LE ROI LOUIS XIII À VINGT ANS

 

CHAPITRE VI. — MÈRE ET FILS.

 

 

Marie de Médicis à Blois en 1617. — Louis XIII désire vivre en bons termes avec sa mère. — L'ancienne régente regrette le pouvoir. — Les ministres sont d'accord avec le roi pour tenir Marie de Médicis éloignée de Paris. — Intrigues à Blois : le gouvernement fait surveiller : plaintes de Marie de Médicis : elle veut revenir à la cour ; envoi de M. de Roissy à Blois : récriminations de Marie de Médicis qui s'enfuit de Blois le 22 février 1619. — Louis XIII lève des troupes : Marie de Médicis capitule, traité d'Angoulême, 30 avril 1619. — Louis XIII propose à sa mère une réconciliation sincère, mais ne lui rend pas le pouvoir : entrevue de Couzières, 3 septembre. — Nouvelles récriminations de Marie de Médicis ; sa seconde révolte de 1620. — Situation critique de Louis XIII ; sa victoire aux Ponts de Cé : Marie de Médicis capitule à nouveau : traité d'Angers. — Louis XIII laisse sa mère rentrera Paris ; il ne l'admet pas au conseil ; habile attitude de Marie de Médicis, conseillée par Richelieu, pour vaincre les résistances de Louis XIII : le roi se décide en janvier 1622 à laisser sa mère assister à quelques séances du conseil. — Marie de Médicis redouble d'égards : elle parvient en 1624 au résultat qui a été le but de sa campagne : l'entrée de Richelieu au conseil.

 

Après s'être rendue lentement vers Blois, lieu de son exil, en mai 1617, Marie de Médicis, arrivée dans la vieille petite ville des bords de la Loire, n'avait pas voulu habiter l'aile du château dite de François Ier, rendue sinistre par l'assassinat du duc de Guise[1] ; elle s'était logée dans la partie construite vers l'ouest, au temps de Catherine de Médicis, et que Gaston d'Orléans démolira plus tard afin d'édifier le pavillon de Mansard. Elle avait demandé toutes sortes de réparations : on les lui avait accordées ; on avait repeint les pièces destinées à son appartement[2] : on lui avait bâti, sur les plans de Salomon de Brosse, un grand pavillon au bout de l'ancien corps d'hôtel, afin d'ajouter à cet appartement un cabinet et une garde-robe[3] ; des murs de soutènement du château, de ce côté, ne tenant pas, Louis XIII avait commandé de pousser activement la réfection de la courtine sur les fossés, en l'achevant aux deux bouts par deux bastions rectangulaires, travail de rempiètement déjà commencé auparavant, qu'on avait complété en approfondissant les fossés et dans lequel les malintentionnés vont voir des mesures prises par le roi pour emmurer sa mère[4]. De Paris avaient été transportés quantités de meubles sur neuf chariots escortés de dix archers de la prévôté de l'hôtel[5].

Toujours reine, Marie de Médicis gardait, en principe, le train d'existence qu'elle avait eu à Paris. Elle fera copier en 1618 le budget de sa maison sur celui de 1616, avec le même nombre de gens, les mêmes titres, les mêmes frais[6]. Elle continuait à disposer librement de ce personnel et aie nommer : elle avait toujours son sceau[7]. Dame d'honneur, gentilshommes servants, demoiselles d'honneur, médecins, femmes de chambre, huissiers, tout son monde était venu la rejoindre. On avait discuté sur le nombre de Suisses qu'elle devait avoir[8] : Louis XIII avait accordé à sa mère six de ses Cent-Suisses, commandés par un capitaine[9]. Une partie de la compagnie des gardes du corps que Marie de Médicis avait eue à Paris comme régente, lui avait été rendue[10]. Elle en avait assez pour croire encore à sa puissance et se donner l'illusion de la souveraineté : les mécomptes n'allaient pas tarder à venir.

Elle était en disgrâce, loin du roi et des faveurs : peu à peu son personnel l'abandonna. Les démissions se suivirent, d'abord isolées et modestes ; porteurs de cuisine, apothicaires, panetiers ; puis plus nombreuses : huissiers, valets de chambre, médecins ; ensuite importantes : contrôleur de la maison, maréchaux des logis, maîtres queux, le premier écuyer lui-même, M. de Bressieux[11]. En 1618, il y aura plus de quarante démissions[12]. Après avoir mis au monde, le roi, l'avoir élevé, avoir travaillé sept ans à son établissement, disait-elle avec amertume, je suis réduite à voir même mes domestiques me faire tous les jours des affronts[13].

Elle chercha à organiser sa vie. Le roi lui avait laissé ses revenus et confirmé par brevet du 2 mai 1617, ses pensions, appointements, gouvernements, domaines[14]. Un moment elle pensa se distraire en chassant ; elle organisa une fauconnerie : oiseaux, chiens et chevaux ; puis trouvant les frais trop élevés, elle ne garda sa fauconnerie que quatre mois par an, après quoi la supprima[15].

Elle s'occupa de ses jardins, les beaux jardins de Blois, jardin d'en haut et jardin d'en bas. Elle fît venir de Gênes, des orangers, des plants de jasmins rares, d'azerolles, de myrtes. En septembre 1617, elle commandait à Pierre Mangot, jardinier des hauts jardins du château, trente vaisseaux de menuiserie (caisses) pour y planter des orangers et jasmins, et construisait une serre, une citerne pour y retirer les orangers, myrtes et autres fleurs. Elle voulut avoir une roseraie ; Mangot lui procura des boutons de roses de diverses façons ; elle veillait à ce que les grandes allées du château de Blois fussent bien tenues[16].

Elle fit de la musique. Elle avait emmené de Paris ses chanteurs, sept exécutants ; ses musiciens, le joueur de luth, Robert Ballart et un violoniste de talent, Jean Franconis, dit Millaut[17]. Elle organisa des concerts. Elle mandait du Poitou des joueurs de hautbois et de musette réputés. Les musiciens de la ville lui fournissaient les éléments d'un petit orchestre : ils montaient au château et jouaient pendant les dîners, dans des soirées de comédie, voire même au cours de ballets[18] : Marie de Médicis eut des ballets et fit jouer des pièces de théâtre.

Les troupes ambulantes de comédiens s'arrêtaient pour lui donner des représentations : en juin 1617 c'était la bande de Michel de la Chapelle, Jean Samuel, Charles Guérin qui venait jouer devant elle des histoires et comédies : une autre fois, c'était Robert Guérin, dit la Fleur ; ou bien Antoine Gacart et sa femme, Victoria Romana ; Philippe de Mondor, et Antoine Girard, dit Tabarin[19]. Marie de Médicis monta un théâtre. Elle manda à Blois Boisrobert, et lui fit traduire le Pastor fido de Guarini[20] ; elle prenait ses acteurs parmi ses garçons de fruiterie, domestiques, femmes de chambre, enfants delà ville, écoliers de Guillaume Frédy, maître écrivain de Blois[21]. Est-il vrai, comme le dit Tallemant, que son intention étoit de faire semblant de s'amuser à faire jouer des comédies pour empêcher M. de Luynes d'avoir des soupçons d'elle[22] ? Ce n'est pas certain : elle se divertissait.

Il semblait que rien ne fut changé dans ses habitudes. Ses fantaisies dispendieuses étaient aussi inconsidérées en exil que du temps où elle était régente ; elle continuait à faire des achats excessifs d'étoffes précieuses, de bijoux, de diamants, de pièces d'orfèvrerie qu'elle distribuait avec profusion[23]. Personne ne venait en mission auprès d'elle qu'il ne repartit avec un souvenir de prix[24]. Blois ayant la spécialité des fabriques de montres et d'horloges, elle se montrait la providence du pays par le nombre des achats qu'elle faisait[25].

A l'égard des églises, des couvents, des pauvres, ses libéralités étaient royales. Elle bâtissait une église de minimes à Blois[26] ; donnait aux cordeliers de la ville, aux marguilliers de Notre-Dame-des-Aides, aux paroisses des environs[27]. Elle distribuait de l'argent, la semaine sainte, aux sept sanctuaires où elle allait faire ses stations, à 70 pauvres filles, aux mendiants stationnant à la porte des églises, aux prisonniers. Dès que quelque malheur lui était signalé dans le pays : sinistres produits par le débordement de la Loire, incendies mettant des gens dans la misère, maladies ruinant de vieux serviteurs, elle se montrait généreuse, gratifiait largement le maître de poste de Blois pour le surcroît de besogne qu'elle lui procurait : le curé, le vicaire et le sonneur de l'église Saint-Nicolas, parce qu'elle les priait de ne pas faire sonner les cloches avant dix heures du matin[28]. Elle distribuait autour d'elle sans compter, elle était libérale par faste.

Dans cette nouvelle existence où elle cherchait à se donner les illusions du passé, pensait-elle à ses enfants ? Peu. Elle avait demandé qu'on lui envoyât une de ses filles. On n'avait pas voulu : elle en avait pris son parti[29]. Elle se bornait à leur écrire des billets courts, sans grande effusion, de cette langue qui trahissait sa connaissance insuffisante du français : ma figle, votre sur est venue me visitar[30]... Elle mandait à madame de Monglat, la gouvernante, qu'elle comptait sur elle : Vous avez satisfait à votre devoir et à mon désir, lui disait-elle, m'ayant avertie de la santé de mes filles ; et pourvu qu'elles aient les vertus auxquelles elles sont obligées, elles n'auront jamais tant de bien ni de contentement que je leur souhaiterai. Soignez soigneuse en tout ce qui les regarde[31]. Madame de Guise venant la voir, elle la chargeait de recommandations pour ses enfants[32]. A chaque jour de l'an elle leur envoyait de riches étrennes. De sentiment plus profond, elle n'en révélait guère. Quels étaient ceux qu'elle éprouvait pour le roi et que le roi professait pour elle ? La question, jusqu'ici, est restée obscure. Les partisans de Marie de Médicis, par respect pour la personne royale, n'osant pas mettre en cause Louis XIII, ont répété que cette question se réduisait à un antagonisme entre le favori du roi, M. de Luynes, et l'ancienne régente. Il est possible, aujourd'hui, de mieux préciser les faits.

 

Sa mère reléguée à Blois, loin des affaires, Louis XIII n'avait plus de raison de nourrir contre elle de l'hostilité. Le mieux était qu'elle acceptât son sort ; il n'était que de l'aider par des prévenances. Il avait suivi avec intérêt le voyage de l'ancienne régente à Blois. Sa Majesté, mandait Luynes à Richelieu, le 10 mai 1617, a été extrêmement aise de son bon voyage et a compté de jour à autre ses journées avec soin[33]. Le roi avait recommandé au lieutenant de la compagnie de ses chevau-légers chargé d'escorter Marie de Médicis, M. de la Curée, d'être, ainsi que ses hommes, plein d'attentions, et Marie de Médicis reconnaissant les soins dont elle avait été entourée avait donné de superbes souvenirs à M. de la Curée et aux chevau-légers[34]. Louis XIII avait écrit aux villes de recevoir sa mère comme si elle était toujours régente : Nous vous mandons, ordonnons et très expressément enjoignons, avait-il dit aux autorités municipales de Blois, que vous ayez à la recevoir, assister, servir et reconnaître avec tout l'honneur, le respect et l'obéissance qui lui sont dus et tels que vous le pourriez rendre à notre propre personne[35]. Orléans avait bien fait les choses ; les Blésois avaient été plus froids[36]. Pour l'installation de sa mère dans sa nouvelle résidence, Louis XTII avait prescrit qu'on lui accordât ce qu'elle demanderait.

Les premiers rapports furent corrects. Le roi, écrivait Puisieux à M. de Léon, entretient avec la reine sa mère, établie au château de Blois, une correspondance qui est louée et bien vue de chacun. La reine est bien établie à Blois où elle se comporte sagement[37]. Attentive, maintenant, Marie de Médicis écrivait à son fils des lettres déférentes, comme à quelqu'un qu'il faut ménager. Le protocole voulait qu'elle usât de formules calculées : Je suis, Monsieur mon fils, votre très humble et très affectionnée mère et sujette ; Je suis heureuse de la protection et appui de vos bonnes grâces. Elle se soumettait[38]. Elle exprimait le plaisir qu'elle éprouvait à recevoir de bonnes nouvelles du roi, ses désirs à le complaire et contenter[39]. Au nouvel an, elle apportait un soin particulier à choisir le cadeau qu'elle offrait au roi et Louis XIII agissait de même à son égard[40]. Leurs sentiments réciproques étaient-ils sincères ? Le P. Arnoux écrivait à Marie de Médicis : Le roi a l'âme pure et innocente[41]. De lui-même Louis XIII mandait à sa petite sœur que leur mère était ce qu'il aimoit le plus au monde[42]. Loyalement il désirait vivre en bons termes avec elle. Déageant, qui le voyait tous les jours à ce moment, écrivait ensuite : les intentions du roi (à l'égard de sa mère) étoient si pleines de sincérité et tellement connues de ceux desquels il se servoit en ses principales et plus secrètes affaires que nul n'eût osé lui faire aucune proposition qui put tant soit peu regarder l'honneur et le respect qu'il vouloit qu'on lui rendît, ni altérer la bonne intelligence qu'il désiroit conserver avec elle[43]. Sully, de son côté disait : Le roi a usé envers la reine mère de procédures toutes pleines de prudence, d'équanimité, de déférence, respect et vénération[44]. On n'avait pas compté avec le caractère de l'ancienne régente.

La veille, maîtresse souveraine du royaume, le lendemain chassée, exilée, et pour ainsi dire recluse, Marie de Médicis, nature inquiète et brouillonne, ne pouvait pas accepter la situation humiliée qui lui était faite à Blois. Sans doute, le roi lui témoignait des égards, mais il entendait qu'elle ne revînt pas à Paris. Elle le savait. La volonté, sur ce point, du prince, était irréductible. Il n'était pas besoin qu'on mit Louis XIII en garde à ce sujet contre sa mère : Bassompierre le constatait ; le garde des sceaux, du Vair, écrivait à Marie de Médicis le 17 mars 1619 : Au nom de Dieu, que votre Majesté ne s'imagine point qu'il y ait personne près du roi, de son conseil ou autre, qui veuille, ni puisse le détourner du respect ou de l'amitié que naturellement il vous porte et que justement il vous doit : il est vrai que, de même, votre Majesté doit croire qu'il n'y en a aucun qui lui puisse ôter le sentiment de ce qui louche la diminution de son autorité, sûreté de sa personne et de son État[45]. Si Louis XIII tenait à ce que sa mère restât éloignée, de Paris, c'était, disaient des instructions données à M. Béthune, pour des considérations qui importoient au bien de son service et au repos de son État[46]. C'est une chose certaine, mandait le nonce, que le roi ne veut pas qu'on traite au Conseil du retour de sa mère ; je le sais de source sûre[47]. Lorsque l'archevêque de Pise, ambassadeur du grand duc de Toscane, causant avec le roi, avait eu l'imprudence d'aborder la question, le prince, gêné, s'était borné à murmurer quelques mots inintelligibles[48]. Quand le P. Cotton, alors confesseur du roi, avait cherché en mai 1617 à plaider la cause de l'ancienne régente, Louis XIII lui avait tourné le dos et l'avait remercié de ses services. Tous ceux qu'on avait soupçonné d'être inféodés à Marie de Médicis avaient été écartés, comme M. de Brèves, gouverneur de Gaston. Les sentiments du roi étaient formels[49].

Les ministres étaient d'accord avec leur maître. Chassés jadis par la régente, rétablis par Louis XIII, ils ne pouvaient guère éprouver de sympathie pour leur ancienne souveraine. Qui donc, du reste, aurait pu en éprouver le lendemain de la disparition de Concini, après la fin d'un gouvernement aussi impopulaire ! Le garde des sceaux du Vair se montrait particulièrement mal disposé ; d'autres membres du Conseil ne l'étaient pas moins[50]. Or Louis XIII a traité les affaires concernant sa mère dans son conseil : Jeannin, Pontchartrain, le P. Arnoux le répétaient : Contarini l'expliquait à son gouvernement ; le roi l'écrivait lui-même à sa mère[51]. En dehors des sentiments personnels du roi, l'attitude du souverain à l'égard de Marie de Médicis était donc déterminée par un ensemble d'éléments : jugements des ministres, avis du conseil, nécessités politiques, qui faisaient de ce problème des relations de la mère et du fils une affaire gouvernementale. d'Etat, et non, comme on l'a dit une simple question d'animosité personnelle du favori à l'égard de la mère du roi. Le devoir des rois qui veulent régner comme pères légitimes qu'ils sont de la patrie, faisait écrire, par Louis XIII, le gouvernement à Marie de Médicis, est de préférer toujours son bien général à tout autre particulier et la royauté, qui est par-dessus les lois humaines, prend loi et raison formée selon les besoins et nécessités du royaume. Pensez-y, Madame[52]. C'était la vérité. Il s'agissait essentiellement des besoins et nécessités du royaume, en opposition avec les rancunes et les ambitions de l'ancienne régente. En dehors des ministres, étaient de l'avis du roi : la plupart des princes, disait Pontchartrain, un certain sentiment qui étoit universel de la cour, ajoutait le P. Arnoux, en somme l'opinion publique, appuyant le jugement uni et conforme des ministres et, par surcroît, c'était le bon sens, la raison politique[53]. Dans ses rapports avec sa mère, Louis XIII s'est inspiré de tous ces motifs : il n'a pas été conduit uniquement par les jalouses appréhensions de M. de Luynes.

 

Les premiers jours de son installation à Blois, Marie de Médicis affecta de demeurer calme. Elle conserve une grande sérénité, écrivait l'ambassadeur vénitien, elle cause avec ses dames : elle s'abstient de tout ce qui pourrait donner quelque ombrage ; elle le fait remarquer à ceux qui viennent la voir[54]. Le 40 juin 1617, Richelieu mandait au P. Suffren : Vous trouverez l'esprit de la reine selon votre souhait, entièrement dépouillée de ses sentiments du passé[55]. Elle écrivait elle-même à Louis XIII qu'il pouvait être tranquille, prendre une entière confiance en ce qu'elle lui avait écrit. Il vous a été de ma part rapporté en toutes rencontres de mes bonnes intentions à vous donner le contentement que vous pouvez désirer de mes actions et déportements, disait-elle. Elle entendait ne recevoir aucune visite sans l'autorisation du roi[56]. Le jésuite qu'elle avait fait venir près d'elle comme confesseur, le P. Suffren, écrivait de Blois en août 1617 : La bonne reine reçoit du contentement parce que Dieu l'assiste et qu'elle a son cœur retiré du monde[57].

En réalité, sous ces apparences trompeuses se cachaient la douleur causée par la captivité subie, l'humiliation de se sentir déchue, le regret du pouvoir exercé si longtemps. Rentrer à Paris, réclamer à la cour la situation qui lui appartenait, retrouver sinon la pleine puissance de la veille, du moins une place dans les conseils du roi et une influence qui pourrait être équivalente à celle-ci, était l'idée qui devait s'imposer d'elle-même. Peu à peu la pensée unique de faire cesser son exil pour revenir auprès du roi envahit l'esprit de Marie de Médicis[58].

Elle manœuvra d'abord doucement. La reine mère, consignait Brienne, ne s'occupe qu'à tâcher de se faire.1rs créatures qui puissent la tirer de sa captivité. Elle écrivait, avait des agents dissimulés[59]. Le gouvernement fut informé. Il affecta de croire que Marie de Médicis ignorait ces intrigues : A toute heure, mandait Déageant à Richelieu, l’on a avis des brouilleries et menées de plusieurs sous le nom et en faveur de la reine. Je soutiens que c'est au déçu de la reine, ce que le roi et Luynes se persuadent, sans ajouter foi à tout ce que l'on rapporte. Il faut que Luçon continue à veiller[60]. Mis en éveil, le gouvernement fit surveiller. Le bruit ayant couru que Marie de Médicis correspondait avec l'Espagne et l'ambassadeur espagnol ayant exprimé le désir d'aller à Blois, on lui fit comprendre qu'il devait s'abstenir : c'était le conseil du roi qui en avait délibéré[61]. Il se répéta à la cour que d'aller à Blois dans les circonstances présentes était imprudent : chacun se le tint pour dit : Nulle personne de la cour n'osa voir la reine mère ni même passer par Blois quand leur chemin s'y adonnoit[62]. Il y eut des incidents. Une compagnie de gens d'armes étant venu, en passant, cantonner à Mer, à cinq lieues de Blois, Marie de Médicis fit demander par Tantucci à Paris si cette troupe était là pour la garder : le conseil ignorait le mouvement de la compagnie qui reçut l'ordre de déloger[63]. Mais les plaintes de Marie de Médicis commençaient à se faire entendre : elle parlait de son éloignement qui se prolongeait ; elle disait n'être pas bien traitée. Egalement soucieux et de faire preuve de respect et d'éviter des complications, le gouvernement envoyait en mission des personnages chargés de l'apaiser. Plusieurs allées et venues se firent de la part du roi, vers elle, écrivait Pontchartrain, pour lui faire passer son mécontentement et la tenir en espérance[64]. On expédia en août 1617 Modène. Marie de Médicis et son entourage prirent mal ces visites[65]. De Rome, le pape priait le nonce de faire ce qu'il pourrait, au nom de la religion, afin de recommander l'entente entre la mère et le fils : connaissant les deux, Bentivoglio répondait qu'il n'y avait rien à faire, ou en tous cas, que la chose était délicate, qu'elle demandait beaucoup de dextérité, de prudence, de circonspection. Il donnait raison à Louis XIII[66].

A mesure, les sentiments de Marie de Médicis se précisèrent. Elle insistait à vouloir revenir ; elle ne s'occuperait pas du gouvernement, puisqu'on avait tant peur le son ingérence ; elle entendait seulement revoir ses enfants[67]. Comme, en définitive, ce qui rendait sa cause difficile était l'impopularité dont elle jouissait à raison des mauvais souvenirs laissés par son gouvernement, l'entourage se mit à écrire des libelles afin de défendre la régence[68]. Tenu au courant, le roi continuai ! à croire, ou affecter de croire que ce n'était pas sa mère qui s'agitait ainsi. Il lui écrira plus tard : J'ai dissimulé beaucoup de choses faites contre moi et mon Etat par plusieurs personnes qui vouloient faire croire qu'elles le faisoient par votre participation et pour votre service. Je vous en ai fait tout le détail confidemment et vous ai assuré que je n'avois jamais cru que vous eussiez pris aucune part à leurs mauvais desseins ni même que vous eussiez rien su[69]. Un incident plus grave allait compliquer la situation.

En février 1618 on découvrit toute une intrigue menée entre la cour de Blois, Barbin, qui était enfermé à la Bastille, des seigneurs du royaume. Il ne s'agissait de rien moins que de faire revenir Marie de Médicis à Paris de force, de la remettre en autorité et dans les affaires, sans que le roi y consentit, ou, comme le disait Sully, placer le roi en tutelle, l'autorité royale en séquestre et mettre celle-ci ès mains de personnes qui eussent, peut-être, pis fait que ceux qui servaient de prétextes aux plaintes[70]. Le valet de chambre qui allait et venait de Paris à Blois, pour porter la correspondance, livra les lettres : nombre de gens se trouvèrent compromis : on prononça les noms de Rohan, Montbazon, Épernon, Bellegarde ; on ajouta que Marie de Médicis était en correspondance avec l'étranger : Barbin paraissait l'âme de l'affaire. Extrêmement irrité, le roi fit procéder à des arrestations immédiates : trois conseillers d'État furent chargés de procéder à une enquête judiciaire : le procès de Barbin et de ses complices allait se poursuivre devant le grand Conseil[71].

A la nouvelle de ces mesures, Marie de Médicis eut une vive émotion dont l'écho parvint jusqu'à Paris. L'ancienne régente déclara avec colère que si Barbin était coupable, il fallait le châtier, mais qu'elle ne pouvait pas, elle-même, demeurer en état de suspicion : qu'on la traduisit devant le Parlement, et qu'on lui fît son procès comme à une femme ordinaire ![72] Le gouvernement fut inquiet. Surprise, Marie de Médicis n'allait-elle pas, d'un coup de tête, marcher inopinément sur Paris ? A tout hasard, le gouvernement envoya quelques compagnies de cavalerie cantonner autour de Blois, afin de surveiller les routes. M. de Roissy, ancien conseiller d'Etat, fut chargé de se rendre auprès de Marie de Médicis afin de la calmer, d'essayer de la détromper des ombrages qu'on lui donnoit, en réalité pour demeurer auprès d'elle et veiller sur les actions de ceux qui l'approchoient. M. de Roissy fit murer certaines petites portes du château de Blois par où l'on étoit averti qu'entroient la nuit des gens qui alloient et venoient trouver la reine mère[73]. Marie de Médicis fut outrée ! Ainsi, on la resserroit, on la mettait en surveillance ! Elle répéta que si elle avait commis une faute on devait lui faire son procès ! Écrivant plus tard à Sully, elle lui parlait des mauvais traitements que je souffrais à Blois, disait-elle, et qu'on ne se seroit pas persuadé dans l'état où vous m'avez vue du vivant du feu roi Monseigneur et mari et depuis, dans la puissance et l'autorité de ma régence, qu'une personne de ma qualité et de ma dignité put être sujette ![74] Elle se borna à déclarer à Louis XIII ; qu'elle n'avait pas été sans quelque petit déplaisir devoir M. de Roissy en la charge qu'il avoit auprès d'elle[75].

Mais, dès lors, elle n'eut plus qu'une idée : s'enfuir. Puisqu'elle ne pouvait pas revenir à Paris, elle se réfugierait dans une place quelconque, celle d'un grand seigneur, de d'Épernon, par exemple, qui lui avait été si fidèle le lendemain de la mort d'Henri IV et l'était demeuré. Dès le mois de mai 1618, le bruit courait, à Paris, de ses projets de fuite dans une ville dépendante du duc[76]. Louis XIII, informé, donna l'ordre de surveiller Epernon. Un voyage que fit celui-ci, à ce moment, à Metz, excita les soupçons. Les sentiments réciproques des cours de Paris et de Blois ne faisaient que s'aigrir. Si cela continue, écrivait le nonce, le gouvernement finira par enfermer la reine mère à Amboise ou la renvoyer en Italie : On voudrait bien, disait-il, quelques jours plus tard, mettre l'ancienne régente dans la nécessité de demander elle-même à sortir du royaume pour se retirer à Florence. Le Saint-Siège partageait les impressions défavorables du nonce : C'est bien par son impatience et son obstination, mandait le secrétaire d'Etat, cardinal Borghèse, que la reine a réduit les choses au point où elles sont aujourd'hui ![77]

Le gouvernement prit des mesures. Il interdit à l'envoyé du grand duc de Toscane d'aller voir Marie de Médicis et, sur divers soupçons, fit emprisonner le secrétaire de cet envoyé. On arrêta le fils de l'agent du duc de Lorraine qu'on supposait jouer le rôle d'intermédiaire entre d'Epernon et Marie de Médicis[78]. La surveillance de Roissy devint rigoureuse. La reine est gardée bien soigneusement ! écrivait Rohan. Au dire de Richelieu, nul n'entroit plus chez Marie de Médicis que Roissy n'en voulut avoir connaissance ; nul ne lui parloit qu'il ne s'enquerrât du sujet. Richelieu prétend que Roissy interdit à la reine de sortir de l'enceinte de la ville ; qu'il limita ses promenades et lui défendit de voir personne sans sa permission : elle était ainsi traitée avec rigueur et indignité[79]. Comme l'avait prévu le nonce, l'éventualité fut même agitée, à Paris, du renvoi de Marie de Médicis en Italie ; La reine mère ne vouloit pas croire, au commencement, dit Richelieu, toutes les menaces qui lui étoient faites de l'envoyer hors du royaume ou de l'enserrer dans un monastère. Il ne fut pas question d'enfermer Marie de Médicis dans un monastère, mais le projet de retraite au delà des monts fut examiné en août 1618. On sonda le grand duc de Toscane, qui répondit ne pas se soucier de voir revenir l'ancienne régente chez lui. Le gouvernement français n'insista pas : Louis XIII n'était pas partisan de la mesure qui ne fut envisagée que d'une façon évasive[80].

Mais, devant la menace, Marie de Médicis prit peur. A l'irritation succéda l'abattement, la mélancolie. Elle faiblit. Le roi alors, décidé à user de moyens pacifiques, profita de ces dispositions : il envoya le P. Arnoux, à Blois, en septembre 1618, avec charge d'assurer la mère de sa bienveillance, du respect et de l'affection qu'il lui devoit ; en retour, elle lui promettrait de renoncer et désavouer toutes pratiques, menées et intelligences que l'on pourroit avoir faites et formées sous son nom[81]. Marie de Médicis promit. Elle parut recevoir le P. Arnoux avec un indicible contentement. Le roi votre fils, lui mandait ensuite le jésuite, revenu près de Louis XIII, a voulu par deux fois ouïr de ma bouche le narré de mon voyage tout au long : il en a eu l'esprit extraordinairement satisfait. Louis XIII éprouvait une joie incroyable ! Le conseil du roi, auquel le P. Arnoux fît son rapport, sembla content : c'était une détente. M. de Roissy fut rappelé ; les compagnies de cavalerie qui cantonnaient autour de Blois, éloignées ; des autorisations d'aller voir la reine mère à Blois, accordées. La reine, écrivait le P. Suffren à Bérulle, a grande confiance en Dieu ; elle fait redoubler les oraisons et prières[82]. Le 3 novembre, Marie de Médicis consentait à signer une déclaration par laquelle elle promettait à son fils de n'avoir aucune volonté de revenir à la cour que lorsque le roi l'ordonneroit, disait-elle, désirant, non seulement en cela mais en toutes autres choses, observer religieusement ses commandements ; elle continuait : Si nous avons souhaité avec passion le voyage à Paris, c'a été pour avoir l'honneur de le voir et pour lui faire connoître, par nos déportements pleins de respect et obéissance, que l'on nous a blâmée sans sujet, n'ayant eu aucun dessein de nous mêler d'affaires, comme l'on avoit voulu faire croire au roi, qui doit régner seul ; et elle jurait de n'avoir aucune correspondance préjudiciable au service de son fils, aucune pratique, de désavouer d'avance qui en aurait en son nom[83]. Elle désira être autorisée expressément à sortir quand elle voudrait de Blois, pour ne pas qu'on put dire qu'elle fut emprisonnée : le roi lui donna cette permission par une lettre écrite de sa main[84]. Il fut même question que Louis XIII vint voir sa mère ; c'était l'hiver : on ajourna le voyage au printemps. Pour bien montrer qu'elle était libre, Marie de Médicis parla en novembre et décembre 1618 d'aller à Moulins : de Paris, on lui donna l'autorisation : elle ne partit pas[85].

Mais quelle confiance pouvait-on avoir dans cette créature agitée et médiocre ? Malgré la promesse si solennellement faite en novembre 1618, dès janvier 1619 Marie de Médicis recommençait à réclamer son retour à Paris ! Ses plaintes reprenaient ; elle gémissait de la misère extrême dans laquelle on la faisoit vivre, comme si elle n'avait pas tous ses revenus à sa disposition[86] ; elle disait qu'elle était tenue indignement, en prisonnière, comme si elle n'avait pas en main la lettre du roi l'autorisant à circuler librement dans le royaume ; elle se posait en femme malheureuse : Je vous dirai, écrivait-elle à la duchesse de Guise, le 1 février 1619, que quand vous m'avez laissée, vous avez emporté tout mon bonheur avec vous ! Et elle ajoutait que cela ne pouvait pas durer, qu'elle ne pourrait pas rester plus longtemps sur ce pied-là[87]. Que voulait-elle ? Plus tard, quand elle se sera enfuie, elle expliquera sa détermination en répétant qu'elle était veillée et observée comme si elle eut été ennemie de son fils[88]. Elle assurera qu'on voulait toujours la resserrer plus étroitement, l'enfermer à Nantes, à Amboise, au château de Madrid, du moins on le lui disait autour d'elle[89] ; et Louis XIII protestera avec véhémence contre de pareilles allégations : Que Sa Majesté ait eu dessein, porteront les instructions à M. de Béthune, du 8 mars 1619, de lui faire (à la reine mère) quelque mauvais traitement, voire même de réserver sa liberté, cela est tellement faux et controuvé si malicieusement, que Sa Majesté ne peul qu'elle ne demeure extrêmement piquée et offensée contre les auteurs de telles impostures ; elle n'a jamais eu d'autre intention que d'aimer, honorer et respecter la dite dame[90]. Ce que Marie de Médicis voulait, c'était retrouver la puissance politique perdue, et, sous couleur de prendre sa place dans les conseils du gouvernement, ressaisir la direction du pouvoir dont on l'avait exclue il y avait vingt et un mois !

Elle l'avouera plus tard. Elle écrira à M. de Bellegarde le 28 février, après sa fuite de Blois : Le véritable et principal motif qui m'a obligée de me mettre en lieu de sûreté est pour pouvoir informer et faire entendre au roi beaucoup de choses considérables et fort importantes au bien et avantage de ce royaume, lequel est en manifeste péril, s'il n'y est promptement remédié, puisque je le vois à la veille de tomber en de grands désordres[91] ; au roi, elle osera dire le 1er mars : Je vous supplie de m'envoyer quelque personne sans reproche et affectionnée au bien de votre Etat à qui je ferai ouverture des moyens que je juge propres pour remettre vos affaires et rétablir votre autorité[92] ; à Anne d'Autriche, elle mandera le 23 février : Ayant su le danger éminent où estoit l'autorité du roi et la tranquillité de son royaume, j'ai été contrainte de me retirer en lieu sûr afin de satisfaire à l'obligation que j'ai de le lui faire entendre ; et à sa fille, la princesse de Piémont, elle répétera : La forte obligation que j'ai au bien du service du roi m'a forcée de me retirer en lieu sûr pour lui faire entendre le désordre de ses affaires et les ruines qui en arriveront[93]. C'était donc bien pour imposer sa participation à la direction de l'État quelle allait s'enfuir ! Que valait dès lors le motif invoqué par Richelieu : la longue oppression de son honneur et de sa liberté et la raisonnable appréhension de sa vie ; ou si l'évêque de Luçon était obligé d'avouer que cette fuite était due, plus que tout autre encore, à la mauvaise conduite des affaires du roi et le péril auquel se trouvoit son État dont elle le vouloit informer, que signifiait d'ajouter qu'elle protestait ne vouloir prendre aucune part au gouvernement ?[94]

L'annonce, en février 1619, que Louis XIII se disposait à tenir sa promesse et à faire le voyage prévu à Blois précipita les événements. Marie de Médicis affecta de croire que le roi venait pour remmènera Amboise, lieu plus escarpé, et l'y enfermer : elle était avertie le 15 : dans la nuit du 21 au 22, elle s'enfuyait[95].

Depuis quelque temps, déjà, cette fuite était préparée. Au milieu des gens qui environnaient la reine se trouvait certain petit abbé italien, nommé Rucellaï, appartenant à une assez bonne famille de banquiers, riche lui-même de 20.000 écus de rente, faible et délicat de santé, mais bon vivant, aimable d'ailleurs, prétentieux et ridicule[96]. Après avoir été en bons termes avec M. de Luynes, il l'avait quitté, puis s'était réfugié auprès de Marie de Médicis qui l'avait bien accueilli et lui avait laissé prendre une influence dont il ne se servait que pour donner des conseils violents. Il offrit d'aller négocier avec d'Epernon la fuite de la reine mère[97].

Grand seigneur, d'humeur altière et difficile, autoritaire, orgueilleux, et, malgré cela, très entouré d'amis dévoués, d'Epernon était un des plus puissants personnages du royaume[98]. Il s'était fâché avec le gouvernement parce qu'on avait donné des charges d'officiers d'infanterie sans le consulter, ce qui n'aurait pas dû se faire puisqu'il était colonel général ; il avait eu une dispute avec le garde des sceaux du Vair à propos d'une question de préséance à Saint-Germain l'Auxerrois, avait chassé du Vair de l'église, et pensant être arrêté après cet esclandre, s'était sauvé à Metz, ville dont il avait le gouvernement[99]. Rucellaï vint l'y retrouver sous un déguisement et porteur d'une lettre de Marie de Médicis.

A la demande qui lui était faite d'aider l'ancienne régente à fuir, d'Epernon hésita : il questionna[100]. On lui montra copie de la lettre de Louis XIII qui autorisait sa mère à circuler dans le royaume[101]. Il demanda si on aurait de l'appui, de l'argent ; Marie de Médicis répondit de Blois, citant des noms, indiquant ses ressources. D'Epernon balança, puis fit dire qu'il était aux ordres de la reine et que si celle-ci voulait quitter Blois, passer la Loire, il se trouverait sur l'autre rive, avec une escorte, pour l’emmener à Angoulême, pays dont il était gouverneur. Ceci se passait à la fin de 1618. Personne, à la cour, ni autour de Marie de Médicis, ne se doutait de rien. Ne voulant pas, plus tard, incriminer la personne de la reine mère, le gouvernement accusera d'Epernon d'avoir enlevé Marie de Médicis ; l'opinion prétendra qu'il est l'auteur de la fuite de Blois : des libelles le traiteront de misérable ! il sera vilipendé[102]. Mais Marie de Médicis protestera que c'est elle qui est allé chercher d'Epernon, qu'elle l'a prié, même supplié[103] ; le duc se défendra vivement de l'accusation, disant qu'il a obéi aux ordres de la reine[104], et on finira par reconnaître la vérité.

D'Epernon partit de Metz le 22 janvier 1619 avec une escorte de 120 cavaliers. Il passa par Dijon, Roanne, Vichy. A Confolens, il prévint la reine de son voyage et remontant vers Loches avertit Marie de Médicis qu'il était prêt : c'était le 21 février. Marie de Médicis, résolue à partir la nuit suivante, mit au courant de ses projets son premier écuyer, de Brennes, les deux exempts de ses gardes, La Masure et Mercey, sa femme de chambre italienne, Catherine, dont elle voulait se faire accompagner. Craignait-elle que le château ne fut rempli d'espions ? Eut-il été si dangereux pour elle de simuler une promenade en voiture et de partir en plein jour de façon moins étrange ? Elle commanda à M. de Brennes de tenir prêt son carrosse attelé de six chevaux, le lendemain matin, à cinq heures, au bout du pont de la Loire ; procéda à quelques préparatifs, rassembla ses bijoux, et, le lendemain matin, à six heures, — il faisait nuit encore — passant par une fenêtre de son appartement qui donnait sur la terrasse, vers l'ouest, elle descendait au moyen d'une échelle de corde[105] : en raison des travaux de réfection du mur de soutènement du château, toujours en cours d'exécution, il y avait à cet endroit une pente douce d'éboulis de terres de 100 à 120 pieds — 30 à 40 mètres — ; Marie de Médicis s'assit pour mieux glisser. Arrivée au bas, elle gagna à pied l'autre côté de la Loire : deux individus qu'elle rencontra la voyant entre deux hommes et ne la reconnaissant pas, plaisantèrent, croyant ceux-ci en bonne fortune. Elle trouva son carrosse, monta et, sans encombre parvenait à Loches d'où M. d'Epernon qu'elle rejoignait allait la conduire à Angoulême[106].

Le lendemain samedi, à cinq heures du soir, Louis XIII qui revenait de la chasse, à Saint-Germain, avec le prince de Piémont, apprenait la nouvelle par un courrier spécial du gouverneur de Blois. Ainsi la reine mère du roi, naguère encore régente du royaume, jugeant l'État mal gouverné et, voulant reprendre le pouvoir, s'enfuyait, sans doute, pour faire appel à la guerre civile, et peut-être s'adresser à l'étranger. L'émotion fut vive. Louis XIII tint rapidement un premier conseil : le lendemain, à sept heures, il partait pour Paris où il allait avoir, la matinée, une importante réunion de ses ministres[107].

Des lettres arrivèrent donnant des détails : d'Épernon paraissait l'auteur responsable. Louis XIII déclara qu'il allait user de moyens rigoureux : de sa propre bouche Sa Majesté dit vouloir aller en personne châtier Epernon. Le 12 mars, le prince de Piémont écrivait à Marie de Médicis : Je reconnais le roi grandement irrité contre ceux qu'il estime vouloir, sous votre nom, apporter de l'altération à votre amitié avec lui et le voir en état de courir puissamment sur eux[108]. Louis XIII, dira lui-même le 28 à Lesdiguières : Je suis résolu de donner à M. d'Épernon tout le châtiment qu'il mérite pour une action de cette nature que je ne me serois jamais persuadé qu'il eut eu la hardiesse de penser et même d'oser entreprendre[109].

Une lettre de Marie de Médicis arriva de Loches adressée au roi : la reine mère expliquait sa fuite : elle disait quelle avait craint pour sa vie, que Louis XIII était mal conseillé, ses affaires compromises ; qu'elle se mettait à l'abri pour pouvoir lui parler librement ; elle ajoutait qu'elle avait agi de la sorte selon que les plus grands de votre royaume et du dehors encore m'ont, avec mille protestations, conseillée[110]. Dans une lettre écrite au duc de Mayenne et rendue publique, elle répétait : J'ai été, par l'espace d'un an tout entier, sollicitée par plaintes et prières générales dedans et dehors le royaume, de faire entendre au roi, Monsieur mon fils, le péril évident de son autorité[111]. Qu'était-ce à dire ? L'ancienne régente était-elle en relations avec tous les grands, avec l'Espagne ? Les huguenots étaient-ils prêts à la suivre dans sa révolte ? Ces questions furent agitées au conseil. Les opinions se partagèrent : les uns, Mayenne, Vendôme, Longueville, Guise, Luynes, le cardinal de Retz, se prononçaient pour une action énergique ; d'autres, Villeroy, Jeannin, Sillery, estimaient qu'il fallait agir avec prudence ; Louis XIII se déclara prêt à sortir de Paris avec des troupes dans les cinq jours. Il fut décidé qu'on mènerait simultanément et les préparatifs militaires et les négociations[112]. Un gros effort serait tenté : trois armées seraient mises sur pied, l'une en Champagne, l'autre en Guyenne ; le roi conduirait la troisième qui marcherait vers le Poitou et la Saintonge. On porta les effectifs des compagnies de cavalerie à 100 maîtres, les compagnies des gardes à 200 hommes et celles des autres régiments à 100. Mayenne reçut Tordre de lever dans le Midi 10.000 fantassins, 2.000 chevaux : en tout, on aurait 30.000 hommes de pied et 60.00 cavaliers[113]. Par lettres patentes du 15 mars, Louis XIII faisait expresse défense à qui que ce fut de tenter, sans commission de lui, aucun armement ni réunion de gens de guerre[114] ; il ordonnait de bloquer Blois et de ne plus laisser sortir personne du château[115] ; il écrivait à sa mère une lettre hautement indignée, soutenant toujours que d'Epernon l'avait enlevée, annonçant son intention d'aller la délivrer : Je n'estimois pas, qu'il y eut homme, quel qu'il fut, disait-il, qui, en pleine paix, eut l'audace, je ne dis pas d'exécuter, mais de concevoir la résolution d'entreprendre sur la liberté de la mère de son roi : je châtierai si puissamment cette injure, que le mal eu tombera sur ceux qui se veulent couvrir de votre nom et qui cherchent leurs avantages dans la ruine de mon peuple et dans la diminution de mon autorité ![116]

L'opinion se prononçait pour lui ; elle déplorait la conduite de Marie de Médicis. Vous avez si fort scandalisé le monde, écrivait-on à la reine mère, que même les personnes qui vous sont du tout acquises disent que votre résolution a prévenu toute sorte de bon naturel conseil. Vous vous attirez la haine du peuple et la malédiction de Dieu ![117] Personne ne se faisait d'illusion sur le motif de sa révolte : c'était bien à cause du regret qui lui bourreloit l’âme, à chaque instant, d'être frustrée de la connaissance des affaires de son fils[118]. Marie de Médicis avait écrit aux grands du royaume afin de leur expliquer sa fuite et de solliciter leurs sympathies : les grands avaient transmis ses lettres au roi, protestant à celui-ci de leur fidélité et répondu à la reine révoltée d'un ton respectueux mais négatif : Lesdiguières, Sully, d'Alincourt, Montmorency, La Rochefoucauld, Rohan, Ventadour, Mayenne, catholiques et protestants, tous avaient refusé leur concours[119]. Sully avait écrit rudement : Vous me demandez conseil : comme ce sont affaires, Madame, qui non seulement passent ma connaissance mais aussi ma capacité, je ne sais point sur quoi les fonder, les conseils ne pouvant donner bien juste quand on ignore les principes sur lesquels on agit[120]. Rohan avait blâmé. Lesdiguières avait poliment décliné[121]. L'ensemble des protestants s'était prononcé contre Marie de Médicis[122]. Marie de Médicis s'était adressée au roi d'Espagne, lui avait envoyé un gentilhomme, demandant de l'argent, des secours secrets, l'aide militaire de l'archiduc Albert, gouverneur de Flandre : l'ambassadeur d'Espagne à Paris, Giron, avait conseillé à son maître de n'en rien faire et de se déclarer neutre[123]. Enfin la souveraine déchue avait écrit à chacun de ses enfants, à son gendre le prince de Piémont, aux ministres : tous avaient communiqué au roi les lettres et les réponses : celles-ci étaient unanimement décourageantes[124].

A la nouvelle des préparatifs militaires faits contre elle, Marie de Médicis éprouva un mélange d'irritation et de peur. Elle écrivit au roi, le 10 mars : Je meurs, maintenant, par la force de la douleur ou des armes que l'on vous fait prendre. La tache que l'on donnera à votre nom en toute la postérité, d'une prodigieuse violence et la désolation de vos peuples qui en arrivera, vous fera plus de tort que la fin de ma vie ne m'en sauroit apporter ; de sorte que me prosternant à vos pieds, je vous supplie et conjure très étroitement de contremander promptement tous les susdits préparatifs de guerre : Elle menaçait : Voyant vos oreilles bouchées à mes fidèles et justes supplications, je serai contrainte de les faire entendre partout devant la France et l'Europe : je me défendrai[125]. Louis XIII ne répondit pas. Le nonce vint le voir : pourquoi, lui disait-il, de l'artillerie et des troupes contre une mère ? La loi humaine et divine ne commandait-elle pas à un fils une autre attitude à l'égard de celle à laquelle il devait tant ? Le jeune roi se borna à répondre qu'il rendrait toujours à sa mère l'honneur et le respect nécessaires, mais qu'il entendait châtier comme il convenait ceux qui oubliaient à son propre égard la déférence et la soumission qui lui étaient dues[126]. Désemparée, Marie de Médicis insistait alors que son malheur ne venait que de l'entourage de son fils : Je ne veux imputer, mandait-elle à Sully, ni attribuer au roi le déplaisir que je reçois, sachant qu'il ne vient point de lui mais de l'artifice et de la haine de ceux en qui il a sa principale confiance et qui abusent de son autorité jusques au point de maltraiter indignement la mère de leur roi et de leur maître[127]. Elle écrivait dans ce sens au chancelier, au garde des sceaux, à Jeannin : Je vous somme, leur disait-elle, de représenter au roi l'importance et le péril de ce qu'on lui fait faire. Mais les ministres protestaient contre cette interprétation des faits qu'ils appelaient : le blâme injurieux de l'administration du roi. C'était frapper directement le roi, disaient-ils. Il ne faut point penser, Madame, répondait du Vair, qu'on peut rendre au roi le coup moins sensible pour l'en frapper au travers de quelques uns qui sont près de sa personne ; il a assez expérimenté, conjointement avec vous, que tous ceux, par le passé, qui ont eu visée d'attaquer les rois et renverser les Etats, ont fait semblant de mirer ceux qui les approchoient. Jeannin disait : Le roi n'a nul besoin de notre conseil, Madame, pour rechercher avec soin et affection le moyen de vous réconcilier, lui y étant si bien disposé de soi-même qu'il prie Dieu tous les jours et nous exhorte aussi de conspirer avec lui ce saint et louable désir[128]. Et Louis XIII informé écrivait de son côté à sa mère : Assurez-vous, Madame, qu'il n'y a homme si hardi que d'entreprendre de me faire aucune proposition contre l'honneur et respect qui vous est dû[129].

Usant d'un procédé analogue, le roi, à son tour, tâchait de dégager sa mère des gens qui la conseillaient, et décider Marie de Médicis à se soumettre : Je n'ai d'autre résolution, lui écrivait-il, que de vous aimer et honorer comme ma mère, mais... pour troubler la tranquillité publique et renverser entièrement ma couronne, l'on a sous votre nom, longtemps auparavant votre partement de Blois, commencé et, depuis, toujours continué à travailler et corrompre et faire soulever tout ce que l'on a pu à l'encontre de moi... Je regarde et considère comme de ceux qui vous approchent et non comme venant de vous ce qui blesse également mon honneur et le vôtre[130]. Marie de Médicis s'acharna.

Elle rendit le débat public. Elle imprima ses lettres ; elle fit courir des libelles. Elle énuméra les raisons qu'elle avait eu de fuir. Le gouvernement, de son côté, agit de même, bien qu'à contrecœur, ces sortes de voies, disait Béthune à Marie de Médicis, choquant fort, dans une monarchie, l'autorité du prince[131].

Tandis que les troupes s'assemblaient, cependant, et conformément à la décision qui avait été prise d'essayer en même temps la voie des négociations, le comte de Béthune avait été désigné afin d'aller trouver Marie de Médicis à Angoulême et de lui communiquer les propositions du roi. Ses instructions, discutées en conseil, avaient été rédigées par Pontchartrain[132]. Louis XIII offrait à Marie de Médicis sa pleine et entière liberté : Je vous fais dire, Madame, lui écrivait-il, par personne de condition et de probité et d'autant plus digne de créance, que je veux et entends que vous ayez pleine et entière sûreté ; que tout l'honneur et le respect qui vous sont dus vous soient rendus en quelque lieu qu'il vous plaira d'aller dans mon royaume, sans rien excepter : je vous en confirme la parole devant Dieu, devant tous les rois de la terre et tous mes peuples que j'appelle pour témoins de l'offre et protestation que je vous en fais[133]. Le roi, déclarait Pontchartrain à M. de Béthune, estime s'être mis en son devoir à l'endroit de la reine sa mère et que, s'il y a du mal, elle en sera la cause[134].

Marie de Médicis reçut froidement M. de Béthune : J'ai trouvé la reine mère dans de grandes défiances, écrivait l'envoyé, et quoique, vraisemblablement, elles puissent lui être suggérées de divers endroits, elle ne laisse pas avec cela d'être fort soupçonneuse et d'avoir l'esprit assez entier. Aux propositions de son fils, Marie de Médicis répondit en demandant que le roi licenciât d'abord ses troupes : le roi refusa. L'entourage de la reine mère qui avait tout à craindre dune réconciliation, allait pousser à la résistance[135].

Cet entourage, c'était Rucellaï, qui avait la principale confiance de la reine ; Jacques d'Apchon de Chanteloube, un gentilhomme forézien, militaire, plus tard oratorien, qui avait été mêlé aux préparatifs de la fuite de Blois ; d'Epernon ; tous esprits brouillons et malintentionnés, prévenait Béthune, qui ne cherchoient que de voir les choses au pis entre leurs Majestés[136]. Très mal entre eux, ils ne s'entendaient que pour exciter Marie de Médicis ; ils la compromettaient en publiant à son insu et sous son nom des manifestes contre le roi. Rucellaï était le plus en vue. D'Epernon n'étant pas d'humeur à le souffrir et l'abbé italien n'admettant pas qu'on put le contredire ni lui disputer sa place, les deux personnages s'étaient brouillés[137] : ils se retrouvaient pour emprunter de l'argent au nom de la reine mère[138], en son nom donner des commissions afin de percevoir les impôts, enlever chez les receveurs et trésoriers des finances les fonds publics[139] et lever des troupes[140]. M. de Béthune fut convaincu qu'on se jouait de lui.

Louis XIII fut extrêmement irrité. Il écrivit une lettre sévère à sa mère : Je me trouve obligé, lui disait-il, et même en nécessité de vous dire, pour votre particulier, que je ne saurois, en vérité, supporter davantage votre manière d'agir que je vois servir de prétexte à tant de mauvais sujets. Je vous conjure par vous même, par le nom de reine que vous portez, par celui de mère que vous m'êtes et que vous prenez en inscrivant, de revenir un peu à vous, de songer à ce que vous faites et de considérer qu'elle en peut être la fin... Si je vous ai donné juste sujet de méfiance, je me déclare et devant Dion et devant les hommes grandement coupable Si vous dites que ce sont d'autres qui sont auprès de moi qui le font contre mon gré, vous me reprochez beaucoup de faiblesse de le pouvoir souffrir et à eux, qui ne subsistent que par ma seule autorité, beaucoup d'imprudence et de témérité tout ensemble, de faire une chose qui m'est désagréable et préjudiciable en même temps à ma réputation. Vous me faites grand tort, mais vous vous en faites bien davantage[141].

Le 8 avril, il fut décidé que pour appuyer M. de Béthune un second personnage plus important serait envoyé a Marie de Médicis, le cardinal de la Rochefoucauld[142] ; en même temps Louis XIII ordonnait aux troupes de se concentrer et au duc de Mayenne de prononcer un fort mouvement en avant sur Angoulême : lui-même, se mettant en marche vers la Saintonge, gagnait Orléans. Amboise, lorsqu'il apprit que l'effet cherché était produit : Marie de Médicis interdite, avait signé la paix d'Angoulême le 30 avril[143]. Jamais accord ne fut conclu plus à propos, écrivait Richelieu, car Annibal était aux portes, puisque les troupes du roi étaient déjà proches d'elle[144]. Comme l'avait offert Louis XIII, la reine mère pourrait aller et venir dans le royaume ; elle gardait ses revenus ; on lui payait ses dettes ; en plus, le roi pardonnait à tous les complices et passait condamnation sur les attentats commis : levées de troupes, dilapidations de fonds publics, exactions[145].

Le jeune roi déclara à sa mère qu'il comptait sur une réconciliation sincère : Une des choses du monde que je passionne davantage, lui écrivit-il, est de nous voir remis en une si parfaite amitié et si entière intelligence que nous n'ayons jamais autre différend sinon à qui se rendra plus de devoirs, vous, d'une très bonne mère et moi d'un très affectionné fils[146]. Il lui proposait de se rejoindre ; il allait même jusqu'à lui offrir enfin de revenir à la cour : Je ne demande pas seulement une bonne intelligence avec vous, lui disait-il, mais je désire que vous veniez avec une entière confiance reprendre votre place en ma cour aussi bien que vous l'avez dans mon cœur : ce sera pour y séjourner autant qu'il vous plaira et n'en point partir si vous l'avez agréable[147]. Il lui envoyait M. de Montbazon afin de lui dire qu'il l'attendait : Acheminez-vous de par deçà, je vous supplie, au plus tôt, et me donnez ce contentement que nous retournions ensemble à Paris. De son côté le P. Arnoux écrivait à Marie de Médicis pour l'assurer de la loyauté des dispositions de son fils[148]. Marie de Médicis fit attendre longtemps la réponse : cette réponse, enfin, était qu'elle consentait à venir voir son fils à Tours.

La rencontre eut lieu le 5 septembre, à quelque distance de la ville, dans le château de Couzières propriété du duc de Montbazon. Marie de Médicis y était depuis la veille. Louis XIII arriva le matin, à cheval, vers onze heures et demie. Montbazon reçut le prince à la porte du parc et le conduisit dans une allée où se trouvait l'ancienne régente qui l'attendait entourée de princesses et de dames[149]. Lorsqu'ils s'aperçurent, la mère et le fils, très émus, hâtèrent le pas l'un vers l'autre, s'embrassèrent puis fondirent en larmes. Marie de Médicis était grossie, vieillie, encore assez majestueuse. Ils marchèrent côte à côte quelques instants en silence. Quand ils purent parler, le roi dit : Il y a longtemps que j'ai désiré tous voir ! Marie de Médicis continuait à pleurer. Louis XIII passa son bras sous celui de sa mère ; ils s'acheminèrent lentement vers le château où, étant entrés dans le salon, ils demeurèrent une heure à causer seuls. Lorsqu'ils sortirent, le roi paraissait satisfait. Il prit sa mère par la main, la conduisit à son carrosse dans lequel il monta avec Anne d'Autriche, puis ensemble allèrent à Tours. Marie de Médicis voulait partir immédiatement pour Angers. Louis XIII la décida à rester encore quelques jours. Bassompierre, écrivant à son beau-frère le comte de Tillières, pour lui rendre compte de ce qui s'était passé, lui disait qu'on avait remarqué deux choses : la première que Marie de Médicis n'avait pas été appelée au Conseil ; la seconde qu'elle avait dit ne pas vouloir revenir à Paris en même temps que son fils, de peur qu'il parut qu'on la menât en triomphe ![150] Heureux de cette réconciliation, Louis XIII avait désiré que, le 6 septembre, Marie de Médicis fut reçue dans la ville de Tours avec la pompe usitée à l'égard des reines régentes, et le peuple satisfait de la paix conclue s'était prêté à cette fête avec empressement[151]. Le roi voulut remercier Dieu solennellement ; il le fit dans l'antique cathédrale de Chartres, chère à ses ancêtres de Vendôme[152]. Tout le monde le félicitait : le roi d'Espagne lui avait envoyé ainsi qu'à Marie de Médicis ses compliments[153]. Louis XIII renouvela une fois de plus à sa mère la confirmation de ses revenus ; il lui fit don de 200.000 écus ; il prescrivit au surintendant Schomberg de payer à M. Florent d'Argouges, trésorier général de la maison de la reine-mère, les arrérages dus à Marie de Médicis[154] : il tâchait d'être agréable à l'ancienne régente, de la combler de prévenances : mais il n'avait pas voulu l'admettre dans son conseil ; Marie de Médicis ne devait pas le pardonner !

A la demande que lui fit Louis XIII de revenir avec lui à Paris, elle répondit évasivement qu'elle irait, mais pas pour le moment : ayant à sa disposition, aux termes de la paix d'Angoulême, le gouvernement d'Angers, elle désirait se rendre dans cette ville. Un peu surpris, Louis XIII accéda. Il voulut que les Angevins fissent à sa mère une entrée aussi somptueuse que celle que lui avaient faite les Tourangeaux, mais, par précaution, il ordonna d'enlever au préalable des magasins de la ville toutes les armes et les munitions qui s'y trouvaient[155]. Les semaines qui suivirent, l'étonnement du roi s'accentua. Rentré à Paris, il écrivit à Marie de Médicis afin de la presser de mettre à exécution la promesse qu'elle lui avait faite de le rejoindre ; Marie de Médicis fit des réponses dilatoires. Il venait de se produire un incident qui allait envenimer les rapports de la mère et du fils. Arrêté en 1616, du temps de Concini, par ordre de l'ancienne régente, pour des raisons politiques, le prince de Gondé végétait depuis ce temps-là en prison. Dès le lendemain de la mort du maréchal d'Ancre, la question avait été posée, au conseil, de le relâcher. L'affaire en était restée là[156]. Elle avait été reprise en diverses occasions, notamment par Vitry, Déageant et autres : il avait été répondu que ce serait peut-être donner libre carrière à une remuante personnalité et jeter un élément nouveau de trouble dans le royaume[157]. On agita la proposition encore après la fuite de Blois. Le bruit en vint aux oreilles de Marie de Médicis, pendant qu'elle négociait avec Béthune à Angoulême. Elle réclama. Evidemment, expliquait-elle à Béthune, on ne pouvait garder Condé indéfiniment en prison ; mais, il fallait attendre qu'elle fut réconciliée avec le roi pour que Condé put croire qu'elle avait contribué à sa libération[158]. En réalité, Condé réclamant avec insistance, Louis XIII s'était décidé. Il avait fait prévenir de ses intentions Marie de Médicis à Tours, après Couzières, par Richelieu : il fît renouveler l'avertissement par M. de Béthune plus directement encore[159] ; le 17 octobre il mettait l'affaire en délibération devant son conseil, qui, après discussion, décidait la libération de Condé[160]. Le jour même, Louis XIII écrivit à sa mère afin de lui annoncer la nouvelle : il lui rappelait qu'il l'avait, par deux fois, pressentie, spécifiait qu'il n'agissait qu'avec l'avis motivé de son conseil[161]. Le dimanche 20, au matin, Condé, délivré, venait remercier Louis XIII ; le roi envoyait Toiras avec une lettre à sa mère pour la mettre au courant des détails : et Marie de Médicis ne disait rien[162]. Ce qui gâta tout, ce fui une déclaration royale de l'innocence de Condé, vérifiée en Parlement et rendue publique. Cette déclaration, faisant allusion au maréchal d'Ancre, s'expliquait en termes sévères sur le compte de ceux qui dirigeaient l'Etat au moment où le prince avait été arrêté[163]. Marie de Médicis se crut visée ; elle fut blessée ; elle éclata en récriminations : étaient-ce là les promesses de respect et de déférence qu'on lui avait faites ? Elle ne viendrait certainement pas à Paris : y venir serait perdre sa réputation, s'exposer à être tourmentée avec plus d'opprobre, être même resserrée. Elle envoya au roi une vive lettre de protestation[164].

L'expression avait-elle trahi la pensée des rédacteurs de la déclaration, ou bien ceux-ci ayant réellement voulu mettre ce qu'ils avaient écrit, Louis XIII n'avait-il pas aperçu le sens de certaines expressions qui pouvaient s'appliquer à sa mère ? Il s'éleva contre l'interprétation qui était donnée du document : Si je me fusse seulement imaginé, écrivait-il à Marie de Médicis, qu'il y eut eu quelques termes douteux et capables de porter les esprits les plus subtils à une interprétation qui vous put être préjudiciable, j'eusse plutôt dénié absolument ce que mon dit cousin requéroit de moi, à cet égard, que de le lui accorder en vous laissant quelque sinistre soupçon ainsi qu'il semble que vous ayez reçu. Vous n'êtes nullement intéressée en la dite déclaration[165]. Il était sincère. Causant avec l'ambassadeur vénitien Contarini, il lui avouait n'avoir consenti à délivrer Condé que parce qu'il croyait le moment propice en raison de l'état de tranquillité du royaume[166]. L'impression défavorable était produite : rien ne devait la modifier.

Le 26 novembre, Louis XIII écrivit à sa mère pour la prier de nouveau de se rendre à Paris. Marie de Médicis répondit qu'elle ne pouvait pas venir : elle n'avait pas d'argent[167]. On sut qu'elle prenait tout à contretemps, se formalisait des moindres faits, se plaignait de ce que ceux qui l'avoient assistée et servie n'avoient point été remis dans les charges dont ils avoient été dépossédés à son sujet. M. d'Ornano ayant été nommé gouverneur de son second fils Gaston, elle trouva mauvais que cette nomination eut été faite sans lui en donner avis. Elle réclama sur ce qu'on ne lui avait pas payé ses dettes. Elle prétendit qu'on l'épiait et la surveillait[168]. Vers la fin de l'année devait avoir lieu une importante promotion de chevaliers du Saint-Esprit. Marie de Médicis soutint qu'on avait arrêté le nombre des chevaliers sans lui en donner communication et qu'on n'avait tenu aucun compte de ses recommandations[169]. La cour ne désespérait pas encore. En décembre, le P. Arnoux mandait à Richelieu qu'on préparait au Louvre l'ancien appartement de la régente pour Marie de Médicis. Celle-ci fit répondre qu'elle éprouverait du dégoût à se retrouver dans des pièces où elle avait été tenue huit jours en prison après la mort du maréchal d'Ancre[170]. On apprit que nombre de gens allaient et venaient d'Angers ; on disait que cette ville devenait le rendez-vous des mécontents de toutes sortes, cependant que le roi se confioit aux traités qu'il avoit peu auparavant faits avec la reine sa mère[171].

Les mois qui suivirent — début de 1620 — la froideur des relations entre Paris et Angers ne fit que croître. Le nonce écrivait aux personnes de l'entourage de Marie de Médicis qui paraissaient avoir le plus d'influence sur elle, la duchesse de Longueville, Richelieu, pour leur demander de calmer la reine[172]. Impatienté, Louis XIII mandait à sa mère : Je ne sais pas quelle occasion vous avez de rentrer dans le mécontentement pour votre particulier : je ne vous en ai donné aucun sujet. Était-ce qu'elle trouvait à redire à la politique du gouvernement ? L'on ne manque jamais de prétexte, répondait le roi ; il n'y a point de gouvernement qui puisse plaire à tout le monde[173]. Au début d'avril, il envoya M. de Montbazon avec charge de redire à sa mère qu'elle aurait tout contentement, la prier de venir, qu'elle seroit honorée et bien accueillie, autant qu'elle le pourroit désirer. De Fontainebleau, Louis XIII s'achemina même vers Orléans, afin d'aller au devant de Marie de Médicis. Alors Marie de Médicis déclarant qu'elle considérait ce déplacement comme la preuve indéniable du dessein qu'avait son fils de venir à nouveau s'assurer de sa personne et l'enfermer dans quelque forteresse, appela à son secours ses amis et ses partisans. Elle se révoltait une seconde fois. Le roi rentra à Paris[174].

On lui conseilla de marcher immédiatement sur Angers avec des troupes : il refusa ; il voulait essayer de moyens pacifiques. En mai, il expédiait M. de Blainville pour confirmer les précédentes déclarations de M. de Montbazon. Marie de Médicis répondit des phrases vagues. M. de Blainville fit trois fois le voyage. La reine finit par dire que l'on n'envoyoit point vers elle des personnes en qui elle put prendre confiance. Louis XIII lui adressa une imposante mission composée de Montbazon, Bellegarde, l'archevêque de Sens et Jeannin, pour proposer toutes sortes de contentemens à la dite dame reine. L'ambassade n'eut pas de succès[175]. Faites mes recommandations à la reine ma mère, avait dit Louis XIII à l'archevêque de Sens ; assurez-là que j'aurai toujours le cœur et les bras ouverts pour la recevoir, que je ne laisserai pas de la prier de venir auprès de moi ni de la faire honorer dans la cour et par tout mon royaume ; quant aux brouillons qui oppriment mes sujets et veulent partager mon autorité par leur faction, il n'y a sorte de péril où je n'entre pour les faire sortir de France et les réduire à mon obéissance ! Dieu m'assistera, priez le pour moi ![176]

Des troupes se concentraient autour de la reine mère : des seigneurs venaient la trouver[177]. Marie de Médicis publia un manifeste dans lequel, levant le masque, elle expliquait la série des réformes que, suivant elle, il y avait lieu d'apporter à la marche des affaires publiques : la déclaration était un programme de gouvernement. Pouvait-elle nier maintenant qu'elle ne convoitait pas de reprendre le pouvoir ? Il fallut se décider[178].

Au conseil du roi, Condé demanda une action énergique : les vieux ministres étaient d'avis d'user encore de douceur. Condé n'ayant autre chose à la bouche que feu et sang, déclarait qu'il ne s'agissait de rien autre que de savoir si la couronne n'allait pas être enlevée au roi. Les ministres se récriaient[179]. Cependant les nouvelles arrivaient que Marie de Médicis empruntant de tous côtés, ses partisans, par surcroît, faisaient main basse sur les fonds des collecteurs des tailles, s'emparaient des recettes publiques, agissaient munis de mandements de la reine mère portant en tête : Marie, par la grâce de Dieu, reine de France, mère du roi... mandons et ordonnons[180]... Des troupes étaient levées en son nom et avec des commissions signées d'elle[181] : de grands seigneurs se prononçaient[182] ; on parlait du secours de l'Espagne[183] !

En juillet 1620, la situation du parti de Marie de Médicis se trouva extrêmement menaçante. Longueville cherchait à soulever la Normandie et la Picardie ; Vendôme la Bretagne ; d'Epernon la Saintonge, l'Angoumois et le Limousin ; Rohan le Poitou ; Mayenne et Roquelaure la Guyenne ; la Valette Metz. Deux armées rebelles se concentraient : l'une en Poitou, avec d'Epernon, l'autre à Angers avec Mayenne pour marcher sur Paris. Louis XIII allait être pris entre deux feux[184]. Devant les inquiétudes de ses ministres, le danger de sa position, la pénurie de troupes dont il pouvait disposer, on sait comment le jeune roi prit résolument sa décision : par une rapide et brillante campagne, il soumettait la Normandie, puis, se dirigeant vers la Loire, attaquait les troupes mal cohésionnées de la reine mère, aux Ponts de Cé, le 7 avril, et les mettait en complète déroute. L'action du roi avait été si prompte, qu'on affecta de croire qu'il n'avait pas eu grand mal ; on appela cette bataille les drôleries des Ponts de Cé[185]. En réalité, Marie de Médicis vaincue se trouvait réduite à capituler sans condition : elle se soumit.

La mère et le fils se retrouvèrent une fois encore à Brissac, près d'Angers. Cette fois, l'entrevue fut glaciale. L'ancienne régente arriva en litière, Louis XIII à cheval. A quarante pas l'un de l'autre, ils mirent pied à terre, s'avancèrent, s'embrassèrent : La cérémonie, dit Héroard, ne dura pas longtemps. Louis XIII prenant les devants alla recevoir sa mère à la porte du château d'Angers pour bien lui faire comprendre qu'il était chez lui, puis s'en alla[186].

Comme pour la première fois, il dégagea publiquement la responsabilité de l'ancienne régente en déclarant par un acte officiel qu'il reconnaissait ses bonnes intentions et inclinations, qu'elle était innocente de toutes choses qui pourroient être advenues pendant les derniers mouvements. Les comparses ne pouvaient être condamnés lorsque l'auteur principal des troubles était hors de cause ; Louis XIII pardonna. La réconciliation était conclue[187].

Le roi partant pour le Béarn, il avait été convenu que l'ancienne régente reviendrait avec lui à Paris lorsqu'il rentrerait. Marie de Médicis alla s'installer à Fontainebleau pendant que la préparation de son appartement, au Louvre, se poursuivait, avec des discussions et des chicanes au sujet des droits respectifs de la reine mère et de la reine régnante Anne d'Autriche[188]. En novembre, le retour de Louis XIII étant annoncé, Marie de Médicis ne voulut pas paraître dans les rues de Paris à sa suite afin de ne pas avoir l'air d'une vaincue qu'on amenait : elle prit les devants, parvint aux portes de la ville où Anne d'Autriche vint la recevoir, et rentrait dans Paris sans apparat, trois ans après en être sortie dans des conditions si pénibles et si humiliantes pour elle[189].

Elle ne fut pas admise au Conseil. Le gouvernement estima, déclare Richelieu, qu'elle n'auroit pas sitôt mis le pied dans le conseil qu'elle voudroit partager avec le roi son autorité[190]. Elle ne protesta pas. Changeant maintenant d'attitude, sur des conseils adroits, elle était décidée à attendre. Louis XIII lui renouvela le don de ses revenus qu'elle allait utiliser à poursuivre des travaux auxquels elle tenait : la construction du Luxembourg[191]. Les relations avec le roi son fils étaient correctes. Tout en lui témoignant le respect et les égards qu'il lui devait, Louis XIII la faisait surveiller, savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle disait : Ses anciens soupçons ne sont pas encore effacés, écrivait le nonce Corsini le 12 mars 1621[192]. Marie de Médicis le comprenait. La reine mère, disait le 26 février 1621, l'envoyé florentin, au courant des sentiments intimes de la princesse, est mécontente de ce qu'on ne lui donne aucune part aux affaires de l'État, ni à l'intérieur, ni au dehors du royaume. Quant à l'autorité, elle en est dépourvue. Si elle désire quelque chose, il faut qu'elle le demande, comme une personne privée. Elle est maintenant dans les fers ; elle ne peut plus s'en tirer. C'est là une situation que chacun prévoyait. Dieu veuille, qu'en fin de compte on n'apprenne point quelque coup de tête. La défiance que le roi montre à son égard est ce qui la pénètre le plus douloureusement jusqu'au fond de l'âme[193]. Partant pour sa campagne de 1621 dans le midi, Louis XIII avait voulu que sa mère le suivit ; elle avait obéi. Mais après le siège de Saint-Jean-d'Angély, sous prétexte qu'on n'avait pas eu pour elle les déférences nécessaires, elle avait quitté l'armée et était revenue à Tours. Marillac, qu'elle avait envoyé près de son fils, l'informait de ce qui se passait, servant d'intermédiaire entre la mère et le roi, entretenant celui-ci des sentiments soumis de l'ancienne régente : les défiances réciproques demeuraient entières[194].

Luynes mort, le 15 décembre 1621, rien ne fut changé dans l'attitude de Louis XIII, preuve que ce n'était pas le favori qui inspirait le jeune roi[195]. Louis XIII avait écrit à Marie de Médicis pour lui annoncer la mort du connétable. Marie de Médicis s'était empressée de répondre plusieurs lettres pleines d'attachement et de respect[196]. Marillac, toujours auprès de Louis XIII, mandait à Richelieu le 29 décembre : Le roi aime la reine sa mère, mais il la craint : ce qu'il refusera de lui donner d'autorité sera par jalousie de la sienne et non par faute d'estime et de bon naturel[197]. Convaincue, sincèrement ou non, que Luynes avait été l'obstacle à sa rentrée aux affaires, Marie de Médicis maintenant faisait tâter le terrain pour savoir si on allait l'appeler au Conseil. Le cardinal de Retz, mandait Marillac, avait entretenu Louis XIII de la possibilité qu'il y aurait à solliciter les avis de l'ancienne régente pour la direction des affaires publiques : le roi avait riposté brusquement : Point de conseil, point de conseil ![198] Un peu surpris, Marie de Médicis et son entourage se l'étaient tenus pour dit[199]. Lorsqu'en janvier 1622 la reine retrouva son fils, elle se montra d'une amabilité extrême. Jamais elle n'avait été aussi tendre : elle écrivait à Louis XIII le 17 janvier, en lui envoyant comme étrennes une image de saint Louis : Je l'accompagne de mon cœur que je vous donne tout entier, et des plus ardentes prières que je fais à Dieu[200]. Elle cherchait à lui rendre des services, le mettant au courant du moindre fait qui venait à sa connaissance, multipliant les formules de son dévouement inaltérable : Je vous supplie, monsieur mon fils, de croire qu'en toutes occasions que je jugerai importantes pour le bien de votre service et de votre État, je m'y porterai avec une même passion que si c'étoit pour la vie. Je vous supplie de croire que si je pouvois, en meilleures occasions que celle qui s'est présentée, contribuer au bien de voire service, je le ferois de tout mon cœur[201]. Elle ajoutait qu'elle ne voulait certainement pas se mêler du gouvernement, mais qu'en raison de son expérience passée, elle était en mesure d'apporter au roi, sur certaines questions, l'avis que pouvait donner une reine mère ancienne régente[202]. Elle écrivait lettres sur lettres, circonspectes, mesurées, pleines d'affection. Suivant ses ordres, Marillac ne quittait pas Louis XIII. De temps à autre elle envoyait Richelieu en mission près du roi. Louis XIII demeurait impassible. Le roi, écrivait Corsini le 10 janvier 1622, a toujours peur qu'elle ne veuille le conduire comme du temps de Concini : le prince est ombrageux et récalcitrant ; il ne se livrera que quand il sera persuadé qu'elle ne veut autre chose que de le voir tenir lui-même les rênes du gouvernement d'une main ferme. Sur une demande faite en son nom à Puisieux pour connaître s'il y avait quelque espoir que Marie de Médicis entrât au conseil, le ministre, au dire encore de Corsini, avait répondu nettement : non !, et le roi, informé, avait déclaré que le secrétaire d'Etat avait très bien fait. Interrogé plus directement par Richelieu, Louis XIII avait catégoriquement signifié qu'il vouloit régner seul ![203] Bien que la fin du connétable eut fait finir le règne d'une malice ouverte, a écrit ensuite Richelieu dans ses Mémoires, celui de l'artifice ne l'étoit pas : on tendoit toujours aux mêmes fins ; mais par diverses voies ; les ministres vouloient établir leur affermissement à son préjudice (de la reine mère). Après Luynes, c'étaient maintenant les ministres qui maîtrisaient le roi[204] !

Marie de Médicis se fit de plus en plus prudente Elle félicita Louis XIII de vouloir régner : elle lui parlait, le 16 janvier, de la joie que m'apporte la grande réputation que vous acquérez de jour en jour par la connaissance entière que vous prenez de vos affaires, ce que je vous conjure vouloir continuer. Elle le complimentait des choix de ministres qu'il faisait[205]. Mais en même temps elle agissait, ou plutôt autour d'elle, on la faisait agir.

Des libelles parurent qui vantèrent les mérites de l'ancienne régente. On demanda ouvertement qu'elle fut admise au conseil : Toutes les mères de nos rois, disait-on, ont fortifié et assisté l'Etat de leurs sages et fidèles conseils. On citait Blanche de Castille, Catherine de Médicis ; on multipliait les raisons de bon sens, d'utilité générale, de sentiment qui devaient faire prendre cette mesure. On multiplia les instances, les pressions, les manœuvres[206].

Devant ce qu'il crut être un mouvement de l'opinion, Louis XIII, surpris, finit par hésiter. Le 31 janvier 1622, il se décidait à admettre que sa mère put assister aux délibérations de quelques conseils. Il l'appellerait donc à certaines réunions. Il prenait ce parti plutôt par souci de sa propre réputation, disait Pesaro, que pour vraiment initier sa mère aux affaires ; il ne ferait entrer Marie de Médicis qu'à des conseils dans lesquels on ne dirait rien d'important[207]. Dès les premières séances, elle s'en aperçut. Elle reconnut bien, écrivait Richelieu, qu'on étoit en garde d'elle, qu'on ne lui faisoit voir que la montre de la boutique et qu'elle n'entroit point au magasin ; mais elle ne fit pas mine de le reconnaître, espérant de surmonter ces difficultés par sa bonne conduite[208]. Le roi entendait prendre les décisions essentielles sans la consulter ; il se bornerait à s'excuser de ne lui en avoir pas parlé. Venant de faire des nominations de ministres qu'elle ignorait, il lui écrivait : Le peu de personnes qui restoient en mon conseil et les grandes affaires qu'y s'y rencontrent tous les jours, m'ont fait avancer le temps que j'avois proposé pour remplir les places de ceux qu'il a plu à Dieu retirera soi. J'ai cru ne pouvoir appeler deux plus dignes sujets que mon cousin le cardinal de la Rochefoucauld à la place de mon cousin le cardinal de Retz et le sieur de Caumartin pour garde des sceaux. J'eusse été bien aise de vous voir auparavant et faire avec vous le choix des personnes capables de mes affaires[209] : seulement il ne l'avait pas vue. Marie de Médicis s'inclina sans mot dire.

La campagne de 1622 étant décidée, en mars, l'ancienne régente voulut suivre son fils en campagne : elle demeurerait près de lui ; si un accident se produisait, elle serait à portée, avec son second fils Gaston, de profiter des circonstances[210]. Louis XIII refusa. Elle vint : le roi la tint à distance, courant en avant. Il s'en excusait : il lui disait qu'il n'avoit rien tant à ménager que le temps[211]. Le 16 mai, elle était à Fontenay-le-Comte, faisant part à son fils du déplaisir qu'elle avoit de n'être pas auprès de lui ; le 25, elle arrivait à Cognac : J'attendois avec impatience, lui écrivait-elle, le moment qui nous rejoindra ensemble. Ce moment ne se produisait pas. Elle se découragea. Prétextant des douleurs, elle alla prendre les eaux à Pougues : Si j'apprends, lui mandait-elle, que je vous puisse encore trouver près de Sainte-Foy, je continuerai à marcher le plus diligemment qu'il me sera possible pour m'y rendre ; mais si la réduction prompte de cette place en votre obéissance vous fait passer outre, je crois que vous aurez agréable qu'au lieu de consommer le temps à faire un fort long chemin qui seroit inutile parce que je ne pourrois vous joindre, je l'emploie à aller à Fougues pour prendre les eaux[212].

De Pougues elle lui écrivit : elle ne voulait pas perdre le contact ; elle lui témoignait toujours cette affection, cet attachement dévoué qu'il avait si peu connus jadis. Voici le douzième jour, lui écrivait-elle, le 14 juillet 1622, que je prends des eaux et que j'en reçois un tel soulagement que je n'eusse osé espérer. Ma santé plus parfaite me rendra plus capable de contribuer à ce qui sera de votre service, mais non plus passionnée à ce qui est de votre bien et de votre gloire[213]. Chaque nouvelle qu'elle recevait d'une victoire était pour elle l'occasion d'écrire des lettres de félicitations. Elle approuvait tout ce que faisait son fils, elle lui conseillait d'être prudent, de se ménager, de soigner sa santé : Je vous conjure de tout mon cœur d'avoir soin de vous et vous souvenir que vous marchez en une saison fort fâcheuse et en des provinces chaudes et incommodes ce qui me fait vous conjurer encore une fois d'avoir soin de votre personne. Depuis que j'ai su que vous avez été indisposé et que vous étiez résolu à prendre médecine, encore que l'on m'avoit assurée par même moyen qu'elle vous avoit du tout soulagé, je n'ai point eu de bien et mon esprit ne sera point en repos jusques à ce que je sache votre santé être aussi entière et parfaite que je la souhaite[214]. Elle continuait à tenir Marillac près du roi afin d'être informé de ce qui se passait. Le prince impatienté, finira, la paix faite, pas expédier Marillac en Hollande[215].

Mais, la campagne achevée, tout de même, Louis XIII touché de tant d'attentions et retrouvant sa mère à Lyon, lui témoignait des égards. Il cherchait à lui être agréable[216]. Marie de Médicis était-elle malade, il s'inquiétait, écrivait plusieurs lettres de suite à Richelieu afin que celui-ci lui envoyât des nouvelles, s'informait[217]. Les mois qui suivirent et toute l'année 1623, ce fut de la part de l'ancienne régente, la même prudente souplesse, la même condescendance, les mêmes égards. Louis XIII était de plus en plus sensible à ces prévenances. Jamais, écrivait le maréchal de la Force à sa femme le 23 janvier 1623, le roi n'a rendu plus d'honneur à la reine sa mère qu'à présent[218]. Peu à peu une confiance plus stable s'établissait entre eux : Louis XIII consultait davantage l'ancienne régente dont les avis — inspirés de bonne source — paraissaient judicieux. L'autorité de la reine mère s'affermissait ; elle s'affermira assez pour aboutir, enfin, en 1624, à ce qui a été en définitive, la raison d'être de toute cette lente et adroite campagne, menée depuis de si longs mois, conduite si habilement sur les conseils adroits de l'intéressé lui-même : l'entrée de Richelieu au conseil. En cherchant à revenir aux affaires, Marie de Médicis ne se doutait pas qu'elle n'avait été que l'instrument docile d'une ambition autrement puissante que la sienne et qui devait lui faire payer cher plus tard, du moins à ce qu'elle crut, et ses services et son dévouement !

 

 

 



[1] On montrait aux visiteurs les pièces où s'étaient passé le drame en leur donnant les détails (Bentivoglio, Lettres, 1680, in-12°, p. 265 ; C. Groulart, Mém., éd. Michaud, p. 584).

[2] Le peintre vitrier de Blois, Gilles Zamet, toucha 260 livres pour ce travail, le 15 décembre 1617, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 161 v°.

[3] Ibid., 91, fol. 257 v°. Le pavillon, qui regardoit du côté de Saint-Nicolas et des Lices, coûta 4.600 livres, Ibid., 92, fol. 189 v°, 199 v° : arrêt du conseil du 29 décembre 1618, Arch. nat., E. 60B, fol, 218 r°.

[4] J. de Croy, Nouveaux documents pour l'histoire de la création des résidences royales des bords de la Loire, Paris, 1894, in-8°, p. 59 : P. Le Sueur, les Fouilles du château de Blois de 1906, Caen, 1908, in-8°, p. 13 et 41 (il faut rectifier et compléter ces notices par des arrêts du conseil de 1618 et 1620, Arch. nat., E. 60B, fol. 205 r° ; E. 63B, fol. 223 r°) ; dépêche de Contarini du 26 juin 1618, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 123. On procédait en même temps à la réparation des remparts et à la réfection des portes de la ville (Arch. nat., E. 58A, fol. 145 r°).

[5] Règlement des dépenses, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 138 v°, 146 v°, 147 v°, 148 r°, 170 r°.

[6] Bib. Nat. Cinq Cents Colbert, 94, fol. 203 et suiv. ; Bibl. de Sainte-Geneviève, ms. 848.

[7] 20 septembre 1617, 750 livres payées à Pierre Turpin notre graveur, pour avoir fait et gravé un grand sceau d'argent où est représenté notre effigie d'un côté et de l'autre nos armes. Bibl. nat., Cinq cents Colbert, 92, fol. 150 v°.

[8] Des mémoires avaient été composés pour expliquer que la reine Louise de Vaudemont, veuve de Henri III, en avait eu six, Catherine de Médicis, douze ; Ibid., 94, fol. 80 v°.

[9] Marie de Médicis les avait habillés de drap noir avec des bouffants de taffetas noir, bandes de velours de même couleur, toque, panache, bas d'estames, Ibid., 92, fol. 139 v°, 191 v°. Ordre au comte de la Marck, capitaine des Cent-Suisses, d'envoyer sept Suisses à Blois pour le service de la reine mère, 22 mai 1617, Bibl. nat., ms. Dupuy 218, fol. 293 ; nouv. acq. fr. 7225, fol. 321 r°. Marie de Médicis fit des règlements pour le service de ces Suisses dans le château (Bibl. nat., cinq Cents Colbert, 91, fol. 258 v° ; 94, fol. 79 r°).

[10] Nous ne trouvons trace dans les documents que des officiers : le capitaine, M. de Thémines de Lauzière (Ibid., 92. fol. 136 r°), le lieutenant de Presles (fol. 132 v°, 182 v°), l'enseigne Guron de Cervi (149 r°, 134 v°), les exempts la Masure (144 v°), de Marcey (155 r°), Roussy (91, fol. 117 v°), et Boulidière (92, fol. 158 r° ; 94, fol. 141 v°).

[11] Nombreuses mentions dans les comptes. M. de Bressieux démissionne le 1er juin 1618 et est remplacé par le comte de Brennes, Ibid., 91, fol. 130 r°.

[12] Ibid., 94, fol. 200 r°.

[13] Arch. des Aff. Étrang., France 771, fol. 325 r°.

[14] Ibid., fol. 109 r°. Elle plaçait de l'argent en Italie en juillet 1617 (Ibid., fol. 167 r°).

[15] Un exempt des gardes des corps, M. de la Baume, avait été chargé de cette fauconnerie, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 148 r°, 164 v°, 178 r°, 192 v°, 219 r°.

[16] Bibl. nat. Cinq Cents Colbert, fol. 133 r°, 151 r°, 159 r°, 189 r°, 208 v°.

[17] Ibid., 94, fol. 83 v°, 191 r°. En mai 1617 Michel Fabry, maître de la musique, démissionna en faveur de Pierre Guedron qui fut nommé à sa place le 22 mai (90 v°). Voir aussi Ibid., 91, fol. 271 r° et 92, fol. 151 r°.

[18] Ibid., 92, fol. 74 v°, 187 v° et 140 r°. Les musiciens de Blois étaient conduits par deux violonistes, Michel Cossay et Jean Ausonne.

[19] Ibid., 92, fol. 140 r°, 187 r°, 201 v°, 214 r° ; en 1617, 1018 et début de 1019.

[20] Boisrobert reçut 300 livres pour la peine, Ibid., fol. 204 r°. D'après Tallemant, Boisrobert aurait demandé six mois et on lui aurait répondu : Vous n'êtes pas notre fait ! (Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 383). Sur Guarini et son œuvre, très à la mode à ce moment, voir L. Arnould, Racan, Paris, Colin, 1901, in-8°, p. 166, 170 : J. Marsan, la Pastorale dramatique en France à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe siècle, Paris, 1905, in-8°, p. 48.

[21] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 188 r°, 197 v°, 198 v°.

[22] Tallemant, op. et loc. cit.

[23] Le 30 juillet 1617 elle achète pour 4.956 livres, 177 aunes de toile d'argent (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 144 r°). Le 13 février 1619 elle paie à l'orfèvre Nicolas Roger une note de 19 669 livres (fol. 211 v°) ; le 5 décembre 1618 elle solde au même orfèvre la valeur d'une bague de diamant du prix de 8.400 livres (fol. 201 v°) etc.

[24] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 198 r°, 148 v°, 201 v°, 135 r°.

[25] Le 9 octobre 1618 elle achète à l'horloger Salomon Chesnon, pour 800 livres, une grande horloge sonnante à mettre sur la table, garnie et enrichie de diamants (Ibid., fol. 197 r°).

[26] Elle en posait la première pierre en 1617 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert, fol. 163 v°).

[27] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert, fol. 162 v°, 204 r° : Touchard-Lafosse, Histoire de Blois, 1846, in-4°, p. 214.

[28] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 94, fol. 190 r°, 217 r°, 235 v°, 239 r° ; 92, fol. 175 r°, 195 v°. Payez comptant à Noël Merveillières, sieur de la Rabinière, pauvre gentilhomme du pays chartrain, la somme de six livres dont nous lui avons fait don pour lui donner moyen de subvenir à sa nécessité et à celle de sa femme et de ses enfants, sa dite maison ayant été ruinée du feu depuis peu de jours en ça (94, fol. 247 r°).

[29] Dép. de l'ambassadeur vénitien du 13 oct. 1617, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 435.

[30] Bibl. nat., ms. fr. 3818, fol. 5 r° et suiv.

[31] Lettre de la reine à madame de Monglat du 12 avril 1619, Bibl. nat., ms. fr. 3818, fol. 38 r°.

[32] Bibl. nat., ms. fr. 3818, fol. 32 r°. Lettre de la reine à madame de Monglat du 20 janvier 1619.

[33] Lettre de Luynes à Richelieu, Arch. des Aff. Étrang., Fiance 771, fol. 114 r°.

[34] A M. de la Curée, une boîte d'or à mettre portraits, garnie de plusieurs grands et petits diamants, du prix de 3.450 livres, en considération de ce qu'il nous a accompagné en ce lieu, de Blois, 31 mai 1617, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 132 r°.

[35] Registres de la ville de Blois ; cités par L. Bergevin, Histoire de Blois, Blois, 1846, in-8°, t. I, p. 124.

[36] Ils avaient même hésité à aller au devant de la reine : dépêche de l'ambassadeur vénitien du 16 mai 1617, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 113.

[37] Lettre conservée à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg et citée par H. de la Ferrière (Revue des soc. sav. des dép., 1804, p. 141).

[38] Lettre de la reine mère envoyée au roi depuis la paix, 1619, in-12°, p. 6 ; Quatrième lettre delà reine mère envoyée au roi, 1619, in-12°, p. 6.

[39] Elle devait n'adresser à son fils que des lettres écrites de sa main : lorsqu'elle était souffrante et qu'elle devait emprunter l'aide d'un secrétaire, elle ajoutait en post-scriptum : Vous me pardonnerez, Monsieur mon fils, si je ne vous écris de ma main, lettre du 18 avril 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3811, fol. 72 r°.

[40] En janvier 1618, Marie de Médicis envoie à son fils une montre d'or émaillé garnie de diamants, qui lui coûte 6 900 livres (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 176 v°) ; et Louis XIII fait porter par Cadenet à sa mère son portrait dans une cassette de diamants (dép. de Contarini du 26 février 1618, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 615 ; Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 229).

[41] Lettre du P. Arnoux à Marie de Médicis du 22 août 1619, Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 121 r°.

[42] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 38 v°. Les précepteurs lui avaient sur ce point donné de bons conseils : Fleurance Rivault, Discours fait au roi en forme de catéchèses sur le sujet du quatrième commandement de Dieu, Honora patrem tuum et matrem tuam, Paris, A. Estienne, 1614, in-8°.

[43] Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 130.

[44] Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 179.

[45] Lettre de du Vair à Marie de Médicis, dans Négociation commencée au mois de mars de l’année 1619 avec la reine mère Marie de Médicis, Paris, A. Vitré, 1673, in-fol., p. 83.

[46] Instructions datées du 5 mars 1619, ibid., p. 4.

[47] Lettre du 23 mai 1617, Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 259.

[48] Dépêche de l'ambassadeur vénitien du 29 juin 1017, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 232.

[49] Lettre de Bentivoglio du 9 mai 1017, Lettere, t. I, p. 218 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 121. Son congé fut donné au P. Cotton par une lettre du 9 juin 1617 (Bibl. nat., ms. fr. 3722 fol. 113 r°), publiée par E. Griselle, dans Revue du monde catholique, 1er septembre 1909, p. 543. Le P. Cotton fut remplacé par le P. Arnoux.

[50] Voir les lettres de du Vair et Jeannin à Marie de Médicis de 1619, dans Négociation avec la reine mère, 1673, p. 84 et 85 ; la lettre du nonce du 15 août 1618, Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 543 ; la dépêche de l'ambassadeur vénitien du 23 mai 1617, Bibl. nat., ms. ital., 1771, p. 129 : Cf. V. Siri, Memorie recondite, 1077, in-4°, t. IV, p. 100.

[51] Lettres de Jeannin à Marie de Médicis du 17 mars 1619 (Négociation avec la reine mère, p. 85), de Pontchartrain au comte de Béthune du 15 août 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 226 r°) ; du P. Arnoux au même, du 3 avril 1619 (ibid., fol. 148 r°) ; dépêche de Contarini du 5 avril 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1772. p. 32) : lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 12 mars 1619 (Bibl. nat., ms. fr. 20712, fol. 7 r°).

[52] Lettre de Louis XIII à la mère, sans date, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 107.

[53] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 394 ; lettre du P. Arnoux au comte de Béthune du 3 avril 1619. Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 148 r°.

[54] Dépêche de l'ambassadeur vénitien du 30 mai 1617, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 154.

[55] Avenel, Lettres de Richelieu, t. VII, p. 400.

[56] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII, du 5 décembre 1617, Bibl. nat.. ms. fr. 3811, fol. 31 r° : Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 351.

[57] Lettre du 21 août 1617 publier dans Etudes, t. XII, 1877, p. 739. Le P. Suffren avait été appelé à Blois par une lettre de Richelieu du 10 juin 1617 (Avenel, Lettres, t. VII, p. 400). Il était venu avec son frère et un domestique (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92,fol. 197 v°) ;on l'avait logé en ville où on avait loué pour lui trois pièces chez la veuve de Jean Becquet, officier du feu roi Henri III. (Ibid., fol. 158 r°). Il prêchait le dimanche à la paroisse et le vendredi à la chapelle du château (Études, t. XII, 1877, p. 739). Sur le P. Suffren, voir le P. Fouqueray, le P. Jean Suffren à la cour de Marie de Médicis et Louis XIII, Paris, 1900, in-8°, 86 p.

[58] Dépêche de l'ambassadeur vénitien de juillet 1617, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 262.

[59] Brienne, Mém., éd. Petitot, t. I, p. 334 ; Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 125.

[60] Lettre de Déageant à Richelieu du 19 mai 1617, Arch. des Aff. Étrang., France 771, fol. 124 r°.

[61] Dépêche de l'ambassadeur vénitien du 25 juillet 1017, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 294-5 ; de Bentivoglio du 2 août 1617, Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 407 ; de Monteleone au roi d'Espagne du 20 juillet 1617, Arch. nat., K. 1473, n° 57 et 64.

[62] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 133.

[63] Lettre de Tantucci à Richelieu du 20 juillet 1617, Arch. des Aff. Étrang., France 771, fol. 161 r°.

[64] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 396.

[65] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 175. Sur la mission de Modène voir une lettre de Tantucci à Richelieu, Arch. des Aff. Étrang., France 771, fol. 60 v°. Marie de Médicis donna tout de même à Modène, en souvenir, un grand diamant carré en table, en anneau, du prix de 3.600 livres (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 148 r°).

[66] Bentivoglio, Lettere, t. I. p. 287, 500 ; t. II, p. 430.

[67] Dépêche de Monteleone au roi d'Espagne, Arch. nat., K. 1474, n° 41.

[68] Mathieu de Morgues composa des plaidoyers. Sur M. de Morgues, voir C. Perroud, Essai sur la vie et les œuvres de Mathieu de Morgues abbé de Saint-Germain, 1582-1670, dans Annales de la Soc. d'agricult. du Puy, 1863, t. XXVI, p. 205.

[69] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis de 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 25.

[70] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 399 ; Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 479.

[71] Cette affaire est longuement contée par les contemporains ; voir : Pontchartrain, op. et loc. cit. (le mieux placé pour savoir et le plus précis) ; Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 123 ; Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 170, 179, 180, 184, 185 (le plus détaillé) ; Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 428 ; Rohan, Mém., même édition, p. 513 ; les dépêches de Contarini des 5 et 6 avril 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 32, 41, 177) : Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 205 ; et pour les conclusions du procès, M. Molé, Mém., éd. Champollion-Figeac, p. 216.

[72] Lettre du nonce du 4 avril 1618, Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 310.

[73] Sur la mission de M. de Roissy. et ses conséquences voir une note du ms. fr. 3811 de la Bibl. nat., fol. 6 v° ; une lettre du P. Suffren à Bérulle du 14 octobre 1618 (Etudes, t. XII, p. 740) ; les lettres du nonce Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 253 ; les dépêches de Contarini du 26 février et 4 mars 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 625 ; 1772, p. 7) ; les Mém. de Déageant, p. 131, de Fontenay-Mareuil, p. 123.

[74] Lettre de Marie de Médicis à Sully du 28 mars 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 95 r°.

[75] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII, non datée, Bibl. nat., ms. fr. 3811, fol. 7 r°.

[76] Dépêche de Contarini du 23 mai 1618, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 90.

[77] Bentivoglio, Lettere, t. II, p, 347, 393, 410, 430.

[78] Dépêches de Contarini du 10 avril, 2 juin, 12 août 1618, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 52, 103, 162.

[79] Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 512 ; Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 174, 179, 186. L'affirmation de Richelieu est en partie vérifiée par une lettre de Marie de Médicis au roi, de cette époque, dans laquelle elle dit à son fils : Il y a fort longtemps que j'eusse pris la résolution de voyager pour ma santé si je n'eusse été retenue par un commandement que M. de Roissy me dit venir de votre part, de ne partir d'ici sans permission signée de votre main (Catalogue of the collection of autographs letters of Morrison, t. IV. p. 170).

[80] Richelieu, Mém., t. I, p. 189 et les lettres du nonce, Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 544, 563, 564.

[81] Le roi, de son pur mouvement, dit au P. Arnoux, qu'il vouloit l'envoyer à Blois vers la reine pour lui porter son cœur et l'assurer de l'affection filiale qu'il avoit envers elle ; durant trois ou quatre jours suivants, le roi lui dit en particulier ce de quoi il désiroit que le dit père traitât avec la reine (lettre du P. Suffren au P. de Bérulle du 14 octobre 1618, dans Études, t. XII, p. 739).

[82] Voir sur tous ces faits la lettre détaillée du P. Suffren au P. de Bérulle du 14 octobre 1618 (op. cit., p. 740) ; une lettre du P. Arnoux à Marie de Médicis (Ibid., 741) ; les lettres du nonce de septembre 1618 (Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 30, 39) ; les dépêches de Contarini des 21 et 30 septembre, 10 octobre 1018 (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 187, 200, 209).

[83] Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 143 v° ; Cinq Cents Colbert 97, fol. 104 r° ; nouv. acq. fr. 7797, fol. 199. Le texte de celte déclaration aurait été rédigé par Phélipeaux. Marie de Médicis ensuite se plaindra vivement de ce qu'on lui ait fait signer ce document. Les formules en étaient solennelles : Marie, par la grâce de Dieu, reine de France et de Navarre, mère du roi, avons fait et faisons au roi notre seigneur et fils, devant Dieu et ses anges, les soumissions, protestations et promesses ci après déclarées...

[84] Nous avons le texte de cette lettre qui est datée du 30 octobre 1618, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert, 97 fol. 79 v°.

[85] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 403 ; voir surtout les lettres de novembre et décembre 1618 du nonce, Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 85, 103, 116, 140, 148. On jugea que l'idée du voyage à Moulins n'était qu'un caprice.

[86] Ibid., p. 170, lettre du nonce du 30 janvier 1619 ; Lettre de la reine mère à Monsieur le prince de Piémont, Loches, 1619, in-12°, p. 4.

[87] Lettre de Marie de Médicis à la duchesse de Guise, Bibl. nat., ms. Clairambault 375, fol. 191 r° ; Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 197. lettre du 13 février 1619.

[88] Lettre de Marie de Médicis à M. de Bellegarde du 28 février 1619, Bibl. nat.. Cinq Cents Colbert 97, fol. 82 r°.

[89] Dépêche de Contarini du 2 avril 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 74.

[90] Instructions à M. de Béthune du S mars 1619, dans Négociation avec la reine mère, p. 4.

[91] Lettre de Marie de Médicis à M. de Bellegarde du 28 février 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 82 r°.

[92] Négociation avec la reine mère, p. 16.

[93] Négociation avec la reine mère, p. 14 et 15.

[94] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I. p. 191.

[95] Louis XIII affirme que Marie de Médicis s'est enfuie au moment où il allait aller la voir dans une lettre au due de la Force du 24 février 1019 (Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. II, p. 469) ; dans une autre du 26 février au duc de Bouillon (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7797, fol. 308 r°) ; Cf. Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 403. Sur la croyance qu'eut Marie de Médicis que le roi venait pour l'enfermer à Amboise, voir une note aux Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 247 r°.

[96] Sur ce personnage, voir L. Passerini, Genealogia e storia della famiglia Rucellaï, Florence, 1861, in-8° ; puis Girard, Hist. de la vie du duc d'Epernon, Paris, 1665, in fol., p. 299 et 300 ; Richelieu, Mém., t. I, p. 199, 268-9 ; les lettres du nonce (Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 232, 271 : t. III. p. 455, 450, 464, 516 ; t. IV, p. 11) ; Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 2.

[97] Après la mort de Concini, Rucellaï avait rendu des services à Luynes (Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 243 v°).

[98] Voir sur d'Epernon, Bibl. nat., ms. Dupuy 215 (fol. 149-164) et 536 ; ms. fr. 20 742, fol. 64 v° ; puis ce que disent du personnage Béthune à Pontchartrain, dans une lettre du 9 avril 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97 fol. 216 r°), Pontis, Mém., éd. Michaud, p. 484.

[99] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 133 ; Girard, Hist. de la vie du duc d'Epernon, p. 291 ; Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 522 ; Richelieu, Mém., même édition, t. I, p. 190.

[100] Tous les auteurs contemporains sont pleins de détails sur la fuite de Blois. Nous suivrons surtout la Relation de la sortie de la reine mère de Blois (Dans Aubéry, Mémoires pour l'histoire du cardinal duc de Richelieu, Paris, 1660, in fol., t. I. p. 135 et suiv.) et le récit de Girard (Hist. de la vie du duc d'Epernon, p. 327 et suiv.), Loiseleur a tenté une narration circonstanciée (Ravaillac et ses complices, Paris, 1873, in-12°, p. 110-177).

[101] Nous avons le texte de la lettre par laquelle Marie de Médicis sollicite l'aide de d'Epernon ; elle est datée du 14 février 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 79 r°) ; la copie de la lettre de Louis XIII autorisant sa mère à voyager librement dans le royaume est jointe (Ibid., r°).

[102] L'abcès de M. d'Epernon percé par un de ses amis, Paris, 1619, in-12° : Sommation faite à Monsieur le duc d'Epernon, Tours, 1619, in-12°. p. 11 ; Histoire véritable de tout ce qui s'est fait et passé depuis le premier janvier 1619, Paris, 1619, in-12°, p. 18 ; Remontrance à M. d'Epernon par un de ses amis, Bibl. nat., ms. fr. 20 742. fol. 47 r°, 64 r°.

[103] Lettre de M. de Béthune à Louis XIII du 21 mars 1619 (dans Négociation avec la reine mère, p. 29).

[104] La Justification de Monsieur le duc d'Epernon, Paris, 1620, in-12° ; La Copie d'une lettre écrite nu roi par Monsieur d'Epernon, Paris. 1619, in-12° : lettre de d'Epernon au cardinal de Sourdis du 25 mars 1619 (dans Négociation, p. 91) : d'Epernon prouvera à M. de Béthune, qu'il a été appelé a Blois (Ibid., p. 60, lettre de Béthune au roi). Le 12 août 1620, il écrira à Marie de Médicis pour la prier de fane revenir le roi sur l'opinion qu'il a de son rôle au moment de la fuite de Blois (Bibl. nat., ms. fr. 20 742, fol. 132 r°).

[105] Pour la topographie des lieux, voir L. de la Saussaye, Hist. du château de Blois, Paris, 1850, in-18, p. 352 et Lesueur, les Fouilles du château de Blois, Caen, 1908, in-8°, p. 13.

[106] Aux sources citées plus haut pour la fuite de Blois, ajouter : Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 403 ; Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 143 ; la lettre du nonce à Monteleone du 25 février 1619, Bentivoglio, Lettres, 1680, in-12°, p. 241 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 135 ; Rohan, Mém., même édition, p. 514 ; Richelieu, surtout, qui paraît très au courant, Mém., même édition, t. I, p. 190.

[107] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 144 r° ; Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 191 ; Fontenay-Mareuil, Mém., p. 136 ; dépêche de Contarini des 23 février et 9 mars 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 327 ; 1773, p. 12. Les lettres de Bentivoglio indiquent bien la vive émotion qui saisit la cour, Lettres, Paris, 1680, in-12°, p. 151, 243.

[108] Lettre du prince de Piémont à Marie de Médicis, Bibl. nat., ms. fr. 20742. fol. 15 r°.

[109] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 92 r°.

[110] Lettre de Marie de Médicis au roi, datée de Loches, 23 février 1619, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 3 r° ; voir aussi : Copie delà lettre de la reine-mère et de la réponse du roi, 1619, in-12°.

[111] Lettre de la reine mère envoyée à M. le duc de Mayenne le 6 de mars 1619, in-12°, p. 3-4.

[112] Sur ces discussions du conseil, voir une lettre du prince de Piémont du 11 mars 1619, Bibl. nat., collect. Moreau 724, fol. 201 r°et v° ; Brienne, Mém., éd. Petitot. t. 1, p. 337 ; Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 404 ; Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 218.

[113] Pontchartrain, op. et loc. cit. ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 137. En temps de paix l'effectif des compagnies des gardes était de 100 hommes et celui des compagnies des autres régiments de 35.

[114] Arch. nat., X1a 8649, fol. 191 v°.

[115] Lettre de Louis XIII à M. de Hamhu, datée de Saint-Germain, mars 1619, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 100 r° : registres de la ville de Blois, cités par L. Bergevin, Hist. de Blois, t. I. p. 127.

[116] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 12 mars 1619, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 5 v°.

[117] Lettre des bons français envoyée à la reine-mère du roi, 1619, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 59 r°.

[118] Histoire véritable de tout ce qui s'est fait et passé depuis ce premier janvier 1619, Paris, 1619, in-12°, p. 18.

[119] Nous avons toutes leurs lettres, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 28 r°, 30 r° ; Cinq Cents Colbert 97, fol. 89 r°, 93 r°, 94 r°, 96 r°, 117 r°, 130 r°, 135 r°.

[120] Lettre de Sully à Marie de Médicis du 16 février 1619, dans Négociation avec la reine-mère, p. 74.

[121] Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 52 v°, 53 v° ; Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, t. II, p. 244 et 245.

[122] Voir la lettre explicative sur ce point de du Noyer à Naunton, secrétaire d'Etat anglais, du 4 avril 1619, Bibl. nat., Collect. Moreau 724 fol. 205 r°.

[123] Lettres de Marie de Médicis au roi d'Espagne et au prince d'Espagne du 14 mars 1619, Arch. nat., K. 1470, n° 35-37 ; de Giron à son souverain, Ibid., n° 29. On voit bien par les dépêches de Giron que l'Espagne n'est pas mêlée aux affaires de Marie de Médicis (par exemple lettre du 25 février 1619, Ibid., n° 22). Louis XIII avait écrit lui-même à Madrid afin d'expliquer la situation au roi son beau-père et de le faire juge. Giron avait suggéré à son souverain de répondre en recommandant à son gendre l'entente avec sa mère (dépêche de Giron au roi d'Espagne du 26 mars 1619. L'informant de l'envoi de la lettre de Louis XIII et lui indiquant la réponse à l'aire, Ibid., n° 54). Le roi d'Espagne ni' paraissait pas d'ailleurs avoir assez d'argent pour venir en aide pécuniairement à Marie de Médicis car il payait très mal son ambassadeur dont les Lettres sont remplies de plaintes sur son état misérable et de réclamations concernant le paiement de ses dettes (voir par exemple, Ibid., 1477, n° 82, 85).

[124] Nous avons ces lettres : Bibl. nat, ms. fr. 20742, fol. 9 v° et suiv.

[125] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 109 ; ms. Dupuy 92, fol. 147 r° ; ms. fr. 20 742, fol. 20 v° ; cf. Négociation avec la reine-mère, p. 21.

[126] Lettre du nonce du 6 mars 1619, Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 230.

[127] Lettre de Marie de Médicis à Sully datée d'Angoulême du 28 mars 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 93 r°. Louis XIII avait été tenu au courant des détails du voyage de sa mère de Loches à Angoulême, par une lettre du baron d'Hervault à Pontchartrain du 27 février 1619, Bibl. nat., ms. Clairambault 373, fol. 197 r°.

[128] Les lettres furent imprimées : Lettres de la reine-mère à Messieurslte chancelier, le garde des sceaux, le président Jeannin, Angoulême, 1619, in-12° ; Lettres de Messieurs les chancelier, garde des sceaux et président Jeannin écrites à la reine-mère, Paris, 1619, in-12°. Cf. Négociation avec la reine-mère, p. 84 ; Négociations du président Jeannin, éd. Michaud, t. IV, p. 686.

[129] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 17 mars 1619, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 26 r°.

[130] Lettres de Louis XIII à Marie de Médicis des 17 mars (Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 25 v°), 8 avril (Cinq Cents Colbert 97, fol. 191 r°) et 23 avril 1619 (ms. fr. 20742, fol 38 r°) ; cette dernière fut rendue publique sous le titre de : Réponse de la main du roi à la quatrième lettre de la reine-mère du 11 avril 1619, Paris, 1619, in-12°.

[131] Lettre de Béthune au roi du 21 mars 1619, dans Négociation avec la reine-mère, p. 32 ; Extrait des raisons et plaintes que la reine-mère du roi fait au roi son fils, Paris, 1619, in-12°, p. 4. C'était M. Florent d'Argouges qui rédigeait les lettres de la reine-mère au roi : Marie de Médicis le dit à Béthune (lettre de Béthune à Pontchartrain du 9 avril 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 214 r°).

[132] M. de Pontchartrain, secrétaire d'État, qui a dressé la dite instruction (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 1 r°). Nous avons le dossier des Négociations de MM. le cardinal de la Rochefoucauld et comte de Béthune envoyés par Louis XIII vers la reine sa mère en 1618-1619 pour procurer son retour en cour, Bibl. nat., ms. fr. 15699, fol. 352 v° et suiv. ; il a été imprimé dans la Négociation commencée au mois de mars de l'année 1619 avec la reine-mère Marie de Médicis, Paris, A. Vitré, 1673, in-fol.

[133] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 8 avril 1619, Négociation, p. 148.

[134] Lettre de Pontchartrain à M. de Béthune du 20 avril 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 248 r°.

[135] Négociation, p. 40 et 124. Le P. Arnoux écrivait à Béthune le 8 avril : Écrivez, s'il vous plait, confidemment, tout ce que vous jugerez qui se puisse faire par moi pour empêcher la rupture et par conséquent la guerre, on prend au lieu où vous êtes trop peu de confiance, ce me semble, où il n'y a nul péril et c'est ce qui altère et cabre les esprits de deçà. (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 198 r°).

[136] Lettres de Béthune à Pontchartrain des 21 et 30 mars 1619, dans Négociation, p. 28, 109. Les autres, dit-il, me semblent peu considérables. Sur Chanteloube, voir Avenel, Lettres de Richelieu, t. I, p. 645.

[137] Girard, Hist. de la vie du duc d'Epernon, p. 338.

[138] Le roi l'interdit par arrêt du Conseil du 21 mars 1619. Arch. nat., E 61a, fol. 143 r°.

[139] Le roi l'interdit également par arrêt du 2 mars 1619, Ibid., E. 61e, fol. 45 r°. Il fallut ensuite dégager les responsabilités des receveurs (arrêt de juin 1619 réglant la situation du receveur des tailles de Jarnac, auquel 50 soldats, conduits par Lepelletier de Montargis, ont enlevé de force, le 10 avril, au nom de la reine-mère, 84.14 livres, 7 sols, 4 deniers (Ibid., E 61a, fol. 46 r°).

[140] D'Epernon recrutait à lui seul dans son gouvernement 5 à 6.000 hommes de pied, 8 à 900 chevaux : lettre du comte de la Rochefoucauld à M. de Pontchartrain du 1er avril 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 63 r° ; Girard, op. cit., p. 334.

[141] Lettre de Louis XIII à sa mère du 8 avril 1619, Négociation, p. 142, 146.

[142] Les instructions qu'on lui donna furent lues dans le conseil du roi, Ibid., p. 188.

[143] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 144.

[144] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 197. Richelieu indique dans quelle extrémité d'ailleurs était Marie de Médicis.

[145] On publia les conditions de la paix : Articles accordés par Messieurs le cardinal de la Rochefoucauld et Béthune au nom du roi à la reine-mère, 1619, in-12° ; ainsi que le traité de pardon spécial consenti à d'Epernon : Articles accordés à Monsieur le duc d'Epernon, Paris, 1619, in-12°.

[146] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 98, p. 15.

[147] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis datée d'Amboise le 17 juillet 1619 et publiée sous le titre de : Nouvelle lettre du roi envoyée à la reine-mère, Paris, 1619, in-12°, p. 5.

[148] Lettres de Louis XIII à Marie de Médicis de juillet 1619, Bibl. nat., ms.fr. 20742, fol. 115 r° ; du P. Arnoux à la même du 22 août 1619, Arch. Aff. Étrang., France 772, fol. 121 r°.

[149] Les détails les plus précis sur l'entrevue de Couzières sont donnés par Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 210 v°), la dépêche de Contarini du 10 septembre 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 239 et 246), le récit officieux publié sous le titre de l'Audience donnée par le roi à la reine sa mère, Paris, 1619, in-12° ; le texte de J. B. Matthieu, témoin oculaire, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, Paris, 1631, in-fol., t. II, p. 112).

[150] Lettre de Bassompierre au comte de Tillières du 2 octobre 1619, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3538, fol. 2 r°.

[151] Réception faite à la reine-mère du roi en la ville de Tours le vendredi 6e jour de septembre, Paris, 1619, in-12° : les Triomphes et magnificences faites à l'entrée de la reine mère du roi en la ville de Tours, Lyon, 1619, in-12°. Cf. Ch. de Sourdeval, Trois passages de Louis XIII à Tours, 1614, 1616, 1619, dans Mém. de la Soc. archéol. de Touraine, t. XVII, 1865, p. 106.

[152] Les Magnificences préparées en l'église Notre-Dame de Chartres pour les dévotes actions de grâce du roi et de la reine sa mère, de leur heureuse entrevue et amiable réconciliation, Paris, 1619, in-12°.

[153] Lettres du roi d'Espagne à Louis XIII et à Marie de Médicis, de la fin de septembre 1619, Arch. nat., K. 1476, n° 128A, 129, 131.

[154] Arrêt du Conseil du 24 octobre 1619, Arch. nat., E. 62c, fol. 41 r° ; lettre de Schomberg à Richelieu du 29 octobre 1619, Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 150 r° ; dép. de Contarini du 3 septembre 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 234.

[155] Récit et véritable discours de l'entrée de la reine-mère dans la ville d'Angers, faite le 16 octobre 1619, Angers, 1619, in-4° ; E. Pavie, la Guerre entre Louis XIII et Marie de Médicis, 1899, in-8°, p. 31. Cette entrée coûta à la ville 15.487 livres, 2 sols, qu'elle ne put payer qu'en doublant, pour six ans, le droit de clovaison sur les denrées et marchandises passant par la dite ville. (Arch. nat. E. 65a, fol. 347 r°).

[156] Dépêche dans ce sens de Monteleone au roi d'Espagne de mai 1017, Arch. nat., K. 1473, n° 93.

[157] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud. p. 394, 395 : lettre du nonce du 14 mars 1618, Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 277.

[158] Dépêche de Contarini du 9 mars 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 18 ; lettre de Béthune à Luynes, du 12 avril 1619 et réponse de Luynes, dans Négociation, p. 178.

[159] Louis XIII le dit dans une lettre à Marie de Médicis du 17 octobre 1619 Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 56.

[160] Pontchartrain, Mém., éd., Michaud p. 409.

[161] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 17 octobre, loc. cit.

[162] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis, non datée, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 37.

[163] Lettres patentes du 26 novembre 1619, Arch. nat., X1a 8649, fol. 232 v°, imprimées dans le Recueil de pièces concernant l'histoire de Louis XIII, Paris, 1716, in-12°, t. II, p. 251.

[164] Dépêche de Contarini des 10 et 24 décembre 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 326, 358. La lettre de protestation de Marie de Médicis est du 7 décembre, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 42 : voir Richelieu, Mém., t. I, p. 205, 206.

[165] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 64, 65.

[166] Dép. de Contarini du 24 décembre 1619, Bibl. nat.. ms. ital. 1773, p. 343.

[167] Dépêche de Contarini du 26 novembre 1619, Ibid., p. 320.

[168] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 204, 207.

[169] Louis XIII lui avait écrit : Je fis hier tenir le chapitre général pour l'élection de ceux qui avoient été nommés à l'ordre, dont je vous ai bien voulu donner avis, ne désirant pas que cette action soi ! faite sans que vous en ayez connaissance. J'envoie à cette fin vers vous, le sieur de Jars, etc. Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 59.

[170] Lettre du P. Arnoux a Richelieu du 21 décembre 1619, Arch. des Aff. Étrang., France 772. fol. 162 r° et lettre du nonce du 18 décembre, Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 30.

[171] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 409.

[172] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 74, lettre du 17 janvier 1620.

[173] Lettre de Louis XIII à sa mère du début de 1620, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 74.

[174] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 411. Richelieu écrivait à l'abbé de la Cochère : La reine a été bien aise de voir vos dernières lettres qui lui témoignent qu'il n'y a point eu de dessein au voyage, qu'on a fait à Orléans. Quoi que vous lui en mandassiez auparavant, elle ne le croyoit pas... Vous n'eussiez su ôter de l'imagination de tout le monde que la guerre ne dut être sur ce voyage. (Catalogue of the collection of autographs letters of Morrison, t. V, p. 261).

[175] Pontchartrain, Mém., p. 414. Voir comment Richelieu travestit le but de ces missions, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 220.

[176] Véritable relation de ce qui s'est passé de jour en jour au voyage du roi, 1620, Paris, 1620, in-12°, p. 28 (récit officieux). Le 23 juin 1620, M. de Puisieux écrivait à M. de Gésy : Sa Majesté fait ce qu'elle peut pour donner toute confiance a la reine sa mère de son amitié, y envoyant sou vent pour cet effet (Bibl. nat., ms. fr. 16156, fol. 91 v°).

[177] Mais le public ne comprenait rien à la révolte de Marie de Médicis. Sur la dernière levée de boucliers, je confesse que je ne vois goutte, mandait Malherbe à M. du Bouillon (dans Œuvres, éd. Lalanne, t. IV, p. 53). On était plutôt irrité (Lettres de N. Pasquier, Paris, 1623, in-8°, 737 : les Plaintes de la France à ses enfants dénaturés, 1620, in-12° ; Humble supplication du tiers État au roi, Paris, 1620, in-12°) ; on se prononçait pour Louis XIII (de la Boursaudière, le Manifeste français au roi, Paris, 1620. in-12°, p. 8). Richelieu appelait alors le mouvement de l'opinion les orages tempétueux d'une commune populace (Harangue à la reine mère du roi contre les plaintes de Messieurs les princes, faite à Sa Majesté sur les affaires du temps par Messire A. I. D. P. D. R., évesque de Luçon, le 3 juillet 1620, Paris, 1620, in-12°, p. 3).

[178] Manifeste envoyé au roi par la reine mère de Sa Majesté, 1620, in-12°.

[179] Dépêche de Contarini du 23 juin 1620, Bibl. nat., ras. ital. 1774, p. 124 ; lettres du nonce des 1er et 15 juillet 1620 (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 303 et 325).

[180] Nous avons de ces mandements : Bibl. nat., ms. fr. 3812, fol. 50 r° ; nouv. acq. fr. 7797, fol. 513 r°. Il fallut des arrêts pour régulariser les comptes des receveurs (Arch. nat., E. 65a, fol. 134, 136, 138, 140, 142, 144, 146, 148, 150, 152, etc.).

[181] Nous avons également de ces commissions, Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 79 r° ; Bibl. nat., Dupuv 92, fol. 174 r° ; ms. ital. 1774, p. 167 ; nouv. acq. fr. 7798, fol. 108 r°.

[182] Promesse écrite faite par Montmorency, le 15 mai 1620, de secourir Marie de Médicis, Catalogue of the collection of autographs letters of Morrison, t. IV, p. 301. Tout le monde ne suivait pas ; il y avait des résistances, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 73 et suiv.

[183] Le 29 avril 1620, le roi d'Espagne avait demandé à son ambassadeur Giron ce qu'on pourrait bien faire pour entretenir les désordres en France et ce que cela coûterait. Giron avait répondu le 22 mai (Arch. nat., K. 1477, n° 72) qu'on pourrait subventionner Marie de Médicis, le duc de Mayenne, Épernon ; que quant au prix cela dépendrait de ce qu'on exigerait de ces personnages. L'affaire ne paraît pas avoir eu de suite. Marie de Médicis s'était adressée au grand dur de Toscane et au duc de Savoie, sans succès. (Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 182 r° et 189 r°).

[184] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 414. Nous renvoyons pour cette campagne au récit détaillé de E. Pavie, la Guerre entre Louis XIII et Marie de Médicis, Angers, 1809, p. 415. Il existe, aux Arch. des Aff. Étrang., un dossier spécial sur les affaires de 1620 : France 773.

[185] Méditations de l'Hermite Valérien, 1621, in-12°, p. 18 ; Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 4. Pour le combat des Ponts de Cé, voir le récit de M. Hanotaux, Histoire du cardinal de Richelieu, t. II, p. 348 et suiv. Louis XIII annonça sa victoire aux officiers du royaume, Bibl. nat., ms. fr. 3812, fol. 52 r°. Les habitants des Ponts de Cé se firent indemniser des dégâts subits au cours de l'affaire par l'exonération des tailles en 1620 (Arrêt du Conseil du 20 août 1021, Arch. nat., E. 64A, fol. 379 r°).

[186] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 340 v°. La ville loua à ses frais les maisons occupées en la dite ville pour le logement de la reine mère. Louis XIII donna 300 livres d'indemnité (arrêt du Conseil du 19 décembre 1620, Arch. nat., E. 65B, fol. 346 r°).

[187] Déclaration du roi de l'innocence de sa très honorée dame et mère, Paris, 1620, in-12°, p. 4 et 5.

[188] Cf. Avenel, Lettres de Richelieu, t. VII, p. 487, note ; et Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 144 r°.

[189] Dépêche de Contarini du 3 novembre 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 78 ; Bonnefont, Manifeste de joie sur l'heureux retour de la reine à Paris, Paris, 1620, in-12° ; baron de Clairbourg, Déclaration publique présentée à la reine mère du roi sur le retour de Sa Majesté en la ville de Paris, Paris, 1620, in-12° ; le P. Delachau, les Allégresses du peuple de Paris pour l'entrée de la reine mère, Paris, 1620, in-12°.

[190] Richelieu, Mém., t. I, p. 238.

[191] Brevet de la continuation des rentes ordinaires et appointements annuels de la reine mère, 5 mars 1621, Bibl. nat., ms. Dupuy 832, fol. 212 et suiv. et nouv. acq. fr. 7798, fol. 248 r°.

[192] Dép. de Corsini, Arch. nat.. L. 397, fol. 326 v°. Cf. la dépêche de l'ambassadeur vénitien du 20 janvier 1021, dans B. Zeller, le Connétable de Luynes, p. 295.

[193] Dépêche de G. B. Gondi, envoyé florentin, dans B. Zeller, le Connétable de Luynes, p. 342.

[194] Marillac allait et venait. Il porte les titres, en mars 1621, de conseiller au conseil d'Etat et maréchal des camps et armées (Arch. nat., E. 66B, fol. 199 r°. Sa correspondance est conservée aux Archives du Ministère des affaires étrangères. Dans ses lettres de 1621 à sa mère, Louis XIII parle de Marillac et des nouvelles que celui-ci lui donne de Marie de Médicis (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 96).

[195] Nous insistons sur ce point, les apparences ayant fait croire que c'était Luynes qui dictait ses sentiments au roi à l'égard de sa mère. L'ambassadeur d'Espagne, marquis de Mirabel, écrivait le 13 janvier 1622 à son souverain qu'on disait que, Luynes mort, Marie de Médicis allait reprendre son autorité sur le roi (Arch. nat., K. 1479, n° 10). On va voir ce qu'il va en être.

[196] Nous reviendrons plus loin sur ces lettres.

[197] Arch. des Aff., Étrang., France 775, fol. 84 v°.

[198] Retz répète le propos à Marillac qui le mande à Richelieu : lettre du 29 décembre 1621, Ibid., fol. 86 v°.

[199] Bien des gens pensent que la raison d'État seule a voulu que l'on donnât bon espoir à la reine mère pour la faire reculer devant des pensées et des desseins qui pourraient être contraires à ceux des favoris (les ministres, maintenant). Dépêche de l'envoyé florentin du 23 décembre 1621, dans Zeller, Richelieu et tes ministres, p. 8.

[200] Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 45 v°, 47 r°. Ce petit Saint Louis de relief en or, enrichi de perles et de diamants lui avait coûté 10.000 écus. Le roi répondit en envoyant une paire de pendants d'oreilles de 15.000. (Dépêche du nonce Corsini du 9 février 1622, Arch. nat., L. 397, fol. 349 v°.)

[201] Lettres de Marie de Médicis à Louis XIII des 4 et 16 mai 1622, Bibl nat., ms. fr. 3708, fol. 51 v°, 52 r°.

[202] Dépêche de Pesaro du 19 janvier 1622, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 212.

[203] Dépêches du nonce Corsini des 10 et 30 janvier 1622, Arch. nat., L. 397, fol. 348 r° et 367 v°.

[204] Richelieu, Mém., t. I p. 238.

[205] Lettres de Marie de Médicis à Louis XIII des 7 et 16 janvier 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 45 v°, 46 v° ; et 3811, fol. 66 r° et 64 r°.

[206] Remontrance faite à la reine mère sur les affaires de ce temps, 1622, in-12°, p. 4 et 5 ; Jean d'Alary, la Vertu triomphante de la fortune où est parlé des grands services rendus par la reine mère à la France, Paris, R. Daufresne, 1622, in-12°.

[207] Dépêche de Pesaro du 14 février 1622, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 243 ; Journal d'Arnauld d'Andilly, Bibl. de l'Arsenal, ms. 5181, fol. 1 v°.

[208] Richelieu, Mém., t. I, p. 259.

[209] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis (septembre 1622), Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 164.

[210] Il segretto del suo viaggiare (de Marie de Médicis) e appogiato alla consideratione di voler esser con li figlioli et, in ogni accidente della del re, esser vicina à Monsu et con le forze, ancora. Dépêche de Pesaro du 1S mars 1622, Bibl. nat., ms. ital. 1778, p. 69.

[211] Lettre de Louis XIII à sa mère de mai 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 54 r°.

[212] Lettres de Marie de Médicis à Louis XIII de 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 32 v° à 54 v°. Nous suivons les démarches et les sentiments de Marie de Médicis au moyen de ses lettres. Voir aussi Richelieu, Mém., t. I, p. 264.

[213] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII du 14 juillet 1622, Bibl. nat. ms. fr. 3817, fol. 20 v°.

[214] Lettres de Marie de Médicis au roi des 14 et 19 juillet 1622, Ibid., fol. 20 r° et 23 r°.

[215] Comme vous ne pouvez mieux savoir, écrira-t-il à Marie de Médicis, le sujet du voyage de Marillac que j'envoie en Hollande pour affaires concernant mon service, que par lui-même, je lui ai commandé de vous le faire entendre et par même moyen vous assurer de mon arrivée à Lyon, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 172. Marillac avait épousé une fille d'honneur de la reine mère nommée Catherine de Médicis, (Voir notre Vie intime d'une reine de France au XVIIe siècle, p. 143, note). Ce mariage avait donné quelque faveur au personnage. Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 117.

[216] Voir la dépêche caractéristique dans ce sens de l'ambassadeur vénitien du 21 décembre 1622, dans Zeller, Richelieu et les ministres, p. 105.

[217] Lettres de Louis XIII à Richelieu de 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 21 v° et 22 r°. Louis XIII va à Montceaux voir sa mère quand elle est souffrante (lettre de M. de Bréval au duc de Lorraine du 6 août 1623, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3145, fol. 76 r°). Marillac rendait compte à Richelieu de l'intérêt que le roi portait à sa mère (ses lettres d'avril et de mai 1622, Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 99 r° et 144 r°).

[218] Dans Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. III, p. 270 et 274.