I. — MAGISTRATS, DÉCURIONS, FONCTIONNAIRES. La colonia Junonia de Gracchus dura trop peu de temps, et l'esprit de parti s'appliqua avec trop de haine à en détruire la mémoire, pour que nous soyons surpris de ne rien savoir sur son organisation intérieure. Descendons jusqu'à César pour découvrir des traces du régime qui lui fut appliqué. Une monnaie nous en a conservé le souvenir sous cette forme : Aristo. Mutumbal. Ricoce. Suf.[1] Les trois premiers mots, quelque embarras qu'on éprouve à les grouper, renferment certainement des noms d'hommes à tournure punique ; ce sont les magistrats suprêmes de la cité, appelés suffètes comme au temps de la première Carthage. On serait donc tenté de penser que César, fidèle à sa politique, avait cherché, lorsqu'il rétablit la colonie, à plaire à la population en majeure partie d'origine africaine, en ressuscitant une dénomination qui lui était chère. Toute plausible qu'elle paraisse, cette conclusion ne doit pas être acceptée sans réserves, car des monnaies d'une autre série, également antérieures à Auguste[2], ont un aspect très différent. Bien qu'on ne les explique pas encore, celles-là non plus, à notre entière satisfaction[3], il est avéré néanmoins que les noms gravés en exergue sonnent comme ceux des Romains et que toute mention de suffètes a disparu. Une complète incertitude continue donc à régner sur ces premiers temps de l'organisation municipale. Tenons seulement pour avéré que César, en ranimant la ville de Gracchus (710/44), l'avait mise en état de vivre et de s'administrer. Un autre monument encore le démontre C'est une inscription sur laquelle un affranchi, jadis attaché à la personne de l'ex-lieutenant de César, T. Sextius, qui gouverna l'Afrique entre 712/42 et 714/40[4], s'intitule ensuite édile de Carthage, préfet charge de rendre la justice et d'affermer les vectigalia[5]. Ce texte, fort limpide, atteste l'introduction avant l'époque impériale du système de magistratures romain[6]. A partir de 725/29, la nouvelle deductio faite par Auguste mit fin à ce régime incertain ; Carthage désormais ne se distingue pas des autres colonies. Elle nous offre des duovirs dès les règnes d'Auguste[7] et de Tibère[8]. Elle est régulièrement inscrite dans la tribu Arnensis[9]. On sent que Rome s'affermit dans la contrée, qu'elle y insinue de plus en plus ses idées et ses mœurs. Le duovirat se maintint pendant plusieurs siècles[10]. Si nous ne perdons pas de vite quelle importance acquit la ville sous les Antonins, quel rôle elle joua pendant toute la période suivante, nous comprendrons combien était honorable pour un citoyen son élection au rang suprême dans la splendidissima colonia Catlhaginiensium[11]. On flattait sûrement l'amour-propre d'un Carthaginois en mentionnant que la confiance du peuple l'avait investi de tous les honneurs dans sa patrie[12]. Au second rang figurent les édiles[13], plus bas les questeurs[14]. A leur entrée en charge tous versent une summa honoraria au trésor municipal ; et ce don forcé est proportionné à l'éclat de la ville qui les a choisis. Une inscription[15] parle d'un édile qui paya 50.000 sesterces (13.000 francs) l'honneur qu'on lui conférait ; en outre, il fit les frais d'un spectacle. De tout temps cette population fut si avide de fêtes que les magistrats étaient sûrs de plaire en les lui prodiguant ; et c'est peut-être à quelque réjouissance populaire de cette espèce que Tertullien fait allusion, quand, décrivant une orgie païenne[16], il ajoute que l'air est souillé par l'haleine fétide de toutes ces tribus, curies et décuries. Ce texte prouve l'existence à Carthage de divisions politiques qui portaient le nom de tribus, d'associations privées propres à l'Afrique, appelées curies, sur le caractère desquelles on n'est pas encore très bien fixé[17], enfin de collèges funéraires répartis en diverses branches ou décuries[18]. L'assemblée du peuple (populus) élit les magistrats, décerne les honneurs[19]. Prosper lui attribue encore un rôle au Ve siècle. Comme toutes les villes soumises au régime municipal romain, Carthage possédait un sénat ou ordo decurionum[20], dont les membres[21] devaient être au nombre de cent, chiffre ordinaire pour les colonies[22]. Cette assemblée se mêla assurément aux événements politiques et religieux dont la capitale de l'Afrique fut le théâtre ; et pourtant c'est à peine s'il subsiste quelques traces de son intervention. Saint Augustin rappelle que plusieurs décurions[23] avertirent le proconsul de la ruse employée par l'évêque Mensurius pour ne pas livrer les Ecritures. Ce fait donne à penser qu'au début du IVe siècle l'ordo appartenait encore, au moins en partie, au paganisme ; les riches vinrent lentement à la nouvelle religion. Le sénat carthaginois est surtout intéressant par la lutte qu'il soutint bientôt après contre le pouvoir impérial. On sait que les magistratures municipales, honneur jadis très envié, s'étaient peu à peu converties en charges accablantes, à cause des multiples dépenses (jeux, fêtes, constructions, largesses, etc.) qui incombaient aux titulaires, sans compter la responsabilité en matière d'impôts. Les gens aisés cherchaient donc à esquiver alitant que possible ces soi-disant, distinctions, qui les conduisaient fatalement à l'impopularité ou à la ruine, souvent aux deux ensemble. De son côté, l'empereur, qui trouvait dans ce système une source abondante de revenus, employait tous les moyens pour contraindre les récalcitrants à accepter. C'est nu épisode de ce conflit à l'état aigu que nous surprenons à Carthage, où les dépenses étaient beaucoup plus lourdes qu'ailleurs, et par conséquent plus vif le désir des décurions de s'y soustraire et plus ardente la volonté du prince de les y réduire. Le préfet du prétoire d'Italie[24] s'était plaint que les sénateurs refusassent de siéger, prétextant, à titre d'exemption, des dignités qu'ils se procuraient à prix d'argent. Le 10 janvier 339, Constantin II, Constance II et Constant enjoignent qu'on les dépouille de ces dignités usurpées et qu'on les astreigne aux civica munera[25]. De violentes réclamations se firent sans doute entendre, puisque, quatorze ans plus tard (23 juillet 353), Constance II et Gallus écrivent directement à l'ordo Carthaginiensium que les personnes investies de fonctions honoraires, encore que réelles et légalement obtenues (ex-comites, ex-præsides...) ne sauraient se dispenser des charges curiales[26]. Ils reconnaissaient donc implicitement la validité de l'excuse tirée des fonctions effectives. La décision satisfaisait les plaignants qu'elle dégrevait dans une certaine mesure, sans trop nuire ni au trésor public, ni aux intérêts de Carthage (ratio municipalis). Il est peu vraisemblable néanmoins que ce palliatif ait pour toujours calmé le mécontentement. Avec l'esprit d'indépendance que nous leur connaissons, les Carthaginois n'étaient pas hommes à supporter sans se plaindre le fardeau, même allégé, qu'on leur imposait. Les rapports qui existèrent entre les sénateurs et Valentinien et Valens, en 364, sont empreints d'une plus grande cordialité. Il s'agit, dans les deux rescrits impériaux adressés à l'assemblée[27], des appels judiciaires et de la transmission des dossiers y relatifs à la chancellerie impériale. Les devoirs des juges sont résumés ainsi que les peines auxquelles ils s'exposent en cas de faute. Ces questions de procédure regardaient-elles donc en quelque façon l'ordo de la cité ? Non, certes ; mais, dit avec raison Godefroy, il avait pu signaler en haut lieu la négligence des juges, témoignant ainsi de son zèle pour la défense de ses administrés. Apulée, dans le discours qu'il prononça pour remercier la curie de lui avoir voté une statue[28], exalte cette compagnie non minus splendidissima quam begnissima ; les épithètes ne lui coûtent rien quand ile célèbre la sanctissima curia, les optimi magistratus benevolentissimi principes ; enfin le décret rendu en sa faveur est un vrai sénatus-consulte. Sans nous laisser gagner par l'accès d'enthousiasme auquel l'orateur est en proie, ne nous sera-t-il pas permis de dire que cette assemblée, porte-parole d'un peuple immense, avait bien quelque droit d'être fière de sa situation ? Elle formait une aristocratie municipale et provinciale que les empereurs se plaisaient à combler de distinctions honorifiques[29]. Ils montrèrent surtout l'estime qu'ils professaient pour elle, en choisissant à diverses reprises dans son sein des curatores pour gérer les finances de plusieurs villes africaines importantes, comme Thimida Regia[30], Thamugadi[31], Abthugni[32]. L'un d'entre eux même, au IIIe siècle, fut chargé, fait extraordinaire[33], d'une surveillance de ce genre clans sa propre patrie[34]. Il s'acquitta de la mission au gré de ses concitoyens, puisqu'ils lui décernèrent publiquement les épithètes d'abstinentissimus et d'integerrimus. Souhaitons que le prince ait eu, lui aussi, à se louer de son zèle. Les autres curateurs qui furent imposés à la colonie, personnages du plus haut rang (viri clarissimi), lui sont tous étrangers ; du moins, nul indice ne permet de soupçonner qu'aucun d'eux y fût né[35]. Les décurions de Carthage, pour n'être pas toujours investis d'une mission officielle, exercèrent cependant plus d'une fois une action très directe sur les cités de la province. Les mis en étaient les patrons, comme ce M. Julius Probatus Sabinianus, à qui l'ordo de Chiniava[36] témoigne sa reconnaissance pour la constante protection dont il lui est redevable, ou ce L. Marcius Simplex, qui fit bâtir à Thugga[37] un temple magnifique. Les autres avaient dû rendre quelque service signalé, tel ce Q. Agrinins Speratus Speratianus, à qui le municipe d'Avitta Bibba[38] dressa une statue pour le remercier de l'avoir doté d'un portique, tels encore ce Sex. Memmius Félix Sabinianus et ce Q. Memmius Rufus Fortunatianus, qui s'unissent à plusieurs habitants de Thignica[39] pour embellir la ville et à qui celle-ci, en retour, érige aussi des statues sur son forum. Ce qui les pousse à favoriser ainsi ces colonies ou ces municipes, c'est qu'ils en sont le plus souvent originaires[40]. Animés d'un vif amour pour la petite patrie, ils ne l'avaient pas oubliée en devenant citoyens de Carthage, et il leur était doux de faire profiter leurs compatriotes de l'influence et de la fortune qu'ils avaient acquises. Les travaux publics de voirie ou d'architecture, la perception des taxes municipales, la police, en un mot tous les services urbains nécessitaient la présence d'un corps important d'employés, ingénieurs, architectes, contrôleurs, commis et agents de tout grade. La seule indication précise que j'aie saisie à leur sujet[41] est relative à cet architecte[42], qui délivra Alypius faussement accusé de vol. Ce fonctionnaire avait mission d'inspecter les monuments publics ; il occupait une situation assez relevée. De modestes auxiliaires à la solde de la ville, les gardiens du forum (æditimi fori), interviennent aussi dans la mésaventure d'Alypius. II. — L'ATELIER MONÉTAIRE. Un des premiers privilèges dont bénéficia la jeune colonie fut la faculté d'émettre des pièces de bronze en son propre nom. Entre 710/44 et 725/29, ses suffètes et ses duovirs, nous venons de le voir, battent déjà monnaie[43]. Auguste, lorsqu'il organise la colonia Julia Carthago, ne porte pas atteinte à ce droit ; sous lui et sous Tibère, les magistrats municipaux continuent à diriger la frappe d'après le système romain[44]. Il ne parait pas que Rome ait autorisé la fabrication d'espèces d'argent, ni d'or[45], le numéraire de bronze suffit à occuper les monnayeurs africains. La quantité qui nous en est parvenue, dit Mueller, nous porte à en admettre une grande émission, comme a dû l'être celle de l'atelier de la capitale[46]. La révolte de Clodius Macer (68) développa encore cette production. L'usurpateur, voulant s'approprier l'un des attributs essentiels du pouvoir souverain, lança toute une série de médailles aux types les plus divers : buste tourelé de Carthage, tête casquée de Rome, cornes d'abondance, liberté personnifiée, tête de l'Afrique, buste de la Victoire, etc.[47] A l'exception d'une seule, qui est de bronze, toutes sont en argent. Cet octroi d'une. frappe interdite jusqu'alors, les emblèmes et les légendes caractéristiques adoptées pour les empreintes, enfin cet empressement à introduire tout d'un coup sur le marché des deniers nombreux à son effigie, tout concourt à mettre en pleine lumière les ambitieux projets du légat rebelle. Il est vraisemblable que l'atelier d'abord municipal, devenu ensuite impérial à une date que nous ne saurions déterminer, subsista durant, tout l'empire[48]. Peut-être certaines monnaies de Septime Sévère, relatives à la réfection de l'aqueduc, avec la légende : indulgentia Augg. in Carth.[49], en provenaient-elles. Mais, d'une manière générale, discerner les pièces qui en sortent n'est pas chose facile ou même possible jusqu'au déclin du IIIe siècle oh apparurent les marques de fabrique. Les monnaies frappées à Carthage, le seul atelier d'Afrique, dit M. Babelon[50], portent la marque K, KA ou KART, suivie d'une lettre variable, qui est le différent de l'émission. Ces abréviations et des légendes telles que : cureta Carthago, felix Carthago, conservatores Karthaginis suæ, sur des monnaies d'or de Maximien Hercule[51] et de Maxence[52], prouvent que la frappe a été faite à la moneta de Carthage. Les pièces d'or, d'argent ou de bronze d'Alexandre le tyran ont toutes au revers la mention significative : p(ercussus) K(arthagine)[53]. L'atelier fut surtout prospère à la fin du IIIe siècle et au commencement du suivant ; ses officines émettaient alors des espèces pour la plupart des Augustes et des Césars qui détinrent le pouvoir depuis l'établissement de la' tétrarchie jusqu'à Maxence ; on a reconstitué quelques-unes de ces séries[54]. Les Vandales ne pouvaient pas manquer d'utiliser tout le matériel monétaire que la conquête avait fait tomber entre leurs mains. Genséric manda-t-il d'Espagne, comme on l'a soutenu, d'habiles ouvriers monnayeurs[55] ? Quoi qu'il en soit de cette tradition, la plus grande activité régna sous la domination des Vandales à l'atelier carthaginois, le seul, croit-on, qu'ils aient possédé[56]. La liste est longue des monnaies de Genséric, d'Hunéric, de Gunthamund, de Thrasamund, d'Hildéric et de Gélimer, qui nous sont parvenues. Il se peut qu'au début ils aient borné leur ambition à copier les types impériaux ; on attribue d'ordinaire au règne d'Huilerie des pièces d'argent calquées sur celles d'Honorius[57]. Les successeurs de ce roi, sans s'écarter beaucoup de ce modèle en quelque sorte consacré, changent pourtant les légendes du droit et simplifient le revers qui, souvent, ne porte plus qu'un chiffre de valeur ; felix Karthago indique à plusieurs reprises le lieu d'origine. Hildéric et Gélimer emploient le bronze concurremment avec l'argent[58]. Enfin, pendant cette période, Carthage émet des monnaies autonomes de bronze, sans autre nom que le sien, accompagné d'une tête de cheval, souvenir du lointain passe on la ville punique en décorait fièrement ses statère[59]. Les Byzantins, rentrés en possession de l'Afrique, frappent de nouveau des espèces d'argent et de bronze à l'effigie impériale[60]. Justinien fit de fréquentes émissions portant la date de l'ère nouvelle de Carthage reconquise[61]. Les monnaies de Justin II, avec le nom de sa femme Sophie, sortent, elles aussi, pour la plupart de cette ville[62]. Tibère Constantin[63], Maurice Tibère[64], Phocas[65], Heraclius[66], Constant II[67], Constantin Pogonat[68], et même Justinien II[69], fort peu de temps avant la perte définitive de l'Afrique, utilisèrent encore fréquemment la vieille moneta. Au milieu du VIe siècle, l'usurpateur Grégoire s'en servit, comme avaient fait Clodius Macer et Alexandre[70]. C'est à la période byzantine qu'il convient d'attribuer les exagia ou poids officiels, destinés à la vérification des monnaies d'or et d'argent, que les Arabes déterrent fréquemment entre La Goulette et Sidi Bou Saïd. Le musée de Saint-Louis en possède une riche série[71] ; ils sont de valeur très diverse. Les indications qu'ils portent ne permettent pas, en général, de les attribuer spécialement à tel empereur. Friedlænder[72] en a signalé un d'origine vandale. |
[1] Eckhel, IV, p. 137 sq. ;
Mueller, II, p. 149-151, n° 319-320, suppl. p. 56 ; Mommsen, C. I. L.,
VIII, p. 133 ; Rech. ant., p. 119, fig. 40 ; Marquardt, II, p. 462, n° 8
; Tissot, Géographie, I, p. 636. Avec Mommsen et Tissot, je crois que
les deux têtes imberbes du droit représentent les deux suffètes plutôt que
César et Auguste, puisque la pièce est antérieure à Auguste ; cf. Toutain, Cités,
p. 351. Rapprocher des noms Aristo et Mutumbal les exemples cités au C. I. L.,
VIII, p. 1020 et 1030.
[2] Mueller, suppl., p. 55.
n. 320 a, b, c, ; C. I. L., VIII, p. 133.
[3] Je me range à l'avis de
Mommsen, qui lit : C. Al(fius ?) Pomp(eianus ?) F(ulvius ?) Vic(tor) q(uæstores ?)
a(ere ?) f(eriundo ?) c(olonia ?) Ka(thagine). Mueller interprète : C. Al.
Pomp. (nom d'un des suffètes à compléter) M. F. Vic. (nom du fonctionnaire monétaire à compléter) q(uinquennalis) a(ugur) f(aciendum) c(uravit) Kar(thagine).
Cette leçon est beaucoup moins vraisemblable.
[4] Pallu, Fastes, I, p. 51
sq., 61 sq.
[5] C. I. L., X. 6104 cf. ibid.,
VIII, p. 133.
[6] Il démontre, en outre, comme
l'a bien vu Mommsen (ibid.), que, dès cette époque, les affranchis
étaient admis aux honneurs dans les provinces. Cf. Henzen, Bull. dell' Inst.
di corrisp. arch., 1813, p. 87-99.
[7] Mueller, II, p. 149 sq., et
152-154, n° 321-326.
[8] Mueller, II, p. 150 et 154, n°
327-329.
[9] C. I. L., III, 446,
6185, 6580, l. 37 : VI, 220, l. 16 et 20, 2232, 2663 ; VIII, 805, 1035. 1494, 2618, l. 35, 3358, 3925. 4436, 8449, 10526-7, 10533, 12318, 12510,
13270, 14362, 14364, 14603, 18461 : XI, 5699 ; Rev. arch., XXII, 1893,
p. 392. n° 101 ; Const., XXVIII, 1893, p. 112. La tribu Quirina est indiquée une fois (C. I. L.,
VIII, 13228).
[10] Nous trouvons encore deux duoviri de Carthage en 314 (Acta purgationis
Felicis, C. S. E. L., XXVI, p. 198 sq., 25b et 26a) : d'autres sont au C. I.
L., VIII, 883 (duovir quinquennalicius),
1147, 1165, 12585 (avec un præfeclus jure dicundo)
; cf. ibid., X, 6104.
[11] C. I. L., VIII, 2409 =
17909. On rencontre encore : en 152 et en 283, respublica
Kartaginis (ibid., 1016, 12522) ; au IIIe siècle, splendidissima colonia Julia Aurelia Antoniniana Karthago
(Bull. arch., 1893, p. 226, n° 65 = Rev. arch., XXIV, 1894, p.
412, n° 60) ; en 304, splendidissima Carthaginis
civitas (Acta SS. Saturnini, 7, Ruinart, p. 385) ; en 314, splendida colonia Carthaginiensium (C. S. E.
L., loc., cit.) ; en 339, Karthago splendidissima
(Cod. Theod., XII, 1, 27) ; sous Constantin, splendida
Carthago (C. I. L., X, 3732) ; à une date inconnue, splend. col. Karthag. (C. I. L., VIII,
1165) ; après Dioclétien, col(onia) [al]ma
K(arthago) (ibid., 928, 1277 = 14172, 11205, 12545, cf. VI,
1691) ; en 411, alma et celsa Carthago (Mansi, IV, col. 51, 167, 181) ; civitas splendida Carthago (Edictum Marcellini
primum, P. L., XLIII, col. 818 ; Ed. Marc. secundum, ibid., col. 820).
[12] Bull. arch., 1891, p. 197, n° 15 = Rev.
arch., XIX, 1892, p. 295, n° 12 ; cf. Toutain, Cités, p. 265.
[13] C. I. L., VIII, 883, 1494, 12584 ; X,
6104 ; Bull. arch., 1893, loc. cit. ; Rev. arch., XXIV, loc.
cit. ; Const., loc. cit.
[14] Bull. arch., ibid. ; Rev. arch., ibid.
[15] Const., loc. cit. ; cf.
C. I. L., VIII, 12571.
[16] Apologétique, 39.
[17] M. Toutain (Cités, p.
278-286) a démontré que ces curies n'étaient ni des
confréries religieuses, ni des corporations professionnelles, ni des collèges
funéraires, ni des sections électorales, mais peut-être des associations de quartiers, dans lesquelles se
groupaient, à la ville, les habitants d'un même virus, à la campagne les
paysans d'un même pagus.
[18] Bouché-Leclercq, p. 475.
[19] C. I. L., VIII, 12573 :
cf. Toutain, Cités, p. 352-354.
[20] En 339, senatus (Cod. Theod., loc. cit.) ; en 353,
ordo Carthaginiensium (ibid., 41)
; en 364, ordo civitatis Karthaginis (ibid.,
XI, 30, 32, et 36, 15) ; en 413, Karthaginiensis
curia (ibid., XII, 1, 176). Les Acta purgationis Felicis
(loc. cit.) nous ont conservé un procès-verbal d'audience de la curie de
Carthage.
[21] Decurio (C. I. L.,
VIII, 883, 1002, 1004, 1141, 1413 = 15205 [adlecti
decuriones, cf. 1003], 2409 = 17909, 12571 [?], 12572 ; Rev. arch.,
XX, 1892, p. 215 et 404, n° 145 ; XXXV, 1899, p. 179, n° 61) ; senator
(Augustin, Conf., VI, 9, 15) ; curiales
(Cod. Theod., XII, 1, 27) ; les
expressions principes Africæ viri
(Apulée, Flor., XVI, début), Sidonii patres
(Corippus, Johan., III, v. 280), proceres
(ibid., I, v. 1 ; VI, v. 228-260), sont littéraires et non officielles.
Ces deux derniers textes montrent que Justinien se préoccupa de réorganiser le
régime municipal à Carthage (cf. Diehl, Afr., p. 390) ; mais nous
souhaiterions des informations plus précises.
[22] Marquardt, I, p. 271 ;
Bouché-Leclercq, p. 184.
[23] Quosdam
Carthaginensis ordinis viros ; Brevic. coll., III, 23.
[24] Ou peut-être simplement le
proconsul d'Afrique ; cf. Borghesi, X, p. 510 sq.
[25] Cod. Theod., XII, 1,
27, et les notes de Godefroy ; cf. Toutain, Cités, p. 364, n. 4 et 371.
[26] Cod. Theod., XII, 41,
et les notes.
[27] Cod. Theod., XI, 30, 32
et 36, 15 et les notes.
[28] Florus, XVI, 12-16 ; il y
parle encore du splendidissimus ordo, ce
qui était l'expression consacrée.
[29] C. I. L., VIII, 1147, duovir adlectus inter turmas equestres ; 1165, duumviralicius qui est vir egregius ; 16530, quinqueunalicii ; 11909, decurio qui est eques romanus ; Bull. arch.,
1893, p. 226, n° 65 = Rev. arch., XXIV, 1894, p. 412, n° 60, ædilicius, quæstorius (par conséquent décurion de
droit) qui est equo publico exornatus ;
cf. C. I. L., VIII. 1494 un flamen, in quinque
decurias ab imp. Antonino. Aug. adlectus.
[30] Sidi Ali es Sedfini (Tissot, Géographie,
II, p. 590 sq.. pl. XVII, XIX ; Atlas, II, Oudna) ; C. I. L., VIII,
883.1
[31] Timgad ; C. I. L., VIII, 17909.
[32] Henchir es Souar ; Bull. arch., loc. cit. ; Rev. arch., loc.
cit.
[33] Marquardt, I, p. 228, n. 2.
[34] C. I. L., VIII, 1165 ;
héron de Villefosse, Bull. épigr., I, 1881, p. 19 sq.
[35] En 283 (C. I. L., VIII,
12522) ; sous Constantin (ibid., 1016, et X, 3732) ; en 411 (Mansi, IV.
col. 51, 167, 181). Les curatores sont des
fonctionnaires impériaux, mais ils s'occupent exclusivement des affaires
municipales (cf. Toutain, Cités, p. 365) ; c'est pour ce motif que je
les introduis dans ce chapitre. Une inscription de Tivoli (C. I. L.,
XIV, 3613) fait allusion à un consul désigné, patron de Carthage.
[36] Henchir Guenba (Atlas, I, Mateur) ; Bull. arch., 1891, p.
197, n° 15 = Rev. arch., XIX, 1892. p. 295, n° 12.
[37] Dougga ; C. I. L., VIII, 1494, 15513, 15514 ; cf. 1497, 15529 ; Rev.
arch., XXII, 1893, p. 392, n° 101.
[38] Henchir Bou Flis (Tissot, Géographie,
II, p. 542-545, pl. XIX) ; C. I. L., VIII, 805.
[39] Aïn Tounga ; C. I. L.,
VIII, 15205.
[40] C. I. L., VIII, 15205 ;
Bull. Ant., 1898, p. 268 ; Toutain, Cités, p. 360.
[41] Salvien (De Gub. Dei,
VII, 18, 78) parle en termes très vagues des procuratores
publicæ disciplinæ.
[42] Augustin, Conf., VI, 9,
15.
[43] Eckhel, IV, p. 137 sq. ;
Mueller, II, p. 149-151, n°5 319-320 ; suppl., p. 55, n° 320, a, b, c ; Rech.
ant., p. 179. Le travail de ces dernières pièces est assez défectueux ;
aussi Mueller est porté à croire que le coin de la
face est dû à un graveur punique peu habile et non versé dans l'écriture
romaine. Sur les monnaies de Carthage, en général, voir Caroni, p.
76-89, pl. V-VI.
[44] Eckhel, IV, p. 140, n°5 8, 9,
12, 14 ; Mueller, II, p. 149-150, 152-154. n° 321-329 ; Rech. ant., p.
179. Mueller (II, p. 176) croit pourtant, vu la quantité des bronzes que nous
possédons de la première Carthage, qu'ils ont eu cours
longtemps après la chute dans la ville ou dans la province.
[45] Mommsen, Hist. de la
monnaie romaine (trad. Blacas), III, p. 248. Une monnaie de bronze
contremarquée par le proconsul L. Apronius (18-21 ap. J.-C.), et déterrée à Bir
el Djebbana (Cagnat, Armée, p. 13), semble venir à l'appui de cette
opinion.
[46] Mommsen, Hist. de la
monnaie romaine, III, p. 153. Certaines pièces (de Q. Cornificius, de Q.
Cæcilius Metellus Pius Scipio, de Caton d'Utique), frappées en Afrique vers la
fin de la République, l'ont-elles été à Carthage ? Rien ne nous autorise à
l'affirmer. Cf. Babelon, Monnaies de la Rép. rom., I, p. 277-280,
433-435 ; 11, p. 373-376 ; Rech. ant., p. 185.
[47] Eckhel, VI, p. 288-290 ; Mueller, op. cit., p. 170-175, n°
380-392 ; Cohen, I, p. 216 sq. ; VII, p. 36 ; Rech. ant., p. 187.
[48] Pourtant la Notitia
dignitatum (Occ., X) ne parle pas de la moneta
de Carthage ; aussi M. Mommsen croit que toute affirmation sur sa durée serait
prématurée en l'état actuel de la science (Die fuenfzehn Muenzstætten der
fuenfzehn diocletianischen Diœcesen, dans Zeitschrift fuer Nuemismatik
de von Sallet, 1887, p. 243, n. 2). M. O. Hirschfeld (Untersuch., p. 97,
n° 4), se demande si l'atelier n'avait pas été supprimé au IVe siècle.
[49] Cohen, III, p. 249 et 300, n°
130-132, 520-524. On pourrait se poser la même question à propos des monnaies
avec les légendes : Africa, Annonæ Augg., sæculo
frugifero et des symboles d'abondance, corne, épis... (ibid.,
p. 235, 236, 277, 293 sq., 315, n° 21-27, 368, 480-486, 625 sq.).
[50] Rech. ant., p. 192.
Dioclétien établit pour chaque diocèse une moneta,
sous la direction d'un procurator monetæ
; cf. Mommsen, loc. cit., p. 242.
[51] Eckhel, VIII, p. 11, 18, 25 ;
Cohen, V, p. 441, n° 32, et peut-être p. 464, n° 183 : VII, p. 354, n° 17.
[52] Eckhel, VI, p. 27, n° 5.
[53] Eckhel, ibid., p.
45-41. cf. surtout p. 46. n. 3 : VII, p. 313. Les légendes : felix Karthago. Africa Aug. n., gloria exercitus Kart., sont aussi par
elles-mêmes très explicites. L'indication p. K.
se rencontre déjà sur des bronzes de Maximien Hercule.
[54] De Longpérier, Œuvres,
III, p. 106-108 : Mowat, Revue numismatique, 1891, p. 68. 72 sq., 129-133 : cf. de Westphalen, ibid., 1887, p. 30-36, 38,
40.
[55] Friedlænder, Die Muenzen der Vandalen, 8°. Leipzig. Wigand,
1849, p. 13 ; Papencordt, p. 433.
[56] Friedlænder, Die Muenzen der Vandalen, p. 13.
[57] Friedlænder, Die Muenzen der Vandalen, p. 19 sq., pl. I :
Sabatier, I, p. 215, pl. XX, 1 : Cosmos, 23 déc.
1893, p. 118 : Bull. arch., 1893, p. 103. n. 2. L'argument principal
qu'on invoque pour refuser ces pièces à Honorius est l'absence du DN devant le
nom de ce prince écrit en toutes lettres. Friedlænder ajoute que le type du
revers (femme debout tenant des épis dans chaque main) se retrouve sur des
monnaies d'Hildéric, de Gélimer : mais cette identité pourrait résulter
simplement de ce que les successeurs d'Hunéric l'ont copié. Friedlænder et tous
les numismates après lui pensent qu'Hunéric a utilisé les pièces d'Honorius à
cause de la ressemblance du nom. Genséric n'a-t-il pas pu les conserver pour ne
pas troubler les habitudes de la population ? C'est ce que firent les
Mérovingiens, en Gaule, avec les espèces d'or et d'argent (cf. Ch. Robert, Mém.
Inscr., XXX, 2e partie, p. 418-425 : M. Prou, Les Monnaies
mérovingiennes, p. XIV-XXVIII, XCVI-CI, 1-8, n° 1-31 : id., Inventaire
sommaire des monnaies de la collect. d'Amécourt, p. 53-15, n° 1-44, extrait
de la Revue numismatique, 1890). Si Genséric, comme le dit Papencordt
(p. 435 sq.), s'est servi de nummi recusi,
on est peut-être fondé à croire qu'il laissa d'abord circuler la monnaie
romaine en cours. Après Hunéric, tous les rois vandales inscrivent leur propre
nom sur le numéraire qu'ils frappent, et jamais plus on n'y rencontre
l'épithète Augustus.
[58] Eckhel, IV, p. 138 sq. :
Friedlænder, p. 6 : Sabatier. I. pl. XX : Rech. ant., p. 194,
215. Papencordt (p. 433) croit aussi à l'existence de monnaies d'or. On
assigne à Hildéric des monnaies de Justin Ier, avec felix
Carta ou Kartg (Friedlænder,
p. 32 ; Sabatier, I, p. 219, pl. XX, 14 : cf. Papencordt,
p. 439) ; mais le fait ne me semble pas hors de conteste. Papencordt (p.
127. 231) voit dans la présence de la figure impériale sur ces monnaies l'aveu
par les Vandales de leur dépendance vis-à-vis de l'Empire.
[59] Friedlænder (p. 35 sq., pl. I) les croit de la fin de la
domination vandale : cf. Sabatier, I, p. 220 sq., pl. XX, 22-28 : Rech. ant., p.
195, 215. Certaines autres monnaies sont encore attribuables à Carthage et à
cette époque, les unes en raison de leur type, bien qu'aucune légende ne vienne
à l'appui, les autres parce qu'elles contiennent le nom de la ville entier ou
abrégé. Outre les références ci-dessus, voir au Cabinet des Médailles de la
Bibliothèque Nationale les numéros suivants du catalogue : 9927A Domino
nostro. r Cartagine p. p.
; 9927B
Dominis nostris. r une croix dans une
couronne : 9926 et 9927, buste de guerrier casqué à droite. r K. Ces trois derniers exemplaires sont inédits.
MM. Babelon et Prou m'ont renseigné avec la plus parfaite obligeance sur ces
séries numismatiques peu connues.
[60] Sabatier (I, p. 163-165, pl. X, 14-15 : XI, 2 et 7) attribue assez
arbitrairement à Carthage des monnaies de Justin Ier.
[61] Sabatier, p. 181, 183,
186-190, pl. XII, 23 ; XIII, 14 ; XV, 15-16 ; XVI, 11-13, 24-25. Cf. C. I. L.,
VIII, 5262.
[62] Sabatier, 226-227, pl. XXI,
12-15.
[63] Sabatier, p. 233, n° 16.
[64] Sabatier, p. 241. 243-246, pl.
XXIV,
20 ; XXV,
14-16, 19, 32 : XXVI, 1.
[65] Sabatier, p. 235, n° 18.
[66] Sabatier, p. 265, 269 sq., pl.
XXVIII,
4-5, 26, 29.
[67] Sabatier, p. 300, 302, pl. XXXIII, 3-4, 12, 15, 16 ; II, p. 7,
n° 26, p. 8, pl. XXXV, 7 ; Miss. cath., 1887, p. 524.
[68] Sabatier, II, p. 14, pl. XXXV, 21 ; Miss.
cath., 1887, p. 325.
[69] Sabatier, II, p. 25,
pl. XXVII,
19.
[70] Diehl, Afr., p. 557.
[71] Delattre, Bull. Hipp., XVIII, 1883, p. 53-58 ; C. R. Hipp.,
1891, p. XXXVIII sq. ; Cosmos, 11 janv. 1890, p. 160 sq. ; 23 déc. 1893, p. 119 :
cf. Gsell, 1893, p. 192, n. 5.
[72] P. 13.