ANNIBAL DANS LES ALPES

 

DEUXIEME PARTIE. — UNE CONJECTURE

CHAPITRE XVI. — LES TRANSFORMATIONS DU RHÔNE.

 

 

La vie d'un fleuve. - Opinion de M. Reclus. - Opinion de M. Lenthéric. — Les transformations au Rhône. - Le Rhône bifurqué. - La vallée de Chambéry. — Les forces transformatrices. - Les érosions. - Les alluvions. - Éboulements. - Chute du Mont Tauredunum. — Eboulement du Granier. - Description de Saussure. - Les abîmes de Myans. - La catastrophe. - État actuel du Granier. - Autres éboulements. — Évaluations approximatives. - Quelques altitudes. — Les mouvements lents du sol. - Les plissements. - Manque d'observations. - Quelques opinions. - Conclusion.

 

LA VIE D'UN FLEUVE

Si les descriptions du Rhône ont varié avec les temps, il faut aussi reconnaître que le cours du fleuve a subi bien des modifications. Un fleuve est un organisme véritable, une personnalité réelle. Il a son développement et sa vie propre. Il a commencé à l'origine des temps, il se transforme à travers les âges ; il se modifie à chaque instant sous nos yeux. Le fleuve d'aujourd'hui n'est pas celui des siècles passés ; il n'est pas davantage celui des siècles à venir. C'est en ces termes que s'exprime M. Ch. Lenthéric dans la préface de l'ouvrage où il a écrit l'histoire du Rhône, comme on écrit, celle d'une famille ou d'une dynastie[1].

Notre tâche n'est pas aussi vaste, elle est au contraire localisée : nous voulons simplement, étudier l'histoire d'un tronçon du fleuve, pendant une période déterminée. Nous allons exposer d'abord les idées exprimées avant nous sur les phases de la vie du fleuve.

Opinion de M. Reclus. — M. Elisée Reclus les a résumées et vulgarisées en des pages assez vagues, sans données géologiques sérieuses, et les a fait suivre d'hypothèses peu précises ; son étude se développe avec trop d'ampleur peut-être, et traite le sujet de trop haut, mais elle donne de la vie du fleuve une idée générale qu'il est bon de connaître :

Nul doute que le superbe détroit de montagnes ouvert, de Seyssel à Grenoble par la dépression où se trouve le lac du Bourget et par la vallée du Graisivaudan n'ait été autrefois le lit bifurqué des deux grands glaciers du Rhône et de l'Isère, comme le prouvent les débris de toute espèce et les gros blocs erratiques trouvés sur les pentes des deux vallées, et jusqu'à 500 mètres de hauteur à l'ancien confluent au sud de Chambéry.

Aux glaces succédèrent les eaux, un lac tortueux s'amassa dans ces longs couloirs de montagnes, avant que le Rhône eût creusé son lit à travers les arêtes occidentales du Jura, et que l'Isère eût scié en deux les remparts de roches néo-corniennes et crétacées qui s'élevaient à l'orient du bassin actuel de Grenoble. Alors le Drac, la Romanche, l'Isère, le Rhône unissaient leurs eaux dans une grande mer intérieure, de 500 mètres plus profonde que l'est le lac du Bourget, pauvre reste de l'ancien réservoir.

La percée du Jura fit changer de pente à tout le système hydrographique. Actuellement, la partie septentrional du lac, à demi comblé déjà par les alluvions, s'épanche au nord par le tortueux canal de Savières, dont la faible longueur et les fonds marécageux portent à croire que le changement du cours du Rhône est un fait récent dans l'histoire de la terre[2].

Opinion de M. Lenthéric. — Voici la description que donne M. Lenthéric, après le confluent du Fier :

La vallée s'élargit alors, et la plaine commence. Le fleuve ramifié y serpente en lacis innombrables qui s'entrecroisent et donnent naissance à un nombre considérable d'îles basses, submersibles, aux contours variables et indécis, que chaque crue colmate, ronge, agrandit, déplace, quelquefois même fait disparaître, et qui sont désignées sous le nom générique de brotteaux. A gauche, la plaine marécageuse de Chaulagne conduit par degrés insensibles, et sans la moindre dépression de terrain, au lac du Bourget, dont elle constitue en fait l'extrémité septentrionale, récemment comblée par les alluvions.

De même que le lac d'Annecy, le lac du Bourget est géologiquement un affluent du Rhône. Les grands blocs erratiques que l'on retrouve, alignés à 500 mètres de hauteur, sur les pentes des deux versants du lac, cl. qui couronnent le poétique coteau de Tresserve, attestent le séjour et le retrait de l'ancien glacier delphino-savoisien qui se bifurquait au Sud même de Chambéry, et dont l'une des branches suivait la vallée du Graisivaudan, en recevant sur sa route l'apport des glaciers secondaires du Drac et de la Romanche, tandis que l'au Ire s'engageait dans le couloir du Bourget, entre la Dent du Chien et le Semnoz, et se soudait par Culoz au grand glacier du Rhône. Lorsque les glaces commencèrent à fondre, et que la période torrentielle succéda à la période glacière, un grand lac sinueux remplit toutes les gorges du Drac, de la Romanche, de l'Isère et du Rhône, formant une sorte de mer intérieure dont le niveau s'est peu à peu abaissé. Les deux lacs d'Annecy et du Bourget sont les pauvres restes de cet ancien bassin ; et le Rhône a serpenté dès lors librement, en frayant son lit dans la vallée couverte de boues et de débris glaciaires, depuis Culoz jusqu'à Lyon[3].

Ce rapide exposé d'une période intéressante est plus précis et plus exact peut-être que celui de M. Reclus ; néanmoins, il n'indique pas les transformations qu'a pu subir le Rhône entre l'époque où les glaciers recouvraient son lit, et celle où le cours actuel s'est dessiné ; ce sont ces transformations successives que nous voulons préciser.

 

LES TRANSFORMATIONS DU RHÔNE

C'est à la géologie qu'il faut nous adresser pour avoir l'explication des phénomènes dont nous nous occupons.

Sans doute, en nous plaçant à un point de vue plus étroit, nous pourrions affirmer que nous faisons de la géographie, puisque nous voulons spécialement étudier le Rhône à une période qui appartient à l'histoire, mais ce ne serait là qu'une question de mots, à laquelle nous attachons peu d'importance. Nous préférons rappeler, après M. Maurice Lugeon[4], la définition donnée par M. Mackinder, d'Oxford, du programme exact des deux sciences sœurs. La géologie, dit-il, est l'étude du passé à la lumière du présent ; la géographie est l'étude du présent, à la lumière du passé. Aussi n'avons-nous pas hésité à étudier le sol, à examiner les terrains, et, surtout à consulter ceux qui par leurs travaux antérieurs étaient à même de nous renseigner, pour connaître les arguments qui pouvaient confirmer ou amoindrir noire hypothèse du Rhône bifurqué.

Le Rhône bifurqué. — Nous pensons qu'il y a une vingtaine de siècles, le Rhône n'avait pas le même aspect qu'aujourd'hui. Au lieu de s'écouler uniquement par le chenal de Pierre-Châtel, il avait encore dans celle région un large épanouissement ; il était même, par la cluse Chambéry-Montmélian, en communication avec l'Isère actuelle, et, ce bras latéral constituait de la sorte un Rhône bifurqué ; la branche septentrionale suivait  peu près le lit du Rhône actuel, tandis que la branche méridionale, constituée par l'Isère d'aujourd'hui, communiquait avec a branche septentrionale par la vallée de Chambéry. La zone inter-fluviale comprise entre les deux branches du Rhône bifurqué s'appelait l'Ile.

Si l'on parcourt de nos jours la vallée de Chambéry, les observations que l'on peut faire sur le terrain établissent à première vue la succession de deux étals dans cette vallée, l'un solide, l'autre liquide. Ils sont visibles tous deux par les traces qu'ils ont laissées, le plus ancien par des blocs erratiques et des boues glaciaires, le second par les alluvions.et par les formes adoucies des vallées. On peut observer, en effet, que tout le fond de la vallée depuis le lac du Bourget est formé par des alluvions, recouvertes en certains points par des marais et des tourbières ; de plus, la profondeur, l'évasement et l'orientation des thalwegs dans la partie sud-est (au sud de Montmélian et dans le Glandon), semblent indiquer que le terrain a été modelé par des eaux puissantes s'écoulant vers l'Isère.

Il semble donc au premier abord que la vallée ait été parcourue par une branche du Rhône qui, après s'être détachée dit fleuve vers Culoz, passait par Chambéry pour aller rejoindre la vallée du Graisivaudan[5] ; mais, en réalité, les faits ont été plus complexes, et, pour bien les comprendre, il est nécessaire de s'arrêter sur le rôle géologique qu'a rempli à travers les siècles cette vallée de Chambéry.

La vallée de Chambéry à l'époque quaternaire. — Nous avons déjà vu que les glaciers du Rhône, de l'Isère et des torrents alpins de la région s'étaient rejoints par la vallée de Chambéry pour étendre leur immense manteau jusqu'à la Bresse et à la région lyonnaise[6].

Après une glaciation, l'Isère passa par la vallée de Chambéry, et alla porter ses eaux au lac du Bourget et au Rhône ; cet écoulement est admis par tous les géologues, et il se manifeste par les alluvions laissées dans la vallée par le fleuve qui la suivait alors. Il est certain, dit, M. Hollande[7], que les eaux de l'Isère et de ses affluents alpins, — en Savoie sûrement —, ont passé à Chambéry ; mais cela a eu lieu entre la 3e et la, 3e glaciation. Ce sont ces eaux qui ont formé les alluvions interglaciaires. Ainsi, M. Hollande précise : c'est entre la 2° et la 3° glaciation que l'Isère a coulé dans la vallée de Chambéry. M. Vivien est d'ailleurs arrivé au même résultat, et, selon les expressions de M. Lugeon[8], il a montré, par une sagace étude des alluvions entourant cette ville, que l'Isère, un moment donné, entre deux grandes glaciations, a coulé dans cette dépression, à la suite d'un barrage morainique. M. Kilian et M. Douxami remarquent d'ailleurs que, d'après l'inclinaison des couches d'alluvion dans la vallée, inclinées du sud au nord, c'est bien l'Isère qui devait s'écouler vers le Rhône. Cette phase de l'histoire de la vallée nous paraît donc établie.

Mais, après le dernier retrait des glaciers, après la période torrentielle qui le suivit, et jusque vers le commencement de l'époque historique elle-même, nous croyons qu'il y a eu un écoulement du Rhône vers l'Isère. Nous allons expliquer de quelle manière cet écoulement avait lieu.

Le lit du Rhône était alors bien loin d'être aussi profondément creusé qu'il l'est aujourd'hui, l'érosion n'ayant pas eu le temps d'agir d'une manière aussi intense. Le fleuve, qui coulait, donc à une altitude supérieure à celle d'aujourd'hui, se répandait dans la plaine où sont les marais de Vions et de Lavours, et y rejoignait le lac du Bourget, beaucoup plus étendu à celle époque qu'il ne l'est aujourd'hui ; la nappe d'eau ainsi formée constituait de la sorte un grand bras latéral du fleuve, aux eaux plus calmes, qui s'étendait jusque vers Chambéry[9].

Ainsi, le Rhône se jetait donc dans le lac du Bourget, le traversait, en sortait par des bras différents qui se réunissaient ensuite, puis il continuait sa roule par son lit actuel : c'était là le Rhône septentrional. Mais d'autre part, vers Chambéry, le Bourget communiquait avec l'Isère par un chenal qui suivait la vallée. Le bras de rivière constitué par le lac du Bourget et ce chenal de communication se continuait par l'Isère actuelle jusqu'au point où elle se jette dans le Rhône, jusqu'au confluent, où il retrouvait la première, branche du Meuve : c'était le Rhône méridional.

Telle est notre hypothèse. Nous allons maintenant étudier quelles ont été les causes qui ont permis l'existence de cet écoulement, et quelles sont celles qui ont amené sa disparition.

 

LES FORCES TRANSFORMATRICES

A l'époque où le Rhône bifurqué passait par la vallée de Chambéry, le modelé du terrain ne différai t. probablement pas beaucoup de celui que nos yeux sont accoutumés à apercevoir.

Actuellement, la vallée de Chambéry est presque partout à fond plat, mais parfois marécageuse, et, sur une grande partie de la longueur, l'œil distingue à peine des lignes de dépression-par lesquelles on croirait un écoulement possible. Cependant, en regardant les cotes sur la carte au 80.000e, on voit que l'Isère au confluent du Glandon (cote 254) domine de 4 mètres le Rhône vers le confluent du Fier (cote 250 environ), et domine de 15 mètres le Rhône aux marais de Vions (cote 239), de sorte que la pente moyenne est en sens inverse de ce qu'elle a été autrefois.

Des environs du seuil placé auprès de Myans et coté environ 310, parlent trois dépressions divergentes par lesquelles s'écoulent des ruisseaux[10]. Ce sont : l'Albanne ; elle se dirige au nord sur Chambéry, et s'y jette dans la Leisse, qui mène ses eaux au lac du Bourget ; vers le sud, le Glandon, qui va se jeter dans l'Isère ; enfin, un petit filet d'eau appelé Bon de Lange[11], incomplètement figuré sur la carte au 80.000e fortement accentué sur celle au 100.000e de l'Intérieur.

Entre l'Albanne et la Leisse est le seuil formé par les abîmes de Myans, dont nous parlerons plus loin.

En dehors de ces trois ruisseaux ou torrents, des marais encore abondants existent entre Chambéry et le lac du Bourget ; ils deviennent plus rares vers le sud. C'est tout ce qui reste des anciennes eaux[12].

Quelles forces ont pu agir à partir d'une époque inconnue pour transformer ainsi le régime des eaux ? Elles sont, croyons-nous, de plusieurs sortes.

Les érosions. — Les érosions causées par le frottement des eaux et surtout des galets sont bien connues. Même en avant de Lyon, dans quelques points particuliers, la force d'entraînement est telle que le fond du lit tout entier marche en même temps que le fleuve. C'est une débâcle générale.... Ce n'est pas un fleuve qui chemine ainsi de Lyon à la mer ; ce sont deux fleuves superposés, l'un liquide que l'on voit et que l'on touche, l'autre invisible formé d'une infinité de petits corps solides qui se déplacent sans cesse[13]....

L'affouillement du roc à Pierre-Châtel a été déterminé par une action de ce genre, puissante surtout au moment des crues et de la fonte des neiges ; l'abaissement du lit aurait ainsi favorisé la concentration des eaux dans un chenal unique.

Tandis que l'érosion creusait ainsi progressivement le chenal de Pierre-Châtel, elle agissait aussi, mais, d'une manière moins intense peut-être, dans la vallée actuelle de l'Isère.

Dans la branche de communication au contraire, l'action produite par l'érosion était faible. On conçoit en effet que le lac du Bourget et son chenal de déversement ne constituaient en somme qu'un régulateur du système hydrographique de la région. Lorsqu'à l'époque des grandes crues, le Rhône charriait un volume d'eau trop considérable, le trop-plein se déversait dans le lac du Bourget ; et ce lac ne se surélevait pas beaucoup, d'abord à cause de sa superficie, ensuite à cause de l'écoulement immédiat qu'il avait vers le sud ; le surplus des eaux du Rhône septentrional grossissait de la sorte les eaux du Rhône méridional, sans y amener de crue trop subite : le lac du Bourget se trouvait là en effet pour régulariser l'apport de ses eaux.

Les alluvions. — Les alluvions ont été surtout considérables dans la grande plaine aujourd'hui comblée sur laquelle s'étalait le lac du Bourget de l'époque ancienne. Les eaux s'étendaient sur tous les marais actuels de Lavours et de Vions, et le Rhône, apportant dans cette nappe d'eaux tranquilles les débris arrachés aux montagnes alpestres, jetait autour de lui dans un vaste épanouissement les terres les pins menues, et les répandait uniformément sur la plaine ; les gros galets au contraire, trop lourds pour sortir du lit principal, y continuaient lentement leur travail d'érosion.

Il est hors de doute que les plaines occupées aujourd'hui par les marais de Vions, dont le dessèchement a continué progressivement, ont été comblées par les alluvions du Rhône. Si ces alluvions ne se sont pas étendues très au sud, c'est précisément qu'elles n'ont pas trouvé dans les eaux tranquilles du grand lac de courant suffisant pour les entraîner.

Le Rhône septentrional en effet, comme nous l’ont indiqué M. Lugeon[14] et M. Douxami[15], devait à l'époque romaine se jeter dans le lac du Bourget, mais le traverser sans prendre comme nouvelle direction l'axe de ce lac. C'est bien ainsi d'ailleurs que nous envisageons les faits ; nous pensons seulement que ce lac donnait, issue, pour le trop-plein des eaux qui lui étaient apportées des Alpes, à un chenal conduisant à la branche méridionale du Rhône, à l'Isère actuelle.

Les alluvions apportées par le Rhône septentrional se déposaient donc de la sorte dans la partie qui avoisinait le fleuve, et on doit les retrouver sous des épaisseurs déplus en plus faibles jusque vers les anciens confins du lac. Plus au sud, la branche de communication ne doit contenir que des alluvions fort peu importantes provenant de la vallée de Chambéry, et ces alluvions sont d'autant plus difficiles à retrouver qu'elles ont été superposées et mélangées aux alluvions glaciaires, aux alluvions fluviaux provenant de l'Isère, et aux alluvions plus modernes provenant de la Leisse et des ruisseaux qui constituent le régime hydrographique actuel.

Des alluvions assez importantes ont en effet été constatées et signalées aux points que nous indiquons, et des preuves irrécusables attestent bien qu'elles sont postérieures aux débuts de l'époque historique. C'est ainsi que dans Terrenue, près du village du Bourget, on a découvert à une profondeur de 0m,80 dans le sable, des bois, des débris de barques et les restes d'un chemin ; au canal de Savières, lors des travaux de redressements, on a trouvé dans certains points les restes d'une voie pavée à plus d'un mètre au-dessous du passage actuel[16].

Il est d'ailleurs une autre série de phénomènes qui ont contribué à modifier assez profondément l'aspect de la vallée au sud de Chambéry, et qui ont beaucoup augmenté les difficultés relatives à l'élude des terrains dans cette région ; nous voulons parler des écoulements des montagnes voisines.

Les éboulements. — Les débris de montagnes, entraînés généralement par les eaux, ont agi par effondrement dans la vallée du Rhône avec une intensité particulière ; dans plusieurs cas même, ils ont eu assez d'importance pour être notés au moins comme détails historiques.

Chute du Mont Tauredunum. — Le plus ancien des éboulements connus ne s'est fait sentir que par contrecoup dans la vallée de Chambéry : c'est la chute du Mont Tauredunum.

Elle est rapportée par deux auteurs, deux époques. D'après l'un d'eux, Marius d'Avenches[17], elle se produisit en 563 dans le Valais (in territorio Vallensi) ; ce serait en amont de Genève.

D'après l'autre, Grégoire de Tours[18], voici le détail de ce qui arriva :

En Gaule, un grand prodige eut lieu au fort de Tauredunum, situé sur une montagne qui dominait, le Rhône. Après avoir fait entendre, pendant plus de soixante jours, une espèce de mugissement, cette montagne se détachant et se séparant d'un autre mont, contigu, avec les hommes, les églises, les terres et les maisons qui la couvraient, se précipita dans le fleuve, et, lui barrant le passage entre ses rives qu'elle obstruait, refoula ses eaux en arrière ; car en cet endroit, le terrain, fermé de part et d'autre par des montagnes, ne laisse qu'un étroit défilé par où s'échappe le torrent. Alors le fleuve, inondant la partie supérieure de son cours, couvrit et dévasta tout ce qui était sur ses rives. Puis, celte masse d'eau, se précipitant dans la partie inférieure, surprit les habitants comme elle avait fait plus haut, les tua, renversa les maisons, détruisit les animaux et, le long des rivages jusqu'à Genève, emporta et entraîna tout parla violence de cette inondation subite. Plusieurs racontent que là les eaux s'amoncelèrent au point d'entrer dans cette ville par-dessus les murs. Ce qui est croyable, parce que', comme nous l'avons dit, le Rhône en cet endroit coule resserré entre deux montagnes, et qu'arrêté dans son cours, il ne trouve pas dans ses rives d'ouverture pour écouler ses eaux. Puis quand il eut une fois débordé par-dessus-la montagne abattue, il submergea tout le pays.

On ne sait pas si Grégoire de Tours place la chute du mont Tauredunum en amont ou bien en aval de Genève ; ces deux interprétations ont été soutenues ; peut-être la question n'est-elle pas tranchée définitivement[19].

En tous cas, l'existence d'une chasse d'eau qui a balayé la vallée du Rhône est hors de contestation.

 

ÉBOULEMENT DU GRANIER

Un autre éboulement que nous citerons a eu lieu au treizième siècle, au seuil même que nous étudions, à dix kilomètres au sud de Chambéry, à l'endroit connu sous le nom d'Abîmes de Myans, auprès du village du même nom.

Description de Saussure. — Voici comment Saussure décrit le terrain[20] ; sa description est encore exacte aujourd'hui.

C'est une plaine d'environ une lieue en tous sens, couverte de petites éminences de forme conique, comme des taupinières, de 20 à 25 pieds de hauteur. Vers le haut du Mont Granier se voit une très grande échancrure située directement au-dessus de ces abîmes, et qui paraît[21] être le vide qu'ont laissé les rochers qui s'en sont détachés. Les eaux ont entraîné les parties les plus mobiles de ces éboulis, mais-les fragments des rochers les plus solides ont résisté à l'action des eaux, et ont servi de noyau aux éminences qui subsistent encore ; c'est ce que l'on peut aisément vérifier sur la plupart d'entre eux malgré la terre et l'herbe qui les recouvrent.

Saussure ajoute encore qu'une personne digne de foi aurait vu un missel très ancien renfermant une note manuscrite qui contenait en substance que l'an 1249 et la vigile de Sainte-Catherine, à l'heure de minuit, se formèrent les abîmes de Myans par l'éboulement d'une partie de la montagne qui anéantit la plaine qui était en bas avec plusieurs villages d'alentour.

Les abîmes de Myans. — Le chaos que présentent les abîmes est vraiment pittoresque. Des blocs énormes de rochers émergent, de terre et étalent leurs formes grisâtres au soleil ; d'autres plus petits se dressent au milieu des terres dont l'homme a repris possession, et où poussent des vignes d'un excellent rapport. Le touriste qui parcourt à pied le terrain doit à tout moment monter, puis redescendre, et il a la bonne surprise de rencontrer dans les creux d'élégants petits lacs qui s'appellent lac des Pères, lac Clair et lac Saint-André ; dans le fond du paysage, vers le S.-O., il aperçoit toujours comme un décor grandiose l'imposante silhouette du Granier. La légende de la catastrophe, rappelée à chaque instant par l'aspect du terrain, par les noms mêmes des lieux et par la dévotion populaire à N.-D. de Myans, fait planer sur ce paysage une poésie mélancolique.

La catastrophe. — C'est au XIIIe siècle que l'événement a eu lieu. Connu jusqu'à 1878 par une assez vague légende, il a été mis en pleine lumière par les travaux de l'abbé Trépier[22]. Ce prêtre a trouvé dans les archives de l'évêché de Grenoble toute une série de documents qu'il a publiés, classés et discutés ; il a pu écrire avec vérité que la catastrophe a été racontée par des chroniqueurs ou historiens de tous les siècles, depuis le XIIIe inclusivement jusqu'au XIXe.

M. Ferrand a publié un récit abrégé de la catastrophe dans le 9e volume de l'Annuaire du Club Alpin français, en 1882.

C'est dans la nuit du 24 au 25 novembre 1248 que se produisit l'éboulement ; il engloutit six villages et seize hameaux, et fit périr cinq mille personnes. M. l'abbé Trépier regarde comme démontrée l'existence d'un tremblement de terre dont les secousses se sont fait sentir jusqu'en Angleterre, et qui aurait déterminé en Savoie l'effondrement du Granier depuis longtemps disloqué.

État actuel du Granier. — En ce moment même (1900), le plateau du Granier est une figure irrégulière de près de 3 kilomètres carrés, présentant des crevasses dont la traversée est difficile, même dangereuse, car elles sont souvent cachées par un épais lapis de rhododendrons. Le Mont Granier n'est plus qu'une ruine que le temps fera sans doute disparaître.... L'observation indique qu'actuellement plusieurs crevasses s'élargissent ; ainsi se préparent sans doute de nouveaux éboulements[23].

Autres éboulements. — En dehors des éboulements dont l'histoire a gardé la date, il en est d'autres dont on retrouve les traces sur le terrain, et qui n'ont été signalés par aucun chroniqueur.

C'est ainsi que M. Hollande nous signalait, au nord de Saint-Offenge, les débris d'un éboulement assez considérable, de date inconnue, mais qui n'a pu avoir aucune influence sur l'hydrologie générale de la région. Il faut bien admettre néanmoins qu'il a contribué à en modifier la topographie.

Nous trouvons d'autre part, dans Menestrier[24], la description assez vague d'un autre éboulement qui se produisit au XVIIe siècle :

J'ai vu arriver en ce pays là quelque chose de semblable en la montagne de Pied-Gros, presque vis-à-vis du Mont Granier, quoique non pas d'une masse à beaucoup près de cette énorme grandeur.

 

ÉVALUATIONS APPROXIMATIVES

Il est difficile d'évaluer les effets qu'ont pu produire dans la région depuis plus de vingt siècles les érosions, les alluvions et les éboulements dont nous venons de parler.

Il est évident que, d'après le régime même que nous avons décrit, l'érosion a du produire des modifications assez importantes autant dans les cotes de la vallée du Rhône que dans celles de la vallée de l'Isère ; d'autre part, depuis l'établissement déjà lointain du régime actuel, les eaux des petites rivières de la vallée ont pu agir elles-mêmes par érosion dans leurs bassins respectifs avec assez d'intensité. Mais dans le lac du Bourget, l'érosion n'a pas dû agir ; car si le lac s'était épanché parmi canal de plus en plus profond, les anciennes habitations lacustres, bâties sui- des pilotis qui ne pouvaient avoir plus de 5 à 6 mètres, auraient été laissées à sec ; ce n'est pas ce qui s'est produit, puisque leurs restes ont été retrouvés dans l'eau.

Les alluvions anciennes du Rhône ont comblé peu à peu toute la partie nord de l'ancien lac ; plus lard, quand le bras de communication a été obstrué, celles de la Leisse ont contribué à combler la partie sud ; le dessèchement progressif des marais de ces deux régions est un fait historique trop connu pour que nous ayons besoin d'insister sur lui.

Quant aux effondrements, nous n'en pouvons évaluer la puissance qu'en des points très localisés ; nous croyons que celui du Granier a été la cause d'une perturbation très sensible dans lé régime hydrographique de la région qu'il a recouverte, et qu'il a probablement obstrué un chenal au sud-ouest du village de Myans.

On voit donc que ces différentes forces transformatrices ont pu agir assez puissamment pour amener des modifications sensibles dans le réseau hydrographique que nous éludions, mais qu'il est difficile d'en évaluer la puissance exactement ! Peut-on cependant affirmer qu'elles ont à elles seules occasionné un changement de régime ?

Quelques altitudes. — Pour examiner d'une façon précise cette question, déplions la carte au 1/80.000e, de l'Etat-major, et relevons-y quelques altitudes.

Le Rhône, au point où il reçoit le Fier, est à une altitude d'environ 250m (voir la feuille Nantua S.-E.). C'est jusque vers ce point, d'après M. Douxami, que s'étendait jadis le lac du Bourget. C'est donc là que commençait d'après nous la branche lacustre qui établissait la communication avec le Rhône méridional.

Sur la feuille Chambéry S.-E., nous trouvons ensuite :

La cote 238 au hameau de Praz, sur la bordure E. des marais de Vions.

La cote 236 à 200m directement plus au S. dans la direction du lac.

La cote 235 au S.-O. vers les bords du Rhône, au hameau de Montuissy.

Puis nous arrivons à la cuvette qui contient le lac actuel lui-même, et dans laquelle on descend à 121,5, puis à 86,1, qui est le point coté le plus bas, pour remonter ensuite à 122,5.

La cote 241 se trouve à un pont de la Leisse situé à 200m au S. du lac.

La cote 249 près de Villarcher.

La cote 257 près de La Motte Servolex.

La cote 290 au S.-E. de Chambéry, sur l'Albanne.

La cote 309 dans la même direction S.-E., sur le Bon de Lauge.

Notons d'autre part pour mémoire la cote 299 dans une autre direction, sur les bords du petit lac Saint-André, et la cote 291 un peu plus au sud.

Sur la feuille Grenoble N.-E. nous relevons :

La cote 265 sur le cours du Glandon.

La cote 254 sur la même rivière, un peu avant son confluent avec l'Isère.

Quelles conclusions tirons-nous du simple examen de ces cotes ?

C'est que le bassin lacustre du lac du Bourget est constitué par un entonnoir dont l'altitude minimum est cotée 86m,1, et qui se relève d'une part jusqu'au Rhône, de l'autre jusque vers Chambéry ; le lac qui jadis s'étendait au nord jusqu'à la bordure de cet entonnoir, cotée environ 250m, et qui, disons-nous, communiquait avec l'Isère actuelle, se trouve aujourd'hui réduit à des proportions bien moindres, et il est séparé de l'Isère par le seuil de Myans, à l'altitude 310m environ.

Nous pensons que les alluvions, les érosions, les phénomènes de capture, les effondrements, pourraient suffire à expliquer les changements dans le régime de la vallée. Toutefois, nous croyons à l'intervention de forces moins connues, moins faciles à constater, et plus puissantes, et nous supposons qu'il y a eu dans cette région des mouvements du sol.

 

LES MOUVEMENTS LENTS DU SOL

Si nous négligeons pour un moment les autres forces transformatrices, nous voyons que les eaux devaient s'écouler d'un point coté aujourd'hui 250 ou même si l'on veut 239 vers un point coté aujourd'hui 310.

Pour que cet écoulement ait été possible, il faudrait admettre, tout agent de modification mis à part, un affaissement des vallées.

Si le seuil à 310 est resté fixe, c'est vers le nord de la vallée de Chambéry qu'aurait eu lieu une dépression d'une soixantaine de mètres ; elle se serait fait sentir en diminuant d'intensité dans trois directions, vers le Rhône supérieur, le Rhône inférieur, et le lac du Bourget.

Quelle aurait été la cause de cette dépression ? Peut-être dépend-elle du tassement des couches d'alluvions déposées depuis des siècles dans la vallée, peut-être aussi est-ce la continuation du mouvement de plissement qui a modelé le terrain dans cette région, occupée par les étages jurassique et crétacé ou par leur débris.

Les plissements. — Les couches sédimentaires qui ont dans le principe été déposées horizontalement, se sont plissées sous l'influence de forces que nous n'avons pas à rappeler ici, et qui auraient été notamment des pressions latérales. Ces couches occupent ainsi de l'est à l'ouest une largeur en certains points moitié moindre que leur largeur primitive. Les parties saillantes des plis sont les anticlinaux, les parties en creux sont les synclinaux. Les croquis parus dans le Bulletin des services de la carte géologique de la France en avril 1892 donnent des indications sur la direction et l'intensité des ondulations aux environs du Bourget[25].

Nous pouvons donc penser que c'est peut-être la succession de mouvements de ce genre, se continuant insensiblement pendant vingt siècles, qui a contribué pour une grande part à l'établissement du régime actuel des eaux.

Manque d'observations. — Malheureusement, nulle observation scientifique ne peut, confirmer celte hypothèse de plissements se continuant à l'époque actuelle ; il est bien question parfois, dans les journaux ou dans les revues, de régions qui paraissent se soulever insensiblement, et d'autres qui paraissent s'affaisser ; on rencontre aussi, dans les villages, de vieux paysans qui déclarent que, du temps de leur père ou même du temps de leur jeunesse, les habitants de tel village voyaient le clocher de tel autre village qu'ils ne peuvent plus apercevoir ; mais il faudrait à ces observations populaires une confirmation sérieuse appuyée sur des observations scientifiques à long terme.

Des essais ont été tentés déjà par un géologue bien connu, et aussi modeste que consciencieux, M. Girardot. Son opuscule intitulé : Note sur l'étude des mouvements lents du sol dans le Jura (Lons-le-Saunier, Déclume, 1891), est des plus intéressants ; c'est une communication au Congrès des Sociétés savantes de 1890, section de géographie historique et descriptive.

Mais les observations recueillies n'ont pas encore donné de résultats précis. Elles sont en effet très difficiles : la mauvaise volonté des habitants des campagnes, le peu d'intérêt attaché à ce genre de recherches, sont déjà des obstacles sérieux à une pareille entreprise ; déplus, la méthode d'observation rigoureuse reste à trouver, il n'y a pas de niveau de base, puisque des points voisins doivent nécessairement, subir des déplacements sinon égaux, du moins proportionnels ; les causes d'erreur additionnées donnent un total supérieur à la quantité à mesurer ; enfin il faudrait, même avec une méthode sûre, non pas des années, mais des siècles d'observation pour arriver à un résultat certain.

Nous sommes, en ce qui nous concerne, convaincu de l'existence à l'époque actuelle de mouvements du sol se produisant sur des régions entières ; leur cause seule reste à déterminer.

Faut-il admettre qu'il se produit des plissements contemporains, analogues à ceux qui ont jusqu'ici donné à l'écorce terrestre le relief que nous lui voyons ? Nous avons consulté à ce sujet des géologues, et l'ensemble de leurs avis a paru nous indiquer qu'ils étaient dans l'indécision.

Quelques opinions. — La plupart d'entre eux nient en effet complètement l'existence, de plissements contemporains ; d'autres, en assez grand nombre, ne veulent, pas se prononcer sur une question qui ne leur semble pas suffisamment étudiée, et, un petit nombre enfin admet la possibilité de mouvements du sol.

M. Lugeon, privat-docent à l'Université de Lausanne, nous écrivait : Les questions que vous me posez sont très compliquées.... Si évidemment votre Rhône peut être démontré coulant dans l'Isère à l'époque romaine.... votre hypothèse de la continuation du plissement serait la seule logique ; elle a contre elle l'ensemble des connaissances de la géologie alpine[26].

M. Velain, de la Sorbonne, dans une conversation qu'il a bien voulu avoir avec nous au mois d'août 1901, nous avait exprimé à peu près le même avis : à première vue, notre hypothèse lui paraissait possible, mais il ne croyait pas à l'existence de plissements à l'époque historique.

M. Révil, de Chambéry, nous écrivait en 1900 : le n'ai pas jusqu'ici trouvé de preuves me permettant de conclure à des modifications lentes du sol ni à des plissements se continuant à l'époque actuelle[27], et plus loin : le ne puis que vous répéter que je n'ai pas d'observations me permettant de conclure à des plissements actuels.

M. Douxami, à qui nous avions exposé en détail notre hypothèse, admettait d'une manière générale, la continuation de tons les phénomènes dont nous avons parlé plus haut, mais sans vouloir les appliquer à l'explication du Rhône actuel. Il nous disait dans une lettre[28] : Ce que vous écrivez dans votre ouvrage est exact au point de vue de la complication des phénomènes qui peuvent produire un changement d'un réseau hydrographique... et les phénomènes que vous indiquez se continuent encore de nos jours.

M. Kilian, dans une lettre[29] où il nous donnait de précieux conseils au point de vue géologique, nous écrivait : La démonstration de mouvements du sol d'ordre tectonique, de plissements à l'époque historique, est une chose trop importante pour que l'on puisse la baser exclusivement sur des preuves aussi peu solides que quelques textes plus ou moins obscurs ; nous sommes habitués à une méthode plus rigoureuse.

M. Girardot, de Lons-le-Saunier, bien connu par ses nombreux travaux sur le Jurassique, nous disait dans plusieurs conversations, qu'il considérait comme possible la continuation de plissements à l'époque actuelle, mais que nulle preuve scientifique n'en avait encore pu être fournie. Son étude sur les mouvements du sol dans le Jura montre bien d'ailleurs qu'il est aussi convaincu que nous de l'existence des mouvements actuels.

Conclusion. — Nous ne voulons pas insister davantage sur les causes qui ont à notre avis déterminé les transformations successives du Rhône ancien : les érosions, les alluvions et les effondrements ont laissé des traces suffisantes pour être reconnues par tous ; les mouvements lents du sol, au contraire, se continuant insensiblement à travers les siècles, n'ont pas été constatés scientifiquement, mais sont intervenus à notre avis pour modifier la physionomie du sol, sans que d'ailleurs plus que les géologues qui y croient, nous puissions en donner la preuve.

 

 

 



[1] Ch. Lenthéric, Le Rhône. Histoire d'un fleuve, Paris, Plon, 1892. Préface.

[2] Nouvelle géographie universelle, livre II, p. 216 et suiv.

[3] Ch. Lenthéric, Le Rhône, 1892. Sec. partie, ch. III, p. 341-342 du t. I.

[4] Maurice Lugeon, Leçon d'ouverture du cours de géographie physique professé à l'Université de Lausanne. Corhaz, 1897.

[5] C'est ce que parait avoir pensé M. le colonel Perrin, Marche d'Annibal, 1887, p. 41.

[6] Voir d'ailleurs : Étude sur la vallée du Rhône par M. H. Douxami, Paris. Bérenger, 1901, p. 16.

[7] Dans une lettre du 3 décembre 1901, de Chambéry. Il ajoutait : c'est à ce moment, je crois, qu'un cours d'eau venant du côté de Grufly, de Cusy,... a pu franchir la vallée des Mollasses jusqu'à Aix-les-Bains, où il rencontrait les eaux de l'Isère... formant dans la région une véritable petite mer. C'est ce cours d'eau que j'ai signalé dans ma note de la campagne 1894.

[8] Leçon d'ouverture du cours de géographie physique, 1807. p. 24.

[9] D'ailleurs le Rhône s'écoulait peut-être encore aux environs de Culoz par des bras multiples, et constituait ce que nous appelons le Rhône multiple ; mais cette étude serait, en dehors du sujet, que nous traitons en ce moment.

[10] Les sources du Glandon et celles de l'Albanne sont à un niveau bien supérieur ; nous envisageons seulement le cours en plaine.

[11] Ce ruisseau, qui sépare les communes des Marches et de Chignin, est porté sur le cadastre avec l'orthographe Bon de Loge.

[12] Lorsqu'on monte au sommet de la tour de Myans, sur la plateforme circulaire qui entoure la statue de la Vierge, rien, n'est plus intéressant, que de reconstituer des yeux sur le terrain le parcours des eaux qui sillonnaient cette vallée il y a quelques siècles.

[13] Lenthéric, Le Rhône, tome II, seconde partie, chap. II.

[14] Lettre du 6 nov. 1901, de Lausanne.

[15] Lettre du 21 nov. 1901, de Paris.

[16] André Perrin, Étude préhistorique sur la Savoie, p. 28, dans les Mémoires de l'Académie de Savoie, 2e série. 12. Chambéry, 1872.

[17] Marius d'Avenches, Chron. de la fin du VIe siècle. Voir E. Desjardins, t. II, ch. II.

[18] Grégoire de Tours, liv. IV, XXI. Traduction de MM. Guadel et Taranne. Paris, 1836.

[19] M. Douxami nous rappelait à ce sujet : Tauredunum est placé par un grand nombre d'auteurs dans la vallée du Haut-Rhône, avant le lac de Genève, près-de Saint-Maurice-en-Valais. (21 nov. 1901.)

M. Lugeon nous écrivait de son côté à propos de cette montagne : Chacun veut la placer dans son voisinage, beaucoup voient son emplacement sur les bords du Léman, où sa place n'a jamais pu être définie. L'emplacement au pied du Grammont près Villeneuve, non loin de l'embouchure du Rhône dans le Léman, est pour moi inadmissible, à la suite de recherches en cours. (6 nov. 1901.)

[20] Voyage dans les Alpes, Neufchâtel, Genève et Paris, 1779-96, tome III, p. 17 et 18.

[21] Ce n’est d’ailleurs qu’une simple apparence.

[22] Recherches historiques sur le Décanal de Saint-André, par l'abbé Trépier (1878-1886). Publiées aussi dans les Mémoires de l'Académie de Savoie, année 1879, tome VI de la 3e série.

[23] M. Hollande, Étude sur les dislocations des montagnes calcaires de la Savoie, Chambéry, Imp. Nouvelle, 1889.

Cette dernière phrase vise principalement une fissure qui se voit directement de la vallée, et qui coupe le rocher de haut en bas à 150 mètres de l'angle nord du Granier ; une source jaillit sur l'autre lace. Depuis le village même des Marches, on peut distinguer à l'œil nu la crevasse et la source.

[24] Menestrier, Histoire civile et consulaire de Lyon, Lyon, 1696, pages 322 et 323.

[25] N° 29. Tome IV. 1892-1893. Contact du Jura méridional et de la zone subalpine aux environs de Chambéry (Savoie), par M. Hollande. Paris, Baudry, 1892.

[26] Lettre de Lausanne, 6 nov. 1901.

[27] Lettre de Chambéry, 28 août 1900.

[28] De Paris, 21 nov. 1901.

[29] De Grenoble, 20 nov. 1901.