LA FEMME BIBLIQUE

 

LIVRE PREMIER. — LA FEMME DEVANT LA RELIGION

Dieu, le culte, la loi morale, l'immortalité de l'âme

CHAPITRE DEUXIÈME. — RÉVÉLATION SINAÏQUE.

 

 

Les Hébreux sur la terre des Pharaons. — Influence des idées égyptiennes sur les croyances israélites. — Moïse à Héliopolis. — Jocabed, mère de Moïse, et le nom de Jehova. — Les Hébreux au pied du Sinaï. — Le Dieu de l'humanité, Dieu national d'Israël. — La vérité placée sous la sauvegarde de la crainte. — Les femmes jurent l'alliance de Jehova et du peuple élu. — Châtiment de la femme infidèle à ce pacte. — Moïse était-il déiste ? — Le tabernacle ; part de travail et de richesses qu'y apportent les femmes ; types égyptiens des miroirs d'airain et des bijoux des femmes. — Fêtes sabbatiques, basées sur la charité, l'égalité, la liberté. — Fêtes de pèlerinage ; leur sens symbolique, leur but politique et moral, leur caractère agronomique. Pendant la fête des Cabanes, les femmes entendent la lecture de la loi. Les sacrifices n'apparaissent qu'au second plan du code mosaïque. — Sacrifices offerts par les femmes. — Le sacerdoce. Les femmes de la tribu de Lévi. — Influence de la loi mosaïque sur le caractère de la femme. — Moïse avait-il l'idée de l'humanité ? — Moïse et l'immortalité de l'âme.

 

La famine avait obligé les enfants de Jacob de quitter les collines et les vallées de Canaan, et de chercher, au sein des gras pâturages de Gessen, un lieu de refuge qui devint un jour leur maison d'esclavage.

Mêlés aux Egyptiens, ils en subissaient toutes les influences. Les filles d'Israël se laissèrent-elles, elles aussi, attirer au culte de leur nouvelle patrie ? De même que les prêtresses de Misraïm[1], saluaient-elles la puissance créatrice dans cette mystérieuse triade qui, se renouvelant à chaque degré de la vie universelle, formait les anneaux de la chaîne par laquelle le ciel s'unissait à la terre[2] ? Ou, à ce panthéisme substituaient-elles le fétichisme des classes inférieures et personnifiaient-elles les symboles ?

Non loin de Gessen[3], au pied de l'obélisque de granit rose du temple d'Héliopolis[4], un homme méditait. C'était un rejeton de la race hébraïque, de la race proscrite ; et son nom rappelait qu'il avait été tout ensemble exposé et arraché au péril de son peuple : ce nom était Moïse, sauvé des eaux.

C'était à une femme, à la fille même du roi d'Egypte, qu'il devait son salut et son éducation philosophique[5]. C'était à une descendante d'Abraham, à une fille d'Israël, qu'il devait sa naissance et le sujet de ses méditations religieuses.

A l'ombre du sanctuaire d'Ammon-Ra[6], il pouvait entendre l'initié prononcer le nom d'un Dieu suprême dont le soleil n'était que le symbole ; mais déjà cette conception devait lui sembler matérielle, car une mère pieuse[7] lui avait appris à dégager de son œuvre l'Être qui existe par lui-même, et dont le nom : Celui qui est, Pl-lova, se trouvait exprimé dans le nom de la fidèle Israélite : Jocabed[8].

Ce nom, ce nom de Jehova, devait être révélé à Moïse dans sa sublime signification quand, exilé, le fils de Jocabed errait au sein des déserts de l'Arabie ; quand, appelé par la voix du ciel à délivrer ses frères de la servitude de l'Égypte, l'idée de Dieu et l'idée de la patrie se confondirent en lui et enflammèrent son cœur d'une étincelle de ce feu qui jaillissait du buisson d'Horeb.

 

Sur l'une des cimes de ce même rocher devait se sceller l'alliance de Dieu et des descendants de Jacob. Les tribus d'Israël, arrachées au joug de l'étranger, s'acheminaient vers la terre où reposaient leurs ancêtres. Au commencement même de leur pèlerinage, elles allaient recevoir la loi qui devait les régir. Pour rendre l'homme cligne de la liberté, il faut lui apprendre à plier sous le joug du devoir.

 

Hommes et femmes d'Israël se pressaient, palpitants de terreur, dans une vallée qui s'engouffre entre des montagnes de sombre granit dont les cimes nues, déchirées, se dressent, hardies et menaçantes. — Au fond de la scène, un roc, dominant ces âpres sommets, élève perpendiculairement son front hautain ; ce roc, c'est le Sinaï[9].

Au pied de la montagne, un torrent roulait ses eaux[10]. Soudain à ses sourds mugissements se mêlent les éclats du tonnerre. Le roc tremble ; et, sur un rideau de flamme, dessine ses formes aigues. La gloire de l'Eternel approche.....

Où sont ici les cimes sereines et majestueuses de l'Ararat, et la fraiche et riante vallée d'Hébron ? Où est la ceinture irisée qui semblait unir le firmament à la terre ? Où est la douce voix du ciel, bénissant le patriarche et consolant sa compagne ?

Mais sur le sol aride du Sinaï s'épanouit aussi le fruit que Moïse nomme avec une expressive poésie le miel du rocher[11], et c'est de ce roc austère et désolé que descendra la parole divine qui nourrira l'âme d'un peuple.

Le Dieu de l'humanité devient le Dieu national des enfants d'Israël. A la révélation naturelle, loi de l'humanité naissante, succède la révélation écrite, loi du peuple de Dieu, et germe de la révélation messianique, loi de l'humanité virile. Jehova impose des devoirs au peuple auquel il confie sa parole ; il enhardit au combat le peuple qui sera la verge dont il frappera les nations coupables ; et c'est pourquoi tout semble symboliser la lutte de l'homme contre le mal, dans ce tumulte de la nature que domine la voix de Dieu.

Quand elles virent la gloire de l'Éternel, quand elles entendirent sa voix, que durent-elles éprouver, ces femmes enthousiastes qui, guidées par Miriam la prophétesse, suivaient leurs pères, leurs frères, leurs époux, en partageaient les dangers, en chantaient les triomphes ?

Et devant la loi que promulguait l'Éternel, et devant le code que, sous l'inspiration divine, transcrivait Moïse, la femme était égale à l'homme. Par trois fois elle devait être appelée à sanctionner le pacte d'alliance[12]. Fils et filles de Jehova, tous sont soumis aux mêmes lois, et menacés des mêmes châtiments. De plus, l'idolâtrie de la femme entraînant celle de l'homme, Dieu punit la première avec plus d'âpreté que la seconde.

Allons, aura dit à un Israélite la douce voix de sa fille, de sa femme, Allons, servons d'autres dieux, que tu n'as pas connus, ni toi ni tes pères[13].....

Pas de pitié alors. L'infidèle mourra ; elle mourra, et c'est le bras de son père, de son époux, c'est ce bras naguère protecteur, aujourd'hui meurtrier, qui la conduira à un trépas ignominieux, la lapidation ! — Que les entrailles du père ne se révoltent pas ! Que le cœur de l'époux ne se trouble pas ! Que la première pierre soit lancée à la femme coupable par la main de celui qu'elle aurait voulu attirer aux cultes étrangers ! Et que cette main ne tremble pas : le peuple fera le reste.....

Ah ! sans doute, la lapidation attendait aussi l'homme infidèle à Jehova ; mais, du moins, une amère et poignante douleur lui était épargnée : il ne recevait point de la main chérie d'une mère, d'une compagne, le premier coup d'une mort flétrissante !

Jehova veille à la fois sur le crime, pour le châtier ; sur l'innocence, pour la protéger. Comme un homme porte son fils[14], Jehova a porté sur des ailes d'aigle[15] son peuple à travers le désert ; et sa main, qui soutient et anime le monde, sait aussi essuyer les pleurs d'une faible femme.

Juste, il punit la faute ; clément, il pardonne au coupable qu'il a châtié, et la prière de Moïse put appeler sur Miriam la miséricorde divine.

Non, Moïse ne croyait pas, ainsi qu'on l'a dit de nos jours, que la liberté de l'homme fût entravée par la Providence. Il ne croyait pas que, soutenu par le Tout-Puissant, l'homme se sentît plus faible. Il ne croyait pas que les mots Providence, fatalité, fussent identiques : la Providence veille sur l'homme, la fatalité l'entraîne, et soustraire l'homme à la première, c'est le soumettre à la seconde. Non, Moïse ne croyait pas que Dieu dût s'absenter de son œuvre, que le cri d'une âme souffrante dût se perdre dans le vide ; et, au besoin, la puissance surnaturelle de la prière lui eût révélé l'action de la Providence !

 

L'immixtion permanente et visible de Jehova dans la vie de l'homme, imposait à celui-ci le devoir de la reconnaître, non-seulement par un culte moral, mais encore par un culte matériel. Cependant le temps n'était plus où, du haut des collines et du sein des forêts, l'homme pouvait sans danger adresser au Créateur l'hommage de sa gratitude. La multiplicité des bocages sacrés était devenue l'une des sources de l'idolâtrie. Désormais il fallait qu'un culte unique fût voué au Dieu essentiellement un, et que ce culte devînt le lien fédératif, le centre religieux et politique des tribus d'Israël.

Jusqu'à ce que l'établissement des Hébreux sur la Terre de promission leur permît de consacrer à Jehova une résidence de pierre, Moïse, groupant autour d'un sanctuaire portatif les tribus d'Israël, donna, dans le Tabernacle, le type du temple futur.

Quand, pendant la halte, l'habitacle était dressé au milieu du camp, un carré oblong, entouré d'un rang de colonnes au fût argenté, au soubassement d'airain, limitait le lieu de l'adoration. Des courtines de lin retombaient sur les colonnes, et, à l'orient, une tenture brodée de laines bleue, écarlate, cramoisie, se déployait à l'entrée du parvis. Au milieu de cette enceinte se dressait l'autel des holocaustes ; plus loin, vers la gauche, un bassin d'airain servait aux purifications. Enfin vers le fond du parvis, s'élevait une tente de poil de chèvre recouverte de peaux de thahasch[16] et de peaux de bélier teintes en rouge : c'était le Mischcân, le Tabernacle. —On y pénétrait en soulevant une portière semblable à celle du parvis. Là, les ais lamés d'or qui formaient la clôture de l'édifice, les colonnes qui séparaient le Saint du Saint des saints, disparaissaient sous les merveilleuses tentures dont les Hébreux avaient dérobé le secret aux Égyptiens[17], et dans lesquelles les fils teints du lin et de la laine reproduisaient, en mariant leurs riches et éclatantes nuances, des figures de chérubins et des parterres de fleurs[18].

Dans le Saint aussi bien que dans le Saint des saints, l'or recouvrait tous les objets du culte. L'or animait de ses fauves et ardents reflets la table des pains de proposition, l'autel des parfums, l'arche qui renfermait les tables où le doigt de Dieu avait gravé la loi. — Dans l'or avaient été ciselés les vases, les cuillers, les tubes de purification ; et ce candélabre travaillé au repoussé, et dont les sept branches supportaient au sommet de leurs tiges des calices s'arrondissant en pommeau, s'allongeant en amande, s'épanouissant en fleur. — Dans l'or aussi avaient été sculptés ces deux chérubins qui, de leurs ailes étendues, protégeaient l'arche sainte, et entre lesquels Dieu parlait à Moïse[19].

A ce temple les femmes avaient consacré leurs travaux, leurs richesses. De leurs mains elles avaient filé la laine, le lin, le poil de chèvre des courtines et des tentures[20]. La matière du bassin d'airain provenait de la fonte de ces miroirs arrondis dont la terre des Pharaons nous a livré de curieux modèles[21]. Naguère peut-être, le miroir à la main gauche, le sistre à la main droite, les descendantes de Jacob avaient-elles, en cette attitude hiératique, adoré les dieux de Misraïm[22]. Peut-être le manche de ce miroir reproduisait-il encore ou la fleur du lotus, ou la souriante figure d'Hathor, la Vénus égyptienne, ou plus généralement le masque horrible de Bes, dieu Typhon qui présidait à la toilette des Égyptiennes, et servait de repoussoir à leur beauté[23]. — Moïse accepta-t-il sans difficulté ces profanes objets ? L'Exode n'en dit rien ; mais une légende talmudique raconte que l'austère législateur, hésitant à vouer au culte cette offrande, en appela au tribunal de Dieu.

Ce don, aurait répondu le Seigneur, me plaît plus que tous les autres[24].

Dieu jugeait digne de lui être consacré ce qui avait reflété l'une de ses plus suaves créations.

Les objets du culte devaient aux femmes une partie de leurs ornements[25]. Les filles d'Israël avaient sacrifié à Jehova les joyaux qu'elles avaient emportés de la maison d'esclavage, et qui, sans doute, reproduisaient les emblèmes des divinités de l'Égypte. Les types probables de ces bijoux sont encore sous nos yeux[26] : d'élégantes fleurs de lotus, des vases à libations, sveltes et allongés ; des lézards, des poissons sacrés finement gravés, s'entrelacent au second rang d'un collier entre un rang d'olives et un rang de grains d'agates ; — un lion, ou des griffons, reposant entre des bouquets de lotus, composent des bracelets d'un admirable style ; — une gracieuse tête de gazelle, ou l'égide de la déesse Pacht[27], décore une boucle d'oreille ; — un fil d'or, maintenant un scarabée, s'enroule à une bague ; ou, sur le double chaton d'un double anneau, une gravure d'un art exquis représente une femme adorant Osiris[28].

Devant les monceaux d'or et de pierreries que les filles d'Israël offraient au sanctuaire, le législateur dut arrêter le zèle généreux de ces femmes[29] qui, se dépouillant de leurs plus chères parures, anéantissaient les souvenirs matériels de leurs fêtes nuptiales. Les adoratrices du veau d'or s'étaient-elles l'appelé que, récemment, une partie de leurs bijoux avaient servi à la fonte de l'Apis du désert ; et leur sacrifice était-il une expiation ?

 

Les patriarches, élevant en tout lieu des stèles en l'honneur d'Adonaï, lui rendaient en tout temps leur hommage En établissant un sanctuaire central, Jehova fixa les époques où les enfants d'Israël, unis en une même foi, devaient s'unir en un même culte.

Le Décalogue ne sanctionne qu'une loi cérémonielle : l'observance du sabbat[30]. Symbole de la création, le sabbat représentait le repos du Seigneur quand l'univers fut, à sa voix, sorti du chaos, et rappelait aux Hébreux, entourés de peuples panthéistes, le dogme d'un Être suprême distinct de son œuvre. Son but moral, c'était le soulagement du travailleur, de l'esclave, de la bête de somme même, qui, par le repos d'un jour, pouvaient combattre l'influence meurtrière d'un labeur sans relâche. Le Décalogue et le code mosaïque développent tous deux l'idée religieuse que symbolisait le sabbat, et l'idée philanthropique que réalisait cette divine institution :

Souviens-toi du jour de repos pour le sanctifier.

Six jours tu travailleras et feras tout ton ouvrage.

Mais le septième jour, repos consacré à l'Éternel ton Dieu, tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, mâle ou femelle, ni ton bétail, ni ton étranger qui est en tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve, et s'est reposé le septième ; c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour de repos et l'a sanctifié[31].

Dans les entretiens de Dieu et de Moïse se trouve complétée l'idée mère du sabbat :

..... Au septième jour tu le reposeras, afin que se reposent ton bœuf et ton âne, et que le fils de ton esclave et l'étranger reprennent des forces[32].

Tu ne feras aucun ouvrage, répète dans le Deutéronome le législateur du Sinaï, ..... afin que ton esclave, mâle ou femelle, se repose comme toi. Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Égypte, et que l'Éternel ton Dieu t'en a retiré à main forte et bras étendu ; c'est pourquoi l'Éternel ton Dieu t'a ordonné de faire le jour de sabbat[33]. Le soulagement de l'opprimé était le principal hommage qu'exigeât du peuple délivré le Dieu libérateur.

 

Le sabbat de la semaine était le premier degré du cycle sabbatique qui comprenait le repos du septième jour ; le repos du septième mois[34], le repos de la septième année, le Jubilé enfin, repos de la cinquantième année.

Le mois sabbatique, annoncé par la fête des Trompettes, renfermait une des solennités les plus touchantes du culte mosaïque : c'était la fête des Expiations[35]. Consacrée au jeûne, au repentir, elle purifiait de leurs fautes les enfants d'Israël ; et seul un bouc emportait, à travers le désert, les péchés des coupables. Le repos du corps n'était pas le seul dont jouissent les Hébreux pendant les fêtes du mois sabbatique[36] : par la paix de la conscience, ils acquéraient le repos de l'âme.

Au mois sabbatique de la septième année s'ouvrait l'année sabbatique, pendant laquelle la terre devait se reposer aussi bien que l'homme, et abandonner au pauvre et à la bête des champs ses richesses naturelles. Une période de sept années sabbatiques amenait le Jubilé, cette fête suprême de la liberté et de l'égalité.

Au dixième jour du septième mois, pendant la fête des Expiations, les sons éclatants de la trompette faisaient tressaillir ceux qui avaient perdu leur liberté, ceux qui avaient aliéné leur patrimoine.....

Dror ! liberté[37], s'écrie-t-on.

Ce signal c'est, pour le pauvre, la fortune ; pour l'esclave, la délivrance. Chacun rentre dans son bien, chacun reprend possession de soi-même....

Idée sublime qui faisait succéder aux réparations morales du jour de pardon les réparations matérielles de la fête de Réhabilitation !

Maintenant l'esclave hébreu peut accepter une liberté à laquelle il avait cru peut-être renoncer à jamais. Naguère, la septième année de son service révolue, il aurait pu quitter son maître. Mais de ce maître il tenait son bonheur. Chez lui il avait obtenu une compagne, consolation du présent ; des enfants, espoir de l'avenir. Sa femme, étrangère en Israël, ses enfants appartenaient à son maître ; mais lui, il aurait pu partir, et, libre, fonder une famille nouvelle Alors, maudissant la délivrance qui l'eût éloigné des objets de sa tendresse, saluant l'esclavage qui le retenait auprès d'eux, il s'était écrié :

J'aime mon maître, ma femme et mes enfants ; je ne veux pas sortir libre[38].

Et devant les juges, le maître avait percé d'un poinçon l'oreille de son serviteur, et celui-ci avait reçu, avec bonheur sans doute, la marque flétrissante d'une longue servitude.

Mais au bruit des fanfares du jour de rédemption il part ! Il part, car sa femme, ses enfants l'accompagnent[39] ; et, rentrant dans la demeure de ses pères, il reconquiert à la fois et la liberté, et la possession du foyer domestique.

Quittaient-ils tous sans regret la maison d'esclavage, ces serviteurs qui avaient appris à bénir la main d'un maître ? Ici est une femme âgée. Elle a vendu son temps, ses soins, à ceux dont elle était l'esclave ; mais elle leur a donné ce qu'ils n'eussent pu payer ; son dévouement et son affection. Elle aussi, à l'expiration de son service, elle a crié à son maître : Je ne veux pas sortir d'auprès de toi, car je t'aime ainsi que ta maison[40]. Elle aussi, elle a reçu le stigmate d'un volontaire esclavage..... Est-ce la liberté, est-ce l'exil, que lui annoncent les trompettes du Jubilé ?

Ailleurs est une jeune Israélite. Appauvri, son père l'a vendue. Celui auquel elle appartient lui doit ou sa main ou la liberté[41]. Elle part, et il ne la retient pas !

De même que l'homme, la terre est libre. Ni la charrue ne l'entrouvre, ni la semence ne la féconde. Le jour et les années de repos sanctionnaient ainsi les droits de Dieu sur le temps et sur la terre[42]. A celui qui est stable dans l'éternité appartient seul le temps. A celui qui possède l'infini appartient seul la terre. L'homme, passager dans le temps, n'est sur la terre que l'hôte de Dieu.

 

Trois fêtes solennelles, symbolisant les principaux événements de la vie du peuple élu, et célébrant les époques agronomiques de la nature, devaient réunir au sanctuaire central les tribus d'Israël, imprimer à leur vie politique l'unité si difficile à établir dans une constitution fédérative ; et, par le culte de Jehova, affermir en elles l'idée de la patrie.

L'obligation de se rendre aux fêtes de pèlerinage n'était pas imposée aux femmes : les unes n'eussent pas aisément supporté les fatigues de trois voyages annuels ; d'autres étaient retenues dans leurs demeures par leurs devoirs de maîtresses de maison, de mères de famille. L'Eternel ne convoquait devant lui que la population mâle[43] ; mais il permettait aux femmes qui pouvaient accompagner leurs pères ou leurs époux de s'associer aux réjouissances des fêtes nationales[44]. A ces solennités étaient même appelées et la veuve et l'esclave, en commémoration du temps où, proscrits, les Hébreux se nourrissaient, sans jouissance et sans consolation, du pain de l'étranger.

Aux pénibles souvenirs de la servitude d'Egypte était intimement liée la plus solennelle des fêtes de pèlerinage : la Pâque. Les femmes étaient admises à ce festin, qui rappelait aux Israélites le dernier repas qu'ils firent dans la maison d'esclavage ; elles goûtaient aux herbes amères, symbole de la captivité du peuple hébreu ; aux pains sans levain, symbole de son départ précipité ; à l'agneau pascal enfin, symbole de sa délivrance.

C'était au printemps que se célébrait la Pâque. Commençant au quatorzième jour d'Abib[45], le mois des épis, cette fête ouvrait les récoltes, et nul ne pouvait couper l'orge avant que fût offerte à Jehova, pendant le seizième jour du mois, la première gerbe de la moisson. A la récolte la plus précoce de l'année se joignait le souvenir du temps où, esclaves, les Hébreux ne possédaient même pas le champ que fécondaient leurs sueurs.

Sept semaines après l'ouverture de la moisson de l'orge était inaugurée la récolte du blé. C'était la Pentecôte, la fête des Semaines, l'anniversaire de la promulgation de la loi. Deux pains faits avec la fleur de la farine de froment étaient déposés sur l'autel. Par l'association de ce rite au souvenir de la scène du Sinaï, ne semble-t-il pas que Moïse ait voulu une fois de plus enseigner aux Hébreux que le pain matériel n'est pas la seule nourriture-de l'homme, et que la loi de Dieu est le véritable aliment de l'âme ?

Inaugurées par des fêtes religieuses, les moissons se terminaient par la plus riante des solennités de l'année : la fête des Cabanes, la fête des Tabernacles.

Au quinzième jour du mois sabbatique, à l'époque où dans les granges s'amassaient les céréales dans les pressoirs les raisins ; hommes et femmes d'Israël désertaient leurs demeures. A la main de chacun s'épanouissait un faisceau où se mariaient le fruit du cédrat, les spathes du dattier, une branche du saule de rivière. Dans les rues, sur les toits en terrasse[46], les Hébreux construisaient avec les rameaux de l'olivier, du myrte, du palmier, des huttes de feuillage. En souvenir de leur séjour sous les tentes du désert, ils devaient pendant sept jours habiter ces fraîches et légères cabanes. Ils devaient, à la rentrée de leurs récoltes, évoquer l'image du temps où ils erraient sans autre abri que la tente, sans autre champ que le désert.

Dans l'année sabbatique, cette fête revêtait un caractère plus auguste. On lisait à tout le peuple assemblé la loi qui le guidait pendant qu'à travers les solitudes de la péninsule Arabique il cherchait sa patrie. Alors les femmes étaient obligées de se rendre à la fête de pèlerinage, et de retremper dans l'audition de la loi leur foi religieuse et leur force morale[47].

Fêtes sabbatiques, fêtes de pèlerinage, toutes les solennités des Hébreux célébraient à la fois Dieu, la patrie, l'homme et la nature.

 

Les droits de Dieu sur la terre furent l'origine des sacrifices. Le patriarche offrait librement au Seigneur les premiers-nés de son bétail, les prémices de son champ. — Le Décalogue, loi purement morale, ne renferme aucune prescription concernant les sacrifices, et ce n'est qu'au second plan du code mosaïque qu'apparaissent les lois rituelles. Moïse pouvait craindre que le peuple encore grossier qu'il formait, perdant de vue le sens spirituel des sacrifices, ne crût que des liens matériels suffisaient pour l'unir à Jehova ; et cependant le moment n'était pas venu encore de l'esprit de l'homme pouvait, sans le secours des sens, s'élever à l'idée de Dieu.

Jehova, tout en sanctionnant donc les sacrifices, ne consentit à les recevoir qu'au sanctuaire central. Il permit que, fière d'une récente maternité, une femme, apparaissant au seuil du tabernacle, lui offrît pour l'holocauste un agneau d'un an, et joignît à ce sacrifice d'adoration l'offrande expiatoire d'un jeune pigeon ou d'une tourterelle[48]. Il permit que, repentante d'une faute involontaire envers lui ou envers l'humanité, une femme fit suivre du sacrifice de péché ou de délit la confession et la réparation de son erreur[49]. Il accepta les prémices de la pâte que pétrissait la maîtresse de maison[50]. Il agréa aussi le sacrifice pacifique qu'à la suite d'un vœu une jeune fille, une épouse, une mère, venait lui offrir. Naguère, dans un moment de folle terreur ou d'ardente espérance, une femme avait juré de vouer à Jehova ou ses biens, ou sa personne, ou son fils même, si le malheur s'éloignait d'elle, si le bonheur s'en approchait. Un père, un époux, avait été informé de ce serment et ne s'y était pas immédiatement opposé[51]. L'Éternel avait exaucé la prière de sa servante ; et celle-ci, ne voulant point se racheter de son vœu[52], avait offert ses richesses à Jehova ; ou, après avoir observé l'abstinence du nazir, sacrifiait jusqu'à sa chevelure sur l'autel des holocaustes[53] ; ou, plus courageuse encore[54], avait consacré son fils à Celui qui lui avait accordé l'orgueil, et le bonheur de la maternité.

 

La promulgation de la loi, l'institution du tabernacle, des fêtes, des sacrifices, nécessitaient la création d'un ordre religieux qui conservât les saintes traditions, aidât le peuple à les commenter, se vouât au service du sanctuaire, fît agréer à Jehova l'hommage collectif que lui rendait aux jours solennels la communauté israélite, et offrît sur l'autel l'holocauste, les sacrifices de péché et de délit, le sacrifice pacifique et les sacrifices non sanglants. Les enfants de Lévi furent voués au service du tabernacle ; et, au sein de leur tribu, la famille d'Aaron reçut les attributions sacerdotales, le cohénat.

Les filles de Lévi ne participaient point à la mission religieuse de leurs pères ou de leurs époux[55]. Mais plus que toutes les filles d'Israël, elles devaient conserver intacte leur renommée[56]. Nul soupçon ne devait avoir effleuré la mère du cohène[57] ; et celui-ci ne pouvait associer à sa vie que la vie immaculée d'une jeune fille[58], ou de la veuve d'un prêtre[59]. — A la fiancée du pontife on ne demandait ni fortune, ni rang ; on n'exigeait d'elle que la chaste auréole de la vierge[60].

Ce n'était pas un ordre semblable aux castes sacerdotales de l'Égypte et de l'Inde, que cette tribu de Lévi qui s'alliait par le mariage aux autres tribus d'Israël, et dont les membres partageaient avec le plus humble des Hébreux le droit d'enseigner la loi.

A tout homme, en effet, était accessible la Thorah[61]. A toute femme aussi était ouvert ce code divin qui, saluant en elle la fille de Dieu, disait : Respect à la femme ! Respect à la jeune fille dans sa pureté, à l'épouse dans son honneur, à la mère dans son autorité, à la veuve dans son délaissement !

En ce livre de vie, la femme s'initiait à la connaissance, à l'observation de la vérité, qui était la base de la loi ; à la pratique d'une justice souvent implacable, mais qui n'excluait pas l'inspiration d'une ingénieuse charité. Nourrie de la parole sainte, aspirant le souffle de liberté qui y circule, chaleureux et vivifiant, elle s'y abreuvait aussi de ces deux sentiments qu'elle ne sépara jamais : la crainte de Dieu et l'amour de la patrie ; ces deux sentiments dont l'union lui faisait voir dans l'indépendance de son pays l'indépendance de sa foi !

Des sources auxquelles le législateur doit retremper l'âme du peuple qu'il régénère, Moïse n'en scella qu'une : la tolérance ! Mais celle-là devait jaillir sous la pression, non de la crainte, mais de l'amour. Elle devait ruisseler, non du Sinaï, mais du Calvaire.

Manqua-t-il cependant à Moïse l'idée de l'humanité ? Quand il ordonnait le massacre des habitants de Canaan, cédait-il à l'amour de la patrie, à la haine de l'étranger ? Non, l'homme qui rappelait dans la Genèse la commune origine des peuples, l'homme qui, en souvenir de la captivité d'Égypte, prescrivait aux Hébreux d'aimer et de respecter l'étranger établi au milieu d'eux, cet homme n'immolait pas les droits de l'humanité à un étroit esprit de nationalité. Ce n'était pas le Cananéen qu'il haïssait : c'était l'erreur que personnifiait l'indigène ; et jaloux de conserver intact le dépôt des traditions divines, il frappa ceux qui pouvaient l'altérer. Il sacrifiait tout à une idée.

Déjà il prévoyait le jour où les Hébreux auraient perdu la foi antique. Il devait voir les filles de Moab et de Midian attirer à leurs croyances en même temps qu'à leurs charmes les fils d'Israël. Et l'on comprend tout ce qu'il y eut d'amertume dans ce dernier adieu qu'il laissa à ce peuple qu'il avait sauvé ; à ce peuple que, pendant quarante années, il avait dirigé, soutenu ; à ce peuple auquel il aurait voulu insuffler son âme, et qui pour prix de son sacrifice, de son amour, de son génie, lui avait donné l'ingratitude, et lui réservait l'infidélité.

Cependant, au moment où il va disparaître pour toujours derrière les rocs du mont Nébo, il sent que l'idée dont il a déposé le germe pourra s'altérer parfois, mais s'anéantir, jamais ! Avec un de ces accents de tendresse émue qui, en ce sombre génie, ressemblent aux rayons de soleil se jouant pendant l'orage, il s'écrie : Bonheur à toi, Israël ![62] Oh oui ! Israël, bonheur à toi, car tu portes clans ton sein une idée qui régénérera le monde !

Alors le législateur peut mourir, car il a compris que son œuvre lui survivrait à jamais ! Il peut mourir, car, du fond des sanctuaires de l'Égypte jusqu'aux cimes de l'Horeb, il avait entrevu une vérité qu'il n'osa confier au peuple grossier qui en eût matérialisé le sens : l'immortalité de l'âme !

 

 

 



[1] La Genèse attribuant l'origine de l'Égypte à Misraïm, fils de Cham, l'Ancien Testament donne généralement à cette nation le nom de son fondateur.

[2] Cf. au sujet de la triade : Égypte, par M. Champollion-Figeac, Paris, 1858.

[3] Cf. pour la situation d'Héliopolis par rapport à la terre de Gessen : On (Héliopolis), by Reginald Stuart Poole (Dict. of the Bible, edited by Smith ).

[4] Les traditions égyptiennes recueillies par Manéthon, Artapanus, s'accordent sur la naissance de Moïse à Héliopolis. Cf. Moses, by Arthur Penrhyn Stanley (Dict. of the Bible). Cf. aussi Josèphe, Réponse à Apion. — Le Nouveau Testament dit que Moïse fut élevé dans toute la sagesse des Égyptiens. (Actes, VII, 22.) Héliopolis était le siège d'un collège sacerdotal où étudièrent Platon et Eudoxe. Cf. Strabon, XVII, 1.

[5] Cf. la note précédente.

[6] Le Soleil, dont le célèbre temple était à Héliopolis.

[7] The nurture of bis mother is probably spoken of as the link which bound him to bis own people. (Moses, article précité du Dict. of the Bible.) On parle probablement de son allaitement par sa mère comme du lien qui le liait à son propre peuple.

[8] The name of his mother, Jochebed, implies the knowledge of the name of Jehovah in the bosom of the family. (Moses, article précité du Dict. of the Bible.) Le nom de sa mère, Jocabed, implique la connaissance du nom de Jehova dans le sein de la famille.

[9] On ne s'accorde pas sur le pic qu'il faut identifier avec le Sinaï. Lepsius croit que c'est le Serbâl ; et Ritter, le Jebel Mûsa dans le Jebel Katherin. Mais il n'existe au pied de ces pics nulle vallée assez étendue pour avoir pu contenir le camp des Israélites. Robinson, identifiant l'Horeb des moines avec le Sinaï, place la promulgation de la loi sur le pic es-Sussafeh qui domine er-Rahâh, vaste plaine s'étendant au pied de l'Horeb. C'est dans cette plaine qu'il groupe les Israélites. Nous avons adopté son opinion. Cf. Biblical researches ; et le Sinaï, by Henry Hayman. (Dict. of the Bible.)

[10] Cf. Robinson's Biblical researches.

[11] Le miel du palmier. Cf. Deutéronome, XXXII, 13, et note de Cahen. C'est apparemment la datte.

[12] Sous Moïse, Deutéronome, XXIX ; sous Josué, Josué, VIII ; et au retour de la captivité, Néhémie, VIII.

[13] Deutéronome, XIII, 7.

[14] Deutéronome, I, 31.

[15] Exode, XIX, 4 ; Deutéronome, XXXII, 11, 12.

[16] Thahasch, animal inconnu. D'après le Talmud, ce serait une espèce de fouine. Cf. Palestine, par M. Munk, p. 156.

[17] C'est le travail des Gobelins. Cf. Exode, XXVI, note 1 de Cahen ; Histoire de l'art judaïque, par M. de Saulcy, 1864 ; les Tapisseries d'Arras, par M. l'abbé Van Drival, 1864.

[18] Cf. Josèphe, Antiquités Judaïques, liv. III, chap. V.

[19] Pour la description du tabernacle, Cf. Exode, XXIV-XXVII et XXXV-XXXVIII ; Palestine, par M. Munk.

[20] Exode, XXXV, 25, 26.

[21] Voir au Musée du Louvre, monuments égyptiens, salle civile.

[22] Cf. au sujet de cette attitude des Égyptiennes, Cyrille d'Alexandrie, cité par William Aldis Wright (Dict. of the Bible, etc., Mirror).

[23] Cf. l'étude précitée de M. Wright ; et Notice sommaire des monuments égyptiens exposés dans les galeries du Musée du Louvre, par le vicomte de Rougé, 1865.

[24] Méditations bibliques, par S. Bloch, 1860.

[25] Exode, XXXV, 22.

[26] Au Musée du Louvre. — Nous n'avons osé émettre cette conjecture qu'après l'avoir soumise au juge le plus compétent en pareille matière, à M. le vicomte de Rongé. Voici ce que voulut bien nous répondre l'illustre égyptologue, dont la parfaite bienveillance ne manque jamais aux travailleurs qui y font appel :

Je crois que vous êtes dans le vrai en cherchant dans les bijoux égyptiens le modèle de ceux que portaient les femmes des Hébreux au temps de l'Exode. Il y a même une preuve assez convaincante, quant au style égyptien des arts sémitiques à cette époque ; c'est que les plus anciens monuments de l'art phénicien portent tous un cachet évident d'imitation égyptienne. Ceux qui se montrent dérivés d'un type assyrien sont classés par les archéologues à une époque postérieure. L'histoire confirme bien cette division : vers le dix-huitième siècle avant notre ère, commença la domination de l'Égypte sur toute la Syrie. Quoique interrompue par des révoltes, cette suprématie ne s'en conserva pas moins pendant cinq siècles au moins. L'Assyrie ne commença que beaucoup plus tard à influer sur les destinées de la Palestine et des régions voisines. On peut donc considérer comme certain que la couleur locale avait dominé les arts du dessin chez les Hébreux pendant leur longue servitude chez un peuple au comble de la puissance. Il est bien difficile de déterminer une époque exacte pour les bijoux qui ne sont pas dans la salle historique, parce qu'ils ne portent pas d'indication précise ; mais le style égyptien n'a pas varié sensiblement sous le second empire, et vous ne courez pas le risque d'anachronismes dangereux en vous servant des diverses pièces exposées dans nos vitrines comme objets de comparaison dans la recherche qui vous occupe. Les bracelets eux-mêmes, quoique un peu plus anciens, sont encore parfaitement du style qui devait régner au temps de Moïse.

[27] La déesse Pacht est la créatrice de la race asiatique et la vengeresse du crime. Cf. Notice sommaire des monuments égyptiens exposés dans les galeries du Louvre, par le vicomte de Rougé.

[28] Osiris, type et sauveur de l'homme après sa mort. Notice sommaire des monuments égyptiens exposés dans les galeries du Louvre, par le vicomte de Rougé.

[29] Exode, XXXVI, 5, 6.

[30] Le sabbat est antérieur à la promulgation de la loi. Cf. Exode, XVI.

[31] Exode, XX, 8-11, traduction de Cahen.

[32] Exode, XXIII, 12, traduction de Cahen.

[33] Deutéronome, V, 14, 15, traduction de Cahen.

[34] Le premier jour de chaque mois était célébré par des sacrifices additionnels : c'était la néoménie. Cf. Nombres, XXVIII et XXIX.

[35] Elle se célébrait au dixième jour de ce mois.

[36] Le premier jour seul de ce mois était consacré au repos ; mais dans le même mois se célébraient les réjouissances de la fête des Cabanes.

[37] Lévitique, XXV.

[38] Exode, XXI, 5, traduction de Cohen.

[39] Cf. Josèphe, Antiquités judaïques, liv. IV, chap. VIII.

[40] Deutéronome, XV, 16, traduction de Cahen.

[41] Exode, XXI, 7-11.

[42] Cf. Sabbatical year, by Francis Garden. (Dict. of the Bible.)

[43] Exode, XXIII, 17 ; XXXIV, 23 ; Deutéronome, XVI, 16.

[44] Deutéronome, XII, 12, 18 (ces deux versets s'appliquent en général aux réjouissances de tous les sacrifices) ; XVI, 11, 14.

[45] En général, chez les anciens Hébreux, les mois sont déterminés par l'adjectif ordinal : premier mois, deuxième mois, etc. Cependant ils sont parfois désignés par des dénominations expressives : abib, le premier mois, le mois de la maturité ; assif ; mois de la récolte, etc. Le calendrier des Israélites, rédigé après la captivité de Babylone, est tout talmudique. Cf. la Notice sur le calendrier talmudique, jointe au Lévitique traduit par Cahen.

[46] Nombres, VIII, 15.

[47] Cf. Deutéronome, XXXI, 10-13.

[48] Lévitique, XII, 6-8. Pauvre, la femme pouvait offrir pour l'holocauste et le sacrifice expiatoire deux tourterelles ou deux pigeonneaux.

[49] Nombres, V, 6-9. La subtile distinction des sacrifices de péché et de délit n'a pu être suffisamment établie par les hébraïsants et les théologiens.

[50] Nombres, XV, 18-21, et note 20 de Cahen.

[51] Passé ce moment, le père, l'époux, n'avait plus le droit de s'opposer au vœu d'une fille, d'une femme. Nombres, XXX, 4-17.

[52] Cf. pour le droit de rachat, Lévitique, XXVII.

[53] Le nazir qui, pendant les jours de son abstinence, laissait croître sa chevelure, la coupait quand son vœu était accompli. Le chap. VI du livre des Nombres est consacré au naziréat.

[54] Comme la mère de Samuel.

[55] A propos des miroirs d'airain, l'Exode, XXXVIII, 8, dit qu'ils furent offerts par les femmes assemblées à l'entrée de la tente d'assignation. Des commentateurs concluent que ces femmes étaient vouées au service du temple. D'après la version grecque et la version chaldaïque, ce service eût consisté dans la prière et le jeûne. Cf. Palestine, par M. Munk, p. 156, et note 8 de Galien ; Exode, XXXVIII. — Les femmes de la famille du cohène n'avaient d'autre privilège que celui de pouvoir goûter à la poitrine et à la cuisse des animaux offerts par les Israélites pour le sacrifice pacifique. Mariée à un homme étranger au sacerdoce, la fille du cohène perdait ce droit ; mais veuve ou répudiée, elle en jouissait de nouveau, si, n'ayant point d'enfant, elle retournait chez son père. Cf. Lévitique, X, 14 ; XXII, 12, 13 ; Nombres, XVIII, 11.

[56] Déshonorée, la fille du cohène était brûlée. Lévitique, XXI, 9.

[57] Palestine, par M. Munk.

[58] Lévitique, XXI, 7 ; Ézéchiel, XLIV, 22.

[59] Ézéchiel, XLIV, 22.

[60] Lévitique, XXI, 13, 14.

[61] La loi.

[62] Deutéronome, XXXIII, 29.