriété. Gaius nous dit que les Romains n’en connaissaient pas de plus légitime que celle qui dérivait de la conquête[566]. C’est pour cela que l’Etat, seul artisan de la conquête, était dans le principe le seul propriétaire, comme l’atteste la répartition des terres attribuée- à Romulus[567]. On s’est demandé de quelle conquête il s’agit. On a rappelé l’occupation de l’Italie par les tribus aryennes[568]. C’était remonter bien haut. Peut-être vaut-il mieux se souvenir que Rome était une colonie, et qu’une colonisation, pacifique ou violente, est une prise de possession qui a le caractère de la conquête.

 

VIII. - Les decemprimi.

Pour achever ce qui a rapport à l’organisation du Sénat primitif, il reste à dire quelques mots d’une institution mal connue, mais qui la complète par un trait essentiel. Nous voulons parler du conseil des dix (decem primi, decem principes, δέκα πρώτοι, δέκα πρωτεύοντες), composé par les sénateurs placés en tête de chaque décurie.

Les textes sont peu nombreux. Denys raconte que, lors de la retraite de la plèbe sur le mont Sacré, les consuls choisirent dix députés, les plus illustres parmi les plus anciens, tous consulaires, sauf un[569]. Plus loin, Menenius Agrippa, un de ces dix députés, dit à la plèbe : Nous sommes les dix directeurs du Sénat, ceux qui émettent leur avis avant tous les autres[570]. Lors des débats relatifs à la loi de Sp. Cassius, le Sénat décide qu’il formera une commission de dix des plus anciens consulaires[571]. Enfin, dans la grande discussion qui suit la convocation du Sénat par les seconds décemvirs, les dix premiers sénateurs opinent avant les autres membres de l’assemblée[572]. On ne voit pas que ces dix premiers soient mentionnés par Tite-Live, à moins qu’on ne veuille les reconnaître dans ces primores patrum dont il est souvent question chez cet historien, sans que leur nombre soit déterminé[573]. Valère Maxime signale un sénatus-consulte qui confia à chacun des peuples de l’Etrurie les fils des dix premiers citoyens pour les faire instruire dans la science des choses sacrées[574]. Malheureusement, il ne donne de ce document ni le texte ni la date. Il ajoute seulement qu’à cette époque Rome était déjà arrivée à un haut degré de splendeur et de prospérité[575].

Les auteurs signalent fréquemment, dans les temps historiques, des commissions sénatoriales de dix membres, instituées le plus souvent pour conclure un traité de paix ou pour rédiger la loi d’une province récemment conquise[576]. Sans doute, il y a entre ces commissions et celles dont parle Denys de profondes différences. Les unes existent à l’état permanent, les autres sont formées en vue d’une circonstance spéciale, par le tirage au sort, ou par le choix du magistrat compétent. Les unes comprennent les plus éminents personnages du Sénat et donnent l’impulsion à cette assemblée, les autres sont ordinairement composées de manière à représenter les diverses classes de sénateurs, et leurs attributions se renferment dans un cercle strictement limité[577]. Toutefois, on peut se demander si les premières ne dérivent pas des secondes par une imitation indirecte. Ce qui est certain, c’est que le nombre dix était de tous le plus conforme à la tradition[578]. Tite-Live dit à deux reprises qu’on composa une légation de dix membres, suivant les usages des ancêtres[579]. Et c’est ainsi que s’explique l’emploi persistant du mot décurie pour désigner des commissions beaucoup plus nombreuses, telles que les décuries judiciaires[580].

Nous sommes ramené ici sur le terrain où nous nous sommes placé au début de cet ouvrage. L’idée d’un conseil des dix, tiré d’une assemblée plus nombreuse et élevé au-dessus d’elle, n’était pas particulière aux Romains. Nous l’avons rencontrée déjà dans les cités phéniciennes, et notamment à Carthage[581]. Peut-être est-ce à l’influence punique qu’il convient de faire remonter les traces d’une organisation semblable, subsistant encore, sous l’empire, dans quelques villes d’Afrique et d’Espagne. Une inscription du temps de Septime Sévère, provenant de Cirta, signale un personnage du nom de Florus qui se dit : princeps et undecim(us) primus gentis Saboidum[582]. Cette formule, n’étant répétée nulle part ailleurs, demeure très obscure. Comment, en effet, le même homme pouvait-il être classé le onzième et qualifié de princeps ? Il paraît seulement que l’on distinguait chez ce peuple entre les dix premiers citoyens et les autres qui formaient une catégorie inférieure. Une deuxième inscription, également africaine et découverte récemment, est plus claire. Nous y voyons qu’une statue fut érigée à Commode, sous le règne de Pertinax, par P. Valerius Longus, princeps, P. Valer. principis f., en souvenir de ce principat dont il avait été honoré après son père[583]. L’auteur du recueil des inscriptions d’Espagne rapproche le premier de ces deux monuments d’un autre contemporain de Claude et trouvé à Cartima, dans la Bétique. Il y est question d’un certain Vestinus, qui a le titre de Xvir[584]. Ce monument est lui-même illustré par un troisième provenant de la ville d’Ostippo, située à une petite distance de la précédente. Il représente la base d’une statue élevée à Drusus, fils de Tibère, par Q. Larius Xvir maximus, c’est-à-dire le premier du conseil des decemviri[585]. Comme les deux inscriptions espagnoles sont l’une et l’autre antérieures à la concession du droit latin par Vespasien, on est d’autant plus autorisé à reconnaître une institution indigène dans celle qui s’y trouve mentionnée[586]. Si, d’autre part, nous jetons les peux sur la partie orientale du monde romain, ou, pour être exact, sur l’Asie Mineure et les îles de l’Archipel, les documents épigraphiques, commentés par les codes, nous y parlent fréquemment d’une fonction municipale dite δεκαπρωτεία (decemprimatus), du nom de ceux qui en étaient revêtus, les δεκάπρωτοι (decemprimi). On appelait ainsi dix décurions chargés pour un certain temps du recouvrement des impôts, moyennant quelques immunités, et responsables du succès de cette opération[587]. Ici, pas plus que tout à l’heure, on n’est en présence d’une importation étrangère, mais d’une institution qui a ses racines dans la contrée où elle parait s’être développée exclusivement. Il est probable seulement que l’administration romaine s’est emparée de ce qui existait avant elle et l’a transformé pour en tirer parti[588].

C’est l’Italie surtout, dans ses colonies et ses municipes, qu’il faut observer. On n’ignore pas que la constitution des colonies romaines, qui servit de modèle à celle des municipes, était exactement calquée sur celle de Rome primitive. Par le nombre des citoyens, par leur groupement, par la nature des pouvoirs, elles offraient autant d’images réduites de la cité patricienne[589]. Et comme les colonies étaient de fondation relativement récente, comme de plus elles échappaient aux révolutions qui, dans la métropole, amenèrent la chute des vieilles institutions, il n’est pas surprenant que les formes patriciennes se soient conservées plus longtemps dans l’organisation municipale, et s’y retrouvent en traits plus lisibles que dans celle de Rome. Les colonies latines ne différaient pas sur ce point des romaines. Elles avaient les mêmes magistrats, le même sénat[590]. Rome n’était-elle pas elle-même une colonie latine, et n’avait-elle pas commencé par tenir sa place- dans la confédération des trente villes sous l’hégémonie d’Albe ? S’il en est ainsi, on ne reverra pas sans intérêt, dans les sénats italiens, ces mêmes decemprimi dont quelques mots de Denys nous révèlent l’existence dans le Sénat romain des anciens temps.

Les decemprimi, italiens ne sont point, comme ceux que l’on trouve en Asie Mineure, investis d’attributions spéciales. Ce sont les dix premiers personnages de leur ordre, inscrits en téta de l’album, et adjoints aux magistrats pour certaines missions importantes. C’est avec ce caractère qu’ils se présentent, à l’époque d’Auguste, dans le premier des deux monuments connus sous le nom de Cénotaphes de Pise. Ce monument, où se trouvent consignés les honneurs votés par le sénat de la colonie de Pise à la mémoire de L. Cæsar, nous apprend que l’exécution du décret fut confiée au duumvir C. Saturninus et aux decemprimi[591]. L’autre inscription, qui rapporte des mesures semblables prises en l’honneur de C. Cæsar, ajoute que, en l’absence de magistrats élus, T. Statulenus Juncus, princeps coloniæ, sera chargé de transmettre le décret à Auguste[592]. Il s’agit, sans doute, d’un des decem principes, peut-être du premier d’entre eux, qui a aussi la situation de princeps senatus[593]. Le monument de Pise est le plus récent de tous les textes où se trouvent mentionnés les decemprimi, d’un municipe italien[594]. Les autres, qui ne sont point épigraphiques, appartiennent à une période antérieure. On lit dans une lettre de Cicéron à Atticus : (Antonius) evocavit litteris e municipiis decemprimos et IIIIviros[595]. Dans le plaidoyer pour Roscius d’Amérie, on voit que les décurions de cette ville, désireux d’intervenir en faveur de leur concitoyen, délèguent les decemprimi à Sylla. Decurionum decretum statim fit ut decemprimi proficiscantur ad L. Sullam[596]. A Tite-Live raconte qu’en l’an 550 u. c. = 204 les consuls mandèrent à Rome les magistrats et les dix premiers de douze colonies latines[597]. Enfin, en l’an 414 u. c. = 340, la même invitation est adressée aux dix premiers des Latins, à la veille de la défection des villes latines : Decem principes Latinorum Romam evocaverunt[598]. Ce dernier texte demande un commentaire. M. Weissenborn croit qu’il s’agit simplement de dix personnages pris parmi les plus illustres des Latins, et non point, comme l’a soutenu Niebuhr, d’une délégation du Sénat fédéral. Mais l’emploi de ce terme consacré decem principes est remarquable. Nous savons peu de chose sur l’organisation de la ligue latine. Il est certain seulement qu’elle présentait avec celle de Rome des analogies singulières[599]. Les institutions militaires, et par suite les institutions sociales, étaient des deux côtés les mêmes. La fusion des deux armées au temps de Tarquin le Superbe le prouve assez[600]. On en peut dire autant du gouvernement. La confédération a à sa tête deux magistrats appelés préteurs[601], titre qui a été d’abord celui des deux consuls romains[602]. Elle a une assemblée générale[603], qui se compose des députés des villes et qui forme un véritable sénat. Tarquin, dit Denys, envoya des messagers pour convoquer à l’assemblée de Ferentina ceux qui d’habitude formaient le Sénat de la confédération des Latins[604]. Plus loin : Les conseillers, πρόβουλοι qui avaient prononcé ce serment étaient les délégués des villes suivantes, etc.[605] Le mot πρόβουλοι est employé ailleurs par Denys pour désigner les sénateurs romains[606]. Ces délégués des Latins sont apparemment les mêmes que Tite Live appelle souvent les proceres[607], les primores[608], les principes Latinorum[609]. Mais quels pouvaient être ces principes, sinon les decemprimi, que le même Tite-Live nous fait connaître ailleurs[610], c’est-à-dire les représentants autorisés, les députés ordinaires des sénats de chaque cité latine ? Le nombre de ces cités étant invariablement fixé à trente[611], le Sénat fédéral des Latins aurait donc compris, comme celui de Rome, trois cents membres ; et comme celui de Rome, il aurait eu dix chefs, ceux-là même que les consuls essayèrent d’attirer pour s’assurer de la fidélité de leurs concitoyens.

On le voit, le conseil des decemprimi est une des institutions nationales du Latium. On se demandera sur quoi elle est fondée. Les sénateurs des municipes, comme ceux de Rome, étaient classés sur l’album d’après leur dignité respective, en commençant par ceux qui avaient exercé des magistratures, et suivant qu’elles étaient plus ou moins élevées[612]. Ceux-ci formaient une classe supérieure, la classe des honorati, des principales, des primarii[613], avec lesquels on identifie ordinairement les principes[614]. Mais le nombre des principes était fixé à dix, quand celui des honorati était nécessairement indéterminé et pouvait aisément être plus grand. Il faut donc que cette identification n’ait pas toujours été exacte, et que l’institution des decemprimi se rapporte à un autre mode de classement auquel elle a survécu. Le même raisonnement s’applique aux decemprimi du Sénat romain. Si nous en croyons Denys, il faut voir en eux les dix plus anciens consulaires[615]. On examinera ailleurs ce que vaut ce renseignement[616]. En attendant, il suffit de constater que les decemprimi ont commencé par être autre chose, car il est clair qu’ils ne sont pas sortis du classement des sénateurs d’après les magistratures exercées. Ils remontent à un temps où le Sénat était organisé d’après un principe différent. Dès lors, on ne peut s’empêcher d’établir un rapport entre cette institution et celle des dia décuries sénatoriales. Les decemprimi n’étaient pas les sénateurs inscrits dans une des dix décuries, car il n’y a aucune raison pour reconnaître à une d’entre elles une prééminence sur les autres, et d’ailleurs elles ne tardèrent pas à compter vingt et puis trente sénateurs[617]. Mais puisque chaque décurie contenait un représentant de chaque curie, de manière à être en quelque sorte une réduction de la cité, c’étaient les chefs de file des décuries, les sénateurs inscrits en tête de chacune d’elles, qui étaient les chefs naturels du Sénat. L’organisation était la même dans les sénats des colonies. On a vu qu’ils devaient être, à l’origine, composés de trente membres représentant chacun une décurie, et trois par trois, une curie[618]. Dans ce système, les decemprimi étaient les premiers de ces groupes de trois, lesquels répondaient aux groupes de trente du Sénat de la métropole.

Il ressort de ce qui précède que les decemprimi ne pouvaient être tirés que d’une tribu, et cette tribu était, sans aucun doute, celle qui, pendant une première période de l’histoire romaine, avait constitué exclusivement le Sénat. Le principe du classement par l’ancienneté se retrouve appliqué dans d’autres circonstances et à d’autres époques. Cicéron nous apprend que les gentes minores, créées en dernier lieu, venaient à la suite des majores[619]. Bien des siècles après, les populations italiennes, admises au droit de cité, formèrent d’abord huit tribus nouvelles qui votèrent après les trente-cinq anciennes[620]. De même les tribus primitives étaient classées dans le Sénat suivant qu’elles y figuraient depuis plus ou moins longtemps. En d’autres termes, chaque décurie comprenait trois classes de sénateurs, égales en nombre, inégales en dignité : la classe des Ramnes, celle des Tities, celle des Luceres, à supposer toutefois que tel soit l’ordre suivant lequel les trois tribus ont fait successivement leur entrée dans le Sénat. Au reste, leur fusion s’est opérée assez tôt pour que leur inégalité respective n’ait laissé aucune trace dans les traditions de cette assemblée. La cause en est peut-être dans la rapide diminution de plus vieilles familles patriciennes. Peut-être aussi la création des gentes minores, en opposant un patriciat nouveau aux familles survivantes de l’ancien, eut-elle cet effet d’amener un rapprochement entre ces dernières. C’est ainsi que l’on verra, un siècle plus tard, les deux patriciats confondus dans un sentiment commun d’hostilité à la plèbe[621]. Mais ici nous touchons aux premiers changements introduits dans la constitution du Sénat patricien. C’est une autre période qui s’ouvre dans son histoire, et dont l’étude doit être renvoyée à la deuxième partie de cet ouvrage.

 

 

 



[1] V. § 2.

[2] P. 246. ...curiatim (?) in senatum legerunt. V. 2e partie, chap. II, § 5.

[3] Willems, Sénat, I, p. 155.

[4] Id., Droit public, p. 35.

[5] App., B. C., I, 35.

[6] Ibid., 59, 100.

[7] Dion Cassius, XLIII, 47.

[8] Ibid., LIV, 14.

[9] II, 12. Cf. 47.

[10] V. ch. III, § 3.

[11] Röm. Forsch., I, p. 261, n. 18.

[12] Untersuch. über Röm. Verfass., p. 341.

[13] P. 246.

[14] De magistr., I, 16.

[15] Fastes, III, 127.

[16] II, 57.

[17] I, 17.

[18] V. le commentaire de Weissenborn.

[19] T. L., VIII, 15.

[20] III, 8.

[21] L’expression consacrée est prodere. V. Willems, Droit public, p. 210.

[22] De Rep., II, 12.

[23] Numa, 2.

[24] Röm. Forsch., I, p. 221.

[25] Ibid., p. 219.

[26] V. 3e partie, ch. I, § 4.

[27] II, 57.

[28] Röm. Forsch., I, p. 223 et note 8.

[29] II, 7.

[30] Hist. rom., trad. Golbéry, II, p. 1, etc. Cf. Giraud, De la gentilité romaine, Revue de législation, 1846.

[31] Becter, Alterth., II, p. 40. Lange, Alterth., I, § 40, p.199. Willems, Droit public, p. 38.

[32] Fastes, III, 130. V. Belot, Cheval. rom., I, p. 151, 152.

[33] V. Lange, ibid., p. 201.

[34] Ibid. Cf. Pauly, Encykl., II, p. 885.

[35] Dig., L, XVI, 239, 5.

[36] V. Marquardt, Staatsverw., I, p. 467.

[37] Ibid., p. 36.

[38] Ibid., p. 502.

[39] Ibid., p. 36, 37. Le nombre trente se conserva dans quelques localités peu importantes. V. Henzen, 6999.

[40] T. L., I, 35. Cie., De Rep., II, 20. V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 277. 279.

[41] T. L., II, 16.

[42] I, 30.

[43] De Rep., II, 20.

[44] V. 2e partie, ch. II, § 3. Cf. Willems, Sénat, I, p. 35 et 42.

[45] T. L. II, 48 ; VI, 20. Cie., Philipp., I, 13. Paul. Diac., p. 151. Suet., Tib., 1.

[46] Discours du consul Fabius, T. L., II, 48.

[47] V. Genz, Das patricische Rom., p. 1-32.

[48] Cic., De leg., II, 24. Dig. XVIII, I, 22. Paul., Sentent., I, XXI, 79 etc.

[49] Plut., Public., 23.

[50] Suet., Tib., 1.

[51] T. L., V, 46. V. Marquardt, Privatleben, I, p. 353.

[52] Sur cette légende, v. Belot, Cheval. rom., II, p. 73.

[53] O. c., p. 14.

[54] II, 5. Tite-Live signale aussi les prata Mucia, II, 13.

[55] XXVI, 32. Val. Max., IV, 1, 7. Plut., Marcell., 23.

[56] Divinat. in Cæc., 14 : Omnino Marcellorum nomini tota illa provincia adjuncta est. Quand les habitants d’Halèse demandent des lois au Sénat, le préteur C. Claudius Pulcher, qui est chargé de leur en donner, ne fait rien sans consulter tous les Marcelli existants adhibitis omnibus Marcellia qui tum erant. Cicer., Act. in Verr., II, 49.

[57] V. Marquardt, Privatleben, I, p. 198.

[58] Aul. Gell., V, 13. Citation du grand pontife C. Cæsar : neque clientes sine summa infamia deseri possunt, quibus etiam a propinquis nostris opem ferri instituimus. Ces obligations des gentiles ne peuvent pas aller sans réciprocité.

[59] Cie., De Orat., I, 39.

[60] II, 9, 10.

[61] Aul. Gell., l. c. Citat. de Caton : Patrem primum, postea patronum proximum nomen habuere. Denys, II, 10 : όσα περί παίδων πράττουσι πατέρες. — Festus, p. 253 : Patronus a patre cur ab antiquis dictus sit manifestum : quia, ut liberi, sic etiam clientes numerari inter domus familiam quodammodo possunt.

[62] P. 246 : Quia agrorum partes attribuerant tenuioribus perinde ac propriis liberis. Ce texte est très mutilé, ainsi que le précédent, mais le sens général n’est pas douteux.

[63] Inst., II, t. IX, § 1.

[64] Denys, II, 10.

[65] M. Mommsen croit que patronus a été d’abord identique à pater. Il correspond à matrona. Röm. Forsch., I, p. 356. Cf. Lange, Alterth., I, § 42, p. 215.

[66] Varr., R. R., I, 10 : Bina jugera quod a Romulo primum divisa viritim quæ heredem sequerentur heredium appellarunt. Cf. Paul Diac., p. 99 : Heredium prædium parvulum. Pline, H. N., XVIII, 2, édit. Detlefsen.

[67] Macé, Lois agraires, p. 119-125. Cf. Mommsen, Hist. rom., trad. Alex., I, p. 251 et n. 1.

[68] Pline, H. N., XVIII, 2, etc. édit. Detlefsen.

[69] L’ager publicus ne consistait guère, à l’origine, qu’en pascua. L’ager occupatorius devait être réduit à peu de chose avant les premières conquêtes. V. Humbert, Ager publicus. Daremberg et Saglio.

[70] H. N., XIX, 4. Si deux jugera étaient à ce point insuffisants, comment se fait-il que les lots des colons n’aient pas été plus considérables ? Il doit y avoir là-dessous quelque malentendu. Remarquons que, de bonne heure, les assignations faites aux plébéiens étaient de sept jugera (Pline, H. N., XVIII, 3. T. L., V, 30. Val. Max., IV. III, 5). Encore la concession paraissait-elle médiocre (Pline, l. c.). Plus tard elle fut plus importante (Mommsen, C. I. L., I, p. 97). Il n’y a qu’un texte de Tite-Live qui puisse être invoqué : c’est celui où il mentionne l’assignation de deux jugera aux colons d’Anxur (VIII, 21. 425 u. c. = 329). Il est vrai qu’il donne le même renseignement à propos de la fondation de la colonie de Labici (IV, 47. 336 u. c. = 418). Mais le fait même de cette fondation a été révoqué en doute pour de très bonnes raisons (V. Mommsen, Hist. rom., trad. Alex., II, p. 141, n. 1. Id., C. I. L., I, p. 88. Cf. Weissenb., T. L., l. c. Marquardt, Staatswerv., I, p. 38). On sait d’ailleurs que les lots n’étaient fixés d’avance que lorsqu’il y avait assignatio sans fondation de colonie (V. C. I. L., l. c.). Les autres textes peuvent s’entendre de simples assignations à des hommes déjà propriétaires ailleurs (T. L., VI, 36 ; VIII, 11. V. C. I. L., I, l. c.). V. la note de M. Mommsen, Hist. rom., I, p. 251, trad. Alexandre.

[71] La période conquérante de Rome royale ne commence guère qu’avec Ancus Marcius, le fondateur d’Ostie. Les essais de colonisation dont Tite-Live et Denys font honneur à Romulus sont du domaine de la fable. En tout cas, ces colonies auraient été dans le voisinage immédiat de Rome. La tradition n’attribue de colonies ni à Numa ni à Tullus Hostilius. La chute d’Albe n’enrichit pas le patriciat romain, s’il est vrai qu’elle laissa subsister le patricial albain en tout ou en partie (V. 2e partie, ch. I, § 1). Mais avec Ancus Marcius, le régime de la cité commence à se modifier. La plèbe apparaît. On verra du reste comment ce changement n’influa pas tout de suite sur les conditions d’existence de la gens. V. 2e partie, ch. II, § 3.

[72] T. L., VII, 15. On remarquera aussi que le même nombre rappelle les trois cents spartiates de Léonidas morts dans des conditions à peu près semblables. Ces analogies ne permettent-elles pas de soupçonner quelque arrangement ingénieur dans les récits des annalistes ?

[73] T. L., II, 50 ; III, 1. Denys, IX, 22. Ovide, Fastes, II, 235, etc. Zonaras, VII, 17, etc.

[74] L. c. On a contesté (Schwegler, Röm. gesch., II, p. 526), l’authenticité de cette tradition, sous prétexte que cet enfant ne serait autre que Q. Fabius, consul en 287 u. c. = 467, dix ans après la catastrophe (277 u. c. = 477) et douze ans après le départ de la gens (275 u. c. = 479). Mais on oublie que les lois annales n’existaient pas encore et que l’on pouvait arriver fort jeune au consulat. M. Valerius Corvus fut consul à vingt-trois ans, en 406 u. c. = 348 (T. L., VII, 26. Cf. Cie., Phil., V, 17. Tac., Ann., XI. 22). Supposons que Fabius ait eu entre douze et quinze ans, au moment où les siens allaient combattre sur le Crémère. Il était puer impubea et adhuc non utilis armis (Ovide, l. c.), ce qui n’empêche pas qu’il ait pu être consul dix ou douze ans plus tard.

[75] Dans le récit qui nous montre toute la gens Potitia, détruite pour avoir négligé les devoirs de son culte envers Hercule, la gens se compose de douze familles et compte trente pubères ; mais, outre que ce fait tient plus de la légende que de l’histoire, il est censé se passer au milieu du cinquième siècle de Rome (T. L., IX, 29. Festus, p. 237. Val. Max., I, I, 17). A cette époque, les causes qui entravaient le développement de la gens n’existaient plus, ainsi qu’on le montrera plus loin.

[76] Röm. Forsch., I, p. 102-123.

[77] Sénat, I, p. 49-88.

[78] V. 2e partie, chap. II, § 1.

[79] Mommsen, o. c., p. 122.

[80] Willems, Sénat, I, p. 520, n° 322.

[81] Tac., Ann., II, 52 ; VI, 1 ; XII, 52. Suet., Claude, 13.

[82] Ann., II, 52.

[83] On verra plus loin (§ 5), que c’était assez l’usage chez les familles patriciennes.

[84] Willems, Sénat, I, p. 556. (En comptant les trois Furii.)

[85] Mommsen, o. c., p. 90, n. 38, et Bardt, Die Priester der vier grossen Collegien, p. 15.

[86] Willems, Sénat, I, p. 366.

[87] Ibid.

[88] T. L., XL, 42.

[89] Par les Marcii Reges. V. Pauly, Encykl., IV, p. 1533.

[90] T. L., XLI, 14. Au temps de Cicéron, il n’y avait plus de Papirii patriciens. Ad Famil., IX, 21.

[91] T. L., XLIV, 17. V. Mommsen, o. c., p. 112, n. 90. Willems, Sénat, I, p. 350, n° 234.

[92] V. Pauly, Encykl., VI, p. 2540, n° 18. Si l’identification proposée par Pighius n’est pas fondée, la gens Veturia disparaît environ un siècle plus tôt (L. Veturius Philo cos. 548 u. c. = 206. T. Veturius Philo, flamen Martialis 550 u. c. = 204. T. L., XXIX, 38).

[93] T. L., X, 23.

[94] Sénat, I, p. 279-283.

[95] T. L., IV, 17, Pline, H. N., XXXIV, 5, édit. Detlefsen. Cie., Phil., IX, 2.

[96] Denys, V, 6. Plut., Public., 3. T. L., II, 4.

[97] Denys, IX, 40.

[98] T. L., III, 26.

[99] Pour les dates qui ne sont pas confirmées en note par un texte, v. les Fasti consulares inter se collati, C. I. L., I.

[100] I, 85.

[101] Paul Diac., p. 23. Virg., En., V, 121.

[102] Serv., En., V, 704.

[103] Paul Diac., p. 44.

[104] En., V, 123.

[105] Ibid., 117.

[106] Tac., Annal., XI, 25.

[107] II, 1 : deminutum patrum numerum..... ad trecentorum summam explevit.

[108] V, 13 : συνελήρωσαν έξ αύτών τής βουλής τούς τρακοσίους.

[109] P. 254 : propter inopiam patriciorum. Cf. Paul Diac., p. 7 et 41.

[110] Public., 11 : τήν βουλήν όλιγανδροΰσαν.

[111] Sénat, I, p. 47.

[112] V. 2e partie, ch. II, § 3.

[113] L. c.

[114] Röm. Forsch., I, p. 121.

[115] V. ch. III, § 4.

[116] V. Willems, Sénat, I, p. 618-625. Tacite a raconté la lamentable histoire du petit-fils de l’orateur Hortensius (Ann., II, 37, 38). Pour la décadence du patriciat dans les derniers temps de la république, v. ce que les auteurs nous apprennent de la pauvreté de Sergius Silus, le père de Catilina (Cie., De petit. cons., 2. Sall., Catil., 5), de l’abaissement des Cornelii Sullæ (Sall., Jug., 95).

[117] Röm. Forsch., I, p. 75 et n. 9 ; p. 118, 124, 125.

[118] Das patricische Rom., p. 36.

[119] V. Fustel, Cité antique, l. II, c. 4.

[120] O. c., p. 75-77.

[121] V. Bouché-Leclercq, Les pontifes, p. 206.

[122] Röm. Forsch., I. Die röm. Eigennamen, p. 1-68. Marquardt, Privatleben, I, p. 1-25.

[123] Sur le prénom, Mommsen, o. c., p. 15-42. Marquardt, o. c., p. 10-13.

[124] Auct. de præn., 3.

[125] V. Marquardt, o. c., p. 17.

[126] V. Mommsen, o. c., p. 15.

[127] T. L., VI, 20. Cie., Phil., I, 13. Plut., Quæst. rom., 91. Quintil., III, 7. Paul Diac., p. 125, 151. Dion Cass., I. L., I-XXXVI, à 63, p. 119, édit. Gros.

[128] Tib., 1.

[129] S’il est vrai que la gens n’était, à l’origine, qu’une famille peu nombreuse, il n’est pas possible qu’il ait été interdit aux femmes de se marier en dehors de leur gens, ainsi qu’on le prétend quelquefois (v. Marquardt, Privatleben, 1, p. 29), car, dans ce cas, que devenait l’interdiction de se marier entre parents jusqu’au septième degré ? (Willems, Droit public, p. 77, n° 2.) Cette opinion n’est fondée que sur le texte de Tite-Live, relatif à l’affranchie Fecenia Hispala (XXXIX, 19), texte d’une interprétation difficile et contestée. De toute manière, si l’on en peut conclure que la gentis enuptio avait besoin d’une autorisation, il ne s’ensuit pas que cette autorisation fût ordinairement refusée. (V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 9.) Le texte de saint Augustin (Civ. Dei, XV, 16), invoqué par M. Marquardt (l. c.), n’a rien à voir avec la question.

[130] V. 2e partie, ch. I, § 6.

[131] V. § 6.

[132] Plut., Cic., 49. Dion Cassius, LI, 19. Tac., Ann., III, 17.

[133] Dion Cass., I. L. I-XXXVI, § 155, p. 25, édit Gros. V. Mommsen, o. c., p. 53, et Borghesi, Op., III, p. 208.

[134] T. L., III, 44.

[135] Röm. Forsch., I, p. 57.

[136] Dans le Chron. de 354, ainsi que dans les Fasti Hisp., qui suppléent à la lacune des Fastes Capitolins. On sait que ces deux listes, ainsi que la liste connue sous le nom de Chronique Paschale, désignent par leur cognomen tous les consuls qui en ont un. Ici la Chron. Pasch. donne Μούσωνος ?

[137] V. Willems, Sénat, I, p. 56. Les Fastes Capitolins de cette année sont perdus, mais les Fasti Hisp. portent Crasso et Dulillo ; la Chron. Pasch. : Κράσσου καί Δουλείου (Δουιλλίου). Pourtant le Chron. de 354 porte Hella !

[138] V. Willems, l. c.

[139] T. L., II, 52. Denys, IX, 28.

[140] V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 118.

[141] Ibid.

[142] V. Drumann, IV, p. 218-221.

[143] C’est dans ce sens que les Romains entendaient (Willems, Droit public, p. 122) et que nous entendons ici ce mot : homme nouveau.

[144] V. Drumann, l. c., p. 218.

[145] Le premier de sa famille dont l’histoire fasse mention. Quand, en parlant d’un homme nouveau, on omettra cette indication, c’est qu’elle sera sous-entendue.

[146] App. Villius trib. pleb. en 305 u. c. = 449. T. L., III, 54.

[147] M’ Acilius (?) triumvir agris dandis assignandis en 536 u. c. = 218. T. L., XXI, 25. Peut-être identique au sénateur de 544 u. c. = 210 (T. L., XXVII, 4, cf. 25), et, dans ce cas, au consul. V. Willems, Sénat, I, p. 295.

[148] Q. Bæbius Herennius trib. pl. en 537 u. c. = 217. T. L., XXII, 34. 4. Bæbius, lieutenant de Scipion l’Africain (552 u. c. = 202). Polybe, XV, I, 3. T. L., XXX, 25. Peut-être identique à L. Bæbius Dives, préteur en 565 u. c. = 189. T. L., XXXVII, 47. Est contemporain du consul.

[149] Q. Cassius Longinus trib. mil. en 502 u. c. = 252. Zonaras, VIII, 14.

[150] Fils de C. Fannius trib. pleb. en 567 u. c. = 187. T. L., XXXVIII, 60.

[151] Sur ce personnage et sa descendance, v. Drumann, V, p. 1-3.

[152] Fils de L. Mummius, préteur en 577 u. c. = 177, le premier du nom avec son frère Quintus, trib. pleb. en 567 u. c. = 187. Willems, Sénat, I, p. 346, n° 204 et 205.

[153] Les Fastes cons. capitol. manquent ; mais les Fastes triomph, de 628 u. c. = 126, suppléent à cette lacune. Au reste, la gens Aquillia n’était pas dépourvue de cognomen, témoins C. Aquillius Florus cos. en 495 u. c. = 259, L. Aquillius Gallus, préteur en 578 u. c. = 176 (T. L., XLI, 15). C. Aquillius Gallus, préteur en 688 u. c. = 66 (Cie., Pro Cluent., 53. V. Willems, Sénat, I, p, 461, n° 84). P. Aquillius Gallus, trib. pleb. en 699 u. c. = 55 (Dion Cass., XXXIX, 32. Willems, ibid., p. 496, n° 205). Rien, du reste, ne prouve que les Aquillii Galli fussent parents des Flori, ni que les uns et les autres le fussent des deux consuls qui n’ajoutent pas de cognomen au gentilicium Aquillius. L’identité du gentilicium ne prouve pas nécessairement une origine commune. Un tout cas, elle peut ne témoigner que d’une parenté très lointaine et tout à fait oubliée.

[154] V. Ephem. epigr., IV, p. 253.

[155] Les Fastes capitol. qui sont intacts ne donnent pas de cognomen. Le Chron. de 354 donne Gratillianus (?).

[156] Sur l’origine de la gent Octavia, v. plus haut. Sur celle des gentes Manilia, Opimia, Perperna, v. plus bas, notes 158, 157, 160.

[157] L. Opimius, questeur en 460 u. c. = 294. T. L., X, 32. Opimia, vestale en 538 u. c. = 216. T. L., XXII, 57.

[158] L’anecdote rapportée par Plutarque au sujet d’un certain Manilius, exclu du Sénat par Caton le Censeur, en 570 u. c. = 184, alors qu’il semblait destiné au consulat (Cat. maj., 17), est controuvée. Du moins ce personnage n’était pas prætorius ou ne s’appelait pas Manilius (Willems, Sénat, I, p. 299). En 587 u. c. =167, P. Manilius, député en Illyrie. T. L., XLV, 17. C’était, à ce qu’il semble, un sénateur de rang inférieur.

[159] L. Pompeius, trib. mil. en 583 u. c. = 171. T. L., XLII, 65.

[160] M. Perperna, député auprès du roi Gentius en 586 u. c. = 168. T. L., XLIV, 27, 32. App., De R. Maced., 16. Père du consul (?). Cf. Val. Max., III, IV, 5.

[161] Fils de T. Didius, trib. pleb. en 611 u. c. = 143. V. Pauly, Encykl., II, p. 1008.

[162] Noble famille samnite. V. Pauly, Encykl., III, p. 1202-1203.

[163] Ne paraît pas descendre des Afranii connus antérieurement. V. Drumann, I, p. 34 et 35.

[164] Un Gabinius figure dans la guerre de l’Illyrie en 587 u. c = 167. T. L., XLV, 26. — A. Gabinius, trib. milit. en 615 u. c. = 139. — A. Gabinius, légat en 670 u. c. = 84. — A. Gabinius, trib. milit. en 673 u. c. = 81. — V. Drumann, III, p. 39, 40. — Cicéron cite un P. Gabinius Capito ex ordine equestri et un P. Gabinius Cimber, tous deux complices de Catilina. V. Onomasticon Tullianum. Orelli.

[165] L. Cælius, légat dans la guerre contre Persée en 585 u. c.  169. T. L., XLIII, 21. — M. Cælius, trib. pleb., au temps de Caton le Censeur. Aul. Gell., I, 15.

[166] Norbanus, de Norba dans le Latium, n’est peut-être qu’un cognomen qui, dans l’usage, a fini par se substituer au gentilicium.

[167] Noble famille samnite. V. Pauly, Encykl., III, p. 661. Le premier marquant à Rome est Cn. Gellius, contre lequel Caton le Censeur prononça un discours. Peut être identique à l’annaliste. V. Teuffel, Litt. lat., 137.

[168] Sénat, I, p. 303-371.

[169] Dans les notes qui vont suivre, on indique le premier du nom ayant figuré dans le Sénat. Si ce personnage est un des sénateurs de l’an 179, on renvoie au numéro d’ordre donné par M. Willems. On mentionne, s’il y a lieu, les personnages qui, antérieurement à celui-ci, figurent dans I’histoire sans être entrés au Sénat.

[170] N° 207. Le cognomen Geminus, pour ce personnage, est douteux.

[171] N° 187.

[172] N° 90 et n° 132.

[173] N° 175.

[174] N° 276.

[175] N° 120.

[176] N° 160.

[177] C. Flaminius cos. en 531 u. c. = 223, mag. eq. en 533 u. c. = 221, cons. en 534 u. c. = 220, cos. II en 537 u. c. = 217.

[178] N° 113 et 114. — M. Helvius, trib. milit. en 545 u. c. = 209 (T. L., XXVII, 12), et C. en 551 u. c. = 203 (T. L., XXX, 18).

[179] V. plus haut.

[180] N° 264.

[181] N° 210.

[182] N° 196.

[183] N° 251 et 288.

[184] N° 137 et 253.

[185] N° 131.

[186] Sex Antistius, trib. pl. en 332 u. c. = 422 (T. L., IV, 42). L. Antistius, trib. mil. c. p. en 375 u. c. = 379.

[187] M. Antonius, mag. eq. en 420 u. c. = 334 (T. L., VIII. 17).

[188] L. Hortensius, trib. pleb. en 332 u. c. = 422 (T. L., IV, 42). Q. Hortensius, dictat., en 468 u. c. = 286. V. Pauly, Encykl., III, p. 1496.

[189] C. Mænius cos. en 416 u. c. = 338, dictat. en 434 u. c. = 320 et en 440 u. c. = 314, cens. en 436 u. c. = 318. P. Mœnius Antiatieus Megellus (?) (Eckh., D. N., V, p. 240), descend de C. qui a triomphé des Antiates. (Fastes Triumph. Capitol.)

[190] V. plus bas.

[191] P. Pupius, questeur en 315 u. c. = 409, T. L., IV, 54.

[192] C. Sicinius, trib. pleb. I en 260.u. c. = 494, et II en 263 u. c. = 491. C. Sicinius, trib. pleb. en 283 u. c. = 471. Le premier a dans la tradition le cognomen de Bellutus. Mais le second ne l’a pas, pas plus que C. Sicinius, trib. pleb. en 305 u. c. = 449 et T. Sicinius, trib. pleb. en 359 u. c. = 395, et L. Sicinius, trib. pleb. en 367 u. c. = 387. V. Pauly, Encykl., VI, p. 1166 et 1167. Il n’est pas douteux que le tribunat de la plèbe n’ait donné droit à l’entrée au Sénat, tout au moins depuis la loi Ovinia (entre 436 u. c. = 318 et 442 u. c. = 312. V. Willems, Sénat, I, p. 156). — V. pourtant le fameux soldat L. Sicinius. Il a le cognomen Dentatus (Pauly, l. c.). Mais s’appelait-il Siccius ou Sicinius ? V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p.109, 111.

[193] 394 u. c. = 360 ; 408 u. c. = 346 ; 428 u. c. = 326 ; 440 u. c. = 314.

[194] V. plus haut.

[195] N° 260. — P. Abutius, chevalier et fils de chevalier en 568 u. c. = 186 (T. L., XXXIX, 9).

[196] N° 145.

[197] N° 267, 8, 9, 289, 109, 195, 263.

[198] N° 180, 270, 42, 43, 296. — V. plus haut.

[199] N° 86, 255.

[200] N° 284.

[201] N° 272, 302. — V. plus haut.

[202] N° 88, 188.

[203] N° 262.

[204] C. Decimius Flavus, préteur en 570 u. c. = 184. V. Willems, p. 339, n. 6 et n. 292.

[205] N° 206.

[206] N° 299, 261, 295, 242.

[207] Branche plébéienne, n° 259, 141, 178. C. Furius Aculeo est peut-être patricien.

[208] N° 95, 96, 163, 89. — Un L. Hostilius Mancinus figure dans la deuxième guerre punique (T. L., XXII, 15. 537 u. c. = 217).

[209] N° 271, 303. — Il est douteux qu’un Juventius ait été le premier édile plébéien curule. V. Cie., pro Plan., 24.

[210] N° 283. L. Lucretius, questeur en 536 u. c. = 218 (T. L., XXI, 59).

[211] Q. Mucius, député à Carthage en 536 u. c. = 218 ? V. Pauly, Encykl., V. p. 180. Q. Mucius Scævola, préteur en 539 u. c. = 215 (T. L., XXIII, 24), père des n° 165, 166. Sur le prétendu Mucius, trib. pleb. en 269 u. c. = 485.

[212] N° 149, Cn. Nævius le poète, mort en 555 u. c. = 199. (V. Teuffel, Litt. lat., 95). Q. Nævius Crista, præf. soc, en 540 u. c. = 214, T. L., XXIV, 40. Q. Nævius centurion en 543 u. c. = 211. Val. Max., II, III, 3. Frontin, Strat., IV, 7, 29. Q. Nævius, III vir colon. deduc. en 560 u. c. = 194 et en 562 u. c.  192. T. L., XXXIV, 53 et XXXV, 40. L. Nævius Balbus quinquevir, pour trancher le différend entre Pise et Luna. T. L., XLV, 13, en 586 u. c. = 168.

[213] N° 158. V. plus haut.

[214] N° 147.

[215] N° 127. P. Salonius trib. mil. en 412 u. c. = 342. T. L., VII, 41.

[216] N° 122, 103, 123. Les Scribonii figurent dans les guerres puniques. Un L. Scribonius pris à Cannes (T. L., XXII, 61). Un Scribonius Libo et un Curio mentionnés par Silius, V, 411, 208. Cf. 403.

[217] N° 139, 157, 140, 151. V. plus haut.

[218] N° 106.

[219] N° 126, 202, 239. V. Teuffel, Litt. lat., 155.

[220] Röm. Forsch., I, p. 57.

[221] Willems, Sénat, I, p. 182.

[222] Pro Murena, 8.

[223] V. plus haut.

[224] Pauly, Encykl., III, p. 1496.

[225] Il comptait parmi ses ascendants un tribun militaire. V. plus haut. Cicéron force un peu la note quand il dit : Q. Pompeius humili atque obscuro loto natus. In Verr., V, 70. C’est l’orateur qui abonde dans son sens. Ailleurs, il l’appelle plus simplement novus homo, pro. Mur., 7.

[226] Plut. 2.

[227] V. Belot, Cheval. rom., II, p. 110.

[228] Ex publicano dictus consul. Pseud. Ascon., in Act. II Verr., Orelli, p. 212.

[229] Son grand-père servait dans la cavalerie. Plut., I.

[230] V. Drumann, V, p. 212.

[231] Ad. Attic., I, 1, 16, 20.

[232] Homo ignotus et sordidus, De Leg., III, 16. V. Drumann, III, p. 39.

[233] T. L., XXII. 25 et 26. Loco non humili solum, sed etiam sordido. Ce sont les mêmes expressions que Cicéron emploie à propos de. Gabinius (V. plus haut), mais, à ce qu’il semble, plus justifiées ici. Cf. Val. Max., III, IV, 4.

[234] T. L., XXII, 34. Plebeios nobiles... contemnere plebem, ex quo contemni patribus desierint, cœpisse.

[235] N° 51 à 54. Cf. Ephem. epigr., I, p. 9-11, n° 7-14.

[236] 51-52.

[237] 74-165.

[238] 122-156-96 (?).

[239] De nouvelles inscriptions ayant même date et même provenance ont été découvertes depuis. (Ephem. epigr., I. p. 15-31. Tituli sepulcrales Prænestini.) Elles confirment ces résultats.

[240] 822-1005 et 1539-d.

[241] 830. 855. 856 ? 866. 868. 874. 888. 927. 929. 943. 953. 965. 973. 975. 981, 1539. 1539 a.

[242] 563-575.

[243] Il y a même un collège dont les chefs, appelés ministri, sont presque tous des esclaves, n° 670. On le laisse de côté, ainsi que l’inscription ne 575, qui est en trop mauvais état.

[244] De leg. agr., II, 31. Cf. T. L., XXVI, 16.

[245] N° 563-568.

[246] N° 571-574.

[247] Röm. Forsch., I, p. 59.

[248] Les inscriptions de San-Cæsario sont moins instructives. Sur près de cent soixante noms, il y en a dix-huit d’affranchis de l’un ou de l’autre sexe, dont six avec cognomen. Restent cent quarante-deux ingénus. Le cognomen accompagne les noms de onze ou douze d’entre eux. On voit pourtant que la proportion des affranchis est de beaucoup la plus forte.

[249] Röm. Forsch., p. 59, 60.

[250] V. Foucart, Archives des missions scientifiques, VII. 2e livr., Sénatus-consulte inéd., p. 341.

[251] C. I. L., I, 41. Cf. 188 : [M. Aim]ilio M. f. C. An[io C. f. prai]toris. M. Æmilius avait certainement un cognomen.

[252] 1503. Cf. 1504.

[253] 530 et 531.

[254] 534.

[255] C. I. L., I, p. 12.

[256] Auson., Idyll., XI, 80. Sch. Juven., V, 127.

[257] C. I. L., I, 533.

[258] 535, 536, 537.

[259] 538.

[260] 198, p. 58, 59, l. 14, 18.

[261] Leb. Wadd., 852.

[262] C. I. L., I, 196.

[263] Ephem. epigr., I, p. 278.

[264] C. I. L., I, 201.

[265] Bulletin de correspondance hellénique, VI, p. 363.

[266] Leb. Wadd., 195, 196.

[267] Antiq. Jud., XIV, 18, 5 ; XIII, 9, 2.

[268] C. I. G., 2485.

[269] C. I. L., I, 203.

[270] Leb. Waddingt., 1627. Le sénatus-consulte d’Adramyttium (après 621 u. c. = 133 ?) ne donne pas les cognomina des témoins. Aussi M. Mommsen le croit-il antérieur à Cicéron. (Ephem. epigr., IV, p. 216.)

[271] Les sénatus-consultes cités par Aulu-Gelle (XV, 11), ne peuvent être invoqués, car ils ne reproduisent pas l’en-tête de l’original. V. Foucart, Archives des missions scientifiques, l. c., p. 343.

[272] C. I. L., I, 577.

[273] Ibid., 199.

[274] V. sur cette question Foucart, l. c., p. 339-341, et Laticheff, Bulletin de correspondance hellénique, V-VI. Sénatus-consulte de Narthakion, p. 373 et 374.

[275] Fastes Cons. 304 u. c. = 450. On renvoie aux Fasti Consul inter se collati, C. I. L., I.

[276] 267 u. c. = 487.

[277] 300 u. c. = 454.

[278] 252 u. c. = 502. II. 261 u. c. = 493. M. 268 u. c. = 486. Act. triumph., 252 u. c. = 502. II. 268 u. c. = 486. Sur la forme du cognomen, V. Mommsen, Röm. Forsch., II, p. 153, n. 2.

[279] 253 u. c. = 501. II. 261 u. c. = 493.

[280] 301 u. c. = 453.

[281] 309 u. c. = 445.

[282] 245 u. c. = 509.

[283] T. L., II, 33, etc.

[284] Denys, V. 25. T.-L., 11, 12, 13.

[285] 285 u. c. = 469.

[286] 304 u. c. = 450.

[287] 302 u. c. = 452.

[288] 267 u. c. = 487.

[289] 300 u. c. = 454.

[290] 245 u. c. = 509.

[291] Fastes Cap., 296 u. c. = 458.

[292] 254 u. c. = 500.

[293] 293 u. c. = 461.

[294] Pour les magistrats consulaires, on renvoie aux Fasti Cons. inter se collati.

[295] V. Willems, Sénat, I, p. 59-60.

[296] T. L., III, 35.

[297] XI, 23.

[298] V. Willems, Sénat, I, p. 56.

[299] Denys, cette fois (VII, 68), l’appelle Sergius. La chronologie, non plus, n’est pas bien fixée.

[300] Pour ce qui suit, voir les textes justificatifs et de plus amples détails dans Borghesi (Op. IX. 1e partie. Nouveaux fragments des Fastes consulaires, cité avec la pagination des œuvres complètes), dans Mommsen (C. I. L. Commentarii annales, p. 443-457), et dans les articles de l’Encyclopédie de Pauly. On s’abstiendra de retracer le cursus des personnages qui vont être énumérais. On se bornera à mentionner leurs magistratures consulaires, ou, à défaut de celles-ci, la plus haute magistrature qu’ils aient exercée. On n’indiquera l’ascendance que si elle est donnée par les Fastes consulaires ou triomphaux, ou si elle peut être établie avec certitude.

[301] XII, 34. Οΰλεκος est une mauvaise leçon. Dindorf traduit Helva.

[302] IV, 21.

[303] T. L., XLIV, 17. Cf. XLI, 1. V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 112, n. 90, Willems, Sénat, I, p. 350, n° 234.

[304] T. L., VI, 31.

[305] XL, 42.

[306] IV, 17.

[307] V. Weissenborn, T. L., l. c.

[308] Philipp., IX, 2.

[309] V, 59.

[310] V. le cognomen Lucillus dans la gens Nautia, p. 149.

[311] C’est aussi l’opinion de M. Willems, Sénat, I, p. 78.

[312] Denys, VII, 1.

[313] Pour T. Geganius, cos. en 262 v. C. = 492, on lit dans Denys (VII, 1) Καμέρινος. Mais c’est sans doute une transposition de lettres due à l’inadvertance de l’auteur ou d’un copiste. Toutes les autres sources donnent Macerinus.

[314] Frère du consul de 309 u. c. = 445 (Denys, XI, 60) et d’après son prénom fils du Xvir.

[315] Denys, VI, 69.

[316] Id., IX, 27. T. L., II, 52.

[317] V. dans Val. Max., VII, VIII, 2, L. Menenius Agrippa. Le prénom est devenu cognomen.

[318] On remarquera pourtant que le cognomen Augurinus manque dans les Fastes Cap. pour Quintus. Mais il est donné par le Chron. de 354.

[319] Pauly, Encykl., V., p. 477.

[320] Diodore l’appelle Sp. XIII, 68.

[321] Sp. Nautius (T. L., X, 40. 461 u. c. = 293) est peut-être son père. Un autre Sp. Nautius, sans cognomen, est signalé par Pline en 316 u. c. = 438, H. N., XXXIV, 6, édit. Detlefsen.

[322] Rufus et Flavus.

[323] XI, 60.

[324] XI, 88.

[325] Tac. Ann., IV, 66. V. Willems, Sénat, I, p. 618, n. 10.

[326] Pauly, Encykl., VI, p. 372.

[327] V. Denys, XI, 62.

[328] T. L., VI, 28.

[329] Id., IV, 44.

[330] Les Sempronii Atratini du dernier siècle de la république ne sont très .probablement pas patriciens. V. Willems, Sénat, I. p. 79, n. 5.

[331] Il ne peut être le frère du consul de 265 u. c. = 489, puisqu’il porte le même prénom, et il ne peut pas non plus lui être identique, puisque son consulat de 272 u. c. = 482 n’est pas accompagné de la note bis. V. C. I. L., I, p. 443, ann. 272. Le Chron. de 354 pour l’année 272 u. c. = 482 l’appelle Pelos ? Il y a là, peut-être, une altération du texte, ou plutôt un cognomen purement personnel (Pilosus ? Klausen, Æneas und die Penaten, p. 1060) s’ajoutant à celui de Julus que lui donne Denys (VIII, 90). L’identité du personnage avec le décemvir C. f. L. n. Julus trancherait la question. Malheureusement elle n’est que probable.

[332] Bien que le deuxième tribunat ne porte pas la note bis, l’identité du tribun de 351 u. c. = 403 avec celui de 353 u. c. = 401 ne parait pas douteuse. L’ascendance indiquée pour le second ne permet pas de voir en lui le fils du premier, et, d’autre part, celui-ci ne peut être le frère du tribun de 316 u. c. = 438 (cos. en 324 u. c. = 430), car ils ont le même prénom. Ainsi, on ne peut le placer dans la série ni à côté du premier Lucius, ni entre le premier Lucius et le second. Il faut donc l’identifier avec l’un des deux, et naturellement avec celui duquel il se trouve le plus rapproché par la date.

[333] T. L., VII, 21.

[334] T. L., XXVII, 21, 22.

[335] Cic., De Rep., II, 35. Boor, Fasti censorii, p. 3.

[336] T. L., VII, 3. Fastes Cap. Sans doute identique au préteur de 405 u. c. = 349. T. L., VII, 25.

[337] V. Pauly, Encykl., V, p. 1623.

[338] T. L., III, 35. Denys, XI, 23.

[339] Sénat, I, p. 14 et n. 4.

[340] P. 112, n° 4.

[341] V. 2e partie, ch. I, § 6.

[342] T. L., XXIX, 6, 9.

[343] Polybe, XV, I. T.-L., XXX. 25, dit M. Servilius.

[344] Willems, Sénat, I, p. 333, n° 60. On ne sait si C. Sergius Plancus préteur en 554 u. c. = 200 était patricien. M. Willems (Ibid., p. 333, n° 111) le range parmi les plébéiens.

[345] V. Pauly, Encykl., VI, p. 1068. C. Bergius Orata (ibid.) a un cognomen qui semble déceler une origine servile. V. un Cn. Sergius Silus dans Val. Max., VI, 1, 8.

[346] T. L. (II, 19) substitue au prénom P., donné par Denys (V. 58) au consul de 255 u. c. = 499, le prénom T., et, d’autre part, la Chron. Pasch. ajoute la mention II au consulat de 260 u. c. = 494, ce qui conduirait à identifier les deux personnages ; mais il doit y avoir là une double erreur, car le consul de 260 u. c. = 494 a partout le prénom T., et les Fastes Cap. donnent au consul de 299 u. c. = 455 l’ascendance P. f. Il faut donc qu’il y ait eu antérieurement un P. qui ne peut être que le consul de 255 u. c. = 499.

[347] Les Fastes Cap. ne mentionnent que ce cognomen. Il n’y a là sans doute qu’une omission, car ce personnage serait le seul de la gens qui n’eût pas eu deux cognomina. Mais s’appelait-il Geminus comme son père, ou Crassus comme ceux qui viennent après lui dans la descendance de son frère, la seule connue ? Le Chron. de 354 v, donne Geminius.

[348] Sans cognomen connu. Il n’est signalé que par les historiens.

[349] Tite-Live (IV, 47) qui donne le cognomen Crassus dit Sp. Rutilius par une erreur flagrante, car on ne connaît pas de Rutilii patriciens, et les Rutilii plébéiens n’ont pas le cognomen Crassus. Diodore dit Veturius (XIII, 7). Les autres documents font défaut. Le deuxième cognomen Cicurinus est incontestable. Il est porté par tous les membres de la gens, et notamment par le père et les petits-fils du personnage en question.

[350] T. L., XXIX, 38.

[351] V. Pauly, Encykl., VI, p. 2540. Les Veturii Calvihi sont plébéiens. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 120.

[352] Denys, V, 22.

[353] Ibid., XI, 5.

[354] V. Fastes Triumph. Cf. Fastes fer. lat. Ephem. epigr., II, p. 95. V. Broghesi, Fastes I, 31.

[355] Le cognomen Tricostus est le cognomen primitif, commun à toutes les branches de la gens. V. Borghesi, o. c. p. 45.

[356] Denys, VI, 69.

[357] X, 49.

[358] Borghesi, o. c., p. 47.

[359] Ibid., p. 139.

[360] Les Fastes Capitolins manquent pour le premier Manlius.

[361] Le numéro II, donné par le Chron. de 354, doit être une erreur.

[362] Nous supposons un Cnæus entre le consul de 274 u, a. = 480 et le tribun consulaire de 334 u. c. = 420, parce qu’un intervalle de soixante ans entre la magistrature du père et celle du fils paraît trop long.

[363] T. L., XXII, 35.

[364] V. Willems, Sénat, I, p. 313, n° 21.

[365] V. Willems, Sénat, I, p. 324, n° 67.

[366] Ibid., p. 322, n° 59.

[367] Ibid., p. 321, n° 51.

[368] S’il était leur oncle ou leur cousin, on ne verrait pas bien comment il pourrait partager avec eux le cognomen Capitolinus.

[369] T. L., VI, 20.

[370] La restitution A. N., dans les Fasti. cons. Capitol. C. I. L. I, p. 430, ann. 391, parait erronée.

[371] Pauly, Encykl., IV, p. 1491-1495. Willems, Sénat, I, p. 618, n. 1.

[372] V. Willems, Sénat, I, p. 321, n° 52. On ne voit pas pourquoi M. Willems l’appelle L. f.

[373] Ibid, p. 315, n° 29.

[374] T. L., XLII, 49.

[375] Cie., ad Attic,, XII, 32. Ad Famil., IV, 12. Pour M. Bröcker (Pauly, Encykl., IV, p. 1495), les Acidini sont plébéiens. M. Willems, l. c., les tient pour patriciens.

[376] V. 2e partie, ch. I, § 9.

[377] V. ibid.

[378] C’est par erreur que Tite-Live (IV, 52) donne à ce personnage le cognomen Atratinus.

[379] V. Mommsen, Röm. Forsch., II, p. 233. Hirschfeld, Hermes, 1875, IX, p. 95, 96.

[380] T.-L. (VI, 27) l’appelle P. Diodore (XV, 50), T. Spurius est une conjecture de Pighius, laquelle paraît justifiée par l’ascendance de L. Papirius L. f. Sp. n. cos. en 461 u. c. = 293. V. plus bas.

[381] T. L., VIII, 23.

[382] T. L., X, 40-44.

[383] V. Boor, Fasti censorii, p. 79-80.

[384] T. L., VIII, 17.

[385] T. L., XLI, 14.

[386] V. Pauly, Encykl., V, p. 1151-1152.

[387] Denys, VI, 69.

[388] T. L., IV, 26.

[389] H. N. XI, 37, édit. Detlefsen. Pline nomme un rex sacrorum qui est probablement identique au personnage en question. V. Pauly, Encykl., V, p. 1939, n° 20.

[390] XL, 36 ; XLV, 17.

[391] Petit-fils par l’intermédiaire de A. Postumius tribun légionnaire en 574 u. c. = 180 (T. L., XL, 41), à moins que ce personnage, au lieu d’être son père, ne lui soit identique.

[392] V. Willems, Sénat, I, p. 326, n° 79.

[393] Son ascendance parait résulter de son prénom.

[394] Même observation.

[395] Son ascendance est établie par celle du suivant.

[396] V. sur ce personnage, Willems, Sénat, I, p. 471, n° 117.

[397] Sur quelques autres Postumii auxquels il n’a pas été possible de faire une place dans ce tableau généalogique, v. l’article cité de l’Encyclopédie de Pauly. Même observation pour les membres des gentes suivantes qui se trouvent omis pour la même raison.

[398] T. L., IV, 43.

[399] Sur ce personnage, v. plus loin note 408.

[400] T. L., VII, 1.

[401] Borghesi, Fastes, p. 27.

[402] Ibid., p. 26.

[403] Il y a contradiction, au sujet de ce troisième consulat, entre Tite-Live et les Fastes Capitolins. Nous suivons ici la version de Tite-Live, qui a cet avantage de pouvoir être reproduite telle quelle, sans correction. Les Fastes Capitolins attribuent ce consulat à Titus, mais avec la mention II qui, de toute manière, est fautive et doit être remplacée par la mention III.

[404] Borghesi, l. c.

[405] M. Willems (Sénat, I, p. 100, n. 3) l’identifie avec Quinctius Capitolinus, édile curule en 388 u. c. = 366. Mais celui-ci s’appelle Cnœus. T.-L., VII, 1.

[406] V. Willems, ibid., p. 325, n° 70.

[407] V. Pauly, Encykl., VI, p. 368, et Willems, ibid., p. 508, n° 273 et p. 619, n. 1.

[408] Cette conjecture n’a de valeur que si les Capitolini Barbati sont contemporains des Capitolini Cincinnati. Autrement il faudrait dire que le cognomen Capitolinus a été recueilli par la branche des Cincinnati après être tombé en déshérence par suite de l’extinction des Capitolini Barbati. Or, Tite-Live (VI, 11. Weissenborn), a l’air d’identifier T. Quinctius Capitolinus tr. m. c. p. en 369 u. c. = 385 avec T. Quinctius tr. m. c. p. I en 366 u. c. 388, etc., le premier Cincinnatus qui associe à ce cognomen celui de Capitolinus. Il résulterait de là que la branche des Capitolini Barbati avait disparu quand se produisit cette association. Mais on peut répondre que la mention II ajoutée par le même Tite-Live au consulat de T. Quinctius Cincinnatus Capitolinus en 370 u. c. = 384 (VI, 18) ne se concilie guère avec cette hypothèse. D’autre part on a vu que l’identification proposée par M. Willems entre Quinctius Capitolinus, édile en 378 u. c. = 336, et T. Quinctius Pennus Capitolinus Crispinus cos. en 400 u. c. = 354, etc., n’est pas admissible.

[409] K. Quinctius Flamininus Xvir ad ædem Concordiæ locandam, en 537 u. c. = 217. T. L., XXII, 33.

[410] V. Pauly, Encykl., VI, p. 368-370.

[411] Denys, IX, 51.

[412] On sait que deux de ses fils étaient passés par l’adoption dans des familles étrangères et que les deux autres étaient morts avant lui. V. Plut., Paul-Émile, 35.

[413] Les raisons qui suivent sont empruntées à M. Willems, Sénat, I, p. 100, n. 1. M. Willems remarque de plus l’usage fréquent dans ces deux branches du prénom Quintus, infiniment plus rare dans les autres familles émiliennes.

[414] T. L., IX, 7.

[415] C. I. L., I, p. 280, XI.

[416] Le prénom L. donné dans les Fastes Cap., contrairement à Cassiodore, qui donne Q., doit l’être par erreur, car le cos. de 476 u. c. = 278, que Cassiodore appelle Q., est dit dans ces mêmes Fastes cos. II par le Chron. de 354 et la Chron. Pasch.

[417] T. L., XLII, 28.

[418] M. Æmilius Lepidus cos. en 469 u. c. = 285.

[419] V. Pauly, Encykl., I, p. 366, no 26.

[420] Ibid., p. 355.

[421] V. Willems, Sénat, I, p. 485-487, n° 160.

[422] V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 34-36, et note 51.

[423] V. Willems, Sénat, I, p. 347, n° 215.

[424] V. Pauly, Encykl., I, p. 374.

[425] M. Æmilius Regillus flamen Quirinalis en 539 u. c. = 215. T. L., XXIV, 8. Cf. XXIX, 11.

[426] Cic., Ad. Attic., XII, 24. Item quæro de Regillo Lepidi filio...

[427] V. Drumann, II, p. 164, etc., et Pauly, Encykl., II, p. 402, etc.

[428] T. L., III, 15.

[429] Id., II, 56.

[430] Nous suivons les Fastes Cap. qui, en l’an 303 u. c. = 451, appellent ce personnage Ap. f. M. n. cos. II, ce qui conduit à identifier le décemvir avec le consul de 283 u. c. = 471, fils du premier consul App. Claudius, lequel serait fils lui-même d’un certain Marcus. Mrs. Drumann, l. c., et Haakh (Pauly, l. c.) distinguent entre ces deux personnages pour des raisons qui ne manquent pas de valeur. Ainsi l’indication donnée par les Fastes Cap. serait inexacte, et Marcus, le grand-père du décemvir, serait un collatéral d’Appius le chef de la race.

[431] Neveu de Caïus, le consul de 294 u. c. = 460. Les Fastes Cap. manquent, en sorte qu’on ignore s’il avait ou non le deuxième cognomen Regillensis. Sinon, il aurait fondé la branche des Crassi, laquelle, en tout cas, ne reparaîtrait plus après lui.

[432] Il a pour mag. eq. C. Claudius Hortator (T. L., VIII, 15), qu’on ne sait à qui rattacher ; c’est peut-être son fils.

[433] Cette étroite parenté mentionnée par Aul. Gell., XVII, 2l, et Aurel. Vict., 37, est contestée par M. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 25, n. 37.

[434] V. note 432.

[435] Suet., Tib., 3.

[436] V. Willems, Sénat, I, p. 618, n. 7.

[437] Ibid., p. 342, n° 110 et p. 347, n° 213. Ce sont les derniers de la branche.

[438] Fastes, p. 146, etc. Cf. 12-14 et 85, 86.

[439] Ces deux cognomina, Tricostus et Uritanus, paraissent être purement personnels, puisque ni l’un ni l’autre ne sont transmis à la génération suivante, autant du moins que nous en pouvons juger.

[440] Le tableau de Borghesi ne va pas plus loin.

[441] T. L., VI, 11.

[442] T. L., IX, 10.

[443] T. L., III, 24 ; IV, 27.

[444] Borghesi, Fastes, p. 213.

[445] V., sur cette généalogie, Borghesi, Fastes, p. 210, 211.

[446] Ibid.

[447] Il semblerait plus naturel de faire de Servius le mag, eq. un fils du Servius qui fut sept fois tribun consulaire ; mais les Fastes Cap. disent M. n. Or, on ne peut songer à faire de lui le frère de Servius, puisque, tous deux, ils ont le même prénom. Il ne reste donc qu’à les identifier.

[448] T. L., IX, 4.

[449] Borghesi, Fastes, p. 140. C. I. L., I, p.14-15.

[450] C. I. L., l. c.

[451] V. Willems, Sénat, I, p. 619.

[452] Sur ces cognomina et sur la généalogie des Lentuli, v. Drumann, II, p. 525, etc., et Pauly, Encykl., II, p. 680, etc.

[453] V. Borghesi, Fastes, I, p. 140. C. I. L., I, p. 14. T.-L., IX, 4.

[454] Drumann, II, p. 529, etc.

[455] On trouve encore les cognomina Vatia, Niger, Crus, Cruscellio ; mais ils paraissent personnels. V. Drumann, II, p. 525. Les cognomina Spinther et Marcellinus désignent des Lentuli plébéiens. V. Willems, Sénat, I, p. 444, n° 33.

[456] Cie., de Orat., II, 64 ; T.-L., X LI, 27, etc. Willems, Sénat, I, p. 348, n° 220.

[457] Fastes, p. 214.

[458] On ne peut l’identifier avec le mag. eq. de 358 u. c. = 396. La numérotation des tribunats de l’un et de l’autre ne le permet pas.

[459] V. Willems, Sénat, I, p. 618, n. 8. Sur cette branche, v. C. I. L., I, p. 12-21. P. Cornelius P. L Cn. n. Scipio Nasica cos. en 592 u. c. = 162, II en 599 u. c. = 155 et P. Cornelius Scipio Nasica cos. en 616 u. c.= 138, s’appellent, le premier Corculum, le second Serapio (Pauly, II, p. 667) ; mais ces deux cognomina sont purement personnels. Ils ne figurent même pas dans les Fastes.

[460] Sénat, I, p. 268.

[461] Pauly, Encykl., II, p. 899.

[462] Mommsen, Röm. Münzwesen, p. 563.

[463] V. Drumann, II, p. 425, etc.

[464] Sur les Dolabellæ, v. Drumann, II, p. 560, etc., et Pauly, Encykl., II, p. 688-691. Sur les Merendæ, Pauly, ibid., p.699. Le cognomen Maximus, que Drumann et l’auteur de l’article de l’encyclopédie de Pauly attribuent au premier Dolabella, P. Cornelius cos. en 471 u. c. = 283, revient à son collègue Domitius.

[465] V. Drumann, II, p. 554, etc. Pauly, Encykl., II, p. 686-688.

[466] V. Pauly, Encykl., II, p. 698-699. Le patriciat des Mammulæ et celui des Sisennæ ne sont pas prouvés. V. Willems, Sénat, I, p. 327, n° 83, et p. 340, n. 6.

[467] V., sur cette gens, Du Rieu, De gente Fabia. Lugduni Batavorum MDCCCLVI. Nous suivons la généalogie dressée par ce savant, et nous renvoyons à son ouvrage pour plus de détails.

[468] P. 113. Cette conjecture ne paraît pas fondée sur des preuves très solides.

[469] P. 143. Cette généalogie n’est fondée que sur l’ascendance indiquée pour l’un des deux fils de Caïus, N. Fabius C. f. M. n.

[470] V. Borghesi, Fastes, p. 123 et p. 184-187.

[471] Mentionné seulement par Tite-Live (II, 39) et Denys (VIII, 16), qui ne donnent point de cognomen ; mais il s’appelle évidemment Medullinus Fusus. 

[472] Les Fastes Cap. manquent ; le Chron. de 354 donne Medullinus. Il faut ajouter Fusus, puisque ces deux cognomina sont toujours associés à cette époque.

[473] V. pourtant C. I. L., I, p. 444, ann. 345 : Non constat utrum idem fuerit ac tribunus militum septies 347-363, an pater ejus qui inter annos 322 et 334 pluries tribunatu functus est.

[474] Identique peut-être à L. Furius tr. m. c. p. en 373 u. c. = 381, à moins que celui-ci ne soit fils du Lucius dont il est question dans la note précédente.

[475] T. L., VII, 1.

[476] Les Fastes Cap. font défaut.

[477] Le Chron. de 354 l’appelle Filippus. Ce doit être une erreur.

[478] A moins que ce ne soit un Furius d’une autre branche qui ait fait revivre le cognomen Pacilus

[479] Willems, Sénat, I, p. 312, n° 17.

[480] Ibid., p. 347, n° 214.

[481] Borghesi, Fastes, p. 127-138.

[482] Denys, VI, 69.

[483] Denys, VI, 39.

[484] V. le tableau dressé par Borghesi, Fastes, p. 129, et les commentaires.

[485] T.-L., III, 24.

[486] Autre forme de Ahala. Cic., Orator, 45.

[487] V. Willems, Sénat, I, p. 273.

[488] Ibid., p. 618.

[489] V. Mommsen, Röm. Forsch., I, p. 118.

[490] V. Borghesi, Fastes, p. 81-84.

[491] T.-L., VI, 27.

[492] V. Pauly, Encykl., VI, p. 1500, n° 53 et p. 1501, n° 61.

[493] V. Willems, Sénat, I, p. 618. Le premier est Serv. Sulpicius Rufus tr. m. c. P. en 366 u. c. = 388, II en 370 u. c. = 384, III en 371 u. c. = 383.

[494] Peut-être identique au précédent, ou bien son fils.

[495] C. Sulpicius C. L Serv. n. Gallus cos. en 511 u. c. = 243.

[496] V. Willems, Sénat, I, p. 464, n° 98.

[497] P. Sulpicius Serv. f. P. n. Galba Maximus cos. en 543 u. c. = 211, II en 554 u. c. = 200.

[498] V. Borghesi, Fastes, p. 34-45, 182-184, et, pour faire suite, Pauly, Encykl., VI, p. 2321-2373.

[499] Le cognomen Potitus reste associé aux deux cognomina Poplicola et Volusus, en sorte qu’on peut se demander si les deux branches sont distinctes.

[500] P. Valerius Poplicola cos. en 402 u. c. = 352, dictat. en 410 u. c. = 344.

[501] T.-L., II, 18. Festus, p. 198.

[502] V. Borghesi, Fastes, p. 250.

[503] V. d’ailleurs M. Valerius Messala Corvinus. Pauly, Encykl., VI, p. 2352.

[504] V. Willems, Sénat, I, p. 619.

[505] T. L., VIII, 18. Fils sans doute de C. Valerius Potitus tr. m. c. p. en 384 u. c. = 370. Borghesi, Fastes, p. 250.

[506] V. Willems, Sénat, I, p. 618.

[507] Sat., I, 6, 12. Contra Lœvinum, Valeri genus, unde Superbus Tarquinus regno pulsus fugit... V. Willems, Sénat, I, p. 270.

[508] P. Valerius Lævinus cos. en 474 u. c. = 280, petit-fils (?) de P. Valerius Poplicola cos. en 402 u. c. = 352.

[509] V. les trois frères M., C. et P. Valerius Lœvinus. Pauly, Encykl., VI, p. 2340, n° 41, 42, 43.

[510] Pauly, l. c., p. 2339, n° 37.

[511] V. pourtant la note 499.

[512] Il n’est pas prouvé que les Camerini ne soient pas éteints quand apparaît l’unique représentant de la branche des Petici.

[513] V. la note 512.

[514] V. la note 499.

[515] Nous ne comptons pas les Mamercini, car ils disparaissent quand surgissent les Paulli, qui peut-être les continuent.

[516] II, 49. ... Familiam unam subisse civitatis onus... et deux lignes plus bas ... si sint duce roboris ejusdem in urbe gentes...

[517] Sulla gentis patriciæ nobilis fuit, familia prope jam exstincta majorum ignavia. Sall., Jug., 95. — P. Scipio Nasica... orationem... habuit plenam veris decoribus, non communiter modo Corneliæ gentis, sed proprie familias suas. T. L., XXXVIII, 58. Dans Cicéron (De Orat., I, 39), c’est la stirps qui s’oppose à la gens.

[518] Dig., L, 16, 195. V. Lange, Alterth., I, 1 96. Marquardt, Privatleben., I, p. 1 et 2.

[519] Mater familias non ante dicebatur quam vir ejus pater familiæ dictus esset ; nec possunt hoc nomine plures in una familia præter unam appellari, p. 125. Il n’est pas besoin d’ajouter que s’il ne peut y avoir qu’une mater familia, il ne peut y avoir non plus qu’un pater familiæ.

[520] P. 86 : Antea in liberis hominibus s’oppose à la phrase Postea hoc nomine etiam famuli appellari cæperunt. Il n’y a pas lieu, suivant nous, de rejeter la lecture Pompiliorum, car rien ne s’oppose à ce qu’on admette l’existence d’une gens patricienne Pompilia. V. la liste de M. Willems, Sénat, I, p. 85.

[521] Tib., 1. Il est vrai que, dans ce passage, on peut entendre princeps dans le sens de auteur de la race, mais le sens de chef est bien accusé dans le texte de Paul Diacre.

[522] T. L., II, 16. Denys, V, 40. Plut. Public., 21, etc.

[523] Cic., De Rep., II, 12. T. I.., I, 8. Cf. X, 8. Denys, II, 8. Sur cette étymologie : patrem ciere, v. plus loin.

[524] V. Aul. Gell., VII, 5 : Cum sit novicium non quod novum sit sed quod a novo dictum sit inclinatumque.

[525] IV, 4. V. la note de Weissenborn.

[526] V. T. L., I, 30, 35 ; II, 1.

[527] IV, 3.

[528] Becker (Alterth., II, I, p. 91, n. 212) ; Lange (Alterth., I, 140, 44, 54) ; Mommsen (Röm. Forsch., I, p. 173-176. Staatsr., II, p. 38) ; Willems (Droit public, p. 50), sont d’accord pour attribuer la cooptatio in patres aux comices curiates.

[529] V. 40.

[530] V. 46 : Accepto inde senatusconsulto uti comitiis curiatis revocatus de exilio jussu populi Camillus dictator extemplo diceretur.

[531] Lange, Alterth., II, § 128, 129.

[532] V. Schwegler, Röm. Gesch., III, p. 264. n. 1.

[533] V. 2e partie, ch. I, § 5.

[534] Sur la promotion de patriciens attribuée aux premiers consuls, v. 2e partie, ch. II, § 3.

[535] Dion Cass., XLIII, 47 ; XLV, 2 ; XLVI, 22 ; XLIX, 43 ; LII, 42. Tac., Ann., Xi, 25. Suet. Ces., 41. Monum. Ancyr., v. Mommsen, Res gestæ, p. 20. V. notre thèse latine, De decretis functorum magistratuum ornamentis... Pars prima. Caput secundum.

[536] Cie., De leg. agr., II, 12.

[537] Röm. Forsch., I, p. 173-176. Elle l’est ici non pas tout à fait dans les mêmes termes ni avec les mêmes arguments.

[538] Staatsr., II, p. 38.

[539] Cette double raison est présentée par M. Belot, Cheval. rom., II, p. 51.

[540] Pro domo, 14. Il faut dire pourtant que l’authenticité de ce discours a pu être niée pour de sérieuses raisons. V. Willems, Sénat, II, p. 54-57.

[541] Röm. Forsch., I, p. 175.

[542] Sur ce point obscur, v. 2e partie, ch. II, § 5.

[543] Staatsr., II, p. 38.

[544] V, 46.

[545] Pro domo, 32.

[546] V. Lange, Alterth., II, § 128 n° 7.

[547] T. L., V, 32.

[548] I, 3, 52.

[549] I, 45 ; III, 10, 31, 34 ; VI, 20. Diod., VII, 3, Didot, I, p. 312.

[550] V. Schwegler, Röm. Gesch., I, p. 347.

[551] I, 6 : et supererat multitudo Albanorum Latinorumque ; ad id pastores quoque accesserant...

[552] V. les textes cités par Schwegler, Röm. Gesch., I, p. 457, n. 17. Ils s’expliquent par ce goût pour la pastorale qui s’est emparé sur le tard des Romains et qui leur a fait dénaturer leur histoire primitive.

[553] I, 23 : bellum... civili simillimum bello, prope inter parentes natosque, Trojanam utramque prolem, cum Lavinium ab. Troja, ab Lavinio Alba, ab Albanorum stirpe regum oriundi Romani essent.

[554] I, 85.

[555] VI, 20 : ... τήν Αλβανών πόλιν, έξ ής αύτοί τ'άπψκίσθησαν. C’est le terme technique pour exprimer la colonisation.

[556] La critique de Schwegler, o. c., I, p. 452-458, n’a pas d’autre portée.

[557] M. Willems est d’avis (Sénat, I, pages 26-27, II, p. 58), que le Sénat était primitivement le seul corps politique à côté du roi. Cette théorie est d’accord avec les vues qui sont présentées ici. Les comices curiates ont dû être institués quand la descendance des trois cents colons albains s’est développée. Il est vrai que, d’après M. Willems, c’est le nombre des familles patriciennes qui est allé s’augmentant. On voit assez que nous nous séparons de lui sur ce point.

[558] De Rep., II, 12 : Ergo, inquit Scipio, cum ille Romuli senatus, qui constabat ex optimatibus, quibus ipse rex tantum tribuisset ut eos patres vellet nominari, patriciosque eorum liberos...

[559] I, 8 : Centum creat senatores... patres serte ab honore, patriciique progenies eorum appellati.

[560] X, 8 : En unquam fando audistis patricios primo esse factos, non de cælo demissos, sed qui patrem ciere possent, id est nihil ultra quam ingenuos ?

[561] Denys, II, 8. Plut., Rom., 13.

[562] Festus, p. 241 : Patricios Cincius ait in libro de comitiis eos appellari solitos qui nunc ingenui vocentur.

[563] Pro Cæcina, 35 : neque enim ratio afferri potest cur si cuiquam novo civi potuerit adimi civitas, non omnibus patriciis, omnibus antiquissimis civibus possit.

[564] Id., De Rep., II, 9 : ... habuit plebem in clientelas principum descriptam. Cf. Festus, p. 233 : Patrocinia appellari cæpta sunt cum plebs distributa est inter patres, ut eorum opibus tuta esset.

[565] V. 2e partie, ch. II.

[566] IV, 16. V. Lange, Alterth., I, § 34.

[567] Denys, II, 7.

[568] Lange, l. c.

[569] VI, 69.

[570] VI, 84.

[571] VIII, 76. Il n’envoie pourtant que cinq députés à Coriolan. Ibid., 22.

[572] XI, 15.

[573] III, 37, 72 ; IV, 48.

[574] I, 1, 1.

[575] florentissima tum et opulentissima civitate.

[576] V. les textes réunis par M. Willems, Sénat, II, p, 505-511, et p. 704-706.

[577] Sur ces commissions sénatoriales, V. Willems, l. c., et Mommsen, Staatsr., II, p. 657-681.

[578] Il était de rigueur pour les commissions chargées de l’organisation d’une province. V. Willems, Sénat, II, p. 704-706.

[579] XXXIII, 24 ; XXXVII, 55.

[580] On sait que ce mot a fini même par s’appliquer, en dehors du Sénat, h toute espèce de commission ou de corporation. Par ex. les décuries de licteurs, de viateurs.

[581] V. ch. I, § 1.

[582] C. I. L., VIII, 7041.

[583] V. les comptes rendus de l’Académie des Inscriptions. Séance du 29 juin 1882. Communication de M. Ernest Desjardins. Cf. avec l’inscription de Pise, citée plus bas : Statulenus Juncus princeps coloniæ.

[584] C. I. L., II, 1953.

[585] Ibid., Addenda, 5048.

[586] Ibid., p. 248 et n° 1953. M. Ernest Desjardins signale un Xvir de la colonie d’Aquincum, dans la Pannonie inférieure (Ann. dell’ Inst. 1868, p. 107. V. C. I. L., III, 3467 : interpretationis desperatæ). On trouve la mention de la même dignité dans deux inscriptions italiennes, l’une de Ferentinum, l’autre de Falerii (Henzen, 7128, 7129). M. Henzen pense qu’il s’agit d’un collège de magistrats extraordinaires pour le cas où l’on ne pouvait procéder à l’élection des magistrats ordinaires. Il invoque la deuxième inscription, celle de Falerii, Xvir s. c. pro IIII vir(o). S’il en est ainsi, ces decemviri n’auraient rien de commun avec les decemviri italiens dont il va être question, ni, sans doute, avec les decemviri espagnols dont il vient d’être parlé.

[587] V. Marquardt, Staatsverw., I, p. 521.

[588] V. sur cette question Marquardt, ibid., p. 517, etc. On trouve les decemprimi dans la ville grecque de Centuripæ, en Sicile. V. Cicéron, in Verr., II, 67. Cette ville était alors une civitas tibera et immunis (Marquardt, Staatsverw., I, p. 93). Les decemprimi de Centuripæ ne doivent donc pas être empruntés aux institutions romaines. Or, il est à remarquer qu’ils paraissent avoir le même rôle que les decemprimi des sénats de Rome et d’Italie.

[589] Aul. Gell., XVI, 13, populi romani cujus istæ coloniæ quasi effigies parvæ simulacraque esse quædam videntur.

[590] V. Mommsen, Hist. rom., trad. Alex., II, p. 133.

[591] Orelli, 642.

[592] Ibid., 643.

[593] V. pour d’autres exemples de cette dignité, l’Index de Henzen, celui de Wilmanns, etc.

[594] V. pourtant, dans Orelli, 3757, une inscription de lecture douteuse et de provenance inconnue.

[595] X, 19.

[596] 9.

[597] XXIX, 15 : Magistratus denosque principes.

[598] T. L., VIII, 3.

[599] V. Niebuhr, Röm. Gesch., II, 18, etc. Der latinische Staat. Schwegler, Röm. Gesch., II, p. 287, etc. Mommsen, Hist. rom., trad. Alex., II, p. 133, etc. Staatsr., II, p. 162, etc.

[600] T. L., I, 52.

[601] T. L., VIII, 3. Denys, III, 34.

[602] V. Mommsen, Staatsr., II, p. 71.

[603] Sur cette assemblée et sur la question de savoir s’il y en avait deux, l’une populaire, l’autre restreinte, v. Schwegler, o. c., II, p. 289-290.

[604] IV, 45.

[605] V, 61.

[606] II, 45.

[607] I, 50.

[608] I, 51.

[609] I, 50, 51. Cf. Denys, V, 52.

[610] VIII, 3.

[611] V. ch. I, § 3.

[612] V. l’album de Canusium, I. R. N., 635. Dig., L, 3, 1.

[613] Cod. Th., VIII, Il, 3 ; XII, 1, 5, 151, 17t. V. Fustel, Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, I, p. 163, 2e édit.

[614] V. Marquardt, Staatsverw., I, p. 507, n. 2.

[615] VI, 69, VIII, 76.

[616] V. 2e partie, ch. II, § 4.

[617] V. § 1 du présent chapitre.

[618] V. § 2 du présent chapitre.

[619] De Rep., II, 20.

[620] App., B. C., I, 49. Veil. Pat., II, 20. V. Maury, Mémoire sur le véritable caractère des événements qui portèrent Servius Tullius au trône, Mém. de l’Acad. des inscript., XXV, p. 137.

[621] V. 2e partie, ch. I, 19.