Tout ce qui, par profession ou par goût, se préoccupait des choses de l'esprit, se range naturellement sous ce titre. Bourgeois enrichis qui employaient leurs loisirs à cultiver leur intelligence[1], fonctionnaires et négociants désireux de se distraire des tracas de l'administration ou des affaires, voilà les premiers éléments du groupe. Il comprend encore les représentants des professions libérales. Les gens du barreau, par exemple, pullulaient au point que Juvénal nommait déjà l'Afrique la terre nourricière des avocats[2]. Les médecins n'étaient pas rares non plus, toutes les variétés que nous en connaissons encore aujourd'hui défilent dans un curieux passage de la Cité de Dieu[3]. Voici d'abord le médecin de famille, avisé mais timide, en butte aux railleries de ses confrères ; puis le drogueur, entiché de ses poudres et de ses flacons ; le chirurgien, qui ne demande qu'à tailler et ne se fie qu'à sa lancette ; le médecin consultant, l'illustre maître, dont le diagnostic tombe d'ordinaire à faux ; le savant, qui croit à l'infaillibilité de la science et qui défend de guérir contre les règles d'Hippocrate ; enfin, le praticien calme et scrupuleux, devant le mérite de qui chacun s'incline. Parfois, leur renom dépassait l'enceinte de la ville, même les limites de l'Afrique ; ce fut le cas du charitable Gennadius, ami de saint Augustin[4], qui, après avoir brillé à Rome, était revenu exercer dans son pays et faire profiter de sa notoriété le corps médical carthaginois. Aux avocats, aux médecins, joignons le clergé chrétien qui se recrutait d'ordinaire parmi les fidèles les plus instruits et se préparait par l'étude au sacerdoce. Telle est, dans ses traits généraux, la composition de la minorité lettrée. Toutefois, le véritable foyer littéraire, ce sont les écoles, depuis celles où l'enfance apprend le rudiment jusqu'à ces cours relevés où dissertent les professeurs en vogue. C'est là que les intelligences s'ouvrent et se développent ; c'est là que s'élabore la science ; c'est là que le talent, s'il n'éclot pas, s'assouplit et s'affine. Le monde des écoles nous est assez bien connu. Les auteurs africains, presque tous professeurs ou anciens étudiants, étaient en situation de nous fournir des détails sur l'instruction distribuée ou reçue par eux, et, comme le sujet les intéressait, ils y sont revenus plus d'une fois. Salvien ne fait, sans doute, qu'une énumération oratoire quand il dit[5] qu'on rencontre à Carthage des écoles pour les arts libéraux, des officines pour les philosophes, enfin des gymnases de toute espèce où l'on enseigne les langues et les bonnes mœurs. Apulée et saint Augustin[6] séparent d'une manière plus nette les divers enseignements : celui du maitre primaire (litterator ou primas magister), qui apprend à lire, à écrire, à compter, celui du grammairien et celui du rhéteur. C'était la division ordinaire des études telle que les Romains l'avaient empruntée aux Grecs[7]. Il n'est pas nécessaire d'avoir des données sur les classes enfantines pour en affirmer l'existence. On se passe plus aisément de rhéteurs que de pédagogues ; l'a b c d est indispensable pour lire les poètes et les orateurs. Le jeune Augustin avait appris le rudiment à Thagaste ; la description qu'il nous a laissée des mœurs scolaires[8] s'applique donc surtout à cette petite cité de Numidie. En agrandissant un peu le cadre, elle concernerait aussi bien une ville plus considérable. Il n'y a pas deux manières de faire répéter : Un et un font deux, deux et deux font quatre. Et ce refrain, odieux aux enfants numides, ne devait pas sembler moins déplaisant parfois à leurs petits camarades carthaginois. Ceux d'entre eux qui cherchaient à s'instruire davantage passaient ensuite sous la direction du grammairien ; ils y accomplissaient leurs humanités[9]. Les langues grecque et latine forment la substance de l'enseignement ; aux essais de traduction, aux exercices de mémoire, on ajoute de fréquentes séances de prononciation, afin d'assouplir les gosiers rebelles ; la lecture des poètes et des prosateurs complète les études littéraires proprement dites. Sans doute aussi, comme à Rome, des notions de métrique, de musique, de philosophie, de mathématiques et d'astronomie étaient inculquées par le maître à ses élèves. Nous ne possédons d'indications précises que sur la première partie de ce programme. Virgile était très populaire[10] ; les Carthaginois ne devaient-ils pas se montrer reconnaissants envers le chantre de Didon, qui avait tant contribué à la gloire de leur ville ? Pourtant ils se gardaient de tout exclusivisme, on pourrait plutôt leur reprocher un éclectisme exagéré. L'Anthologie[11] composée à Carthage, avant tout, par conséquent, pour les écoliers indigènes, nous en donne le droit. Cette compilation fut entreprise vers 532, sur l'ordre d'un prince vandale, par un jeune homme du nom d'Octavianus. La seconde moitié du recueil est remplie de pièces dues à Octavianus lui-même et à divers contemporains, aux poètes d'autrefois est réservée la première[12], ceux-ci, j'en ai la conviction, avaient toujours été proposés en modèles. Sénèque, Pétrone, Martial, Pline le Jeune, Apulée, César, Auguste, Hadrien, d'autres empereurs et quelques auteurs inconnus figurent dans la liste. Mais elle n'est pas complète, il s'en faut de beaucoup ; les manuscrits, aujourd'hui fort délabrés, portaient encore bien d'autres noms, par exemple, celui d'Ovide[13]. Virgile surtout est largement représenté : petits vers dont on lui attribue la paternité, sommaires versifiés de l'Enéide, louanges du poète, centons extraits de ses œuvres, rien n'y manque[14]. Je n'oublie pas non plus les Carmina duodevim sapientum de diversis causis, développements fastidieux sur un thème donné[15], sorte de tournoi poétique où douze versificateurs gaulois s'escriment sur les matières les plus vides. Voilà ce que les grammairiens expliquèrent et commentèrent à leurs élèves. Le goût s'épurait-il à ces lectures ? Je n'en suis pas persuadé. Aussi bien plusieurs morceaux de cette Anthologie sont d'un tour plus que libre et ne sauraient, selon nos idées modernes, être mis sans inconvénients sérieux sous les yeux de la jeunesse. Les païens acceptaient tout ; les chrétiens, au contraire, car on sait qu'en dépit des objurgations de Tertullien[16] plus d'un embrassait la carrière de l'enseignement, devaient contrôler avec plus de soin les lectures et séparer autant que possible l'ivraie du bon grain. Tous cependant appuyaient leurs leçons sur les écrits des poètes. On ne négligeait pas tout à fait les prosateurs : si l'on en juge par ce qui se passait dans le reste du pays, Salluste, l'ancien gouverneur de Numidie, devait être l'auteur préféré[17] ; d'autres que lui, à voir les citations des Africains, étaient aussi étudiés dans les écoles ; mais aucune information certaine ne nous montre de quelle façon ils y servaient. On peut trouver dans cette pénurie de documents un indice que la poésie avait toutes les préférences. Le grammairien ne se borne pas à interpréter de vive voix les ouvrages d'autrui, il lui arrive aussi de composer à l'intention de ses disciples. Même alors, il ne sort pas du commentaire et de la critique ; les œuvres d'imagination lui semblent interdites, tandis que son esprit avisé lui révèle tout un champ à cultiver autour des grands noms. Les arguments en vers, les centons sont une mine féconde, il l'exploite et se ménage un succès dans la renommée d'un poète de génie. N'est-ce pas le fameux Sulpicius Apollinaris, le rival de Fronton, le maitre d'Aulu-Gelle et de Pertinax, qui composa les sommaires des pièces de Térence, peut-être de Plante, et ceux de l'Enéide que contient l'Anthologie de Carthage[18] ? Né dans cette ville, au commencement du IIe siècle, après y avoir professé tout au plus un peu de temps, il passa en Italie et acquit à Rome une grande réputation de science. Toutefois, il continua par ses écrits, sinon par sa parole, à rendre service à ses compatriotes. La place qu'Octavianus lui a réservée dans son recueil montre assez le cas qu'on faisait de lui. Et je me persuade que ses Lettres critiques ne furent pas moins appréciées des maîtres carthaginois que ses petits morceaux ad usum scholarum. Moins heureux qu'Apollinaris, l'auteur de l'Appendix Probi[19] n'a pas transmis son nom à la postérité. Il devait être, lui aussi, grammairien érudit, attentif à relever les fautes de ses élèves, soucieux de les former à la bonne prononciation et au beau langage. Il n'y a qu'à remarquer avec quel soin il établit ses exemples : d'abord vient le genre des mots rares et leur forme aux divers cas ; suit toute une série de termes plus ou moins estropiés dans la langue courante et qu'il remet d'aplomb ; voici, classés deux par deux, avec une définition brève, les mots, voisins par le son, éloignés quant au sens ; une liste de verbes déponents termine le recueil. Lorsque les écoliers avaient bien fixé ce manuel dans leur mémoire, ils en savaient autant que des Romains de Rome : combien d'entre eux se donnaient cette peine ? Elle leur eût cependant singulièrement profité, car, même sous l'Empire, la parole était indispensable à quiconque voulait arriver aux honneurs. Pour se présenter au suffrage de ses concitoyens et, une fois élu, pour traiter les affaires, nul ne pouvait s'en dispenser. Elle ne rendait pas moins de services si l'on bornait son ambition aux succès 'du barreau. La jeunesse, au sortir des mains du grammairien, se livrait donc au rhéteur, qui lui apprenait à parler. Sur cette terre bénie des avocats, dans une ville dont les riches familles aimaient à pousser leurs fils vers les fonctions publiques, la rhétorique eut une vogue durable, et les hommes les plus distingués, un Augustin entre autres, se faisaient gloire de l'y avoir professée. Tous ne s'élevaient pas à pareille hauteur ; sans injustice, on les accusait parfois d'ignorance[20]. Quelques-uns, paraît-il, auxquels leur médiocrité ne présageait aucune renommée, se préparaient des succès de coterie. Témoin ce Phosphorus, orateur glacial, au dire de Tertullien, aux discours de qui ses élèves (familia Phosphori) se pâmaient d'admiration pour imposer à la galerie[21]. Il faut croire pourtant au talent de ce Fundanius, qui, devenu borgne par accident[22], ne laissait pas d'exercer et de plaire à son auditoire. Le rhéteur instruisait de deux manières, par théorie et par exemples. L'enseignement théorique consistait à prendre les traités oratoires des anciens, à mettre en pleine lumière les préceptes qu'ils renferment, à en extraire la doctrine ; c'était un vrai cours d'explication[23]. L'auteur à commenter s'indiquait de lui-même, Cicéron ne quittait guère la main des étudiants. On ne se bornait pas à ses trois grands ouvrages didactiques, on parcourait clans un ordre déterminé le cycle de ses écrits, on touchait donc un peu à tous les sujets, même à la philosophie ; le premier attrait vers Dieu qu'éprouva saint Augustin lui vint en examinant l'Hortensias. C'est, dit-il, que je fis attention aux idées, non plus seulement aux paroles[24]. Cette critique mordante laisse supposer que ses maîtres agissaient tout au rebours[25]. Augustin se plaint de l'un d'eux qui enflait la voix sur les catégories d'Aristote sans parvenir à les élucider[26]. Espérant avoir plus d'éclaircissement ailleurs, le jeune homme en entendit d'autres qui tentaient la démonstration à grand renfort de figures tracées sur le sable ; à lui tout seul, il en avait compris autant queux. Leur science était donc, à tout prendre, superficielle ; leurs leçons s'en ressent aient. Il y a apparence pourtant qu'elles étaient appropriées à la majeure partie de leurs disciples. Que demandait-on, en effet, au rhéteur et que faisait-il profession de vendre, sinon le beau langage ou, comme on s'exprimait, la bona dictio forensis[27] ? Si quelques intelligences d'élite visent plus haut, la plupart des étudiants flottent dans un juste milieu, à distance à peu près égale entre l'ignorance et le vrai savoir[28]. Presque tous sont des Africains. Bien que Theveste, Cirta, Oea, d'autres villes encore aient des écoles renommées, il semble qu'on parfait son éducation à Carthage seulement. La capitale politique est aussi la capitale littéraire. Nous connaissons plusieurs de ces jeunes gens, peut-être l'usurpateur Sabinus[29] et le futur évêque Cyprien, à coup sûr Apulée, Tertullien, le poète Némésien. Mais les noms qui se présentent d'eux-mêmes, lorsqu'on parle des étudiants carthaginois, sont ceux d'Augustin et de ses amis, Alypius, Nebridius, Licentius[30]. Joignons-y l'infortuné L. Bæbius Barbarus, mort à vingt ans, dont les ruines d'Henchir el Khima renferment le tombeau[31]. Ces jeunes gens sont de condition assez diverse. La famille des uns occupe une situation relevée dans leur municipe[32] ; d'autres, sans fortune, ont dît recourir à de généreux protecteurs pour obtenir les moyens de poursuivre leurs études : sans l'appui de Romanianus, que serait devenu Augustin[33] ? Ils sont demeurés auprès des grammairiens de la cité voisine jusque vers seize ans environ. Alors, promu à la dignité d'étudiant (scholasticus)[34], l'adolescent s'achemine vers Carthage, où, pendant plusieurs années[35], il suivra les cours des maîtres les plus fameux. Il devrait les suivre du moins ; mais, livré à lui-même dans une ville amie des plaisirs, à un âge où une direction prudente serait si nécessaire, il ne tarde pas à connaître d'autres chemins que celui de l'école. Le théâtre et ses indécentes représentations, le cirque avec ses clameurs et ses scènes tumultueuses l'attirent bientôt[36], heureux quand il évite d'autres pièges et ne se laisse pas entraîner dans une vie dissolue[37]. Il fallait que la séduction fût presque irrésistible pour qu'une âme comme celle d'Augustin se soit laissé vaincre. Aussi bien serait-il injuste d'accepter sans réserve la condamnation qu'il lança plus tard contre sa jeunesse ; malgré ses erreurs, Augustin demeura très appliqué. Ni sa maîtresse, ni les spectacles ne lui firent perdre le goût du travail ; les rhéteurs ne comptaient guère d'auditeur plus assidu que lui. Il nomme plusieurs camarades qui se comportaient de même[38]. Beaucoup d'étudiants tenaient une toute autre conduite. Ils se faisaient un malin plaisir de vexer en mille manières les nouveaux venus, peu au courant des usages locaux ; la sotte pratique des brimades remonte jusqu'à ces brise-tout[39] (eversores). C'est le surnom qu'ils s'étaient attribués, ils s'en paraient comme d'un titre de gloire[40] et tâchaient de le justifier en tout. Avec une grossièreté sans pareille, on les voyait se ruer au milieu de la leçon, bousculer leurs condisciples et manquer envers le professeur des plus simples égards ; plus encore, ils se rendaient coupables de réels délits (multa punienda legibus)[41]. Assurément, c'était un eversor qui venait pour desceller la balustrade du forum et à la place de qui Alypius, promeneur innocent, plongé dans la préparation d'un discours, fut appréhendé et faillit être mis en prison[42]. Les brise-tout sont bien les ancêtres de Villon et de sa bande, ou encore de ces médecins de Montpellier et de ces légistes de Toulouse qui, au XVIe siècle, interrompent le cours quand ils le jugent assez long et lancent des pommes dans la chaire[43]. Je ne me hasarderais pas à dire que la race de ces tapageurs soit complètement éteinte. Ceux de Carthage se rendirent si insupportables à Augustin, devenu rhéteur, qu'il passa la mer pour s'installer à Rome. Là, point de bruit, ni d'injures, assiduité parfaite et attention soutenue ; seulement, lorsqu'il s'agit de paver les honoraires, tout le monde s'éclipse. Enfin, à Milan[44], il put obtenir, à la fois, auditoire calme et paiement régulier, deux choses dont ne se soucie guère la jeunesse des écoles. Ces turbulents esprits africains pouvaient bien fournir d'hommes le barreau et les fonctions administratives, ce n'est pas dans leurs rangs que se recrutait le corps professoral. Ceux qui, comme Augustin, comme son disciple Eulogius, retournaient enseigner dans les cités de la Proconsulaire ou de la Numidie, à plus forte raison à Carthage même[45], avaient dit s'y préparer par un travail plus soutenu. Entre ces étudiants sérieux et les meilleurs de leurs maîtres s'établissent des rapports empreints d'une vraie cordialité. Assis au milieu de ses élèves (auditorium), le texte en main, le rhéteur parle sur le ton d'une aimable causerie, ne craignant pas de vivifier son commentaire en y mêlant les exemples de la vie de chaque jour ; le professeur a fait place au maître de conférences. Les jeunes gens arrivent même après le commencement du cours, saluent et vont s'asseoir sans façon[46]. Ces mœurs familières honorent à la fois le savant qui les pratique et le petit cercle studieux dont la bonne tenue et la discipline les rendent possibles. Bien des événements littéraires varient l'inévitable uniformité de cette vie laborieuse. Tantôt un conférencier prononce pour la société carthaginoise quelque discours d'apparat[47]. Tantôt deux orateurs célèbres, Augustin, par exemple, et l'évêque manichéen Faustus, discutent sur des questions de philosophie[48]. Puis viennent les concours d'éloquence, de poésie, où les pouvoirs publics décernent les prix. Vainqueur dans un de ces tournois, Augustin reçut la couronne des mains du proconsul[49]. La jeunesse, si passionnée pour les spectacles, ne manquait pas d'assister à ces séances extraordinaires et, avec les habitudes que nous lui connaissons, nous pouvons bien croire qu'elle ne s'y tenait pas toujours tranquille. Je me figure sans peine les eversores prenant parti pour le concurrent de leur choix et transformant ces paisibles assises en réunions tumultueuses. Organisées comme je viens de le dire, les écoles de Carthage ne constituent pas véritablement ce qu'on nomme, chez les modernes, une Université. Deux enseignements, grammaire et rhétorique, les seuls dont je constate l'existence, ne suffisent pas pour leur valoir ce titre[50]. Néanmoins, l'affluence des élèves[51], la qualité des maîtres qui occupent les chaires publiques[52], fondations de la ville, plus rarement de l'Etat[53], donnent du lustre à ces écoles ; leur réputation se répand au-delà de la Méditerranée, des relations scientifiques s'établissent avec Rome, Milan et les autres centres scolaires on échange des professeurs, il arrive même qu'un rhéteur de Carthage, Augustin, dédie un de ses livres[54] à son confrère de Rome, Hierius, sur sa seule renommée. A travers l'Empire se développait donc une vie intellectuelle très puissante, et, maintenant que nous avons vu à l'œuvre la société lettrée de Carthage, nous avons le droit de dire que cette capitale de province en était un des principaux foyers. |
[1] Par exemple, ce M. Virrius
Jugurtha, décurion de Carthage et curateur de Thamugadi,
que les habitants de cette dernière cité représentent comme tantum disertus quantum bonus (C. I. L.,
VIII, 17909 ; cf. Cagnat, Rev. de philol., XIX, 1895, p. 217) : ou
encore ce Flaccianus, qualifié à plusieurs reprises de doctissimus par saint Augustin (Contra Acad.,
I, 6, 18 ; 7, 21). C'est aussi de ces personnes éclairées (liberalibus doctrinis exculti) que le même auteur
s'occupe en montrant à un diacre de Carthage comment il faut les instruire de
la foi (De cathechizandis rudibus, 12).
[2] VII, v. 148 : nutricula causidicorum ; cf. Augustin, De civ.
Dei, XXII, 8, 3. Un avocat de Carthage est nommé au C. I. L., VIII,
2773.
[3] XXII, 8, 3-1 ; cf. Monceaux, Afr.,
p. 75.
[4] Epist., CLIX, 3.
[5] De gub. Dei, VII, 16,
68.
[6] Flor., IV, 20 ; Confessions,
I, 13, 20 ; cf. Boissier, Pagan., I, p. 177 ; Monceaux, Afr., p.
48.
[7] Boissier, Pagan., I, p.
182-187.
[8] Confessions, I, 9-10.
[9] Pour les détails, voir
Monceaux, Afr., p. 50-56. Nœhlechen (Tert., p. 16-24) a tracé un
tableau de l'éducation à la fin du Ier siècle.
[10] M. Boissier a contesté ce fait
(Journal des savants, 1895, p. 41) affirmé par M. Monceaux (p. 53) ;
sans rappeler les citations de Virgile qui foisonnent dans les écrits des
Africains, spécialement de saint Augustin (voir surtout le chapitre 13 du 1er
livre des Confessions), voici un texte qui paraît décisif. Le biographe
du prétendant à l'Empire Clodius Albinus raconte de lui (Hist. Auguste,
XII, 5, 1-2) : Omnem pueritiam in Africa transegit,
eruditus litteris græcis et latinis mediocriter... fertur in
scolis sæpissime cantasse inter puerulos,
Arma amens capio,
nec sat rationis in armis.
(Aen.,
II, v. 314) ; repetens :
Arma amens capio...
Voir
d'ailleurs ce qui est dit plus bas de l'Anthologie de Carthage.
[11] Editée par Bæhrens, Pœtæ
latini minores, IV ; elle occupe tout le volume.
[12] Pœtæ latini minores,
IV, p. 3, 29-33, et la préface du recueil, p. 241-243.
[13] Pœtæ latini minores,
IV, p. 33 sq.
[14] Pœtæ latini minores,
IV, p. 42-46, 156-210 ; cf. Tertullien, De præscript. hæret., 39.
[15] Pœtæ latini minores,
IV, p. 41 sq., 119-155. Il ne s'agit pas là d'enseignement moral, quoi qu'en
dise M. Monceaux (Afr., p. 53) ; les sujets sont de tout genre.
[16] De idol., 10 ; cf.
Boissier, Pagan., I, p. 231-238.
[17] Monceaux, Afr., p.
87-90. Il parle (p. 52) des préférences des Africains pour les auteurs
archaïques ; nous souhaiterions des faits précis.
[18] Ribbeck (édit. de Virgile,
1866), Prolegomena, p. 113 sq. ; Teuffel, p. 897 sq. ; Monceaux, Afr.,
p. 243-219. Il se pourrait qu'Apollinaris eût donné une édition de l'Énéide.
[19] Gramm. lat. (Keil), IV,
p. 193-201, et W. Heræus, Archiv fuer lat. Lexik., XI, p. 61-70, 301-331, 451 sq.
[20] Augustin, Epist., CXVIII, 9-10.
[21] Tertullien, Adv. Valentinianos, 8.
[22] Augustin, Contra Julianum Pelag., VI, 6, 16.
[23] Augustin, De cura pro mortuis gerenda, 13.
[24] Augustin, Confessions, III, 4, 7-8 ; VIII, 7, 17 ; goût
d'Augustin pour Cicéron, De utilitate credendi, 16.
[25] Augustin, De cathechizandis
rudibus, 13 : His (grammairiens et
rhéteurs) maxime utile est nosse, ita esse
præponendas verbis sententias...
[26] Confessions, IV, 16,
28.
[27] De cath. rud., 13 ; cf.
Confessions, II, 2, 4, sermonem facere quam
optimum et persuadere dictione ; III, 3, 6.
[28] De cath. rud., 13, quos neque inter idiotas numerare audeas, neque inter illos
doctissimos...
[29] Hist. Auguste, XXIX, 10, 4 ; Babelon, Rev.
numism., 1896, p. 136.
[30] Augustin, Confessions,
IV, 3, 6 ; VI, 7, 11 ; 9, 14 ; 10, 17. Il faut peut-être voir un ancien
étudiant de Carthage dans ce Victor qui dépose dans les Gesta apud
Zenophilum (C. S. E. L., XXVI, p. 185).
[31] C. I. L., VIII, 12152.
[32] Augustin, Confessions, VI, 7, 11.
[33] Confessions, II, 3, 5 ; Contra Acad.,
I, 2.
[34] Confessions, VI, 9, 14
; l'inscription ci-dessus qualifie Barbarus de studens.
Scholaslicus
signifie parfois avocat ; cf. Augustin, Epist., CLVIII, 1 : scholasticus proconsulis ; In Joan. Evang.,
tract., VII, 11.
[35] Augustin, ayant terminé ses
études à Madaure, à seize ans (Confessions, II, 2, 4 ; III, 5-6), passe
une année dans sa famille : puis il va à Carthage (ibid., III, 1, 1 ; Epist.,
XCIII, 1, 1), où nous le voyons encore étudiant à vingt ans (ibid., III,
4, 7 ; IV, 16, 28). L'exemple de L. Bæbius Barbarus est concordant.
[36] Confessions, III, 2, 2
; VI, 7, 11-12.
[37] Confessions, III, 1, 1
; 3, 5 : 6, 11 ; IV, 22. Voir (De ordine, II, 8, 25) le plan de conduite
que saint Augustin trace dans la suite aux étudiants.
[38] Il dit, par exemple (Confessions,
VI, 7, 11), qu'Alypius montrait magnam virtutis
indolem, et il déclare, en parlant de lui-même (ibid., III,
3, 6 ; V, 8, 14) que les brutalités des eversores
lui inspirèrent toujours de l'horreur.
[39] J'emprunte la traduction de M.
Monceaux (Afr., p. 68).
[40] Confessions, III, 3, 6.
[41] Confessions, V, 8, 14 ;
cf. Tertullien, Apologétique, 39.
[42] Confessions, VI, 9, 14.
[43] Cf. Lanson, Etudiants et
mœurs universitaires d'autrefois.
[44] Confessions, V, 12, 22
; 13, 23.
[45] Confessions, IV, 2, 2 ;
7, 12 ; V, 7, 13 ; VI, 7. 11 ; 9, 14 ; De cura pro mortuis
gerenda, 13.
[46] Confessions, VI, 7,
11-12.
[47] Boissier, Pagan., I, p.
313.
[48] Confessions, V, 3, 3 ;
6, 10-11.
[49] Confessions, IV, 1, 1 ;
2, 3 ; 3, 5.
[50] M. Boissier (Journal des
savants, 1895, p. 40 sq.) a bien mis ce fait en lumière contre M. Monceaux
(Afr., p. 58-77).
[51] Augustin, De cath. rud.,
13, quidam de scholis usitatissimis grammaticorum
oratorumque venientes...
[52] Augustin, Confesions, VI, 7, 11, cum...
ego rhetoricam ibi professus publica schola uterer.
[53] Boissier, Pagan., I, p.
193-202 ; Diehl, Afr., p. 99, 106.
[54] Le traité De apto et pulchro (Confessions, IV, 14, 21 et 23).