CARTHAGE ROMAINE

 

LIVRE SIXIÈME. — BEAUX-ARTS ET INDUSTRIE

CHAPITRE I. — ARCHITECTURE, PEINTURE.

 

 

Avec quels matériaux la ville a-t-elle été bâtie ? Pline a déjà répondu à cette question[1] : Le tuf, écrit-il, est impropre à la construction ; il est mou et dure peu. Quelques localités cependant, ainsi Carthage en Afrique, ne possèdent point d'autre pierre. Il se ronge à l'air de la mer, s'effrite sous l'action du vent, se dégrade par l'effet de la pluie. On le protège en recouvrant les murs d'un enduit de poix ; un revêtement de chaux le corroderait. Je pense qu'il s'agit dans ce passage non pas de l'ancienne Carthage détruite depuis deux siècles, mais de la seconde déjà florissante à l'époque où Pline écrivait son Histoire Naturelle. Aussi bien, aux deux périodes de son existence, elle utilisa les matériaux que les alentours mettaient à sa disposition. Il existe, en effet, dans les environs et, d'une manière générale, sur les côtes de la Tunisie, un tuf calcaire très sensible aux intempéries[2]. Cette pierre, toutefois, loin d'être attaquée par la chaux, se conserve fort bien lorsqu'elle est employée en moellons et recouverte de mortier. Il est donc probable que Pline aura confondu ce tuf calcaire avec un calcaire à grain fin, d'une texture analogue à celle de la pierre lithographique, que les environs de Tunis   produisent également en abondance et qui se délite avec plus de rapidité encore sous l'influence des vents de mer succédant aux températures élevées. C'est ce calcaire fin, selon toute apparence, que les Carthaginois enduisaient d'un enduit protecteur de poix ou de bitume recouvert très certainement, bien que Pline n'en dise rien, d'une couche de chaux blanche éteinte, destinée à réfracter les rayons solaires[3]. Les vastes carrières d'El Haouria, entre Sidi Daoud en Noubi (Missua) et le cap Bon[4], leur fournissaient encore un grès coquillier qui résistait beaucoup mieux aux influences atmosphériques ; et ils tiraient du Fondouk, au-delà d'Hamman Lif (Aquæ Persianæ ?)[5], sur la route de Tunis à Sousse, une antre sorte de calcaire blanc teinté de rose et d'une grande dureté, en usage encore aujourd'hui : les Arabes le nomment kadel[6]. Enfin, à l'intérieur même de la presqu'île carthaginoise, le calcaire tendre du Djebel Khaoui donnait une chaux légèrement hydraulique, de nos jours aussi très appréciée des indigènes[7].

Carthage fut donc bâtie en calcaire : le tuf, le grès, le saouân et le kadel se reconnaissent dans le mur de Théodose et la série d'absides au sud-ouest de Byrsa[8], dans le monument situé sur le plateau près de la cathédrale, dans le soi-disant palais proconsulaire en avant de la chapelle de Saint-Louis[9], dans l'aqueduc souterrain de la colline du Petit Séminaire[10], au podium de l'amphithéâtre[11], à Damous el Karita[12].

Pour la décoration intérieure, les architectes se servirent de matériaux d'un autre genre. Tous les visiteurs de Saint-Louis sont frappés du nombre considérable de menus morceaux de marbre qu'ils foulent aux pieds. La plupart des espèces travaillées par les anciens s'y rencontrent. Dusgate ramassa : deux ou trois variétés de marbre blanc statuaire qui paraissent provenir des carrières de Paros et de Luni ; il y en a aussi une variété qu'on peut regarder comme du marbre Pentélique ; 2° plusieurs variétés de marbre Cipolin ; 3° le marbre jaune de Sienne, en fragments nombreux ; 4° le marbre connu en Italie sous le nom de Pavonazzo ; 5° on trouve aussi en très grande quantité, et quelquefois en blocs de plusieurs pieds cubes, le beau porphyre feld-spathique, connu sous le nom de Verdeantico ; 6° le porphyre rose d'Egypte[13]. Ces indications d'origine ne sont pas d'une authenticité absolue ; Beulé prétend, en effet, avec beaucoup de vraisemblance, que le marbre blanc semblable au Paros... transparent avec ces taches heureuses qui imitent le grain de la peau humaine, au lieu d'être importé de Grèce ou d'Italie, venait des environs de Philippeville et de Bône (carrières du Djebel Filfila et du cap de Garde)[14]. De toute manière, il y a lieu d'ajouter à la liste le beau marbre numidique jaune et rouge de Chemtou (Simitthu) que Dusgate ignorait[15]. Je signalerai, en outre, la présence sur Byrsa du porphyre, puis de l'onyx[16] que, sans sortir d'Afrique, on pouvait extraire des carrières maurétaniennes d'Aïn Tekbalet, de Bled Rekkam ou d'Ardj a el Beïda[17]. Le granit gris[18] et même le granit rose[19] apparaissent aussi en divers endroits des ruines. Je ne saurais dire s'ils sont également de provenance africaine, ou s'ils ont été importés comme le cipollino et le paconazetto.

Les calcaires taillés, soit en blocs de grand appareil[20], soit en grandes et épaisses briques carrées[21], soit en petits cubes destinés à former un opus reticulatum très régulier[22], n'étaient de toute façon que le vêtement extérieur de la construction. Le corps même des édifices se composait d'un blocage uni par un mortier si résistant que Beulé, pour le désagréger, à Byrsa, dut avoir recours à la mine. Ce blocage est, pour l'ordinaire, tout ce qui subsiste des monuments. Ceux dont il vient d'être question en note en offrent des spécimens, et aussi les citernes de La Malga, les cimetières de Bir el Djebbana, la villa de Scorpianus, les thermes d'Antonin, les quais des ports, un égout près des citernes de Bordj Djedid, la maison byzantine de Byrsa[23]. Il est formé surtout de petites pierres calcaires ; mais, dans les voûtes, on y mêlait assez fréquemment des pierres volcaniques, rouges et noires... à cause de leur extrême légèreté. Les navires qui avaient déchargé leur cargaison en Sicile ou en Sardaigne rapportaient ces pierres en guise de lest[24].

Ce procédé n'est pas le seul qu'on employât pour alléger les voûtes. On y parvenait d'une façon non moins certaine en insérant. au milieu de la maçonnerie de petits cylindres creux en terre cuite rayés de stries horizontales, ouverts par la base, terminés au sommet par un goulot étroit. Ces cylindres s'engageaient les uns dans les autres, de manière à former des arceaux. Les arceaux, juxtaposés et entourés d'une épaisse couche de chaux, constituaient des voûtes légères, économiques, de courte portée, tout à fait en harmonie avec les modestes exigences de la vie privée[25]. Ces briques tubulaires, ainsi que les nomme encore Beulé, sorte de bouteilles en terre cuite blanche, mesurant 0m,10 à 0m,15 de longueur, 0m,05 à 0m,06 en largeur, sont des plus communes. On les a signalées à Byrsa[26], sur la colline du Petit Séminaire[27], près des citernes de Bordj Djedid[28] ; j'en ai vu dans une chambre de la villa de Scorpianus, qui appartenaient, non pas à la voûte, mais au mur[29]. L'emploi en était général dans l'Afrique romaine[30].

Beulé avait observé qu'en dehors de ces cylindres la brique n'existait presque nulle part dans le gros œuvre. Seul le palais proconsulaire lui en avait offert, au-dessous des caissons de la voûte, un rang épais de 0m,40[31]. Les fouilles ultérieures ont ajouté quelques exemples à celui-là : citernes de Bordj Djedid[32], aqueduc souterrain de la colline du Petit Séminaire[33], Damous el Karita[34], caldarium sur Byrsa[35]. Il parait bien, de toute manière, que Beulé n'a guère exagéré. Les Romains ont fait peu d'usage de la brique ; lorsqu'ils s'en servent, c'est toujours en petite quantité. Ils avaient la pierre en abondance et n'éprouvaient pas le besoin, comme en Italie, de recourir à des matériaux factices. Ce fait précis justifie l'assertion de M. Saladin que les types empruntés à l'influence centrale de Rome se modifient de telle ou telle façon, suivant que les provinces fournissent tels ou tels matériaux, suivant le climat et suivant les traditions locales[36].

Ce mot de traditions ne doit pas surprendre, même à Carthage, puisque dans la colonie de César et d'Auguste l'élément punique avait une importance incontestable. Les habitants de race phénicienne transmirent les vieilles méthodes aux vainqueurs ; et ceux-ci, sans renoncer aux principes architectoniques qu'ils apportaient de Rome, surent les accommoder aux exigences de la situation et donnèrent parfois à leurs monuments un caractère composite qu'il est intéressant de constater au passage. Certains ouvrages puniques, ayant échappé tout entiers à la destruction, servirent de nouveau et furent enchâssés dans les constructions romaines. Deux branchements de l'aqueduc qui traverse la colline du Petit Séminaire dont la voûte est formée de dalles plates arc-boutées l'une contre l'autre sans addition de mortier, une citerne rectangulaire formée d'assises de pierres de taille de très grande dimension à laquelle aboutit un des branchements, ont été classés par Vernaz dans l'architecture punique[37]. J'en dirai autant d'un puits de 39 mètres dont, l'appareil décèle un âge très reculé ; il est creusé sur la pente de Byrsa du côté de la mer[38]. Les Romains, au lieu de modifier ces constructions, se bornèrent donc très sagement à les adapter à leurs propres besoins.

Tout en mettant à profit l'expérience et, dans une mesure restreinte, les créations de leurs devanciers, ils n'en ont pas moins fait surtout œuvre personnelle. Nous l'avons constaté par la structure générale de leurs monuments ; nous en serons encore mieux persuadés si nous jetons un coup d'œil sur la décoration dont ils les revêtent. Elle ne s'écarte guère de celle qu'on est habitué à voir en Italie : tantôt les murailles intérieures reçoivent un simple enduit, tantôt elles sont plaquées de marbre ou couvertes de fresques. Je m'occuperai bientôt de ce dernier mode d'ornementation, envisageons d'abord les deux autres. A la rigueur, les trois systèmes pourraient se ramener au premier ; qu'on tapissât les murs de marbre ou de fresques, on étendait toujours au préalable sur la pierre une couche intermédiaire formant coussin ; parfois cependant, et c'est ce qui distingue le premier cas, l'enduit restait seul. Les choses se passaient ainsi, à n'en pas douter, chez les petites gens hors d'état de payer un peintre ou un marbrier, ou encore dans les parties secondaires des édifices[39]. Cet enduit variait d'épaisseur et de qualité suivant l'endroit où on l'étendait ; dans l'aqueduc de la colline du Petit Séminaire, le lit est de 0m,03 pour résister à l'action de l'eau ; dans le corridor de Teurf el Djebel, c'est à peine s'il atteint 0m,01 ; à Gamart, il est d'une blancheur et d'une finesse extrêmes. Parfois même le stuc qui cachait ainsi les parois s'enlevait en délicates moulures[40] ; le cas n'est pas rare aux tombeaux des officiales[41]. Les calottes hémisphériques du palais proconsulaire offrent des rangées de caissons de stuc blanc en losanges, garnis de moulures en relief qui représentent des oves, des fers de lances et des canaux de beaucoup plus petite proportion[42]. Dans telle sépulture de Gamart, le stuc porte des rinceaux ; dans telle autre, des personnages encadrés, deux génies ailés tenant un médaillon circulaire qui devait contenir un buste en relief. Mais la plus curieuse des décorations de ce genre est celle d'un caveau du Djebel Sani at Tsenira (à Gamart) ; tout autour règne une frise chargée de scènes de vendange ; des cadres avec personnages, des rinceaux, des feuillages complètent cet ensemble vraiment artistique[43]. Ce sont là des exceptions, l'enduit de plâtre nu était d'un usage beaucoup plus fréquent. Nous aurions, sans doute, à en mentionner plus souvent l'emploi si les maisons particulières avaient échappé à la lente destruction des siècles. Dans les grands monuments, qui ont mieux résisté, on introduisait de préférence le marbre dont les teintes nuancées flattaient le regard.

La plupart des marbres énumérés plus haut ont été utilisés de cette façon[44]. Les plaques, généralement peu épaisses, reposaient sur 0m,05 de ciment ; on les fixait à la muraille au moyen de crampons de bronze dont Beulé signale la trace, surtout au palais du proconsul[45]. Le marbre contribuait encore autrement à la beauté des édifices. Arrondi en colonnes, il soutenait les plafonds et les voûtes[46] ; on fouillait les espèces les plus précieuses pour les transformer en chapiteaux ; souvent deux couleurs différentes étaient associées pour plus de variété. D'ordinaire le fût était monolithe ; parfois, la hase, le fût et le chapiteau sortaient en une sottie pièce du même bloc[47]. Le granit se taillait, lui aussi, en colonnes[48] ; le P. Delattre a même exhumé tics chapiteaux en kadel à Damous el Karita[49] ; il semble, néanmoins, que les préférences des architectes et des habitants fussent pour le marbre et le calcaire[50]. Colonnes et pilastres, tantôt lisses, tantôt cannelés, se terminaient par de beaux chapiteaux dont on a recueilli une ample moisson. On les conserve dans le jardin de Saint-Louis, et, avec une faible partie d'entre eux, il a été facile de dresser deux pyramides qui font l'admiration de tous les visiteurs[51]. Beaucoup annoncent une bonne époque, les feuillages les plus divers s'y enroulent avec grâce. Presque tous sont corinthiens, quelques-uns composites ; j'en connais un seul d'ordre ionique[52], et peut-être un autre d'ordre dorique[53].

C'est encore à Saint-Louis qu'il faut aller si l'on veut prendre une idée des sculptures sous lesquelles disparaissaient les frises, les corniches, les frontons. Une multitude de fragments[54] ont été encastrés dans le mur d'enceinte auquel ils font une parure quelque peu bigarrée. On y passe en revue tous les motifs familiers aux ornemanistes romains : files de perles et d'oves, rais de cœur et modillons courant le long des rampants, feuilles d'acanthe, de chêne et de laurier, pampres avec leurs grappes qui s'entremêlent et grimpent dans un harmonieux dessin aux pieds-droits des arcs ; çà et là se détache un caisson carré au milieu duquel s'épanouit une fleur[55], il est tombé de quelque voûte. Nous devons nous résoudre à ignorer toujours d'où ont été arrachés le plus gi and nombre de ces morceaux, à quel ensemble ils appartenaient. Ils dénotent en général la main d'un praticien rompu à toutes les difficultés, habile à travailler les matières dures, granit, marbre ou onyx, à y découper les plus délicates figures ; et plus ils nous plaisent par leur exécution soignée, plus ils nous portent à déplorer la disparation de tous ces beaux édifices dont la Carthage du ne siècle s'enorgueillissait à bon droit. Du moins, grâce à ces débris, nous sommes à même de nous les figurer à peu près. Leur aspect général devait répondre assez exactement à ce que l'Italie nous a conservé de la même période[56] ; ils n'auraient pas fait mauvaise figure même à Rome[57].

L'art de bâtir atteignit donc à Carthage un haut degré de perfection. Parmi les rares masses architecturales dont nous sommes à même d'étudier la structure, la plupart justifient cette conclusion : les matériaux sont bien assemblés[58], le souci du détail ne fait pas perdre de vue l'ensemble, dans les ouvrages souterrains le mode de construction s'adapte à la nature des terres traversées[59], la méthode est sobre, l'art en pleine possession de ses moyens. En plusieurs endroits cependant, les investigations de Beulé, de Vernaz, du P. Delattre ont mis au jour des pans de murs qui trahissent un travail hâtif, désordonné. Cette façon négligée est évidente dans un égout et un aqueduc contigus aux citernes de Bordj Djedid[60], dans une abside au flanc de Byrsa, en certaines parties du palais proconsulaire, aux quais des ports[61], à Damous el Karita, surtout dans le dallage[62]. L'exemple le plus caractéristique est celui du mur de fortification de Byrsa[63], où les objets les plus divers, corniches, bases, tambours de colonnes, débris de statues, ont été jetés pêle-mêle dans la construction[64]. Ces faits s'expliquent sans peine, si l'on se souvient que cette enceinte ne remonte pas au-delà de Théodose II, c'est-à-dire au premier tiers du Ve siècle ; peut-être serait-on encore plus près de la vérité en attribuant le désordre qu'on-y constate à une réparation de l'âge byzantin. Il n'y a que peu de traces de ces remaniements maladroits ; en effet, les monuments restaurés de cette façon devaient être promptement ruinés. D'ailleurs les Byzantins consolidèrent les parties hautes beaucoup plus que les fondations ; leur œuvre écroulée la première est donc devenue bien vite la proie des pillards et des chercheurs de pierre.

Pour faire mieux qu'ils ne firent le loisir leur manqua, surtout le talent. A cette époque, la décadence est partout sensible ; les ressources dont disposait Carthage l'en avaient défendue plus longtemps que le reste du pays ; le mal l'atteignit à son tour, il était sans remède. Ses progrès, quoique lents, remontaient déjà loin en arrière. Dès le IVe siècle, le sens du beau s'affaiblit, la veine artistique s'appauvrit. Ne voyons-nous pas Constantin demander au proconsul d'Afrique[65] qu'on forme beaucoup d'architectes et le prier de diriger dans cette voie les jeunes gens qui terminent leurs études ? Pour les y attirer, il les exempte d'impôts, eux et leurs parents, et leur assure un salaire convenable pendant qu'ils apprendront leur métier. Cette intervention de l'empereur ne s'expliquerait guère s'il n'y avait eu à ce moment pénurie d'artistes. Il n'était pas besoin de provoquer ainsi les vocations pendant les siècles antérieurs où la paix favorisait le développement des qualités esthétiques, où le goût produisait des œuvres achevées.

 

II

De tous les arts plastiques, la peinture est celui qui se suffit le moins à lui-même. Dès que l'enduit qui la supporte se désagrège (il ne s'agit que de la peinture murale), elle périt sans retour ; la fragilité de ce genre d'ouvrages peut faire prévoir que notre récolte sera maigre.

A ma connaissance, il n'a été déblayé à Carthage qu'une seule fresque vraiment digne de ce nom. Sans doute les archéologues ont indiqué à maintes reprises l'emploi des couleurs[66] à l'intérieur des édifices. Falbe[67] mentionne de faibles restes d'une peinture à fresque dans une ruine située au nord-est des citernes de Bordj Djedid. Beulé retrouve dans les absides de son palais proconsulaire de grandes briques épaisses... lisses d'un côté, striées de l'autre ; sur cette dernière face est appliqué un stuc très fin qui pouvait recevoir des couleurs et une décoration peinte. L'examen des caissons de la voûte et d'autres endroits de la même construction confirme son hypothèse[68]. Elle se vérifie encore à propos de quelques fragments qu'il revendique pour le temple d'Esculape[69]. Au Djebel Khaoui, des tombes étaient peintes en rouge et en vert ; toutefois la couleur n'y semble introduite que pour rehausser les délicats reliefs du stuc[70]. M. Gauckler cite, près de Bordj Djedid, de nombreux fragments de stucs peints de vives couleurs et d'un style tout pompéien[71]. Enfin Vernaz[72] écrit que les murs des thermes d'Antonin conservent des traces de grossières peintures. Ces documents nous autorisent simplement à conclure que l'ornementation picturale était assez commune à Carthage. Une vitrine du musée de Saint-Louis renferme un débris sauvé de la villa de Scorpianus qui offre un peu plus d'intérêt ; il représente un cerf sur fond rouge. Le P. Delattre a vu un cygne aux thermes de La Malga[73]. Mais pour obtenir une scène à peu près entière, il a fallu attendre jusqu'à l'année 1895.

C'est encore le P. Delattre qui nous a ménagé cette surprise[74]. La chapelle souterraine qu'il rencontra d'une manière toute fortuite à Teurf el Djebel se composait d'un corridor d'accès et d'une salle longue de 5m,50, large de 3m,80, qui servait d'oratoire proprement dit. Au fond de cette pièce, vis-à-vis de l'entrée dans une arcade qui fait songer aux arcosotia des catacombes romaines, s'étale une fresque qui ne mesure pas moins de 3m,75 en longueur et de 1m,38 en hauteur à la partie centrale. Le personnage principal est un saint : La tête est nimbée. Les traits du visage conservent beaucoup d'expression et de vigueur. Le costume parait être celui d'un évêque. Il se compose d'un manteau de couleur brune sur une tunique blanche ornée du clavus et de calliculæ... A gauche du saint, qui occupait le milieu du tableau, on voit les restes d'un autre personnage dont la tête et le bas du corps ont disparu. Les mains étaient jointes et les poignets garnis de bracelets. A côté on voit encore les traces de deux personnages secondaires, de petites dimensions. L'un tient de la main droite un objet qu'on est tenté de prendre pour une palme ; l'autre parait être un ange. Enfin, à l'extrémité du tableau, une palme est très visible. L'ensemble du tableau devait se composer de trois personnages principaux et de chaque côté, de deux figures accessoires, représentant sans doute un fidèle et un ange... Une bande rouge, large de 0m,08, entourait complètement le tableau. Dans la partie supérieure, on reconnaît une draperie disposée en festons et dont il subsiste des traces de couleur jaune.

L'état du morceau ne permet guère de décider quelle est la figure imberbe et nimbée qui occupe la place d'honneur. M. Héron de Villefosse inclinerait à y reconnaître le Christ parlant, et il la rapproche d'un type assez rude, plusieurs fois rencontré en Afrique, notamment sur un sarcophage de Lambèse[75] ; le P. Delattre pense à saint Cyprien bénissant. Ils ne sont affirmatifs ni l'un ni l'autre ; je le serai moins encore, puisque je n'ai pas vu l'original et qu'aucune inscription, aucun attribut significatif ne l'éclaire. Je me contenterai d'ajouter, avec M. Stevenson[76], que cette peinture ne rappelle en rien l'art byzantin ; selon toute vraisemblance, elle doit être attribuée au Ve siècle. Les renseignements sur la technique font encore défaut. On nous apprend seulement que le peintre n'avait point appliqué ses couleurs sur le mur nu ; un enduit les supportait, qui a disparu en maint endroit. Ce revêtement régnait aussi, je l'ai dit, le long du corridor ; il n'en subsiste qu'une très faible portion avec des graphites tracés par les chrétiens qui vinrent autrefois prier dans la chapelle.

 

 

 



[1] H. N., XXXVI, 22, 166.

[2] B., Fouilles, p. 50 sq., 53, 61 sq., 122 ; Tissot, Géographie, I, p. 263 sq.  

[3] Tissot, op. cit., I, p. 264. Je rapprocherai le passage où Beulé (Fouilles, p. 41) parle d'une pierre blanche, d'un grain serré, semblable à la pierre que nous préférons pour la lithographie et que les Carthaginois recherchaient pour leurs stèles et leurs inscriptions. J'ignore si Beulé désigne cette même pierre lorsqu'il mentionne un calcaire d'un grain plus dur et plus fin (que le tuf), qui provient de carrières situées derrière les collines de l'Ariana à 8 kilomètres de Tunis, à 12 kilomètres de Carthage. J'ai visité ces carrières, qui n'ont pas été exploitées depuis l'antiquité et qui sont à ciel ouvert... Oubliées dans ce lieu désert, elles n'ont pas de nom... C'est de là que les Romains ont tiré des matériaux nécessaires à la construction de l'aqueduc de Zaghwan. Il est regrettable que Beulé n'ait pas repéré l'endroit d'une façon plus précise. L'Atlas (III, El Ariana) n'indique dans cette région que des carrières de plâtre sur les pentes nord du Djebel Amar (n° 36). Ces carrières, outre qu'elles ne répondent guère au dire de Beulé, sont à 22 kilomètres au moins de Carthage. Ailleurs enfin (ibid., p. 64), le même auteur mentionne un calcaire gris, beaucoup plus dur que le tuf. Peut-être entend-il par là le saouân, employé plus anciennement que le kadel pour les inscriptions, et parfois aussi pour les sculptures. Cf. S. Marie, p. 29, 133.

[4] Tissot, op. cit., I, p. 114, 264 sq. : II, p.131 ; Vernaz, p. 153 ; Miss. cath., 1890, p. 94, 298 ; Gauckler, Bull. arch., 1891, p. 443, n° 255.

[5] Atlas, II, La Goulette.

[6] Tissot, op. cit., I, p. 265 : Dusgate, dans Dureau, p. 242 sq. ; D., Fouilles, p. 101. Le P. Delattre m'a fait observer que le kadel fut employé assez tard à l'époque romaine, du moins pour les inscriptions : la plupart des textes gravés sur cette pierre sont chrétiens. Durant la période précédente (D., Douïmès, p 262 ; Sup., p 81, 93-95), on se servait du saouân, qui est de couleur plus foncée. Pourtant le P. Delattre (Basil., p. 16 : cf. Gauckler, Bull. arch., 1891, p. 439-445) dit que les inscriptions de Damous el Karita sont en saouân et en kadel, de même celles de l'amphithéâtre (id., Mém. Ant., LVII, 1896, passim) et de divers autres quartiers (Const., XXVIII, 1893, p. 151-188).

[7] B., Fouilles, p. 125-121, 131, 143 ; Lettres, p. 34 ; S. Marie, p. 32,181 ; Miss. cath., 1894, p. 590. La tradition que Dusgate (Dureau, p. 243, n. 4) rapporte, d'après Hendreich, et qui fait venir des environs de Lilybée, en Sicile, les pierres qui servirent à construire les murs de la première Carthage, n'est donc guère acceptable.

[8] Tissot, Géographie, I, p. 265 ; B., Fouilles, p. 39, 59 : D., Fouilles, p. 401 sq. ; Miss. cath., 4896, p. 191.

[9] B, Fouilles, p. 69, 71. Je devrais ajouter aux ports (ibid., p. 98, 103, 107) si l'on pouvait fixer l'âge des matériaux découverts par Beulé ; il les tient pour romains (p. 101).

[10] Vernaz, p. 15.

[11] Delattre, Mém. Ant., LVII, 1896, p. 159.

[12] Miss. cath., 1886, p. 92, 136, 152 ; Cosmos, 21 mars 1896, p. 501, n. 1.

[13] Dureau, p. 246 ; cf. D., Fouilles, p. 97 sq., 103-105 ; Basil., p. 7 ; Miss. cath., 1886. p.19, 101 (marbre noir), 129 (marbres bleuâtre et vert) ; 1895, p. 22 ; 1896, p. 177 ; Mém. Ant., LVII, 1896, p. 140-184 (marbres gris, blanc, blanc veiné, bleuâtre, brèche africaine) ; Const., XXVIII. 1893, p. 457-182 (marbres gris, blanc, bleuâtre, moucheté) ; Gauckler, Bull. arch., 1897, p. 439-445 (marbres gris et blanc) ; Cat. Alaoui, p. 40, n° 43 (marbre noir) ; S. Marie, p. 13, 28, 192 ; B., Fouilles, p. 18, 41, 44, 48, 65, 69 sq. ; Rochas, p. 87.

[14] Beulé, ibid., p. 49, 10, 74 ; Tissot, op. cit., I, p. 260 sq. ; D., Basil., p. 1.

[15] Tissot, ibid., p. 259-263 ; II, p. 278 ; Cagnat, Arch. miss., 1885, p. 102 sq. ; Bull. épigr., VI, 1886, p. 21 : Revue générale des sciences, 1896, n° 22, p. 1055 sq. ; Saladin, Arch. miss., 1892, p. 387 sq. ; Cat. Alaoui, p. 35, n° 2 ; Toutain, Sur l'histoire des carrières de marbre de Simitthu (note communiquée au Congrès de Carthage, 1896) ; D., Sup., p. 94 ; Const., XXVIII, 1893, p. 158 sq. ; Gauckler, Bull. arch., 1897, p. 441, n° 233.

[16] D., Fouilles, p. 97 ; Miss. cath., 1896, p. 177.

[17] Cf. Aug. Audollent, Bull. Ant., 1896, p. 284-288.

[18] A Byrsa (D., Fouilles, p. 105 ; Miss. cath., 1896, p. 152, 239, n. 1) ; dans la plaine (S. Marie, p. 29) ; à Damous el Karita (Miss. cath., 1886, p. 129).

[19] S. Marie, p. 205.

[20] Mur de Théodose, édifice voisin de la cathédrale, palais proconsulaire, Damous el Karita (D., Fouilles, p.100 ; Tomb. pun., 1891, p. 52 ; Miss. cath., 1886. p. 89, 129, 136 ; 1896, p. 151, 191 ; B., Fouilles, p. 39, 40, 53. 59 sq. ; S. Marie, p. 164, 16S, 205 ; aqueduc de la colline du Petit Séminaire (Vernaz, p. 13) : aqueduc de Bord Djedid (ibid., p. 152) : cf. Rousseau, Rev. arch., VII, 1858, p. 260.

[21] Absides du sud-ouest de Byrsa (B., Fouilles, p. 39, 63 sq. ; D., Fouilles, p.101 sq. ; C. R. Inscr., 1893, p. 153 : Miss. cath., 1896, p. 152, 191) ; amphithéâtre (Falbe, p. 39 sq.).

[22] B., Fouilles, p. 50 ; cf. D., Tomb. pun., 1891, p. 52 ; Miss. cath., 1896, p. 199. Le même auteur (p. 58, n. 2) a étudié les divers mortiers qu'il rencontrait dans ses fouilles ; il en énumère onze espèces, outre les mortiers ordinaires et le ciment romain ; je me contente de renvoyer à sa liste. Cf. Saladin, Arch. miss., 1887, p. 2, n. 1.

[23] Sainte Marie (p. 204) mentionne aussi la spina du cirque. Cf. encore B., Fouilles, p. 7, 28, 36, 41, 44, 51, 100 sq., 112 ; Vernaz, p. 14, 24 ; Saladin, Arch. miss., 1892, p. 403 ; D., Fouilles, p. 99 sq. ; Miss. cath., 1896, p. 190 sq.

[24] B., Fouilles, p. 52.

[25] B., Fouilles, p. 53. Ce mode de construction est encore en usage en Tunisie.

[26] B., Fouilles, p. 39.

[27] Vernaz, p. 16.

[28] S. Marie, p. 26 ; il croit à tort que ces tubes servaient à la ventilation des murs.

[29] Le P. Delattre (Fouilles, p. 97 ; Miss cath., 1896, p. 177) a remarqué au flanc de Byrsa, dans ce qu'il appelle une maison byzantine, une variété intéressante de ce procédé architectural ; c'est une portion de voûte faite avec de grosses cruches noyées dans le mortier. Je ne pense pas que les amphores qui entrent dans la composition du mur si intéressant situé au sud-ouest de Byrsa doivent être assimilées à cette dernière construction. Miss. cath., 1896, p. 191.

[30] On en a signalé des exemples à Sidi-Mohammed el Gebiouï (Arch. miss., 1887, p. 35 sq., fig. 44, 45), à Feriana (ibid., p. 118, fig. 210), au Kef (ibid., p. 215), à Ségermès (Bull. arch., 1893, p. 433), à Hadjeb el Aïoun (ibid., 1894, p. 293), à Dougga (Nouv. arch. miss., 1892. p. 382), à Chemtou (ibid., 1892, p. 397, 400, n. 1), à M'daourouch (Gsell, Recherches archéologiques, p. 412) ; cf. Instructions, p. 122, fig. 102. Sur l'usage de ces poteries en Italie, voir Huelsen, Rœm. Mitt., XII, 1891, p. 86.

[31] B., Fouilles, p. 51-53, 69.

[32] Delattre, Mélanges, XI, 1891, p. 54 ; Fouilles, p. 121.

[33] Vernaz, p. 16.

[34] Miss. cath., 1886, p. 152.

[35] Bull. épigr., V, 1885, p. 91.

[36] Nouv. arch. miss., 1892, p. 402 ; cf. La Blanchère, Rev. arch., XIV, 1889, p. 264.

[37] Vernaz, p. 17-19. Sur ce mode de voûte punique, cf. Miss. cath., 1890, p. 129 sq., 143, 179, 189 sq.

[38] Cosmos, 14 et 21 mars 1896, p. 467-469, 502, n. 1.

[39] Exemples : le corridor d'accès de la chapelle de Teurf el Djebel (Cosmos, 14 mars 1896, p. 471 sq.), la terrasse extérieure des tombes de Gamart (B., Fouilles, p. 129 ; Miss. cath., p. 626), l'intérieur de certaines tombes de la même nécropole (S. Marie, p. 33 sq. ; B., Fouilles, p 128, 137, 139 ; Miss. cath., 1890, p. 94 ; 1894, p. 614-616), l'aqueduc souterrain de la colline du Petit Séminaire et des égouts voisins des citernes de Bordj Djedid (Vernaz, p. 15, 24, 26), le palais proconsulaire (B., Fouilles, p. 69-72), une tombe punique de Bordj Djedid (Miss. cath., 1890, p. 288) ; Beulé (p. 41, 42, 58) parle même d'une maison de Byrsa pavée en stuc.

[40] Gauckler, C. R. Inscr., 1899, p. 159.

[41] Cat. Alaoui, p. 61, n° 112 ; Musée Lavigerie, p. 31, pl. VII, 2 ; p. 37, pl. VIII, 5.

[42] B., Fouilles, p. 69. Dans les ports aussi Beulé a constaté la présence du stuc ; la couche n'avait pas moins de 0m,02 aux entablements (ibid., p. 103-105). Mais je ne cite ce fait que pour mémoire, tout ce qui a trait aux ports étant trop incertain.

[43] Beulé, ibid., p. 41 ; Miss. cath., 1894, p. 616, 625 ; Saladin, Nouv. arch. miss., 1892, p. 539, n. 2 et fig. 148 : A Carthage, comme en Sicile, on revêtait fréquemment de stuc les sculptures en pierre tendre, autant pour en protéger la surface que pour pouvoir traiter avec finesse le modelé de l'objet ; par exemple une chimère et un fragment de corniche en pierre tendre du musée de Saint-Louis (Musée Lavigerie, p. 68. pl. XVII, 3).

[44] Thermes d'Antonin (marbre blanc ; Vernaz, p. 166) ; temple d'Esculape (marbre blanc ; S. Marie, p. 166 ; B., Fouilles, p. 75 sq.) ; maison byzantine au flanc de Byrsa (marbres multicolores, porphyre vert et rouge ; D., Fouilles, p. 97 sq., cf. p. 103 ; Miss. cath., 1896, p. III) ; temple rond fouillé par Davis (cipollino de 0m,02 d'épaisseur ; Davis, p. 289 sq. ; B., Fouilles, p. 44 sq.) ; palais proconsulaire (marbres de tout genre ; B., Fouilles, p. 69 sq.) ; Damous el Karita (marbres de tout genre ; Miss. cath., 1886. p. 80, 89, 91, 136).

[45] Fouilles, p. 69 sq.

[46] Les architectes de Carthage construisaient beaucoup en voûtes. Le cintre se rencontre dans les monuments les plus divers : palais proconsulaire, absides et citerne de Byrsa, maison byzantine, les deux grandes citernes, amphithéâtre, tombes de Gamart, aqueducs souterrains, basilique de Damous el Karita (B., Fouilles, p. 66-72, 132, 140 ; Lettres, p. 38 sq. : Vernaz, p. 14, 18-20, 152 ; Miss. cath., 1883, p. 370 ; 1886, p. 78, 91, 136 ; D., Basil., p. 7 sq., Fouilles, p. 97) ; une voûte d'arêtes existe dans la chapelle de Teurf el Djebel (Cosmos, 14 mars 1896, p. 410 sq.).

[47] Je n'essaierai pas de donner ici la liste même sommaire des colonnes ou pilastres, non plus que des chapiteaux exhumés du.sol de Carthage ; je renvoie aux auteurs, surtout aux suivants : B., Fouilles, p. 75 sq. ; 105 (il y parle d'un fragment de colonne en marbre de Numidie long de 3m,80 ; ce n'était que le tiers du fût), 109 des colonnes des ports sont-elles puniques ou romaines ?) ; S. Marie, p. 13, 166 ; D., Basil., p. 5-7 ; Bull. arch., 1890, p. 449 ; 1893, p. 97 sq., 105 ; Miss. cath., 1886, p. 78 sq., 89, 101, 136, 148, 160 ; 1896, p. 177 ; Const., XXVIII, 1893, p. 171 ; Rochas, p. 87 ; Cat. Alaoui, p. 40, n° 42, 43 ; Cat. som., n° 3000 ; Davis, p. 60 ; Francks, p. 222 ; Houdard, p. 24 sq.

[48] Le plus beau spécimen est l'énorme fût de colonne en granit rose disputé et enlevé à Beulé (op. cit., p. 19 sq.) par le bey : il gît aujourd'hui dans la cour qui précède le musée du Bardo ; le diamètre mesure environ 1m,45 (cf. S. Marie, p. 205). Le P. Delattre mentionne (Fouilles, p. 105 ; cf. Tomb. pun., 1891, p. 52) un tronçon de 4m,15 de long trouvé sur les pentes de Byrsa.

[49] Miss. cath., 1886, p. 129.

[50] Cat. Alaoui, p. 37, n° 18, 22 ; p. 38, n° 30, 31.

[51] Je ne veux pas omettre deux chapiteaux de travail soigné et de grandes dimensions qui sont dressés sur des fragments de colonnes à La Goulette, devant les bureaux de la direction de l'artillerie.

[52] Cat. Alaoui, p. 35, n° 2. Beulé (op. cit., p. 44, 76 sqq.) prétend que le temple de Jupiter était ionique ; ses arguments ne me paraissent pas décisifs voir ci-dessus, p. 287). Il attribue le temple d'Esculape au corinthien (ibid., p. 29, 74-76).

[53] Cat. Alaoui, p. 38, n° 23 ; voir deux fias de colonnes doriques, ibid., p. 40, n° 42.

[54] J'ai photographié à La Goulette, devant les bureaux de la direction de l'artillerie, deux morceaux presque entiers ; l'un est une sorte de tympan cintré avec un grand vase de fleurs dans le champ, en bordure trois rangs de perles, d'oves et de rais de cœur ; l'autre posé aujourd'hui à plat et formant une table ronde est envahi par une végétation qui ne permet de distinguer que la bordure analogue à la précédente.

[55] Saladin, Nouv. arch. miss., 1892, p. 538, fig. 148 ; Cat. Alaoui, p. 39, n° 35 ; p. 42, n° 57 ; p. 96, n° 452 ; Monuments, p. 150 sq. ; Musée Lavigerie, p. 67, pl. XVII, 1.

[56] Toutain, Cités, p. 108-110.

[57] Je groupe ici quelques détails de construction qui n'ont pas pu trouver place dans le tableau d'ensemble que je viens de tracer. Le P. Delattre a extrait de Damous el Karita des tuiles plates et des tuiles faîtières qui garnissaient le toit (Miss. cath., 1886, p. 150) ; le sol de la basilique et de l'area qui lui est attenante était pavé de dalles de marbre blanc, de kadel ou de saouân (ibid., p. 79, 136, 152) qui provenaient de sarcophages (je parlerai plus loin des pavages de mosaïque) ; la cour de la maison byzantine était dallée, de même que la rue qui l'avoisine (ibid., 1896, p.116, 190 ; D., Fouilles, p. 97, 100). C'est ici le lieu de rappeler, avec Boulé (op. cit., p. 132), la platea lithostrata de l'hieron de Cælestis ; mais il s'égare lorsqu'il se demande si les tombes de Gamart n'ont pas fourni les pierres de ce dallage. On a encore exhumé de Byrsa quelques fragments de bois, de fer, de cuivre, de plomb, d'étain (D., Fouilles, p. 98 ; B., Fouilles, p. 55 sq., 64, 69) dont on ne saurait fixer l'emploi.

[58] Cf. Roy.

[59] Vernaz, p. 14, 152. Je n'ai pas vu le Mémoire sur les caractères de l'architecture de l'Afrique romaine, 8°, s. d., 12 p., présenté au Congrès archéologique de Tournay par M. Carton.

[60] Vernaz, p. 24, 26.

[61] Beulé, op. cit., p. 63, 72, 107.

[62] Miss. cath., 1886, p. 79, 136, 148, 152 : D., Basil., p. 7.

[63] Miss. cath., 1896, p. 191.

[64] Dans une dépendance de Damous el Karita, j'ai remarqué un mur composé de tambours de colonnes sur champ et juxtaposés ; mais ce mur bien façonné n'offrait pas l'apparence d'une construction hâtive.

[65] Cod. Theod., XIII, 4, I ; la loi fut promulguée à Carthage le 27 août 334. Une loi de 374 (ibid., 4) accorde aussi de nombreuses immunités aux peintres d'Afrique.

[66] Il sera question au chapitre suivant de plusieurs statues peintes.

[67] P. 33 ; il y voit des bains.

[68] Fouilles, p. 52, 69-72.

[69] Fouilles, p. 75. Il se refuse à attribuer aux Humains certaines moulures des ports avec traces d'un rouge et d'un jaune fort crus (ibid., p. 103-105).

[70] Fouilles, p. 141 ; Miss. cath., 1894. p. 616 ; 1895, p. 20.

[71] C. R. Inscr., 1899, p. 159. La Société pour l'exploration de Carthage avait déjà signalé dans les mêmes parages une maison avec peintures de style pompéien (Excursions, p. xx, pl. IV, 7 ; Franks, p. 222, n° 2, cf. p. 225, n° 4). Voir aussi Houdard, p. 20 sq.

[72] P. 166 ; elles furent dans la suite cachées sous un revêtement de marbre. Les lettres de l'inscription qui a permis de restituer ces termes à Antonin portaient encore des traces de couleur rouge (ibid., p. 165) ; de même des textes funéraires de Gamart (S. Marie, p. 33) ; Miss. cath., 1894, p. 614 sq. ; Const., XXVIII, 1893, p. 161, 171.

[73] Miss. cath., 1883, p. 107 ; cf. p. 378 (Damous el Karita), 574 (palais proconsulaire).

[74] Héron de Villefosse, Bull. Ant., 1895, p. 159-162 ; 1896, p. 229 ; Cosmos, 14 et 21 mars 1896, p. 467-472, 497-502.

[75] Cagnat, Musée de Lambèse, p. 19, pl. VII, 6.

[76] Cosmos, loc. cit., p. 411. Il importe de dire que l'une des lampes chrétiennes recueillies autour de la chapelle reproduit la face et le revers d'une monnaie de Théodose II ; il y a peut-être là une indication chronologique à retenir (ibid., p. 491, n. 1).