ÉTUDES SUR LE PÉLOPONNÈSE

L'ART À SPARTE

CHAPITRE VI. — SCULPTURE.

 

 

La beauté du corps était si universellement admirée par les Grecs, de tous les peuples le plus amoureux de la beauté, qu'on ne semblait en avoir revêtu les dieux que pour avoir le droit de l'adorer. Un peuple voué à la guerre était entraîné par son génie même à s'éprendre avec plus de passion encore des qualités qui brillent dans les combats comme dans les gymnases, et les Doriens avait fait d'Apollon, leur type national, le plus beau des dieux.

Lycurgue, loin de condamner ce culte de la forme, avait voulu le développer, et jusqu'à l'excès. L'enfant n'était pas né, qu'il éveillait déjà la sollicitude des lois. Elles prétendaient diriger par de secrètes influences l'action de la nature. La chambre de la jeune mère était ornée des statues d'Hyacinthe, de Narcisse, de Castor, de Pollux[1], afin que ces images idéales, réfléchies intérieurement par les sens, marquassent à leur empreinte le fruit de ses entrailles. Tant de prévoyance était elle déçue ? Une difformité était l'arrêt de mort du nouveau-né.

Ainsi la sculpture se trouvait en quelque sorte appelée à former elle-même les modèles qu'elle devait plus tard étudier avec tant de loisir. Car, s'il est vrai que les mœurs grecques aient contribué à donner à l'art sa science infaillible du nu, où cette influence a-t-elle été plus continue qu'à Sparte ? où le talent s'est-il plus constamment nourri de sensations ? où a-t-il rencontré une plus belle jeunesse, qui sans cesse vivait nue sous son regard, lui présentant tour à tour le mouvement ou le calme, la force ou la grâce, tous les développements si variés de la nature humaine ? A-t-il même trouvé ailleurs ces troupes de vierges qui s'exposaient sans voiles, mêlant aux danses les luttes du gymnase, et rehaussant les formes délicates de la femme par la vigueur et la fermeté d'un autre sexe, beauté dont Diane était le type, comme Apollon était le type de la beauté virile ?

La sculpture a jeté à Sparte assez d'éclat pour qu'il soit inutile de prêter aux faits l'appui des théories et des raisonnements. Il suffira tout à l'heure de les recueillir. Il y a plutôt lieu de se préoccuper du fait général que nous poursuivons à travers les différentes manifestations du génie spartiate, et de se demander quelle a dei être l'action de l'État sur la sculpture, à quelle surveillance les lois l'avaient soumise, à quelles entraves.

L'art était encore trop près de sa naissance ait temps de Lycurgue, pour que la prévoyance du législateur pût s'étendre sur la carrière qu'il allait parcourir, et deviner s'il présenterait quelque danger, le jour où il coulerait le bronze en mille formes exquises et donnerait au marbre toutes les séductions de la nature vivante.

Cependant n'est-on pas tenté d'attribuer à l'inspiration de Lycurgue ces antiques statues de Vénus dont parle Pausanias[2] ? L'une s'appelait Vénus armée, l'autre Vénus la belle, et cette dernière avait la tête enveloppée et les pieds enchaînés ; allégories naïves qui semblaient transmettre aux âges suivants la pensée du législateur : les artistes devaient se proposer pour idéal la beauté mâle et sérieuse, mais comprimer et ensevelir dans l'oubli toutes les images de la mollesse et tous les rêves voluptueux.

En effet, parmi les œuvres que Sparte vit naître ou que ses sculpteurs exécutèrent au dehors, on en cherche en vain une seule qui s'écarte de cette morale rigoureuse ; et c'est là ce qui chez elle constitue, pour la sculpture, un caractère propre que j'appellerai dorien, et qui correspond à la sévérité de l'ordre dorique dans l'architecture.

Mais, si cette contrainte était salutaire pour maintenir la pureté des traditions et du style, il n'en était pas de même des entraves que les institutions politiques mettaient à la fécondité de l'art.

On sait combien l'État était jaloux de conserver parmi les citoyens l'égalité, la simplicité et toutes les vertus d'abnégation qui formaient la base la plus sire de son despotisme. Or les distinctions ne contribuent pas moins que le luxe à élever certains hommes, d'abord au-dessus des autres, et bientôt au-dessus des lois. La beauté, la bravoure, le dévouement même n'obtenaient que ces applaudissements flatteurs, ces éloges si doux à l'oreille, dont le murmure expire déjà le lendemain du triomphe. Au contraire, les monuments durables qui servent moins à enflammer le zèle qu'à nourrir l'orgueil, les inscriptions, les statues, les tableaux, étaient refusés aux plus glorieux services. Il fallut l'immense éclat des Thermopyles pour que les noms des Trois cents fussent écrits sur une simple stèle[3]. Les morts eux-mêmes n'échappaient point à une loi inexorable. L'art ne pouvait retracer ni leurs exploits ni leurs traits ; un nom seulement, et quelquefois un lion[4], emblème banal du courage, ornaient le tombeau des plus braves guerriers. Par je ne sais quelle ironie de la fortune, Pausanias seul, un traître, eut deux statues : mais c'était une expiation commandée par l'oracle.

Ce mépris des prétentions personnelles avait jeté dans les mœurs de si profondes racines, qu'il survécut à leur relâchement et à la ruine de la constitution de Lycurgue. Lysandre, qui se laissait élever des autels dans les villes alliées, n'osa montrer à Sparte que l'image de ses victoires : ce fut à Delphes[5] qu'il consacra sa propre statue. Agésilas respecta l'opinion de ses concitoyens, même en pays étranger[6], et son fils Archidamus fut le premier roi auquel les Lacédémoniens élevèrent une statue à Olympie[7]. Encore était-il mort chez un peuple barbare, et n'avait-il pu recevoir à Sparte les honneurs de la sépulture.

Cependant la sculpture puisa dans le génie et les mœurs spartiates assez de vie et d'inspiration pour grandir au milieu des. obstacles. La persistance des traditions racheta le petit nombre des artistes. Les lacunes, qui s'expliquent si naturellement par la négligence de l'histoire, n'empêchent point de reconnaitre dans l'art ce déve19ppernent suivi qui constitue une École.

L'État, du reste, s'efforçait de réparer par ses encouragements le dommage involontaire qui résultait de sa politique. Il appelait la sculpture à reproduire les images des dieux, à décorer les monuments publics, à faire revivre les héros et les sages des temps passés. Il accueillait avec faveur les artistes étrangers qui hâtaient le progrès de l'art. Les artistes spartiates, à leur tour, voyaient les autres peuples recourir à leur talent, les Arcadiens[8], les Mégariens[9], les Éléens[10]. C'était à Olympie surtout que leurs œuvres trouvaient place, pour immortaliser les victoires soit des villes, soit des athlètes[11]. Là, Sparte elle-même déposait sa sévérité et accordait aux héros du stade et de la palestre des honneurs qu'elle savait être sans danger[12].

Ces considérations étaient nécessaires pour jeter quelque lumière sur l'histoire de la sculpture. C'est cette histoire que nous essayerons maintenant, non pas de reconstruire — un trop grand nombre d'éléments sont perdus — mais d'esquisser, en recueillant les faits qui ne sont que dispersés.

L'enfance de l'art fut à Sparte, comme dans le reste de la Grèce, occupée à sculpter dans le bois les dieux que lui demandait la religion. Ces images, loin de rebuter plus tard par leur grossièreté la vénération publique, étaient, au contraire, consacrées par leur antiquité même, Si les philosophes et les artistes riaient[13] de ces œuvres primitives dont Dédale était l'universel créateur, la multitude et les esprits crédules comme Pausanias leur trouvaient quelque chose de divin[14]. Leur barbarie même était un prestige.

Sparte avait conservé dans ses temples un certain nombre de ces statues[15]. Il s'en trouvait, dans le temple de Vénus guerrière, d'aussi anciennes qu'en aucun lieu de la Grèce[16]. On les habillait, selon la coutume, et les femmes lacédémoniennes tissaient chaque année la tunique[17] d'Apollon Amycléen, de même que les vierges athéniennes brodaient le péplus de Minerve Poliade. Ces mannequins étaient aussi revêtus d'armures, par exemple ceux de Vénus armée[18] et d'Hercule[19]. Ici on leur couvrait la tête d'un voile, là on leur mettait des fers aux pieds. L'art, si cela peut s'appeler de l'art, ne prétendait même pas imiter la nature, il la présentait dans sa plus naïve réalité.

Tout en conservant les traditions, les âges suivants rougirent quelquefois de leurs idoles grossières et de ces mains, de ces pieds que les draperies ne pouvaient toujours cacher. C'est alors qu'on se mil à appliquer aux statues un masque d'ivoire, ou à leur ajuster des têtes et des extrémités en marbre, de sorte. qu'en respectant les simulacres eux-mêmes, on leur donnait une beauté nouvelle. Mais il semble que l'esprit conservateur de Sparte ait repoussé cette pieuse altération. Car Pausanias n'y vit aucune statue ainsi rajeunie. Il raconte même qu'une des prêtresses d'Hilaire et de Phœbé voulut un jour qu'on fit des visages neufs à ces deux déesses[20]. Une des statues était déjà restaurée selon les règles de l'art moderne, lorsqu'un songe força la jeune fille de renoncer à cette entreprise. Ce songe ne cachait-il pas un secret avertissement des magistrats ?

Sparte reçut du dehors l'impulsion qui fit sortir la statuaire de cette longue enfance.

Bien que Samos eût été occupée parles Éoliens et les Ioniens, il s'établit, à une certaine époque, entre cette ile et Sparte, des relations politiques dont l'histoire ne nous apprend ni l'origine ni toute la suite. L'asile que trouvent dans la ville de Lycurgue les exilés de Samos, et la guerre entreprise en leur faveur contre Polycrate[21], en sont la preuve. C'est à Sparte encore que se réfugie le tyran Méandre, chassé par les Perses[22]. Peut-être une fraction de la grande émigration dorienne qui envahit différentes lies, particulièrement la Crète, Lemnos, Rhodes, s'était-elle fixée à Samos, où bientôt elle fut opprimée par des colonies plus puissantes.

Quoi qu'il en soit, le premier artiste que l'on trouve à Sparte est un Samien, Théodore, sculpteur en même temps qu'architecte, qui construisit la Scias. Fils de Rhœcus, frère de Téléclès, il appartient à une famille célèbre[23] qui avait découvert le secret de fondre le fer et le bronze, et l'art d'en faire des statues. On leur attribuait aussi l'invention de la plastique[24], que revendiquaient Sicyone et Corinthe.

Il faut cependant se défier des écrivains anciens lorsqu'ils parlent de temps si reculés. Pausanias, par exemple, semble prêter aux œuvres de Théodore, ou du moins à ses procédés, une science et une perfection complètes[25], et bientôt il avoue qu'il ne connaît aucune statue de cet artiste[26] ; et qu'il n'en a vu qu'une seule de Rhœcus, à Éphèse, d'un style archaïque[27] et d'un travail grossier. Platon, en effet, compare Théodore à Dédale et à Épéus, le constructeur du cheval de Troie[28].

Pour fixer l'époque à laquelle vivait Théodore de Samos, nous préférerons donc l'opinion de Pline, qui le place assez longtemps avant la chute des Bacchiades à Corinthe, c'est-à-dire avant la 29e olympiade. Le rapprochement des faits confirme ce témoignage. Lorsque Pausanias visita Sparte, il n'y restait aucune statue de Théodore, soit qu'elles eussent disparu, soit qu'absorbé par ses travaux d'architecture il n'eût pu en faire aucune pendant un court séjour[29] à Sparte. Mais, du moins, il enseigna à quelques sculpteurs les principes et les procédés de son art, et fonda à Sparte une école dont le renom s'étendit dans le Péloponnèse et jusqu'à l'opulente Corinthe. Il est naturel de ranger parmi ses élèves Chartas et Syadras, tous deux Spartiates[30], qui devinrent à leur tour chefs d'école, et auxquels le Corinthien Euchir vint demander des leçons. Or Euchir, de retour dans sa patrie, assista précisément à la chute des Bacchiades ; il fut même un des artistes qui suivirent Démarate en Étrurie[31].

Si donc on fait fleurir Chartas et Syadras sept ou huit olympiades avant l'exil de leur élève Euchir, si leur maitre Théodore n'a dû les précéder eux-mêmes que de quelques olympiades[32], l'époque indiquée par Pline n'a rien que de vraisemblable — cependant il ne faudrait pas donner trop de valeur au mot multo —. Théodore vivait à Sparte vers la fin du VIIIe siècle, après la première guerre de Messénie.

Euchir, avant de quitter la Grèce et petit-être Sparte. avait formé lui-même Cléarque de Rhégium[33], de sorte que l'art se transmit sans interruption. C'est, du moins, ce que dit Pausanias dans son deuxième livre sur Olympie, bien qu'il se démente ailleurs et fasse Cléarque élève, soit de Dipœnus et de Scyllis, soit de Dédale. Cette hésitation est déjà fort étrange. Si l'on considère, en outre, que Dédale est l'inventeur de la sculpture en bois, Dipœnus et Scyllis de la sculpture en marbre, tandis que Cléarque faisait des statues en métal ; si l'on réfléchit que Dédale appartient aux temps fabuleux de l'art, Dipœnus et Scyllis, au contraire, aux temps historiques ; celui-là contemporain de Thésée, ceux-ci de Pisistrate, on croira plutôt Pausanias lorsqu'il fait Cléarque disciple d'Euchir[34].

Cléarque de Rhégium était le premier de cette école dont les Lacédémoniens pussent encore montrer une statue. C'était celle de Jupiter Hypatus, en bronze, la plus ancienne qu'on connût[35], puisqu'il ne restait rien de Théodore, ni de Charias, ni de Syadras, ni d'Euchir. Elle n'était pas d'une seule pièce ; mais les morceaux, travaillés séparément, avaient été ensuite ajustés avec des clous. Ce procédé était familier aux artistes samiens, et Diodore prétend même[36] que Théodore et son frère l'avaient emprunté à l'Égypte.

Cléarque de Rhégium florissait de la 30e à la 35e olympiade (656 à 636), puisque Euchir, dès la 29e, était perdu pour la Grèce.

Depuis cette époque, l'enchainement des traditions nous échappe pendant un siècle. Mais l'art ne cessa pas de grandir, comme l'attestent quelques noms et quelques faits, qui, de loin en loin, jettent leur lumière du milieu des ténèbres.

Déjà, dans sa première période, la statuaire en bronze avait osé aborder le genre colossal. Un de ses essais fut l'Apollon d'Amycles, haut de trente coudées[37], semblable à une colonne[38] à laquelle on aurait ajouté un visage, des pieds, des mains.

Pendant la seconde guerre de Messénie, les Spartiates consacrèrent, à Olympie[39], un Jupiter haut de douze pieds, conception déjà moins grossière.

Plus tard, deux frères spartiates, Ariston et Télestas, furent chargés par les Clitoriens de fondre une statue de Jupiter plus grande encore : elle avait dix-huit pieds ; le piédestal était également en bronze. L'époque à laquelle vivaient ces artistes ne salirait être fixée. Mais l'inscription élégiaque gravée sur le piédestal rappelait les nombreuses victoires de Clitor. La puissance de cette ville date de l'asservissement des Messéniens, voisins jusque-là redoutables ; elle s'arrête aux guerres médiques, car dès lors toute la partie méridionale de l'Arcadie est comme réduite sous la domination de Sparte. C'est donc dans l'inter valle qui sépare Cléarque de Gitiadas que l'on pourrait placer Télestas et Ariston.

Par analogie, n'est-on pas tenté d'attribuer à la même époque la statue colossale du peuple spa› tinte, qui décorait, comme nous l'avons vu plus haut, la place publique ? C'est le propre d'un art qui sent sa force, sans en être bien maitre, de substituer la grandeur matérielle à la perfection.

Dans le même temps, sans qu'il soit possible de les désigner toutes, durent être consacrées un certain nombre de statues, tant de divinités que d'athlètes, les unes à Sparte, les autres à Olympie. Parmi ces dernières, je citerai celle d'Eutélidas[40], enfant spartiate qui fut vainqueur dans la 38e olympiade, et la statue d'un jeune Éléen nommé Phyllès, œuvre du Spartiate Cratinus[41]. On ne peut, du reste, que conjecturer la date de cette dernière ; mais ce lut surtout pendant les olympiades qui suivirent l'institution des luttes pour les enfants[42] qu'on se plut à leur élever des statues. L'époque à laquelle vivait Cratinus n'en demeure pas moins indécise.

Une preuve évidente que le progrès de la sculpture[43] ne méritait point l'oubli de l'histoire, c'est l'éclat soudain qui le révèle au moment où la sculpture approche de sa maturité. L'art, non pins que la littérature, ne produit point les talents remarquables sans préparation ni sans passé. Gitiadas ne se rattache pas seulement aux vieux maîtres de l'école de Sparte, il résume toute la' science du siècle qui l'a précédé.

Un texte altéré de Pausanias a donné lieu à de grandes incertitudes sur le temps où vivait Gitiadas. Mais la critique[44] a si bien démontré l'erreur du copiste que personne n'hésite plus à le placer entre la 6œ et la 66e olympiade, et à le faire contemporain de Gallon d'Égine. Tout en me rangeant à cette opinion, j'indiquerai un détail du récit de Pausanias, qui ferait supposer Gitiadas un peu antérieur à Callon.

Trois trépieds avaient été consacrés à Amycles par l'athlète Ænétus, à l'occasion de trois victoires différentes. Pour les deux premiers, il s'était adressé à Gitiadas ; pour le troisième, il eut recours à Callon d'Égine, soit que cet artiste fût venu à Sparte compléter les leçons d'Angélion et de Tectæus, ses premiers maîtres, par celles de Gitiadas, soit que le-trépied lui eût été commandé à Égine même. Comme les victoires d'un athlète sont d'ordinaire séparées par des intervalles de plusieurs années, je placerais Gitiadas entre la 57e et la 62e olympiade, avant Callon l'Éginète.

Nous connaissons déjà dans Gitiadas le poète et l'architecte, le chantre dorien[45] qui célèbre Minerve, et le fondeur audacieux qui lui construit un temple en bronze. Il nous reste à étudier le sculpteur.

Les ouvrages les moins importants sont les trépieds dont il vient d'être question. Cependant ils étaient ornés de sculptures[46], et entre leurs pieds étaient placées deux statues[47], l'une de Vénus, l'autre de Diane. Les anciens citent encore sa statue en bronze de Minerve Chalciœcos. Mais ce qui les frappait d'admiration, c'étaient les compositions dont il avait décoré le temple de cette déesse.

On voit représentés sur le métal, dit Pausanias[48], les travaux d'Hercule et la plupart des actions héroïques qu'il entreprit volontairement, ainsi que divers exploits des fils de Tyndarée, entre autres l'enlèvement des filles de Leucippe. Puis, c'est Vulcain délivrant sa mère des chaînes qui la tiennent suspendue ; Persée allant chercher en Libye la tête de Méduse, et les nymphes lui mettant le casque et les talonnières qui doivent le porter à travers les airs. Plus loin, la naissance de Minerve ; ensuite Amphitrite et Neptune. Tous ces morceaux sont d'une grande proportion, et, à mon avis, d'une beauté remarquable.

Ces sculptures étaient-elles en demi-bosse ou en bas-relief, c'est ce que nous ne saurions deviner ; mais comme le travail du bronze aime les modelés vigoureux et les parties qui se détachent, comme, d'autre part, Gitiadas avait assez de talent pour dédaigner la gravure en creux ou la saillie uniforme des bas-reliefs primitifs, sans avoir assez de génie pour devancer le bas-relief de Phidias et ses idéales conventions, on, concevrait mieux des sculptures en demi-bosse. Leur beauté a pour garant l'admiration de Pausanias, l'homme du monde qui admire le moins. Quant à leur style, on ne doit se le figurer ni trop sec, ni trop archaïque. Les frontons d'Égine et les métopes de Sélinonte[49] attestent à quel point l'art était arrivé à la fin du VIe siècle. S'il n'avait point encore atteint la grandeur et la perfection, il avait la force et une certaine élégance ; la vérité, pour être toute matérielle, ne manquait pas toujours de sentiment et de délicatesse.

En outre, le choix des sujets qu'a traités Gitiadas annonce un talent assez sûr de sa souplesse pour ne point craindre les difficultés de composition. Je ne dis rien des difficultés que présentait l'emploi du bronze ; parce que deux siècles de progrès avaient dû révéler à l'école spartiate des procédés déjà savants.

Ainsi, pendant que Pisistrate donnait au génie athénien l'impulsion qui le conduisit au siècle de Cimon et de Périclès, Sparte réclamait aussi l'attention de la Grèce. Dans un âge où d'autres cherchaient encore leur voie, elle avait en quelque sorte (si un tel rapprochement est possible) son Phidias et son Parthénon.

Heureuse alors et initiée par une longue éducation politique à tous les bienfaits de la constitution de Lycurgue, elle était puissante au dehors, et sa gloire grandissait chaque jour[50]. Maîtresse des riches campagnes de la Messénie, elle exerçait un véritable empire sur la plupart des villes arcadiennes ; elle avait vaincu Tégée et Argos ; elle allait délivrer Athènes de ses tyrans, Athènes, dont la faiblesse ne lui annonçait guère une rivale.

Comme si son orgueil eût demandé à l'art des trophées plus magnifiques et l'emploi des richesses que la guerre avait entassées, mais que ses lois rendaient inutiles, elle appela dans son sein, à cette époque, un nouveau genre de sculpture, cultivé déjà dans quelques villes de la Grèce, mais qui reçut pour la première fois, à Sparte, ses proportions grandioses et toute sa splendeur. Je veux parler de la statuaire chryséléphantine, qui employait l'or et l'ivoire, et du trône d'Apollon Amycléen.

Nous nous demandions tout à l'heure si, dans la république de Lycurgue, la pauvreté des particuliers n'était pas comme une source de richesse publique. L'on reconnaîtra, du moins, que l'austérité des mœurs, en rendant les richesses inutiles, persuade de les consacrer à de grandes entreprises et à de beaux travaux. Ce qu'Athènes fit plus tard par amour de la gloire, Sparte le fit par nécessité. L'art seul lui offrait un cligne emploi de dangereux trésors. C'est pour cela qu'on choisit la branche de l'art qui promettait les dépenses les plus considérables et mettait en œuvre les matériaux les plus précieux, la toreutique.

L'offrande fut destinée d'abord à Apollon Pythien ; mais on se ravisa en faveur d'Apollon Amycléen, plus célèbre encore[51]. Seulement, deux choses manquaient pour réaliser cette entreprise : de l'or, métal rare eu Grèce à cette époque, et des artistes toreuticiens. Crésus fournit l'or, Magnésie les artistes.

Mais Crésus, qui recherchait l'alliance de Sparte, donna en présent ce qu'on voulait acheter. C'est alors que les Lacédémoniens, pour ne pas rester en arrière de tant de générosité, firent faire un vase immense qui pouvait tenir 300 amphores. Il était tout en bronze et chargé, à l'extérieur, de frises, de sculptures[52], où l'on reconnaîtra la main de Gitiadas ou de ses élèves. Ce magnifique monument était célèbre avant même d'être sorti de l'atelier, et les Samiens équipaient leurs galères[53] pour surprendre au passage le vaisseau qui le portait à Crésus.

Il est assez peu important de savoir pourquoi ce fut à Magnésie que les Lacédémoniens allèrent chercher les artistes qui leur manquaient. Il suffisait que cette ville fût une de leurs colonies[54], et surtout qu'elle possédât à cette époque des talents renommés. Sur leur invitation, Bathyclès vint s'établir en Laconie[55] avec ses élèves, assez nombreux pour que leurs statues, placées au sommet du trône d'Apollon, formassent une troupe de danseurs qu'on appelait le chœur des Magnésiens[56].

La statue du dieu, nous l'avons vu plus haut, n'était point l'œuvre de Bathyclès ; elle était beaucoup plus ancienne et faite sans art[57]. Ce n'était qu'une colonne de bronze avec un visage, des pieds et des mains. On ne pouvait donc l'asseoir sur le trône que lui construisit le sculpteur magnésien. Mais, placée au milieu, elle semblait toujours devoir s'y reposer. C'est une idée assez étrange, et qui a piqué l'imagination des critiques. modernes. On verra, dans le Jupiter Olympien de M. Quatremère de Quincy[58], les différentes explications qui ont été proposées.

La statue avait quarante-cinq pieds de hauteur. Le trône, sans être aussi grand, était lui-même colossal. C'étaient ses vastes surfaces que Bathyclès avait décorées de sculptures où l'or se mélangeait à l'ivoire, suivant les règles de la toreutique, c'est-à-dire que l'ivoire représentait le nu, l'or, les draperies et les ornements. Pausanias énumère la plupart des sujets que l'artiste avait représentés :

Deux Grâces, dit-il, et deux Saisons soutiennent le trône par devant et par derrière ; à gauche, on voit Échidné et Typhon ; à droite, des Tritons. Mais une description détaillée des sculptures fatiguerait le lecteur ; je ne ferai que les désigner brièvement, d'autant que la plupart sont des sujets connus.

On voit donc Taygète, fille d'Atlas, et sa sœur Alcyone, enlevées par Neptune et Jupiter ; à côté, Atlas ; puis, Hercule luttant contre Cycnus et combattant contre les Centaures chez Pholus. Je ne sais pourquoi Bathyclès a représenté le Minotaure enchaîné et traîné vivant par Thésée. Ensuite, on voit une danse de Phéaciens, Démodocus chantant, Persée coupant la tête à Méduse, Hercule vainqueur du géant Thurius, Tyndarée combattant Eurytus, l'enlèvement des filles de Leucippe, Bacchus enfant, que Mercure porte au ciel ; Hercule, que Minerve guide vers l'Olympe pour qu'il demeure avec les dieux. Pélée remet Achille au centaure Chiron pour l'élève ; Céphale est ravi par l'Aurore, à cause de sa beauté ; les dieux viennent aux noces d'Harmonie offrir leurs présents ; Achille combat contre Memnon ; Hercule châtie Diomède, en Thrace, et Nessus, sur les bords de l'Événus ; Mercure conduit à Pâris les trois déesses entre lesquelles il doit se prononcer ; Adraste et Tydée font cesser le combat d'Amphiaraüs et de Lycurgue, fils de Pronax ; Junon contemple la fille d'Inachus, Io, déjà changée en génisse ; Minerve échappe aux poursuites de Vulcain.

Au-dessus de ces tableaux, on reconnaît la suite des travaux d'Hercule, l'hydre de Lerne, Cerbère entraîné ; puis Anaxias et Muasimus sur leurs coursiers. Un seul cheval porte Mégapenthès et Nicostrate, fils de Ménélas ; Bellérophon tue la Chimère ; Hercule emaiène les bœufs de Géryon.

Sur la partie supérieure du trône sont les deux fils de Tyndarée ; sous leurs chevaux, des sphinx ; au-dessus, des bêtes féroces qui courent ; du côté de Castor, un léopard ; du côté de Pollux, une lionne. Tout au haut du trône est un chœur de danseurs ; ce sont les Magnésiens qui ont aidé Bathyclès à exécuter ce grand ouvrage. L'intérieur du trône[59], en partant des Tritons, présente la chasse de Calydon, Hercule tuant les fils d'Actor, Calais et Zétès chassant les Harpies de chez Phinée, Pirithoüs et Thésée qui ont enlevé Hélène, Hercule étranglant le lion, Apollon et Diane perçant Titye de leurs flèches. On voit encore le combat d'Hercule contre le centaure Orénus, celui de Thésée contre le Minotaure, la lutte d'Hercule et d'Achélotis, Junon enchaînée par Vulcain, les jeux célébrés par Acaste aux funérailles de son père, la fable de Ménélas et du Protée égyptien, qu'on lit dans l'Odyssée. Les derniers sujets sont Admète qui attelle à son char un lion et un sanglier, les Troyens qui font des libations sur le tombeau d'Hector.

Quelque intéressantes que soient les indications de Pausanias, quelque propres qu'elles soient à nous faire concevoir la richesse de ce monument et l'inépuisable fécondité des artistes, on regrette qu'il ne dise rien du style des sculptures et de leur beauté. Il est vraisemblable, du reste, qu'après Gitiadas l'art ne souffrait plus rien de médiocre. Bathyclès était un des maîtres les plus célèbres de l'école asiatique, qui avait devancé jusqu'alors les écoles de la Grèce. Aussi ne peut-on s'empêcher de penser, avec M. Quatremère, que le trône d'Amycles a servi de modèle au trône d'Olympie, c'est-à-dire à Phidias.

Les Magnésiens complétèrent leur œuvre en décorant le tombeau d'Hyacinthe. Il servait de base à la statue d'Apollon[60] et avait là forme d'un autel. Une porte de bronze s'ouvrait sur le côté gauche ; c'était par là qu'on offrait les sacrifices funèbres. Sur cet autel étaient représentés : Biris, Neptune, Amphitrite, Jupiter et Mercure conversant ensemble, Bacchus et Sémélé debout auprès d'eux, Ino près de Sémélé, puis Cérès, Proserpine et Pluton ; au-dessus on voit les Parques, les Saisons, et avec elles Vénus, Minerve et Diane qui emportent au ciel Hyacinthe et sa sœur Polybée, qui mourut vierge, dit-on.

Tant de travaux demandèrent nécessairement pour être terminés plusieurs années. C'est pourquoi il est permis de rechercher quelle influence eut sur l'école de Sparte le séjour prolongé de Bathyclès. Nous ne pouvons apprécier toute l'étendue de cette influence, parce que l'histoire est silencieuse sur ce point comme sur tant d'autres. Du moins, quelques noms échappés à Pausanias nous la révèlent et montrent que Bathyclès trouva des artistes spartiates qui recueillirent les principes et les traditions de son art.

A cette époque, vivaient à Lacédémone plusieurs sculpteurs qui avaient suivi le progrès général de la Grèce. Dédaignant le travail du bronze et les exemples glorieux de Gitiadas, avides de nouveauté, ils avaient été chercher à Sicyone les leçons de Dipœnus et de Scyllis, maîtres célèbres par leur habileté à travailler le marbre[61], qui pour la première fois répandaient en Grèce le goût des œuvres de ce genre. Nous citerons d'abord deux frères, Doryclidas et Médon[62], puis Théoclès, fils d'Hégylus, enfin Dontas[63], tous quatre Lacédémoniens. De retour dans leur patrie, ils appliquaient la science nouvelle qu'ils rapportaient de l'étranger[64], lorsque arriva Bathyclès.

Ce furent eux précisément qui, toujours ardents pour le progrès de l'art, se firent élèves une seconde fois, et apprirent des Magnésiens à mettre en œuvre l'or et l'ivoire. Quoiqu'à la tin de leur siècle, et surtout dans le siècle qui suivit, les vrais artistes fussent universels, fondeurs à la fois, sculpteurs et toreuticiens, il est. à remarque. que les seuls ouvrages de ces quatre Spartiates signalés par Pausanias sont des statues en or et en ivoire. Telles étaient les cinq Hespérides de Théoclès, la Thémis de Doryclidas, la Minerve de Médon dans l'Héræum d'Olympie[65].

Dontas, pour les sculptures qui-ornaient le trésor des Mégariens, avait employé le cèdre et l'or, ce qui n'est qu'une variété de la toreutique.

S'il est impossible de ne pas reconnaitre dans ces productions l'influence magnésienne, on ne doit pas supposer pour cela que la sculpture en marbre, à peine importée à Sparte, ait été aussitôt abandonnée. Elle eut aussi son légitime développement et sa part d'honneur. En faut-il une autre preuve que le portique des Perses et les nombreuses statues de marbre blanc qui le décoraient ?

Mais l'histoire, à laquelle nous avons pu jusqu'ici surprendre de loin en loin quelques témoignages, devient complètement muette sur l'art lacédémonien. On dirait, quand le siècle de Périclès commence, qu'elle n'a plus d'attention que pour les créations du génie athénien. Croit-on pourtant que, pendant l'âge le plus fécond de la civilisation grecque, Sparte soit devenue tout à coup stérile et barbare ; que la sculpture se soit arrêtée d'épuisement, après avoir produit comme dernier effort le portique des Perses et les deux statues de Pausanias placées dans l'acropole ? Quel est ce Gorgias de Laconie, que Pline[66] nomme à côté de Polyclète et de Myron ? Pourquoi ne connaissons-nous aucune des œuvres d'un maître qui marquait ainsi une des grandes époques de l'art ?

Il est impossible de pénétrer cette obscurité[67] ; mais, après les faits que nous avons recueillis, il est permis de ne point la considérer comme la condamnation d'un peuple qui n'a eu le plus souvent pour annales que les annales de ses ennemis.

 

 

 



[1] App., de Venat., I, v. 3577.

[2] Lacon., XV.

[3] Pausanias, Lacon., XIV.

[4] Ælian., Var. Hist., VI, 5.

[5] Pausanias, Phoc., IV.

[6] Xénophon, In Agesil., XI.

[7] Pausanias, Elid. II, c. IV.

[8] Pausanias, Elid., I, c. XXIII.

[9] Pausanias, Elid., II, c. XIX.

[10] Pausanias, Elid., I, c. IX.

[11] Pausanias, Elid. I, c. XVII, XXIII, XXIV ; II, c. I, II, IX, X, XV, XVI, XIX.

[12] Le Spartiate couronné à Olympie avait le droit de combattre au premier rang. On sait le mot de cet athlète auquel on offrait une somme considérable pour ne pas combattre. Qu'as-tu gagné de si beau, ô Laconien ? lui disait quelqu'un après sa victoire. Il répondit en souriant : Je marcherai à l'ennemi devant le roi ! (Plutarque, Vie de Lycurgue, XXIII.)

[13] Platon, Hipp. Maj., au commencement.

[14] Pausanias, Corinth., IV.

[15] Les ξόανα de Minerve Céleuthie, de Junon, de Thétis, d'Hercule, d'Esculape, de Mars, de Vénus armée et de Vénus Morpho, d'Hilaire et de Phœbé, de Diane Taurique.

[16] Pausanias, Lacon., XVII.

[17] Le bâtiment où elles travaillaient en commun à cet ouvrage s'appelait Χιτών, Tunique. (Pausanias, Lacon., XVI.)

[18] Pausanias, Lacon., XV.

[19] Pausanias, Lacon., XV.

[20] Pausanias, Lacon., XVI.

[21] Hérodote, I, 70 ; III, 39, 44, 54.

[22] Plutarque, Apophth. Lacon.

[23] Pausanias, Lacon., XII ; Arcad., XIV.

[24] Sunt qui in Samo primos omnium plasticen invenisse Rhœcum et Theodorum tradunt, multo ante Bacchiadas Corinthe expulsos. (Pline, XXXV, 43.)

[25] Phoc., XXXVIII.

[26] Pausanias, Phoc., XXXVIII.

[27] Pausanias, Phoc., XXXVIII.

[28] Ion, t. I, p. 353.

[29] On le retrouve, en effet, à Éphèse (Diodore, I, 78), à Lemnos (Pline, XXXVI, 13). La rareté des artistes à cette époque les faisait rechercher par toutes les villes.

[30] Pausanias, Elid., II, c. IV.

[31] Demaratum vero ex eadem urbe profugum comitatos lictores Euchira et Eugrammun ; ab iis Italiæ traditam plasticen. (Pline, XXXV, 43.)

[32] L'opinion générale (V. Sillig., Catal. Art., p. 440) place Théodore au début de l'ère des Olympiades. Mais on ne peut ici compter rigoureusement par générations ; car Théodore n'a passé que quelques années à Sparte, et, à son départ, Charias et Syadras se trouvèrent immédiatement chefs d'école.

[33] Pausanias, Elid., II, c. IV. C'est une faute de copiste qui a transformé, dans un autre passage, Cléarque en Léarque... Καί Λέαρχον δέ άνδρα 'Ρηγίνον.... (Lacon., XVII.) Ce qui rend l'erreur plus évidente encore, c'est la réunion des deux mots καί et δέ et une construction contraire à toutes les habitudes de la langue grecque. Schubart et Walz ont donc raison de lire : Κλέαρχον δέ άνδρα 'Ρηγίνον.... (Édit. de Leipzick.)

[34] Ceux qui admettent le texte fautif de Pausanias et un Léarque de Rhégium antérieur à Théodore de Samos, par conséquent à l'ère des Olympiades, ne songent pas que Rhégium n'existait pas alors. Cette ville ne fut fondée que la troisième année de la 9e olympiade, au commencement de la guerre de Messénie. (Strabon, VI, p. 357.)

[35] Pausanias, Lacon., XVII.

[36] Diodore Sic., I, 98.

[37] L'Apollon Pythien était exactement semblable (Pausanias, Lacon., X.)

[38] Pausanias, Lacon., XIX.

[39] Pausanias, Elid., I, c. XXIV.

[40] Pausanias, Elid., II, c. XV.

[41] Pausanias, Elid., II, c. IX.

[42] Elles furent instituées dans la 37e olympiade. (Pausanias, Elid., I, c. VIII.)

[43] C'est vers cette époque qu'il faudrait placer le fragment de vase sculpté trouvé à Sparte par M. Philippe Le Bas (Voyage arch. en Asie Mineure et en Grèce ; planche 105). Le sujet représente un combat. Deux guerriers sont aux prises ; un cadavre est étendu à leurs pieds ; deux autres guerriers paraissent derrière eux ; mais là s'interrompt le fragment Le style de ce bas-relief est archaïque, rude, grossier. Mais on y remarque déjà une certaine science de composition et quelque sentiment de la vérité.

[44] Ottf. Müller, Thiersch, Schorn. Voyez Sillig., p. 217 et 130, et pour la passage de Pausanias, Lacon., XVIII, § 5 de l'édit. de Leipsick.

[45] Pausanias, Lacon., XVII.

[46] Pausanias, Lacon., XVIII.

[47] Pausanias, Lacon., XVIII.

[48] Pausanias, Lacon., XVII.

[49] On a trouvé à Sélinonte des métopes de trois époques et de trois styles différents. Je parle des plus récentes.

[50] Hérodote, I, 68, 69.

[51] Pausanias, Lacon., X. Les paroles de Pausanias feraient croire que Crésus avait envoyé son or à Apollon, et non pas aux Lacédémoniens. Le récit d'Hérodote (I, 69) permet de rectifier cette inexactitude.

[52] Hérodote, I, 70.

[53] Hérodote, I, 70.

[54] Lacedæmonii in Asia Magnesiam occupavere. (Vell. Paterculus, I, 4.)

[55] Le royaume de Lydie fut conquis en 546 par les Perses. Bathyclès vint à Sparte vers la 59e olympiade (540) ; car c'est peu de temps avant la chute de Crésus que les Lacédémoniens lui demandèrent de l'or. En effet, au moment où le vase qu'ils lui destinaient venait d'être achevé, Sardes était prise. (Hérodote, I, 70.)

[56] Pausanias, Lacon., XVIII.

[57] Pausanias, Lacon., XIX.

[58] Pag. 196 à 210.

[59] Il ne faut pas oublier que le trône forme autour de la statue-colonne une sorte d'enceinte qu'elle est bien loin de remplir. (Voyez le dessin du Jupiter Olympien.)

[60] Pausanias, Lacon., XIX.

[61] Marmore scalpendo primi omnium inclarueruat Dipœnus et Scyllis... li Sicyonem se contulere. (Pline, XXXVI, 4.)

[62] Pausanias, Elid., I, c. XVII. Le passage est trop long pour être cité, et d'une clarté telle qu'il suffit de le lire.

[63] Pausanias, Elid., II, c. XIX.

[64] Sillig les classe vers la 58e olympiade. (Voyez leurs noms dans le Cat. artif.)

[65] Pausanias, Elid., I, c. XVII.

[66] XXXIV, 19. Il faut évidemment effacer une virgule : Deinde, olympiade LXXXVI, Ageladas, Polycletus, Gorgias [,] Lacon, Myron... (V. Sillig, Gorgias.)

[67] Je ne parle point des statues que Lysandre consacra à Delphes après Ægos-Potamos. Lysandre commence à ruiner la constitution et à corrompre les mœurs. C'est à cette limite que s'arrêtent l'influence de Lycurgue, l'esprit de l'ancienne Sparte, et par conséquent nos recherches. Voyez Sillig, pour Callicrate le Lacédémonien. Il n'est pas besoin de chercher l'époque d'un artiste qui faisait des chars qu'une mouche couvrait de ses ailes et sculptait des vers d'Homère sur un grain de sésame. Encore avait-il un collaborateur. Voyez aussi Raoul-Rochelle, Lettre à M. Schorn, p. 275, pour Démétrius.