HISTOIRE DE CHARLES IX

LIVRE III. — APRÈS LA SAINT-BARTHÉLEMY

 

CHAPITRE II. — QUATRIÈME GUERRE CIVILE.

 

 

Soulèvement du midi. — Siège de la Rochelle. — Election du duc d'Anjou au trône de Pologne. — Pacification nouvelle. — Famine de Sancerre et tumulte de Bassigny. — Départ du duc d'Anjou pour Varsovie. — Conspiration du duc d'Alençon : jugement et exécution de la Mole et Coconas. — Siège de Domfront : prise et mise à mort de Montgommery.

 

Les catholiques avaient pensé que de la Saint-Barthélemy sortirait une période pacifique ; mais comme les entreprises pleines de violence ou de sang, nous dit un contemporain[1], n'ont jamais eu d'heureux succez, la providence de Dieu ou l'obstination des hommes en décida autrement.

Les protestants désespérés prirent en effet, nous l'avons dit à la fin du chapitre lu du précédent livre, la résolution de se jeter dans les villes appartenant autrefois à leur parti ; c'était la seule ressource de ceux qui ne voulaient ni abjurer, ni se cacher, ni s'expatrier. Les Poitevins, les habitants de la Saintonge et de l'Angoumois, se réfugièrent à la Rochelle, ceux de l'Île-de-France[2] à Sancerre, ceux du midi près de Montauban et de Nîmes.

L'arrivée de Terrides, échappé au massacre de Paris, anima ces dernières villes, ainsi que Millaud, capitale du Rouergue, et Puylaurens, capitale du Lauraguais ; ces diverses cités se mirent en état de résister et se résolurent à une défense perpétuelle. On conçoit une pareille animation, résultat d'un courroux légitime : le parti prenait soin de l'entretenir en répandant le bruit calomnieux que le roi faisait rechercher les protestants qui survivaient par des massacreurs soudoyés pour parcourir les provinces[3]. Terrides parcourut le pays et incita plusieurs villes à faire de même. Villemur, vicomté avec château, sis à 3 lieues de Montauban et appartenant au roi de Navarre, fut armé par de Reyniers, gentilhomme prétendant à quelque hypothèque sur ce lieu et qui s'y retira avec un certain nombre de soldats. La plupart des cités protestantes le long de la Garonne, dans le Lauraguais, en Languedoc, dans l'Albigeois, le Rouargue, le Vivarais, le comté de Foix suivirent cet exemple. Cadenat et Cadeillat, dans le haut Quercy, furent saisies et occupées par le vicomte de Gourdon ; d'autres localités, et nombreuses, se rangèrent du parti des protestants.

C'était, au moins au midi de Paris, un soulèvement presque général.

A l'est, les Strasbourgeois s'émurent à la vue de ces bandes de Français qui se retiraient en Allemagne, afin d'échapper à la persécution, et n'ouvrirent leurs portes qu'aux gens connus. Les cantons calvinistes de la Suisse, surtout Berne et Zurich, craignirent que le roi de France, victorieux chez lui de leurs coreligionnaires, ne vint les attaquer à leur tour, afin de se débarrasser d'un voisinage qu'il considérerait comme dangereux pour ses sujets ; et comme l'armée de France possédait des troupes suisses, levées chez les cantons catholiques, il courut en cette république un frémissement de voir un jour les Suisses aux prises les uns avec les autres. C'eût été une nouvelle guerre civile, mais l'exemple est contagieux, et il existait dans le royaume de Charles IX depuis son avènement.

Ce n'était pas tout, et la levée de boucliers contre l'autorité royale menaçait de s'étendre encore.

Qu'opposa le pouvoir central à cette situation ?

Il prit le parti de ramener chacun à son devoir : tout gouverneur de province dut partir pour son poste, empêcher les levées des protestants, prêcher la concorde, faire observer les édits et les ordonnances. Ces officiers rejoignirent mirent et se comportèrent conformément aux dites instructions. Ils trouvèrent presque toutes les cités fermées et prêtes à la riposte. Alors ils parlementèrent, surtout par le moyen de réformés échappés au massacre de Paris, et s'efforcèrent de prouver le bien qui serait produit par la soumission à l'autorité royale. Charles IX, en même temps, se prépara pour la guerre, prescrivit la revue de toute sa gendarmerie, y compris les archers des compagnies d'ordonnance, et fit tenir ces derniers dans leurs garnisons. Voyant le soulèvement prendre de plus graves proportions, il envoya vers les villes principales, soit de nouveaux gouverneurs, soit des gentilshommes en qui il avait confiance, avec la mission de réunir le plus de confédérés possible et de leur confirmer qu'il ne voulait point contrevenir à ses édits, qu'il octroierait à chacun la liberté de conscience : ces derniers envoyés firent ce qu'ils purent, car un semblable langage, exprimé au lendemain de la Saint-Barthélemy, inspirait nécessairement peu de confiance.

Biron fut compris dans cette série de nominations nouvelles et chargé du gouvernement de la Rochelle, de la Saintonge et du pays d'Aunis[4]. On espérait en ce seigneur parce qu'il était favorable aux huguenots, quoique catholique ; mais lui, dont les intérêts semblaient le rattacher à la guerre civile, et qui sans doute ne pardonnait guère à la cour d'avoir voulu l'englober dans le massacre, prévint sous main, dit-on, les Rochelais de ne recevoir aucun gouverneur, et en effet, refusé par eux, malgré une lettre pressante du roi de Navarre (10 septembre), ne put entrer dans la ville, tout en faisant des efforts ostensibles dans le but de parvenir à ce résultat. Le roi cependant, dans une lettre datée du 19 septembre, avait non-seulement accordé aux Rochelais la liberté de conscience — à condition de ne recevoir aucun étranger sans l'autorisation de leur gouverneur — et les avait exemptés de garnison. Le refus de laisser entrer Biron dans les murs de la place fut tempéré par le voisinage de Philippe de Strozzi, celui qui commandera l'an 1582 l'expédition envoyée par la France au secours du roi Antoine de Portugal[5] ; ce chef se trouvait au port de Brouage avec bon nombre de vaisseaux réunis par lui dans le but d'aller guerroyer au dehors, afin d'éviter le renouvellement des guerres civiles, car, lié avec Téligny[6], il partageait à ce sujet l'opinion de Coligny, à savoir qu'une guerre étrangère préserverait la France des maux prêts à fondre sur elle. Il avait, dès la première nouvelle du massacre, offert aux Rochelais de leur donner pour garnison telles compagnies et de telle religion qu'ils voudroient ; son offre repoussée, il n'en demeurait pas moins à peu de distance, en observation, opposé aux préparatifs et aux menées du grand port calviniste. C'était quelque chose dans le moment présent, alors que la royauté avait projeté et accompli un coup d'Etat, sans être prête à résister sur tout le territoire à un nouveau soulèvement[7]. Un incident vint tirer la cour d'embarras au sujet d'un gouverneur pour la Rochelle, car elle ne tarda pas à s'apercevoir de la trahison secrète de Biron. La Noue Bras de fer, guerrier renommé et dont notre plume a retracé jadis le portrait, venait d'échapper à un combat livré en Picardie par la garnison protestante récemment sortie de Mons ; recueilli secrètement par le duc de Longueville, gouverneur de cette province française, et présenté par lui à la cour, avec l'autorisation royale et un sauf-conduit spécial, il fut chargé de se rendre à la Rochelle, dont il avait déjà eu le commandement, mais pour les princes, et d'y gouverner au nom du roi. Sa mission consista à faire comprendre aux Rochelais que leur cité ne pouvait plus dorénavant servir de refuge aux ennemis de l'État, et qu'en reconnaissant leur roi naturel et en lui obéissant, ils obtiendraient les libertés et immunités auxquelles ils étaient accoutumés. C'était sans conteste un rôle délicat et qui le mettrait dans une fausse position : il le comprit, mais accepta. Reçu froidement, il finit par accepter également la charge de général de l'armée des Rochelais, et s'en excusa auprès du roi, disant que par là il empêchait la ville de se jeter dans les bras de l'étranger et l'amènerait ainsi plus aisément à composition. Charles IX vit bien qu'il fallait se plier à cette nécessité, mais il comprit trop tard sa faute, laquelle dotait les Rochelais d'un chef excellent et qui leur manquait. Quant à François de la Noue, après la satisfaction de ne pas renier ses coreligionnaires, il dut sentir de combien de difficultés il se trouvait entouré et comprendre qu'à moins d'un événement inattendu il ne pourrait s'en tirer honorablement. Un reflet de ces difficultés se rencontre dans un écrit du temps et singulièrement exprimé : que le lecteur en juge. L'auteur, après avoir fait l'éloge des qualités guerrières et morales de la Noue, ajoute, au sujet de sa conduite à la Rochelle : Comme il est à l'homme malaisé de bien vser des friandises de cuisine pour en recevoir plaisir sans en incommoder sa santé, aussi est il peu croyable à plusieurs qu'vn gentilhomme peust entreprendre la conduite d'vne guerre, et se list chef d'vne armée telle que celle qu'il a conduit, qu'il ne fast alleché de quelque mauuais desir, ou qu'il ne se promette chose qui offense sa conscience, quelque volonté qu'il puisse auoir de s'en garder[8].

Le roi se décida enfin à charger le duc d'Anjou de mettre le siège devant la Rochelle ; une pareille décision annonçait l'intention formelle de réduire la cité rebelle. Le prince, chef de notre future armée de siège, avait écrit le 19 septembre, comme la reine mère, connue le roi, aux habitants de la Rochelle pour les engager à faire bon accueil au maréchal de Biron ; on lui avait répondu en apparence dans le sens qu'il désirait, mais en demandant à Biron de se contenter pour le présent de n'entrer en la ville. Il devait donc être assez mal disposé pour les Rochelais et prêt à leur faire sentir la force de son épée habituée aux succès, disposition que la présence dans la ville de la Noue, l'un de ses ennemis, ne pouvait guère diminuer. Il était temps du reste que la cour frappât un coup de vigueur ; partout les réformés augmentaient leurs préparatifs, et les points de résistance sérieuse se multipliaient. La Rochelle venait de compléter le conseil qui assistait son maire, puis de lever, parmi les soldats réfugiés en ses murs, des gens de pied et de cheval, et notamment une compagnie de 120 arquebusiers payés 10 livres par mois, 8 compagnies de 200 hommes chacune et 200 volontaires non encadrés, mais prêts à toute besogne : fière de ces préparatifs, la ville avait répondu à Strozzi, qui la pressait de choisir la paix ou la guerre, et aussi au baron de la Garde, d'une façon ferme et évasive qui revenait à peu près à ce propos : On nous promet beaucoup, et rien ne s'effectue. Strozzi et Biron groupèrent aussitôt les forces qu'ils commandaient, se rapprochèrent des fortifications et finirent par tenir la place assiégée jusqu'au moment où le duc d'Anjou parut devant elle (février 1573). Malheureusement c'était trois mois après la déclaration par laquelle le roi dénonçait qu'il l'attaquerait par les armes, sans autre tentative que de refouler les sorties des habitants, et d'attaquer quelques dehors, car il ne faut parler de la surprise éventée à l'avance de Puy-gaillard. Ce retard et le zèle religieux aidant, le boulevard du protestantisme se trouvait abondamment pourvu de matériel et, de provisions : pareil ravitaillement avait été d'autant plus facile que l'automne de 1572 s'était montrée extraordinairement douce et sèche.

Le vainqueur de Jarnac et de Moncontour amenait une puissante armée, avec laquelle, quatre mois plus tôt, il eût obtenu immédiatement la réduction de la Rochelle et son retour à l'obéissance. La gendarmerie entière, c'est-à-dire celle des provinces et localités demeurées catholiques, toute l'infanterie française et suisse, les princes du sang, soit le duc d'Alençon, le roi de Navarre, le prince de Condé, ces derniers empêchés de la sorte de se ranger du côté des Rochelais, les princes lorrains, les ducs de Nevers et de Bouillon, les maréchaux, Blaise de Montluc[9], une foule de capitaines renommés, telle était la réunion dont disposait le généralissime et qui prouvait par elle-même l'importance attachée par le parti catholique entier aux opérations contre la Rochelle. Et eu effet, plus ces luttes fratricides se renouvelaient, plus la Rochelle acquérait de grandeur et d'influence, à cause de l'énergie de sa population, à cause également de ses communications par mer avec les côtes de France et avec l'étranger ; peut-être même un jour faudra-t-il rompre ces communications dans le but d'amener ses habitants à composition.

La situation de la Rochelle facilitait le rôle du chef militaire François de la Noue, et du chef civil le maire Jacques Henry. Du côté de terre, des marécages l'entourent et ne laissent qu'une entrée, vers le nord ; cette entrée est des mieux fortifiées, les ouvrages s'y accumulent et augmentent les difficultés naturelles. En arrière se trouve une vaste place d'armes où la garnison peut se réunir afin de repousser l'assaut, s'il pénétrait à l'intérieur. Le port possède une vaste étendue, offre plusieurs embouchures, et se laisse aborder presque en tout temps par les bâtiments, tandis que les côtes voisines sont mauvaises, ce qui empêche la surveillance rigoureuse des entrées du port par une flotte de siège.

Monsieur — on commençait à employer ce terme pour désigner le frère aîné du roi[10] — s'arrêta à 7 lieues environ de la Rochelle, à Mauzebourg, et de là écrivit aux gentilshommes renfermés dans la ville : Sachant que iusques icy la vérité vous a été desguisée, et que vous vous figuré un courroux et ire irreconciliable de luy : je veux humainement excuser la resolution que vous avez jusques icy suivie. Reserver vous à meilleure occasion pour faire service à vostre Prince, plutôt que le contraindre à faire sentir la rigueur et severité de sa main à ses propres suiets. Il lui fut répondu : Si les forces qui depuis dix mois tiennent ce pays et le ruinent se fussent retirées et ne nous eussent réduits au dernier point et nécessité de la conservation de nos vies, en l'exercice de nostre religion, nous ne fussions tombez en deffiance ny en danger de voir que nostre salut nous fust tourné en reproche de dureté et obstination... Nous vous supplions tres humblement qu'il vous plaise immortaliser vostre grandeur d'vne tres magnifique gloire de la réduction de ce turbulent estat, en vue bonne, saincte et seure paix.

Cette réponse est accompagnée de la date du 15 février 1573 ; il ne restait plus qu'à combattre. Malheureusement la saison était mauvaise, et l'on a peine à croire que l'on voulût commencer un siège en ce moment ; il y eut, durant les trois premiers mois de la nouvelle année, de la glace, de la neige, du verglas, des pluies fréquentes dont les assiégés souffraient évidemment moins que les assiégeants. Le 26 février, la Noue effectua une sortie avec 16 pistoliers et mit une trentaine de catholiques en déroute, mais il se trouva entouré au retour et ne put rentrer dans la ville que grâce à un capitaine qui se dévoua. Le jour suivant, les catholiques, ayant déjà une trentaine de pièces dans le fossé, préparèrent une grande escarmouche à laquelle les assiégés répondirent. Commencé vers midi, cet engagement dura jusqu'à la nuit et fut sanglant : la Noue y perdit 3 capitaines et 6 soldats ; les catholiques, outre plusieurs chefs, abandonnèrent 50 combattants. La nuit fut employée au logement des pièces, et, particularité digne de remarque, on battait alors tous les tambours à la fois afin d'empêcher les habitants d'entendre le- bruit fait par les chariots d'artillerie, et de lancer des coups mieux dirigés contre ces chariots. Puis, le dernier jour de février, les batteries des assiégeants furent commencées contre les défenses comprises entre la tour d'Aix et le boulevard de l'Evangile, également contre le clocher de Congnes qui possédait des vues dangereuses et dominantes sur leurs travaux d'approche. Les Rochelais prirent leurs précautions contre la formation d'une brèche, allant réparer, hommes, femmes et enfants, les fortifications là où il était nécessaire, et préparant des balles de laine, des fascines et des sacs à terre afin de garantir les murailles.

A peine une douzaine de volées eut-elle frappé les échos, que, croyant à une frayeur de la population, le duc envoya un trompette sommer la ville de se rendre et demander à la Noue de venir à son camp pour parlementer. C'était trop se hâter et agir comme si un dommage avait été causé. Deux sorties répondirent à cette proposition, l'une par la porte de Congnes dirigée par la Noue, l'autre par la porte neuve sous le capitaine le Normant ; cette dernière prit une tournure heureuse, mais la première fut arrêtée par la cavalerie du roi. Les Rochelais commencèrent à sentir le fâcheux de leur situation ; déjà ses amis avaient engagé la Noue à profiter d'une sortie pour s'échapper, déjà un émissaire était parti pour réclamer les secours des cités protestantes du midi. Celui-ci obtint la promesse d'un renfort de 3.000 arquebusiers et de 300 chevaux ; le capitaine de ce renfort ayant été tué, personne ne se soucia plus de le conduire, et ce fait indique les difficultés de l'opération.

Privés de renforts, privés de la Noue — qui bientôt quitta sa position devenue un tel enfer qu'un habitant nommé la Place en était venu jusqu'à le souffleter —, privés des gentilshommes qui se retirèrent avec leur chef militaire, les Rochelais tinrent bon, déployèrent le plus grand courage, la plus énergique persévérance. Les assauts se multiplièrent, les vivres firent défaut ; ils supportèrent tout. Deux forts[11], reliés par un gros vaisseau, fermaient presque l'entrée du port ; du côté de terre, des redoutes reliaient les tranchées ; la ville se trouvait presque bloquée. Ne l'eût-elle pas été[12], elle ne pouvait plus compter sur un secours venant soit de l'Angleterre, soit, de l'Allemagne, ces puissances étant fatiguées de se mêler à nos discordes civiles et ayant promis à nos ambassadeurs de ne plus intervenir. Un seul fait soutenait la Rochelle, c'est que des avis sans nombre lui parvenaient du camp royal, beaucoup de seigneurs désirant sauver et cette ville et le parti protestant, c'est-à-dire une cause perpétuelle de troubles maintenant la royauté dans un état d'infériorité qui leur plaisait et dont ils profitaient.

Ce n'est pas que les catholiques fussent eux aussi, malgré les dires officiels[13], exempts d'inconvénients et de soucis. Le duc d'Anjou avait reçu, en parcourant les approches, trois blessures légères, une au cou, l'autre au côté, la troisième à la main gauche ; il lui fallait du repos. Le duc d'Aumale, avait succombé. Vingt mille soldats, prétend-on, étaient morts, soit par les armes, soit par maladie. Le duc d'Anjou conservait pourtant son ardeur, surtout quand il vit 6.000 Suisses venir à son aide, et il pressait vivement le siège. Allait-il réussir ou échouer ? Un événement préparé par notre politique, mais peu attendu dans le public, le dispensa de répondre catégoriquement à ce doute. Nous voulons parler de son élection au trône de Pologne.

A ce moment de son existence, Henri de Valois pouvait exercer une certaine séduction sur un peuple tel que les Polonais. Il avait de la tournure, l'esprit vif, de la libéralité et même de la gloire, en dépit de ses vingt-deux ans, le goût de la domination et l'ambition qui en est la suite ; on ne devinait encore en lui ni des mœurs efféminées, ni la dévotion outrée, et, si l'instinct sanguinaire s'apercevait, il n'était pas de nature à déplaire à ses nouveaux sujets. Un homme adroit, Jean de Montluc, évêque de Valence et frère de Blaise de Montluc, était l'auteur heureux de toute la négociation.

Le dernier roi polonais, Sigismond Auguste, avait indiqué pour le choix de son successeur une seule condition, que ce successeur fût en état d'épouser sa sœur qui représentait l'ancienne maison de Jagellon[14] ; le duc d'Anjou remplissait cette condition, mais un autre compétiteur répondait au même programme, et de plus avait pour lui sa tante, troisième femme de Sigismond Auguste et par conséquent reine de Pologne, ainsi qu'un nombre considérable des nobles polonais, et pouvait en outre faire marcher des troupes sur la frontière de Pologne. L'évêque de Valence envoya près la cour de l'empereur, afin de surveiller les menées de ce concurrent, son fils naturel Balagny, depuis célèbre[15], alors étudiant à l'université de Padoue, avec charge de pousser jusqu'à Varsovie et d'y faire l'éloge du prince français. Ce jeune homme dont l'esprit était subtil et délié, non encore tant que celui de son père, mais suffisamment pour sa mission, se mit en route avec un train convenable comme s'il voyageait pour achever son éducation et gagner en expérience, puis, arrivé à Vienne, y renoua les relations ébauchées par son père ; là il reconnut à plusieurs indices que l'empereur, par économie et par prudence vis-à-vis des Turcs, ne songeait point à une démonstration militaire pour appuyer la candidature de son fils, et en donna promptement avis à Paris. Aussitôt l'évêque d'Acqs retourna de Raguse à Constantinople et convainquit le grand vizir, et par celui-ci le sultan Selim, que la Turquie avait intérêt à s'opposer à ce qu'un prince autrichien montât sur le trône de Pologne.

Ce point gagné, et la réputation du duc d'Anjou solidement établie en Pologne par Balagny, qui, de Vienne, avait gagné Varsovie et Vilna, fréquentant la cour, les grands, et saisissant les occasions favorables pour parler avec avantage des qualités et de la gloire de ce prince, les choses prenaient déjà une bonne tournure. L'évêque de Valence[16] se mit en route (fin août) dès la nouvelle du décès du roi Sigismond, malgré sa mauvaise santé et le chagrin que lui causait la Saint-Barthélemy, événement tout récent. Il fut arrêté à Pont-à-Mousson et conduit à Verdun où un capitaine voulut le massacrer comme calviniste — il l'était bien un peu, car par ce temps on ne pouvait se déclarer ni l'un ni l'autre — ; heureusement son trépas fut différé à la requête du secrétaire de l'évêque de la localité, qui désirait l'évêché de Valence pour son frère et accourut à Paris solliciter cette place. La sollicitation ne fut pas longue, car la reine mère se courrouça de l'arrestation de son ambassadeur[17]. A peine échappé, Jean de Montluc fut saisi par des officiers allemands, dans la ville de Francfort, et mis à contribution comme responsable des sommes qui ne leur avaient pas été payées en France à titre de solde ; il en fut quitte pour 300 écus. Afin d'éviter une troisième arrestation, il prit un costume vulgaire, puis, arrivé à la frontière polonaise, fit porter à la Diète une lettre par laquelle il posait la candidature du duc d'Anjou. Cette lettre, qui expliquait le massacre de la Saint-Barthélemy de façon à disculper le duc d'Anjou d'une participation trop directe, ne fut pas favorablement accueillie, vu les relations contraires déjà reçues sur cette cruelle exécution. Mais ensuite la dextérité de notre représentant fit que l'impression s'effaça et qu'un grand nombre de seigneurs lui promirent leur voix. Alors l'Autriche intervint et, pour nuire au prince français, sema le bruit que le légat, qui se trouvait à Paris, y venait afin de faire conclure au roi très-chrétien une ligue avec l'empereur dans le but d'extirper le protestantisme de l'Allemagne. Cette nouvelle empruntait quelque vraisemblance de la Saint-Barthélemy même ; elle indisposa violemment et retira les trois quarts des voix. Montluc écrivit en France pour qu'on expédiât sans délai un homme de crédit dans le but de désabuser les protestants d'Allemagne. Schomberg, marié à une héritière de la maison de la Roche-Pozay[18], fut choisi. Il se rendit auprès de l'électeur palatin du Rhin, lequel lui refusa une audience, mais en s'adressant au prince Casimir, fils du palatin, il en fut bien accueilli et parvint à expliquer un fait évident, à savoir que la France avait intérêt à demeurer l'alliée des princes protestants d'Allemagne[19], qui pouvaient empêcher les deux branches de la maison souveraine d'Autriche, c'est-à-dire l'Empire et l'Espagne, de l'attaquer en même temps ; il ajouta qu'à titre de réciprocité la France servait à retenir la maison d'Autriche qui, sans cela, se rendrait absolue et opprimerait les princes électeurs. Schomberg dit aussi que la Saint-Barthélemy avait *été dirigée contre l'esprit républicain animant les rebelles, et qu'on avait massacré ceux qui conspiraient contre l'autorité royale, nullement ceux qui se bornaient au simple exercice de leur religion. Et pour preuve, ajouta-t-il, mon souverain est prêt à octroyer de bonnes conditions aux Rochelais s'ils rétablissent en leur ville l'ancienne forme de gouvernement... Sans convaincre les princes protestants, ces raisons les empêchèrent de traverser la négociation nouée par l'évêque de Valence. Schomberg fit, du reste, au duc d'Anjou, un vaillant partisan dans la personne de la duchesse douairière Henri de Brunswick, sœur aînée du feu roi de Pologne, laquelle porta tous les amis de sa maison à voter pour le prince français et engagea sa belle-sœur à ne pas repousser par avance comme époux un prince aussi jeune et aussi célèbre par ses aventures galantes que le troisième fils de Catherine de Médicis.

La nouvelle de l'élection du nouveau roi de Pologne parvint au camp devant la Rochelle au début de juin 1573. Avait-on au dernier moment, et dans le but d'assurer l'élévation au trône du prince français, réellement promis d'accorder la paix aux rebelles ? toujours est-il qu'elle se conclut et à des conditions fort douces pour les Rochelais, sans cesser d'être honorables pour les assiégeants, car, vis-à-vis de ses nouveaux sujets, le roi à élire ne pouvait amoindrir sa gloire pour satisfaire à l'opinion protestante. On prétend d'ailleurs qu'il n'était pas fâché de déposer l'armure pour retourner jouir à la cour des amusements et des plaisirs de son âge. Les conditions furent les suivantes : Le roi promettait d'oublier tous les excès commis et approuvait ce qui avait été fait pour les réformés, tant à Montauban et à Mmes qu'à la Rochelle, depuis le 24 août 1572 jusqu'au jour de la convention ; il permettait l'exercice de la nouvelle religion dans ces villes, par petites assemblées, faites sans armes, sous la surveillance de ses délégués, et autorisait les Rochelais opposés à ces restrictions à se retirer où bon leur semblerait, sauf en territoire ennemi ; il confirmait les immunités précédemment accordées à ces trois villes. En revanche, tout en conservant leur mode de baptiser et de marier, sans se réunir à cet effet plus de dix[20], les réformés gardaient les fêtes et coutumes publiques de la religion romaine, et recevaient un gouverneur de la main du roi, sans garnison toutefois ; ils renonçaient à toute alliance avec les étrangers ; ils s'obligeaient à ne point secourir ceux de leurs coreligionnaires qui entretiendraient la guerre civile ; ils remettaient les églises, monastères et hôpitaux enlevés par eux ; enfin ils fournissaient des otages, échangeables tous les trois mois et contraints à suivre la cour. Les articles contenant ces stipulations ayant été signés le 11 juillet, Biron pénétra aussitôt dans la ville en qualité de gouverneur, prit possession de ses fonctions et fit publier le traité de paix par un héraut.

Ainsi se terminait une opération militaire qui avait occasionné des inquiétudes à la cour en vue de la tournure fâcheuse, et certainement coûteuse, qu'elle pouvait prendre. Il n'était plus nécessaire à la reine mère de réconforter le chef de notre armée par des lettres d'une teneur pareille à la suivante : Je ne suis pas de ces mères qui n'aiment leurs enfants que pour eux, car je vous aime pour vous voir et désirer les premiers en grandeurs, et honneurs et réputation. Vous devez louer Dieu, si prenez cette ville, de vous avoir faict la grâce d'être le restaurateur et conservateur du royaume, et que en l'âge de vingt et un ans vous en avés plus faict que grand capitaine qui ait esté, et cela vient de Dieu, et de luy aussi faut que recognoissiez et à luy seul attribuiez toutes vos victoires.

Si le duc d'Anjou n'avait pas montré en ce siège la même verdeur et la même initiative qu'en ses premières campagnes, faut-il en conclure que la présence du maréchal de Tavannes, trop malade pour l'avoir accompagné, lui faisait défaut, et le mettait dans un grand embarras ? Assurément, moins peut-être pour la conduite même de l'opération, car un siège, avec des ingénieurs entendus[21], marche progressivement et sûrement, que pour la fermeté à purger l'armée royale des gens hostiles à la cause catholique, le duc d'Alençon et le roi de Navarre par exemple, lesquels sans doute communiquaient clandestinement avec les assiégés[22].

La principale qualité déployée par le duc d'Anjou devant la Rochelle concerne la discipline ; il y tint la main, les chroniqueurs le disent. Ainsi le Frère écrit en son livre XIII : En ce temps le capitaine Cadet, qu'on disoit Turc de nation, fut exécuté à Nieul par le commandement de Monsieur à l'occasion des voileries dont on le chargeoit, nonobstant les prières et requestes de plusieurs tant seigneurs que capitaines qui moyennoient sa délivrance. Dont Son Excellence[23] fut louée de tout en la iuste punition des voleurs.

D'autres opérations avaient eu lieu.

Dans le midi, le maréchal d'Amville avait assiégé la petite ville de Sommière, mais sans grand désir de la prendre.

Le gouverneur du Berry, Claude de La Châtre, pressait la ville de Sancerre depuis le 3 janvier 1573 ; c'était le troisième siège qu'il posait devant cette cité, l'ayant déjà serrée de près, par deux fuis, en 1569. Cette dernière fois il la bloqua pendant plusieurs jours et la réduisit à une affreuse famine dont le long récit a été conté par le ministre huguenot Jean de Lery. Cette ville n'étant pas comprise dans le domaine du roi, mais appartenant au comte de, Sancerre, fut tenue en dehors de l'accord des Rochelais ; elle dut se rendre séparément (19 août). La Châtre la traita avec une grande sévérité. Il pardonna bien et autorisa les cérémonies du culte réformé dans les mêmes conditions qu'à la Rochelle, mais prit douze otages, et, à peine entré dans la ville, en fit abattre les murailles, brûler les portes, jeter bas les maisons déjà ébranlées par le canon des assiégeants, ôter l'horloge et les cloches, et en outre, par un ordre secret, parait avoir causé la mort de l'ancien chef de la révolte, le bailli Johanneau, qui fut un soir entraîné hors de chez lui, poignardé et jeté dans un puits. Démantelée et ruinée par le pillage et la violence sous toutes ses formes, Sancerre devint du jour au lendemain un gros village rempli de ruines[24].

Le Bassigny, contrée mi-lorraine, mi-champenoise, dont Vaucouleurs, Chaumont, Langres, sont les localités connues, avait été aussi le théâtre d'une attaque singulière à laquelle les contemporains ont donné le nom de tumulte. Sur la fin du mois d'avril 1573, une bande de 200 hommes de nationalité française, mi-fantassins, mi-cavaliers, vint de la frontière belge et se jeta sur le Partois et le Bassigny avec l'intention de saccager et d'entretenir les troubles qui lui paraissaient un milieu favorable à ses pilleries. On croit qu'ils avaient dessein d'attirer l'étranger de ce côté, mais lorsqu'ils pourraient lui livrer deux places de sûreté, ce qui était la condition formelle, et s'ils tentaient la fortune en si petit nombre, c'était dans l'espérance de voir Jour troupe se grossir rapidement par l'adjonction de tous les aventuriers sans occupation. En la première rencontre, ces vauriens semèrent le désordre, l'épouvante, tuèrent quelques prêtres, marchands et officiers du roi. Le cardinal de Lorraine, averti, manda aux villes voisines de faire bonne garde, et, de Joinville où il était, se jeta dans Saint-Dizier, place que les rebelles convoitaient. Ceux-ci, déjoués, se saisirent par surprise du château de Choiseul, sis à 6 lieues de Chaumont, malgré son assiette forte et élevée, et le remplirent d'approvisionnements afin de s'en faire un refuge. Cette conquête émut toute la Champagne ; le duc de Lorraine réunit sans délai à Neufchâtel des troupes sous les ordres du comte de Sainne ; le cardinal de Lorraine convoqua la noblesse des environs à Saint-Dizier et lui remontra le danger de la situation ; on leva incontinent des compagnies bourgeoises, auxquelles on s'efforça de communiquer l'assurance militaire ; Chaumont et Langres fournirent le plus de gens qu'elles peurent et de bons hommes. Le cardinal se procura également de l'artillerie, et, grâce à un prompt charroi, parut avec sa petite armée devant le bourg de Choiseul avant que les rebelles en eussent avis. Sûrs de leur position, ils se donnaient du bon temps, n'ayant au dehors aucune sentinelle, seulement des obstacles au milieu des rues. Au bruit des tambourins des assaillants, lesquels, voulant effectuer une surprise, auraient mieux fait de ne pas donner ainsi l'éveil[25], ils se retirèrent rapidement vers le château, mais furent tellement poursuivis par le capitaine Courtel et ses arquebusiers, qu'ils purent à peine fermer les barrières, et encore en perdant du monde. Ils furent aussitôt cernés et leur poterne de communication gardée par des gens de pied. Mais la cavalerie des assiégés effectua de ce côté un feu terrible, éloigna ainsi ces fantassins, et profita de la circonstance pour se sauver dans la campagne. Trois jours après, les assiégeants, ayant reçu leur artillerie, sommèrent la garnison restante, laquelle, mécontente d'avoir été abandonnée, était désunie et se rendit malgré ses munitions[26]. Presque tous, parmi cette soixantaine de prisonniers, furent massacrés, parce que l'on voulait punir un tel tumulte d'une façon éclatante ; il en fut de même des quelques pillards qui s'étaient emparés un instant de la tour de Malain. Le capitaine Courtel occupa le château reconquis jusqu'à la réponse du roi, qui ordonna de le raser. Ainsi finit un incident qui coûta la vie à plus de 100 hommes[27].

Le duc d'Anjou reçut à son camp devant la Rochelle les nonces de la diète venant lui annoncer son élection ; il leur fit brillante réception et accepta la volonté des Polonais.

Ayant ensuite licencié son armée, il monta sur une galère et, accompagné de ses favoris ainsi que des principaux Rochelais venus pour lui faire la cour et lui offrir leur service, alla visiter les îles voisines, traînant à sa suite une petite flotte, descendit jusqu'à Nantes, s'y arrêta et de là, longeant la levée de la Loire, atteignit Paris. Pour être moins glorieuse que la dernière, celle de 1570, sa rentrée lui offrait un attrait particulier : cette fois il rentrait en roi et se trouvait l'égal de son frère. En effet, il retrouva dans la capitale les ambassadeurs polonais, les admit auprès de lui, reçut leur serment et prit les insignes de la royauté. Hélas ! il lui fallait l'aller chercher bien loin, cette royauté tant désirée, et pour cela quitter la belle France qu'il aimait tant. Il le sentit et voulut se rattacher à elle. Son désir fut soutenu par Catherine de Médicis dont il était le Benjamin, et qui voulait éloigner à tout prix du trône le duc d'Alençon qui ne l'écoutait plus et semblait vouloir se mettre à la tête des protestants. On le déclara officiellement, comme cela avait été convenu pendant le siégé — car il s'en était échappé pour venir conférer à ce sujet —, et, quoique roi de Pologne, on le déclara apte, lui et ses fils, à succéder à la couronne française, si le roi mourait sans enfants mâles, précaution inutile du moment que le contraire n'était pas spécifié ; mais le vainqueur de Moncontour craignait que, lui parti, Charles IX ne secouât le joug de la reine mère et ne se rapprochât, à son détriment, du duc d'Alençon. En cela il ne voyait pas l'avenir et ne savait en rien que, roi de France, il serait presque déposé et assassiné ; sinon il eût réfléchi et se serait peut-être résigné à la Pologne, laquelle en somme ne lui apporta aucun chagrin.

Après une procession générale effectuée à Paris, et un Te Deum chanté à Notre-Dame[28] le dimanche 7 juin 1573, il y eut un grand mois de répit à cause de l'absence du duc d'Anjou, qui ne quitta définitivement la Rochelle que dans les environs de la mi-juillet. Les mois d'août et de septembre furent, en faveur de ce dernier, à son retour, passés en magnificences[29], et le monarque élu se mit en route pour son nouveau royaume au commencement d'octobre ; afin de faire honneur à son rang et à un pays ami, le roi et la reine mère le reconduisirent, et la cour alla jusqu'à la frontière la plus voisine, celle de Lorraine, Charles IX restant de sa personne à Châlons d'où il convoqua, pour le 20 janvier, à Compiègne, plus d'un de ses gouverneurs de province[30].

Ce départ accompli contentait doublement Charles IX : il éloignait un frère dont il était jaloux, comme le sera plus tard Louis XIV de son cousin le grand Condé, et pour la même cause, pour ne pas pouvoir se dire vainqueur, dans une journée où il eût exercé le commandement suprême[31] ; il donnait à la France plus d'influence et un puissant allié à l'est de l'Europe[32]. Et pourtant, dès qu'il fut revenu aux alentours de Paris, au milieu de ces châteaux royaux où s'écoulait sa vie, dès qu'il eut repris ses exercices privilégiés de chasse, ce monarque montra, avec plus d'évidence et d'ampleur, ces humeurs noires et dangereuses qui devaient profondément troubler son être et menaçaient son existence.

Cela n'empêcha pas le gouvernement de veiller à la restriction des abus qui sont inséparables du règlement de compte d'une guerre civile, entre autres de celui en vertu duquel un tas de vauriens, sous prétexte de provenir de compagnies licenciées, parcourent le pays, l'effrayent et le mettent à contribution ; et souvent de véritables troupes, prétendant parcourir les campagnes afin d'y maintenir la tranquillité, imitent ces pillards, en sorte que la population ploie sous le faix et se mécontente. Une lettre du roi, datée du.4 septembre 1573 et adressée au roi de Navarre, prescrit à ce sujet des mesures rigoureuses qui furent appliquées en Guyenne et sans doute dans d'autres provinces.

Si Charles IX avait pu être jalousé par le roi de Pologne, avide d'une royauté, et cela dès son jeune âge, c'était bien pis de la part du duc d'Alençon qui n'admettait même pas que son frère eût plus de droits que lui comme son aîné ; cependant, si cela est vrai, c'est surtout dans les familles royales où l'âge assure, comme garantie publique, un privilège quant à l'hérédité. Ce prince portait dans l'esprit autant de faiblesse que d'ambition. Héritant, par le départ du roi de Pologne, du titre de Monsieur, il voulait être généralissime et même lieutenant général du royaume ; peu sûre de lui, et d'ailleurs ne l'aimant guère[33], le faisant épier — elle le faisait bien pour Charles IX —, la reine mère lui refusa ce dernier titre[34]. Alors le duc d'Alençon songea à l'obtenir d'un parti nouveau formé par la fusion des huguenots avec les politiques, ou plutôt on y pensa pour lui et l'on vint le lui proposer. De simples pourparlers on s'éleva jusqu'à une conjuration. Pour l'entraver, la reine mère promit une souveraineté à son fils, mais déjà les malcontents lui donnaient à croire que la couronne de France lui reviendrait ; en effet, la première condition du complot était la privation pour le roi de Pologne de succéder à son frère, soit comme auteur de la Saint-Barthélemy, soit comme monarque étranger ; la seconde condition concernait Catherine de Médicis et la privait de toute participation aux affaires. On semblait donc las en France du gouvernement d'une femme[35], et de longtemps en effet il ne se reproduira[36]. Bientôt la conspiration atteignit des proportions plus graves : au lieu de se borner à priver la reine mère du pouvoir qu'elle s'était arrogé et à réserver la succession éventuelle à un prince resté français, on pencha du côté des protestants ; ceux-ci rêvèrent encore le plan d'une république fédérative, se fortifièrent sur les points du territoire à leur dévotion, réclamèrent un édit plus favorable et garanti par trois puissances[37] ; certes le parti des politiques se trouvait débordé, et le plus fâcheux pour lui, c'est qu'il possédait un piètre chef dans le duc d'Alençon que sa mère devinera et qui les trahira sans peut-être le savoir ; dans de pareilles circonstances il fallait agir sans délai, puis gouverner sous le nom du prince, sinon le moindre événement pouvait tout faire échouer.

Cet événement surgit par la tentative fort louche et restée obscure d'un sieur de Vantabran vis-à-vis du duc de Guise à Saint-Germain même, au mois de février 1574, et qui pouvait faire croire à un dessein d'assassinat, contre ce seigneur, dressé par le maréchal de Montmorency. Il surgit encore mieux par la maladroite apparition, dans les derniers jours du même mois, de 300 chevaux, à peu de distance de la même ville ; évidemment c'était un détachement qui venait chercher le duc d'Alençon et l'enlever ostensiblement comme chef de parti, car il ne pouvait avoir l'intention de tuer le roi, la reine mère et son conseil, la cour devant être gardée par une force plus imposante. Toujours est-il que l'entourage royal feignit de croire à ce dernier projet et qu'en toute hâte on quitta Paris ; Catherine de Médicis se logea chez le cardinal de Retz au faubourg Saint-Honoré. Charles IX, rassuré par les explications de son frère, resta d'abord au château de Saint-Germain[38], entouré de 3.000 hommes, puis rejoignit sa mère dans la capitale ; aussitôt des mesures furent prises afin d'arrêter les princes.

Ceux-ci irrésolus, et de fait le projet n'était pas assez mûr et leurs partisans assez nombreux[39], hésitèrent encore plus ; le duc d'Alençon, sur l'avis de Coconas, son principal conseiller, avoua, dit-on, de vive voix partie de son plan[40] à sa mère, puis déclara par écrit qu'il tenait pour mensongère l'assertion qui lui attribuait l'entreprise de Saint-Germain ; le roi de Navarre agit de même. Catherine de Médicis profita de cette tergiversation pour accabler les coupables, ou tout au moins pour les empêcher de nuire, visant ainsi au plus pressé et dégageant l'autorité du roi d'un danger menaçant. Seulement elle alla bien loin. Le bruit croissant et la voix publique assurant qu'on avoit voulu tuer Leurs Majestez, elle fit arrêter la Mole, gentilhomme préféré du duc d'Alençon ; le comte de Coconas, le capitaine Saint-Martin et les sieurs François Tourtay et de Grandry. D'autres s'échappèrent ; les princes furent considérés comme prisonniers. Les principaux captifs, la Mole et Coconas, avaient des ennemis : la reine mère vouloit se venger du premier pour quelque chose qui ne se peut dire, et le second se doutoit bien qu'on lui en vouloit cause de luy pour l'amour d'elles[41]. On leur fit un procès[42] sévère au mois d'avril 1574, à la fin duquel tous les deux furent déclarés atteints et convaincus du crime de lèze majesté, et pour la réparation d'iceluy condamnés à estre décapités sur un eschafaut dressé en la place de Grève, leurs corps mis en quartiers et leurs têtes plantées en un poteau. Avant cette exécution, la torture et la question leur furent infligées[43]. Christophe de Thou, premier président, et Pierre Hennequin, président, dirigèrent les interrogatoires, le jugement et l'exécution. Les condamnés subirent leur sort avec un grand courage. Un fait bizarre, c'est que la magie apparaît dans ce procès et l'entache singulièrement. On assure, et il en est question en effet dans les procès-verbaux de torture, que la Mole avait fourni au duc d'Alençon des figures de cire et en avait commandé à Cosme Ruggieri ; il s'agit de ces figures représentant un ennemi, ici c'était Charles IX, que l'on envoutait, suivant l'expression consacrée, en lui perçant le cœur avec deux aiguilles, ce qui devait amener sa mort, et constituait en tous cas un vœu en faveur de cet événement lugubre. Un fait certain, c'est l'aveu de Cosme reconnaissant qu'il avait fourni une de ces figures. Charles IX voulait la mort de cet astrologue, mais la toute-puissance de Catherine obtint du parlement une condamnation aux galères, dont peu après Henri III le gracia. Cette grâce, ou plutôt cette absolution, Cosme Ruggieri avant ensuite reparu à la cour, remet en mémoire les soupçons portés contre la reine mère d'avoir poussé au complot, de l'avoir laissé naître et prendre corps, afin de mieux tenir en bride Charles IX qui cherchait à secouer sa tutelle, et dont elle devait se méfier seulement pendant peu de temps, puisque sa mort était prédite par un pronostic déjà vérifié dans plusieurs de ses parties, et qu'elle avançait visiblement pour tous ceux à même de remarquer avec quel emportement il usait sa vie.

Avant le procès de la Mole et de Coconas, on avait arrêté le maréchal de Montmorency, qui, conduit à la Bastille, y demeura deux ans ; du moins l'ordre de Henri III qui le libère est du mois d'avril 1576, et il relate que le prisonnier avait été incarcéré sur l'ordre verbal du roi Charles IX. On voit par cet incident combien l'autorité royale s'était étendue depuis la bataille de Crécy, c'est-à-dire depuis un siècle environ. Le maréchal de Cossé fut arrêté en même temps. Les deux maréchaux étaient impliqués dans la conspiration du duc d'Alençon, mais on n'instrumenta point contre eux : au dire d'un contemporain, les Parisiens, alors catholiques et conservateurs, furent satisfaits de leur incarcération.

Il ne nous reste plus à mentionner qu'un fait de ce règne, l'arrestation de Montgommery.

Pendant le siège de la Rochelle, ce seigneur, que son coup fatal contre le roi Henri II avait porté à quitter la France, puis à embrasser la réforme, tant il se croyait certain d'avoir toujours la famille royale entière parmi ses ennemis[44], ce seigneur, disons-nous, échappé de la Saint-Barthélemy, avait durant ce siège pris possession, dans le voisinage, de l'île de Belle-Isle et ainsi contrarié les opérations des catholiques. Des chroniqueurs prétendent qu'il aspirait à remplacer l'amiral de Coligny ; et de fait il groupa autour de lui un grand nombre de mécontents, mais il faut regarder comme exagérée l'assertion qui le montre commençant à partager le roiaume avec le roy. Sans que son influence soit montée à ce diapason, il entreprit ses opérations le 23 février et s'empara, dans la Normandie, de Saint-Lô, de Carentan, de Domfront, pendant que d'autres succès étaient remportés par des détachements qu'il incitait au centre du Poitou et du Lyonnais. La mort de son frère Saint-Jean, arrivée au début de cette guerre, ne ralentit pas son zèle. Quand le vicomte de Turenne et le sieur de Guiton parurent contre Saint-Lô, il ne jugea pas la localité de suffisante défense, et, y laissant un de ses lieutenants, gagna Domfront, qui dépend de la juridiction d'Alençon et dont le château occupe le plateau d'une roche élevée. M. de Matignon, lieutenant gouverneur de la Normandie en l'absence du duc de Bouillon, fit sonner le tocsin, amassa les communes[45] et contraignit d'une part la garnison de Saint-Lô à se confiner dans les murs de cette cité, d'autre part Montgommery et son escorte à demeurer dans Domfront lorsque celui-ci espérait tenir la campagne et ne s'enfermer ni enclorre en aucun lieu. En vain ses partisans font courir le bruit qu'il ne se trouve point dans cette place, mais sur ses vaisseaux que les Dieppois viennent de combattre ; Matignon ne se laisse détourner de ses vues ; il appelle à lui des volontaires, puis, se voyant assez fort, construit des tranchées devant Domfront et envoie quérir de l'artillerie en la ville de Caen. Montgommery n'avait guère plus de 100 hommes avec lui ; 3.000 ennemis environ finirent par l'entourer. Aussi une sortie furieuse qu'il effectua le 19 mai fut-elle repoussée. Le dimanche 23, une batterie de 7 pièces ouvrit le feu contre la ville vers 4 heures du malin et le soutint jusqu'à midi ; ce tir de huit heures produisit une brèche assez raisonnable. Le soldat rechignant pour y monter, la noblesse donna l'exemple, et la cité fut emportée sans grande résistance. Le château tint bon jusqu'à la nuit. Le lendemain Montgommery parlementa ; ses demandes furent envoyées au roi. On resta dans l'inaction du lundi au jeudi ; ce dernier jour il se remit aux mains de M. Matignon avec 40 des siens. Une compagnie fut laissée à Domfront et les prisonniers conduits à Saint-Lô. Montgommery fut aussitôt acheminé sur Paris et enfermé à la conciergerie ; son procès dura à peine un mois, juste le temps qui fut nécessaire pour réduire Saint-Lô, Carentan, Valognes, et mettre ainsi fin à la guerre civile. Condamné le 26 juin, il fut assisté et consolé par cinq docteurs en théologie qui lui parlèrent de la brièveté et des misères de cette vie afin de l'engager à penser uniquement à la vie éternelle ; le lendemain, mené en place de Grève, il y fut décapité et son corps mis en quatre quartiers. On rapporte qu'en allant au supplice, il demandait au peuple, stationnant dans les rues, de prier Dieu pour lui ; sur le lieu même de l'exécution, son cœur ne faiblit pas : il devinait sans doute que si son gendre avait succombé dans la défense de Saint-Lô, son fils de Lorges, prisonnier à la même affaire, se tirerait par la fuite des griffes de ses ennemis.

La nouvelle vengeance légale[46] de la royauté, cette exécution en fut une, lui profitera-t-elle ? Elle ne lui profitera certainement pas du vivant de Charles IX.

 

 

 



[1] Davila.

[2] On les appelait les François.

[3] Recto du 17e feuillet de Histoire et vray discours des guerres civilles es pays de Poictou, Aulnis autrement dit Rochelois, Xainctonge et Angoumois, depuis l'an 1571 jusqu'à l'édit de pacification de 1576. In-12, Paris, chez du Puys, à l'enseigne de la Samaritaine, 1578. L'impression de ce petit volume est excellente, mais les feuillets ne sont pas numérotés.

[4] On rencontre à ce moment, dans les livres imprimés, la forme corrompue Onyx.

[5] Il y fut fait prisonnier et brutalement jeté à la mer par ordre du vainqueur.

[6] En apprenant sa mort dans l'exécution de la Saint-Barthélemy, il dit qu'il l'eût sauvé ou fût mort avec lui.

[7] De même, en juillet 1830, le roi Charles X tentera un coup d'État sans être en mesure de combattre l'émeute. Moralement et matériellement les pouvoirs se perdent toujours par leur propre faute.

[8] Histoire des guerres civiles es pays de Poictou, Aulnis, etc., 1578, déjà cité, recto du feuillet 23.

[9] Ce guerrier célèbre ne devint maréchal que sons Henri III.

[10] On le voit déjà au sujet des états d'Orléans.

[11] L'un à la pointe de Coreille, l'autre vis-à-vis, au lieu dit le Port-Neuf.

[12] Le comte de Montgommery, arrivé en vue de la Rochelle avec un seul vaisseau chargé de munitions, n'avait pu y pénétrer.

[13] Les catholiques répétaient par exemple : On aura beau mêler les cartes, le roi se trouvera toujours dessus.

[14] Sigismond Auguste avait alors cinquante ans, et sa sœur quarante-six ans.

[15] Depuis maréchal de France et prince souverain de Cambrai, qu'il vendit à Henri IV.

[16] La reine mère employait les ecclésiastiques comme ambassadeurs ; c'était le système de son beau-père, mais son mari, Henri II, préférait les gens d'épée, surtout pour les envoyer à Home. Louis XIV mena également le pape militairement. Lisez à ce sujet, dans les premières pages de la Vie de François Ier par Brantôme, un curieux passage. Édition à la sphère, Leyde, 1692, chez Sambix, t. I, p. 240 et suivantes.

[17] Les communications étaient lentes, et d'ailleurs les nominations aux différents postes diplomatiques et autres ne se publiaient pas.

[18] La Roche-Posay, comme on écrivait alors, ville au confluent de la Creuse et de la Gartempe.

[19] A ce point de vue, la Saint-Barthélemy avait été une faute, car elle risquait de compromettre celte alliance nécessaire.

[20] Cette tolérance fut établie pour tout le royaume, mais chez les gentilshommes de libre juridiction seulement.

[21] Entre autres Augustin Ramelli, originaire d'Italie (de Ponte de la Tresia), blessé à mort et fait prisonnier durant le siège, mais qui se guérit et fut délivré par la paix. Ce capitaine a publié en 1588, à Paris, un curieux ouvrage, orné de nombreuses planches : le Diverse et artificiose machine, in-folio, texte italien et français ; ce livre est dédié à Henri III. — Les travaux d'approche furent dirigés par Scipion Vergano, tué pendant les opérations ; Jean Pierre Peloye était chef de l'une des attaques.

[22] Mémoires de Gaspard de Tavannes, année 1573.

[23] Le terme Altesse n'était pas encore consacré.

[24] Cette localité se releva depuis.

[25] Cette faute militaire se rencontre fréquemment dans les guerres civiles ; on va au plus pressé, on agit comme des enfants.

[26] Ces rebelles possédaient deux ou trois caques de poudre.

[27] Consultez : le Tumulte de Bassigni, appaisé et esteinct par l'auctorité, conseil et vigilance de Monseigneur le Cardinal de Lorraine, par LEBON, médecin dudit cardinal, à Lyon, par Benoist Rigaud, 1573, avec permission.

[28] Une pièce de quatre pages, signée G. de Nyverd, a paru sur ce sujet à Paris en juin 1573.

[29] Dans les inscriptions d'un banquet donné aux Tuileries, la reine mère s'appelait Pallas Gallica, le roi de France Jupiter Servator, le roi de Pologne Apollo Gallicus.

[30] Lettre du roi Charles IX adressée à André de Bourdeille le 20 novembre 1573.

[31] Reportez-vous au mémoire intitulé : Réflexions sur les talents militaires de Louis XIV, lu en 1866.

[32] Nous dirions aujourd'hui au centre, mais la Moscovie était si peu connue qu'elle ne comptait pas.

[33] De tous ses enfants elle préférait le duc d'Anjou, le récit de ce règne le fait déjà, voir ; pourtant c'est celui qui lui ressemble le plus comme caractère ; il est vrai que cette similitude n'avait pas encore produit de froissement, le futur Henri III ayant assez bien suivi et secondé la politique de sa mère qui lui avait promis une couronne et la lui fit obtenir en Pologne, avant celle que la Providence lui réservait en France.

[34] André de Bourdeille, dans une lettre à ce prince (de Périgueux, 13 mars 1574), a donc tort de dire : Vous aussi, Monseigneur, qui avez telle charge et puissance en ce royaulme que le roy de Poulogne avoir, dont je suis grandement ayse.

[35] L'Éloge de l'ingérence des femmes dans le gouvernement des peuples par Forcatel n'avait pas encore paru ; il est de 1579.

[36] Pendant la minorité de Louis XIII, ce sont le maréchal d'Ancre, le connétable de Luynes et Richelieu qui gouvernent ; pendant celle de Louis XIV, ce fut Mazarin, auquel le roi mourant avait légué la direction supérieure du conseil de régence.

[37] L'Angleterre, la Suisse et les princes protestants d'Allemagne.

[38] Suivant Marguerite de Valois, il serait revenu avec la reine mère et dans le rhème chariot, en compagnie du roi de Navarre. Dans ce voyage Marguerite tenta de faire évader ou ce dernier, ou le duc d'Alençon, en les déguisant en femme ; du moins elle le raconte.

[39] Pour ce motif, le maréchal de Damville, tout en gagnant sous main les notables du Languedoc, n'osait se déclarer.

[40] Les Mémoires de l'État de France sous Charles IX relatent cet aveu comme antérieur à la déclaration et surtout à l'arrestation du duc d'Alençon.

[41] Le duc de Nevers et le maréchal de Retz savaient de quelles personnes il s'agissait.

[42] Une relation détaillée a été conservée.

[43] La Mole y rappela qu'il avait reçu plusieurs coups d'arquebuse au service du roi, et que tous les huguenots étaient ses ennemis.

[44] Il ne se trompait pas, si Davila dit vrai en la fin de son livre V : Après l'exécution de Montgommery, le Roy et la Reine furent bien ayses, non-seulement de s'être defaits d'un si superbe ennemy, qui avoir de continuelles prattiques avec les princes estrangers, mais encore d'avoir vangé la mort de Henri II. Quel temps passionné !

[45] On rencontre rarement cette expression ; elle prouve que les troupes communales possédaient encore une existence. Nous l'extrayons de la Prinse du comte de Montgommery dedans le chasteau de Donfron, plaquette éditée à Paris, en 1574, pour Nicolas du Mont demeurant auprès le collège de Reims.

[46] Le crime était incontestable ; il s'agissait d'un rebelle pris les armes à la main.