I. — SATURNE. Vous mettez Saturne avant tous les autres dieux, disait Tertullien à ses contemporains[1]. Quoiqu'il entendit surtout marquer par là l'ancienneté du dieu, nous ne nous éloignerons guère de sa pensée en appliquant ces mots à la dévotion particulière dont les Africains l'entouraient. Le culte le plus répandu dans le nord de l'Afrique romaine était le sien[2] ; de toutes parts on y découvre des dédicaces gravées en son honneur. En plusieurs endroits même elles ont reparu si nombreuses qu'on n'exagérera guère en parlant de véritables mines d'inscriptions[3]. Cependant il n'en va pas ainsi à Carthage ; la darne et protectrice du lieu, c'était Tanit, puis Cælestis. Baal Hâmân, devenu plus tard Saturne, n'y pouvait prétendre qu'à la seconde place. M. Ph. Berger a dit spirituellement et avec beaucoup de justesse que, les Carthaginois ayant donné pour époux à Tanit Baal Hâmân, il n'a jamais été qu'un prince consort[4]. Le rôle relativement effacé qu'il fut réduit à jouer aux deux époques de la cité nous permet de comprendre pourquoi nous possédons de si minces renseignements sur sa personne. Tous les regards, tous les hommages allaient à sa parèdre. Essayons néanmoins d'éclairer un peu cette obscurité, sans reprendre, après tant d'autres, le sujet clans son ensemble. Tout le monde admet aujourd'hui que Saturne n'est autre que Baal romanisé : cette idée, les mots Saturnus Augustus, appliqués à tous les Saturnes africains, l'expriment entièrement. Je me sers à dessein du pluriel pour mieux faire comprendre la nature du dieu adoré sous cette dénomination générale. Les divinités phéniciennes, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, appartenaient à un lieu déterminé ; elles protégeaient telle contrée, telle ville, et manifestaient leur puissance dans tel temple en particulier. Cælestis régna toujours sur Carthage et l'aima d'une singulière dilection ; Saturne fut, lui aussi, un dieu à la fois local et multiple, un dieu topique avec des traits constants. De là ces épithètes géographiques qui accompagnent son nom sur les stèles : au sommet du Bou Kourneïn, on l'appelle Balearanensis[5], Sobarensis à Henchir Bou Beker (Nepheris)[6] ; Neapolitanus, à Nabel (Neapolis)[7] ; Umbubalius, à Tébessa (Thereste)[8] ; Palmensis Aquensis, à la Soukra (Palmæ Aquenses), près de Carthage[9]. Il avait donc absorbé peu à peu de nombreux Baalim locaux, jadis honorés par les populations puniques. Comme signe de leur personnalité, ils ne conservèrent qu'un qualificatif joint au nom de la divinité générale[10]. Ailleurs, au contraire, là peut-être où Saturne n'avait pas évincé un premier occupant, il nous est présenté sous la dénomination commune de Saturnus Augustus ; c'est ce que nous constatons au sanctuaire d'Aïn Tounga ce fut aussi, je crois, le cas à Carthage. Les rares inscriptions carthaginoises qui se rapportent à lui ne sont remarquables que par les symboles qui les accompagnent[11]. Ces symboles pareils à ceux d'Aïn Tounga et du Bou Kourneïn, sont même le plus souvent les seuls indices qui permettent de restituer ces ex-voto au culte de Saturne. Cinq fois on lit ou on devine son nom sans trop de peine[12] ; jamais il n'est suivi d'aucune désignation locale analogue à celles que je viens de citer. Parmi les dieux du panthéon carthaginois, Melkarth ou Moloch, le puissant protecteur de Tyr[13], tenait une des premières places. Les Grecs firent de lui leur Hercule voyageur[14] ; je le cherche en vain dans notre ville à l'époque romaine. Qu'est-il devenu ? On l'a simplement confondu avec Baal-Saturne, qui s'est approprié ses rites. Bien que le moment exact de cette réunion ne se puisse pas fixer, on suppose généralement qu'elle était accomplie avant la ruine de la puissance phénicienne en Afrique[15]. Saturne, successeur de Baal, et spécialement du Baal Hâmân de Carthage, aurait donc hérité de tout son être, y compris les acquisitions dernières ; mais la disparition de Melkarth ne lui parait pas imputable, et il n'y a aucune parité à établir entre elle et, l'absorption des Baalim locaux[16]. Les sacrifices humains constituaient l'essence du culte de Melkarth[17]. Une statue d'airain le représentant se dressait dans son temple : ses mains creuses, où l'on déposait les victimes, s'inclinaient et s'abaissaient vers le sol, les laissant glisser dans la fournaise, flamboyante aux pieds de l'implacable géant[18]. C'est d'après ce rite que, dans les calamités publiques ou les dangers pressants, on immolait au dieu féroce des enfants par centaines, choisis parmi les plus nobles familles. Le bruit assourdissant des flûtes et des tambours étouffait leurs cris ; les mères devaient assister impassibles à la cérémonie sous peine de déshonneur. Il est admis que ces horreurs prirent fin lors de la conquête romaine ; saint Augustin a formellement disculpé à ce sujet les nouveaux maîtres du pays[19]. Mais sa défense, malgré le ton catégorique qu'elle affecte, ne saurait prévaloir contre les faits. Deux cents ans environ avant lui, Tertullien, mieux placé pour connaître les fondateurs de la colonie, articule contre eux une accusation précise. En Afrique, dit-il, on immolait publiquement les enfants en l'honneur de Saturne, jusqu'à mi proconsulat sous Tibère. Il fit crucifier les prêtres eux-mêmes aux arbres qui entouraient le temple et abritaient ces atrocités sous leur ombre. J'en atteste les soldats de notre pays, qui exécutèrent l'ordre du proconsul. Et cependant, maintenant encore, ce crime religieux s'accomplit en cachette[20]. Je ne crois pas qu'on puisse récuser un pareil témoignage[21]. Le culte sanglant de Saturne survécut donc à la destruction de la cité punique. Il fut accepté du pouvoir jusqu'au quart du Ier siècle ; il durait encore en secret à la fin du He ; ses compatriotes, à qui Tertullien s'adresse, le savaient aussi bien que lui. Comme le Melkarth de jadis, Saturne était pour eux une divinité méchante, partant redoutable. Et cette crainte qu'il leur inspirait fut, d'après saint Augustin, le motif qui les poussa, en dissimulant son nom, à ne l'appeler d'ordinaire que le Vieillard (Senex[22]). Nous ne savons rien du sanctuaire de Saturne, sinon qu'il devait être voisin de ceux de Cælestis et d'Esculape et qu'un bois sacré (lucus) l'entourait[23]. Un nom de prêtre est notre seul document certain relatif aux desservants du temple[24]. Tertullien nous apprend que leur costume se composait d'un manteau de couleur ronge, bordé d'une large bande de pourpre[25]. Les auteurs chrétiens, fort attentifs aux pompes brillantes de Cælestis, parlent moins de Saturne. Saint Augustin laisse échapper une exclamation sur la ruine de ses autels : Saturne régnait sur des multitudes d'hommes, s'écrie-t-il ; où est aujourd'hui le règne de Saturne ?[26] L'interdiction des offrandes humaines avait porté un coup sensible à la puissance du dieu à Carthage ; aussi ai-je peine à me persuader que son culte y ait persisté aussi longtemps que la gloire de sa rivale. II. — ESCULAPE. Apulée parlant un jour, au théâtre, devant une nombreuse assistance, s'exprimait en ces termes : Au début de ce discours, pour plaire à des oreilles si délicates, je ne saurais me placer sous de meilleurs auspices que ceux d'Esculape, qui regarde d'un œil favorable la citadelle de notre Carthage et la couvre d'une si réelle protection. A la louange de ce dieu, j'ai composé, en vers grecs et latins, un hymne que je vais vous faire entendre, et dont je lui ai déjà offert la dédicace, car je ne suis pas pour lui un adorateur inconnu, un fidèle récemment initié, un prêtre mal accueilli ; déjà, en vers comme en prose, mon éloquence l'a respectueusement célébré. Et aujourd'hui je vais chanter cet hymne en son honneur, dans l'une et l'autre langue. Il est précédé d'un dialogue également en grec et en latin[27]. Ce passage suffirait à nous montrer de quelle vénération Esculape était entouré dans la capitale, au milieu du IIe siècle de l'ère chrétienne. Sans cloute Apulée aime à jouer avec les périodes arrondies, et, satisfait de prononcer une phrase sonore, ne pèse pas toujours les mots qu'il emploie. En dépit de ces réserves, il subsiste qu'un Africain, devenu presque Carthaginois, par suite d'une longue résidence, a pu, en cette même ville, parler publiquement de hi protection dont Esculape couvrait le peuple qui vivait à ses pieds. Une inscription de Dacie, qui encadre Æsculapius Augustus entre Cælestis Augusta et le genius Carthaginis[28], et qui émane de quelque Africain relégué en ces lointaines régions, prouve aussi quelle dévotion lui gardaient en tous lieux ses fidèles. Pourtant il en fut pendant la période romaine comme à l'époque punique, où Tanit et Baal Hâmân éclipsaient tous les dieux. Les auteurs nous parlent souvent de Cælestis ; les inscriptions et les indications relatives à Saturne, sans être fréquentes, existent cependant. Pour Esculape et les autres, la littérature et le marbre sont beaucoup plus réservés. Pur hasard, dira-t-on ! Je n'en crois rien. Si nous sommes renseignés sur le compte de Cælestis et de Saturne, c'est qu'on pensait à eux, qu'on s'entretenait d'eux. L'absence de documents sur les autres divinités prouve qu'on s'en occupait moins[29]. Tout en accueillant les propos d'Apulée sur Esculape, gardons-nous donc de mettre ce dieu au niveau des précédents. Nous n'avons pas les moyens de discerner ce qui subsista en lui de l'Echmoun punique. Tertullien se contente de le qualifier d'inventeur de la médecine[30] et de nous décrire le vêtement de ses prêtres, qui portaient le manteau grec ou pallium[31], négligemment disposé, et des sandales à la mode grecque[32]. Apulée prononçait d'ordinaire ses harangues dans les bâtiments qui avoisinaient la cela de son temple, à l'intérieur du temenos[33]. Malheureusement il ne décrit pas cet ensemble d'édifices sacrés, chose surprenante chez un auteur aussi prolixe, et nous en sommes réduits aux conjectures. Si celles que j'ai précédemment exposées, à la suite de Beulé et du P. Delattre, sont acceptables, le sanctuaire d'Esculape, dressé au sommet de Byrsa, avait conservé sous l'Empire l'ordonnance générale des édifices religieux de l'âge punique, le péribole, la cour, avec la cella au fond ou au milieu. Les Romains construisirent sur les fondations antérieures, on le suppose du moins, et l'appareil de ce qui dut être le péribole autorise cette hypothèse. Pour le temple proprement dit, les architectes venus d'Italie se donnèrent libre carrière et reproduisirent les types artistiques usités outre-mer[34]. Quelle était la figure du dieu ? Est-ce lui que l'art gréco-romain représentait sous la forme d'un Jupiter-Sarapis, ou plutôt d'un Esculape, coiffé de la dépouille d'un coq[35] ? Pour répondre ii cette question, il serait nécessaire de connaître la représentation véritable d'Echmoun, son prédécesseur, dont il garda probablement quelques traits ; et l'on ne possède sur ce sujet que de bien faibles lumières[36]. III. — SARAPIS[37]. Les divinités dont il a été parlé jusqu'à présent ont reçu les adorations de l'une et l'autre Carthage ; elles furent transmises aux Romains par les Phéniciens. Aussi peut-on les grouper sous la dénomination collective de dieux punico-romains. A côté d'eux s'en introduisirent d'autres que la ville phénicienne n'avait pas connus. Anciens protecteurs de l'Italie ou nouveaux venus dans le panthéon latin, largement hospitalier dès la fin de la République, ils étaient tous passés par Rome, avant de débarquer à Carthage. On leur fit si bon accueil en ce dernier endroit qu'ils obtinrent bien vite un renom et des honneurs égaux à ceux de leurs devanciers. Sarapis[38] et Victoria rentrent dans cette catégorie. Sarapis avait son temple entre Byrsa et les citernes du bord de la mer[39]. Les ex-voto exhumés en cet endroit lui attribuent les désignations les plus diverses : tantôt il est simplement Sarapis Augustus[40], tantôt Sarapis Deus Maximus[41] ; on l'invoque encore comme le protecteur de Canope[42] et sous le titre de Sarapis Neptunus Augustus[43] ; mais les plus curieuses de ces dédicaces sont adressées Δύ Ήλίω Μεγάλω Πανθέω Cαράπιδι[44] et Δύ Ήλίως Μεγάλωι Cαράπιδι καί τοΐc cυννάοιc θεοΐc[45]. C'est donc vraiment le dieu alexandrin, dont le sanctuaire était réputé comme lieu d'incubation sacrée et d'oracle médical[46], que nous voyons transporté à Carthage. Non contents de le romaniser en l'appelant Augustus, ses fidèles le confondent avec Neptune, Zeus, Hélios, et le désignent comme le plus grand des dieux, le dieu universel. Le syncrétisme a fait son œuvre ; le concept de Sarapis s'est élargi. Il embrasse, dit Preller, l'ancien Osiris égyptien, qui était aussi le Pluton grec, et tout ensemble le dieu grec de la santé, Esculape, et le très haut et très puissant souverain du ciel, Zeus ou Jupiter. D'autre part, le dieu du soleil entre plus d'une fois dans cette combinaison, de sorte que Sarapis se nomme souvent sur les inscriptions grecques Ζεύς Ήλιος Μέγας, et J. O. M. Sol, sur les latines[47]. Les textes du Sarapeum de Carthage sont le meilleur commentaire de ces lignes. Esculape n'y figure pas ; mais le moyen de l'arracher de son sanctuaire de Byrsa pour l'assimiler à Sarapis ? Du moins le souvenir de Pluton-Sarapis, avec le chien Cerbère à ses côtés, subsiste dans une statuette assise, découverte auprès de nos inscriptions[48]. Par les ex-voto nous apprenons encore que Sarapis ne résidait pas seul dans le temple. On y révérait avec lui d'autres divinités qu'un fidèle dénomme οί σύννοι θεοί[49]. Ces anonymes sont assez facilement reconnaissables : Isis, Harpocrate, Anubis formaient sur les rives du Nil un seul groupe divin avec Sarapis ; nul doute qu'ils ne l'aient entouré dans le sanctuaire de Carthage connue en terre égyptienne. L'une des dédicaces[50] est gravée sur la poitrine d'un cynocéphale en marbre noir, c'est Anubis à la tête de chien[51] ; deux lampes de la collection Marchant, au Louvre[52], sont ornées, l'une, des images de Sarapis et d'Isis[53], l'autre, d'Isis entre Horus et Anubis. Mais aucune des divinités de cette famille n'a laissé, même en dehors des ex-voto, des traces aussi profondes que Sarapis[54]. Outre le Pluton assis, il faut remarquer plusieurs marbres qui représentent des serpents, vestiges d'autant de statues du dieu[55], et surtout deux têtes de Jupiter-Sarapis, en marbre blanc, l'une qui provient des fouilles de M. de Sainte-Marie[56], l'autre, colossale et pleine de majesté, qui est aujourd'hui au Louvre[57]. Le dieu est coiffé d'un modius que décorent des épis et des branches d'arbres chargées de fruits. La barbe et les cheveux offrent des traces de couleur rouge, tandis que les chairs du visage restent blanches. M. Héron de Villefosse a très à propos noté cette opposition du blanc et du rouge, qui devait produire un effet saisissant[58], sinon toujours de fort bon goût. Quand Tertullien assimile Sarapis au patriarche Joseph et reconnaît, dans le modius qui surmonte sa tête, un souvenir des approvisionnements laits par lui pour sauver l'Egypte de la famine et, dans les épis qui l'entourent, un symbole de sa sollicitude pour l'agriculture[59] ; quand il se moque de Sarapis, d'Isis, d'Harpocrate avec son cynocéphale[60], d'Anubis à la tête d'homme et de bête[61], des crocodiles et du serpent des Egyptiens[62] ; quand saint Cyprien reproche à ses concitoyens de négliger Dieu pour porter leurs hommages à des crocodiles, à des cynocéphales, à des pierres, à des serpents[63], ils ont présentes à l'esprit ces figures que nous retrouvons aujourd'hui ; leurs écrits, fidèles interprètes de ce qui se passait sous leurs veux, servent de commentaire à ces sculptures et à ces ex-voto. Rien ne nous autorise à croire que le culte égyptien différait en Afrique de ce qu'il était ailleurs. Isis, raconte Minucius Félix[64], en compagnie de son cynocéphale et de ses prêtres chauves, pleure sur son fils qu'elle a perdu ; elle gémit, elle le cherche. Cependant les malheureux Isiaques frappent leur poitrine et imitent la douleur de cette mère infortunée. Bientôt l'enfant est retrouvé, Isis se réjouit, les prêtres sautent d'allégresse, et le cynocéphale qui l'a découvert s'enorgueillit de son succès. Ces mêmes feintes de tristesse et de plaisir devaient se renouveler chaque année à Carthage, comme dans toutes les villes où cette religion était implantée. On en peut dire autant de la solennelle procession décrite par Apulée, on, derrière une longue théorie de prêtres chargés d'emblèmes sacrés et habillés de lin[65], s'avancent Anubis à la tête de chien et Isis sous la forme d'une vache[66]. Peut-être cependant cette dernière cérémonie, qu'Isis remplissait tout entière, n'avait-elle pas tout son éclat dans les endroits où Sarapis occupait la première place. Tel était le cas à Carthage. L'unique mention qui me semble se rapporter directement à notre cité est celle des banquets à Sarapis, auxquels il y a une allusion dans Tertullien. On y faisait si bonne chère et les fourneaux y flambaient si clair que les pompiers, écrit-il plaisamment, feraient bien de veiller, de peur d'incendie[67]. Nous ne tirons des inscriptions rien qui confirme cette épigramme. Une seule a trait au culte ; elle est l'œuvre d'un prêtre qui, par piété, j'imagine, s'est appelé du nom du maître qu'il sert, Tiberius Claudius Sarapiacus[68]. L'attention trop exclusive qu'il accordait aux stèles puniques a empêché M. de Sainte-Marie de nous faire connaître dans ses détails architecturaux le temple lui-même. Voici la description laconique qu'il lui consacre[69] : déblayé une chambre de 4 mètres de large sur 1 de long ; j'ai retrouvé une seconde, chambre pavée d'une mosaïque blanche sur un espace carré de 11 mètres de long pour 9 mètres de large. Dans ces deux chambres et dans une espèce d'atrium les précédant, j'ai trouvé toutes les sculptures romaines, inscriptions grecques et romaines décrites plus haut. Je reproduis ces mots afin de montrer sur quel fondement peu solide s'appuieraient les hypothèses. S'il est permis néanmoins d'en présenter quelques-unes, la plus grande des chambres du fond ne serait-elle pas la cella de Sarapis, flanquée à droite et à gauche des chapelles plus modestes de ses parèdres, dont une seulement aurait été retrouvée ? Ce que M. de Sainte-Marie qualifie d'atrium mérite peut-être ce nom ; peut-être n'est-ce, au contraire, qu'une partie d'une spacieuse area, telle qu'en comportaient généralement les sanctuaires phéniciens. Celui de Cælestis nous en a offert un exemple. En cherchant des analogies dans les autres pays, nous constatons qu'Alexandrie[70] et Pompéi[71] avaient bâti leurs temples sur ce modèle. Et cette concordance des usages phéniciens et égyptiens, rapprochés des révélations de M. de Sainte-Marie, nous invite à rattacher le Sarapeum carthaginois à ce type architectural. Si nous ne connaissons que par conjecture la demeure du dieu, quelques-uns des objets qui l'embellissaient, préservés par une fortune singulière, sont arrivés jusqu'à nous. Les principaux sont les statues et les sculptures déjà signalées ; j'y joindrai une mosaïque avec un buste d'enfant portant une corbeille et cueillant des fleurs[72] et surtout cette statue de Manéthon dont il ne reste plus que le socle[73], avec le nom du célèbre prêtre égyptien, qui écrivit le premier en grec sur les divinités de son pays et dont le Livre sacré donna naissance aux dieux alexandrins[74]. Ces débris des richesses qui remplissaient le temple nous font comprendre dans quel esprit en était conçue la décoration. Tous les souvenirs de l'Égypte y avaient place ; on essayait de rappeler à ces dieux pérégrins les splendeurs d'Alexandrie. La lecture des ex-voto suggère une autre réflexion : sept d'entre eux portent le nom ou la mention des personnes qui les ont offerts ; tous, sauf un, émanent d'un groupe d'adorateurs[75]. Encore l'exception n'est-elle pas certaine, car elle se rencontre dans un texte mutilé[76]. Le culte de Sarapis et des dieux ses compagnons ne fut donc guère à Carthage un culte de gens isolés ; on les vénérait collectivement, par famille. D'ailleurs, en dépit des lettres et de la langue grecque, employées dans la moitié au moins des inscriptions, les dédicants ne doivent pas être considérés comme des Grecs égarés en Afrique ; les noms de Publius Aurelius Pasinicus et de Titus Valerius Alexander sont aussi latins que grecs. Je penserais volontiers que l'emploi du grec était une sorte d'hommage flatteur rendu au dieu ; on tenait à l'honorer dans la langue parlée, depuis les Ptolémées, dans son pays d'origine. Espérait-on qu'il exaucerait mieux des prières ainsi rédigées ? De toute façon, les formules sont presque exclusivement latines[77], et certains fidèles usent à la fois du grec et du latin pour mettre de leur côté toutes les chances d'être entendus[78]. Ainsi, loin d'être adorées dans un petit cercle de dévots helléniques, les divinités d'Alexandrie avaient été adoptées par Carthage tout entière. S'il faut s'en rapporter à un passage mutilé de Tertullien, les Africains ne juraient que par Sarapis[79]. Cet étranger avait donc singulièrement grandi parmi eux, au détriment des anciennes religions. Une seule résista jusqu'au bout, celle de Cælestis. Mais Sarapis alla jusqu'à rivaliser avec elle ; à l'époque florissante du syncrétisme, au IIIe siècle sans doute, ils se partagèrent le ciel. Tandis que Cælestis devenait Panthæ[80], lui se parait du titre éclatant de Πάνθεος[81]. IV. — VICTORIA. Les textes d'Apulée, de Tertullien, de saint Cyprien, relatifs au culte de Sarapis, prouvent qu'il existait en Proconsulaire au IIe siècle de l'ère chrétienne. La vogue dont il y jouissait dès ce temps et qu'il n'avait pas pu acquérir en un jour, m'engage même à reporter son introduction plus haut encore. Il n'en va pas ainsi pour Victoria, dont la présence n'est signalée que sur des monuments d'une basse époque. Les alentours de l'amphithéâtre sont fertiles en sculptures et en inscriptions. C'est de là que sortent la grande Victoire qui se dresse à l'entrée du jardin de Saint-Louis, et un fragment d'aile d'une seconde statue semblable à la précédente. Par une curieuse coïncidence, deux bases proviennent du même terrain, qui portent cette phrase identique : Q. Aurelius Synunachus, v(ir) c(larissimus), proconsule p(rovinciæ) A(fricæ) v(ice) s(acra) j(udicans) constitui jussit[82]. Il s'agit de l'illustre écrivain et orateur Symmaque. Les rapports entre ce personnage et la déesse sont présents à toutes les mémoires. L'acte le plus fameux par lequel il affirma sa dévotion envers elle fut cette de Relatio ara Victoriæ adressée, en 384, à Valentinien II, pour demander, au nom d'une partie du sénat et comme préfet de la ville, la restauration de l'autel détruit par Gratien[83]. Si les sénateurs lui confièrent cette cause, c'est qu'ils la lui savaient chère. Il la plaida avec tant de chaleur que tout le monde, y compris les chrétiens, en fut touché. Et, s'il ne put vaincre, à cause de l'opposition pleine de force et d'éloquence de saint, Ambroise, il témoigna du moins de son respect tout spécial pour Victoria. Ces sentiments étaient, du reste, héréditaires dans sa famille. En même temps que revoyaient le jour à Carthage les deux statues et les deux inscriptions, à Rome, on retirait du Tibre, au-dessous du ponte Sisto (ancien pons Valentinianus), une grande aile en bronze d'une Victoire et deux piédestaux en marbre. On y lit une dédicace à Victoria Augusta, gravée, dit le texte, par les soins de L. Aurelius Avianius Symmachus[84] ; c'est le père de notre proconsul, qui avait été préfet de la ville en 364-365. Quand on reconstruisit, en 366-367, le pons Valentinianus, d'après les décisions du sénat et du peuple, il fit placer sur le parapet des ornements, au nombre desquels figuraient pour le moins deux représentations en bronze de Victoria[85]. Ce souvenir était tout récent encore quand le fils partit pour l'Afrique, en 373[86]. Nous ne saurions donc nous étonner si les habitudes de sa maison, fortifiées par sa piété personnelle, l'engagèrent à honorer par un public témoignage cette divinité tutélaire. On se demandera peut-être s'il ne chercha pas à reproduire, dans la ville dont il avait reçu le gouvernement, l'œuvre de son père en Italie. C'est là une hypothèse, à mon avis, toute gratuite ; l'existence de deux piédestaux de part et d'autre ne suffit pas à l'autoriser. Je remarque en effet que l'une des deux bases carthaginoises est plus haute que l'autre[87]. L'examen minutieux de la seule qui soit intacte ne démontre pas qu'elle ait supporté une statue. On ignore même si les statues, dont l'une est réduite à un simple fragment, étaient de dimensions égales et, pouvaient se faire pendant. Enfin elles sont en marbre, tandis que celles de Rome sont en bronze. Les différences paraissent donc trop nombreuses pour qu'on tente une assimilation complète. Voudrait-on croire à quelque sanctuaire de Victoria dans
les parages de l'amphithéâtre ? Le P. Delattre, investigateur scrupuleux de
ce sol, n'y relève qu'un mur de belles pierres de
taille parfaitement jointoyées, contre lequel s'appuient une série de
compartiments voûtés. Ces ruines, rasées en 1893 par les Arabes, il les
attribue à la muraille extérieure de la ville[88]. Quoi qu'on
pense de cette opinion, la description ne s'applique guère à un temple. S'il
fallait prendre parti, il me semblerait plus vraisemblable que les
inscriptions et les statues ornaient l'amphithéâtre près duquel la pioche les
a déterrées[89].
Elles rentreraient donc dans la série de ces figures purement décoratives
dont nous avons rencontré quelques spécimens sur la colline de Byrsa[90]. Trêve de
suppositions ; il demeure que le proconsul Symmaque avait doté sa capitale de
deux statues de Victoria. Cette générosité ne surprendra pas ceux qui
connaissent l'affection profonde et durable que lui inspira Carthage. Sa
correspondance en porte les traces[91] ; il y déclare
que tout ce qui lui advient d'heureux, Carthage en est la cause. La beauté de
la ville devait donc lui tenir à cœur. Voulant y contribuer par quelque
monument nouveau, il tourna ce désir en acte de piété, en y associant
Victoria, sa déesse préférée. Plus tard, il s'écriera dans sa Relatio[92] : Reddatur saltem nomini honor, qui numini denegatus est
; ce n'était là qu'un expédient. Libre de toute entrave en Afrique, il y
rendit et y fit rendre au numen lui-même
tous les honneurs qu'il pensait lui être dus. Cette religion que Symmaque essayait d'implanter n'eut pas le temps de germer, ni de croître. Moins de vingt ans après, le paganisme, dont il était l'un des derniers défenseurs, recevait un coup mortel par l'édit de 391. Le culte de Cælestis fut emporté, quoique solidement enraciné ; la religion de Victoria, sortant a peine de terre, n'était pas capable de résister à la tourmente. Elle périt dans sa fleur. V. — CULTES DIVERS. Outre les divinités qui ont déjà trouvé place dans ce chapitre, les textes littéraires ou épigraphiques contiennent le nom d'antres dieux auxquels Carthage dressa aussi des autels. Mais ils s'offrent à nous d'une façon tout épisodique ; à peine aperçus ils disparaissent, sans laisser de traces qui permettent de les suivre. Bornons-nous, en conséquence, à une rapide énumération. Mercure, si je vois juste, n'était pas le moins vénéré. Son nom se lit sur diverses pierres des alentours de Byrsa[93], et saint Augustin, pour prouver la puissance éphémère des idoles, ne cite comme exemples que Cælestis, Saturne et Mercure[94]. Il le nomme encore avec Jupiter et la même Cælestis au nombre des dieux qui écartent les fléaux[95]. Le souvenir de Jupiter Optimus Maximus[96] subsiste, ainsi que celui de Junon et de Minerve[97] ; et l'existence d'un Capitole est certaine. Pluton[98], Mars[99], Apollon[100], ont chacun leur mention ; les temples de Vénus[101], de Tellus[102] et de Memoria[103], la statue dorée d'Hercule, sont indiqués ; Bellone enfin est décrite par Tertullien avec son costume sombre et son casque menaçant[104]. Sur d'aussi minces renseignements, qui démêlerait jusqu'où les Carthaginois poussaient la dévotion envers chacune de ces puissances célestes ? |
[1] Apologétique, 10 ; cf. Servius, Ad
Georg., I, v. 129.
[2] Sur la fréquence du cognomen
Saturninus en Afrique, voir C. I. L., VIII. p. 1034 ; Toutain, Cités,
p. 183, 213 sq. ; Sat., p. 22.
[3] C. I. L., VIII.
14912-15199 ; Frœhner, Sculpture antique, I, p. 458-478 ; La Blanchère, C.
R. Inscr., 1888, p. 489-494 ; Cosmos, 14 sept. 1889. p. 186-188 ;
Ph. Berger et Catinat, Le Sanctuaire de Saturne à Aïn Tounga (Bull.
arch., 1889, p. 207-265) ; Toutain, Le Sanctuaire de Saturnus Balearanensis
au Djebel Bou Kourneïn (Mélanges, XII, 1892, p. 3-124) ; Toutain, Sat.
; Doublet-Gauckler, p. 27.
[4] Gaz., 1819, p. 140.
[5] Toutain, Sat., p. 31
sq. ; Mélanges, XII, 1892, p. 102-104 ; cf. Bull. arch., 1893, p.
110, n. 2 ; 1894, p. 232, n° 3.
[6] C. I. L., VIII. 12390,
12392, 12394 ; Cosmos, 14 sept. 1859, p. 186-188 ; La Blanchère, Bull.
arch., 1889, p. 273 sq.
[7] Toutain, Mélanges,
XIII, 1893. p. 195 ; Cagnat, Bull. Ant., 1893. p. 82 sq. ; Bull.
arch., 1894. p. 231, n° 1 ; Rev. arch., XXIV, 1894. p. 282, n° 10,
cette stèle provient du Bou Kourneïn ; elle est dédiée par un prêtre sans doute
originaire de Neapolis. M. Gsell (1893,
p. 178, n° 124) suppose qu'il a fait ajouter
l'épithète après coup par patriotisme local.
[8] Bull. arch., 1896, p 156, n° 1 ; Rev.
arch., XXXI, 1897, p. 144, n° 28.
[9] Bull. Ant., 1896, p. 157-159 ; Rev.
arch., XXIX. 1896, p. 396, n° 85.
[10] Doublet-Gauckler, p. 79 : La
Blanchère, Musée d'Oran, p. 33.
[11] C. I. L., VIII, 1010,
1011, 1012,1142, 1143, 1144. Il était peut-être représenté sur des monnaies
frappées aux premiers temps de la seconde Carthage ; Mueller, suppl., p.
55.
[12] C. I. L., VIII, 1009, S(aturno) D(omino) Aug(usto) s(acrum) ; 12494, [Satur]no Do[mino nu]min[i inv]icto (?) ;
42499, sacerdos Saturni ; cf. Const.,
XXVIII, 1893, p. 172. Sur
l'un des petits côtés de la seconde de ces pierres on remarque le groupe de
lettres ΤΛΙΝΤΙDΛ,
peut-être une transcription corrompue du nom de Tanit (cf. R.-B., Rech.,
p. 13 ; C. I. L., VIII, 13321). Les éditeurs du Corpus proposent,
non sans réserve (p. 1085), de lire la première S(arapidi)
D(eo) Aug(usto) ; la lecture que j'indique ne me parait pas moins
vraisemblable : le nom de Saturne s'abrège très souvent en S (cf. ibid., p.
1085) ; le bœuf, le bélier et les autres figures sculptées sur cette pierre
conviennent fort bien à ce dieu. L. Renier (C. R. Inscr., 1866. p. 163)
interprétait S(oli) D(eo) Aug(usto), ce
qui me parait inadmissible. Je ferai la même observation à propos du n° 12491
que le Corpus explique (arapidi) A(ugusto)
s(acrum). M Jullian, qui a publié l'inscription le premier (Bull.
épigr., IV, 1884, p. 267), transcrit très justement S(aturno), que j'adopte pour ma part. La plus
curieuse de ces dédicaces (ibid., 1008) est rédigée en punique avec un
fragment de nom propre latin. Voici la traduction d'Euting admise au Corpus
: Domino Baali volum quod vovit CREScens ;
exaudivit vocem ejus, fortunavit (eum). La phrase est identique à
celles qu'on lit sur de nombreuses stèles puniques, antérieures à 146 ;
peut-être assistons-nous ici à la transformation du culte de Baal en culte de
Saturne. Une scène est représentée au registre inférieur ; un homme tire un
taureau avec une corde. Le taureau était une des victimes ordinairement
sacrifiées à Saturne ; il figure à maintes reprises sur les stèles d'Aïn Tounga
(Bull. arch., 1889, p. 259) et du Bou Kournein (Mélanges, XII,
1892, p. 98 Toutain, Sat., p. 106-108).
[13] Diodore, XX, 14, 1-2.
[14] Perrot, III, p. 73 sq. ; cf.
Davis, p. 216-283.
[15] Ph. Berger, Gaz., 1879,
p. 229. On a longtemps discuté sur la valeur des mots Malac-Baal qui se rencontrent dans plusieurs
inscriptions phéniciennes. Parmi les hypothèses mises en avant, l'une surtout
me séduit. Elle consisterait à accepter, sans autre
forme de procès. Malac comme le nom du dieu Moloch, associé à celui de Baal
dans une de ces combinaisons binaires fréquentes chez les Phéniciens. On
connaît, par exemple, Echmoun-Melkarth, Echmoun-Astoret, Çid-Tanit,
Çid-Melkarth. M. Clermont-Ganneau, à qui j'emprunte cette idée (Rev. crit.,
1880, I, p. 91), ajoute : Ce serait le Moloch
classique, le Saturne auquel, à Jérusalem comme à Carthage, on offrait les
enfants en sacrifice.
[16] Une inscription d'Aïn Tounga (C.
I. L., VIII. 1406 ; Bull. arch., 1889, p. 261, n. 1) donne les noms
suivants de la ville de Thignica, Municipium...
Herculeum Frugiferum Thignica. MM. Ph.
Berger et Cagnat se demandent s'il n'a pas existé dans cette localité deux
cultes distincts, celui de Saturne et celui d'Hercule. N'aurions-nous pas
simplement dans cette double dénomination une trace de la fusion de Melkarth (Herculeum) en Baal-Saturne (Frugiferum) ? On sait que frugifer est un des qualificatifs de Saturne en
Afrique : cf. C. I. L., VIII, p. 1085 ; Bull. arch., 1889,
p. 260.
[17] Les textes relatifs à cette
pratique sont réunis par Max. Meyer, art. Kronos dans Roscher, II, col.
1501-1503.
[18] Diodore, XX, 14, 6 : cf.
Pline, H. N., XXXVI. 5. 39. M. Clermont-Ganneau pense (Bull. crit.,
1880, I, p. 92) que les sacrifices étaient parfois simulés, ce qui concorderait
assez avec le récit de Diodore sur la négligence des Carthaginois à s'acquitter
de leurs offrandes à Moloch.
[19] De civ. Dei, VII, 26 : Sed quod ei (Saturno) Pœni silos filios sacrificaverunt, non
recepere Romani ; cf. Perrot, Journal des Savants, 1894, p.
663.
[20] Apologétique, 9. Les
mots usque ad proconsulatum Tiberii
(voir Pallu, Fastes, I, p. 296), qui sont dans le texte, ont embarrassé
les savants ; Scaliger y substitue proconsulem.
Havercamp (P. L., I, col. 314, note f) n'accepte pas la correction. Elle est contraire, dit-il justement, au génie de Tertullien, qui emploie souvent le nom abstrait pour
le concret, naufragiis pour naufragis, ministeriis pour ministris.
Cf. Adv. Gnosticos Scorpiace, 7 ; Creuzer-Guigniaut, Relig. de
l'antiq., t. II, 1re part., L. IV, p. 230 sq (éd. de 1829). Les auteurs
contemporains de Tertullien ou postérieurs, qui signalent les sacrifices
humains à Carthage, le font en des termes trop flottants et sans distinguer
assez les époques : Minucius Félix, 30 ; Lactance, Inst. div., I, 21 ;
Eusèbe, De laud. Const., XIII ; Augustin, De civ. Dei, VII, 19 ;
Orose, IV, 6, 3-5.
[21] M. Toutain (Sat., p.
114-117, 130) rue semble trop en restreindre la portée ; il lui accorde
ailleurs (Cités, p. 225 sq.) plus de créance. Sur la persistance des
sacrifices humains dans les religions d'origine sémitique sous l'Empire, voir
Clermont-Ganneau, Rev. arch., XXX, 1897, p. 295-297.
[22] Saint Augustin (De consensu
Evang., I, 36) parle des astrologues qui
Saturnum... maleficum deum inter alia
sidera constituerunt... senem potius
quam Saturnum appellantes ; tam timida superstitione, ut jam Carthaginenses
pene vico suo nomen mutaverint, vicum Senis crebrius quam vicum Saturni
appellantes.
[23] Monuments, p. 27, 82, 90.
[24] C. I. L., VIII, 12499. Une inscription punique (C.
I. S., p. 264) parle d'un personnage qui est in
populo templi Melqarti. Comme Cælestis, Saturne avait donc sans
doute un nombreux personnel de desservants.
[25] De testim. animæ, 2.
[26] Enarr. in psalm.,
XCVIII, 14.
[27] Florida, IV, 18, 91.
[28] C. I. L., III, 993.
[29] Cette observation ne
s'appliquerait pas autant aux petites villes de l'intérieur : cf. Toutain, Cités,
p. 215.
[30] Apologétique, 23.
[31] De pallio, 4.
[32] De pallio, 2. Deux de
ses prêtres sont nommés au C. I. L., VIII, 15205.
[33] Florida, loc. cit.
[34] Monuments, p. 41 sq. ;
Delattre, Bull. épigr., V, 1885, p. 86-88.
[35] Heuzey, C. R. Inscr.,
1890, p. 119-121.
[36] La Blanchère (ibid.,
1893, p. 316-377 ; cf. Gsell, 1893, p. 136, n° 30) prétend le reconnaître sur
des stèles du musée du Bardo ; il pense que ce sont
les ex-voto d'un culte à mystères, dont la déesse et le sacrifice sont
représentés, et que le Panthéon qui occupe le ciel de ces monuments est la
triade punique, avec Echmoun pour dieu principal, figurée sous diverses formes.
Cette description manque de clarté. Cf. Ph. Berger, Trinité, 1879, p.
135 ; 1880, p. 169.
[37] Sur la forme du nom, cf.
Preller-Jordan, Rœm. Myth., II, p. 375, n. 1. Sur le culte de Sarapi à Carthage, voir Héron de Villefosse, Bull.
Ant., 1880, p. 284-281 ; 1881, p. 265 sq. ; 1887, p. 234.
[38] Dans les tombes puniques, on
trouve partout des figures de dieux et d'animaux égyptiens. Mais on ne saurait
rattacher le culte de Sarapis à ces usages funéraires, antérieurs à 146.
[39] Voir Monuments, p. 92.
[40] C. I. L., VIII, 12492.
[41] C. I. L., VIII, 1004.
[42] C. I. L., VIII, 1003.
[43] C. I. L., VIII, 1002 ;
cf. C. I. L., III, 3637, une inscription de Pannonie : Joci Optimo Maximo Neptuno Sarapidi.
[44] C. I. L., VIII, 12-193
; cf. ibid., II, 46, une inscription de Béja en Portugal : Serapi Pantheo : Preller-Jordan, op. cit.,
II, p. 372, n. 4.
[45] C. I. L., VIII, 1005.
[46] Preller-Jordan, op. cit.,
II, p. 377 ; cf. Strabon, XVII, 17, p. 801 C.
[47] Macrobe, I, 2 ; Preller-Jordan, op. cit., II, p. 376 sq. ; cf.,
p. 375, 384.
[48] Ancienne collection Marchant,
aujourd'hui au Louvre : cf. Héron de Villefosse, C. R. Inscr., 1890, p.
320 ; Cat. som., n° 1125.
[49] Cf. Letronne, Recueil des
inscr. grecq. et lat. de l'Égypte, I, p. 18 ; Héron de Villefosse, Bull.
Ant., 1880, p. 285.
[50] C. I. L., VIII, 12492 ;
cf. Cosmos, 11 févr. 1888, p. 294.
[51] Preller-Jordan, op. cit.,
II, p. 381, n. 3.
[52] Héron de Villefosse. C. R.
Inscr., 1890, p. 320.
[53] On a trouvé à Carthage
d'autres représentations d'Isis.
[54] Jordan a déjà remarqué (op.
cit., II. p. 380 ; n. 3) que Sarapis est plus vénéré qu'Isis en Afrique.
[55] Cosmos, loc. cit.
; S. Marie, p. 17 ; cf. Preller-Jordan, op. cit., II, p. 316, n. 3.
[56] P. 16, 18.
[57] Cat. som., n° 1830.
[58] Cat. som., p 319. J. Schmidt signale (C. I. L.,
VIII, 12491) une base de statue, peut-être de Sarapis.
[59] Ad nat., II, 8.
[60] Apologétique, 6.
[61] Ad nat., II, 8.
[62] Ad nat., II, 8.
[63] Ad Demetrianum, 12.
[64] Octavius, 21 ; cf. Lactance,
I, 21 ; Firmicus Maternus, 2 ; Preller-Jordan, op. cit., II, p. 382.
[65] Tertullien, De testim.
animæ, 2.
[66] Métamorphoses, XI, 28.
[67] Apologétique, 29.
[68] C. I. L., 1004. On peut
rapprocher de ce nom, Serapiacus (C.
I. L., VI, 401, inscr. de Rome ; ibid., V, 4662, de Brescia) et
Osirinus (Germer-Durand, Découvertes archéologiques faites à Nîmes el dans
le Gard en 1812) ; cf. Héron de Villefosse, Bull. Ant., 1880, p.
281, n. 2.
[69] P. 25 ; cf. Bull. Ant., 1887, p. 233 sqq.
[70] Lafaye, Histoire du culte
des divinités d'Alexandrie, p. 174.
[71] Lafaye, Histoire du culte des
divinités d'Alexandrie, p. 180 sqq. et pl. I.
[72] D., Amst., p. 170, n°
279.
[73] C. I. L., VIII, 1007.
[74] Lafaye, op. cit., p. 15
sqq. ; cf. Mueller, Fragm. hist. græc., II, p. 511 sqq.
[75] C. I. L., VIII,
1002-1006, 12492.
[76] C. I. L., VIII, 12493.
[77] On peut faire une exception
pour 12193.
[78] C. I. L., VIII, 1002, 1003, 12492.
[79] Ad nat., II, 8.
[80] C. I. L., VIII, 9018.
[81] C. I. L., VIII, 12493.
[82] Héron de Villefosse, C. R.
Inscr., 1889, p. 428 sq. ; 1893, p. 99-101 ; Cosmos, 27 janv. 1894,
p. 217 ; Gsell, 1893, p. 169, n° 107. Le P. Delattre (Const., XXVIII,
1893, p. 173) signale un fragment d'une troisième base de même provenance.
[83] Symmaque (éd. Seeck), p. XVII et 280-283 ; cf. Boissier, La
fin du paganisme, p. 303-338.
[84] Notizie degli scavi,
1891, p. 251, 287 ; 1892, p. 50, 234 ; Gatti, Bull. comun., 1892, p. 73
sq., 367 Huelsen, Rœm. Mitt., VIII, 1893, p. 320 ; Héron de Villefosse, loc.
cit. ; Cosmos, ibid. ; C. R. Hipp., 1893, p. XII, XVIII.
[85] Seeck, op. cit., p. XL ; Gatti, loc. cit., p.
73 sq. ; Héron de Villefosse, loc. cit. ; A. Baudillart, Les
divinités de la Victoire, p. 60, n. 6.
[86] Entre le 20 février et le 30
novembre 373 ; cf. Seeck, op. cit., p. XLVII ; Tissot, F., p.
258-260.
[87] Héron de Villefosse, loc.
cit., 1893.
[88] Cosmos, loc. cit., p.
276.
[89] L'emploi du verbe constitui, dans les deux inscriptions de
Symmaque, ne nous aide pas à résoudre le problème, car il est usité quand il
s'agit d'édifices aussi bien que de statues ; cf. Cagnat, Cours d'épigr. lat.,
2e édit., p. 228 et 232.
[90] Gsell, 1898, p. 103 ; 1899. p.
31. Une inscription découverte entre la gare dite de Carthage et les ports (C.
I. L., VIII. 12496 ; Delattre, Épigr., V, 1885, p. 134, n° 322 ; Monuments.
p. 91) parle de Victorias ar[genteas ?] ; ce fragment appartenait, semble-t-il,
à une synopsis ou inventaire des richesses d'un temple analogue à ceux du
Capitole de Cirta. : cf. C. I. L., 6981, 6954 ; voir aussi un autre
fragment de Carthage, ibid., 12500-12502.
[91] Epist., VIII, 20 (éd.
Seeck), lettre à un inconnu (de Carthage), postérieure à 318 ; II, 63, lettre
de 390, à son frère Flavianus, au sujet de leur ami Cresconius : ... eum
patria Africa non minus tibi quam mihi cara commendat...
[92] P. 281, § 3 (éd. Seeck).
[93] C. I. L., VIII, 1000
(petit autel) ; 1013 (fragment d'une synopsis) ; 12489 (Dermèche), M(ercurio) A(ugusto) s(acrum), la lecture n'est
pas certaine ; 12490 (au pied de Byrsa, non loin des ports).
[94] Enarr. in psalm., XCVIII, 14.
[95] Enarr. in psalm., LXII, 7.
[96] C. I. L., VIII, 2488
est fort douteux.
[97] Tertullien, De testim.
animæ, 2 ; C. I. L., VIII, 1014 : le n° 1140 ne mentionne pas
Junon, mais le génie d'une femme.
[98] Bull. Ant., 1896, p.
272 sq. ; C. R. Hipp., 1897, p. XX sq. ; Rev. arch., XXXI,
1897, p. 146, n° 36 ; cette dédicace est offerte par un prêtre de Cérès.
[99] C. I. L., VIII, 1013 ; Bull. Ant.,
1899, p. 206 sq. ; Rev. arch., XXXV, 1899, p. 175, n° 47.
[100] C. I. L., VIII, 12487.
[101] Voir C. I. L., VIII,
12495 (?).
[102] Voir Bull. arch., 1897, p. 439, n° 219.
[103] Voir C. R. Inscr., 1898, p. 408 ; Bull. Ant., loc.
cit. ; Rev. arch., loc. cit.
[104] De pallio, 4.