RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

TOME TROISIÈME. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE (SUITE).

LA MARINE ET LES COLONIES.

CHAPITRE II. — LE PERSONNEL : OFFICIERS DE MARINE ET MATELOTS.

 

 

L'amiral de France, en quoi consiste son emploi. — Amiraux de Bretagne, Provence et Guyenne. — Richelieu créé grand maître de la navigation. — Le ministère de la marine. — Défauts du commandement supérieur. — Sourdis et d'Harcourt ; le général des galères. — Capitaines de mer ; personnel aristocratique des galères, officiers plébéiens des vaisseaux ronds. — Projets d'une école navale. — Recrutement des matelots. — Les galériens ; comment on se les procure. — Administration de la marine.

 

Il faut avant tout que le lecteur, imbu de l'organisation moderne, ne cherche à établir aucune analogie entre le titre d'amiral de France, tel qu'il existe jusqu'à Louis XIII, et le grade actuel de même nom. Un préfet maritime, propriétaire de sa charge, jugeant les causes navales par des magistrats qu'il a nommés, réglant d'une façon à peu près souveraine les rapports de la mer avec la terre, et de la terre avec la mer, tel est l'amiral. Il serait chef de toutes les armées de mer ; mais comme il n'y en a aucune, il se préoccupe, non des vaisseaux qui pourraient, en cas de guerre, défendre les ports, mais des vaisseaux qui viennent en temps de paix s'échouer sur les côtes. Il a le tiers de toutes les prises, et profite, en vrai pirate de terre ferme, de ces droits cruels de naufrage et de curée, que la civilisation n'avait pas encore abolis. Joignez-y les confiscations et les amendes ; la mer est pour lui une ferme, que ses agents du littoral ont mission de faire valoir[1]. Il n'y a rien de commun entre l'amiral et le maréchal de France. L'amiralat étant un office, transmissible par vente, ne peut se comparer au maréchalat, dignité personnelle, viagère, gratuite. Quelques amiraux jusqu'à Louis XIII devinrent maréchaux de France, y compris le duc de Montmorency[2] ; c'était un honneur dont ils étaient fiers. Sous Louis XIV, il y eut égalité entre les officiers de mer et de terre, les plus illustres parmi les premiers devinrent lieutenants généraux, voire maréchaux, comme Tourville. Avant Richelieu, ceux qu'on nomme les officiers de l'amirauté : vice-amiraux, capitaines gardes-côtes, pilotes commissionnés, messagers, sont pour la plupart des bureaucrates, qui ne voient la mer que du rivage, et n'ont rien de guerrier[3].

Amiral de France n'est du reste qu'un nom ; la juridiction du titulaire ne s'étend que sur la Picardie, la Normandie, l'Aunis, la Saintonge et le Poitou. Le gouverneur de Guyenne ne reconnaissait à personne le droit de se mêler de la marine de sa province. La Bretagne et la Provence avaient pour amiraux particuliers leurs gouverneurs[4]. 1.200.000 livres à Montmorency pour abandonner sa charge d'amiral de France, 900.000 à Guise pour quitter celle d'amiral du Levant, à laquelle il prétendait comme gouverneur de Provence, le gouvernement de Bretagne donné à Richelieu qui y eut ainsi l'amirauté, l'emploi de l'intimidation en Guyenne contre d'Épernon, et le pouvoir le plus absolu sur mer, dans les ports et sur les côtes, conféré au cardinal avec le titre nouveau qu'il s'était choisi, donnèrent à la marine une organisation nouvelle[5]. Tout l'ancien système fonctionnait d'une façon si rudimentaire qu'on ne connaissait ni les revenus ni les droits des diverses amirautés ; M. de Montmorency avait promis de livrer ses archives, il ne s'exécuta pas ; sans doute parce qu'il n'en avait aucune[6].

Devenu général des vaisseaux du Roi, condition bien différente à sa robe, dit l'agent secret d'Espagne à Paris ; le cardinal, ministre de la marine, songea à créer un ministère de la marine. Il réussit mieux pour le matériel que pour le personnel ; non pas que les officiers lui aient manqué, au contraire ; il est même étonnant de voir surgir si vite une pléiade si nombreuse de capitaines de mer qui unissent à tant de courage, tant de capacité. Seulement, Richelieu avait, selon la locution usuelle, les défauts de ses qualités ; son absolutisme ne se relâchait jamais. Il n'aimait pas, jusque dans les plus petites choses, et même pour très-peu de temps, à abdiquer, à déléguer la moindre parcelle de son autorité. Il craint, s'il la prête, qu'on ne la lui rende pas. Par suite, il est ennemi de toute hiérarchie, qui aurait pour effet de lier les mains de celui qui est placé au sommet. Avide de responsabilité pour lui-même, il divisait celle qu'il confiait aux autres, en plusieurs morceaux. Lorsqu'il créait le comte d'Harcourt lieutenant général de l'armée navale, et l'archevêque de Bordeaux chef des conseils en icelle, on ne sait pas lequel des deux sera subordonné à l'autre ; l'un était le bras, l'autre la tête, mais ce bras et cette tête paraissent indépendants, du moins égaux[7]. La mauvaise organisation du commandement supérieur que l'on signale dans l'armée, se fit beaucoup plus vivement sentir dans la marine, et paralysa son action. On voit, par la correspondance de Sourdis, que personne ne voulait obéir, et que presque tout le monde voulait commander. Par suite, on ne savait jamais à qui attribuer la victoire, mais on savait bien moins encore à qui attribuer la défaite. Quand on réussissait, le comte écrivait en cour que ç'avait été par son avis contre celui de l'archevêque, l'archevêque écrivait que ç'avait été par le sien, contre celui du sieur comte.

Et Richelieu, qui le constate et nous l'apprend, n'y remédie pas. Nous laissons ici de côté la valeur personnelle de cet archevêque de Bordeaux qui, sauf quelques voyages en Italie et à la Rochelle, ne parait pas avoir eu grandes occasions d'acquérir la connaissance de son métier de chef d'escadre ; nous ne nous arrêtons pas davantage sur les défauts, vrais ou faux, de son caractère, qui lui valurent les altercations suivies de voies de fait avec d'Épernon et Vitry, dont nous avons parlé ailleurs[8] ; mais dans l'exercice de sa charge, il n'ose absolument faire un pas qu'après avoir reçu l'approbation du premier ministre. Richelieu finit par lui écrire : Ne vous imaginez pas qu'un homme qui n'entreprend rien que par raison, et qui en l'exécution d'un dessein fait ce que la prudence et l'honneur conseillent, soit responsable des événements, quand même ils n'arrivent pas bons. Ce qui n'empêche pas le cardinal de disgracier brutalement Sourdis, après la défaite de Tarragone, en lui reprochant d'avoir laissé passer, sans tirer un coup de canon, les transports espagnols destinés à ravitailler la ville[9].

Richelieu, souverain sur toutes les côtes, ne pouvait cependant confier le commandement de la Méditerranée qu'au général des galères qui avait plein pouvoir sur les vaisseaux ronds dans les mers et armées du Levant. En 1626, le duc de Retz, un Gondi successeur d'un Gondi, tenait l'emploi, et avait dès Page de dix-sept ans fait l'apprentissage de la mer[10]. Le cardinal soumit le général des galères aux lieutenants généraux envoyés par lui, et munis d'un pouvoir spécial ; dans les affaires courantes, il ordonne même au lieutenant des galères, le bailli de Forbin, de correspondre non plus avec le général son supérieur, mais avec le secrétaire d'État de la guerre[11]. Pour avoir davantage sous la main cette charge, la seule qui frit inamovible, il la donna plus tard à son neveu de Pont-Courlay, le plus triste sire du monde ; or, ce dernier se permit des actes de despotisme, tels que casser des capitaines de galères sans motif, de son autorité privée[12], et créa plus d'une fois, par ses sottises, de grands embarras au gouvernement.

Où le grand maître fut vraiment heureux, c'est dans le recrutement des officiers subalternes, des capitaines, des lieutenants de navire. L'éditeur des lettres de Sourdis s'exprime ainsi dans la préface de sa Correspondance : Les connaissances nécessaires à la conduite et à l'évolution d'un vaisseau manquaient absolument à M. de Bordeaux, comme à presque tous les amiraux. Car alors la science et la pratique nautique allaient généralement en raison inverse de l'éminence des grades ; les pilotes et maîtres, à quelques glorieuses exceptions près, étant toujours seuls chargés de la marche et de la conduite du navire[13]. Cette observation, qui semble vraie pour Sourdis, est tout à fait fausse et injuste pour les autres.

La marine était aimée et honorée sur les côtes de Provence et de Languedoc ; on était fier dans la noblesse de robe ou d'épée de ces quartiers-là, de commander une galère. Pour faire son service à bord de celle dont il est capitaine, le premier président de la Chambre des comptes d'Aix, Séguiran, quitte de temps à autre son siège de magistrat[14]. MM. d'Aiguebonne, le chevalier de La Valette, le baron d'Esguilly, de Chapes, de la Marthe et bien d'autres gentilshommes font partie de cet état-major, dont le bailli de Forbin est le chef, et à qui l'ordre de Malte fournit sans cesse des sujets distingués[15]. La marine de l'Atlantique, elle, est tout d'abord roturière ; c'est aux classes moyennes, à la race des o vieux loups de mer », semi-corsaires, semi-pécheurs, patrons de grandes barques : pinasses, traversiers ou brigantins, qu'appartiennent ces ancêtres de nos capitaines de vaisseau, que l'on appelle, faute de désignation meilleure, des capitaines de mer ou des capitaines particuliers. De ce nombre sont : Audouin, qui coupa avec son épée le bras d'un Rochelais pour l'empêcher d'atteindre son gouvernail, Richardière, dit le capitaine Maupas, qui dirige le secours envoyé à l'île de Ré, Desplan, Coupeauville, Bontemps et l'illustre Duquesne, d'abord corsaire équipé aux dépens du Roi, qui commence sa carrière par la prise de deux vaisseaux anglais[16]. Devenu l'un des meilleurs capitaines entretenus de notre marine, il contribua puissamment, à la fin du règne, à cette victoire de Gattari, où les Espagnols, dont les vaisseaux brûlaient, incapables de se défendre, tiraient leurs épées et s'enveloppaient dans leurs pavillons, en guise de suaire, pour mourir.

Tous ces officiers savaient, certes, manœuvrer eux-mêmes le vaisseau, petit ou grand, qui leur était confié, et n'en étaient pas réduits à dépendre des lumières de leur pilote. On en peut dire autant des personnages qui vinrent se joindre à eux, avec une commission du Roi et non plus seulement de l'amirale comme on avait fait jusqu'alors[17]. Les chevaliers des Roches et de Razilly, le commandeur Desgouttes, les sieurs de Mailly, de Miraumont, de Charnacé, de La Roche-Allard, une infinité de gens des meilleures maisons du royaume, sollicitent la conduite d'un vaisseau. S'ils ont plus de fortune que les précédents, s'ils ont suivi toutes les classes des Jésuites, comme un d'eux le fait valoir, ils n'en sont pas moins rompus au métier maritime[18]. Razilly a pu commander sur terre les régiments de Saintonge et de Périgord ; cela ne l'empêche pas d'avoir mené sur les côtes d'Algérie et de Maroc, l'une des plus habiles campagnes de l'époque[19]. Tous font leurs preuves. C'est au bout de vingt ans d'ancienneté que le chevalier Pichon, très-intelligent au fait de la marine, obtient le vaisseau commandé par son beau-frère le chevalier de Pontac, mort au service du Roi. Un lieutenant de vaisseau qui porte les armes en mer depuis dix ans demande à succéder à son capitaine. Chaque navire avait un lieutenant et un enseigne, choisis tous deux par le capitaine, qui appelait à ces postes la plupart du temps son fils, son frère, son gendre ou son neveu[20] ; c'était une bonne école pour le jeune marin.

Elle tenait lieu de celle que Richelieu avait conçue et dont il traça le plan. 16 jeunes gentilshommes, entretenus à 400 livres de pension annuelle, devaient être instruits par des pilotes hydrographes et rendus capables de servir, 200 jeunes hommes et enfants de huit à vingt ans eussent aussi été éduqués à la mer, sans compter 150 élèves-canonniers, pris dans les contrées maritimes, dont on eût, par des prix mensuels, stimulé l'émulation[21]. Bien que ces projets n'aient pas reçu d'exécution, les officiers ne manquèrent pas aux vaisseaux de Sa Majesté.

Pour se procurer des matelots, le gouvernement suivit l'exemple que Venise avait donné au moyen âge et que la Hollande, transportant sur le Zuiderzee la rigoureuse législation de l'Adriatique, venait d'imiter. Il interdit l'exportation du matelot français qui se pratiquait jusqu'alors ; il ordonna à tous ceux qui étaient en service à l'étranger, de revenir en France sous quinze jours, à peine de confiscation de leurs biens et d'expulsion de leurs femmes et de leurs enfants[22]. Or le matelot français était un des meilleurs de l'Europe ; comme guerrier il était très-supérieur à l'anglais. Afin de connaître en tout temps le personnel dont il pouvait disposer, le cardinal prescrivit de dresser tous les ans un état des hommes qui font profession du métier de la mer. C'était le germe de l'inscription maritime que Louis XIV inaugura et qui fonctionne encore aujourd'hui. Sur la Méditerranée, le chevalier des Roches se livrait, d'après le programme de Richelieu, à une immense enquête économique et navale ; il devait s'informer des noms et demeures de tous les gens expérimentés du Levant, et pour quels lieux ils étaient les meilleurs[23].

Le matelot ou soldat-matelot ne jouait pas à bord des galères, comme sur les vaisseaux ronds, le double rôle d'homme de guerre pour combattre et de marin pour faire marcher le navire. Cette dernière fonction était confiée à une équipe spéciale de mariniers[24]. Outre les matelots et les mariniers, il fallait encore des rameurs ; quelque bonne-voglies (gens de bonne volonté) s'engageaient dans la chiourme pour de l'argent[25] ; mais ces rameurs libres ne comptent pas, vu leur petit nombre. Tous les autres étaient ces galériens, inséparables de la prison flottante dont ils portaient le nom. Le forçat d'alors ne ressemble en rien au forçat moderne ; souvent ce n'est pas un criminel, mais un prisonnier de guerre. En 1635, on condamne aux galères 1.400 soldats de l'armée du duc de Lorraine tombés entre nos mains ; il est vrai que là-dessus il en arriva à peine 150 à Marseille. Les autres s'étaient échappés, avaient gagné les gardiens[26], ou étaient probablement morts en route, par suite du mauvais traitement qu'ils subissaient ; ce qui, disait une ordonnance royale, retarde notre service, parce que nous avons bien besoin de forçats. Le commissaire-conducteur des condamnés aux galères formait à Paris la chaine qui se dirigeait à pied vers Lyon, suivie de charrettes où l'on mettait les malades ; à Lyon on embarquait le convoi sur le Rhône, dans des bateaux si humides que l'eau y pénétrait souvent. Les malheureux étaient jetés là, comme des pierres, du fer, ou toute marchandise non sujette à se détériorer, en vrac selon le terme des compagnies de chemin de fer ; plus tard, en raison des pertes éprouvées, on fit un plancher dans le fond du navire et un plafond de bois au-dessus pour préserver ces malheureux de la chaleur[27]. Une fois rendus à destination, il n'était pas facile aux gens de chiourme de reconquérir leur liberté, même s'ils y avaient droit. Il leur fallait lutter contre la mauvaise volonté des capitaines, qui, pour ne pas désorganiser leurs équipages, s'efforçaient toujours de retarder les ordres d'élargissement. Pour tirer des galères de France les Espagnols et Portugais pris depuis le commencement de la guerre, un Juif de Provence, chargé de la négociation, promet de donner une rançon et, de plus, d'autres forçats à mettre à leur place[28].

Au point de vue pénal, l'État qui ne pouvait se passer d'un effectif permanent de six à sept mille rameurs, était amené, pour en assurer le recrutement, d'une part à modérer aux peines des galères les accusés qui n'étaient pas convaincus de crimes énormes, de l'autre, à purger Paris et autres villes des vagabonds et gens sans aveu, en les envoyant aux galères, sans néanmoins leur faire aucune injustice. On ne peut nier que cette utilisation du condamné par le gouvernement, n'eût pour résultat tant soit peu immoral, d'appliquer une punition identique à ceux qui ne méritaient pas autant, et à ceux qui méritaient davantage[29].

La marine avait, à côté de son personnel actif et militaire, un personnel judiciaire et administratif qui lui était propre. Au premier, nous avons reproché de n'avoir pas de chefs ; au second, nous reprochons d'avoir trop de juges. Tous les capitaines de vaisseaux étaient égaux. Le plus ancien commande la flotte en qualité d'amiral, pendant les trois premiers mois ; le second lui succède pendant les trois mois suivants, et ainsi de suite ils sont chacun leur tour vice-amiral, pendant que leur collègue est amiral. Les deux capitaines qui viennent ensuite font à tour de rôle, dans les mêmes conditions, les fonctions de contre-amiral. Ce sont là des emplois passagers, non des grades[30] ; tout vaisseau monté par le chef d'une expédition se nomme amiral, le navire de droite s'appelle vice-amiral, celui de gauche contre-amiral[31]. Ce fut seulement dans les dernières années de son ministère, que Richelieu donna à quelques officiers, qu'il créa capitaines d'amirauté ou chefs d'escadre, une supériorité permanente sur leurs collègues.

Pour l'administration, le grand maitre en chargea huit lieutenants généraux, sorte d'inspecteurs de marine, entre lesquels il divisa le littoral. Ce furent des maitres des requêtes, des conseillers d'État intelligents et dévoués. Il avait auprès de sa personne un secrétaire chargé spécialement de correspondre avec eux, et songea à leur adjoindre seize commissaires dans les principaux ports[32], et à créer un conseil de marine composé de six chevaliers. Mais à côté de ces institutions, il laisse subsister, bien plus, il accroit sans mesure les anciens sièges de justice navale : greffiers et archers, nouveaux magistrats en grand nombre, dans toute la France et dans des bourgs de quinzième ordre. Ces mesures fiscales compliquaient singulièrement la juridiction, déjà fort embrouillée, de la mer. Les tribunaux soi-disant chargés de faire la police et d'entretenir les havres, comptaient au plus un membre sur quinze, susceptible de s'en occuper[33].

 

 

 



[1] Les gages de l'amiral étaient, en outre, de 40.000 livres, auxquelles Richelieu renonça quand il remplaça Montmorency. (Mémoires, t. I, p. 585.) Il jouit, du reste, par don spécial, des droits de naufrage et autres de l'amiral. (Plumitif de la Chambre des comptes, P. 2769, f. 81.) En 1627.

[2] On vit aussi un maréchal de France, le Sr d'Annebaut, fait amiral, sous François Ier, mais il ne quitte point l'état de maréchal.

[3] Aff. Etrang., t. 781, f. 177 ; t. 783, f. 202.

[4] Aff. Etrang., t. 797, f. 60. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, 693.

[5] La charge de vice-amiral de France, possédée par le marquis de Portes-Budos, fut remise par lui à son neveu, le duc de Montmorency, moyennant 150.000 livres ; ce dernier la revendit au Roi avec la sienne. Il reçut 96.000 livres par an, sur lesquelles il en donna 12.500 à son oncle. (Arch. Nat. K. 113. n° 23.) — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 152. — Le Sr des Barraulx était vice-amiral de Guyenne ; sa juridiction s'étendait depuis les côtes d'Espagne jusqu'en Bretagne ; on l'avait oublié dans la répartition des indemnités ; il ne fut remboursé que plus tard. — Aff. Etrang., t. 785, f. 131, 135.

[6] Aff. Étrang., t. 781, f. 105, 313 ; t. 789, f. 139 ; t. 796, f. 8 et 67. — TALLEMANT (t. II, p. 167) raconte sur la façon dont Richelieu s'y serait pris pour devenir grand maitre de la navigation, une anecdote absurde et de pure invention.

[7] Arch. Guerre, XXXII, p. 277. — RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 211. — Lettres et papiers d'État, t. VII, p. 249. — Correspondance de SOURDIS, t. I, p. 77. — En 1639, Sourdis était lieutenant général du Roi. — Son Pouvoir de 1636 le nomme chef des conseils du Roi, eu l'armée navale, près du Sr d'Harcourt, et aussi de la direction des subsistances de l'armée, fortifications de places, règlements de dépense, jugement de prises, etc.

[8] Vitry accuse Sourdis d'être insupportable par son arrogance, léger et irrésolu, incapable d'affaires par une présomption qu'il a de sa suffisance. (Correspondance de SOURDIS, t. I, p. 225.) Mais il y a bien à dire aussi sur Vitry, et l'histoire a de la peine à se prononcer.

[9] Correspondance de SOURDIS, LXXXIII. — L'archevêque disait pour sa défense que l'armée française ne comptait que 18 vaisseaux et 19 galères, tandis que la flotte espagnole se composait de 35 vaisseaux et 29 galères. — Il fut exilé d'abord à Carpentras (1641), puis à Vaison (1641), et ensuite laissé libre de résider où il lui plairait dans le Comtat, sauf à Avignon.

[10] Aff. Etrang., t. 810, f. 100 ; t. 812, f. 353. — TALLEMANT (t. VII, p. 48) dit que M. de Guise, tant qu'il fut amiral du Levant, prétendait être supérieur au général des galères.

Les généraux des galères de ce temps furent Philippe-Emmanuel de Gondi, comte de Joigny, chevalier des Ordres (1598-1615), puis Pierre de Gondi, duc de Retz (1615-1635), qui avait épousé Jeanne de Beaupréau, fille de Guy de Scépeaux de Beaupréau, d'abord fiancée au duc de Montmorency, et dont le cardinal de lieu parle dans ses Mémoires. — Après eux vint François de Vignerod, marquis de Pont-Courlay.

[11] Le bailli de Forbin s'en excuse auprès de Gondi, mais allègue les ordres d'en haut. — Aff. Étrang., t. 789, F. 6 ; t. 797, f. 92. — RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 97, 353.

[12] Correspondance de SOURDIS, t. I, p.75. — Richelieu, qui le morigénait sans cesse, fit rétablir ces officiers, et ordonna au général de leur faire des excuses.

[13] Correspondance de SOURDIS, LXXXIII.

[14] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 922. — Arch. Guerre, XXXI, 111. — Séguiran fut aussi lieutenant général de la marine en Provence.

[15] Cf. Aff. Étrang., t. 797, f. 173, 178. État de la marine du Levant en 1630. — M. de Forbin commandait la Béate, galère de trente bancs, qui voguait à 28. (Voyez l'Appendice à la fin du volume.)

Parmi les autres dignitaires de Malte dans le Midi, on peut citer frère Georges (le Castellane, commandeur de Caignac, frère Denis de Polastron, commandeur de La Cavalerie. (Arch. dép. de la Haute-Garonne, B. 406.) Un Français, le capitaine Giron, fut à cette époque (1643) créé vice-amiral de Cornouailles, bien que les Anglais ne pussent souffrir qu'un étranger fût admis à cette charge. LA BOULLAYE LE GOUEZ, Impressions de voyage, p. 422.

[16] Aff. Etrang., t. 784, f. 244. — En 1627. — On lui en donne la cargaison ; elle se composait de hardes et de morues.

Correspondance de SOURDIS, t. II, p. 20. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 676. — RICHELIEU, Mémoires, p. 459, 472, 473, 533.

[17] C'est néanmoins entre les mains de Richelieu, que ces officiers continuent à prêter serment ; le procès-verbal de cette prestation était enregistré à la Chambre des comptes. (Déclaration du 10 mars 1634.)

[18] Voyez l'Appendice. — Aff. Étrang., t. 781, f. 177 ; t. 797, f. 155 et 198 ; t. 809, f. 126. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 434. RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 333. — Le commandeur Desgouttes, qui montait l'Amiral en 1630, joua plus tard un rôle consultatif en 1641.

[19] Arch. Guerre, XXXII, 81. — Claude de Razilly, Sr de Launay, fils de François de R., Sr des Eaux, Mesles et Cuon, chevalier des Ordres, et de Marie de Clermont-Thoury, fut capitaine entretenu, chef d'escadre. Il négocia un traité utile à la France, avec le sultan de Maroc. Son frère, hase de Razilly, joua également un rôle considérable dans la marine du temps. — Détail curieux : le contrat de mariage de son fils Gabriel fut rédigé par le notaire Arouet, père de Voltaire.

[20] Aff. Étrang., t. 783, f. 97 ; t. 786, p. f. 67 ; t. 791, f. 129 ; t. 796, f. 320. — Correspondance de SOURDIS, t. I, p. 37, 38. — L'enseigne était souvent un parent du lieutenant ; dans les petits navires, il n'y avait que deux officiers.

[21] Ils devaient avoir de quinze à vingt-cinq ans, et auraient reçu 10 livres chacun ; plus 1.000 livres consistant en pièces de drap pour habillement, qu'on leur eût distribuées comme récompense. Il y aurait eu trois écoles ; à la tête de chacune un maitre canonnier payé 200 livres ; on évaluait à 6.000 livres les douze milliers de poudre à canon qui eussent été employés aux leçons. — Aff. Étrang., t. 787, f. 215 ; t. 797, f. 54.

[22] Correspondance de SOURDIS, t. I, p. 160. (En 1636.) — M. GOURAUD, Histoire de la politique commerciale de la France, t. I, p. 185.

[23] Aff. Etrang., t. 790, f. 21 ; t. 797, f. 56 et 160. — Le roi de Danemark usait, pour avoir toujours sur pied 2.000 matelots, d'un autre procédé ; il leur donnait 10 risdales de gages (à peu près 18 livres 10 sous) et un habillement, mais il ne les nourrissait que quand ils servaient. Ils devaient se tenir prêts à partir en tout temps. DESHAYES DE COURMENIN, Voyage en Danemark, p. 229.

[24] Une galère quinquérame avait, en 1630, 270 forçats, 24 officiers, (lieutenant, aumônier, commis, sous-commis de misaine, sous-commis de proue, etc.), 8 officiers de maistrance (dont un maitre de hache), 60 mariniers (dont 14 officiers, un pilote, 4 timoniers) et 80 matelots. Les galères septirames avaient 360 forçats, 80 mariniers, 103 matelots-soldats. — Aff. Etrang., t. 797, f. 157. — Il y avait dans chaque galère un aumônier, d'abord séculier, puis Jésuite, qui, chaque dimanche, disait la messe sur le port, et, chaque soir au soleil couchant, allait sur sa galère chanter les litanies, à la fin desquelles tous les forçats jetaient un cri épouvantable, pareil au hurlement des chiens, qui tenait lieu de couvre-feu.

On ne disait la messe qu'une fois dans chaque galère avant de la mettre à la mer. — Voyage de J. BOUCHARD, en 1630, p. 173. — Arch. Guerre, LVI, 242.

[25] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 573 ; t. III, p. 173. — Correspondance de SOURDIS, t. II, p. 240.

[26] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 634.

[27] Arch. Guerre, XXXVI, 137. Les conducteurs des forçats furent, sous Louis XIII, le Sr du Buisson, puis le Sr Guillaume de Billy. — Arch. dép. de l'Isère, B. 2416.

[28] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 1067. — DE GRAMMONT, Relations sur la Régence d'Alger, t. I, p. 17. — Correspondance de SOURDIS, t. I, p. 527.

[29] Arch. Guerre, LVI, 238. — Déclaration de mai 1635. — Aff. Étrang., 4. 797, f. 180, 191 ; t. 812, f. 351. La galère réale est montée par 643 hommes, dont 410 pour la navigation. — L'effectif de 24 galères en 1634, est de 11.075 hommes. — Lettre, et papiers d'État, t. VI, p. 679.

[30] Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 738. — En Angleterre, au-dessous du vice-amiral, il y avait l'arrière-amiral.

[31] Aff. Étrang., t. 785, f. 315. — Le sieur des Monts ayant proposé de coloniser la Nouvelle-France (Canada), obtint du Roi d'y aller avec titre de vice-amiral. Le Mercure, an. 1608, p. 295.

[32] Aff. Étrang., t. 787, f. 215. — Comparer à l'Appendice avec le budget de la marine, en 1635, qui est un peu différent. Les commissaires avaient 400 livres de gages ; les lieutenants généraux de la marine avaient 1.500 livres ainsi que le secrétaire. Parmi ces lieutenants généraux que M. HANOTAUX appelle intendants de la marine (Les premiers intendants de justice, p. 176) on peut citer Lauzon et d'Infreville en Normandie, Machaut en Bretagne, Vauron en Poitou (1627), de Villemontée à la Rochelle (1630), Séguiran en Provence (1633).

[33] Le capitaine garde-côtes. — Édits d'août 1630 ; de juillet 1633, créant 7 sièges en Languedoc et 16 en Poitou. — Aff. Étrang., t. 787. f. 256 ; t. 803, f. 246.