La ville haute comprend, comme la ville basse, deux quartiers : Byrsa et La Malga. Dans Byrsa, j'englobe non seulement la hauteur de Saint-Louis, mais aussi les collines du nord, occupées par le Carmel, la résidence d'été des Sœurs de Sion et le Petit Séminaire, et celles qui les continuent vers l'est, jusqu'à la route de Sidi Bou Saïd. La Malga s'étend depuis le village de ce nom jusqu'à celui de Douar ech Chott. I. — BYRSA. Si l'on quitte Bordj Djedid en se dirigeant à l'ouest, on coupe bientôt le chemin qui monte de la plaine vers Sidi Bou Saïd. Au delà s'étend un terrain en hémicycle, dont les talus laissent apercevoir des restes de voûtes inclinées[1] ; c'est là, dit le P. Delattre, que nous devons chercher l'Odéon. Outre les indices fournis par la structure de ces quelques pans de murailles, ce flanc de colline évidé rappelle assez l'aspect des théâtres antiques. Or l'on sait que l'Odéon était un théâtre bâti par les Carthaginois lorsqu'ils obtinrent, au début du IIIe siècle, la faveur de célébrer les jeux pythiques[2]. Tertullien, contemporain de cette construction, nous rapporte qu'en creusant les fondations des tombeaux vieux d'au moins cinq siècles reparurent au jour et que l'on exhuma, au grand effroi du peuple, des squelettes qui n'étaient pas encore tombés en poussière[3]. On enterrait donc, pendant la période punique, à l'endroit oh plus tard s'éleva l'Odéon. Or le P. Delattre a constaté la présence d'une nécropole préromaine sur la hauteur intermédiaire entre Bordj Djedid et Saint-Louis. Le résultat de ses investigations s'accorde avec le témoignage de Tertullien et renforce l'hypothèse qu'il a émise sur la situation de ce théâtre[4]. Les- découvertes ont été rares jusqu'à présent dans cette région. Des amphores, une tête de statue et des débris de poterie[5], des marbres et des pierres d'époques diverses, depuis l'époque punique jusqu'à l'époque byzantine, quelques inscriptions païennes et chrétiennes[6], une mosaïque peut-être chrétienne[7], tels sont les principaux objets exhumés. M. Babelon signale, d'après M. d'Anselme de Puisaye, une assez grande maison romaine sise entre le quartier de l'Odéon et celui de Dermèche[8]. Ce coin peu exploré nous réserve peut-être d'heureuses surprises. On remarquait naguère, au-dessus de la dépression de l'Odéon, un ensemble de ruines à propos duquel on a beaucoup écrit, sans que les ténèbres qui l'enveloppent soient encore dissipées. Falbe[9] se borne à le porter sur sa carte (n° 70) et à le décrire comme un temple rond circonscrit dans un carré. Mais il n'avait aperçu, faute d'y pouvoir fouiller, qu'une portion du monument. Beulé, qui s'inspire de Falbe, mais qui a suivi les recherches de Davis dans ce terrain, déclare ce temple le mieux conservé de tous ceux qui existent à Carthage[10]. Tout y décèlerait une main romaine, plan, appareil, matériaux, mosaïque, et jusqu'à ce revêtement de marbre cipollin dont les fragments se montrent en quantité dès qu'on retourne le sol. Si l'on tient à mettre un qualificatif sur ces pans de murs, feulé, qui n'énonce pas les motifs de son choix, songerait à un temple de Cérès et de Proserpine[11]. Pour Davis[12] également, qui s'employa à le déblayer et y déterra une mosaïque figurant les mois et les saisons, il s'agit bien d'un temple. L'ensemble de l'édifice se compose d'une rotonde centrale entourée de trois galeries concentriques et communiquant avec l'extérieur par les douze avenues que forment les piliers des quatre enceintes circulaires[13]. Davis est frappé de cet aménagement à vrai dire assez particulier ; et il part de là pour développer toute une théorie sur le système solaire et les divisions du temps que représente la configuration de ce sanctuaire. Avant d'examiner ces conjectures symboliques, il conviendrait de savoir si les fouilles ont été bien exécutées et leurs résultats fidèlement consignés. Des fragments de colonnes cannelées, des morceaux de marbres divers, c'en est assez pour que l'imagination de Davis rétablisse l'aspect intérieur et extérieur du sanctuaire[14]. Aussi Tissot n'exagère-t-il pas quand il dit : Ses conclusions et même, jusqu'à un certain point, ses indications ne doivent être accueillies qu'avec une extrême défiance[15]. J'accorderai à Davis[16] qu'une voûte surmontait ce monument, mais de croire à un triple dôme, symbole de la trinité carthaginoise, nous n'en avons pas le droit. Et lorsque, rencontrant dans la fosse creusée par ses ouvriers un lit de cendres et d'os, il les prend pour les lamentables restes des victimes bridées en l'honneur de Saturne, sa crédulité est excessive[17]. Ce temple de Saturne, que Davis installe sur le plateau de l'Odéon, est transporté par Dureau de la Malle[18] et par M. de Sainte-Marie[19] sur la colline du Petit Séminaire. Là en effet, disent-ils, s'étendait la vaste enceinte du sanctuaire de Cælestis (la Tanit des Phéniciens), divinité parèdre de Saturne (l'ancien Baal Hâmân) ; il convient donc de rapprocher les deux temples, dont quelques stèles puniques rencontrées à La Malga démontrent l'existence à proximité. Le point de départ de ce raisonnement est juste ; oui, les deux temples étaient proches l'un de l'autre, et les stèles puniques retirées du sol doivent servir à en fixer l'emplacement. Mais elles nous amèneront tout à l'heure à conclure que Cælestis était sans doute adorée dans la plaine entre Byrsa et la mer ; Saturne avait donc lui aussi son temple dans ce quartier, et je l'assignerais volontiers, après Beulé[20], V. Guérin[21] et M. Babelon[22], au n° 58 de Falbe, au-dessous de l'angle oriental de Byrsa. Le vicus Saturni[23] ou vicus senis[24], le bois sacré dont parle Tertullien[25], qu'il faut peut-être confondre avec le lucus Vandalorum[26], seraient donc à rechercher au flanc de Byrsa ou dans la plaine. L'hypothèse cadre bien avec le texte des Acta proconsularia de saint Cyprien, où le vicus Saturni est mis entre les temples de Cælestis (dans la plaine) et d'Esculape (à Saint-Louis)[27]. L'édifice rond fouillé par Davis n'ayant dès lors plus d'attribution, MM. Nœldechen[28] et Babelon[29] proposent d'y installer l'Odéon, abandonnant tout à fait l'hémicycle à flanc de coteau. M. Gsell veut bien me faire savoir qu'il reconnaîtrait plutôt dans le soi-disant temple de Saturne un marché, dans le genre du macellum magnum du Cælius, à Rome, auquel se substitua, au Ve siècle, l'église San Stefano Rotondo[30]. Cette opinion fondée sur l'analogie tue semble devoir être prise en considération. En 1897, la Direction du service des Antiquités a déblayé sur le plateau de l'Odéon deux maisons romaines de basse époque contenant plusieurs mosaïques superposées, dont les styles différents offrent des points de repère précieux pour l'histoire de l'art[31]. Le service tunisien des travaux publics, avant d'entreprendre la réfection des citernes de l'est, avait chargé M. Vernaz de rechercher si la canalisation antique subsistait encore et si on pourrait l'employer pour réaliser une économie[32]. On n'a pas oublié à quels résultats M. Vernaz avait abouti à Dermèche ; une autre découverte les avait précédés[33]. L'aqueduc qui amenait à Carthage les eaux du Zaghouan offre cette particularité, que le radier est à un niveau supérieur à l'extrados des voûtes des citernes de La Malga. Les architectes romains ne l'ont pas établi à cette hauteur sans motif, car cette disposition entraînait la surélévation des arcades dans la plaine de L'Ariana ; d'où surcroît de dépenses. Quelle raison les détermina à adopter ce plan ? La seule raison plausible, dit M. Vernaz, c'est que l'aqueduc devait porter l'eau à une partie de la ville plus élevée ou plus éloignée que La Malga, c'est-à-dire, selon toute probabilité, aux citernes de Bordj Djedid. Or voici ce que les sondages de M. Vernaz l'ont amené à reconnaître dans le sous-sol. Un peu au nord des citernes de La Malga, s'embranche dans
l'aqueduc principal une importante conduite. De là, elle se dirige à l'est, traverse la chaîne des hauteurs située
au nord de Byrsa et débouche au pied de la colline de Junon[34], après un parcours souterrain de 788 mètres[35]. Assez large aux
deux extrémités pour permettre à une personne de taille moyenne d'y circuler
en se baissant, le canal se rétrécit d'une manière sensible vers le milieu.
De distance en distance, des canaux secondaires se soudent au principal, les
uns d'aspect punique, la plupart romains. Il en est trois plus considérables,
dont le troisième, lorsqu'on vient de La Malga, paraît avoir eu une
importance toute spéciale. A 100 mètres environ au-delà de cette dernière
prise, l'aqueduc disparaît complètement ; tous les efforts de M. Vernaz pour
en retrouver les traces n'ont abouti à rien. Aussi se demande-t-il, en
concluant, si l'aqueduc reliait en réalité La Malga et Bordj Djedid, ou si sa
raison d'être ne serait pas plutôt le troisième branchement à lui seul. Je
remarque cependant que l'aqueduc se prolonge après le branchement jusqu'au
point oh, affleurant le sol, il a subi les atteintes des exploiteurs de
pierres. Qui nous empêchera de supposer qu'il se continuait à l'air libre, à
partir de cet endroit, pour atteindre enfin les citernes de l'est ? Si son
rôle se bornait à alimenter un grand édifice sur la colline du Petit
Séminaire, le prolongement de 100 mètres ne s'expliquerait pas. Et quand M.
Vernaz s'écrie : Quelle importance exceptionnelle
devait donc avoir un monument pour lequel les Romains n'ont pas reculé devant
la construction d'un souterrain de 800 mètres de longueur ![36] il tire une
conclusion un peu forcée. Néanmoins je reconnais qu'une prise d'eau comme la
dernière trahit le voisinage de quelque grand édifice. Nous avons du reste
une autre preuve de son existence. En dégageant les abords du canal en cet
endroit, M. Vernaz rencontra une rue, d'où montait, sur le versant nord du
plateau, un escalier d'une largeur monumentale. Les
huit premières marches ont seules été déblayées, mais il n'est pas douteux
qu'il se prolongeait jusqu'au sommet de la colline ; les murs qui le
limitaient étaient encore visibles à leur extrémité supérieure[37]. Notre curiosité
est piquée, elle demande à en savoir davantage ; sommes-nous en état de la
satisfaire ? Quelques développements sont ici indispensables. La plupart des archéologues mettent sur la hauteur que traverse le canal en cause l'hieron de Tanit ou Cælestis (n° 53 de Falbe). C'est l'opinion de Dureau de la Malle[38], de Beulé[39], de Davis[40], de V. Guérin[41] ; Tissot rapporte leur opinion et n'y contredit point[42] ; M. de Sainte-Marie[43], après quelques hésitations, se range à l'avis commun, qu'a partagé aussi M. Ph. Berger[44]. Mais, dans ces derniers temps, de vives objections ont ébranlé, disons mieux, renversé cette théorie. Le mérite en revient surtout à Barth[45] et à Castan[46]. Après eux, le P. Delattre[47], et MM. Cagnat[48] et Babelon[49] refusent aussi à la colline du Petit Séminaire[50] le titre de colline de Junon, puisque Cælestis n'y habitait pas. Le texte souvent cité d'Apulée[51] : Sive celsæ Carthaginis quæ te... percolit, beatas sedes frequentas, s'explique assez par la situation générale de Carthage, sans qu'il faille supposer un sanctuaire élevé au-dessus de la plaine. Mais si les fidèles de Cælestis ne lui rendaient pas leur culte sur la colline du nord, où nous faudra-t-il chercher son hieron, dont l'enceinte ne mesurait pas moins de 2.000 pas de pourtour[52] ? Ceux qui rejettent l'opinion consacrée depuis Dureau de la Malle ne lui ont substitué jusqu'à présent que deux hypothèses. Le temple, selon Barth[53], ne devait pas être loin de la mer ; il couronnait Byrsa, d'après Castan et le P. Delattre[54]. Pas plus que MM. Cagnat et Babelon, je ne saurais souscrire à ce dernier système (pour quels motifs, je l'exposerai bientôt) ; les vues de Barth me paraissent au contraire fort judicieuses. Il ne s'appuyait, à vrai dire, que sur une seule preuve qui ne laissait pas d'être alors assez faible : c'est près de la mer que Humbert et d'autres avaient trouvé des stèles puniques[55]. Aujourd'hui nous sommes mieux armés pour défendre cette assertion ; il ne s'agit plus de quelques textes épars, mais d'environ trois mille stèles votives, découvertes par MM. de Sainte-Marie, S. Reinach et Babelon, en un même endroit, dans la plaine entre Byrsa et la mer[56]. L'hypothèse d'un temple de Tanit-Cælestis dans les environs rendrait bien compte d'un pareil gisement. Ulpien accole au nom de la déesse l'épithète surprenante de Salinensis[57]. Dureau de la Malle[58] imagine que ce qualificatif fait allusion à la lagune salée, dite sebkha de Soukra et au lac salé de Tunis, qui enserrent Carthage. Quelle que soit l'origine de la dénomination, le P. Delattre nous apprend que les bas quartiers, et spécialement les terrains aux alentours des ports, s'appellent à la fois Cartagenna et Les Salines[59]. Si l'on tient compte de la persistance des noms anciens en pays arabe, et surtout à Carthage, on ne se révoltera pas à l'idée que Les Salines conservent encore le souvenir de Cælestis Salinensis. Le temple aurait donc été situé entre la pente orientale de Saint-Louis et les villas de Mustapha ben Ismaïl et d'Ahmed Zarouk[60]. Cavedoni attribuait à Antonin et à Marc Aurèle la restauration du sanctuaire. Le système que j'expose s'accommoderait au mieux de cette conjecture ; bâti dans la plaine, l'édifice aurait souffert de l'incendie qui dévasta toute la basse ville, au IIe siècle, et sa reconstruction aurait coïncidé avec celle du forum et des thermes. Cette solution du problème soulève pourtant deux objections. Une enceinte de 2.000 pas, dira-t-on, était trop considérable pour qu'on lui attribue pareil emplacement. En second lieu, il est rapporté que l'hieron, après avoir été enlevé au culte païen, devint un cimetière[61] ; comment concilier ce fait avec la loi roumaine qui interdisait d'enterrer à l'intérieur du pomœrium ? Sans méconnaitre la valeur de ces observations, j'estime qu'elles s'appliqueraient aussi à tout autre endroit de Carthage ; si on les acceptait, il faudrait donc croire que le temple de Cælestis devait être situé extra muros, tandis qu'en réalité il se trouvait dans la ville même ; Salvien l'affirme[62]. Victor de Vita[63] nomme une via Cælestis, que plusieurs identifient avec la Venerea des Acta proconsularia de saint Cyprien, dont Dureau de la Malle faisait un temple. Je me suis parfois demandé si cette rue, ainsi que les deux autres citées dans les mêmes actes, via Salutaria[64] et vicus Saturni, ne seraient pas les voies qui montaient de la mer vers Byrsa dans l'ancienne Carthage, réparées et remises en service par les Romains. Le temple de Cælestis une fois rayé de la colline du Petit Séminaire, avons-nous quelque autre monument à lui substituer ? Falbe[65] constate que les ruines qui occupent cette hauteur sont, avec les thermes d'Antonin, la plus considérable des constructions isolées de Carthage. Il faut rapprocher ces deux édifices pour une autre raison encore que leur masse à peu près égale : leur destination est identique ; nous avons à faire à des thermes des deux côtés. Dans les premiers temps de son séjour à Saint-Louis, le P. Delattre a vu les Arabes déblayer un hypocauste d'où ils arrachaient de la pierre à bâtir[66]. Ce même hypocauste a été, dans la suite, mis à nu sur une superficie de 16 mètres carrés ; les lampes chrétiennes foisonnent dans les déblais[67]. Le caractère du monument que cachent aujourd'hui le jardin des Carmélites et la maison d'été des Sœurs de Sion est donc certain. Revenons maintenant au grand aqueduc souterrain étudié par M. Vernaz. Quand bien même il ne se serait pas prolongé jusqu'aux citernes de l'est, on comprendrait que les Romains aient creusé un souterrain de 800 mètres de long pour alimenter des thermes. Si au contraire il aboutissait aux réservoirs du bord de la mer, le troisième branchement que j'ai décrit aurait encore débité aux thermes une masse d'eau très suffisante. Dans les deux cas, les thermes du Carmel étaient reliés aux citernes de La Malga, comme les thermes de Dermèche à celles de Bordj Djedid. Doit-on aller jusqu'à dire, à la suite du P. Delattre, que ces thermes sont ceux de Gargilius, où se tint en 411 la conférence entre les évêques catholiques et les évêques donatistes ? Saint Augustin nous apprend que ces thermæ Gargilianæ étaient en pleine ville[68] ; ce mot ne permet pas de rien conclure. Cet autre fait qu'on a extrait de l'hypocauste un peigne liturgique en ivoire orné de symboles chrétiens, tel qu'on en emploie encore dans le sacre des évêques[69], ne me semble pas non plus décisif. Une série de bassins rectangulaires et de citernes, tantôt larges, tantôt étroites, ont été retrouvés sur la même colline en fondant la chapelle de Notre-Dame de la Melliha[70] et, sur le versant nord, deux mosaïques avec des poissons, des oiseaux et des fruits[71], plusieurs tranchées ouvertes par le P. Delattre sur le plateau supérieur firent reconnaître une construction en forme d'abside, de 13m,50 de diamètre, des citernes contiguës, un puits d'on furent extraites trois têtes de marbre et des lampes chrétiennes, sept mosaïques de teintes variées, enfin quelques tombeaux postérieurs au VIIe siècle de notre ère ; sur la pente qui regarde Saint-Louis, il rencontra une belle mosaïque aux vives couleurs[72], et une autre près du Carmel représentant une chasse au lion et au tigre[73]. Des fragments de figurines, de bas-reliefs et de lampes, des symboles chrétiens, proviennent du Petit Séminaire et du Carmel ; mais la trouvaille la plus curieuse faite dans les citernes voisines de ce monastère est celle d'une collection de lampes chrétiennes, accompagnées d'une statue de femme assise portant un enfant sur ses genoux, type fréquent à Carthage[74]. La série des tombeaux puniques se continue sur cette colline ; en creusant à une profondeur de 4 à 8 mètres presque sur l'arête qui regarde la mer, on aboutit à une nécropole que le P. Delattre a plusieurs fois décrite ; le mobilier des tombes accuse l'influence de la Grèce et de l'Egypte[75]. Franchissons l'étroite vallée au sud du Carmel et remontons la pente abrupte qui se dresse devant nous ; après quelques efforts, nous atteignons un large plateau de forme rectangulaire, de 1. 400 mètres de circuit. C'est le point le plus élevé, sinon de toute la presqu'île (Sidi Bou Saïd et le Djebel Khaoui le dépassent), du moins de la partie que couvrait la ville proprement dite. Séparée par une coupure profonde de la chaîne des hauteurs qui court de Bordj Djedid à La Malga, la colline domine de 60 mètres[76] la plaine environnante et semble, tant sa situation est favorable à la défense, braver les assauts les plus furieux. Quelques constructions modernes occupent la plate-forme dont les angles regardent les patres points cardinaux. A l'est, face à la mer, une vaste enceinte, garnie de toutes parts de débris de l'antiquité, enferme un oratoire ; c'est le jardin et la chapelle de Saint-Louis. Ce sanctuaire est bâti sur un emplacement concédé à la France par Hussein Pacha Bey, en vertu d'un article additionnel au traité du 8 août 1830[77]. Au fond du jardin, s'allonge, du nord au sud, un corps de logis que flanquent de part et d'autre à angles obtus deux ailes basses ; les missionnaires d'Alger, connus sous le nom de Pères Blancs, y habitent. Une cour plantée d'arbres le sépare du chevet de la cathédrale, dont la façade regarde l'occident. Outre cet ensemble de bâtiments, on remarque vers la pointe sud deux terrains enclos de murs depuis peu d'années ; la villa Marie-Thérèse et la villa Reine-Blanche[78]. Au mois de janvier 1893, rien d'autre que les murs extérieurs ne sortait encore du sol. Depuis lors, les deux maisons, si j'en juge par le récit des fouilles du P. Delattre[79], ont été achevées, et l'aspect de la colline doit en être sensiblement modifié. Ce monticule escarpé est, de l'aveu de tous, l'antique Byrsa[80], la citadelle de Carthage punique, l'endroit le plus renommé de Carthage romaine. Aucun témoignage péremptoire, analogue, par exemple, à l'inscription des thermes d'Antonin, ne met cette identification à l'abri de tout conteste. Mais, quand Appien nous raconte que Byrsa était le point le mieux fortifié de la place et que trois rues y montaient de l'agora[81] ; quand Strabon nous apprend que l'acropole s'élevait au milieu de la ville, couronnée par le temple d'Esculape, et que les ports gisaient à ses pieds[82] ; quand Virgile représente la citadelle dressée dans les airs et parle à mainte reprise de la haute Carthage[83] ; quand Florus applique à cette même citadelle le nom de Byrsa[84] ; quand enfin Corippus nomme souvent les cellas Carthaginis arces[85] ; on serait mal fondé à douter que Byrsa fût le plus fier sommet de la ville, en d'autres termes la colline de Saint-Louis. Néanmoins quelques esprits difficiles ou bizarres n'ont pas hésiter à bouleverser cette topographie traditionnelle. On ne sera pas surpris de voir figurer Davis[86] au premier rang parmi ces adversaires de l'opinion commune. Il prétend que Byrsa, réduit à la colline de Saint-Louis, n'a pu contenir les 50.000 derniers défenseurs de Carthage ; oui, assurément, si l'on n'envisage que la plate-forme supérieure, mais les flancs sont vastes. Il ajoute, et cette objection trompera ceux-là seuls qui ne connaissent pas l'état €tes lieux, que les trois grandes rues signalées par Appien n'auraient pas pu se développer entre les ports et le sommet de Saint-Louis. Pour lui, Byrsa englobait plaine et hauteurs depuis la maison d'Ahmed Zarouk environ jusqu'au-delà de Bordj Djedid ; et le temple d'Esculape, cœur de la cité, rayonnait au-dessus de la mer, près du fort musulman. Cette fantaisie se heurte à l'assertion de Strabon[87], qu'il y avait des habitations tout autour de Byrsa. Boulé rappelle d'ailleurs, à juste titre, que les anciens n'établissaient pas leurs acropoles au bord de la mer, exposées au premier coup de main[88]. Et lorsque Davis invoque les ruines du grand escalier de Bordj Djedid à l'appui de ses idées, il lance une affirmation en l'air. Enfin il triomphe bruyamment de la découverte à Bordj Djedid d'une inscription punique avec le nom d'Echmoun[89] ; c'est se déclarer satisfait à bon compte. Oit en serions-nous, s'il fallait rétablir Byrsa partout où des pierres de ce genre ont été extraites du sol ? Saint-Louis aussi a fourni des textes puniques[90]. Dureau de la Malle commet, à propos de Byrsa, l'erreur la plus forte dont on puisse lui faire reproche. Bien qu'il évite d'en déterminer jamais les contours exacts, en prenant de ci et de là dans son livre, on arrive à démêler l'idée qu'il s'en formait. Byrsa (je cite ses paroles) est proprement un quartier de Carthage[91], renfermant des temples et monuments nombreux[92] ; il est certain que, de même qu'au forum et au capitole de Rome, de même qu'à l'acropole d'Athènes, il y avait à Byrsa et dans son enceinte un vaste ensemble monumental et religieux, égal au moins en surface au terrain compris, à Paris, entre Saint-Germain-l'Auxerrois, les deux galeries du Louvre et le rond-point des Champs-Elysées[93]. Le plan qu'il en donne à la fin de son livre[94] achève de nous confondre ; Byrsa y figure comme une large portion de la ville, enserrant, outre la colline de Saint-Louis, celle du Petit Séminaire et du Carmel, le liane méridional de La Malga et la plaine jusqu'au-delà de l'amphithéâtre. Or Beulé observe très à propos[95] que Byrsa n'était qu'une acropole escarpée et non composée d'une série de vallons, de collines et de plaines. On ne s'explique pas comment Dureau de la Malle[96], qui a lu et qui cite les descriptions d'Appien et de Strabon, a pu se méprendre d'une manière si complète. Orose nous rapporte que cette citadelle mesurait un peu plus de 2.000 pas de tour[97] ; tandis qu'on compterait, près de 5.000 pas, c'est-à-dire un peu moins de 2 lieues, si l'on admettait l'enceinte tracée par Dureau de la Malle... Je ne crois point nécessaire de démontrer combien est étrange l'idée de placer dans l'acropole des bains chauds[98] et un amphithéâtre. Moins hardi, mais aussi peu logique, Maltzan[99] réduit le périmètre de Byrsa aux deux collines de Saint-Louis et du Petit Séminaire. Les arguments utiles contre Dureau de la Malle servent aussi contre le voyageur allemand, qui ne tient aucun compte des attestations des anciens et suppose comme un fait très simple que la profonde vallée, au nord de Saint-Louis, s'est produite au cours des âges, depuis que Carthage n'existe plus. Ces divers opinions se ramènent, peut-être à l'insu de leurs auteurs, au système d'Estrup[100], qui voyait dans Byrsa beaucoup plus qu'une simple colline ; elles ont eu la même fortune que lui. Tout le monde aujourd'hui accepte la théorie que Beulé a défendue, après Humbert[101], Châteaubriand[102], Falbe[103] et Barth[104] ; on se refuse à étendre Byrsa en dehors de la colline de Saint-Louis. Outre les raisons que j'ai résumées, de nouveaux motifs d'adopter cette solution nous ont été révélés par Beulé et le P. Delattre, qui tous deux ont remué et interrogé cette terre. Après les trouvailles du premier, on doutait qu'il s'y pût rien rencontrer encore d'intéressant ; et M. de Sainte-Marie ne craignait pas d'écrire : Dans l'état actuel, il n'y a guère de fouilles à tenter sur cette colline, dont une partie est recouverte par la chapelle de Saint-Louis et par ses dépendances. Je ne conseillerais guère d'y entreprendre des recherches ; c'est le point qui a le plus attiré l'attention des destructeurs, et c'est aussi celui où le résultat serait le moindre[105]. On verra si le P. Delattre a eu tort de ne pas suivre ces timides conseils. La forme de Byrsa qui, par ses proportions régulières et ses solides assises rappelle d'assez près une pyramide tronquée, a depuis longtemps frappé les observateurs. Barth a même avancé que tout ce monticule pouvait bien être artificiel[106]. Les Phéniciens se seraient bâti de leurs propres mains, non seulement une forteresse, mais la base qui la supportait, œuvre colossale et digne pendant des travaux de l'ancienne Egypte. En réalité, loin d'accumuler des matériaux et de construire là on il n'y avait rien, les Carthaginois de la première période se seraient plutôt vus dans la nécessité de niveler un sol inégal, de corriger des pentes trop accusées. Quoi qu'il en soit de cet ouvrage. la constitution de la colline a du moins été reconnue au cours des fouilles ; elle est purement naturelle. On trouve partout le rocher, dit Beulé[107], à une faible profondeur, qui varie de 2m,33 à 3m,40. Quand je dis rocher, le mot est impropre, car le noyau de Byrsa est un grès argileux, de couleur jaunâtre, très consistant et facile à tailler toutefois... L'existence de ce noyau presque à fleur de terre, puisqu'il faut tenir compte des ruines qui ont produit un remblai de 7 à 10 pieds, écarte d'une façon décisive l'opinion de M. Barth. Le P. Delattre a rectifié à son tour le renseignement de Beulé[108]. Avant de poser les fondations de la cathédrale, 89 puits, profonds de ; mètres en moyenne, ont permis d'atteindre le sol vierge, et l'on s'est rendu compte qu'il se compose non pas d'un grès argileux, mais d'une argile très compacte. de couleur rougeâtre. Ces sondages attestent que le cœur de Byrsa ne se compose pas de terres rapportées. Byrsa était fortifié à l'époque punique[109] ; en fut-il de même sous les Romains, avant Théodose II ? Beulé, s'étant attaqué au sud, n'eut de cesse qu'il fût arrivé au sol primitif ; il l'atteignit à plus de 15 mètres de profondeur[110], après avoir traversé des débris accumulés dont la terre avait peu à peu rempli les interstices. Sur le grès argileux reposaient des constructions que l'énormité de leur appareil lui fit juger contemporaines de la première ville. Au-dessus de ces blocs tout imprégnés, enveloppés de cendres qui attestent un incendie, s'étend une effroyable couche de pierres renversées, brisées, pulvérisées[111]. Plus haut encore et à une faible profondeur, il se heurtait aux murailles de Théodose renversées par pans énormes, couchées en terre dans toute leur longueur[112]. Le plan des murs qu'il qualifie de puniques offre une disposition singulière. Au lieu d'une seule masse compacte, ils se composent d'une série de salles en forme d'absides dont l'extrados s'appuie ii la colline ; devant elles règne un passage couvert ; enfin, vers l'extérieur, s'étend un mur plein ; le tout mesurait 10m,10 d'épaisseur[113]. Ces dispositions, ajoute Beulé, se reconnaissent aussi dans l'œuvre byzantine. Quand on se résolut, sous Théodose II, à fortifier à nouveau Carthage, on dégagea ce qui subsistait sous terre des murs puniques ; dans les endroits où ils offraient encore quelque solidité, on les prit pour fondements des remparts nouveaux ; les parties qui ne présentaient point de garanties suffisantes furent démolies et remplacées par des matériaux plus frais[114]. Ces constructions, poursuit-il, ont une grande analogie avec les citernes de l'est ; on peut définir les unes et les autres : Une série de salles égales parallèles ouvrant sur un corridor commun[115]. La ressemblance est même si frappante que Daux[116] et Tissot[117] concluent à une méprise de Beulé et se refusent à prendre ces murs pour autre chose que de véritables citernes destinées à l'alimentation de la garnison. En 1892, le P. Delattre[118] a déblayé le flanc sud-ouest de la colline sur un large espace contigu à l'endroit où Beulé opéra ses sondages. Ce que l'auteur des Fouilles à Carthage ne fit qu'entrevoir, nous le connaissons désormais très sûrement. L'impression générale qui se dégage des fouilles du P. Delattre est qu'aucune des murailles dont il vient d'être question ne remonte au-delà de l'occupation romaine. Le dessin du mur aux absides donné par Beulé[119] doit être notablement modifié ; il n'y a pas là, en effet, comme le croyait ce savant, un seul tout, mais deux parties bien distinctes. Le mur extérieur n'est pas plein ; large de 4m,25 et, en quelques endroits, de 4m,50, il se compose de deux parements en pierre de grand appareil. L'intervalle est rempli tantôt par de la maçonnerie en blocage, tantôt simplement par de la terre tassée. Ce détail indique bien que cette muraille a été bâtie à la hâte. Mais nous en avons d'autres preuves. Ici, une pierre cubique jetée à tout hasard dans les fondations, est tombée de travers et n'a pas même été mise d'aplomb ; là, ce sont des corniches, des bases et des tambours de colonnes, des débris de statues qui ont été employés dans la construction. On y a aussi trouvé de menus fragments d'inscription et un torse de Priape à base de dieu Terme[120]. D'un autre côté, c'est au travers d'une nécropole punique relativement récente que le mur fut établi. Comment supposer que les premiers Carthaginois aient détruit les sépultures de leurs aïeux pour asseoir leur rempart, ou bien aient semé des tombeaux tout à l'entour d'une enceinte préexistante ? Pour ces deux motifs, j'admets sans peine que cette muraille, aujourd'hui déblayée sur une longueur de 80 mètres, est une portion des fortifications de Théodose II, restaurées par Bélisaire. A l'est, elle touche aux fouilles de Beulé, dont il ne subsiste presque plus de traces[121] ; à l'ouest, elle se termine par un retour à angle droit vers le centre du plateau ; ou n'a pas poursuivi les recherches dans cette direction. En avançant encore de quelques mètres vers l'ouest, le P. Delattre a découvert un égout. On suppose que là même se trouvait une des entrées de la citadelle. Le sentier qui relie Douar ech Chott à Saint-Louis en ligne droite passe précisément en cet endroit ; il représenterait le tracé d'une rue antique. Enfin, à 5m,80 en contrebas de la porte, ou a commencé de dégager une maçonnerie massive, dans laquelle je serais tenté de voir un bastion protecteur. Parallèlement à ce rempart byzantin, à 3 mètres en arrière, court une série d'absides identiques à celles de Beulé, dont elles forment la suite. On en compte 15 qui se développent pendant 48 mètres, toutes construites en moellons, sauf une, qui est revêtue à l'intérieur d'un opus reticulatum en tuf. Si le caractère romain de leur architecture parait indéniable, on se rend moins bien compte, au premier abord, de l'usage auquel elles furent destinées. Le P. Delattre suppose qu'elles ont dû être des dépendances du temple de Cælestis et former les chapelles nombreuses qui rayonnaient autour du sanctuaire[122]. Quand on place ailleurs qu'à Byrsa, comme nous l'avons fait, l'hieron de la déesse, cette interprétation doit être écartée. Il suffit du reste de faire observer que ces édicules, comme le temple lui-même, furent rasés en 421, ainsi que le rapporte le Liber de promissionibus et prædietionibus Dei[123]. Par quel miracle les retrouverions-nous aujourd'hui dans un assez bon état de conservation ? Nous serions fort en peine d'indiquer la raison d'être de ces absides, si une autre découverte du P. Delattre n'était venue à point pour éclaircir ce problème topographique. Au-dessous des villas de la famille Driant, vers la pointe méridionale de Byrsa, un mur de constitution singulière a reparu en 1893[124]. Il mesure environ 6 mètres de hauteur, sur une épaisseur moyenne de 4m,40, et se compose de huit couches de grandes amphores ; un lit de terre de 0m,50 à 0m,60 sépare chacune de ces couches. Toutes les amphores sont placées horizontalement, soit bout à bout, soit les unes contre les autres, se touchant par le flanc. Celles qui sont disposées bout à bout s'emboîtent l'une dans l'autre, comme des tuyaux de conduite d'eau on encore comme des briques tubulaires. Cinq de ces amphores ainsi placées forment la largeur du mur[125]. Avant d'être utilisées de la sorte, ces amphores avaient déjà servi ; on distingue au dedans un enduit rouge, brun ou noir, trace des liquides qu'elles renfermaient d'abord. Quand on les destina à leur nouvel emploi, elles furent préalablement remplies de terre empruntée à la colline. Il s'y rencontre des monnaies puniques, des tessons de poteries carthaginoises et corinthiennes. Le mur, reconnu sur une longueur de 50 mètres, s'appuie sur l'extrados d'une série d'absides (dont une à parement intérieur réticulé), qui rejoignaient celles que Beulé et le P. Delattre ont tour à tour dégagées[126]. Les architectes, en établissant cette double muraille si différente de nature et d'aspect, visaient surtout à consolider la colline. Sur les pentes rapides de Byrsa, le glissement des terres entraînées par les pluies se produit sans cesse. Un des principaux soins des Carthaginois a donc été de tout temps d'arrêter cette descente continuelle. Comment s'y prirent ceux de la première période ? nous l'ignorons. Leurs successeurs, qui ne firent peut-être que les imiter, instituèrent un puissant système de soutènement au moyen des absides et du mur d'amphores emboîtées[127] ; ces dernières faisaient sans doute aussi l'office de drains. Sur cette levée de terre, il devenait ensuite aisé d'établir une plate-forme pour supporter quelque édifice public[128]. Si l'appareil des absides en indique suffisamment l'origine romaine, il ne subsiste non plus aucun doute au sujet du mur d'amphores. Sur le col ou la panse de la plupart d'entre elles se lisent en effet des inscriptions[129] qui s'élèvent au chiffre de 390. Ces marques imprimées ou peintes en rouge ou en noir ne comportent d'ordinaire qu'un nom, quelques lettres, un monogramme ; plusieurs cependant offrent des dates consulaires. Celles qu'on a réussi à déchiffrer se rapportent aux années 43, 33, 30, 22, 21, 19, 18, 17, 16 et 15 avant notre ère, à l'époque où Auguste, de nouveau et d'une manière définitive, établit la colonie romaine ; les absides qui font partie du même ensemble durent être bâties au thème moment. Les murailles dont il a été parlé jusqu'à présent ne forment qu'une partie des découvertes du P. Delattre sur le flanc sud-ouest de Byrsa. Au pied même de l'enceinte byzantine, une rue de 5 mètres de large (quelques dalles quadrangulaires sont encore visibles) montait de la plaine et aboutissait, j'imagine, après avoir obliqué à gauche et longé les remparts à la porte que traverse la piste de Douar ech Chott[130]. Plusieurs citernes, dont mie fut peut-être creusée dans la première moitié du Ier siècle après Jésus-Christ[131], une spacieuse demeure, qualifiée un peu vite par le P. Delattre de maison byzantine[132], quantité de morceaux de colonnes, de plaques de marbre, de mosaïques et d'inscriptions, un petit cimetière installé au moyen âge par les Musulmans dans une des chambres de la maison déjà en ruines[133], tels sont les principaux produits de cette fructueuse exploration[134]. En arrière des absides et aussi plus bas dans la descente, au niveau de la maison byzantine, sont creusées des sépultures puniques. Près de ces dernières s'étend une vaste fosse commune, d'oh l'on a exhumé plusieurs centaines de squelettes. Cette nécropole, composée de tombes de grandes dimensions et d'autres plus modestes[135] couvrait donc le flanc méridional de Byrsa ; elle servait encore en partie au IIe siècle avant Jésus-Christ, comme il ressort des monnaies extraites des plus récentes excavations. Il est sûr que plusieurs de ces tombeaux ont servi à des époques différentes[136] ; mais aucun indice ne décèle une violation quelconque effectuée après 146. Nous ne sommes donc pas fondés à dire que les Romains les ont utilisés à leur tour. Les nivellements du plateau, durant la première période de la cité, les firent disparaître pour la plupart sous les déblais rejetés du sommet ; le reste fut enseveli sous les décombres accumulés par les soldats de Scipion[137]. Poursuivons notre route dans la direction de l'ouest ; à cinquante pas environ nous rencontrons une ruine[138] qui rentrait sans doute dans le système de défense byzantin mis à nu en 1892[139]. C'est une plate-forme rectangulaire, longue de 8 mètres et large de 3m,20, bâtie sur une voûte épaisse de 1 mètre et arc-boutée par des contreforts ; elle supportait, semble-t-il, quelque machine de guerre. Hâte dans la construction, entassement de bas-reliefs et de fragments d'architecture jetés pêle-mêle, souvent sans mortier, dans les intervalles des grandes pierres, en un mot tous les signes des ouvrages des bas temps se constatent au premier coup d'œil dans ces restes. On a chance d'y faire parfois quelques trouvailles intéressantes, témoin cette Hygie en marbre dont le P. Delattre a reconquis la moitié inférieure[140]. La découverte de ces débris de sculptures, de ces pierres, marbres, inscriptions, dont le travail trahit une bonne époque, est le caractère propre des fouilles entreprises à Saint-Louis ; Beulé nous en fournit maint exemple[141] ; le P. Delattre en rencontre à chaque nouveau sondage[142]. Ces fragments gisent dans le sol même, parfois à une profondeur considérable ; on ne saurait dire qu'ils ont été transportés là par hasard au cours des siècles. Leur présence s'expliquera d'elle-même, au contraire, si l'on accorde qu'il existait jadis sur le terre-plein de grandioses monuments dont ces morceaux épars sont les derniers vestiges. Recueillons-les avec soin et interrogeons-les ; puis, nous aidant des quelques renseignements que nous ont transmis les auteurs, essayons de nous représenter l'aspect de Byrsa aux temps romains. De longs travaux ont été nécessaires pour asseoir les fondations de la cathédrale[143]. Sur une superficie de 2.084 mètres carrés, quatre-vingt-neuf puits, dont trente-deux de 2m,70 de diamètre, ont été creusés jusqu'en plein sol primitif. La profondeur moyenne de ces puits a été de 4 mètres, mais dans plusieurs d'entre eux, on a dû descendre jusqu'à 7 mètres pour atteindre la terre vierge. On aura une idée exacte de l'importance de ces travaux en apprenant que 3.600 mètres cubes de terre ont été remués et enlevés[144]. Les ouvriers traversèrent une couche de décombres épaisse de 2 à 4 mètres, qui ne contenait que de menus débris. A l'endroit qu'occupe l'autel majeur, on exhuma une inscription dédicatoire fort mutilée, où se lisent néanmoins les mots ædem Concordia[e][145]. Le P. Delattre, retirant tout autour des tronçons de colonnes en cipolin, en marbre vert et blanc, dont deux mesurent jusqu'à 2 mètres de longueur, d'innombrables morceaux de chapiteaux, de corniches, etc., a émis l'opinion assez plausible que les Romains avaient érigé près de là un sanctuaire en l'honneur de la Concorde. Il était, ce semble, d'assez vastes proportions, et l'inscription qui nous en conserve le souvenir a dû être gravée soit lors de l'achèvement du temple, soit à l'occasion d'un embellissement ultérieur. De part et d'autre de la cathédrale sont de larges citernes[146], d'où ont été retirés des objets de tout genre. A proximité de l'une d'elles, vers l'angle occidental du plateau, un peu au-dessous de la borne géodésique, subsistent des parties d'un édifice qui n'est pas encore identifié. Le P. Delattre le nomme seulement temple ou palais[147] ; une seule fois[148] il le qualifie dubitativement de prétoire. MM. Cagnat et Gauckler y discernent les premières assises du stylobate d'un temple[149]. La citerne la plus voisine offre une particularité que nous ne devons pas négliger[150]. Deux murs parallèles en pierres de grand appareil la traversent dans sa largeur. Ils appartiennent à l'édifice anonyme qui est par conséquent postérieur à ce réservoir romain et ne saurait remonter aux premiers temps de la seconde Carthage. Pourtant il ne date pas d'une très basse époque, car il est bâti surtout en un solide blocage dont les pierres de taille forment le revêtement extérieur à la romaine. L'assemblage de ce grand appareil est fort régulier ; on y sent un art qui se possède. Un tronçon de colonne cannelée et les autres fragments qui sortent de ces fouilles ne trahissent pas non plus un ciseau malhabile[151]. S'il est vrai, comme l'écrit le P. Delattre, que ce monument était lui-même construit sur les restes d'un grand monument punique, ce nous serait une nouvelle preuve que la seconde Carthage s'éleva réellement sur les ruines de la première. Appien raconte[152] que Scipion, maître de la basse ville, accorda la vie sauve à 50.000 hommes réfugiés dans l'enceinte de Byrsa ; 900 transfuges romains, avec Hasdrubal et sa famille, non compris dans l'amnistie, cherchèrent un dernier asile dans le sanctuaire d'Echmoun ou Esculape. Ils purent tenir quelque temps, malgré leur petit nombre, car le temple était assis à une grande hauteur au-dessus de pentes abruptes, et l'on avait dû supprimer l'escalier de 60 marches qui en permettait accès en temps de paix. Enfin, à bout de forces, ils mirent le feu à leur retraite et périrent au milieu des flammes. D'après ces indications d'Appien, confirmées par Strabon[153], il semble certain que le sommet de Saint-Louis vit s'accomplir ce drame. Lors de la renaissance de la cité, le sanctuaire fut relevé sans doute à la même place qu'il occupait jadis. Ou s'autorise d'ordinaire pour l'affirmer d'une phrase où Apulée dit qu'Esculape regarde d'un œil propice la citadelle de Carthage[154]. Les termes qu'emploie l'orateur ne sont pas tellement limpides qu'ils ne puissent fournir matière à discussion ; de ce qu'on jette ses regards sur un lieu, il ne s'ensuit pas qu'on y réside. Sans renoncer à invoquer cette phrase comme corollaire, je préfère tenir compte, en première ligne, des découvertes contemporaines ; elles établissent en faveur de l'hypothèse une présomption très favorable[155]. L'architecte Jourdain, qui bâtit, en 1841, la chapelle dédiée à la mémoire de Saint-Louis, en face de la mer ne parait pas s'être beaucoup soucié d'archéologie. Au lieu d'une exploration méthodique, comme celle qui eut lieu lors de l'érection de la Cathédrale, il se borna à quelques fouilles sommaires, sans penser qu'après lui, et tant que son œuvre subsisterait, personne ne pourrait entreprendre des sondages en cet endroit. Les quelques inscriptions et fragments d'architecture qu'il exhuma, déposés à l'intérieur de l'enclos, constituèrent le noyau du musée actuel[156]. Beulé, qui interrogea consciencieusement le pourtour de la chapelle, y découvrit un mur épais de 2 mètres, courant du sud-ouest au nord-est, parallèle par conséquent à la façade du modeste oratoire. C'est, déclare-t-il, le péribole ou mur d'enceinte du temple d'Esculape, formé de ces gros blocs de tuf si couramment utilisés par les Carthaginois de la première et de la seconde période[157] ; de telle sorte qu'on pourrait douter, comme le remarque Maltzan[158], s'il s'agit d'une construction antérieure ou postérieure à 146. Il ajoute que les Romains se bornèrent peut-être à réparer un ouvrage de leurs prédécesseurs préservé par sa masse compacte d'un complet anéantissement. Ce qui appartient sans conteste aux Romains, c'est la décoration architecturale, dont les fragments éboulés parsemaient les couches profondes du terrain situé en contrebas. En comparant à ses propres trouvailles celles de 1841, aidé un peu par une imagination d'artiste, Beulé a cru pouvoir reconstruire en pensée le sanctuaire qu'on admirait jadis sur la hauteur. L'édifice tout entier était en marbre blanc et d'ordre corinthien. Les débris de chapiteaux, de pilastres, les rinceaux des frises, montrent avec quelle élégance et quelle pureté l'ornementation avait été traitée. Le style me parait celui des plus beaux jours de l'architecture romaine sous l'empire[159]. Tandis que Beulé avait examiné l'est du plateau, en avant de la chapelle, c'est à l'ouest, au contraire, que le P. Delattre a mis la main sur plusieurs inscriptions mutilées, où il déchiffre le nom d'Esculape[160]. Cette lecture n'est certaine que pour un seulement[161], mais il a une importance toute particulière, car il s'agit d'un cratère votif qui mesurait environ 1 mètre de diamètre. Un ex-voto suppose un sanctuaire pour le recevoir ; le temple du dieu est donc à chercher dans le voisinage. Le P. Delattre a observé en outre que les tronçons de colonnes en marbre, dont il a recueilli de nombreux spécimens, gisaient tous entre l'abside de la cathédrale et le péribole découvert par Beulé. Enfin, dans la cour intérieure du scolasticat et dans la cour extérieure au nord-ouest, on trouve partout, à une profondeur variable de 1m, 50, soit une terrasse établie sur une épaisse maçonnerie en blocage, soit des débris de grandes dalles, et, en dehors de l'enceinte, jusqu'à vingt-cinq pas de l'arête de la colline, l'empreinte des mêmes dalles sur un lit de mortier formé' de briques pilées[162]. Des trouvailles de Beulé et des siennes propres, le P. Delattre tire cette conclusion : Aujourd'hui l'ensemble des constructions de l'établissement de Saint-Louis occupe la place du temple d'Esculape, de son area, de ses portiques et de sa cella. Cette dernière partie de l'édifice sacré correspondrait au chevet de la cathédrale[163]. Ai-je besoin de répéter que ce ne sont là que des probabilités, mais qui confinent à la certitude ? Si les limites de ce temple étaient bien telles que les trace le P. Delattre, il englobait dans son péribole une bonne moitié du plateau. Retenons cette indication, nous en aurons besoin tout à l'heure pour répondre à ceux qui prétendraient attribuer à Byrsa des monuments qu'il n'a jamais dû contenir. Aussitôt maitre de Carthage, dit Procope, Bélisaire monta au palais et s'assit sur le trône de Gélimer[164] ; plus loin, il nous fait voir Artabane montant rejoindre Guntharis au même palais[165] ; et Victor de Vita[166] nous confirme que la résidence des rois Vandales dominait la ville. Les sous-sols contenaient une prison connue sous le nom d'Άγκών. Après la victoire des Byzantins à Ad Decimum, le geôlier, apercevant leur flotte dans le golfe de Tunis, offrit la vie sauve aux marchands orientaux détenus dans les cachots, s'ils lui juraient de le protéger contre les représailles des vainqueurs ; pour donner plus de poids an récit qu'il leur faisait des événements de la veille, il ouvrit un volet et leur montra les vaisseaux grecs cinglant vers le Mandracium[167]. Les rois Vandales avaient dû se servir de la demeure affectée avant eux aux proconsuls romains ; il est donc vraisemblable de prétendre que ces magistrats habitaient déjà sur la hauteur. Et, comme Tacite donne à entendre[168] que Pison était assez près du forum pour distinguer les clameurs de la multitude qui le saluait empereur, et que Byrsa est la seule colline proche du forum, on a admis communément que le palais proconsulaire y était situé. A 15 mètres plus bas que le temple d'Esculape s'étend[169], du sud-ouest au nord-est, une série de sept absides[170] qui devaient terminer autant de salles voûtées ; elle ne masquaient point la vue du temple ; en façade elles présentent un développement de 51m,45 ; leur extrados touche au péribole qui soutenait la plate-forme supérieure. Un petit cimetière moderne établi à l'extrémité méridionale de ces ruines ne permit à Beulé d'explorer que cinq compartiments ; ils ont tous les mêmes dimensions, 6m,25 de diamètre et 8 mètres de hauteur. La voûte s'étant écroulée. il convient peut-être de porter ce dernier chiffre à 10 mètres. Sept rangs de gros blocs de tuf composent les murs depuis le sol jusqu'à la retombée des voûtes ; un lit de briques sépare le tuf du blocage qui constitue la coupole hémisphérique. Dans la salle centrale, la coupole est ornée de caissons de stuc blanc en forme de losanges ; des moulures en relief qui semblent avoir été peintes remplissent les creux. Un revêtement de marbre fixé avec des crampons et reposant sur une couche de ciment romain cachait les assises de tuf. On voyait en effet, mêlés à la terre qui remplissait l'édifice, de nombreux fragments de serpentin, de porphyre, de cipolin, de marbre veiné de Numidie. Une sorte de base circulaire, décorée de la même façon, courait tout autour de la pièce à 1m,50 au-dessus du sol. Le pavé se composait d'une mosaïque de marbres précieux à dessins géométriques, à rosaces variées. Cette riche décoration n'existe pas dans les quatre autres salles ; par-dessus le gros œuvre, qui est identique, on y voyait seulement étendu un enduit de stuc peint. Au fond de celle qui, pour le spectateur, est à droite de la principale, il existe non plus un banc circulaire, mais un grand piédestal carré, qui a pu être aussi un tribunal sur lequel siégeait un magistrat. Si c'était un piédestal, telle est sa dimension qu'il n'a pu porter qu'une statue colossale ou équestre. Quand on exhuma les corps qui reposaient dans le petit cimetière, le P. Delattre put faire déblayer jusqu'au ras du sol un des deux culs-de-four restés intacts vers le sud et dégager la partie supérieure du second[171]. La description qu'il en fait concorde sensiblement avec celle de Beulé. Cette salle, écrit-il à propos de la première, a la forme d'un fer à cheval. Elle mesure 7m,80 de profondeur et 6m,80 de largeur. Au fond de l'abside, on a trouvé une estrade haute de 1 mètre et large de 4, construite en pierres de taille de grand appareil. Au centre de cette plate-forme s'élève un piédestal de 0m,55 de côté, dont la partie supérieure manque. Il était, sans doute, destiné à porter une statue... Cette salle n'était pas plaquée de marbre, car on y voit encore des traces d'enduit. La pièce voisine n'a guère rendu, avec quelques restes de mosaïque et de peinture neurale, et beaucoup de morceaux de marbres divers, que des débris chrétiens, lampes, fragments de chancel, une tête joufflue, une croix grecque inscrite dans un losange et gravée sur un bloc de pierre qui faisait partie de l'estrade[172]. En regard de ces renseignements, mettons ceux que les anciens, nous ont laissés sur l'aménagement intérieur du palais proconsulaire. Quand Bélisaire en eut pris possession, il fit servir le repas par les esclaves de Gélimer dans la pièce même où le roi donnait ses festins ; elle se nommait Delphix[173]. Boulé l'identifie avec la salle centrale. La pièce voisine garnie d'une estrade aurait servi de tribunal. Dans ce même édifice, Justinien consacra une chapelle en l'honneur de la Mère de Dieu[174] ; on peut supposer qu'elle fut exécutée aussitôt après 534, puisque Solomon, poursuivi par ses soldats rebelles, se réfugia ές τό ίερόν, ό έστί μέγα έν παλατίω[175]. Le P. Delattre suppose que les débris chrétiens par lui retrouvés proviennent de cette chapelle ; dans un fragment d'inscription il soupçonne même le mot ecclesia[176]. Rien de tout cela n'est de nature à forcer la conviction, et M. Castan objecte qu'une série de pièces terminées en absides ne répond guère à l'idée qu'on se fait généralement d'un palais[177]. Mais je remarque que cette disposition était peut-être imposée aux architectes par la nature du terrain. Elle n'est pas sans analogie avec celle que nous avons observée sur le flanc sud-ouest de Byrsa et à Bordj Djedid ; les Romains reconnaissaient sans doute, à ce mode de construction, des qualités spéciales de résistance, et c'est peut-être quelque raison technique qui les engagea à terminer en cul-de-four les salles de ce monument. Aussi bien, si l'on rejette l'hypothèse de Beulé, je demande ce qu'on lui substituera. Il ne saurait être question d'un temple ; j'écarte a priori l'idée que les sept absides consécutives auraient représenté autant de cellæ[178]. Elles s'accommoderaient mieux d'une bibliothèque[179] ; la colonie romaine en possédait une de vastes dimensions, puisque Apulée y enseignait[180]. Pourtant, comme dans un de ses discours il parle de sa leçon de la veille donnée dans le temple d'Esculape, avec Dureau de la Malle[181] et Beulé[182], je n'hésite pas à penser que la bibliothèque était à l'intérieur de l'enceinte consacrée à ce dieu[183]. Elle n'a donc rien de commun avec les ruines qui font l'objet de cette discussion. Est-ce à dire que le seul monument possible en ce lieu soit le palais du proconsul romain ? Non assurément ; une circonstance est même de nature à éveiller des doutes sur l'identification proposée par Beulé, c'est qu'il n'y a pas trace d'un seul mur de refend et qu'on ne peut guère supposer un palais ainsi ouvert. Le 30 août 257, saint Cyprien subit un interrogatoire devant le proconsul, in secretario[184], local identique peut-être au prætorium[185]. Le martyr Montanus et ses compagnons furent jugés dans le même endroit[186], qui appartenait au palais du proconsul[187]. Beulé[188] et le P. Delattre[189] regardent presque comme certaine l'existence d'un temple de Jupiter à Byrsa. Le premier recueillit au sud nit bas-relief mutilé entouré d'une couronne de diène et représentant, d'après lui, un temple d'ordre ionique ; le second ramassa, aux alentours de la borne géodésique, deux morceaux de marbre avec feuilles de diène. Conclure, sur ces faibles indices, à un sanctuaire où Jupiter était seul adoré, c'est déjà s'aventurer ; ajouter que l'on possède une reproduction du monument, c'est être le jouet de son imagination ; décider enfin, comme Beulé, qu'il s'élevait au sud, puisque son bas-relief y a été déterré[190], c'est s'exposer à de factieux démentis ; les sculptures du P. Delattre ont été, en effet, trouvées à une assez grande distance de là. Davis[191], avec de lourdes railleries, puis Tissot[192] et Franks[193] critiquent la manière de voir de Beulé ; le dernier se refuse même à convenir que Carthage ait possédé un temple de Jupiter distinct. On invoque, pour soutenir cette thèse, un texte chrétien qui nomme un prêtre de ce dieu[194] ; mon sens, ce témoignage se retourne contre ceux qui le produisent. Le personnage en question porte, en effet, le titre de sacerdos Jovis optimi maximi[195] ; ces qualificatifs désignaient à Rome la divinité capitoline. Carthage possédait son Capitole elle aussi, et nous pouvons croire, sans grand risque d'erreur, que ce prêtre y desservait la cella de Jupiter[196]. En interprétant ainsi cette phrase, nous nous débarrassons d'un sanctuaire encombrant. Le Capitole nous est connu par une inscription[197] et par quelques phrases de Tertullien et de saint Cyprien[198] ; c'est là que les chrétiens étaient sommés d'apostasier : l'évêque de Carthage gémit sur les défaillances dont ce temple fut le témoin. Transportant sur la terre d'Afrique le culte principal de leur patrie, les colons italiens cherchèrent à reproduire aussi fidèlement que possible ce qui existait à Rome[199] ; le Capitole de Carthage s'éleva donc sur une des collines qui bordent la plaine ; ainsi s'explique le verbe ascendere, dont saint Cyprien se sert à deux reprises. Et, comme aucune de ces hauteurs ne ressemble au mont Capitolin autant que Byrsa, Castan assure que le temple ne pouvait pas se dresser ailleurs[200]. D'autre part, il constate dans la description que l'auteur du Liber de promissionibus et prædictionibus Dei nous a laissée du temple de Cælestis[201] tous les caractères d'un Capitole, celui-ci en particulier que le sanctuaire principal était entouré de chapelles accessoires. Ce qu'on a retrouvé à Hersa, vestiges d'une architecture somptueuse, beau dallage[202], les sept absides, les murs de soutènement avec leurs absides adossées, fout en un mot justifie les indications de l'écrivain anonyme. Il en résulte que le Capitole et l'hieron de Cælestis étaient un seul et même édifice, qui couronnait la colline où l'on place à tort le temple d'Esculape. Les trois cellæ appartenaient l'une à Jupiter, l'autre à Minerve, la troisième à Juno Cælestis, vers qui le flot des adorateurs, peu soucieux des deux autres divinités, se dirigeait de préférence ; les salles que Beulé qualifie de palais du proconsul auraient abrité les dieux qui composaient le cortège de cette déesse privilégiée. Le P. Delattre, après avoir jadis adopté entièrement ce système, est devenu moins affirmatif[203]. Pourtant il maintient encore que la description de l'anonyme du Ve siècle s'applique aussi bien au Capitole qu'au sanctuaire de Cælestis. C'est qu'il se forme du Capitole une idée assez particulière : La colline de Saint-Louis, écrit-il, est bien, à n'en pas douter, le Capitole de Carthage renfermant les temples de Jupiter, d'Esculape, de Minerve et de la Concorde. Je ne pense pas qu'il fasse adopter aisément cette définition. Jusqu'à preuve du contraire, nous appellerons Capitole un temple muni de trois cellæ où sont adorés Jupiter, Junon et Minerve : Le savant religieux ajoute que la Concorde qui résidait à Byrsa n'est autre que Juno Concordia, laquelle, sous le nom de Juno Cælestis, siégeait aux côtés de Jupiter. Outre que ces métamorphoses semblent étranges en elles-mêmes, les mots ædes Concordiæ ne s'appliquent qu'à un édifice distinct. Pour remettre les choses au point, il importe de maintenir bien séparées les deux questions qu'on a tendance à mêler : d'abord, le Capitole était-il sur Byrsa ? et, en second lieu, se confondait-il avec l'hieron de Cælestis ? M. Catinat ne verrait pas d'inconvénient grave à admettre la première assertion, bien qu'il ne la considère pas comme suffisamment étayée jusqu'à présent[204] ; mais il proteste avec vigueur contre la seconde. En quelques pages décisives, il montre que le temple de Cælestis, tel que le représente l'anonyme, ressemblait à tous les temples phéniciens connus, et que la similitude entre ces temples et les Capitoles est tout extérieure. Il apporte le témoignage des inscriptions d'où il résulte que Juno Regina, que l'on adorait clans les Capitoles africains, et Juno Cælestis ne sauraient être confondues ; à plus forte raison Juno Concordia. Au sur-surplus, dans les mots ædes Concordiæ, Junon n'a rien à voir. Enfin, et ce dernier argument est péremptoire, l'anonyme nous dit que le temple de Cælestis fut rasé en 421 (ad solumusque perducta). Or, en 429, le Capitole existe encore, et les contribuables reçoivent l'ordre de Théodose II et de Valentinien III d'y verser certains impôts dus au fisc[205]. La distinction s'impose donc entre les deux monuments. Castan interprète ce dernier témoignage d'une singulière façon ; pour lui, le Capitole de 429 est simplement un quartier[206]. Tant qu'on ne nous aura pas dit sur quoi se fonde cette supposition, nous croirons 'qu'en 429 comme auparavant le Capitole ne peut désigner qu'un temple. Castan invoque encore une phrase de Tertullien : Sub Aesculapio stas, Junonem in ære exornas, Minervam calcias furvis galeam formis, et neminem de præsentibus deis contestaris[207]. Ce rapprochement d'Esculape, de Junon et de Minerve, démontre-t-il, comme il le prétend, la coexistence sur Byrsa du Capitole et du temple d'Esculape ? J'ai peine à me le persuader ; admettons-le pourtant. En quoi la Junon que nomme Tertullien se distingue-t-elle de celle qu'on adorait dans tous les Capitoles du monde romain ? Et comment la confondre avec Cælestis ? Je me range donc aux idées de M. Cagnat ; et, quoiqu'on ne se figure pas bien le temple d'Esculape occupant la belle place de la colline et le Capitole relégué au nord-ouest au lieu de dominer le forum, je concède, sous bénéfice d'inventaire, que le Capitole occupait le terrain où s'étend aujourd'hui la cathédrale[208]. Mais, après avoir écarté le sanctuaire de Cælestis de la colline du Petit Séminaire, je ne me résous point à le transporter sur Byrsa. On a va plus haut pour quels motifs je le rechercherais volontiers dans la plaine entre Saint-Louis et la mer. Parmi les plus belles pièces dont l'habileté patiente du P. Delattre et de ses confrères a doté le Musée, je citerai une série de sculptures en relief qui datent de la fin du ter siècle ou du commencement du IIe[209]. Elles représentent quatre femmes ailées avec des cornes d'abondance, qui se correspondaient deux à cieux ; puis deux Victoires qui soutiennent chacune un trophée ; ces figures décoraient un des édifices les plus grandioses de la ville. La découverte s'étant produite à côté de la cathédrale, le P. Delattre croit être en plein Capitole et sur l'emplacement du temple de Jupiter. M. Héron de Villefosse se demande si les statues de la Victoire ne seraient pas l'indice d'un temple consacré à cette déesse au sommet de Byrsa. Vu la diffusion de son culte à travers l'Afrique, pourquoi n'aurait-elle pas été adorée aussi à Carthage ? D'autres ont attribué ces sculptures à l'ædes Concordiæ. Je n'aperçois aucune raison décisive en faveur de ces suppositions ; il n'est pas même démontré que les six hauts-reliefs fussent employés dans l'ornementation d'un temple. Je me garderai donc de prendre parti, en faisant observer qu'après avoir déjà attribué à Byrsa tant de monuments, il y aurait quelque témérité à le surcharger encore d'un nouvel édifice. A plus forte raison faut-il débarrasser cette colline de tout ce qu'une science trop crédule y avait jadis accumulé. Dureau de la Malle[210] ne concevait pas ailleurs le palais de Didon ; Beulé en marque les ruines supposées au-dessus de la nécropole punique[211]. Avant de rechercher l'emplacement de son palais, il ne serait sans doute pas inutile de prouver que Didon elle-même est autre chose qu'un mythe[212]. Outre ceux que j'ai énumérés jusqu'à présent, le visiteur aperçoit çà et là, épars sur les flancs de Byrsa, des murs qui émergent du sol, vestiges innommés du passé. Au premier tiers de notre siècle, ils étaient beaucoup plus apparents qu'aujourd'hui. Falbe[213], dans sa consciencieuse enquête, indique des voûtes larges de 20 à 30 pieds ; au milieu du côté oriental, les ruines d'un grand carré qui a dû être une tour ; vis-à-vis, et au milieu du côté occidental, un pavé de 80 pieds sur 100 environ, construit sur des voûtes ; et, près du coin sud-ouest de ce pavé, il y a encore des débris d'un bâtiment plus élevé ; puis quelques murailles en face de la colline du Carmel, et d'autres plus considérables sur le revers sud-ouest du plateau qui appartiennent, dit-il, à un temple[214]. Toutes ces ruines ordonnées suivant deux lignes perpendiculaires faisaient concevoir à Falbe la pensée que l'on rencontrerait, en fouillant ce terrain, des constructions superposées d'époques successives. On sait comment les explorations ultérieures ont vérifié cette supposition. Elles ont assurément porté sur plusieurs des édifices mentionnés par Falbe. Mais il est à craindre qu'une partie des restes qu'il observa n'aient disparu auparavant sous la pioche des démolisseurs arabes. Byrsa fut un des premiers points auxquels s'attaqua Davis. Avec sou manque de précision ordinaire, il nous raconte seulement[215] qu'il mit ses ouvriers sur une ruine, au pied de la colline de Saint-Louis. Un fragment de statue, des colonnes de marbre et de granit, et un magnifique Chapiteau corinthien récompensèrent leurs efforts. Ils déblayèrent aussi au sud-ouest, dans une construction de caractère romain, un fragment de mosaïque on les mois de l'année étaient représentés avec leurs noms écrits en latin[216]. Dans cette région, Davis constate un incroyable mélange de fragments d'architecture romaine et byzantine et de piédestaux grecs (?), à côté de chapiteaux composites. Il a découvert, en outre une quantité de tombes sans ornements qu'il qualifie de chrétiennes[217]. Que ne donnerions-nous pas aujourd'hui pour savoir au juste la nature et la date de ces tombes et de ces fragments ? il s'en dégagerait d'utiles renseignements topographiques ; par la faute de Davis tout est perdu sans retour. Il se plaint que le consul de France, M. Léon Roche, ne lui ait pas permis de toucher aux terrains de Saint-Louis[218]. Si le fait est exact, soyons reconnaissants envers M. Roche ; sans sa défense, les découvertes de ces derniers temps n'eussent peut-être jamais eu lieu, après les bouleversements infructueux que Davis n'aurait pas manqué d'infliger à Byrsa. Les murs d'enceinte et de soutènement du sud-ouest, le péribole du temple d'Esculape et les absides du soi-disant palais proconsulaire ne sont pas les seuls points que Beulé ait reconnus ; ses efforts ont porté aussi sur d'autres endroits très nettement indiqués dans la carte qui accompagne ses Fouilles à Carthage[219]. C'est d'abord une grande citerne à huit compartiments, à la pointe orientale du plateau, quatre autres sur la face du sud-ouest, cinq sur le versant occidental, et un groupe de neuf à l'angle du nord clans la descente ; puis une sorte de poterne, en face de la cathédrale, un peu en contrebas ; sur le flanc nord-est de la cathédrale, les ruines d'une habitation ; le long de la pente abrupte qui regarde le Carmel, parmi des décombres indistincts, une tour et des restes de citernes ; enfin, au-dessous des sept absides de l'est, un mur d'appui. Je transcris ses désignations sans me porter garant de leur exactitude. Le P. Delattre enfin, à côté des belles fouilles dont j'ai dit les résultats, mentionne sans cesse tel ou tel point de la colline où des sondages ont été opérés sous sa surveillance. Souvent il repasse aux mêmes endroits que ses devanciers, et sa méthode patiente l'amène presque toujours à de nouvelles trouvailles. N'a-t-il pas extrait un beau fragment d'inscription de la plus riche des sept absides que Beulé dit avoir nettoyée jusqu'au sol[220] ? Mais d'ordinaire il s'attaque à des terrains encore inexplorés. Voici plusieurs vestiges dont il ne donne pas la situation précise[221], contrairement à son habitude ; je les désignerai comme lui par des lettres : Fouille A. — Peut-être les ruines d'un caldarium ; l'hypocauste et des conduits de chaleur subsistent ; les colonnes étaient encore debout. Fouille B. — Morceaux d'architecture et de sculpture très nombreux, dont quelques-uns non dépourvus de valeur artistique. Fouille C. — Plusieurs stèles puniques. Fouille D. — En cet endroit, les Arabes, aux premiers temps de leur occupation, battirent un mur avec des statues et des corniches d'un beau style ; la moisson y fut donc particulièrement abondante. Vers l'est, à mi-hauteur de la montée, on a remis au jour une dédicace à Magna Mater et Attis, et une mosaïque païenne qui formait le pavé d'une salle rectangulaire. Le médaillon central offre le groupe d'Eros et Psyché ; une couronne de laurier, des vases, des tètes d'animaux disposées tout à l'entour complètent l'encadrement.[222] Des villas Marie-Thérèse et Reine-Blanche, au sud, sont sorties quantité de lampes chrétiennes, puis des sculptures de bonne époque, chapiteaux, colonnes, balustrades, etc.[223] ... Avant de redescendre de Saint-Louis, il me faut rappeler encore diverses inscriptions honorifiques de cette provenance, qui datent d'Antonin le Pieux[224], de Constantin[225], de Valentinien, Valens et Gratien[226]. Elles faisaient allusion peut-être à des travaux exécutés, d'après leurs ordres, pour l'embellissement de ce quartier. L'état fâcheux ou elles nous sont parvenues nous empêche de risquer aucune conjecture à leur sujet. Toutefois, Castan, frappé de la beauté architecturale des édifices qui couronnaient le faite de Byrsa, propose d'attribuer plusieurs d'entre eux a Antonin le Pieux[227]. Cette opinion cadre bien avec l'existence en pareil lieu des inscriptions honorifiques au nom de ce prince et avec les récits des historiens relativement aux bienfaits dont il combla la capitale africaine. En creusant une tranchée dans le flanc sud-sud-est de la colline, le P. Delattre a rencontré, en 1895, une chapelle souterraine[228]. Un corridor dont les murailles conservent dés traces de graffites précède une chambre voûtée en arête, large de 5m,50 et profonde de 3m,80. Vis-à-vis de l'entrée, la muraille était ornée d'une fresque qui rappelle tout à fait les peintures des catacombes. Malheureusement cette peinture a beaucoup souffert... L'ensemble du tableau devait se composer de trois personnages principaux et, de chaque côté, de deux figures accessoires, représentant sans doute un fidèle et un ange. Dans la figure centrale. la mieux conservée, le P. Delattre a reconnu saint Cyprien, et M. Héron de Villefosse, le Christ enseignant. Cette chapelle était-elle dépendante de quelque basilique ou bien constituait-elle un oratoire isolé ? La réponse à cette question ne sera possible que lorsqu'on aura sondé les terrains environnants. II. — LA MALGA. La région que nous abordons maintenant est peut-être celle qui fut le moins visitée, je ne dis pas par les chercheurs de pierre — leur rage destructrice s'est exercée dans toutes les parties de la ville —, mais par les archéologues. Serait-ce qu'elle ne renferme rien qui attire à première vue les regards ? Il y subsiste au contraire des vestiges de trois des monuments les plus considérables de la colonie romaine, les citernes de l'ouest, l'amphithéâtre et le cirque, autour desquels, plus d'une fois déjà, un coup de pioche heureux a remis au jour de précieux documents. Ces découvertes, obtenues le plus souvent par hasard tout au moins sans plan concerté, autorisent pour l'avenir toutes les espérances. Mais, peut-être parce que la situation exacte de ces trois édifices était hors de discussion, on ne se préoccupa guère pendant longtemps de les examiner de près ; les explorateurs préférèrent porter leurs efforts sur les quartiers où les problèmes topographiques se rencontrent à chaque pas. Il y a donc, dans la plaine qui sépare La Malga de Douar ech Chott., une abondante réserve archéologique, pour le moment encore éloigné où la basse ville et les collines commenceront à être bien connues ; et, malgré l'importance des ruines dont je vais parler, le temps que je leur consacrerai ne sera forcément pas en proportion de l'intérêt, qui s'attache à elles. Les Vandales, dit Victor de Vita[229], rasèrent l'Odéon, le théâtre, le temple de Memoria et la rue de Cælestis. Cette quadruple dévastation n'eut peut-être pas lieu avant Hunéric ; car il semble bien que l'ædes Memoriæ fût encore debout à cette époque[230]. L'auteur du Liber de promissionibus explique, de son côté[231], que, le temple de Cælestis avant été renversé en 421, la main des Vandales acheva la destruction et fit disparaître la rue qui gardait le nom de la déesse, de telle sorte que la mémoire même s'en perdit. Dureau de la Malle interprète cette dernière phrase comme un jeu de mots par allusion au sanctuaire de Memoria ; pareille tournure rentrerait assez dans les habitudes littéraires de cette époque[232]. L'ordre dans lequel Victor de Vita parle des quatre monuments ne doit pas nous faire illusion ; c'est une énumération, rien de plus ; on aurait tort de vouloir de ce chef les grouper dans une même région. C'est pourtant ce que fait Dureau de la Malle[233], pour qui le temple de Mémoire, situé sur la via Cælestis, faisait partie des nombreux édicules qui entouraient l'hieron. Mais, par une inconséquence dont il est coutumier, lui qui établit Cælestis près du Petit Séminaire, il relègue Memoria presque à mi-chemin entre Byrsa et La Malga, dont il exagère d'ailleurs l'écartement. Puis il invente un prolongement à la via Cælestis, la via Memoriæ ; et, sous ce double nom, il la conduit en ligne droite dans la vallée, depuis le rivage jusqu'auprès des citernes de La Malga[234]. Les textes ne justifient en rien ces idées, et la position de l'ædes Memoriæ demeure jusqu'à présent inconnue. Voulût-on d'ailleurs, à la suite de Dureau de la Malle, que Memoria ait été la voisine de Cælestis, ce n'est pas vers La Malga, mais dans la ville basse, où nous avons mis l'hieron, qu'il conviendrait de transporter son temple. Ce qui achève de démontrer l'erreur de Bureau de la Malle, c'est que les fouilles entreprises par Davis et M. de Sainte-Marie, d'après ses indications, pour découvrir les traces du sanctuaire n'ont absolument rien produit. A l'endroit marqué par lui, on ne rencontre que la terre végétale, sans débris d'aucune sorte[235]. Au pied du monticule occupé par le village de La Malga, la pioche des ouvriers a ramené plusieurs inscriptions honorifiques ou chrétiennes[236] ; quelques-unes étaient employées dans la construction des maisons[237]. Deux sculptures, dont l'une représente une divinité phénicienne[238], et l'autre, un sanglier[239], ont encore été exhumées dans cette région ; de même qu'un bas-relief où M. Gsell reconnait les statues du temple de Mars Ultor à Rome[240]. Sur la colline de La Malga s'étendent les vastes citernes qui ont pris le nom du village. Quoiqu'elles soient dans un état de conservation relative, les Arabes en ont tellement modifié l'aspect qu'il est devenu fort difficile d'en reconnaitre les proportions exactes et la véritable forme. Elles servent de granges, de caves et d'étables ; l'amoncellement des terres et du fumier empêche d'en mesurer la profondeur. Nous sommes donc réduits une fois de plus à nous contenter de l'à peu près. Il nous reste heureusement les descriptions des voyageurs : voici celle d'Edrisi, qui remonte au XIIe siècle. Le nombre des citernes, dit-il, s'élève à vingt-quatre sur une seule ligne. La longueur de chacune d'elles est de 130 pas et sa largeur de 26. Elles sont toutes surmontées de coupoles, et, dans les intervalles qui les séparent les unes des autres, sont des ouvertures et des conduits pratiqués pour le passage des eaux ; le tout est disposé géométriquement avec beaucoup d'art[241]. Une partie de ces constructions n'existait plus au commencement du XIXe siècle ; Estrup[242] et Ritter[243], qui écrivent, d'après Shaw, parlent de 20 bassins. Falbe[244] se borne à dire que le village de Malka est bâti sur les voûtes d'un rang de grandes citernes antiques, dont quinze ont 430 pieds de largeur, y compris les murailles... ; il signale encore, un peu à l'ouest, quatre ruines de citernes semblables ; c'est-à-dire, en tout, 19 bassins longs chacun de plus de 303 pieds. Ces résultats concordent sensiblement avec ceux de Barth[245], qui attribue à chaque voûte environ 3,50 pieds de long et 24 de large[246]. En outre, Falbe[247] a remarqué au sud-ouest les débris d'une tour qui parait avoir appartenu aux grandes citernes, et Maltzan[248], une construction massive et voûtée qui doit avoir fait partie de quelque monument hydraulique. C'est encore Falbe[249] qui signale le point de réunion de divers conduits par où l'eau se distribuait dans les maisons. Ce qui a surtout préoccupé les archéologues, ici comme à Bordj Djedid, c'est l'origine de ce vaste ensemble ; une seconde fois ils se sont divisés en deux camps : d'une part ceux qui l'attribuent à la première Carthage ; de l'autre, ceux qui le revendiquent pour la seconde. Les partisans de cette dernière opinion sont assez clairsemés ; Estrup la défend[250] et peut-être y a-t-il lieu de ranger Falbe[251] à côté de lui, bien qu'il ne se prononce pas d'une façon catégorique. Maltzan[252] reconnait pour romain le blocage des murs ; mais aussitôt, à la suite de Y. Guérin[253], il se demande si les Romains ne se sont pas bornés à couvrir et à voûter des réservoirs préexistants, battis à ciel ouvert par leurs prédécesseurs pour recevoir et conserver l'eau de pluie. Sa conclusion est que, dans leur état actuel, ces réservoirs ne sont pas puniques[254]. Pour Dureau de la Malle[255], Barth[256], Davis[257], Daux[258] et Tissot[259], les citernes ont pu, ont dû même exister avant l'aqueduc, qui ne remonte qu'au He siècle de l'ère chrétienne ; la ville punique en avait besoin, cette raison suffit. J'ai reconnu moi-même la nécessité des grandes citernes publiques, en parlant de celles de Bordj Djedid ; mais, sans rien retirer de ce que j'ai dit, j'avoue que l'emplacement de La Malga eût été aussi mal choisi que possible pour les installer à l'époque punique. La collecte des eaux pluviales exige, en effet, que les bassins récepteurs soient en contrebas des terrains environnants. Or les citernes de La Malga, à la différence de celles de Bordj Djedid, sont sur une hauteur de 35 mètres, dans une situation tout à fait propice pour envoyer leurs eaux de toutes parts, nullement pour en recevoir, sinon d'un aqueduc ou du ciel. Je n'en comprends l'utilité, vu l'emplacement qu'elles occupent, que si elles étaient alimentées par l'aqueduc ; elles ne s'expliquent que par lui ; elles font donc partie d'un même plan, procèdent d'une même idée, concourent au même dessein. Avec son assurance ordinaire, Daux a_ marqué les caractères distinctifs des citernes puniques et des citernes romaines ; le mode de distribution des eaux à l'intérieur serait fort différent. Tandis que les premières reposeraient sur le principe du fractionnement, qui permet le filtrage progressif, les autres formeraient une cuve unique, avec une voûte soutenue par des piliers. En second lieu : Au point de vue de la construction, les réservoirs de l'époque carthaginoise sont exclusivement bâtis en blocage serré de petites pierres et de chaux grise, et l'extrados des voûtes reste à nu en forme de berceau saillant. La citerne romaine est construite par assises régulières, en moellons taillés ; les voûtes sont formées de voussoirs, et leur extrados, parfaitement nivelé en maçonnerie, présente une vaste plate-forme unie[260]. Les citernes de La Malga, bâties en blocage, avec voûtes à nu et divisées en compartiments rentreraient donc dans le type punique. Malgré les connaissances techniques de Daux, que Tissot appelle un spécialiste distingué, je tiens ses définitions pour très suspectes. Des constructions puniques retrouvées à Carthage, il n'est guère que la nécropole de Douïmès, inconnue de Daux, où quelque chose d'analogue au blocage soit parfois employé[261] ; il forme au contraire l'essence même des édifices romains. Quant à la disposition intérieure, ce qu'il en dit n'est pas mieux fondé, puisque les citernes de Bordj Djedid, dont la forme actuelle est assurément romaine, offrent tous les traits[262] qu'il tient pour spécifiques des citernes puniques. Ce fait devient encore plus évident si l'on compare, comme l'a fait M. Gauckler[263], les citernes de La Malga à celles que les Romains ont semées dans le reste du pays. A Utique, à Uthina, à Thugga, à Sicca Veneria, à Thapsus, même plan, même appareil, mêmes principes de distribution. Dussé-je, en traitant de la seconde Carthage, paraître vouloir tout y ramener, on m'accordera que les plus fortes présomptions sont en faveur de l'origine récente et, par conséquent, romaine des réservoirs de La Malga. Je ne les crois pas antérieures à l'époque d'Hadrien. Davis disait : la construction des citernes est punique, le grand aqueduc remonte donc lui aussi au-delà de 146[264] ; de cette façon, il avouait implicitement l'union intime des deux monuments. Je raisonne tout ail rebours, et je conclus : l'aqueduc est romain, par conséquent les citernes le sont aussi. A 100 mètres environ au sud-ouest de la station du chemin de fer (Saint-Louis-La Malga), s'étend une dépression elliptique dont les bords, renflés en manière de bourrelet, laissent apercevoir des masses compactes de blocage, des pans des murs, des voûtes écroulées ; c'est l'amphithéâtre[265] dont Tertullien parle souvent[266]. Au moyen âge, il subsistait encore presque intact. El Bekri et Edrisi l'admirent, et le premier l'appelle El Thiater. Leurs récits concordent assez pour que nous nous figurions ce monument, même en tenant compte de l'exagération orientale, comme l'un des plus magnifiques de la ville. De ces splendeurs, il ne subsiste rien aujourd'hui ; tous les revêtements de marbre ont disparu sans retour. Ce lamentable effondrement ne permettait déjà plus, au temps de Falbe, de déterminer les dimensions de l'édifice que d'une manière approximative. L'habile topographe compte environ 240 pieds dans la longueur ; la profondeur de la cavité serait de 15 pieds[267]. L'évaluation de Barth, qui est plus complète[268], fixe la longueur totale à 300 pieds, celle de l'arène à 220 ; la largeur totale à 180 pieds ; celle de l'arène à 100. Ces chiffres[269] doivent s'écarter sensiblement de la réalité. En effet, le P. Delattre, ayant commencé, en 1895, à déblayer l'intérieur[270], a reconnu que le monument, beaucoup plus grand qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent, atteignait presque les dimensions du Colisée[271]. Cette constatation nous remet en mémoire la phrase de la Passio de sainte Perpétue, où la martyre, faisant le récit de sa vision, raconte qu'en arrivant à l'amphithéâtre elle vit sur les gradins une foule considérable (populum ingentem)[272]. Tout le sol et le pourtour de l'arène ont été mis au jour. On a découvert les substructions renfermant les carceres (?), des souterrains, une citerne[273]. Au niveau de l'arène, on a reconnu les arceaux destinés à soutenir les pièces de charpente d'un plancher. Plusieurs dalles du podium, des gradins marqués de barres distinguant les places, des sièges réservés aux personnages sénatoriaux, des rampes de romitoria ornées de dauphins, des portions de chancels, des colonnes et des chapiteaux ont été retrouvés. Une copieuse récolte archéologique a été moissonnée dans ce terrain ; elle comprend des fragments de sculptures, parmi lesquels une statuette de Diane et un bas-relief très détérioré qui représentait peut-être Neptune assis ; deux cents inscriptions votives ou destinées simplement à marquer les places des magistrats et des principaux citoyens ; beaucoup de lampes païennes, juives et surtout chrétiennes, pour la plupart de basse époque (il y en a même des temps arabes) ; des monnaies d'Otacilia, de Maximin, Maximien, Constance II, etc. ; une quantité de menus objets de verre ou de métal ; un grand camée portant une tête d'empereur de profil ; cinquante-cinq lamelles de plomb chargées d'inscriptions imprécatoires qui furent extraites d'une sorte de cul-de-sac carré ouvert à la partie supérieure, au niveau même de l'arène. Cette fosse était probablement destinée à quelque usage funéraire, car les tabellæ devotionis, semblables à celles qu'elle contenait, n'ont guère été jusqu'à ce jour retirées que des tombeaux. Au cours des fouilles, une porte secondaire fut dégagée, où le P. Delattre est tenté de voir la porta Libitinensis ; elle s'ouvrait sur un passage aboutissant vers un des cimetières des officiales, qui est tout proche. Par opposition à cette sortie, l'amphithéâtre renfermait la porta Sanavicaria[274] ; c'est là qu'on reconduisit sainte Perpétue et sainte Félicité, quand les bûtes les eurent une première fois épargnées ; cependant leur compagnon Saturus attendait son tour près d'une troisième porte[275]. Des représentations navales furent sans doute données dans l'amphithéâtre de Carthage comme au Colisée[276] ; les citernes qui sont voisines pouvaient fournir l'eau pour inonder la piste en peu de temps. Des fouilles dirigées vers le nord-est feraient sans doute découvrir le canal qui réunissait les deux monuments. Quelques auteurs le soupçonnent ; d'autres l'indiquent d'une manière formelle[277]. Je ne pense pas qu'il soit possible actuellement d'en suivre le tracé. Les abords de l'amphithéâtre, s'ils n'ont pas été explorés méthodiquement, ont cependant, à diverses reprises, rendu plus d'une pièce de valeur. A l'ouest, ont été exhumés un beau chapiteau corinthien, un torse de Bacchus, un piédestal avec une inscription en l'honneur de Valens, gravée par le proconsul Julius Festus Hymetius[278]. Le 28 janvier 1893, j'ai vu, dans le jardin de Saint-Louis, un corps de cheval en ronde bosse, long de 1m,45, dont la tête et les jambes n'existent plus ; on l'y avait apporté deux jours auparavant. Point de trace de cavalier sur le dos ; ce cheval était donc, suivant une heureuse conjecture de M. Héron de Villefosse[279], représenté seul ou groupé avec une figure virile à pieds, comme le sont souvent les chevaux des Dioscures à l'époque romaine. Ce groupe devait avoir son pendant, et tous deux formaient pour l'amphithéâtre une décoration à souhait. Outre un torse de Diane, une tête expressive d'Hercule, une statue de femme, trois bas-reliefs qui représentent une Fortune ailée soutenant une corne d'abondance, une quantité de membres humains en marbre blanc, beaucoup de morceaux d'architecture, cette région nous a rendu la Victoire colossale qui orne le jardin de Saint-Louis et un fragment d'aile d'une autre Victoire. Deux inscriptions, où se lit le nom de Symmaque, proconsul d'Afrique vers 373, ont aussi revu le jour dans ces parages. Pour qui se rappelle le culte dont la famille de cet illustre écrivain entourait Victoria, le rapprochement de ces divers objets n'est pas fortuit, et on ne saurait être surpris qu'il eût doté Carthage d'un sanctuaire en l'honneur de la déesse ; ces textes et ces statues en seraient les derniers vestiges[280]. Je suis tout à fait sceptique à l'égard des thermæ Maximianæ, dont le P. Delattre pense
avoir retrouvé l'emplacement non loin de là, au moyen d'un simple bloc de
marbre numidique[281]. Le cirque, mentionné par Tertullien plus fréquemment encore que l'amphithéâtre[282], était de très grandes dimensions, à en juger par deux circonstances que Procope a relatées. A l'abri de ses murs se réfugièrent, en 536 et 537, les soldats rebelles à Solomon et Germanus ; dans cette seconde révolte, une véritable bataille se livra à l'intérieur de l'édifice[283]. Les indications fournies par Falbe[284] s'accordent avec celles qui découlent du double récit de Procope. Ce cirque, dit-il, a environ 1.600 pieds de long et 330 pieds de largeur au milieu. La partie de l'épine (spina) qui existe encore à environ 1.000 pieds. A l'extrémité orientale, tout près du chemin qui conduit de Malqà à Douar-El-Schath, on peut aisément reconnaître, entre deux fondements de mur, une ouverture qui a dû être une des entrées du cirque. Dans l'alignement de la spina et de l'autre côté du chemin, se trouve la ruine n° 73[285], dont la forme et l'élévation portent à présumer qu'elle était destinée à dominer le cirque tout entier, dont la forme ressemble à l'intérieur d'une carène. Le long du côté nord-est, gisent des débris de blocage, au milieu desquels on a pratiqué une fouille d'une dizaine de pieds pour pénétrer jusqu'aux premières assises des fondations ; mais cette recherche a été infructueuse. Barth[286] confirme de tous points ces informations, sauf qu'il n'accorde que 300 pieds de large. Lui aussi a vu, au sud-est, les traces d'une porte et les restes d'une construction quadrangulaire, qu'il désigne comme la tribune du proconsul, analogue sans doute à celle qui subsiste, à Rome, au stade du Palatin. Une simple dépression de terrain, à 600 mètres environ au sud de l'amphithéâtre, laisse soupçonner aujourd'hui l'emplacement exact du cirque. Elle s'étend du nord-ouest au sud-est et, dans cette dernière partie, confine au village de Douar ech Chott. La voie du chemin de fer de La Goulette à La Marsa coupe ces ruines, que les travaux de terrassement, exécutés pour établir le talus et les remblais, n'ont pas peu contribué à faire disparaître[287]. Tandis qu'ils étudiaient la plaine de Dermèclie, MM. S. Reinach et Babelon avaient entrepris, suivant les instructions de Tissot, une autre fouille au sud-est du cirque, dans un terrain habous nommé El Colla, près du village de Douar ech Chott[288]. M. d'Hérisson croyait à l'existence d'un temple punique en cet endroit, d'où il avait exhumé, en 1883, la tête d'une statue colossale[289]. Les nouveaux explorateurs y ouvrirent une tranchée profonde de 4 à 5 mètres, large de 5 et longue de 42. Les murs qu'ils ont atteints sont, pour la plupart, construits en petit appareil régulier ou en blocage, quelques-uns cependant en grand appareil, mais tous appartenaient à des édifices d'époque romaine ; peu ou point de traces d'incendie[290]. Venus pour découvrir un sanctuaire punique, les deux archéologues abandonnèrent le terrain dès qu'ils virent qu'il ne leur fournissait que du romain. Un pavage de mosaïque à ornements géométriques avait été déblayé, une colonne de marbre de 0m,90 de diamètre ne put être dégagée[291]. Ils recueillirent une vingtaine de lampes, chrétiennes en général[292], et six fragments de statues de minime importance. En outre ils eurent satisfaction de reconquérir le corps de la grande statue dont M. d'Hérisson avait déterré la tête. On y vit tout d'abord un empereur romain[293] ; M. Reinach prouva bientôt qu'elle représente un Dioscure auprès d'une protome de cheval. C'est une bonne statue romaine, de dimensions colossales et d'une remarquable conservation. Elle a sans doute orné autrefois une des extrémités du cirque[294]. |
[1] Delattre, Bull. épigr., VI, 1886, p. 85 ; Bull. arch.,
1893, p. 119 ; Tun., p. 312.
[2] Tertullien, Scorpiace,
6 ; De pallio, 4 ; ce dernier texte étant de 208 ou 209 (cf. Monceaux, Tert.,
p. 91), la date indiquée ci-dessus pour l'institution des jeux pythiques n'a
rien d'invraisemblable.
[3] De resurrectione carnis,
42 ; Delattre, Bull. arch., loc. cit., l'Odéon fut détruit par les
Vandales (Victor de Vita, I, 8).
[4] Bull. épigr., VI, 1886,
p. 83 sq. ; Miss. cath., 1890, p. 227 sq. ; Tissot, Géographie,
I, p. 654 sq.
[5] Bull. épigr., VI, 1886,
p. 84.
[6] Cosmos, 20 janvier
1893, p. 247 ; Cat. Alaoui, p. 246, n° 344 ; p. 249, n° 372, 377 ;
Delattre, Const., XXVIII, 1893, p. 166 ; Cagnat, Bull. Ant., 1893,
p. 209 sq.
[7] Davis, p. 340.
[8] Bull. Ant., 1894, p.
219.
[9] P. 38. La carte du C. I. S.,
p. 275, indique des ruines assez importantes en cet endroit.
[10] Fouilles, p. 44 et n.
6.
[11] Guérin (I, p. 61) adopte les
mêmes conclusions ; Caillat inscrit aussi ces noms sur son plan. Je ne sais où
ce dernier a pris le temple de Neptune qu'il met à l'est de celui de Cérès et
de Proserpine.
[12] P. 171-183, 287 ; Franks, p. 225 ; Maltzan, I, p. 298 ; Cagnat, Mos.,
p. 252.
[13] Tissot, Géographie, I,
p. 656 ; à la page précédente se trouve un plan du monument, de même dans S.
Marie (p. 176). Babelon (Carth., p. 166), Atlas C. (104) ; ces
auteurs se sont inspirés de Davis (p. 175), qui donne encore un croquis du
terrain (p. 285).
[14] P. 289 sq.
[15] Géographie, I, p. 657.
[16] P. 286 sq.
[17] P. 288 ; Monuments, p. 82.
[18] P. 171, 179, et pl. III.
[19] P. 173.
[20] Fouilles, p. 44.
[21] I, p. 60 sq.
[22] Carth., p. 157 sq. M. Toutain (Sat., p. 92)
se borne à le placer in vertice montis Carthagini
imminentis.
[23] Cæcilii Cypriani acta
proconsularia, 2.
[24] Augustin, De consensu Evang.,
I, 36.
[25] Apologétique, 9 : in eisdem arboribus templi sui obumbratricibus scelerum.
[26] C. Mueller, Geogr. græci
min., II, p. 526, 61 : cf. Dureau, p. 181.
[27] On peut se demander si in vico qui dicitur Saturni inter Veneream et Salutariam
(Acta procons., 2) signifie bien, comme le veut Dureau de la Malle, entre les temples de Cælestis et d'Esculape ; un
manuscrit de Saint-Germain porte inter duas plateas
Veneriam et Salutariam (cf. Dureau, p. 173, n. 4). D'ordinaire on
interprète entre les rues de Cælestis et d'Esculape
; au reste la différence est légère, car ces rues ou ces places devaient
avoisiner les temples du même nom.
[28] Neue Jahrbücher fuer
deutsche Theologie, III, 1894, p. 225.
[29] Carth., p. 166 sq.
[30] Lanciani, Monamenti antichi
dei Lincei, I, p. 506 sq., pl. II, 1-2 ; Huelsen, Rœmische Mittheilungen,
VII, 1892, p. 297-299 ; Kiepert-Huelsen, Forma Urbis Romæ antiquæ, carte
II,
Oq ; L. Borsari, Topografia di Roma antica, in-16°, Hoepli, Milan, 1897,
p. 117 sq. Cf. Bœswillwald-Cagnat, Timgad, p. 210-214.
[31] Gauckler, C. R., 1897, p. 7.
[32] Vernaz, p. 11.
[33] Vernaz, p. 12-23 ; cf.
Delattre, Bull. épigr., VI, 1886, p. 80 sq. ; Tissot, Géographie,
II, p. 802.
[34] Celle que je dénomme, avec le
P. Delattre, colline du Petit Séminaire et du Carmel
; le nom de colline de Junon est sans
fondement.
[35] Vernaz, p. 14.
[36] Vernaz, p. 21.
[37] Vernaz, p. 19.
[38] P. 174.
[39] Fouilles, p. 26 ; cf. ibid.,
p. 9.
[40] P. 394 sq., 405.
[41] I, p. 59.
[42] Géographie, I, p. 653 sq.
[43] P. 173 sq.
[44] Tanit., p. 150 sq.
[45] I, p. 97. Letronne
(Journal des Savants, 1837, p. 734) déclarait déjà que les affirmations
de Dureau de la Malle ne l'avaient pas convaincu.
[46] P. 303-305.
[47] Mélanges, XII, 1892, p.
242-245 ; Fouilles, p. 103-105.
[48] Cap., p. 188-195.
[49] Carth., p. 155 sq.
[50] Le Petit Séminaire est
aujourd'hui l'Institution Lavigerie (Vellard, p. 65 sq.).
[51] Métamorphoses, VI, 4.
[52] Liber de promissionibus et
prædictionibus Dei, III,38, 44(P. L., LI, col. 835).
[53] I, p. 98.
[54] Castan, p. 137-139 ; Delattre,
Mélanges, XII, 189 ; p. 242-245.
[55] C'est pour une raison
identique que Hamaker (Diatribe, p. 27, 33-35) penchait pour La Malga.
[56] Davis (p. 405) dit avoir
rencontré trois inscriptions puniques à l'endroit où il marque le temple de
Cælestis ; voir pourtant Vaux, préf., p. 3.
[57] Fragm., XXII, 6. Je ne
sais sur quoi se fonde le P. Delattre lorsqu'il écrit (Bull. épigr., IV,
1884, p. 315) : Ulpien lui donne une épithète qui ne
nous est parvenue que sous une forme orthographique douteuse, Salinensis.
Huschke (coll. Teubner) adopte le texte : Cælestem Selenen ; Lachmann (cf. ibid.) : Sidonensem. M. G sell (1899, p. 31) pense à Samimensis,
transcription latine du mot punique signifiant céleste
(conf. Baal Samaïm-Baal céleste).
[58] P. 167.
[59] Cosmos, 20 janvier
1894, p. 247. Au XVIe siècle, nous retrouvons une turris
salis ou salinaria près du
lac de Tunis.
[60] J'ai été heureux de voir cette
opinion que je m'étais faite seul partagée par M. Cagnat (Cap.) ; il a
formulé depuis quelques réserves (Monuments, p. 24 sq.) ; cf. Meltzer,
14 p. 196, 537 sq.
[61] Liber de promiss., loc. cit.
Il se pourrait, dit Castan (p. 150), que l'emplacement de ce groupe de temples n'eût reçu que
théoriquement la qualité de cimetière, à l'unique fin qu'aucun édifice ne pût y
être reconstruit, mais sans être réellement affecté aux inhumations.
[62] De gubern. Dei, VIII,
2,9 : intra muros patrios ; voir
pourtant Gsell, 1899, p. 31, n. 1.
[63] I, 8 ; Delattre, Bull. épigr., IV, 1884, p. 315.
[64] Barth (I, p. 96) reconnaît
cette rue dans le sentier qui se dirige du pied de Byrsa vers Dar Ahmed
Zarouck.
[65] P. 37 sq.
[66] D., Pun., p. 370 sq. ; Bull.
épigr., IV, 1887, p. 311 ; VI, 1886, p. 81 sq. ; Revue de l'Afrique
française, IV, 1886, p. 241 ; Cosmos, 28 janvier 1888, p. 243. Il
est trop hardi de lire, comme le fait le P. Delattre, le mot apodyterium, dans un fragment d'inscription où se
trouve le groupe de lettres opo suivi
d'un signe indistinct ; Mélanges, X, 1890, p. 325 ; Babelon, Carth.,
p. 157.
[67] Cosmos, 28 janvier
1888, p. 243, et 13 janvier 1894, p. 211.
[68] Ad Donatistas post collationem, 25, 43. Locus etiam re tanta dignus in urge media procuratur.
Les
expressions quando in tam spatioso et lucido et
refrigeranti loco nos fuisse recolimus, que saint Augustin oppose
ensuite (35, 58) au mot carcer, ne se
rapportent pas, comme on l'a écrit, à la situation extérieure du monument, mais
à l'intérieur où se tenait l'assemblée. Les Donatistes prétendaient avoir été
emprisonnés dans les thermes ; est-ce une prison qu'un endroit si agréable ?
répond saint Augustin. M. l'abbé Pillet, qui voit des basiliques dans les
thermes de ce genre, a été bien réfuté par M. Allard (La Science catholique,
15 janvier 1892, p. 177 sq.). Dureau (pl. III), Barth (I, p. 98), et Dedreux
(Esquisse) placent cet édifice en contrebas au sud-ouest de Byrsa.
[69] Cosmos, 28 janvier
1888, p. 243, et 13 janvier 1894, p. 211. J'ignore si les monnaies des
empereurs Tibère, Magnence, Constance, Constant II, trouvées au Petit Séminaire
(D., Arch., p. 7 ; Cosmos, 13 janvier 1894, p. 213) ont quelque
rapport avec le monument en question.
[70] Bull. épigr., VI, 1886, p. 82.
[71] C. R. Hipp., 1888, p. LXXXVI, n° 23
; C. I. L., VIII, 12589a.
[72] C. R. Hipp., IV, 1884,
p. 311-319 ; cf. Cosmos, 28 janvier 1888, p. 243.
[73] Cosmos, 28 janvier
1888, p. 243.
[74] Cosmos, 26 octobre
1889, p. 358 sq. ; 13 janvier 1894, p. 211-213 ; Arch., p. 6-11.
[75] Bull. épigr., IV, 1884,
p. 318 ; Cosmos, 28 janvier 1888, p. 243 ; et surtout Miss. cath.,
1890, p. 93 sq., 106 sq., 116 sq.
[76] La borne géodésique plantée
par le général Perrier près de la cathédrale est l'endroit le plus haut de toute la colline ; il a 60m,50 au-dessus du
niveau de la mer ; Delattre, Bull. épigr., V, 1885, p. 86, n. 1.
Tissot (Géographie, I, p. 581), suivi par M. Babelon (Carth., p.
133), indique 63 mètres ; l'Atlas (III, La Marsa), 51 mètres ; la carte
au 1/20.000, 59 ; Meltzer (II, p. 164), 60 mètres ; cf. id., Pun.,
p. 303 sq.
[77] Rousseau, p. 515 sq. ; S.
Marie, p. 146-150 ; Vellard, p. 36-40.
[78] Elles appartiennent à la
famille Driant.
[79] Cosmos, 23 décembre
1893, p. 119.
[80] On connaît l'explication courante
de ce mot et la légende du cuir de bœuf (βΰρκα)
découpé par les compagnons de Didon ; Virgile s'en est fait l'écho et l'a
popularisée (Æn., I, y. 367 sq.). Les orientalistes modernes croient que
cette fable aurait été forgée par les Grecs pour rendre compte d'un terme
qu'ils ne comprenaient pas ; ils ne sont pas d'accord cependant sur la vraie
étymologie. Quatremère et Walckenaer tirent Byrsa de Birah (citadelle). Bochart et Mowers y retrouvent au contraire
un dérivé de Botsrah (place forte,
citadelle) ; cf. Quatremère, Journal des Savants, 1857, p. 132 ; Marcus,
p. 671. Mommsen (IV, p. 324) et Kiepert (Lehrbuch der alten Geographie,
1878, p. 217) le dérivent de Birtha
(citadelle) ; cf. Meltzer, II, p. 192 sq., 534-537 ; Lavigerie, p. 410 sqq. ; Miss.
cath., 1890, p. 144. Le sens d'ailleurs demeure le même. Il n'est pas sûr
que le nom de Byrsa fût usité à l'époque romaine (Meltzer, II, p. 536).
[81] Puniques, 128.
[82] XVII, 3, 14.
[83] Æn., I, v. 365 sq. ; IV, v. 97, 265,
341.
[84] I, 31, 11.
[85] Johan., III, v. 19 ; IV, v. 1055 ; VI,
v. 169, 184.
[86] P. 369-384. Kobelt (p. 378) se
range à l'opinion de Davis, sans d'ailleurs fournir d'argument à l'appui.
[87] Loc. cit.
[88] Fouilles, p. 28 ; cf. Temple,
p. 107. Tout récemment encore, et après beaucoup d'autres écrivains, M. Meltzer
vient de renouveler la condamnation du système de Davis (Neue Jahrbücher
fuer Philologie und Pædagogik, CXLIX, 1894, p. 52, n. 7).
[89] P. 382 sq.
[90] Bull. épigr., V, 1885,
p. 92, n. 307.
[91] Table, s. v. Byrsa.
[92] P. 21 sq.
[93] P. 171 sq.
[94] Pl. III.
[95] Fouilles, p. 26 sq.
[96] P. 19 sq.
[97] IV, 22.
[98] Ce sont les thermes de Gargilius que Dureau de la Malle indique sur la
pente sud-ouest de Saint-Louis.
[99] I, p. 283.
[100] P. 49-54.
[101] B., Fouilles, p. 23 sq.
[102] P. 453.
[103] P. 26, n° 52 du plan.
[104] P. 93.
[105] P. 204.
[106] Loc. cit.
[107] Fouilles, p. 5 sq. ; Lettres,
p. 9.
[108] Bull. épigr., V. 1885,
p. 303 sq. Ailleurs (Miss. cath., 1890. p. 202.) le P. Delattre signale
la présence d'une argile verte et d'une argile jaune et blanche.
[109] Appien, Pun., 128 : τό γάρ
όχυρώτατον τής
πόλεως ήν... ; Strabon (XVII, 3,
14) l'appelle ή
άκρόπολις ; Florus (I, 31.
11) et Orose (IV, 22), arx.
[110] Fouilles, p. 54, 60 ; Lettres,
p. 9. Il est indispensable de noter que ces sondages suivaient le flanc de la
colline et traversaient surtout des éboulis. Nous venons de constater, d'après
le P. Delattre, que, sur le plateau. le sol primitif se rencontre à 4 mètres
environ ; cf. encore Bull. épigr., V, 1885, p. 84. Beulé lui-même disait
(Lettres, loc. cit.) : Sur le plateau
proprement dit (le rocher) n'est recouvert que
de 3 mètres de terre.
[111] Fouilles, p. 53.
[112] Fouilles, p. 50.
[113] Fouilles, p. 59.
[114] Fouilles, p. 62 sq. ; Lettres,
p. 7, 12.
[115] Fouilles, p. 61.
[116] P. 190-196.
[117] Géographie, I, p. 589.
[118] Fouilles ; Tomb. pun.,
1891, p. 52 ; Cosmos, 16 décembre 1893, p. 87 ; C. R. Inscr.,
1894, p. 426 ; Gsell, 1893, p. 141, 156 ; Babelon, Carth., p. 116,
136-139 ; Atlas C., 44-49 ;
Vellard, p. 60-63 ; voir les réserves de Meltzer, Pun., 295.
[119] Fouilles, pl. II, n° 1
; Tissot, Géographie, I, p. 588.
[120] D., Fouilles, p. 100
sq. ; cf. B., Fouilles, p. 48 ; Lettres, p. 15.
[121] Il déclare lui-même (Fouilles,
p. 50) qu'il usa parfois de la mine pour se frayer un chemin ; après son
départ, les chercheurs de pierres emportèrent le reste ; D., Tomb. pun.,
1891, p. 52.
[122] D., Fouilles, p. 103
sq. ; Mélanges, XII, 1892, p. 245.
[123] III, 38, 44.
[124] C. R. Inscr., 1893,
p.131 sq., 152-155 ; D., Mur ; Cosmos, 16 et 26 décembre 1893. p.
87-90, 119 ; C. R. Hipp., 1893, p. XXXV sq. ; Babelon, Carth.,
p. 138 ; Gsell, 1895, p. 3-1 sq. ; Vellard, p. 52 sq.
[125] C. R. Inscr., loc. cit.,
p. 152 sq.
[126] Beulé avait également traversé
le mur d'amphores, mais sans en distinguer la structure ; il crut à une
accumulation de débris dans quelque cave ; Fouilles, p. 39 ; Lettres,
p. 12.
[127] D., Fouilles, p. 103,
n. 2 (de M. Cagnat) ; Mur, p. 89 ; Gsell, 1895, p. 31. Ces résultats nouveaux
modifient les opinions jadis émises par le P. Delattre (Bull. épigr., V,
1885, p. 84) ; il croyait alors, d'après Beulé, à l'existence souterraine des
remparts puniques : il n'a rencontré que du romain et du byzantin.
[128] Capitole ou temple de la
Victoire ? von Duhn (p. 89) hésite entre les deux.
[129] Cagnat, Rev. arch.,
XXVI, 1895, p. 271-213.
[130] D., Fouilles, p. 100.
[131] D., Fouilles, p. 99 sq.
On y a découvert dans le blocage une monnaie de l'an 28 de notre ère ; Cosmos,
16 décembre 1893, p. 90.
[132] D., Fouilles, p. 97-99.
Il faut y joindre un vaste quadrilatère bâti par les Romains en pleine
nécropole punique, au-dessus des diverses constructions citées ; la destination
n'en est pas très claire ; peut-être faisait-il partie des fortifications
byzantines. Le P. Delattre est sobre de détails à ce sujet.
[133] D., Fouilles, p. 95 sq.
Le P. Delattre croit avoir retrouvé aussi les débris d'un squelette de baleine
et des lampes juives ; Cosmos, 16 décembre 1893, p. 89 sq.
[134] Pour comprendre la disposition
respective de ces ruines, il est indispensable de se reporter au plan qu'en a
dressé M. Bonnet-Labranche (Bull. arch., 1893, pl. XI).
[135] Voir Lavigerie, p. 418-422 ;
D., Fouilles, p. 105-123 ; Tomb. pun., 1890 et 1891 ; Tombeau
: C. R. Inscr., 1893, p. 133 sq. : cf. 1898, p. 414 sq. ; Miss.
cath., 1890, p. 129-131, 143 sq., 153-155, 166-168, 178-180, 188-190,
202-204. 214-216, 225-227 Tissot, Géographie, I, p. 590 sq. ; II, p. 196
sq. ; de Voguë, Note sur les nécropoles de Carthage, 1889 ; Vases
carthaginois (Rev. arch., XXII, 1893, p. 135-138) ; C. R. Inscr.,
1888, p. 464 sq. ; 1889, p. 15 sq. ; 1892, p. 111 ; Cagnat, Bull. arch.,
1891, p. 553 sq. ; Babelon, Carth., p. 132 sq. ; Vellard, p. 53-60, 63.
[136] D., Tomb. pun., 1891, p. 11 et 12 ; Gsell, 1899, p. 8.
[137] Delattre, Bull. épigr., V. 1885, p. 84 ; Babelon, Carth.,
p. 132 sq.
[138] Delattre, Bull. épigr.,
V, 1885, p. 85 sq.
[139] Ces fouilles ont été reprises
en 1894 ; le P. Delattre y fait allusion dans une lettre à l'Académie des
Inscriptions (C. R. Inscr., 1894, p. 426), mais sans fournir le détail
des découvertes.
[140] C. R. Inscr., 1894, p.
196.
[141] Fouilles, p. 74-77.
[142] Delattre, Bull. épigr.,
V, 1885, p. 91, 131-133, 303-307 ; Tomb. pun., 1891, p. 2 ; Mélanges,
X, 1890, p. 316 sq., n° 1 et 2, p. 322 sq. ; XII, 1892, p. 210, 244-247,
250-252 ; Arch., p. 3 ; Cosmos, 23 décembre 1893, p. 119.
[143] Œuvre de M. l'abbé
Pougnet, commencée en 1884, consacrée le 15 mai 1890 (Petit guide, p. 19
; Vellard, p. 24-35). Par une heureuse idée, la
première pierre en était tirée des ruines de la basilique de Damous el Karita :
c'était le trait d'union entre la Carthage du passé et celle de l'avenir.
(Mgr Baunard, Le Cardinal Lavigerie, II, p. 246).
[144] Bull. épigr., V, 1885,
p. 302.
[145] Bull. épigr., V, 1885,
p. 305 ; Cosmos, 28 janvier 1888. p. 242 ; C. I. L., VIII. 12369,
cf. 13242, 13243 ; Monuments, p. 39.
[146] Delattre, Mélanges, XII, 1892, p. 238-248 ; Arch., p. 3 ;
Atlas C., 52-54.
[147] Mélanges, XII, 1892, p.
231 sq., 247 ; Cf. ibid., X, 1890, p. 322 sq. ; XI, 1891, p. 14, n° 84.
[148] Mélanges, XII, 1892, p.
240.
[149] Monuments, p. 109 C ; cf. Babelon, Carth.,
p. 140, n° 54.
[150] Mélanges, XII, 1892, p.
239 sq. L'un de ces murs était percé d'une issue qu'on boucha plus tard avec de
la maçonnerie.
[151] Mélanges, X, 1890, p.
322.
[152] Puniques, 130.
[153] XVII, 3, 14.
[154] Florus, IV, 18, 91.
[155] Dureau, p. 20, 153 ; B., Fouilles,
p. 9, 74-76 ; Lettres, p. 15 ; Tissot, Géographie, I, p. 648 ; S.
Marie, p. 166, 204 ; Castan, p. 136 ; Reinach, p. 210 ; Catinat, Cap.,
p. 195 ; Toutain, Cités, p. 83 ; Babelon, Carth., p. 135 sq. ; Atlas
C., 42-43 ; Monuments, p. 41 sq. ; Meltzer, II, p. 194-196.
[156] Reinach, p. 208.
[157] Fouilles, p. 66-68,
14-16 ; Lettres, p. 15.
[158] I, p. 285.
[159] Fouilles, p. 15 ; cf. Lettres,
p. 16 et 11 ; Reinach. p. 210.
[160] Bull. épigr., V, 18S5,
p. SS, 90 ; Mélanges, X, 1890, p. 311 sq., 1 et 2 ; XII, 1892, p. 241
sq. ; C. I. L., VIII, 13224, 13381 ; cf. Castan, p. 128. n. 2.
[161] Mélanges, X, 1890, p.
317, 1.
[162] D., Statues, p. 1 ; cf.
B., Fouilles, p. 38.
[163] Bull. épigr., loc. cit.,
p. 88, 304 ; Cosmos, 28 janvier 1888, p. 242.
[164] Bell. Vand., I, 20.
[165] Bell. Vand., II, 21. Corippus l'appelle (Johan,
VI, v. 228), aula Sidonia et (In
honorem Justini, II, v. 125) aula Vandalica.
[166] III, 32.
[167] Bell. Vand., I, 20.
[168] Hist., IV, 48-50.
[169] Dureau (p. 182) et Tissot (Géographie,
I, p. 649) invoquent encore un passage des Acta proconsularia de saint
Cyprien, 2 ; ils en tirent des indications qui ne s'y trouvent pas. Le jugement
de l'évêque n'eut pas lieu dans le palais proconsulaire, mais hors de la ville
(in Sexti), où Galerius Maximus habitait
alors ; d'autre part, le texte ne dit pas que la demeure du stridor du
proconsul était proche du prætorium :
cf. Labarre, p. 13.
[170] B., Fouilles, p. 68
sqq. Lettres, p. 15-20 ; cf. Tissot, Géographie, I, p. 649-553 ;
Maltzan, I, p 281-281 ; Babelon, Carth., p. 134 sq. ; Atlas C.,
42.
[171] Bull. épigr., V, 1885,
p. 88-90 ; Cosmos, 11 janvier 1890, p. 161.
[172] Une
croix grecque gravée en relief sur une pierre avait été déjà rencontrée
dans une autre salle ; Bull. épigr., loc. cit.
[173] Bell. Vand., I, 21.
[174] De ædif., VI, 5.
[175] Bell. Vand., II, 14.
Peut-être Justinien ne fit-il que réparer un sanctuaire préexistant, car déjà,
sous les Vandales, un poète de cour, Pierre le Référendaire, parle d'une basilica palatii sanctæ Mariæ (Anth. lat.,
I, p. 247, n° 380, et p. XXIV sq., éd. Riese ; de Rossi, Inscr. christ.
Urbis Romæ, II, p. 238-241).
[176] Bull. épigr., V, 1885,
p. 89 ; Miss. cath., 1883, p. 574. La pierre ne porte que les trois
lettres ECA, qui en forment le début.
Des textes latins de Rome (de Rossi, Bull. crist., 1871, p. 116 sq. ;
1811. p. 15 ; 1878, p. 106 et 110) et d'Afrique (C. I. L., VIII, 2311)
indiquent, il est vrai, l'orthographe eclesia.
Je crois pourtant qu'il serait sage de ne pas faire état de cet argument ;
l'inscription est trop mutilée pour qu'on en tire des déductions précises. J.
Schmidt (C. I. L., VIII, 14-148) lit d'ailleurs ECA.
[177] Castan, p. 139.
[178] Castan (p. 149 sq.) y voyait les
sanctuaires des divinités faisant cortège à Cælestis.
[179] B., Lettres, p. 15, 19
; Fouilles, p. 73 ; Reinach, p. 210.
[180] Florida, IV, 18, 85.
[181] P. 152 sq.
[182] Fouilles, p. 73.
[183] Le P. Delattre croit posséder
à Saint-Louis trois débris d'inscriptions où les archives et la bibliothèque
seraient nominées. Ces fragments proviennent de l'enclos des missionnaires, ce
qui serait une circonstance très favorable à la thèse que je développe ; mais
les restitutions proposées sont trop hardies (C. I. L., VIII. 13388). S.
Marie (p. 166) et M. Héron de Villefosse (Arch. Miss., 1875, p. 393 ; Bull.
épigr., V, 1885, p. 87) attribuent les absides au sanctuaire d'Esculape.
[184] Acta procons., 1.
[185] Vita Cypr., 12. Il me
parait encore résulter du même récit (16 et 18) et des Acta proconsularia
(3) que le prætorium et l'atrium Sauciolum ne font qu'un, et que ces mots
désignent l'endroit où le proconsul rend la justice, soit dans son palais, soit
ailleurs ; saint Cyprien fut jugé hors de Carthage en 258.
[186] Passio, 12, 21
(Ruinart, p. 234, 237), auprès du tribunal se trouvait un local, secretior locus (Vita Cypr., 16), locus custodiarum (Passio sancti Montani...,
18, Ruinart, p. 236), où l'on enfermait les inculpés.
[187] Nombreux fragments de
sculpture trouvés aux alentours ; Delattre, Bull. épigr., V, 1885, p. 90
: En vidant les citernes qui recevaient les eaux
pluviales des terrasses du palais, on a trouvé, parmi les terres qui les
remplissaient, de beaux morceaux de sculpture, tels que la tête d'un Jupiter
Sérapis, elle d'une Minerve, un magnifique buste de vieillard, une tête de
déesse et d'autres morceaux de bas-reliefs sur lesquels j'ai remarqué trois
fois le serpent, l'emblème d'Esculape. Ces dernières sculptures doivent
appartenir au temple qui occupait le sommet de Byrsa. De l'est également
provient une inscription incomplète qui fait mention d'un proconsul du ive
siècle et peut-être d'un temple restauré par lui (C. R. Inscr., 1891, p.
123-125 ; Rev. arch., XXXII, 1898, p. 316, n° 8).
[188] Fouilles, p. 76 sq. Lettres,
p. 11 ; Tissot, Géographie, I, p. 648 sq.
[189] D., Tun., p. 371 ; Bull.
épigr., V, 1885, p. 86, n. 3 ; Mélanges, XII, 1892. p. 247.
[190] Fouilles, pl. I. Dureau (p. 212) signale le
temple de Jupiter sans pouvoir dire où il était situé.
[191] P. 375 sq.
[192] Géographie, loc. cit.
[193] P. 236.
[194] Acta purgationis Felicis,
p. 198 (C. S. E. L., XXVI) : [Volusiano] et
Anniano consulibus XIII Kal. sept. in jure apud Aurelium Didyrnum Speretium
sacerdotem Jovis optimi maximi duovirum splendidæ coloniæ Carthaginiensium
Maximus dixit...
[195] Une inscription qui provient,
selon toute vraisemblance, de Carthage donne aussi un [Ae] sculapius sac(erdos) J(oris) o(ptimi) m(aximi)
; C. I. L., 1141. Le fragment publié par le P. Delattre (Mélanges,
XII, 1892, p. 246, n° 7) avec les seules lettres opti,
me paraît trop incomplet pour qu'on en tire argument cf. Monuments, p.
54.
[196] Castan (p. 128 sq.) fait observer
avec raison que chacun des trois sanctuaires avait son prêtre attitré.
[197] C. I. L., VIII, 1013 ;
c'est un fragment d'une sorte de synopsis analogue à celle que l'on a retrouvée
à Constantine (ibid., 6981, 6982) ; Monuments, p. 1.
[198] Tertullien, Apol., 13 ;
De spectac., 8, 12 ; Cyprien, De lapsis, 8, 24 ; Epist.,
LIX, 13. Le début de l'Apologétique de Tertullien pourrait peut-être aussi être
invoqué : Si non licet vobis, Romani imperii
antistites, in aperto et edito ipso fere vertice civitatis præsidentibus ad
judicandum, palam dispicere et coram examinare quid sit liquido in caussa
Christianorum... Rigault (P. L., col. 307), interprète avec
assez de vraisemblance les mots soulignés par Capitolium
significat, et antistites doit
désigner les autorités de Carthage. Dans un autre texte de saint Cyprien (Epist.,
LIX, 18) : Quid superest quam ut ecclesia Capitolio
cedat... ? M. Kuhfeldt (p. 47, n. 173) voit avec raison, contre
l'opinion de Castan (p. 130, n. 1), une allusion à la religion païenne en
général.
[199] Vitruve, I, 7 ; Castan, p.
132.
[200] Castan, p. 127-152 ; M.
Kuhfeldt (p. 46-49) esquive le problème.
[201] III, 38, 44. Je relève
seulement ici l'expression mœnibus decorata,
où Castan pense qu'il s'agit de remparts ; le contexte n'autorise point cette
traduction, et il faut, à mon avis, donner à mœnibus
le sens de constructions, édifices.
[202] B., Fouilles, p. 38 :
D., Statues, p. 7.
[203] Bull. épigr., V, 1885. p. 90, n. 1 ; p.
307, n° 341 ; Mélanges, XII, 1892, p. 1015 ; Bull. arch., 1893,
p. 103 ; Statues, p. 7. Un menu fragment de marbre qui portait une inscription avec
des lettres de métal rappelle au P. Delattre cette phrase du Liber de
promissionibus : Titulus æneis grandioribusque
litteris in frontispicio templi conscriptus... Mais ce morceau est
dans un tel état qu'on n'en peut rien tirer sans témérité.
[204] Cap., p. 190 : Je concéderai que l'opinion est assez vraisemblable, à
condition que l'on reconnaisse que le fait n'est aucunement prouvé et qu'il y
a, entre Byrsa et le Bordj Djedid, assez de hauteurs pour que les Romains aient
pu y établir le temple de Jupiter. J'admets donc, non sans garder des doutes
sérieux, que le Capitole était sur Byrsa. Cf. Bœswillwald-Catinat, Timgad,
p. 156.
[205] Cod. Theod., XI, 1, 34
; voir les notes de Godefroy. M. S. Reinach (dans Tissot, Géographie,
II, p. 801 sq.) s'était déjà prononcé contre la théorie de Castan. Ce qui le
choque surtout, c'est l'identification des absides de l'est avec les chapelles
qui entouraient l'hieron. Dût-on renoncer à y reconnaître les restes d'un palais, il est
tout à fait impossible d'y voir les vestiges de sanctuaires.
[206] Castan, p. 150.
[207] De testimonio animæ, 2.
[208] Dans ce système, l'ædes Concordiæ sera nécessairement repoussée vers
les bords du plateau. Un morceau de grande frise, un fragment de chapiteau de
pilastre à feuilles d'acanthe, de dimensions considérables, découverts à
l'ouest dans la tranchée que forme le dernier coude de
la route carrossable qui monte à la cathédrale, ont précisément
convaincu le P. Delattre qu'il y avait là un édifice important. D., Arch., p. 3 sq. ; Mélanges, XII, 1892, p. 251 ;
Babelon, Carth., p. 141 ; Atlas C., 57 ; Monuments, p.
409.
[209] Héron de Villefosse et
Delattre, C. R. Inscr., 1894, p. 174, 197-201 ; 1897, p. 90-93 ; D., Statues
; Babelon, Carth., p. 140, sq. ; Gsell, 1895, p. 31 sq. ; Vellard, p. 45
sq. ; Monuments, p. 97 ; cf. C. I. L., VIII, 12496.
[210] P. 20, 87.
[211] Fouilles, p. 7, pl. I ; cf. S. Marie, p. 164 sq. ;
les renseignements topographiques qu'il donne 'en ce passage restent pour moi à
l'état d'énigme.
[212] Cagnat, Cap., p. 188 ;
Letronne, Journal des Savants, 1837, p. 134 ; Meltzer, Neue
Jahrbücher, CXLIX, 1894, p. 51 ; D., Tun., p. 371 sq.
[213] Falbe, p. 26 sqq.
[214] Falbe, p. 38 ; c'est le n° 54
de sa carte ; il le tient (p. 29) pour le temple d'Apollon.
[215] Davis, p. 58-60.
[216] Davis, p. 443 ; cf. p. 200 sq. ; Franks, p. 225. Le propriétaire du terrain
voulut l'enlever et ne réussit qu'à la briser en morceaux. Beulé (Fouilles,
p. 31) dit que le gardien de Saint-Louis réussit à en extraire quelques
compartiments. Cf. Cagnat, Mos., p. 252 sq.
[217] Davis, p. 448, 451.
[218] Davis, p. 443.
[219] Pl. I.
[220] Bull. épigr., V. 1883,
p. 88.
[221] Bull. épigr., V, 1883, p. 91 sq., 131 :
cf. Const., XXVIII, 1893, p. 151 sq., 460-163.
[222] C. R. Inscr., 1891, p. 28 sq. ; 1891,
p.122-125 : Arch., p. 3 sq. : Gsell, 1599, p. 32. Le P. Delattre dresse aussi
dans ce dernier travail (p. 4-6) une liste de lampes et d'inscriptions
chrétiennes trouvées à Byrsa ; voir aussi Cosmos, 28 janvier 1888, p.
242.
[223] Cosmos, 23 décembre
1893, p. 118-120.
[224] C. I. L., VIII, 12515,
12517, 12518.
[225] C. I. L., VIII, 12524,
12325.
[226] C. I. L., VIII, 12531,
12532, 12537. Il faut y joindre un texte (ibid., 12545) où la colonie
parait avoir accompli elle-même quelque entreprise d'utilité publique en ce
quartier. De Byrsa sortent aussi des monnaies de Constantin. Constantin II et
Magnence ; D., Arch., p. 6.
[227] Castan, p. 137, n. 5.
[228] Héron de Villefosse et
Delattre, Bull. Ant., 1895, p. 159-162 ; Cosmos, 8 juin 1895. p. 293 :
14 et 21 mars 1896, p. 467-472, 491-502 ; E. Stevenson, Nuovo bulletlino di
archeologia cristiana, I, 1895, p. 116 sq. ; II, 1896, p. 94-97 ; Gsell,
1896,43. 41 sq. ; Vellard, p. 51 sq. : Stuhlfauth, p 303 sq.
[229] I, 8. C'est dans le temple de
Memoria que fut mis à mort le rebelle Heraclianus. Cf. C. R. Inscr.,
1898. p. 408.
[230] Le roi, dit Victor de Vita
(III, 11), ordonna aux évêques réunis à Carthage de se rendre ad quendam locum qui dicitur ædes Memoriæ ;
malgré la complication de l'expression, je doute qu'il s'agisse d'un
emplacement qui aurait conservé le nom de l'édifice démoli plutôt que de
l'édifice lui-même.
[231] III, 38, 44.
[232] Dureau, p. 172 sq. Quoi qu'on
pense de cette idée. il est certain que Dureau de la Malle dépasse l'intention
de l'auteur quand il lui fait dire que les Vandales
détruisirent la rue Cælestis pour, ne laisser mémoire ni de Memoria ni de
Cælestis.
[233] Loc. cit.
[234] Ibid., pl. III.
[235] S. Marie, p. 36.
[236] C. I. L., VIII, 12522, 12535 ; cf. Bull.
épigr., VI, 1886, p. 188 sq., 247 sq. ; Bull. arch., 1886, p. 12 ; Mélanges,
X, 1890, p. 333. Const., XXVIII, 1893, p. 171-175. Cosmos,
11 février 1888, p. 298 ; 7 décembre 1889, p. 19 sq.
[237] Miss. cath., 1883, p.
142 sq.
[238] Bull. arch., 1886, p. 12, n. 1 ; Gaz.,
1885, p. 139, pl. XIX.
[239] Bull. arch., 1886, p.
24.
[240] Les statues du temple de Mars
à Rome (Rev. arch., XXXIV, 1899, p. 37-43).
[241] Edrisi, I, p. 263. MM. Cagnat
et Saladin (p. 116) font justement observer que la largeur indiquée par Edrisi
est trop considérable.
[242] P. 14-15.
[243] III, p 201. Ritter ajoute que
ces réservoirs sont ordinairement remplis pendant
l'hiver. Il ne s'agit naturellement que de l'eau de pluie, mais cette
indication fort surprenante ne se rencontre pas ailleurs.
[244] P. 31 sq.
[245] I, p. 100.
[246] Je fais grâce au lecteur de
tous les renseignements contradictoires des voyageurs ; en voici seulement quelques-uns
à titre d'exemple. Davis (p. 453) compte quatorze voûtes longues d'environ 409
pieds, larges de 28, et une transversale : Guérin (I, p. 42), quatorze
également ; Maltzan (I, p. 279) n'en a vu que dix parallèles et une
transversale ; Tissot (Géographie, I, p. 595), qui s'inspire des recherches
de Daux, en indique quatorze, mesurant 350 pieds sur
25, plus un réservoir transversal, large de 11 pieds environ, dont le radier
s'élève de 5 pieds au-dessus du niveau des autres compartiments ; S.
Marie (p. 183) se contente de dire qu'il a reconnu justes les mesures d'Edrisi,
sans ajouter combien de voûtes subsistent encore. Pour moi, j'ai noté une suite
de douze bassins très distincts ; mais on en soupçonne d'autres aux ondulations
du sol. Cf. Atlas C., 70 ; Babelon, Carth., p.
147.
[247] Loc. cit.
[248] I, p. 219.
[249] P. 36, pl. I, n° 62.
[250] P. 14-15.
[251] Loc. cit.
[252] Loc. cit.
[253] I, p. 43 ; cf. Vellard, p. 18 sq.
[254] Maltzan, p. 283. S. Marie dit
seulement (p. 183) : Elles servirent pendant la
domination romaine de déversoir aux eaux de l'aqueduc..... Doit-on, sur
ces simples mots, le rattacher à la première opinion ?
[255] P. 68, 78 sq.
[256] I, p. 101.
[257] P. 453 sq.
[258] P. 53 sqq.
[259] Géographie, I, p. 595
sq.
[260] Je cite le résumé que Tissot (Géographie,
I, p. 595-591) a fait du système de Daux ; il le critique en un seul point,
dont je n'ai pas à tenir compte ici.
[261] D., Douïmès, p. 269,
316, 315 sq.
[262] Meltzer (II, p. 217) a
justement noté la similitude de construction des deux groupes de citernes de
Carthage.
[263] Arch., p. 24 sq.
[264] Davis, p. 454 sq. Vue
des citernes de La Malga, Globus, p. 62 ; Cagnat-Saladin, p. 113,
d'après une de mes photographies.
[265] L'amphithéâtre dut être
compris à l'intérieur du mur d'enceinte de Théodose II ; cf. Cosmos, 27
janv. 1894, p. 276 : Derrière l'amphithéâtre, entre ce
monument et la ligne d'anciennes murailles qui fermait la ville à l'ouest, nous
avons eu, à plusieurs reprises, des découvertes à enregistrer.
[266] De spect., 2, 3, 12,
19, 20-23, 25, 28-30. Les quatre monuments où se donnaient les jeux, cirque, théâtre,
stade et amphithéâtre, que Tertullien nomme sans cesse dans le De
spectaculis, sont évidemment ceux de Carthage ; cf. Nœldechen, p. 37 ; id.,
Tert., p. 80 ; Analecta Bollandiana, XVI, 1897, p. 226, n. 4. Sur
l'amphithéâtre, voir Luxorius, n° 373 (Anth. lat., éd. Riese).
Friedlænder, Sillengeschichte (6e éd., 1890), II, p. 601.
[267] Falbe, p. 39 sq. ; cf. Guérin, I, p. 37.
[268] Barth, I, p. 99.
[269] Tissot (Géographie, I,
p. 643) donne 90 mètres sur 30 et une douzaine de mètres de profondeur. S.
Marie (p. 202) est d'accord arec lui dans son texte, sauf pour la largeur,
qu'il porte à 36 mètres ; mais, dans la figure de la page suivante, il marque
100 mètres de longueur totale et 55 de largeur totale, 36 de largeur de l'arène
et 10 d'épaisseur des gradins et des murs. Jouault (p. 126 sq.) évalue la
circonférence à environ 500 à 600 mètres, et la
hauteur à une trentaine de mètres depuis la base jusqu'à l'architrave au-dessus
du troisième rang de colonnes....
[270] Avant cette exploration, on
avait déjà tenté quelques sondages en 1881 ; Vellard, p. 16 sq. Les fragments
d'inscriptions réunis au C. I. L. (VIII, 12567), sur lesquels se lisent
des noms propres mutilés, entre autres, semble-t-il, un Vespa(sianus),
proviennent peut-être de ces fouilles partielles.
[271] C. R. Inscr., 1896, p.
327 ; 1897, p. 318-320, 694-696 ; Cosmos, 8 juin 1895, p. 294-296 ; Mém.
Ant., LVII, 1896, p. 135-187 ; Gsell, 1899, p. 30. Cf. S. Marie, Explor.,
p. 106.
[272] Passio, 10.
[273] Une des roides souterraines a
été transformée en chapelle (Cosmos, ibid.).
[274] Passio, 20 ; cf. Gsell,
1893, p. 200.
[275] Passio, 21. En
admettant que sainte Perpétue et ses compagnons furent martyrisés dans
l'amphithéâtre (Passio, 18) dont le P. Delattre poursuit le déblaiement, je
suis l'opinion commune. Il importe cependant de ne pas négliger certaines
expressions de la Passio qui ne cadrent guère avec cette manière de
voir. Il y est dit, en effet, que ces chrétiens passèrent d'une première prison
dans la carcer castrensis (Passio,
7 ; Ruinart, p. 96, n. 43) ; c'est dans un minus
castrense que les confesseurs de la foi périrent (ibid.) ; d'autre
part, Prosper Tiro (Chron. min., I, p. 434) emploie un terme analogue en
rapportant leur mort : Perpetua et Felicitas pro
Christo passæ sunt non. Mart. apud Carthaginem Africæ in castris bestiis
deputatæ. La question se pose donc s'il n'existait pas, à Carthage
comme à Rome, outre l'amphithéâtre ordinaire, un amphitheatrum
castrense où les martyrs de Thuburbo auraient subi leur supplice. —
Les Thuburbitains ne furent pas seuls martyrisés dans l'amphithéâtre ;
Tertullien (De spect., 27) et saint Cyprien (Epist., LIX, 6)
laissent entendre qu'on y livrait souvent les chrétiens aux bêtes.
[276] Le pons
dont il est question dans la Passio que je viens de citer n'a aucun
rapport, avec ces représentations navales, c'était une estrade ; cf. Bull.
crist., 1879, p. 22.
[277] Falbe, p. 39 sq. ; Barth, I, p. 99 ; Davis, p. 497 ; Guérin, I, p. 44 ;
S. Marie, p. 203 ; Vernaz, p. 12. Falbe se demande si le canal ne se prolongeait pas jusqu'au
cirque ; je n'en aperçois pas la nécessité. Je ne m'arrêterai pas à réfuter
l'assertion toute gratuite de Davis (p. 490) que l'amphithéâtre remonte à l'âge
punique et fut restauré par les Romains ; le simple aspect de l'appareil qui le
compose suffit à réduire cette hypothèse à sa juste valeur. Comme aux citernes
de La Malga, nous n'avons ici sous les yeux qu'un blocage, noyé clans un ciment
très dur, qui trahit une origine certainement romaine. Falbe (p. 39 sq.) y a
même noté quelques débris d'opus reticulatum.
[278] Delattre, Bull. épigr.,
III, 1883, p. 293 ; C. I. L., VIII, 12527.
[279] C. R. Inscr., 1894, p.
196 sq. ; Vellard, p. 45.
[280] D., Statues, p. 1 ; Cosmos, 27 janv. 1894, p. 277 sq. ; C.
R. Inscr., 1889, p. 428 ; 1893, p. 99-101 ; Const., XXVIII, 1893, p.
159, 171-173 ; Atlas C., 65 ; Babelon, Carth., p. 143 sq.
[281] Cosmos, ibid.
[282] De spect., 2, 3, 11-14, 16, 20-23, 25,
28-30 ; Cyprien, Epist., LIX, 6 ; Luxorius, n° 306, 312, 320, 324, 327
sq., 336 (Anth. lat., éd. Rieze).
[283] Procope, Bell. Vand.,
14, 18. Comme l'amphithéâtre, le cirque était englobé dans l'enceinte de
Théodose II ; Procope, en effet, oppose la situation des factieux qui s'y
réunirent à celle de leurs camarades disséminés dans la campagne.
[284] P. 40.
[285] De sa carte.
[286] I, p. 98 sq. ; cf. Dureau, p.
98 ; Davis (p. 498) compte 2.000 pieds de long, 350 de large pour le monument
et 1.000 de longueur pour la spina
Tissot (Géographie, I, p. 645) dit que le cirque mesure 675 mètres sur
100, et la spina 1.000 pieds sur 5m,50 ;
S. Marie (p. 204) est d'accord avec Tissot, sauf qu'il porte seulement à 90
mètres la largeur de l'arène ; Atlas C., 22 ; Babelon, Carth., p.
127 sq. ; Vellard, p. 17 sq. — Parmi les nombreuses tabellæ
devotionis extraites des deux cimetières des officiales, plusieurs visent des chevaux de
courses et appellent sur eux les malédictions infernales. Sur l'une d'elles, on
remarque au centre une figure elliptique, au-dessous de laquelle se trouve une
série de petits ronds séparés par des barres verticales. Cette représentation a
longtemps intrigué les savants, jusqu'au jour où M. Buecheler (Rheinisches
Museum, XLI, 18S6, p. 160 ; cf. C. I. L., VIII, 12504) l'a expliquée
avec autant de bonheur que de simplicité, en y reconnaissant une image
grossière du cirque et des carceres.
N'était-il pas naturel en effet, à côté d'une inscription où sont énumérés une
trentaine de chevaux, de reproduire le théâtre ordinaire de leurs exploits ?
[287] C'est près du cirque que s'est
rencontrée l'inscription punique du fondeur de fer Akbarim, du IIIe ou du IVe
siècle avant Jésus-Christ. On sait combien sont rares les textes de ce genre,
tandis que les stèles votives foisonnent. Cosmos, 27 janv. 1894, p. 275
sq.
[288] Bull. arch., 1886, p.
8. On appelle bien habous les propriétés
foncières des mosquées (ibid., p. 7). L'endroit est dit aussi Teurf el Goulla ; cf. Héron de Villefosse, C. R.
Inscr., 1896, p. 445.
[289] Bull. arch., 1886, p. 5, n. 1, et p. 8.
[290] Bull. arch., 1886, p. 35 sq.
[291] Bull. arch., 1886, p. 35.
[292] Bull. arch., 1886, p. 19 sq.
[293] Bull. arch., 1886, p. 23 sq. et 35.
[294] Tandis que le corps arrivait dans les galeries du Louvre, la tête, vendue à Londres, en juin 1886, avec la collection d'Hérisson, échut au Musée Britannique. M. Reinach l'y rencontra dans le sous-sol, et, grâce au bon vouloir des directeurs du Musée, elle put être transportée à Paris. Voir Tissot, Géographie, II, p. 199 ; Babelon, Bull. Ant., 1886, p. 264 ; Cat. som., 1822.