CHAPITRE XX — Avènement de Comnène. Libéral et possédant de grandes richesses, Comnène avait
réuni autour de lui une armée considérable. L’empereur, voyant que la fortune
se rangeait de son côté, descendit aux prières et lui envoya des députés pour
lui promettre, de sa part, des présents avec la dignité de curopalate d’Orient,
à la condition qu’il rentrât en paix avec lui, afin, disait-il, que nous
vengions le sang des chrétiens. Mais Comnène, insensible à ses propositions,
les rejeta. Les députés ayant donc échoué, les partisans de l’empereur
déployèrent tous leurs efforts pour soumettre Comnène par une guerre,
victorieuse. En conséquence, ils levèrent des troupes en grand nombre et
marchèrent contre lui; les deux armées, arrivées en présence, engagèrent CHAPITRE XXI — Ruine de Mélitène, ville de commerce. …………………………………………………………………………………………………… Le temps de la ruine des autres villes et districts fut accompli en un moins grand nombre de jours, dix, un peu plus ou un peu moins. Pendant que la ville dont nous retraçons l’histoire nageait au sein de la prospérité, elle était semblable à une génisse de trois ans dans l’âge de la force et de la vigueur, comme Moab, tendre et délicate. Ses marchands étaient renommés par toute la terre, et elle avait pour protecteurs les rois des nations. Assis sur des siéges d’ivoire, ils buvaient chaque jour du vin pur et se parfumaient d’huiles aux douces senteurs. …………………………………………………………………………………………………… Donc, l’automne de cette fatale année étant arrivé,
pendant que les Romains étaient absorbés par les troubles qu’avait suscités
la rivalité des deux empereurs, au commencement du mois d’arek,[3]
sortit de Dans les districts situés au-dessous d’Ëguégh’iats que les
infidèles traversèrent pendant la nuit, lorsque se répandit la nouvelle du
sac de Mélitène, des archers se rassemblèrent en bandes considérables, et
allèrent occuper les défilés de La nourriture étant venue à manquer aux hommes et aux
animaux, les Perses, forcés par la violence du besoin, remontèrent dans le
district de Khortzèn. Comme les chemins avaient été coupés à cause de la peur
que l’on avait d’eux, et qu’une couche épaisse de neige couvrait encore la
terre, ils se divisèrent en deux bandes. En tête, marchaient les chevaux et
les mulets à vide sur la route que frayait l’armée; les prisonniers et les
bagages venaient ensuite. Cheminant de la sorte, ils arrivèrent à l’extrémité
du district, auprès du village de Morrans.[7]
Là, s’élevait une forteresse dans laquelle les habitants s’étaient réfugiés.
Parvenus en cet endroit, les infidèles firent halte, pensant qu’un corps de
cavalerie était renfermé dans la place, puis ils se préparèrent à l’attaque
en poussant de grands cris. Leur chef, s’étant approché de la forteresse, se
prit à interpeller l’officier qui Cette même année, pendant qu’ils étaient maîtres du pays,
les infidèles brûlèrent le superbe couvent du saint Précurseur que Hr’ahad,
un des officiers de l’illustre Grégoire, fils de Vaçag, avait élevé à grands
frais. La chapelle située en face du couvent, qu’il avait construite, avec
une élégance achevée, en l’honneur et à la gloire de ce grand martyr et
précurseur du Christ, les autres bâtiments et l’église en bois placée sous l’invocation
de saint Grégoire, furent aussi incendiés. Ceci se passait en l’année 507 de
notre ère ( CHAPITRE XXII — De la secte pernicieuse des Thontracites, qui fit son apparition dans le district de Hark’ et troubla nombre d’autres. Un évêque du nom de Jacques, qui avait l’administration des églises de la maison de Hark’, se montra, au commencement de son gouvernement, sous des apparences vertueuses, étant vêtu d’un sac, jeûnant et marchant nu-pieds. Il avait choisi, pour l’accompagner partout dans ses courses, des prêtres vêtus d’étoffes grossières, simples, ne mangeant jamais de mets délicats, et occupés sans cesse du chant des psaumes. Par cette conduite, il était devenu, au loin comme auprès, un objet d’admiration, et chacun désirait le voir; ceux mêmes qui étaient les plus fiers et les plus orgueilleux de leur puissance lui obéissaient à tel point que, s’il leur eût ordonné de mourir, il n’en était aucun qui eût résisté ou osé ouvrir la bouche et pousser un cri. Mais tout cela était de l’hypocrisie et non la vérité; car au fruit on reconnaît l’arbre, ainsi que le Seigneur nous l’apprend, et l’Apôtre a écrit dans le même sens: « Satan se transforme en ange de lumière, qu’y a-t-il donc d’étonnant que ses ministres se transforment en apôtres du Christ? Comme ceux qui mêlent aux mets ordinaires des poisons mortels dont sont atteints tous ceux qui en mangent, croyant y trouver un aliment; comme le pêcheur qui cache l’hameçon sous la nourriture, afin que, trompé par l’appât, le poisson vienne s’y accrocher: ainsi font les artisans d’iniquité. Ils se donnent bien garde de montrer à quelqu’un la profondeur de l’abîme où ils veulent le perdre, parce qu’ils pensent avec raison que, quelque insensé qu’il soit, personne n’ira se plonger volontairement dans un gouffre d’où l’on ne peut plus sortir. C’est pourquoi ils s’affublent du masque de notre religion et de la piété pour tromper les esprits candides, et séduisent les âmes simples par des paroles doucereuses; car leurs paroles rongent comme le cancer. Et de même que ce mal est très difficile à guérir, ainsi ceux qui ont été surpris par eux peuvent à peine se maintenir debout. ……………………………………………………………. Mais il est temps de reprendre le fil de notre récit, pour montrer la vérité de ce que nous venons de dire. Lorsque ce vil ministre et confident du père de tous les maux sentit fortement établie la bonne réputation que des hommes insensés lui avaient faite dans le monde par leurs louanges, il commença sur le champ à lancer contre notre foi des flèches dont le pied était enfoncé dans des baguettes de coudrier. Car c’était un homme intrigant, et son éloquence fascinait les oreilles d’un grand nombre. Il s’imaginait renverser de la sorte la sainte Église de ses fondements, oubliant la parole du Seigneur et la promesse infaillible faite à Pierre: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle, il ne crut point à cette promesse, dans laquelle il ne voulait voir que les paroles d’un homme. Entrant donc en lutte, il prétendait dépouiller l’Église de sa splendeur, comme cette prostituée des anciens jours qui rasa la chevelure de l’invincible Samson pour le livrer aux païens, c’est-à-dire à ceux qui s’efforcent de détruire la sainte et véritable Église que Notre Seigneur Jésus-Christ a achetée de son sang vénérable, qu’il a couronnée et glorifiée de sa croix victorieuse, après avoir dressé, dans son enceinte, semblable à l’arbre de vie d’Éden, une table mystique sur laquelle est servi un fruit qui donne l’immortalité, et que nous savons d’une manière certaine être le corps du Sauveur, conformément à ces paroles infaillibles prononcées par lui-même: « Celui qui mange mon corps ne verra jamais la mort. » Vois donc combien étaient profondes la ruse et la fourberie de cet homme, comment il cherchait, avec l’astuce du serpent, à déverser son venin corrupteur sur ceux qui étaient sains dans la foi. Il commença tout d’abord par faire un choix parmi ses
prêtres, suivant leur degré de valeur; à ceux qu’il jugea indignes, il imposa
le silence. Ceci ayant paru plaire à plusieurs, il osa davantage encore Aux
prêtres de mérite, il prescrivit de célébrer la messe trois fois seulement
par année. Il est écrit dans les canons du concile de Nicée que: « Quelque
grand pécheur qu’il soit (le prêtre), il doit recevoir la confession des
fidèles, les faire communier au corps et au sang du Seigneur, et les rendre dignes
des sacrifices et de toutes les pratiques des chrétiens. » Mais lui, fermant
complètement l’oreille à ce précepte, enseignait qu’à celui qui s’étant rendu
coupable de péché ne l’avait pas expié personnellement, les commémorations et
les sacrifices ne servent de rien. On se moquait de lui et de ses partisans à
cause de cet enseignement. On amenait un animal à qui on disait: « Infortuné
quadrupède, un tel a péché pendant sa vie et est mort; mais toi, quel mal
as-tu fait pour mourir pour lui? » Le peuple se divisa à ce sujet en deux
camps, l’un adoptant sa doctrine, l’autre Un moine nommé Isaïe, d’une famille pieuse du district de Garin, séduit par la bonne réputation de l’évêque, était venu s’attacher à lui. Lorsque les discussions et contestations mentionnées plus haut s’élevèrent au sujet de l’évêque, son attention fut éveillée, et il l’observa de près. C’était un homme d’une habileté consommée; et, comme il se montrait très assidu auprès de Jacques, il passait pour un de ses confidents les plus intimes. S’étant donc assuré, par ses propres yeux, de l’impudicité de ses moeurs, il alla sur le champ en prévenir le saint catholicos Sarkis. A cette nouvelle, et après informations prises, le patriarche invite, par d’insinuantes paroles, le malheureux évêque à se rendre auprès de lui. Là, il le traita selon qu’il le méritait. Après l’avoir déposé de la dignité sacerdotale, il le marqua au visage avec un fer rouge représentant un renard, en lui disant: « Que celui qui se soustrait à la foi de notre Illuminateur, pour embrasser la doctrine impie des Thontracites et se mêler à ce troupeau de bêtes à faces humaines, soit ainsi condamné et châtié. Ensuite il fit mettre en prison l’infortuné Jacques, dans l’espoir que peut-être il se repentirait et promettrait d’abandonner cette secte abominable, car il était touché d’une pitié extrême de le voir ainsi se perdre. Mais, suivant Jérémie, le feu ne peut pas ne pas brûler, l’Indien ne pas être noir, et le léopard ne pas être tacheté; de même le méchant ne peut pas ne pas faire le mal. S’étant donc échappé de sa prison pendant la nuit, il s’enfuit, pénétra sur le territoire grec et arriva dans la ville impériale de Constantinople. Là, il déblatère contre notre foi, et demande à être baptisé suivant les rites des Grecs. Mais ceux-ci, inspirés par une profonde sagesse, après avoir examiné cette affaire, rejetèrent sa demande, en disant « Nous n’accueillons point celui que les Arméniens ont répudié et honni à cause de la foi. » Ses projets ayant donc échoué, il passa dans le district d’Abahounik’ et se rendit dans un habitacle de Satan, au milieu d’une population athée, dans un repaire de bêtes brutes appelé Thontrag. Là, comme dans une tanière, il resta quelque temps inconnu. On dit que les habitants refusèrent de le recevoir à cause de l’excès de ses débordements. C’est pourquoi il se retira dans la montagne de Khelath, où, ayant rencontré quelques uns des siens dans des hameaux et des lieux écartés, il se fixa au milieu d’eux. Il vécut en cet endroit jusqu’à la fin de sa carrière, et s’en alla mourir misérablement dans une ville appelée Mouharguim.[10] Il ne marcha point dans la voie de l’Évangile et ne vécut point selon les maximes chrétiennes. C’est pourquoi il ne mérite que l’oubli. Il mourut comme l’âne et fut enterré comme la charogne, ne laissant après lui que de sinistres souvenirs, et quiconque lira cette histoire lancera sur lui ses malédictions. CHAPITRE XXIII — Comment l’incendie de l’erreur s’alluma dans la contrée de Mananagh’i. Auprès de la ville et forteresse de Schiri,[11] habitait un moine cynique, connu jusqu’à ce jour sous le nom de Goundzig, qui est celui de son village. Quoique avancé en âge, il était travaillé intérieurement d’un ferment impur, dont il avait puisé l’origine dans les leçons d’un moine débauché, qui se disait Agh’ouan[12] mais n’était, en réalité, que le suppôt de Satan et le dépositaire de ses conseils. De sa bouche s’exhalait la fumée de la fournaise de l’inextinguible géhenne, et nombre de personnes moururent de ses atteintes empoisonnées. Ce Goundzig, en serviteur zélé du démon, surprit une femme, nommée Hranouisch, d’une grande et noble famille, et propriétaire d’un village limitrophe du sien. Après s’être imbue du venin mortel, non contente de se perdre elle-même, celle-ci s’adjoignit un certain nombre de ministres pour répandre ses maléfices. Les premiers furent deux femmes, ses parentes, appelées l’une Akhni, l’autre Gamara’, véritable satellite de Satan. Toutes deux étaient soeurs germaines. Tourmentées d’une rage adultère, comme tous les partisans de cette secte impie, elles devinrent, par la pratique de la séduction et de la magie, deux maîtresses consommées dans les oeuvres de Satan, et le père de tous les maux s’affermit en elles. Suivant les paroles du Psalmiste, « elles aiguisèrent leurs langues comme le glaive et tendirent leurs arcs pour des oeuvres amères, » pour lancer leurs flèches contre les coeurs droits, frappèrent et blessèrent de leurs coups mortels nombre d’âmes simples. Propriétaires de deux villages du chef de leur père, elles les transformèrent en autant de repaires, où le dragon aux replis tortueux trouvait une demeure toujours prête et distillait ses poisons délétères; puis celles-ci les distribuaient aux habitants des villages circonvoisins et les enivraient pour leur perte. C’est d’eux que Moïse a écrit: « Le venin des dragons est leur venin, le venin des serpents dont la morsure est sans remède. » Un prince, du nom de Vèrvêr’, se fit le frère complaisant
de ces magiciennes. Auparavant Vèrvêr’, pur dans sa foi, était très avancé
dans la pratique de ……………………………………………………………………………………………….. Ainsi enlacé par elles, le malheureux Vèrvêr’ mit de côté toute retenue; il renia sa foi et devint l’ennemi de Dieu et de ses saints; il abandonna le Seigneur qui l’avait engendré par le saint baptême; il oublia Dieu, qui l’avait nourri de sa chair et de son sang. Quittant sa maison, et sans respect pour l’honneur, il oublia ses saints engagements et s’éloigna des exercices de la pénitence; dans ce monastère qu’il avait élevé à grands frais et avec tant de peine, où les choeurs des chantres et des ministres, de concert avec les milices célestes, louaient le Seigneur par le doux chant des hymnes, les voix sont muettes; le couvent lui-même est ruiné et désert. Qu’arriva-t-il ensuite? Le misérable alla s’associer à ces femmes infernales, et tous trois d’intelligence gagnèrent à leur parti les habitants des villages où elles résidaient, dont nous avons parlé plus haut, connus sous le nom de Gaschê et Agh’iouço’. Poussés par une fureur diabolique, ces hommes détruisirent de fond en comble les églises, bâties autrefois dans leurs demeures de vipères. Dans les campagnes, partout où ils en trouvaient l’occasion, s’érigeant en vengeurs de Satan, leur père, ils brisaient sans rougir le signe de notre salut et l’arme du triomphe du Seigneur, par lequel fut anéantie la victoire de la mort et furent supprimées les risées d’un ennemi pervers, et dans la vertu duquel le bienheureux Paul mettait, au mépris de la créature, toute sa gloire: « Loin de moi, disait il, la pensée de me glorifier autrement que dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. » Mais puisque j’ai parlé de la croix, je vais raconter quelque chose de monstrueux dont le récit fera frémir d’horreur tous ceux qui l’entendront. Dans les gorges de la montagne de Bakhr, appelée aujourd’hui
Kaïlakhazoud, existait, du temps de nos pères, un petit village nommé Pazmagh’piour
(Grosse source), où ils avaient dressé une croix d’une magnificence
éclatante. Depuis cette époque, le village, changeant de nom, avait reçu
celui de Khatch (Croix), qui lui est resté jusqu’à ce jour. Le jour de la
grande fête de Mais voilà qu’au commencement de l’été, l’empereur envoya
dans la contrée un magistrat du nom d’Élie pour rendre Le juge, en apprenant l’oeuvre de Quant à ceux de ses partisans dont on put se saisir, après les avoir rudement frappés et fustigés, on les expulsa, et leurs maisons furent rasées. La foule bénit le juge et se dispersa en paix. Cependant, depuis longtemps déjà Vèrvêr’ était condamné au
tribunal de Dieu. Il avait échappé aux châtiments des hommes, mais il ne put
pas se sauver des mains de celui qui sait tout. En effet, tout à coup son
corps fut dévoré d’une ardeur brûlante, comme celui d’Hérode; les doigts de
ses mains se desséchèrent et ne purent plus l’aider à se nourrir. Les
aliments qu’il s’incorporait avec beaucoup de peine, car les conduits étaient
obstrués, il les vomissait sous forme d’excréments. Il en fut ainsi jusqu’à
sa mort. De plus, son corps fut rongé par Nous n’avons pas cru devoir raconter ici les obscènes
turpitudes de ces sectaires, tant elles sont abominables. Tout le monde n’a
pas les oreilles assez fermes pour entendre ces choses, et le récit de
nombreuses iniquités chatouille ceux qui les écoutent et les invite à faire
de même. C’est pourquoi je m’abstiens de les rapporter. Mais ce qui est
notoire et que je puis dire ici, c’est que ces sectaires rejetaient
absolument et l’Église et sa discipline, et le baptême et le grand et
redoutable sacrement de la messe, et la croix et l’institution du jeûne.
Nous, au contraire, qui croyons sincèrement à Pour faciliter aux lecteurs l’intelligence des événements et épisodes racontés par Arisdaguès dans les deux chapitres précédents, et faire connaître plus à fond cette secte, nous avons jugé nécessaire de reproduire ici, en l’abrégeant, le chapitre que Tchamitch a consacré à l’histoire des Thontracites, depuis leur origine jusqu’à leur extinction, dans le tome second de son Histoire d’Arménie, p. 884-895, d’après les documents fournis par Anania de Nareg, Grégoire Magistros et Nersès Schnorhali. « Sous le pontificat de ‘Obannès (Jean) d’Ova et le
gouvernement de Sempad Pakradouni, surnommé le Confesseur, en 840 de l’ère
chrétienne, parut un certain Sempad du village de Zaréhavan, au district de
Dzagh’-Odén. Cet homme, qui était imbu depuis quelque temps déjà de la
doctrine empoisonnée des Pauliciens ou Manichéens nouveaux, s’attacha à un
médecin, mage et astrologue perse, nommé Medschoucig, de qui il apprit
diverses autres erreurs et toutes sortes d’abominations. Étant passé dans le
district d’Abahounik’, il alla fixer sa résidence dans le village de
Thontrag. Chrétien en apparence, intérieurement il était en tous points l’ennemi
de toutes les lois chrétiennes. Quoique laïque, il se donnait pour évêque;
cependant il ne faisait point d’ordination pour montrer que le sacerdoce
était une chose vaine. Il niait la vie future, à l’exemple des Sadducéens; « Nombre d’hommes et de femmes tombèrent dans ses
filets, trompés par ses attraits diaboliquement perfides; aussitôt ses
partisans sa multiplièrent dans le village de Thontrag au point qu’il ne
resta presque pas un seul habitant qui ne fût enveloppé dans ses erreurs. Les
habitants des villages limitrophes ne comprenaient rien à cette secte et à
ses adhérents; ceux-ci, en effet, se montraient en tout des chrétiens pieux,
car ils avaient fait entre eux le serment de ne jamais révéler à qui que ce
fût leurs personnes et leurs secrets tant qu’ils n’auraient pas l’espoir de l’attirer
dans leurs pièges. Suivant Grégoire Magistros, ils avaient trois manières de
surprendre les hommes. Ceux que leur penchant emportait vers les voluptés
charnelles, ils les séduisaient par le libertinage; les gens affligés et
victimes du malheur, par l’hérésie des manichéens, leur représentant le mal
et le bien comme les principes de l’univers, quoiqu’ils n’admissent pas
eux-mêmes cette doctrine; et trompaient les hommes animés de la crainte de
Dieu par les apparences de « A Sempad succéda Thodros ou Thoros, puis Ananè, puis Ark’a’,
puis Sarkis, puis Cyrille, puis Joseph, puis Jésus, et immédiatement après
Lazare. A l’origine, cette secte, ayant pris racine dans le village de
Thontrag, ses partisans furent appelés, pour cette raison, Thontracites. Un
certain nombre habitaient le village de Thoulaïl, dans le district de
Mananagh’i, d’où le nom de Thoulaïliens qui leur a été donné; d’autres enfin,
qui s’étaient fixés dans le village de Khnoum ou Khnous, étaient connus sous
la dénomination de Khnouniens. Entre ces trois communautés il existait bien
quelque dissentiments, car les paroles, les idées et les actes de chacune d’elles
différaient en plus d’un point; mais, à part cela, elles étaient toutes trois
plus perverses l’une que l’autre. Ces sectaires étaient encore nommés
Manichéens, parce que, au rapport de Grégoire Magistros, ils avaient emprunté
à ces hérétiques quelques-unes de leurs erreurs. Tous indistinctement n’avaient
ni baptême, ni aucun autre sacrement, ni prière, ni culte, méprisant tout en
secret comme en public. Ils se moquaient aussi du myron et proféraient nombre
de blasphèmes contre l’incarnation du Christ et « Dès la naissance de cette secte impie, le patriarche ‘Ohannès d’Ova, tout le premier, soupçonnant plusieurs personnes d’y être affiliées, après informations prises, anathématisa, du vivant même du criminel Sempad, le chef et ses partisans, en 847 et écrivit en même temps à tous les ar’adschnorts pour les engager à prémunir les Arméniens contre leurs piéges. Les successeurs de ‘Ohannès jusqu’à Pierre Kédatartz, les évêques et les vartabeds de la nation continuèrent de les poursuivre de leurs anathèmes. Quoique toutes leurs oeuvres fussent secrètes et se passassent dans les ténèbres, ce pendant la fumée de leurs impuretés révélait la profonde méchanceté dont leurs coeurs étaient remplis. Aussitôt que l’odeur de l’impiété se répandait quelque part, ils les chassaient dans leur repaire de Thontrag. Ils en firent brûler plusieurs par l’intermédiaire du bras séculier, étrangler quelques-uns, bâtonner ceux-ci, crever les yeux à ceux-là, marquer les uns au front d’un fer représentant un renard et poursuivre les autres d’autres manières comme des animaux malfaisants. « Sous le patriarcat du catholicos Anania, en 945, cent
ans environ après la naissance de cette secte, alors qu’elle commençait à
reprendre une vigueur nouvelle, Anania, vartabed de Nareg, composa, par l’ordre
du patriarche, contre cette monstrueuse erreur, un traité dans lequel il
montra, jusqu’à l’évidence, combien cette secte était abominable et pleine de
perfidie. Ce livre, qui était une arme entre les mains des orthodoxes, ne
profita point aux sectaires, qui continuèrent d’habiter leurs villages, où
ils vivaient sans église, comme des païens. Environ cinquante à soixante ans
après, sous le pontificat du catholicos Sarkis, quelques-uns se répandirent
au milieu des Arméniens, et, ayant pénétré dans Ici se placent, suivant l’ordre de faits, les événements contenus dans les chapitres xxii et xxiii de notre auteur. « En 1050, sous le gouvernement de Grégoire Magistros, duc
de « Effrayés par ce procédé de Grégoire à leur égard, nombre
d’entre eux, plus d’un mille, abandonnèrent leur secte. Un second concile fut
tenu à leur sujet dans le district de Hark’, en l’année arménienne 500 ( « Plusieurs de ceux qui persistèrent, ne rencontrant de
protection nulle part, allèrent trouver le patriarche des Syriens, à qui ils
débitèrent force calomnies contre Magistros et le conjurèrent de leur venir
en aide. « Nous « sommes Arméniens, disaient-ils, et de la race d’Aram; nous
avons les « mêmes lois et les mêmes croyances; mais aujourd’hui, mus par la
jalousie, « nos compatriotes, et principalement le grand prince Grégoire
Magistros, « nous persécutent et nous chassent. » Ils demandèrent ensuite au
patriarche de blâmer sa conduite par lettre. Surpris par leurs discours
perfides, le catholicos des Syriens écrivit à Magistros pour lui rappeler
tous ces faits. Celui-ci répondit par une longue lettre dans laquelle il dévoila
leur fourberie, l’origine de leur secte, et démontra la perversité de leur
doctrine. Il ajoutait: « Bien que nos patriarches aient défendu de les
approcher, de les baptiser et d’entretenir des rapports avec eux, parce qu’ils
se présentent avec des piéges, confiant dans l’indulgence divine et la
recommandation de notre saint Illuminateur, je leur ai ouvert la porte de la
miséricorde et de « Quelques autres chefs des Thontracites, de ceux qui habitaient le village de Thoulaïl, avaient écrit à Pierre, successeur de Sarkis, pour le prier de les laisser communiquer avec les Arméniens et solliciter l’entrée de l’Église. Magistros leur répondit par une lettre écrite en termes sévères. Après de longs reproches, il s’exprime ainsi: « Il ne nous est pas possible de vous admettre parce que, une fois entrés dans l’Église par la ruse, vous tendez des piéges aux âmes simples. Vous avez beau écrire que vous maudissez et anathématisez Sempad nous n’estimons pas plus vos malédictions que vos bénédictions; nous savons très bien que vous ne le reconnaissez pas. « Plût à Dieu que vous fussiez de ceux que vous maudissez; car, nous soustrayant à vos traits cachés, nous aurions peut-être dormi en paix. Je vous félicite de n’être pas seulement de tous les hérétiques, mais d’appartenir encore au judaïsme, au paganisme et autres monstruosités pires que celles-là, s’il en existe. » Un peu plus loin il ajoute: « Le Sauveur recommande d’avertir notre frère jusqu’à deux fois; et, s’il n’écoute pas, de le considérer comme un infidèle et un païen. Or, voilà qu’au lieu de deux et de trois fois, pendant cent soixante-dix ans, treize patriarches d’Arménie, autant d’Agh’ouanie, des milliers d’évêques, un nombre incalculable de prêtres et de diacres vous ont avertis, et vous ne les avez pas écoutés; ils vous ont parlé, vous ont adressé des remontrances, et vous n’en avez tenu aucun compte; ils vous ont anathématisés et chassés, et vous ne vous êtes point repentis. » Il termine de la sorte: « J’ai confiance au Seigneur Dieu, qui est assis sur le trône des chérubins, qu’il manifestera par moi sur vous sa miséricordieuse bonté, qu’il oubliera les moeurs et les habitudes perverses que vous avez apprises de vos coupables et iniques chefs, dont vous êtes empoisonnés et comme inondés; sinon, j’ai foi dans la puissance du bras de mon Dieu, et j’espère qu’il vous livrera entre mes mains, et, si vous ne vous repentez pas, qu’il suscitera un autre gardien pour réparer la clôture et vous exterminer entièrement. » « Grégoire Magistros lui-même, par des efforts prolongés, extirpa les Thontracites de presque tous les lieux où il en existait. Il en parut bien encore parfois çà et là, mais ils étaient chassés de l’Arménie. CHAPITRE XXIV — Sac de la célèbre ville d’Ani. …………………………………………………………………………………………………… Le sultan arriva donc à la tête de myriades innombrables
de soldats parfaitement armés,[15]
et envahit notre pays, répandant la crainte et l’effroi auprès comme au loin.
Il écrasa et ruina nombre de provinces, avant d’atteindre la ville qui avait
rempli jusqu’au bord la mesure de ses péchés. Ayant dressé sa tente en face d’Ani,
il couvrit de son camp la surface entière du territoire. Il essaya, par
toutes sortes de stratagèmes, d’arracher la porte de fer et les serrures de
cuivre qui le séparaient de On put voir alors, en cet endroit, le spectacle des
tourments et du désespoir des gens de tout âge: les enfants arrachés des bras
de leurs mères et brisés sans pitié contre la pierre; les mères arrosant
leurs enfants de leur sang et de leurs larmes; le père et le fils égorgés par
le même glaive; les vieillards et les jeunes gens, les prêtres et les diacres
recevant le coup de la mort sous le même sabre. La ville était remplie, jusqu’au
comble, des victimes du carnage dont les cadavres marquaient Tel est le sort réservé aux villes coupables, qui bâtissent leurs murs avec le sang des étrangers, aux hommes qui s’enrichissent des sueurs des pauvres et consolident leurs demeures avec l’usure et l’injustice; qui, sans pitié pour le faible et le pauvre, ne songent qu’à la volupté et à la mollesse, et qui, au lieu de fuir les oeuvres qui souillent, s’enivrent des passions dont ils sont le jouet. Quel sera donc leur châtiment au jour de la colère du Seigneur? Rois ou princes, ils seront consumés et disparaîtront, comme la cire en présence du feu, ainsi qu’on peut le voir par tout ce que nous avons écrit. Après avoir soumis nombre de districts, le sultan s’en retourna chez lui suivi d’un immense butin. CHAPITRE XXV — De l’empereur grec qui fut fait prisonnier par le sultan de Perse. N’étant point tenu de raconter ni de consigner par écrit
des choses incompréhensibles ou trop difficiles, pour lesquelles il ne nous a
point été donné de consulter le travail d’autres écrivains, ni adressé d’invitation,
et que d’ailleurs nous n’au rions pu entreprendre nous-même, nous avons omis
bien des faits importants, pour en laisser le récit aux hommes habiles et à
intelligence riche, pour le cas où quelqu’un leur en ferait L’empereur grec Diogène[18]
était le soixantième depuis le grand Constantin, suivant l’ordre
chronologique, un peu plus ou un peu moins. Après avoir vu le sultan de Perse
détacher de son empire nombre de provinces, mettre en fuite les gouverneurs
grecs et retourner dans son pays, traînant derrière lui une quantité énorme
de butin et d’esclaves, au bout de dix ans,[19]
il entreprit de faire la guerre, autant par envie que par bravoure naturelle,
pour ne pas paraître pusillanime ou poltron, ni laisser après lui la mémoire
d’un lâche. Plein de jactance et de courroux, il traverse la mer comme si c’eût
été la terre ferme, s’établit en Bithynie, et rassemble autour de lui une
multitude innombrable de troupes, car son empire occupait encore un large et
vaste territoire: ses limites s’étendaient des vallées de Phénicie, où s’élève
Il conçut dans son esprit le projet insensé d’envoyer un
certain nombre de divisions, sous le commandement de ses généraux, par des chemins
différents;[20]
lui-même, à la tête d’un corps considérable, se mit en route pour l’Orient.
Arrivé dans la grande ville de Théotoupolis, il y organisa Le sultan, au contraire, voulait, en homme profondément
habile, livrer bataille sur le champ, de peur que les corps disséminés ne
vinssent, par leur réunion, renforcer celui que l’empereur avait avec lui, et
ne fut mis par là dans l’impossibilité de soutenir Lorsque, du lieu où il était posté, l’empereur,
contemplant la bataille, vit ses phalanges reculant devant l’ennemi et
prenant la fuite, lorsqu’il aperçut çà et là ses soldats revêtant l’uniforme
de cavalier ou de fantassin perse, rapide comme l’éclair, il s’élance en tête
des combattants, et étend par terre des monceaux de valeureux Perses, qu’il
presse avec une vigueur extrême. Il ne comprenait pas que le général des
milices célestes, qui apparut autrefois à Josué et lui donna la victoire, n’était
point avec lui. Le Seigneur ne combattit point au milieu de nos soldats avec
l’épée et le bouclier et ne tira point le glaive pour repousser nos
adversaires; le Dieu des armées n’était point à ses côtés et ne fut point
pour nous une corne de salut et d’espérance. Retirant à lui sa puissance, il
nous abandonna aux mains de nos ennemis et aux outrages de nos voisins; il
nous a laissé immoler comme Le superbe monarque, le maître du grand trône, fait prisonnier par les Perses,[23] comme un vil esclave du péché, fut conduit par eux en présence du sultan. Mais Dieu, qui frappe et qui guérit, dont la douceur et la bonté pour l’homme sont infinies, qui ne renverse pas à jamais ceux qu’il corrige, qui permet que nous soyons visités par de légères épreuves, pour que nous reconnaissions notre faiblesse, eut pitié de lui et honora le possesseur du trône qui lui sert de marchepied; ayant inspiré au coeur du farouche sultan, à l’endroit de Diogène, des sentiments d’amitié et de bienveillance, comme pour un frère chéri, celui-ci le relâcha avec beaucoup d’empressement et de marques d’intérêt. À celui que le Seigneur avait délivré des mains d’un
peuple étranger, ses sujets, par une perfidie honteuse, crevèrent les yeux et
le tuèrent, répandant ainsi sur le trône un sang dont la trace ne devait
jamais s’effacer. De ce jour-là, généraux et soldats perdirent leur force, et
la victoire ne fut plus donnée à l’empire. Les princes s’observaient d’un
même esprit de fourberie et de haine, supprimaient l’équité des jugements et
ruinaient le pays au lieu de pourvoir à son salut. Enfin, transporté d’indignation,
le Seigneur, pour les châtier, appela en nombre considérable, des montagnes
de Le sultan des Perses, Alph’ Arslan, après l’éclatant
triomphe qu’il venait de remporter et l’heureuse issue de ses trois campagnes
(dans la première, il n’avait pu prendre, il est vrai, Manazguerd, mais il
avait dévasté nombre de provinces par le fer et l’esclavage; dans la seconde,
il avait, par l’extermination et l’incendie, dépeuplé et transformé Ani en
désert), libre désormais de toute crainte, s’avança d’un air majestueux à la
rencontre de l’empereur des Grecs. Il avait formé en son coeur la pensée, si
Diogène tombait en ses mains, de le renvoyer avec bienveillance et des
honneurs dans son royaume; il s’était engagé, en outre, par serment solennel,
à rétablir la paix entre les Perses et les Grecs. Quand, sorti victorieux de
cette nouvelle guerre et fier de voir que tout avait réussi et s’était
terminé selon ses désirs, quand ce lui qui lui avait causé tant de peur et d’effroi
parut enchaîné et debout devant lui comme un de ses esclaves, alors il se
rappela le pacte qu’il avait contracté avec Dieu; l’ayant donc relevé, il te
fit asseoir à sa droite, l’honora à l’égal d’un ami fidèle, et conclut avec
lui un traité portant ce qui suit: Il n’y aura plus dorénavant d’hostilités
entre toi et moi; tu resteras tranquille possesseur de ton empire, et nous
garderons notre souveraineté sur |
[1] La bataille d’Adès, auprès de Fetroa, dans le
voisinage de Nicée, qui valut à Isaac Comnène le trône de Constantinople, est
racontée en détail par Cédrénus, t. II, p. 6 et Zonaras, t. II, p. 265-266. C’est
à Catacalôn qu’il fut redevable de la victoire, qui avait menacé un instant de
lui échapper.
[2] En l’année 1057, après un an de règne, Michel forcé d’abdiquer,
dut quitter le palais impérial à la fin du mois d’août; le 31, de grand matin,
Catacalôn, de concert avec le patriarche, en prit possession au nom d’Isaac,
qui y fit son entrée le soir même. — Cf. Cédrénus et Zonaras, loc. laud.
[3] En l’année 506 de l’ère arménienne (
[4] District de
[5] Ville très ancienne de
[6] C’est-à-dire jusqu’au commencement de l’année
suivante, navaçart étant le premier mois de l’année arménienne.
[7] Forteresse nommée aussi Mormrans, et suivant une autre variante Mormarkhian.
[8] Voir ch. iii.
[9] Matthieu d’Édesse, qui raconte cette même invasion des
Turcs au ch. LXXXI de sa Chronique,
dit que leur général s’appelait Dinar. Les montagnards de Saçoun, qui les exterminèrent
si complètement, étaient commandés par Thor’nig, fils de Mouschegh’ Mamigonien,
seigneur des districts de Darôn et de Saçoun, dont le gouvernement lui avait
été confié avec celui d’une partie de la province de Vasbouragan, par Grégoire
Magistros, son ami. — Cf. Tchamitch, Hist.
d’Arm., t. II, p. 966.
[10] Ville située sur le fleuve Nymphius, affluent du Tigre, entre les provinces d’Agh’tzénik’
et de Dzoph’k’, à une journée d’Amid; primitivement Outha, et plus tard métropole du pays sous le nom de Neph’erguerd. Suivant une tradition,
restée en vigueur parmi les indigènes, sa fondation remonte à Nouph’ar, soeur
de Dikran le Haïcien. Au v siècle de l’ère chrétienne elle fut restaurée par l’évêque
syrien Maroutha, qui, avec l’agrément de Théodose le Jeune, y construisit une
église, où il rassembla les ossements de tous les martyrs qu’il trouva en
Grèce, en Syrie, en Perse et en Arménie, et prit dès lors le nom de Mardiroçats K’agh’ak’, ville des
Martyrs, comme on peut le voir dans l’Histoire
d’Arménie de Jean Catholicos. Les Grecs
[11] Appelée aussi Schirni.
[12] Les Agh’ouans ou Albanais occupaient le pays qui s’étend
depuis l’Araxe jusqu’à la roche de Hoaraguerd au nord-est, près du Gour.
[13] Par les filles d’Ani, Lasdiverdtsi veut faire sans
doute allusion aux tours dont Sempad II avait flanqué la grande muraille, chap.
ii, ou peut-être encore, aux forteresses détachées qui en défendaient l’approche,
telles que Sainte-Marie, Saint Aschotsèk’, Anpert et autres.
[14] Alp Arslan neveu et successeur de Thogroul Beg, mort
au mois de septembre de l’année précédente, 1063.
[15] Cent mille hommes, suivant le témoignage de Michel le
Syrien, manuscrit de
[16] Ces dissensions étaient la conséquence de la
résolution prise et exécutée par Pakrad et Grégoire, qui commandaient à Ani
pour le compte des Grecs, de se retirer dans la citadelle. — Cf. Matthieu d’Édesse,
Chronique, trad. franç., chap. LXXXVI
où l’on trouvera un récit détaillé de la prise d’Ani par les Turcs
seldjoukides.
[17] Samuel d’Ani, Vartan de Partzérpert et Étienne
Orbélian donnent la même date. Suivant le premier de ces auteurs (Chronographie, manuscrit de
Après
avoir passé successivement d’Alp Arslan aux Kurdes, des Kurdes aux Géorgiens,
et de ceux-ci aux Mongols, Ani fut détruite, en 1349, par un tremblement de
terre. Il ne reste plus aujourd’hui de cette célèbre capitale des Bagratides
que ses remparts, dont la plus grande partie est encore de bout, et les ruines
grandioses de ses palais et de ses églises. — Cf. Indjidj, Arm. anc., p. 447 et sqq.; le R. P. Léon Alischan, Topogr. de
[18] Après deux ans de règne, Isaac Comnène s’étant retiré
au monastère de Stude, Constantin XI Ducas, monta sur le trône au commencement
de décembre 1059, et régna sept ans et six mois, jusqu’au 1er juin
1067. Après lui, l’impératrice Eudoxie Macrembolitissa, sa seconde femme, gouverna,
en qualité de régente, au nom de Michel, Andronic et Constantin, tous trois
fils de Ducas, que celui-ci avait associés à l’empire quelque temps avant sa
mort. Sept mois après, c’est-à-dire au commencement du mois de janvier 1068,
Eudoxie épousa Romain et le proclama empereur. Romain porte dans l’histoire le
nom de Romain IV Diogène.
[19] Cette expédition eut lieu en l’année 520 de l’ère
arménienne (
[20] S’il faut en croire le témoignage de Matthieu d’Édesse,
ce projet lui fut suggéré par de perfides conseillers qui étaient d’intelligence
avec Alp Arslan. Il fit partir Tarkhaniotès avec le Normand Oursel, à la tête
de 30,000 hommes, contre Khelath et en envoya 12.000 autres vers le pays des
Aph’khaz. — Cf. Matthieu d’Édesse, Chronique,
trad. franç., chap. ciii;
Zonaras, t. II, p. 282; Skylitzès, p. 656.
[21] Suivant Matthieu d’Édesse, loc. laud., ce furent les Ouzes et les Patzinaces, placés par l’empereur,
les premiers à l’aile droite, les seconds à l’aile gauche, qui passèrent à l’ennemi.
[22] Égaré par des délations mensongères, Diogène avait
conçu contre les Arméniens une haine où la violence avait plus de part que
[23] D’après Aboulfaradj, Diogène fut fait prisonnier par
un esclave grec qui appartenait à un Turc et l’avait vu autrefois à
Constantinople. — Cf. Aboulfaradj, Chronique
syriaque, p. 68.
[24] La montagne de
[25] Par le mot Océan ou mer Océane, les Arméniens
entendent non seulement l’Océan véritable, mais aussi
[26] Pour prix de sa liberté, le sultan imposa à Diogène
une rançon dont les conditions portaient que l’empereur lui payerait un million
de dinars et un tribut annuel de 360,000 pièces de la même monnaie. -
Aboulfaradj, loc. laud.
[27] Il le fit reconduire dans ses États, escorté de cent
esclaves et de deux émirs, et l’accompagna lui-même jusqu’à la distance d’un
parasange. (Aboulfaradj, Chronique
syriaque, p. 269.) Zonaras nous apprend que, pour resserrer les liens d’amitié
qu’ils venaient de contracter mutuellement, les deux monarques, avant de se
séparer, promirent d’unir leurs enfants par un mariage. — Cf. Zonaras, t. II,
p. 84.