CARTHAGE ROMAINE

 

LIVRE TROISIÈME. — ADMINISTRATION, ARMÉE, MARINE ET COMMERCE

CHAPITRE III. — ARMÉE, MARINE ET COMMERCE.

 

 

I. — GARNISON.

Bien que le proconsul ait été jusqu'en l'année 37 le chef véritable de l'armée d'Afrique, il n'eut jamais sous la main le gros des troupes qui lui obéissaient. Dès le temps d'Auguste, la legio III Augusta était cantonnée, non point à Carthage ou aux environs, mais à Theveste (Tébessa). Ce fait, dit justement M. Mommsen, explique le système complet des routes qui reliaient ces deux villes, alors les deux fêtes de l'Afrique romaine[1].

Cependant une capitale aussi peuplée ne devait pas être dégarnie de toute force militaire ; je parle de troupes régulières, et non d'une milice urbaine dont il n'existe aucun vestige — on se tromperait en appliquant ce nom à la foule en armes qui se porta à la rencontre de Capellien —, ni d'un corps de vigiles dont on ne trouve non plus aucune mention. Quand Perpétue et ses compagnons, enfermés dans la carcer castrensis, réservés pour le munus castrense[2], sont sous la garde d'un miles optio, d'un tribunus[3] ; quand, au milieu du IVe siècle, les orateurs donatistes, célébrant la constance de leurs martyrs, dont un est qualifié de miles, s'indignent des brutalités que leur parti a subies, flétrissent les vexillationes qui cernent les maisons, les militum manus qui secondent les traditeurs, la cohors militum qui s'élance hors du camp (castra) pour charger les leurs, les milites et triarii toujours prêts à frapper les innocents[4] ; quand enfin, deux cents ans plus tard, Procope raconte des événements qui se sont passés dans le στρατόπεδος[5], ne sommes-nous pas autorisés à dire qu'à toutes les époques Carthage posséda une garnison à l'intérieur des murs ? Le nom de vicus castrorum, appliqué à l'une de ses rues[6], en serait encore une preuve. La composition et l'effectif de cette garnison varièrent plusieurs fois ; il sera donc utile de distinguer les périodes.

Tant qu'il posséda l'autorité militaire, le proconsul eut naturellement à ses côtés l'état-major du général en chef, composé de cornicularii, commentarienses, librarii, actarii, notarii, exceptores, exacti, stratores, singulares, a rufo, beneficiarii, immunes[7]. Il est à croire qu'un petit détachement leur était adjoint, tant pour rehausser l'éclat de la dignité proconsulaire que pour parer à, toute éventualité. Mais, parce que les communications étaient faciles de Carthage à Theveste et que la légion se trouvait toujours à la disposition du gouverneur, je suis porté à penser que ce détachement se réduisait à une assez faible escorte. Au contraire, quand le commandement des troupes eut été déféré au légat et que le proconsul, selon le mot d'Ulpien, ne pouvait plus avoir ses écuyers à lui[8], il devint urgent de ne pas laisser sans défense les grands intérêts qui lui étaient confiés. On détachait donc de la légion voisine un certain nombre d'hommes et on les mettait à sa disposition ; il les envoyait sur les points du pays où leur présence était reconnue nécessaire pour assurer la sécurité. Le nombre de ces soldats était, au temps d'Hadrien, de six cents environ, chiffre qui représente l'effectif d'une cohorte. Chaque cohorte passait une année à Carthage et était relevée l'année suivante par une autre. On conçoit aisément qu'on plaçât auprès d'un gouverneur aussi considérable non pas des auxiliaires, mais des légionnaires, des citoyens romains.

La garde du proconsul pouvait aussi, ainsi qu'il est aisé de le comprendre, être empruntée aux détachements légionnaires qui furent envoyés de loin en loin pour renforcer l'armée d'occupation de Numidie ; cette combinaison avait l'avantage de réserver pour les opérations militaires toutes les cohortes de la legio III Augusta habituée, mieux que toute autre, aux difficultés de la guerre africaine[9]. La legio VII Gemina, qui vint d'Espagne, à la fin du Ier siècle ou dans le cours du IIe, prêter main forte à la III Augusta[10], peut-être aussi la I Adjutrix[11], déléguèrent tour à tour des cohortes auprès du proconsul[12]. C'est dans ces cohortes, renouvelées annuellement, qu'il choisissait le personnel de sa maison militaire.

Les six cents hommes de la légion de Numidie, ou de quelque autre accidentellement, n'étaient pas seuls installés d'une façon permanente dans la capitale. Si le proconsul avait besoin de soldats pour rendre sa puissance effective et réprimer toute velléité d'insurrection, il n'était pas moins utile au procurateur, qui gérait les propriétés impériales et en centralisait les revenus, de pouvoir appuyer par la force ses ordres et ses réclamations. Pour le lui permettre, Vespasien lui confia une des cohortes urbaines qu'il venait de réorganiser. On a trouvé à Bir el Djebbana, parmi les tombes des officiales, à Dermèche et en un autre endroit inconnu de la ville, quatre épitaphes de soldats appartenant à la cohors I urbana[13] ; les sépultures de trois hommes de la cohors XIII urbana y ont aussi été découvertes[14] ; et ce ne sont pas les seules traces que ces deux cohortes aient laissées en Afrique où elles ont tour à tour tenu garnison[15]. Il ressort de la comparaison faite par M. Mommsen des inscriptions de Lyon et de Carthage que Vespasien affecta d'abord la première cohorte à Lyon, et à Carthage la treizième ; cet état de choses durait encore sous Domitien. Pendant le IIe et le IIIe siècle, la situation est renversée ; Lyon possède la treizième et Carthage la première. Les deux troupes ont donc permuté, à un moment donné, pour des causes qui sont encore obscures.

Le procurateur, s'il profitait de l'aide de l'armée, lui rendait en revanche de continuels services. Cela ressort, comme Fa démontré M. Mommsen[16], de l'épitaphe d'un adjutor tabulariorum fisci castrensis Africæ, exhumée avec celles des officiales[17]. Le procurateur de l'empereur, écrit M. Cagnat[18], centralisait tous les revenus de la province, et, par suite, encaissait des sommes considérables, dont il n'avait évidemment pas l'emploi dans son administration ; il disposait donc d'un excédent de recettes, qu'il pouvait soit diriger vers l'Italie, soit utiliser sur place, pour faire face aux dépenses qui incombaient à l'empereur en Afrique. La plus considérable étant l'entretien du corps d'occupation, on comprend aisément qu'il versât dans le fiscus castrensis, c'est-à-dire dans le trésor militaire, les sommes dont il disposait pour la solde et l'entretien des troupes. Les procurateurs de Numidie et tic Mauritanie agissaient sans doute de même ; et l'on arrivait ainsi à trouver, sans sortir du pays, l'argent nécessaire à l'armée qui l'occupait.

Carthage, défendue par deux cohortes[19], l'une légionnaire, l'autre urbaine, venues de l'extérieur, envoyait, au contraire, ses citoyens porter les armes au loin. Sans doute, quand le recrutement fut devenu provincial, à partir d'Hadrien[20], ils figurent souvent dans les listes de soldats de la IIIe légion cantonnée à Lambèse[21] ; plus d'un, par conséquent, revint, avec la cohorte à laquelle il appartenait, veiller à la sécurité de sa patrie. Mais beaucoup d'autres durent quitter la terre africaine ; on en l'encontre sur les points les plus divers du monde romain et jusque dans les contrées reculées de l'Orient[22].

La réorganisation des provinces par Dioclétien fut suivie d'une modification dans le commandement militaire provincial. Il s'écoula cependant un certain temps avant que cette dernière réforme prit corps ; c'est entre les années 315 et 320 que furent créés les comtes[23]. Le comes Africæ, pour l'appeler par l'abréviation courante[24], était le chef de toute l'armée d'Afrique et avait, selon toute probabilité, sa résidence officielle à Carthage[25]. Bien qu'inférieur au vicaire et au proconsul, du moins dans l'ordre régulier des choses[26], il n'en constituait pas moins avec eux une sorte de triumvirat des plus puissants. Je n'entends pas dire qu'une parfaite union régnât toujours entre les trois pouvoirs, mais seulement qu'il y avait presque parité.

Le comte a son officium[27] très semblable à ceux du proconsul et du vicaire. Il comprend un princeps, détaché de l'officium des magistri militum præsentales et fourni, une année par le magister peditum, l'année suivante par le magister equitum, un cornicularius, un adjutor, un commentariensis tiré, lui aussi, de l'officium des magistri militum et avec la même alternance annuelle, deux numerarii qui permutaient de la même façon, un subadjuva, un regerendarius qui semble préposé au service des postes[28], des exceptores, des singulares, et les reliqui officiales que nous connaissons déjà. Le regerendarius seul est nouveau ; il remplace l'ab actis et le cura epistolarum du vicaire, l'ab actis et le primiscrinius du proconsul. Outre cet état-major, le comte dispose d'une escorte (armata apparitio)[29] pour assurer l'exécution de ses ordres. Cette troupe, étant donné l'importance du personnage, atteignait un chiffre assez élevé ; car la légion, qui ne parait plus à Lambèse après Dioclétien, ne dut pas être cantonnée à proximité de Carthage, s'il est' vrai qu'elle ait quitté son ancien camp[30]. Le dernier comte d'Afrique, Boniface, occupait encore ce poste en 432, quand déjà les Vandales, appelés par lui, avaient accaparé la plus grande partie du territoire[31].

L'armée des envahisseurs, forte surtout par sa cavalerie, s'élève à 80.000 hommes[32] augmentés des contingents Maures ; 80 chiliarques (χιλίαρχοι, millenarii)[33] commandent à un nombre égal d'escadrons (λόχοι) ; le roi, entouré des nobles, a la direction suprême des opérations militaires. Même en temps de paix, ce guerrier s'environne d'un appareil de guerre ; ce que la force a conquis doit être conservé par la force. De toutes les villes d'Afrique, Carthage seule ne fut pas démantelée ; elle qui, jusqu'en 439, a surtout prospéré au milieu du commerce, des arts et des occupations pacifiques, prend donc tout d'un coup et garde pendant cent années l'aspect d'un camp retranché.

Elle ne le perd qu'en partie lorsque les Byzantins sont redevenus les maîtres. Elle est le séjour du præfectus prætorio, qui réunit souvent entre ses mains le double pouvoir civil et militaire[34], puis du magister militum (στρατηγός) qui dirigeait d'ordinaire l'armée d'occupation[35]. Ce dernier, et de même plus tard l'exarque, héritier de ses attributions[36], apparaît dans la Johannide entouré d'une maison militaire (famuli, οίκία)[37], qui se compose, outre le chef d'état-major (domesticus, ύποστρατηγός), d'officiers d'ordonnance (protectores, δορυφόροι) et de gardes du corps (amrigeri, ύπασπισταί)[38]. L'effectif des troupes qui lui obéissaient, et par conséquent le chiffre de la garnison carthaginoise, varièrent sans cesse. L'empereur réduisait les contingents ou envoyait des renforts selon que le pays était plus ou meurs tranquille. Les armées de secours ne s'attardaient pas autour de la capitale, on les lançait en hâle à la rencontre de l'ennemi. Toutefois leur seule présence dans le pays donnait une activité nouvelle aux services d'intendance, de trésorerie, etc., centralisés à Carthage, où stationnaient aussi les dépôts des corps engagés dans la lutte. Enfin, au retour des expéditions, c'est à l'abri des remparts de la ville qu'elles se reposent de leurs fatigues, qu'elles triomphent à l'occasion et se préparent pour de nouveaux combats[39].

Suivant toute apparence, la garnison se maintint donc toujours assez compacte. Sergius en allègue pourtant la faiblesse pour refuser à un envoyé d'Hadrumète l'intervention armée qu'il sollicite[40]. Mais cette affirmation, si elle n'est pas un simple prétexte pour écarter une requête gênante, ne vise qu'un état de choses passager, provoqué par l'incurie du gouverneur (544). Ce qui atteste mieux que tout la présence continuelle d'un fort détachement, ce sont les émeutes et rébellions fréquentes auxquelles le militaire fut mêlé. Des Arméniens, des barbares, Vandales, Hérules, d'autres encore, versés dans cette soldatesque[41], n'étaient pas pour lui inculquer des mœurs plus douces. Peut-être faut-il voir une précaution contre les rixes sanglantes dans l'ordre intimé aux protectores de ne porter en ville que l'épée[42].

 

II. — MARINE ET ANNONE.

Carthage, ville maritime, vivait surtout de la mer. Cependant, par une anomalie peu explicable, les textes littéraires et les inscriptions ne nous apprennent presque rien sur ses flottes, le mouvement de son port, les transactions commerciales, la condition des armateurs et des marins. Ce qui occupait la majeure partie de sa population est peut-être, de toute son histoire, ce que nous connaissons le moins.

Depuis la conquête de Scipion, l'Afrique était, avec l'Egypte, le grenier de l'Italie. Le blé qu'elle devait à Rome passa dans les premiers temps par Utique ; mais, lorsque le proconsul changea de résidence les Carthaginois eurent bientôt fait d'accaparer ce trafic rémunérateur. La capitale devint l'entrepôt des céréales de la province, ainsi que l'attestent les symboles (épis, fruits, corne d'abondance, galère[43]) qu'on rencontre dès lors sur ses monnaies. Le transport ne s'effectuait pas par les soins de l'Etat ; on avait recours au système des adjudications ou des réquisitions. Tantôt des publicains prenaient l'entreprise ; tantôt, en manière de tribut, les cités maritimes devaient, à leurs frais et sur des vaisseaux leur appartenant, charger à destination de l'Italie une certaine quantité de blé. D'autre part, on accordait honneur et privilèges aux armateurs qui mettaient leurs navires à la disposition de l'annone. De toute façon l'initiative privée avait presque toute latitude[44]. Cette situation dura jusqu'au règne de Commode.

Pour quels motifs cet empereur se décida-t-il à modifier le régime établi ? Son biographe Lampride nous dit qu'il eut peur de voir un jour le blé d'Égypte manquer[45]. Le peuple d'Alexandrie, très enclin aux révoltes, mettait sans cesse en péril l'alimentation de Rome[46] ; il importait de la préserver de toute éventualité fâcheuse. Commode pensa donc à garder pour l'Etat le soin d'expédier l'annone, en instituant un corps de naviculaires, c'est-à-dire un ordre de contribuables chargés de l'entretien d'une flotte et responsables des transports[47]. Et comme l'Afrique, voisine de l'Italie et aussi fertile pour le moins que l'Egypte, était la nourricière principale du peuple romain[48], il fixa à Carthage le point d'attache de la flotte frumentaire par lui créée (classis Commodiana Hercalea). Dureau de la Malle a très nettement caractérisé l'œuvre de ce prince lorsqu'il écrivait : Ce n'est pas l'importation du blé d'Afrique... qu'établit et qu'institua Commode... mais une flotte impériale, privilégiée, prête à partir en tout temps, au premier signe du prince, qui apportait non seulement le blé de tribut, mais, en cas de besoin, le blé exigé et acheté[49].

Une inscription de Constantine[50] mentionne un certain C. Julius Libo, qui se dit trier[at]chus classis novæ Lybic[a]e. C'est le seul texte où soit nommée cette flotte. On s'est demandé si elle ne faisait qu'une avec celle de Commode ou si l'on devait les distinguer[51]. La plupart des auteurs repoussent l'identification. Henzen[52] voit dans Marc Aurèle le créateur de la classis Libyca : sous son règne (170), les Maures dévastèrent l'Espagne[53] ; on conçoit, dit le savant épigraphiste, qu'il ait formé, pour réprimer leur piraterie, une escadre voisine du pays qu'ils ravageaient. M. Bouché-Leclercq l'attribue au même empereur et la rattache aux ports de Cyrène et de Parætonion, en Cyrénaïque[54]. M. Cagnat assure seulement que les deux flottes n'ont rien de commun[55]. Quant à M. Ferrero, l'érudit le plus qualifié pour parler de la marine romaine, après quelques hésitations[56], voici à quelles conclusions il s'arrête[57] : la classis Libyca, surnommée nova, existait depuis peu de temps en 188, date probable de l'inscription de Constantine ; elle faisait partie de la marine de guerre, celle de Commode était une classis frumentaria ; le nom de Libyca prouve, qu'elle devait stationner sur les côtes du pays qui, au IIe et au IIIe siècles de l'Empire, géographiquement, s'appelait Libye, bien qu'officiellement il n'ait pas eu ce nom[58] ; Lampride appelle la flotte de Commode classis Africana Commodiana Herculea, C. Julius Libo ne reproduit pas ces épithètes clans sa dédicace, elles ne convenaient donc pas à la classis Libyca.

Ces arguments sont d'inégale valeur. Le grade de triérarque du dédicant ne suffirait pas à démontrer qu'il servait dans une flotte de guerre ; dès lors que le transport de l'annone était réglé par l'Etat, les commandants des navires devaient avoir des titres officiels. L'adjectif nova, si l'inscription est de 188, s'applique fort bien à la classis Commodiana, dont l'établissement remonte à 186. Enfin il y a lieu de rejeter l'hypothèse qui attribue à Marc Aurèle la classis Libyca ; c'eût été une singulière tactique de loger une escadre à Cyrène pour empêcher les Maures de, piller en Espagne, tandis qu'il était si simple d'augmenter les divisions des flottes de Syrie et d'Alexandrie que Cæsarea (Cherchel) et peut-être Saldæ (Bougie) possédaient depuis longtemps titre permanent[59]. D'ailleurs, l'histoire ne mentionne nulle part cette création ; on ne comprendrait guère que capitolin l'eût passée sous silence, puisqu'il parle des rapines et des dévastations commises par les Maures. La raison vraiment forte qui nous empêche d'identifier la Libyca et la Commodiana et de leur assigner Carthage comme port unique se tire de leurs noms mêmes. J'avoue que, dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons franchir cet obstacle. Mais je ne nie résigne pas à considérer la cause comme entendue ; et je ne serais guère surpris si quelque jour un texte épigraphique venait démontrer que ces deux termes désignent une seule et même flotte, celle que Commode établit en 180.

Tant que cette question ne sera pas élucidée, il y aurait témérité à dire que jamais, sous l'Empire, la capitale africaine ait donné un asile permanent à une flotte de guerre. Mais comme ses chantiers de construction étaient amplement pourvus de matériaux et qu'ils abondaient en habiles ouvriers, Genséric put rapidement se créer une marine très forte, qui lui permit de pousser de hardies entreprises contre les côtes d'Europe, d'emmener à Rome une armée considérable et de revenir avec une multitude de prisonniers. Vers les derniers temps de la domination vandale, où tout dans le royaume était en décadence, Tzazon, frère de Gélimer, conduisit encore cent vingt vaisseaux en Sardaigne[60].

A l'époque byzantine, les escadres déversent sans cesse au Mandracium les renforts qui viennent combattre les indigènes. Pour rendre la défense plus prompte et plus sûre et conserver avec Constantinople des relations suivies, il se pourrait que Justinien en eût affecté une spécialement au port de Carthage.

L'organisation de l'annone, qui se rattache à celle de la marine, nous est en partie connue depuis le IVe siècle[61]. La Notitia dignitatum cite le præfectus annonæ Africæ[62], qui a la haute main sur cette administration ; il commande à un personnel nombreux, réparti dans toute la contrée, tandis que lui-même, fixé à Carthage avec son officium, ses tabularii[63], reçoit l'huile et le blé destinés à l'Italie et surveille les magasins où on les dépose[64].

Constantin, répondant à une requête du concilium provinciæ Africæ (337), accorde aux sacerdotales, aux flamines perpetui et aux duumvirales, l'exemption de la præpositura annonarum ; il ordonne de graver cette décision sur tables d'airain et de l'afficher partout[65]. C'est à Carthage qu'elle fut promulguée tout d'abord, parce que le concilium y tenait ses assises, sans doute aussi parce que le præfectus annonæ demeurait. L'importance de ce magistrat, chargé de préserver Rome de la famine, apparaît dans tout son jour lorsqu'on lit la correspondance de Symmaque ; on y voit avec quelle anxiété les Romains attendaient l'arrivée, en vue d'Ostie, de la flotte frumentaire, et quelle terreur suscita parmi eux la nouvelle que Gildon retenait ces vaisseaux qui devaient apporter les blés du midi (annus australis)[66].

 

III. — COMMERCE.

Il fallait autre chose que l'annone, si développé qu'on suppose ce service, pour faire vivre le port de Carthage. Sa situation exceptionnelle au débouché de la vallée de la Medjerda, la sûreté de sa rade à l'abri des ensablements qui menaçaient celle d'Utique, la proximité des côtes siciliennes désignaient cette ville comme un lieu de transaction, comme l'entrepôt naturel des denrées que l'Afrique exportait vers le nord ou que les contrées septentrionales lui envoyaient[67]. A peine la colonie renaissait-elle, sous Auguste, que déjà nous constatons la reprise des relations commerciales outre-mer. Les milliers d'amphores qui composaient un mur, au flanc de Byrsa, sont, pour la plupart, timbrées d'une date antérieure à l'ère chrétienne ; leur multitude témoigne de l'activité du trafic maritime aussitôt que la ville se releva. Sur l'une d'elles se lisent les mots vinum Mesopotamium, avec les noms des consuls de l'année 41 avant Jésus-Christ ; les vins de Sicile débarquaient donc alors déjà au Cothon[68]. Ce mouvement ne fit que croitre tant que dura la paix indispensable au négoce. Sous le Haut-Empire, la Grèce expédie ses poteries à Carthage[69] ; Lucques, ses amphores pleines de vin sans doute[70] ; au temps de saint Cyprien, l'Orient lui vend des vêtements précieux et des soieries[71].

Mais son port ne se bornait pas à recevoir les envois d'Europe ou même d'Asie ; les produits des fertiles régions qui l'entourent s'y accumulaient surtout. Un vaste réseau routier, mettant la capitale en communication avec Hippo Regius, Theveste et Thuburbo majus, drainait les richesses des vallées qu'arrosent la Medjerda, l'Oued Miliane et leurs affluents. Ses vaisseaux chargent, à destination d'Ostie ou de la Gaule, les marbres numidiques de Chemtou[72]. On a pu aussi lui attribuer, non sans vraisemblance, le commerce des pierres précieuses[73]. Toutefois, c'est au transport des denrées nécessaires à la subsistance du peuple romain que ses armateurs réservaient avant tout leurs navires. L'annone, dont la flotte frumentaire assurait le service, ne suffisait pas à la consommation de Rome. Les négociants d'Afrique fournissaient le surplus, c'est-à-dire tout ce qui s'achetait au lieu d'être distribué, blé, olives, huile, vin, bois, etc.

Cet état de choses persista jusqu'au dernier jour. A peine interrompu par les guerres, le commerce reprend avec plus de vigueur une fois le calme rétabli. Saint Augustin parle comme d'un fait journalier de la présence des trafiquants' romains[74]. Quand les Vandales eurent institué des relations régulières avec Byzance, les transactions reçurent une impulsion nouvelle. Sous Hunéric, la sécheresse et la famine les entravèrent[75] ; ce ne fut qu'un accident passager, car, lorsque Bélisaire se présente devant Carthage, elle renferme une véritable colonie de marchands orientaux qui lui apportent de riches étoffes de leur pays[76], et l'un des amiraux récolte un ample butin en pillant les établissements des armateurs, tant étrangers qu'indigènes, voisins du Mandracium[77]. Au VIIe siècle, enfin, pendant les intervalles de tranquillité dont elle jouit, elle continue à exporter son blé et ses olives[78].

Les entreprises commerciales étaient donc la vie de Carthage ; mais, en dépit des conditions topographiques qui les favorisaient, elles auraient moins prospéré si le peuple n'avait eu, en même temps que l'initiative qui commence les opérations, la prudence qui les fait réussir. Tertullien en dit long quand il nous parle[79] de ces marchands qui, avant de recevoir l'argent qu'on leur offre en paiement, le pèsent avec soin, de peur que certaines pièces ne soient entaillées, usées ou même fausses ; il avait dû assister souvent à cette scène dans les rues de la ville. Ce simple trait montre que les négociants carthaginois n'étaient pas hommes à se laisser duper : ils possédaient le génie du commerce, legs heureux des Phéniciens qui les avaient précédés sur cette terre. Leur amour du gain les entraînait même parfois à des opérations illicites. A Demetrianus, qui imputait aux chrétiens une famine dont souffrait la contrée, saint Cyprien répond qu'il faudrait d'abord mettre un terme aux accaparements de blé, à la hausse factice des prix dont se rendent coupable les agioteurs[80].

En parcourant les listes des fonctionnaires que j'ai tenté de dresser surtout à l'aide des inscriptions, on constate que des lacunes, peut-être irrémédiables, y subsistent à toutes les périodes, mais spécialement depuis la conquête des Vandales jusqu'à celle des Arabes. Eussions-nous d'ailleurs un tableau achevé, il conviendrait, pour restituer à Carthage tout ce à quoi elle a droit, de le compléter par quelques adjonctions. En effet, outre les agents dont la volonté impériale et les nécessités du gouvernement avaient fixé la résidence en ses murs, elle en reçut d'autres encore en qualité d'hôtes, à titre transitoire. A partir du IVe siècle, et de plus en plus à mesure qu'on approche de l'invasion musulmane, les représentants de l'autorité se virent souvent contraints de déguerpir devant les populations insoumises ou les envahisseurs et de se réfugier dans la capitale, dernier boulevard des Impériaux. Ils y jouissaient des loisirs forcés que leur créait la guerre, attendant sans trop d'impatience une paix qui reculait toujours. D'autre part, la métropole envoyait parfois des représentants chargés de missions spéciales. Dans ce nombre, je rangerais volontiers les trois commissaires. Galba, Papirius Carbo et Calpurnius Bestia, dont un fragment de La Malga conserve le souvenir[81], et ceux que Vespasien délégua pour rétablir l'ancienne limite de l'Africa vetus et de l'Africa nova, aux endroits où le fossé avait disparu[82], puis les censitores per Africam[83], un procupator Augusti ad boni cogenda in Africa[84], un adjutor præfecti annonæ ad oleum afrum recensendum[85], le tribun Marcellinus, désigné comme cognitor pour présider la conférence de 411, et la suite nombreuse qui l'accompagnait[86], les divers ambassadeurs que les empereurs députèrent aux Vandales[87], les répartiteurs de l'impôt que Justinien expédia dans le pays reconquis par Bélisaire[88], ce magistrianus qui porta au même prince les protestations de l'épiscopat africain dans l'affaire des trois chapitres[89]. Tous ces hommes de confiance, munis de pouvoirs temporaires pour accomplir en Afrique une œuvre déterminée, devaient passer par Carthage et même y faire un séjour. Outre que les vaisseaux d'Italie et d'Orient abordaient communément dans son port, les mandataires du pouvoir central avaient à s'entendre, pour le bon succès de leur mission, avec les hauts magistrats provinciaux auprès de qui on les accréditait.

A défaut de caractères plus précis, c'en serait assez de cette abondance et de ce va-et-vient de fonctionnaires venus du dehors, résidents ou passagers, pour distinguer la capitale de toutes les autres cités africaines. Salvien ne s'y est pas mépris, lorsque, déplorant la corruption de l'Afrique, il s'attaque de préférence à Carthage, qui devrait, dit-il, être le modèle de toute la province, parce que les nombreux et brillants services administratifs qu'elle renferme l'élèvent à un rang très supérieur : Illic enim omnia officiorum publicoruni instrumenta... Illic quoque etiam copiæ militares et regentes militiam potestates, illic honor proconsularis, illic judex cotidianus et rector, quantum ad nomen quidem proconsul, sed quantum ad potentiam consul ; illic denique omises rerum dispensatores et differentes inter se tam gradu quam vocabulo dignitates, omnium, ut ita dicam, platearum et compitorum procuratores, cuncta ferme et loca urbis et membra populi gubernantes[90].

L'exagération-ordinaire à Salvien se retrouve dans ce langage ; mais ce que j'ai dit au cours de ce Ill e livre permet de constater qu'il n'a pas dénaturé les faits. Il a seulement exprimé en termes oratoires ce qu'une loi de 428 disait plus brièvement (Carthago) quæ omnium infra Africam provinciarum obtinet principatum[91].

 

 

 



[1] C. I. L., VIII, p. XXX.

[2] Passio S. Perpetuæ, 7 (Ruinart, p. 96, 111).

[3] Passio S. Perpetuæ, 9, 16 (Ruinart, p. 97, 100, 112). Sur l'optio carceris, cf. Bull. Ant., 1896, p. 120-122.

[4] Sermo de passione SS. Donati et Advocati, 3 et 6 ; Passio Maxiamini et Isaac (P. L., VIII. col. 754 sq., 168-710, 771). D'un cimetière des officiales provient encore l'épitaphe d'un triarius (Bull. Ant., 1896, p. 126).

[5] Bell. Vand., II, 14,26.

[6] Appendix Probi ; Cagnat, Armée, p. 264 sq.

[7] Cf. Mommsen, Ephem., IV, p. 533 ; Cagnat, op. cit., p. 126 sqq.

[8] Digeste, I, 16, 4, 1 : Nemo proconsulum stratores suas habere potest, sed vice eorum milites ministerio in provinciis funguntur.

[9] Cagnat, op. cit., p. 262 ; cf. Mommsen, Ephem., IV, p. 536 sq. : C. I. L., VIII, p. XV, col. 2 sub fine, 2532. 14603, cf. 12549 ; Bull. Ant., 1892, p. 103.

[10] C. I. L., VIII, 12590 ; Héron de Villefosse, C. R. Inscr., 1891, p. 29-31 ; Cagnat, op. cit., p. 103, 262, n. 3 ; Mélanges, XI, 1891, p. 320-322 ; XII, 1892, p. 268 sq.

[11] C. I. L., VIII, 12877 ; Mommsen, Ephem., V, p. 117.

[12] On a découvert aussi à Carthage trois inscriptions de vétérans, mais sans indication du corps auquel ils appartenaient ; C. I. L., VIII, 12591, 12818 ; Bull. arch., 1892, p. 302, n° 1.

[13] C. I. L., VIII, 1024, 12592 ; Héron de Villefosse, C. R. Inscr., 1891, p. 24-28 ; D., Arch., p. 11 ; Mélanges, XII, 1892, p. 254 sq. ; Bull. Ant., 1896, p. 126.

[14] C. I. L., VIII, 1025, 1026 ; Bull. Ant., ibid.

[15] Mommsen, Ephem., V, p. 118-120 ; Héron de Villefosse, loc. cit. ; Cagnat, op. cit., p. 263 sq. ; Bull. arch., 1896, p. 300.

[16] C. I. L., VIII, p. 1338.

[17] C. I. L., VIII, 12609. D'après ce texte et un autre (ibid., 12640). où il est question d'une écurie impériale. M. Rostovtsew (Rev. numism., 1897. p. 481 sq. ; Rœm. Mitth., 1898, p. 115 sq.) conclurait volontiers que l'empereur avait à Carthage une résidence analogue à la domus Juliana de l'Antiquaille de Lyon : cf. Jullian, Journal des Savants, 1894, p. 568.

[18] C. I. L., VIII, p. 410.

[19] On devrait peut-être dire par trois cohortes, si l'on tient compte de la très grande analogie qui existait entre Carthage et Lyon (cf. Jullian, Journal des Savants, 1894, p. 565-569). Nous savons en effet (Héron de Villefosse, C. R. Inscr., 1898, p. 719 sq.) qu'une XVIIe cohorte urbaine résidait à Lyon pour veiller à la sûreté de l'atelier monétaire ; n'est-il pas vraisemblable que la moneta de Carthage devait être protégée de la même façon ?

[20] Mommsen, Hermes, XIX, 1884, p. 8 sq., 21 sq.

[21] Cagnat, Mélanges, XI, 1891. p. 315-319 ; XVIII, 1898, p. 459, 468 = Rev. arch., XXXV, 1899, p. 186 sq., n° 90, 91 ; Armée, p. 354-365 ; Mommsen, Ephem., V, p. 208 ; C. I. L., III, 6185 ; VIII, 2565, 2561-2569, 2586, 2618, 2947, 3358, 3382, 3925, 18067, 18068, 18084-18087.

[22] Voir les listes dressées par M. Mommsen, Ephem., V, p. 196 sq. et 206 ; et C. I. L., III, 993 ; Dipl. mil., IX, l. 34 (p. 852) ; 6580, l. 37 ; VI, 220, l. 14, 16, 20 ; 2665 ; XI, 2699 ; Ruggiero, II, p. 123.

[23] Pallu, Vic., p. 20.

[24] Not. dign., Occ. I, V. Voir les titres plus complets dans Pallu, Vic., p. 21, et Cagnat, Armée, p. 116.

[25] Godefroy, Cod. Theod., XII, 1, 15 ; Pallu, op. cit., p. 23 ; Cagnat, op. cit., p. 119 ; Mommsen, C. I. L., VIII, p. XXII.

[26] Pallu, op. cit., p. 23-26 ; Cagnat, op. cit., p. 717.

[27] Not. dign., Occ. XXV ; cf. Pallu, op. cit., p. 34 sq. ; Cagnat, op. cit., p. 719 sq.

[28] Pallu, op. cit., p. 35 ; voir pourtant Cagnat, op. cit., p. 720.

[29] Cod. Theod., XVI, 2, 31 ; cf. Cagnat, ibid.

[30] Optat, III, 4 (C. S. E. L., XXVI) ; Cagnat, op. cit., p. 728 ; Mommsen, C. I. L., VIII, p. 729 sqq.

[31] Cagnat, op. cit., p. 723 ; Pallu, op. cit., p. 35. Pour les chefs et les troupes placés sous les ordres du comte, cf. Not. dign., Occ. VII et XXV ; Pallu, op. cit., 26 sq. ; Mommsen, op. cit., p. XXII ; Cagnat, op. cit., p. 129 sqq.

[32] Procope, Bell. Vand., I, 5 ; II, 3 ; Historia arcana, 18 ; Marcus, Wand., p.189 sq. ; Papencordt, p. 223-226, et, sur l'armée en général, p. 232-244.

[33] Bell. Vand., loc. cit. ; Victor de Vita, I, 30.

[34] Mommsen, C. I. L., VIII, p. XIX et 1061 ; Partsch. p. XXII, XXXV, n. 94 ; Diehl, Afr., p. 117 sq., 471-173.

[35] Procope, Bell. Vand., II, 24, 23 ; cf. Partsch, p. XVIII, n. 144 ; index, s. v. magister.

[36] Diehl, Afr., p. 485, 488 sq.

[37] Partsch, index, s. v. famulus.

[38] Procope, Bell. Vand., II, 18. 21, 28 ; Diehl, Afr., p. 122-124.

[39] Procope, Bell. Vand., II, 16. Le commentaire de ces réflexions se trouve dans le récit des événements de 534 à 698 ; cf. ci-dessus, L. I, chap. V.

[40] Procope, Bell. Vand., II, 23.

[41] Procope, Bell. Vand., II, 14, 28.

[42] Procope, Bell. Vand., II, 28.

[43] Mueller, II, p. 149, 154, n° 329 : 470. n° 380 sq. ; Rech. ant., p. 195 ; Babelon, Monn. de la rép. rom., I, p. 279 sq. ; II, p. 577 ; Cohen, V, p. 441, 32 ; VI, p. 27, 5, p. 45-47 ; Friedlænder, pl. I ; Sabatier, I, p. 213, pl. XX ; Cosmos, 23 déc. 1893, p. 118 ; Bull. arch., 1893, p. 103, n. 3 : Not. dignit., Occ. XVIII.

[44] Des inscriptions d'Ostie (C. I. L., XIV, 99, 4142) sont dressées, en 141, par les domini navium Carthaginiensium ex Africa ; en 173, par les domini navium Afrarum universarum groupés en corporation ; cf. ibid., II, 1180 ; Cagnat, Armée, p. 340, n. 5 ; Pigeonneau, Cont., p. 77 sq. ; id., Ann., p. 224-227, 235 sq. ; Liebenam, Zur Geschichte und Organisation des rœm. Vereinswesens, p. 66 sq.

[45] Vita Comm., XVII, 7.

[46] On l'avait bien vu dans la guerre toute récente des Bucoliques (Capitolin, Vita M. Antonini, XXI, 2) où, par suite du siège d'Alexandrie, les convois de blé avaient été presque complètement interrompus.

[47] Pigeonneau, Ann., p. 228 sq., 236. C'est surtout par le Code Théodosien qu'on connaît les navicularii d'Afrique (XIII, 5, 6 ; 10 ; 12 ; 16 ; 24-25 ; 30 ; 35-37 ; XIII, 6, 3 ; 4 ; 6 ; 7 (= Cod. Just., XI, 3, 2) ; 10 ; XIII, 9, 2 ; 3 (= Cod. Just., XI, 6, 3) ; 6 (= ibid., 5). Ces lois qui établissent les charges et les privilèges de la corporation (corpus naviculariorum) datent des années 331, 364, 369, 380, 395, 400, 412, 368, 367, 372, 375, 423, 380, 412 ; elles ne semblent pas, selon M. Pigeonneau (loc. cit.), avoir sensiblement modifié le caractère de l'institution de Commode.

[48] Pigeonneau, Conv., p. 77.

[49] Dureau, p. 157.

[50] C. I. L., VIII, 7030.

[51] Klein (Rheinisches Museum, XXX, 1875, p. 295) ; M. Mommsen (C. I. L., VIII, p. XXII) et M. Héron de Villefosse (art. Classis du Dict. de Saglio, p. 1236) ne se prononcent pas.

[52] Bull. dell' Inst. di corrisp. arch., 1871, p. 115.

[53] Vita M. Antonini, XXI, 1 ; Goyau, p. 222.

[54] Bouché-Leclercq, p. 333, 335.

[55] Armée, p. 340, n. 5.

[56] L'ordinamento delle annale romane, 1818, p. 160, 180.

[57] La Marine de l'Afrique romaine (Bull. des antiq. afric., 1884, p. 157-181), p. 175-178 ; cf. Iscrizioni e ricerche nuove intorno all' ordinamento delle annale dell' impero romano, 1884, p. 58 sq.

[58] On comprend, dit M. Cagnat (op. cit., p. 340), que l'on désigne par le nom de Libya, dans une épitaphe versifiée, à pays africain en général, même la Maurétanie (cf. Ephem., V, 999) ; mais, dans le langage administratif, ce mot ne pouvait s'entendre que d'une province spéciale, celle à qui une telle dénomination était officiellement appliquée.

[59] Ferrero, La Marine, p. 118-181 ; Cagnat, op. cit., p. 341.

[60] Papencordt, p. 235-238.

[61] On ne possède guère de renseignements sur le service africain de l'annone avant ce moment ; je dois pourtant mentionner, au temps de Marc Aurèle (C. I. L., II, 1180), Sextus Julius Possessor, adjutor Ulpii Saturnini præf. annonæ ad oleum afrum et hispanum recensendum item solamina transferenda... ; Forcellini et Henzen interprètent solamina par subsidia annonaria.

[62] Occ., 11 ; cf. Pallu, Vic., p. 12. Le premier dont on donne la date est en charge en 369 (Cod. Theod., XIII, 5, 42) ; cf. Goyau, p. 521. Pourtant Godefroy (Cod. Theod., XIII, 5. 2-3) en indique un dès 315.

[63] Cod. Theod., XI, 1, 43 ; XI, 7, 8. Le titre De frumento carthoginiensi (ibid., XIV, 25, 1) ne se rapporte pas à l'annone proprement dite.

[64] Une inscription trouvée sur le plateau dit de l'Odéon (Delattre, Bull. arch., 1895, p. 142 sq.) semble faire allusion à des mesures de froment ; peut-être est-elle relative au service de l'annone.

[65] Cod. Theod., XII, 5, 2.

[66] Symmaque, Epist., II, 5 et 54 (en 397) ; VII, 68 (en 395) ; cf. Claudien, In Eutrope, I, v. 399-403. Carthage approvisionnait Rome, et Alexandrie, Constantinople, mais parfois la destination des deux flottes était intervertie ; cf. Symmaque, Epist., X, 8, 7 ; 18 ; 35.

[67] Voir Mauroy, p. 73-87.

[68] L'Itinéraire d'Antonin marque la station maritime de Mesopotamio entre Syracuse et Agrigente ; Héron de Villefosse et Delattre, C. R. Inscr., 1893. p. 152-155, 229 sq. ; Cosmos, 16 déc. 1893, p. 87 sq. ; C. R. Hipp., 1894, p. XVIII sq. Est-ce à ces vins que les Carthaginois, devançant la fraude moderne, faisaient subir un plâtrage devenu proverbial ? Pline, qui rapporte cette coutume (H. N., XXXVI, 22, 166), n'ajoute aucun détail plus particulier.

[69] Toutain, Cités, p. 131, note, 146.

[70] D., Mélanges, XI, 1891, p. 67.

[71] Cyprien, De lapsis, 30.

[72] Cagnat, Revue générale des sciences, 30 nov. 1896, p. 1036.

[73] Tissot, Géographie, I, p. 270.

[74] De magistro, II, 4.

[75] Victor de Vita, III, 51.

[76] Voir Florentinus, Anthol., n° 316, v. 8-11.

[77] Procope, Bell. Vand., I, 20-25 ; Marcus, Wand., p. 209-211 ; Papencordt, p. 194 sq., 258-260, 263 sq.

[78] Diehl, Afr., p. 406 sq. ; 528 sq.

[79] De pœnitentia, 6.

[80] Ad Demetrianum, 10 ; Ad Donatum, 12.

[81] C. I. L., VIII, 12535 ; Pallu, Fastes, I, p. 8.

[82] Cagnat, C. R. Inscr., 1894, p. 26, 43-51.

[83] C. I. L., III, 388 ; V, 865, selon Ruggiero, I, p. 336.

[84] C. I. L., III, 7127.

[85] C. I. L., II, 1180.

[86] Mansi, IV, p. 51, 167, 181 ; P. L., XI, col. 1258. sq. Les officia locaux du proconsul, du vicaire et du légat avaient fourni une partie des assistants du cognitor.

[87] Voir ci-dessus, L. I, chap. IV.

[88] Procope, Bell. Vand., II, 8.

[89] Vict. Tonn., a. 550 (Chron. min., II, p. 202) ; Héfélé, III, p. 441. Magistrianus, selon Du Cange (Gloss., s. v.) est l'équivalent de agens in rebus.

[90] De Civ. Dei, VII, 16, 68.

[91] Cod. Theod., VII, 13, 22 ; cf. Marcell. Comes (Chron. min., II, p. 80) : Africæ civitates Carthaginemque metropolim...