MICHEL LE TELLIER ET LOUVOIS

PREMIÈRE PARTIE. — LES HOMMES, LEURS RELATIONS

 

CHAPITRE VI. — LE PÈRE ET LE FILS, 1674-1685.

 

 

C'est à peu près vers le moment où le ministre de trente-trois ans fut obligé de s'incliner devant Turenne que les contemporains placent l'effacement définitif de Le Tellier et l'action souveraine de son fils. Après avoir abandonné sa charge à Louvois et l'avoir établi auprès du roi avec beaucoup de créance, le père, dit Le Pelletier, se fit un genre de vie plus retiré, étant dans sa maison de Chaville pendant tout le temps que la cour était à Versailles, n'ayant plus proprement de fonction que celle du ministère et d'assister à tous les conseils. Il rendit cette retraite respectable à tout le monde et redoubla son zèle pour le bien solide de l'état par ses conseils et ses lumières dans les affaires les plus importantes[1].

Ces indications, d'ordre d'ailleurs général, ne correspondent pas entièrement, quelque autorisées qu'elles puissent être, à la réalité, Le Tellier a été encore obligé, par les circonstances, de sortir de la retraite choisie par lui et, du moins jusqu'en 1677, de se mêler de nouveau et à plusieurs reprises à la vie publique.

Les ambassadeurs vénitiens, avec plus de brièveté, se bornent, eux aussi, à constater le fait général. Pour Francesco Michiel[2], Le Tellier ha rimesso al figlio, col bene placito regio, l'esercizio della sua carica. Son successeur, Ascanio II Giustinian, précise : A Louvois ho veduto commesse le cose attinenti alla guerra terrestra, munizioni, apprestamenti, fortificazioni fuori del regno ed altre rose corrispondenti[3]. Tous deux, et ceux qui viendront ensuite, mettent définitivement Louvois à la première place et font ou feront de lui de longs et parfois pittoresques portraits.

Malgré tout, les relations d'ordre familial ou administratif n'ont pas changé entre les deux hommes et, presque jusqu'à sa mort, le père n'a pas, peut-on dire, perdu de vue son fils.

 

I. — Leurs rapports en 1674.

Au début de 1674, Louvois se rendait compte, on ra vu, que la campagne de l'année précédente n'avait certes pas été fructueuse. L'Empereur et l'Espagne avaient pris les armes : des princes allemands avaient abandonné la cause française ; l'Angle, terre venait d'en faire autant en février. La France n'avait donc plus en face d'elle la petite Hollande, mais la première des coalitions européennes raisonnées. Je ne vois pas, mande le ministre à Courtin, qu'il y ait plus guère d'apparence que l'on puisse parvenir à la paix que par celle des armes, et que, quoique (ce soit) le plus grand mal qui puisse arriver dans la présente conjoncture, il faut tâcher à soutenir la méchante fortune, de manière que l'on conserve la réputation[4]. Et Courtin répond : Je suis entièrement de votre avis que la paix ne se peut bien faire que les armes à la main[5].

Il fallait donc frapper un coup d'éclat pour sauver cette réputation de la France et, aussi, celle, si compromise, de Louvois. Schomberg, dans ce but, surveillerait les Pyrénées Orientales : avec une belle armée, Condé se tiendrait en Flandre : Turenne couvrirait la ligne du Rhin. Pendant ce temps, le roi et son ministre, secondés par l'expérience militaire du duc de Navailles, iraient récolter une grande gloire par la facile conquête de la Franche-Comté isolée. Le 19 avril 1674, Louis XIV partit de Versailles, précédé de Louvois, qui, suivant son habitude, procéderait à une inspection et faciliterait toutes choses[6].

Pendant cette absence de plus de deux mois, le ministre écrit à son père seulement trois fois au début de son voyage et deux fois du camp devant Besançon[7]. Il accuse réception à Le Tellier de ses lettres des 19, 20, 21 et 25 avril, qui manquent. De son côté, le secrétaire d'état reste, lui aussi, silencieux après cette dernière date. Les dépêches sont uniquement consacrées aux affaires militaires, par exemple état des troupes, pousser Condé au départ pour les Pays-Bas, l'instruire de l'insubordination de Bellefonds, etc.[8] On peut être étonné de cette carence épistolaire, jusqu'ici inusitée. Est-ce par prudence, après l'algarade de janvier, que le père et le fils ont décidé d'agir ainsi ? Ou bien la guerre dans la Franche-Comté n'offrit-elle pas matière à de longs développements ? ou bien encore, Louvois, pour la première fois, aurait-il montré peu d'empressement à l'égard de Le Tellier ? Il convient d'éliminer les derniers motifs et penser que les deux ministres ont adopté cette attitude, pour que leur commerce, s'il était découvert, ne pût les faire accuser, par les envieux ou ombrageux, de s'occuper d'affaires, pour lesquelles ils étaient incompétents et usurpaient la place de spécialistes autorisés et reconnus de tous[9].

Pendant que Louvois est dans la région du Doubs et suit le roi qui ne peut se passer de lui, pas plus qu'avant[10], Le Tellier a repris la plume à Paris et à Chaville. 11 a une correspondance très fournie avec Condé, dont l'armée sera renforcée par les troupes venant des places hollandaises évacuées. L'affaire est d'importance pour que le prince puisse entreprendre aux Pays-Bas quelque grande action. Mais elle est retardée par la résistance têtue et longtemps irréductible du maréchal de Bellefonds, qui se refuse à procéder à l'évacuation des forteresses de Hollande : J'ai reçu, écrit Le Tellier, une lettre de M. Robert[11], que j'ai fait déchirer et Votre Altesse apprendra, par l'extrait que j'en ai fait, la continuation des choses qui se passent sur l'évacuation des places et la marche des troupes qui sont sous le commandement de M. le maréchal de Bellefonds[12]. Il tient Condé au courant de tout ce qui se passe, lui fait part longuement de toutes les nouvelles qui lui parviennent, lui adresse la relation de la prise de Besançon, l'informe des vaines intrigues du gouverneur espagnol, Monterey, et de Guillaume d'Orange pour entraîner les impériaux à l'attaque de la ville de Condé, lui envoie le traité d'échange des prisonniers, qu'il a fait imprimer[13], etc. Tout cela est entremêlé de détails sur la santé du prince et du désir de lui être agréable.

Condé se met à l'unisson : Je vous baise les mains et vous prie de croire que personne au monde ne vous honore plus que moi et ne vous est plus véritablement acquis[14]. Mais il ne s'interdit pas de combattre les projets du roi et de Louvois, désireux de lui voir commencer un grand siège, et c'est à Le Tellier qu'il se confie sans détours : Je crois bien que vous êtes assez de mes amis pour me faire la justice que vous me faites sûr les raisons que j'ai pour ne rien entreprendre. Mais j'ai bien peur que le public ne me la fasse pas comme vous. Cependant l'on doit croire que je ne prendrais pas plaisir à demeurer les bras croisés, si j'étais en état de faire quelque chose[15].

Avec Schomberg, dans les Pyrénées orientales, la correspondance n'a aucun caractère de familiarité : il s'agit de défauts remarqués par le général dans l'administration civile et militaire, de l'insuffisance du nombre des recrues, ce qui lui interdit de mener une vive et rapide offensive[16]. Du côté de l'est, nulle activité épistolaire. Avec l'intendant en Lorraine, Charuel, il est seulement question de mouvements de troupes : avec Gravel, qui est en Allemagne, des soldats au service de l'Empereur, qui ne seront formidables que sur le papier : à Turenne, Le Tellier envoie quelques nouvelles sur les opérations de guerre, mais la froideur subsiste[17].

Revenu de Franche-Comté à Fontainebleau, Louvois reprend sa place. S'il n'est pas du même avis que Condé sur la façon de conduire les hostilités dans les Pays-Bas espagnols, il ne cesse d'entretenir avec lui des rapports tout à fait cordiaux et, lorsque le prince parut avoir raison en remportant, le 11 août, le grand avantage de Senef, il ne lui ménagea pas ses plus chaleureux compliments[18]. Il semblait ne pouvoir en être de même avec Turenne. Tout d'abord, Louvois respecta l'exigence formulée par le maréchal. Quoique on en ait dit, il sembla, pendant quelques mois, ne plus se mêler de la direction des manœuvres militaires et se borner à jouer le rôle d'intermédiaire entre Louis XIV et le vicomte. Les dépêches du souverain sont en effet devenues plus nombreuses et Louvois les transmet en disant la lettre du roi étant suffisamment explicite... Il ne sort de cette réserve calculée que dans des occasions presqu'inattendues. Turenne remporte-t-il, le 16 juin, à Sintzheim, une victoire que certains contesteront, le ministre, lui, n'hésite pas : J'ai appris avec la plus grande joie du monde, par la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 17 de ce mois et par ce que M. de Ruvigny m'en a dit, la défaite de l'armée ennemie par celle que vous commandez. Trouvez bon que je vous en félicite et que je vous assure que j'y prends beaucoup de part[19]. Bien plus, quand, vers la même époque, est terminée la conquête de la Franche-Comté, Louvois accédant aux demandes du maréchal, se rend enfin compte que la guerre est aussi importante dans la région rhénane que dans la région belge. Tandis que jusqu'alors Turenne commandait à 9.000 hommes seulement, à partir du mois de juillet des troupes sont dirigées sur l'Alsace de telle sorte qu'en novembre le maréchal pourra disposer de 30.000 hommes environ. Sans doute arrive-t-il à Louvois de ne pouvoir toujours modérer son tempérament trop ardent. Les villages du Palatinat refusant de se soumettre à la contribution, il ordonne de son chef, pour vaincre leur opiniâtreté, de mettre le feu par plusieurs petits partis dans les villages sans vous lasser de les faire brûler jusqu'à ce qu'ils se soient soumis aux ordres du roi[20]. Sans doute encore, écrit-il, et cette fois directement à Turenne lui-même, à propos des prisonniers de guerre et des fraudes dans le recrutement[21]. Mais ce que l'on pourrait appeler des incartades n'entraîne pas de conséquences désagréables : Turenne, satisfait à divers égards, conserve vis-à-vis de Louvois une attitude correcte, il essaiera même un peu plus tard d'être gracieux.

Le 5 octobre, le ministre ressentit les atteintes d'une fièvre, qui l'obligea à se faire transporter à Paris et le réduisit jusqu'au 2 décembre, pendant deux mois, à une inaction forcée[22], mais qui ne fut pas complète. Louis XIV, bien qu'il écoutât les avis de Le Tellier, désirait avoir, aussi, ceux du malade. Si le père et le fils étaient d'accord, il s'en remettait à eux : Sa Majesté, écrit à Le Tellier le commis Carpatry, m'a ajouté qu'en vous rendant compte de ses intentions, j'eusse à vous faire connaître que vous pouviez les faire exécuter, si vous et M. de Louvois en étiez d'avis[23]. Les lettres ne sont pas nombreuses, du moins celles qui subsistent, celles des 9 et 11 octobre[24]. Il n'y a là nul sujet d'étonnement : tout en suivant la cour à Versailles ou à Saint-Germain en Laye, Le Tellier trouve le temps d'aller à Paris pour voir son fils et avoir avec lui des entretiens sur les affaires courantes.

Or, celles-ci furent graves pendant ces deux mois du ministère de Le Tellier. Dans les Pays-Bas, après la brillante, mais très coûteuse victoire de Senef et la levée, par les ennemis, du siège d'Oudenarde (20 septembre), Condé ne voyait plus rien à tenter, sauf à faire subsister les troupes, qui lui seraient laissées, en les envoyant dans les places de l'Escaut et de la Lys, dans Ath et dans l'Artois, où on leur donnera le couvert et où on leur permettra d'aller au fourrage, à moins que les habitants ne préfèrent le leur fournir[25]. Plus au nord, en Hollande, le marquis de Chamilly, depuis juillet, défendait courageusement la place de Grave. Cette longue résistance ayant sauvé l'honneur et ne pouvant plus durer longtemps par suite de la pénurie des vivres, Le Tellier, le 12 octobre, lui transmet la lettre du roi, lui ordonnant de rendre la ville aux Hollandais[26]. Le 26, les vigoureux défenseurs obtinrent des conditions si honorables que le ministre en fut surpris : L'accueil favorable, écrit-il à d'Estrades, n'est pas, à mon sens, une marque de son (Guillaume d'Orange) inclination à rentrer dans les bonnes grâces du roi : il l'a sans doute fait pour se faire honneur et pour marquer les honnêtes gens et estimer la vertu... L'on connaîtra, par la suite, s'il a de sérieuses intentions de se réunir avec Sa Majesté[27].

Ces deux questions ayant été aisément réglées, il en subsistait une autre, beaucoup plus difficile et plus urgente, celle des renforts qu'il fallait envoyer à Turenne pour la sauvegarde de l'Alsace. Car, si Louis XIV et Louvois s'étaient rangés aux vues du vicomte, celui-ci, en octobre encore, n'avait pas vu augmenter suffisamment ses effectifs. Alors s'exerce ce que les contemporains eux-mêmes ont appelé le ministère de Le Tellier[28], dont la correspondance avec Turenne constitue la partie capitale[29]. Au moment où le secrétaire d'état entre en relations avec le maréchal, il apprend la victoire remportée par celui-ci à Ensheim, le 4 octobre, brillant fait d'armes, mais sans résultat pratique[30]. Les troupes brandebourgeoises, en effet, avancent et, si elles se réunissent aux impériaux, les ennemis auront une supériorité numérique telle que l'Alsace sera gravement menacée. D'accord avec Louvois, Le Tellier mande à Condé d'envoyer, des Pays-Bas, qui ne sont pas en danger, 20 bataillons et 60 escadrons au vicomte : Condé choisira ceux qui ont le moins souffert à la bataille de Senef : ces troupes, dirigées promptement vers l'Alsace, seront accompagnées par des commissaires des guerres, un trésorier de l'extraordinaire et un commis des vivres. Et, pour appuyer de son autorité ces instructions, Louis XIV enjoint à M. le prince de se conformer aux indications de Le Tellier[31]. Dès le 9 octobre, le ministre informe Turenne des ordres donnés à M. le prince : le 16, il lui annonce le départ des importants renforts venant de Flandre : le 20, il lui indique avec précision ce que l'on a fait pour lui en hommes et en argent[32].

Mais, avant d'avoir avec lui ces belles troupes, qui arrivèrent seulement au début de novembre, Turenne, poussé par les impériaux, appela à son aide l'arrière-ban. Le 17 août en effet, Louvois avait écrit aux gouverneurs et aux intendants de plusieurs provinces pour leur adresser les lettres patentes ordonnant la levée de la noblesse, qui servirait pendant deux mois[33]. Le maréchal de Créqui commanderait ce corps en formation. D'après Le Tellier, le roi ne donnerait pas d'argent aux gentilshommes, mais une double ration de pain : prisonniers, ils seront rachetés au taux de la rançon des gendarmes. Créqui a toute liberté pour choisir des commandants capables[34]. Il mena donc les nobles au maréchal, qui, constatant l'incapacité totale et l'indiscipline stupéfiante de ces militaires d'occasion, les renvoya immédiatement à l'arrière[35]. Contrairement à ce que dit Rousset, II, 100, Le Tellier approuva l'action de Turenne ; en Lorraine, l'arrière-ban restera sous les ordres de Créqui, puis, le temps de son service étant passé, on le renverra[36]. Et Le Tellier laisse à Créqui toute initiative : Sa Majesté se remet à vous de garder la noblesse ou de la renvoyer, quand vous l'estimerez inutile, et je vous adresse pour cela des routes[37]. Le 24 novembre, l'arrière-ban était congédié à la satisfaction de tout le monde[38].

La santé de mon fils lui ayant permis de retourner auprès du roi, Le Tellier annonçait à Turenne qu'il n'aurait plus l'honneur d'entretenir le commerce que j'ai eu avec vous pendant sa maladie et lui demandait la continuation de sa bienveillance[39]. Il abandonne le ministère au moment où la situation est moins menaçante que deux mois plus tôt. Toutes les troupes sont en quartier d'hiver : personne ne se doute que Turenne va commencer cette brillante campagne, dont il n'avait pas, comme l'ont soutenu à tort ses panégyristes, indiqué le plan à Le Tellier dans sa lettre du 30 octobre[40].

 

II. — Leur action respective en 1675 et 1676.

L'année 1675 commença fort heureusement pour la France, Turenne ayant, en janvier, rejeté les ennemis au-delà du. Rhin et délivré l'Alsace[41]. Lorsque les hostilités se rouvrirent en mai au nord, Le Tellier, comme d'habitude, reçut la délégation de la signature royale pendant que Louis XIV serait à l'armée[42]. Louvois accompagna le souverain ; puis, à partir du Quesnoy, il le devança pour aller procéder à son inspection coutumière : il fut absent du 11 mai au 21 juillet[43].

Entre le père et le fils, la correspondance est, pour une fois, excessivement réduite et sans importance. Louvois accuse réception de lettres que nous n'avons pas : il écrit à son père et au commis Carpatry, qui lui enverra un extrait des dépêches pouvant l'informer de tout ce qui se passera. Mais faites en sorte que l'on ne remette à ma décision que le moins qui se pourra[44]. Le Tellier, en effet, résout les affaires qui se présentent, d'ailleurs de minime intérêt, puisque la guerre accapare et domine tout[45].

Or Louis XIV, ayant quitté l'armée après la prise de Limbourg, est-il à peine revenu à Versailles, qu'il apprend, le 29 juillet, la mort de Turenne, tué à Sasbach, deux jours avant[46]. Quelle dut être l'impression dans la famille Le Tellier ? Il faut écarter complètement l'assertion de Mme de Sévigné, affirmant que l'archevêque de Reims, Charles Maurice, manifesta une joie scandaleuse. De son père, nous ne connaissons pas les sentiments. De Louvois, au contraire, nous avons un témoignage direct, qu'il est utile de reproduire entièrement : Quand l'accident, qui est arrivé à M. de Turenne, ne serait pas aussi fâcheux qu'il est pour le service du roi, je ne pourrais pas m'en empêcher d'en avoir en mon particulier un très grand déplaisir. Et, comme je sais que sa perte vous est très sensible et que j'ai toujours pris plus de part que personne en vos intérêts, je vous assure que cette considération augmente encore ma douleur, et que, si quelque chose peut la soulager, c'est d'avoir occasion de vous rendre mes très humbles services, vous assurant que je n'en perdrai aucune de faire valoir les vôtres et de vous témoigner que je suis toujours tout à vous[47]. Alors que Louis XIV n'avait pas caché sa surprise douloureuse, il eût été malséant et imprudent aux Le Tellier de manifester des sentiments susceptibles de déplaire au souverain. La lettre de Louvois est donc correcte elle rend un hommage mérité, mais bref, à Turenne, et, au contraire, s'étend ensuite sur les intérêts particuliers du neveu du maréchal, à qui elle est adressée[48].

Cette lettre à de Lorge est datée du 31 juillet. Dès la veille était proclamée une promotion de huit maréchaux, la monnaie de M. de Turenne, promotion intéressante à plus d'un titre. Navailles, Estrades et Schomberg sont des amis de longue date de Le Tellier ; La Feuillade et Luxembourg sont, alors, des amis de Louvois : Duras, frère aîné de Lorge, a montré sa soumission, lors de la campagne de Hollande ; Rochefort, qui a joué un rôle brillant à Senef, a épousé une cousine de Madame de Louvois et sa femme sera bientôt, si elle n'est déjà la dernière maîtresse attitrée du ministre ; Vivonne, enfin, devient maréchal à 39 ans, par les bonnes grâces de sa sœur, Mme de Montespan, alors en bons termes avec Louvois. Tous ces officiers ont un caractère commun : ce ne sont plus des féodaux, ce sont des sujets s'inclinant devant la volonté royale, discutant parfois peut-être, mais ne désobéissant jamais. Avec la mort de Turenne en 1675 et la retraite volontaire de Condé l'année suivante, Le Tellier et son fils sont désormais débarrassés d'une opposition gênante, et qui avait failli être dangereuse pour eux[49].

***

Au cours de l'année 1676, ils seront séparés pendant plusieurs mois, et leur correspondance, fort suivie cette fois, permettra aisément de déterminer la tâche accomplie par chacun d'eux. Bien que toutes les lettres du père n'aient pas subsisté, il en reste suffisamment pour apprécier son action. Sans doute encore. depuis le 4 juillet 1676, que le roi partit du camp de Quiévrain pour revenir à Saint-Germain, jusqu'au II d'u même mois, l'on n'a trouvé aucune dépêche du roi, de Messieurs Le Tellier et Louvois pour aucun des officiers généraux commandant les armées de Sa Majesté[50]. Toutefois, quelque regrettable que puisse être cette lacune pour l'histoire générale, elle n'a, pour les relations entre le père et le fils, qu'une importance insignifiante.

Louvois partit seul de Saint-Germain le 24 mars, et, en grand détail, inspecta les troupes des garnisons, dont il ne fut pas toujours content, l'artillerie, les magasins de vivres et de munitions, en Picardie, Artois et Flandre. Louis XIV, à son tour, après avoir toujours délégué sa signature à Le Tellier[51], quitta Paris le 16 avril pour arriver le 21 devant la place de Condé, que Louvois avait fait investir trois jours plus tôt. Après la prise de cette ville et celle de Bouchain, après avoir tenu longtemps en respect les ennemis au cœur des Pays-Bas, le roi et son ministre prenaient, le 4 juillet, le chemin du retour, et arrivaient à Versailles le 10. Mais, ayant appris que Guillaume d'Orange assiégeait Maëstricht, Louvois repartit pour le nord : ayant fait procéder à la prise d'Aire et de Linck et envoyé le maréchal de Schomberg au secours de Maëstricht[52], il revint à Versailles le 8 août, après 4 mois et demi d'absence[53].

Pendant cette période, ses lettres à son père sont de deux sortes. Dans les premières, il traite avec lui des problèmes militaires, raconte ce qu'il a vu pendant ses tournées, répond aux renseignements abondants fournis par Le Tellier, lui envoie le journal des sièges de Condé et de Bouchain[54]. Luxembourg, commandant de l'armée d'Allemagne (Rhin), se plaignant que ses lieutenants généraux tardent à venir, il demande à son père de leur écrire fortement[55]. Il le supplie de garder le secret sur les entreprises projetées, d'abord contre Condé, puis contre Aire, et lui indique même les précautions à prendre pour qu'il ne soit point éventé[56]. S'il affirme quelquefois que la tranquillité règne, qu'il ne se passe rien de nouveau ou que les ennemis paraissent vouloir décamper[57], en réalité il ne peut pas dissimuler les conflits survenus entre les hauts officiers. Le plus grave est entre Schomberg et le comte d'Auvergne, neveu de Turenne et son successeur comme colonel général de la cavalerie, ayant expédié des passeports aux gens de la cavalerie et prétendant que l'on doit passer chez lui avant d'aller chez Schomberg : Louvois, qui laisse au roi la décision dernière, appliquera le projet que son père a dressé pour régler les prétentions rivales[58]. En somme, cette correspondance ne donne qu'une idée affaiblie de l'activité et de la situation de Louvois. Bien souvent il s'en remet aux lettres pour le roi, et c'est à elles qu'il conviendrait de recourir.

On verrait alors que c'est précisément pendant cette campagne de 1676 que Louvois s'est mis hors de page et est apparu à ses contemporains comme l'organisateur de toutes choses et le dominateur devant lequel tout le monde plie. Ce que l'on trouve ici de plus beau, dit-on déjà le 15 avril, c'est d'envoyer un secrétaire d'état assembler des troupes et porter les ordres partout[59]. A la fin de juillet, c'est M. de Louvois, qui, de son autorité, fait avancer l'armée de M. de Schomberg fort près d'Aire et a mandé à Sa Majesté qu'il croyait que le retardement d'un courrier aurait pu nuire aux affaires. Méditez sur ce texte, et, quelques jours après, la talentueuse épistolière ajoute : Il a un plein pouvoir et fait avancer ou reculer les armées comme il l'a trouvé à propos[60]. Plus calme et beaucoup moins impressionnable, le vénitien Contarini qualifie Louvois, et à bon droit, de principale ed accetto ministro[61]. Louis XIV, de son côté, confirme le jugement des contemporains. Le ministre ayant demandé à revenir après la prise d'Aire, il lui répond que, malgré son désir de le revoir, il ne peut lui accorder encore cette autorisation : Dès que je serai éclairci et que je serai déterminé sur les nouvelles que vous me donnerez et sur l'état où seront les ennemis, je vous manderai ce que vous devez faire[62]. Louis XIV comprend que la présence de Louvois est indispensable aux armées, qu'avec lui la discipline est observée par tous, militaires et civils, qu'il parle au nom du roi dont il fera respecter les ordres[63].

Le fils de Le Tellier, devenu tout-puissant, n'est pourtant pas enorgueilli par une fortune si rapide. A l'égard de son père, il se montre toujours, peut-être plus qu'avant, prévenant et affable. Non seulement il lui rend grâces très humbles des nouvelles qu'il veut bien lui mander, mais il prend part à toutes ses peines, la perte d'un domestique, les dégâts causés aux fruits de Chaville, tandis que les siens à Saint-Germain ont été plus heureux[64]. Il écrit à Darbon, le secrétaire dévoué de Le Tellier, d'aller avec Carpatry dans son cabinet prendre les sceaux de l'ordre que vous remettrez entre les mains de M. Le Tellier, afin qu'en mon absence les expéditions, qui devront être scellées pour ledit ordre, puissent l'être suivant que je le manderai[65]. Au même, il envoie une instruction quelque peu mystérieuse : Je vous adresserai, par l'ordinaire qui partira demain de cette ville, un paquet pour M. Le Tellier, cacheté d'un cachet marqué ci à côté. Il ne faut pas que vous l'envoyez à Paris. Mais vous le garderez pour le délivrer au courrier, qui vous rendra un billet de moi avec le même cachet à côté de ma signature[66]. Son père, fatigué par les déplacements de Chaville à Versailles, manifeste-t-il le désir de séjourner, au besoin, dans cette dernière ville, pour faciliter son service : Je ne vous réponds rien sur ce que vous me dites de l'usage que vous prétendez faire de ma chambre à Versailles, puisque je suis persuadé que vous ne doutez pas que je ne souhaite avec beaucoup d'empressement que de tout ce que vous m'avez donné, il y ait quelque chose qui puisse vous donner un moment de commodité[67]. Comme Le Tellier indisposé n'a pu assister au conseil, il le regrette et, dans la lettre suivante, il ajoute : Comme vous ne me dites rien des nouvelles de votre santé, je suppose qu'elle est entièrement rétablie, de quoi je me réjouis de tout mon cœur[68]. A propos de son retour, il n'a aucun désir, hors l'impatience que j'ai d'être près de vous[69]. On est loin du Louvois brutal, autoritaire, dont Mine de Sévigné et la tradition nous ont transmis le portrait : on est ici en présence d'un fils déférent et affectueux[70].

Pendant ce temps, Le Tellier a eu à remplir une tâche double, et tout d'abord tenir Louvois au courant des événements extérieurs pour qu'il ne perde pas la continuation des choses, alors que les abandons de l'alliance française se sont multipliés. Importante, par exemple, est la situation de la Suède : son armée est en mauvais état et son roi, au lieu de porter la guerre dans la Poméranie, projette de la faire au Danemark, situation préjudiciable aux intérêts de la France : aussi l'ambassadeur à Stockholm eu ordre de montrer à Charles XI l'imprudence et le danger de sa conduite[71]. En Allemagne, le duc de Neubourg, s'étant tourné vers l'Empereur, doit envoyer des soldats aux Espagnols des Pays-Bas : que Louvois examine si on ne pourrait pas les charger dans leur marche et menacer les états de ce prince[72]. Et ce sont ensuite des informations sur le Hanovre, l'évêché d'Osnabrück, la médiation du Portugal que Louis XIV agrée en vue des négociations de la paix future, etc.[73] Par contre, les événements d'ordre intérieur et militaire tiennent une moins grande place : exemption de logement des gens de guerre, pour les officiers de la maison du roi, proposition de Luxembourg pour le rasement des fortifications de Haguenau, question de celles de Condé, renforcement de la garnison d'Ath, discussion dans la cavalerie à propos des gardes du colonel général et prétention de celui-ci, etc.[74] Le tout se termine par la satisfaction que lui cause l'investissement de la place d'Aire, dont la chute permettra à Louvois de revenir en France[75].

D'autre part, Le Tellier écrit fréquemment aux chefs militaires pour qu'ils informent amplement le roi, pour leur transmettre ses ordres et pour consolider la position de son fils. Dans les Pays-Bas il enjoint à Schomberg d'exécuter tout ce que Louvois lui ordonnera ; il félicite ce maréchal pour l'avoir assuré qu'il n'aurait pas de différend avec son collègue d'Humières, approuve sa marche sur Aire où il doit renforcer le corps de siège[76]. Au gouverneur de Charleroi, l'énergique Montai, il demande d'écrire et à Louis XIV et à Louvois, lui prescrit de démolir les tours et murailles délabrées de Thuin et du Catelet, d'envoyer des renforts au secours de Maëstricht assiégé[77]. Le gouverneur de cette ville, d'Estrades, a été désigné comme l'un des plénipotentiaires français au congrès de Nimègue. Le Tellier le met en garde contre certains correspondants, qu'il a en pays ennemi et dont il suspecte la sincérité : il lui enjoint de procéder, malgré la résistance des bourgmestres, à la démolition des fortifications de Huy et de la citadelle de Liège : il est satisfait que Calvo, commandant dans Maëstricht pendant l'absence de d'Estrades, ait promis de se bien défendre : en échange, après la chute d'Aire, on s'empressera de lui envoyer du secours[78]. Au commandant de l'armée de la Meuse, Rochefort, il est donné comme tache de rassembler des troupes en Lorraine pour persuader aux ennemis que le roi de France médite d'attaquer Trêves ou Luxembourg. On le prévient que le duc Charles a envoyé dans son ancien état quelques officiers pour soulever le peuple, quand il s'approchera avec l'armée de l'Empereur : si un Lorrain va le rejoindre, que sa maison soit rasée[79]. Rochefort étant mort subitement, la décision est prise aussitôt, Créqui se transportera dans la région meusienne[80].

C'est avec le commandant de l'armée d'Allemagne ou du Rhin, Luxembourg, que Le Tellier a les plus grosses difficultés[81]. Pour le secrétaire d'état, l'unique objectif doit être de secourir la forteresse de Philipsbourg, assiégée par les ennemis. Mais le Luxembourg de cette époque ne ressemble en rien à celui de la Ligue d'Augsbourg ; il hésite, raisonne, ne sait quel parti prendre[82]. Le Tellier, qui, en mai, a renforcé son armée, ne cesse pas de lui rappeler qu'il doit tenter le secours de Philipsbourg en prenant des précautions pour ne pas être battu : il réitère ses instructions, lui répète qu'il a pleins pouvoirs et n'a pas besoin de nouveaux ordres, mais qu'il doit agir sans retard[83]. Rien n'y fait : Luxembourg se contente d'écrire longuement, depuis le moment où il envoie une espèce de Bible sur la situation fâcheuse de la place forte de Haguenau[84] jusqu'à celui où il propose brusquement d'assiéger Strasbourg. Stupéfait, le ministre inflige au maréchal une leçon d'une sévérité polie, mais concluante : Le roi me commande de vous faire savoir que le change de Strasbourg avec Philipsbourg serait très bon, mais qu'il aurait fallu s'appliquer de meilleure heure à cette entreprise-là et à préparer dès cet hiver toutes les choses qui sont nécessaires pour en faciliter la conquête : ainsi, les préparatifs manquant et le siège de Philipsbourg étant aussi avancé qu'il est, Sa Majesté n'estime pas qu'il y ait lieu de tenter cette diversion-là[85]. Philipsbourg ne sera pas secouru, et, malgré l'énergique défense de Dufay, capitulera en septembre.

Le Tellier et Louvois avaient été d'accord sur la conduite à tenir à l'égard de cette place : ils ne le furent pas sur les opérations que voulait entreprendre en Roussillon le maréchal de Navailles. Celui-ci ayant formé le projet d'attaquer Puycerda, Le Tellier avait donné son assentiment. Mais son fils, alors aux Pays-Bas, se montra hostile, voulant que l'armée du Roussillon se contentât de vivre en pays ennemi et à ses dépens. Le Tellier lui répondit simplement : Le roi ayant vu ce que vous mandez des inconvénients que cette entreprise pourrait causer au service de Sa Majesté, Elle m'a commandé d'écrire à M. le duc de Navailles sur le sujet de Puycerda et sur la conduite qu'il doit tenir en Roussillon, au sens marqué dans votre lettre[86]. Il n'y eut là aucun incident, au contraire une acceptation des idées de Louvois par Louis XIV et Le Tellier.

Réunis au mois d'août 1676, le père et le fils ne furent séparés en décembre que pendant une semaine. Du 3 au 9, Louvois se rendit dans le nord pour examiner l'état des choses, probablement en prévision des opérations projetées pour la campagne suivante[87]. Une si courte absence n'obligea pas Le Tellier à prendre une initiative particulière.

 

III. — L'année 1677.

L'année 1677 fut heureuse pour le royaume et pour la famille Le Tellier à la fois.

Au début, Louvois continue à espérer la conclusion de la paix avec les Provinces-Unies, qui se détacheraient de l'Espagne. Faisant état, en effet, de la négociation secrète entamée, depuis plusieurs mois, par d'Estrades avec un agent de Guillaume d'Orange[88], il écrit : Rien n'est plus considérable et avantageux pour le service du roi que la résolution qu'il parait que M. le prince d'Orange a prise de se détacher des engagements qu'il a avec les Espagnols, pourvu qu'elle soit sincère. Le roi de France n'a-t-il pas fait toutes sortes de concessions, n'est-il même pas revenu au projet de 1635, partage des Pays-Bas espagnols entre la France et les Provinces-Unies ? Ainsi les Hollandais, dans la continuation de la guerre n'ont plus rien à espérer d'avantageux, et les oppositions entre leurs intérêts et ceux des Espagnols sont si publiques que, quelqu'aveugle qu'ait été le prince d'Orange jusques à présent, qu'il est impossible qu'il ne les connaisse[89]. Mais le stathouder n'était pas sincère le 19 février, il rompit les pourparlers.

Cette méfiance à son égard avait poussé la cour de France à préparer la continuation des hostilités pour les entreprises considérables que Sa Majesté avait résolues. Le roi et Louvois, en effet, forment maintenant les plans militaires, et les marées chaux n'ont plus qu'à les exécuter. Aussi, Louis XIV, connaissant de quel poids la présence d'un ministre aussi vigilant et habile qu'était le marquis de Louvois pouvait être en ce pays-là (Pays-Bas), lui commanda de s'y acheminer diligemment pour voir par lui-même l'état de toutes choses[90]. Tels sont les termes, très justes et correspondant entièrement à la réalité, qu'emploie l'auteur du Résumé historique de la campagne de 1677 : il s'agissait de constater si les préparatifs du siège de Valenciennes étaient fort avancés.

Parti de Paris le 25 février, à midi, Louvois ne revint à Versailles que le 31 mai : son absence dura donc plus de trois mois[91]. La campagne fut très brillante : Valenciennes fut prise le 17 mars, Cambrai le 18 avril et Saint-Omer le 22, tandis que, renforcé par les troupes que Louvois lui envoya, Philippe d'Orléans remporta la victoire de Cassel le 11 avril. Plusieurs mois après, le ministre avait lieu de se montrer satisfait : avec quelque abandon et, aussi, quelque fierté, il écrivit à son ami Courtin : Il n'est pas prudent de faire des horoscopes sur le succès des campagnes et encore moins à un homme d'aussi courte expérience que je suis sur cela. Mais je ne crois pas qu'il n'y ait quelqu'un qui ne convienne que, depuis que la guerre est déclarée, les apparences n'ont pas été encore si favorables qu'elles le sont pour le reste de celle-ci[92].

Toutefois, si l'on veut étudier les relations du père et du fils à cette époque, les documents sont d'une surprenante pauvreté. Une seule lettre de Louvois annonce la prise de Valenciennes et demande à Le Tellier de faire chanter le Te Deum dans toutes les villes de votre département et y faire tirer le canon comme à l'ordinaire[93]. Deux lettres du père, l'une à Montclar qui ira servir comme lieutenant-général dans l'armée d'Allemagne, commandée par Créqui[94] ; l'autre, au marquis d'Hocquincourt pour expédier en toute sûreté deux paquets de lettres à Louvois ou, tout au moins, au commis Dufresnoy, qui le suit aux Pays-Bas[95]. Pièces en somme insignifiantes : l'ignorance de l'historien est totale.

Il en sera tout autrement, lorsque parvient à Versailles la nouvelle que Guillaume d'Orange a mis brusquement le siège devant Charleroi : du 7 au 18 août, Louvois reste aux Pays-Bas[96]. Ayant recommandé à Créqui de s'adresser à l'avenir à M. Le Tellier... pour rendre compte à Sa Majesté de ce qui se passera à l'armée que vous commandez[97], il s'en va, lui, auprès de M. de Luxembourg, afin de s'essayer de concilier tellement les choses, qu'il y aurait à faire entre mondit sieur de Luxembourg et M. le maréchal de Créqui, que son service (celui du roi) ne pût souffrir des difficultés, qui n'arrivent que trop ordinairement en de pareils cas [98]. Aussitôt sur les lieux, il correspond avec son père. Le siège étant levé au bout de six jours[99], il ne peut d'abord lui dire les intentions des ennemis : Il faut s'armer de patience... et prier Dieu que les vilains temps viennent, afin que cela, joint aux incommodités que cette armée-ci donnera aux ennemis, les ruine absolument[100]. Il est heureux que, grâce à Courtin, le roi d'Angleterre Charles II ait renvoyé son parlement et résolu de parler fortement aux Hollandais, ce qui pourrait bien amener enfin la paix[101]. Il remercie son père de tous les renseignements qu'il lui fournit sur les pays étrangers, et en discute au point de vue de la situation générale[102]. En attendant les ordres du roi, il examinera les fortifications de Condé et de Valenciennes et réglera avec Vauban et l'intendant Le Pelletier de Souzy beaucoup d'affaires, sur lesquelles il est du service du roi que je leur parle un peu à loisir[103]. Il revient pleinement satisfait : car Louis XIV lui a écrit sur un ton affectueux, l'assurant de son amitié, et de la confiance entière que j'ai en vous[104]. Un autre motif de son contentement est qu'il espère, comme son souverain, que les Hollandais se décideront enfin à négocier : Les Etats-Généraux, dit-il, sont bien aveuglés, s'ils ne prennent le parti d'ôter à M. le prince d'Orange l'autorité qu'il a, ce qu'ils ne peuvent faire qu'en faisant la paix[105].

Les lettres de Le Tellier à divers personnages ne sont pas très nombreuses. A Navailles, il adresse ses félicitations pour le succès remporté au Cap de Quiers, en Roussillon, mais le prévient qu'il ne pourra être renforcé par des soldats venant du Languedoc et de la Provence, et le laisse, par conséquent, libre de prendre les initiatives qu'il jugera à propos[106]. La correspondance avec Créqui est plus vive, ce maréchal voulant prendre l'offensive en Lorraine et porter la guerre au-delà du Rhin, alors que Louis XIV, qui a ordonné la dévastation du pays entre la Sarre et le grand fleuve, réserve, appuyé par Le Tellier et Louvois, à Créqui une action purement défensive. Il s'agit de réfréner l'ardeur trop belliqueuse de ce militaire entreprenant et entêté. Le Tellier s'y applique en des termes parfois fort durs : Sa Majesté approuve tout ce que mon fils vous a mandé et désire que vous vous conformiez à ce que portent les lettres de mon fils. A quoi je n'ai rien à ajouter[107]. Obéir aux ordres du roi et de Louvois, tel est le thème, toujours le même.

A ce dernier, Le Tellier transmet les vues de Louis XIV, quelles qu'elles soient. Par exemple, le roi a pensé que Luxembourg pourrait attaquer le stathouder, éloigné de ses alliés : toutefois, il remet l'exécution de cette pensée et de toute autre chose au jugement de M. de Luxembourg, qui, étant sur les lieux, fera le discernement des choses qu'on ne saurait faire d'ici[108]. Le Tellier résume l'impression produite par les deux lettres de Louvois annonçant la levée du siège de Charleroi, puisqu'il conne bien la situation de la cour et les intérêts de Sa Majesté[109]. Sans doute, le déchiffrement d'une lettre du roi, l'arrivée de deux courriers en différentes heures ont interrompu le sommeil de Monseigneur. Mais il n'est point fatigué par le plaisir qu'un événement si considérable lui donne, écrit le commis Carpatry[110]. Enfin, ce sont des conseils de prudence et, peut-on dire, de politesse hiérarchique, que Le Tellier transmet à son fils : celui-ci complimentera grandement Monmouth et les autres Anglais, qui sont à l'armée, observant de faire une grande différence entre M. de Monmouth et les autres et de garder entre ceux-ci la distinction qu'il convient selon la dignité d'un chacun[111]. Le Tenter ajoute que, les Britanniques n'étant guère ravis des succès de la France, il ne faut fournir aucun nouveau prétexte à cette animosité, non encore ouvertement déclarée, mais bien visible.

Le 27 octobre 1677, deux mois après le retour de Louvois, Le Tellier fut nommé chancelier de France. Certains contemporains et, ultérieurement, des historiens ont soutenu que Louis XIV avait voulu récompenser le fils en élevant le père à la plus haute dignité. Cette opinion est excessive. S'il faut tenir compte des services de Louvois, il ne faut pas davantage oublier ceux rendus constamment et depuis si longtemps par Le Tellier. Celui-ci abandonne donc définitivement le secrétariat d'état de la guerre. Mais les relations entre les deux hommes ne cesseront pas pour cela : Louvois considérera toujours comme un devoir de tenir son père au courant des faits importants et de recevoir ses conseils.

 

IV. — De 1677 à 1685.

Il ne sera donc pas superflu de poursuivre l'examen de leurs rapports, quoique M. de Louvois soit maintenant ministre et secrétaire d'état à la guerre[112]. Les indications fournies à l'historien seront malheureusement unilatérales, les billets, lettres et mémoires de Le Tellier, dont son fils accuse la réception, n'ayant pu être retrouvés. C'est au cours de ses voyages que Louvois écrit tantôt fréquemment, tantôt plus irrégulièrement à son père. Il continue, en effet, à jouer chaque année le rôle d'inspecteur général auquel il ajoute en temps de guerre celui de chef civil d'état major et de directeur des opérations militaires. Il acquiert une influence, non pas considérable, mais prépondérante. Dès 1678, Louis XIV enjoint au maréchal d'Humières de ne rien tenter sans avoir reçu ses instructions par M. le marquis de Louvois, qui était bien instruit et avec lequel j'avais pris des mesures justes[113]. L'un des ennemis du ministre, Bussy-Rabutin, constate au même instant : Le gros... Louvois est l'idole de cette cour, parce qu'il fait le destin de la France[114].

En 1678, parti de Paris le 13 février, ayant tout préparé en secret pour le siège de Gand et l'investissement d'Ypres, Mons et Namur, Louvois s'efforce de dérouter les ennemis en se dirigeant vers la Champagne et la Lorraine. Puis, tout étant prêt, il se porte rapidement à Oudenarde, doit il ordonne toutes les manœuvres. Après la prise de Gand et d'Ypres (10 et 25 mars), il revient à Saint-Germain[115], le 7 avril, avec Louis XIV, qui, pendant son absence, avait laissé toute sa puissance entre les mains de M. le chancelier, qui ordonnerait de tout[116]. Pour cette courte période existe une seule lettre de Louvois à son père, auquel il raconte en détail l'ouverture de la campagne et le début du siège de Gand[117].

La paix de Nimègue (10 août) permit au ministre de retarder pendant près d'un an ses enquêtes. En juin 1679, il les reprit seulement pour visiter, pendant trois semaines, l'Alsace et la Lorraine[118]. Peut-être effectua-t-il cette rapide tournée dans le but de contrôler lui-même si la fâcheuse impression, causée par l'état de l'Alsace sur Condé, quelques années auparavant, restait exacte. Tout en renvoyant aux lettres écrites au roi, il ajoute pour son père d'intéressantes constatations. De Brisach, il note : Tout est ici dans l'état que Sa Majesté peut désirer, et, quelque idée qu'Elle ait de l'état de cette place... Elle ne laissera point d'en être surprise, lorsqu'Elle la verra. Le Brisgau et Fribourg sont ruinés : par contre la joie des cantons n'est point du tout exagérée elle parait si universellement répandue sur les visages de tous les ordres de la province qu'il y a toutes les apparences du monde qu'elle est sincère. Si, en deux ans, on peut mettre en état les forteresses de l'Alsace, cette province sera aussi aisément soutenue que Péronne et Ham pendant les guerres précédentes. Et, Louvois termine cette lettre si importante par une phrase, en apparence énigmatique, en réalité s'expliquant aisément par l'affaire de Strasbourg, deux ans plus tard : J'espère... avoir fait un voyage qui ne sera pas inutile au service de Sa Majesté et qui me donnera pour avenir de grandes facilités pour l'exécution des ordres qu'il plaira à Sa Majesté de me donner[119]. La question de Strasbourg n'a pas été brusquement décidée : elle a été examinée et mûrie longuement et longtemps à l'avance.

En 1680, pour soigner sa jambe droite, Louvois fut obligé d'aller à Barèges[120]. Ses lettres à divers membres de sa famille ont été publiées par Rousset[121], qui en a précisé le caractère exact. Mais, comme cet auteur a omis plusieurs missives envoyées au chancelier, je crois devoir résumer l'impression qu'elles laissent. Passant par la vallée du. Rhône et le Languedoc et accompagné d'abord de Vauban, Louvois procède à l'examen des troupes et des fortifications dans le Roussillon : Il y a en ce pays, dit-il à son père, 8.000 hommes de pied, dont six sont étrangers et aussi beaux qu'aucune troupe que le roi ait vue en Flandre... Les troupes sont ici comme en Flandre, c'est-à-dire au meilleur état que le roi peut désirer, et ce pays, dont les places ne valaient quoi que ce soit, en aura à la fin de l'année prochaine de très bonnes et en état de conserver à Sa Majesté cette frontière, quand même les Espagnols reviendraient comme ils faisaient il y a environ 40 ans ; Montlouis, même situation excellente à tous égards. Pour son retour par l'ouest, il ne pense pas coucher à Barbezieux[122], tant parce que j'y recevrais des visites qui me fatigueraient beaucoup, que parce qu'il me parait trop proche de Bordeaux. Avec son père, il s'occupe, en même temps, d'affaires judiciaires et le supplie instamment de ne pas assumer toute la charge du sceau, de la laisser aux officiers qui sont payés pour ce travail[123]. Qu'après cela Rousset estime que Louvois apparaît sous un jour nouveau dans le récit pittoresque de ses impressions de voyage et les détails minutieux sur sa santé et les médecins, auxquels il est livré, on ne peut y contredire.

En 1681, au mois de septembre, ce fut la soumission de Strasbourg[124]. Depuis qu'en 1674, les magistrats de la ville avaient livré le pont de Kehl aux Impériaux pour envahir l'Alsace, Louis XIV et Louvois avaient condamné Strasbourg. Tant que la guerre de Hollande dura, ils jugèrent utile de dissimuler, d'avoir pour les magistrats de la cité de bons traitements apparents... pour les obliger de garder les apparences d'une neutralité[125]. Après le traité de Nimègue, Louvois, venu en Alsace en 1679[126], avait pu constater qu'une attaque de vive force ne soulèverait aucune émotion et que la ville, isolée, n'était capable d'aucune résistance sérieuse. Aussi, partant avant le roi, avait-il poussé vivement les choses au point que, le 30 septembre, les magistrats ouvrirent les portes aux troupes françaises : Louis XIV arrivait à peine à Provins, quand il apprit, à sa grande stupéfaction, que tout était fini[127]. Louvois tint à informer son père du succès de son action contre l'importante cité, où tout est aussi tranquille que s'il y avait dix ans que les troupes y fussent, ajoutant qu'il attend avec bien de l'impatience des nouvelles de Casal, où les troupes du roi doivent être entrées le même jour que celles de cette province ont pris possession de cette place[128]. Ayant reçu plusieurs lettres de Le Tellier, il en rendra compte au roi lorsqu'il le rencontrera à Sélestat : puis il s'étend longuement sur les nouvelles du dehors et du dedans[129].

En 1682, il s'en alla d'abord en Flandre pour visiter diverses places fortes[130], pendant douze jours, en décrire quelques-unes à son père ou le renvoyer à la lettre du roi, étant persuadé que Sa Majesté vous en dira quelque chose[131]. Plus tard, le 1er septembre, il repartit de Versailles avec un programme plus vaste, Lorraine, Alsace et Franche-Comté[132]. Il arrive à Longwy après un voyage fort pénible : Les chemins, mande-t-il à Le Tellier, sont rompus comme en hiver et la superficie de la terre couverte d'eau comme au mois de mars quand l'hiver a été pluvieux[133]. A Phalsbourg, il reçoit une lettre de son père datée du 7, et le supplie très humblement de continuer à me faire part des nouvelles que vous aurez[134]. Mais à Strasbourg il apprend par un courrier de Saint-Pouenges et une lettre de Le Pelletier du 11 que le chancelier est très gravement malade. En attendant que soient établis les relais nécessaires pour un rapide retour, il va à Brisach, et en part le 16 : J'espère que Votre Majesté, a-t-il écrit à Louis XIV, me pardonnera si je ne vais pas à Huningue, Belfort et Besançon et si, ne pouvant avoir assez à temps sa permission de changer la route qu'Elle m'avait ordonnée, je fais ce que je puis pour être le plus tôt que je pourrai auprès de M. le chancelier, duquel je viens d'apprendre la maladie par un courrier que M. de Saint-Pouenges m'a dépêché[135]. Arrivé le 20 à Paris, il trouva Le Tellier sérieusement atteint et engagea contre les médecins un combat passionné, tragique et burlesque à la fois, dans lequel s'étale l'affection respectueuse qu'il avait vouée à son père[136].

Ce voyage malencontreusement interrompu fut repris, l'année suivante, mais en sens inverse, Bourgogne, Franche-Comté, Alsace, Lorraine, et dura pendant deux mois environ[137]. Toutes les lettres de Louvois portent uniquement sur la santé du chancelier. Il fait appel à son frère, à Le Pelletier, au secrétaire Junquières, à son père lui-même, pour qu'il ménage ses forces, craignant l'excès du travail que vous prenez et suggérant des expédients pour diminuer le travail du sceau[138]. Le fils seul parle, et non le secrétaire d'état, qui donne rarement des informations politiques. Mais le ministre reprend le dessus après la mort de Colbert le 6 septembre 1683 : sur la recommandation de Le Tellier et de Louvois, Louis XIV appelle au contrôle général Claude Le Pelletier. Au conseil se trouvent trois Le Tellier en face d'un seul Colbert, Colbert de Croissy[139].

En 1684, la guerre ayant repris avec l'Espagne, Oudenarde est bombardée et Luxembourg assiégée... Louvois se rend aux Pays-Bas pour seconder les efforts du maréchal de Créqui : après la chute de Luxembourg le 4 juin, il revient en France[140]. Les hostilités donnant lieu à de nombreux bruits, vrais ou faux, il s'acquitte de sa tâche de gazetier, instruit longuement Le Tellier des embarras du prince d'Orange, lui décrit la situation de Bruxelles, celle de l'armée, lui parle du roi[141], etc. Mais le caractère de la correspondance change beaucoup. Le chancelier adresse maintenant à son fils des projets judiciaires, arrêts contre des personnes, exécution du code civil dans les justices subalternes du parlement de Besançon, mémoire du lieutenant-civil, etc., et il demande les instructions du roi : Louvois tantôt les transmet, tantôt se charge lui-même d'écrire pour soulager son père[142]. Lorsqu'en septembre et en novembre, u sera encore éloigné de Le Tellier, qui s'est transporté à Chaville, il formule amplement son opinion, par exemple sur la forme que l'on pourrait donner aux justices qui ont été ci-devant de Lorraine, sur ce que l'on doit faire pour laisser au trésor royal l'argent du collège des Nations, pour autoriser un noble (protestant ?) à parler aux ecclésiastiques que vous jugerez à propos de lui envoyer[143]. Il n'y a là aucune usurpation de pouvoir de la part de Louvois : il répond aux sollicitations de son père, et avec une réelle complaisance. Il s'en écarte une fois seulement, lorsqu'avant de partir pour la Flandre, au mois d'avril, il reçoit deux lettres envoyées par ordre de M. le chancelier. Alors, bourru, il mande à Junquières : Je vous les renvoie afin que vous les gardiez jusques à mon retour, n'étant pas possible de penser ici à de pareilles affaires et encore moins de prendre le temps nécessaire pour répondre à des choses aussi peu pressées que celles-là[144] : accès de mauvaise humeur et d'impatience, qui ne se renouvellera pas et s'explique seulement par des circonstances particulières.

De 1678 à 1685, Louvois a donc continué à écrire à Le Tellier, bien que celui-ci n'ait plus à se préoccuper de l'administration militaire. Mais les rapports se sont quelque peu modifiés. Il ne paraît pas que, pendant les absences du fils, le père ait repris, ainsi qu'avant, sa place à titre provisoire : il s'est dès lors exclusivement consacré à ses fonctions de chancelier. D'autre part, c'est lui qui sollicite les avis de Louvois sur des questions relevant de la procédure, de la justice, des finances, etc. Cette collaboration, qui continue sans ressembler à la précédente, va s'étendre encore davantage en 1685, année où Louvois reste aux côtés de son père : elle englobe alors le problème religieux, celui du protestantisme, et ce sera l'objet d'un chapitre particulier.

 

V. — Conclusion.

J'ai suivi pas à pas, puis-je dire, Le Tellier et Louvois pendant un quart de siècle, 1661-1685, m'attachant à décrire, d'après les documents, leur influence, le caractère de leurs fonctions, leurs relations personnelles. De cet examen, minutieux sans doute, mais absolument indispensable, il résulte, semble-t-il, certaines conclusions formelles, indiscutables, pouvant servir à résoudre des problèmes qui ont jusqu'ici profondément divisé les historiens.

Tout d'abord, Le Tellier fut nommé secrétaire d'état de la guerre par commission du 13 avril 1643, puis, après la mort de Sublet de Noyers, à titre définitif par lettres patentes du 22 octobre 1645. Il l'est resté jusqu'au 27 octobre 1677, jour où il devint chancelier de France. Jusqu'à ce moment Louvois n'a été qu'un survivancier : il est devenu titulaire seulement lorsque son père a abandonné le secrétariat d'état de la guerre.

Sans doute, dira-t-on, mais il y avait déjà longtemps que Le Tellier avait laissé à son fils la direction de l'administration militaire, et c'est sur ce point que foisonnent les divergences. Il serait vain de rechercher la date précise de cette transformation. Les documents prouvent qu'à la mort de Mazarin, Le Tellier bénéficie d'une situation privilégiée, tellement que beaucoup voient en lui le successeur du cardinal défunt. Par contre, il n'est pas et il ne peut pas être question de Louvois, trop jeune et à peu près inconnu de tout le monde. Pendant les années suivantes, son ascension s'effectue lentement d'abord, plus rapidement ensuite. Plus tard encore, il passe au premier plan et en 1677 il est réellement devenu l'homme indispensable à Louis XIV. On est en présence d'une évolution régulière, voulue et menée par Le Tellier, qui, pour ne pas porter ombrage au souverain et averti par lui, a mis en ayant son fils, mais a continué à collaborer avec lui. Sans doute a-t-il demandé lui-même, à la fin de 1664, aux agents civils et militaires de s'adresser désormais à Louvois. Mais cette démarche signifie-t-elle que celui-ci a désormais dirigé seul les services de la guerre ? Les documents ont montré que la réalité était différente, que Le Tellier a continué à expédier comme avant 1661, et cela jusqu'en 1677[145].

Si l'on veut à tout prix se livrer au petit jeu des dates, il faut rejeter sans hésitation celle du 14 décembre 1655, qui attribue la survivance à un enfant de quatorze ans, encore élève au collège de Clermont. Celle du 24 février 1662 n'est pas davantage acceptable, parce que le brevet de ce jour reproduit simplement les termes de l'acte précédent, en y ajoutant seulement que Louvois pourra signer, nonobstant le défaut d'âge, en l'absence ou maladie de son père. A la fin de 1664, le jeune ministre, sur la demande même de Le Tellier, obtient la signature, le père étant présent. Ce sont là des avantages successifs, destinés à attirer de plus en plus l'attention sur Louvois. Mais aucun d'eux n'est décisif, ne dépouille nullement le père de ses attributions. Cela est si vrai que, jusqu'à la fin, Louvois parlera à Le Tellier des limites de votre département et que Le Tellier dira que son fils est allé accomplir, en voyage, les fonctions de ma charge.

Il est donc vain de vouloir résoudre le problème par les dates. Il n'y a jamais eu d'expulsion ou d'accaparement. Au contraire, il y a eu collaboration effective. Ayant présidé à l'éducation professionnelle de Louvois, Le Tellier, appelé à résoudre toutes sortes de problèmes, l'a cantonné dans l'administration militaire. Il a vécu avec lui, à côté de lui, le dirigeant d'abord, le surveillant ensuite, le remplaçant complètement quand il part pour inspecter des fortifications et des troupes en temps de paix, pour suivre et même diriger les opérations en temps de guerre, le sauvant enfin quand son fils s'est attiré l'hostilité des chefs militaires. Ainsi doit-on bannir entièrement l'idée que Louvois, avant 1677, et depuis de nombreuses années, a été seul secrétaire d'état de la guerre. Pendant treize ans (si l'on veut remonter à 1664), Louis XIV a eu deux ministres de la guerre, se soutenant mutuellement et, après quelques dissentiments passagers et depuis longtemps effacés, liés par une affection respectueuse d'une part, protectrice de l'autre.

 

 

 



[1] Le Pelletier, Vie..., 99-101 et note 2 de la page 101.

[2] Francesco Michiel fut ambassadeur de Venise en France de 1670 à 1674 : Ascanio II Giustinian, de 1673 à 1676.

[3] Relazioni..., Francia, III, p. 255, 286, 375 et 449.

[4] A. N., Guerre A1, 379 tr., pièce 126, 13 février 1674.

[5] Id., 385 tr., p. 678, — 411 orig., pièce 93, 16 mars 1674. Cependant. encore en juillet 1674, Louvois ne veut pas renoncer à son espérance d'une paix prochaine, comme le montre la lettre curieuse et fort intéressante écrite à Condé, le 5 : Il parait, par les nouvelles que l'on a d'Hollande, que les Etats-Généraux et leurs peuples souhaitent extrêmement la paix, non seulement pour diminuer l'autorité du prince d'Orange, mais encore par la connaissance qu'ils ont qu'il leur est impossible de continuer l'excessive dépense qu'ils ont faite cette année, Que, pour cela, ils ont déclaré aux ministres de l'Empereur et d'Espagne qu'ils vouaient bien continuer encore cette campagne à faire les derniers efforts pour mettre les affaires sur un pied que la France puisse être obligée à faire une paix désavantageuse. Mais, qu'après ladite campagne, que sur quelque pied que se trouvent les choses, il faudra finir cette guerre-ci. Id., 399 orig., pièce 28.

[6] Les indications se trouvent dans A. N., Guerre A1, 336 à 368 min., 379 et 380 tr., 411 orig. Les étapes furent Corbeil (19 avril), Pont-sur-Yonne (21), Joigny (22), Gray (25), camps de Marnay (1er mai), devant Besançon (2), de Saint-With (25), d'Orchamps (26), devant Dôle (27), de Channans (8 juin), de La Loye (11), à Saint-Seine (20), Montbard (21), Tonnerre (22), Pont-sur-Yonne (25), Fontainebleau (26).

[7] Id., 366 min., pièces 336, 358 et 392, — 379 tr., pièces 32d, 324 et 337, — 380 tr., pièces 29 et 38, let. des 19, 21 et 25 avril, 15 et 21 mai 1674.

[8] V. chapitres sur l'administration militaire.

[9] L'un des familiers de Le Tellier, Roquette, évêque d'Autun, qui a contribué à détacher Condé de Turenne dans la crise de janvier 1674 et que l'on reverra à propos des affaires religieuses, écrit de Dijon à Louvois, le 21 avril 1674, une lettre digne d'attention à plusieurs égards : Monseigneur le duc continue son application pour l'exécution des ordres du roi, et j'espère que rien ne manquera et que toutes choses se trouveront selon ce que Sa Majesté le désire. Je ne crois pas à propos de vous rendre compte d'aucun détail, Son Altesse le faisant très exactement. Je me contente seulement de vous assurer que je le ferai très amplement, si vous en avez le loisir, à votre arrivée à Gray, où je me rendrai avec Monseigneur le Duc le 13 et vous attendrai jusqu'au 26 que Monseigneur le Prince a mandé que vous y deviez arriver. Cependant je vous envoie la copie de l'ordonnance que Son Altesse m'a fait dresser, et, comme c'est la première que j'ai faite de ma vie, ne trouvez pas étrange si elle n'est pas mieux. Son Altesse n'y a pourtant rien trouvé à redire. Je la ferai imprimer ce soir, afin qu'elle commence à être distribuée, lorsque Sa Majesté entrera dans le Comté. A. N., Guerre A1, 408 tr., p. 398-399. L'ordonnance, p. 400, porte injonction à ceux du comté de Bourgogne de mettre bas les armes et de se rendre en leurs maisons, 24 heures après la capitulation d'icelle. M. le Duc est Henri Jules de Bourbon, né en 1643, fils de M. le Prince (Condé) : c'est lui qui investira Besançon.

[10] V. la lettre de Louis XIV à Louvois, 27 avril 1674, dans Œuv., III, 495, ou A. N., Guerre A1, 387 tr., p. 299.

[11] Alors intendant en Hollande : il viendra à bout de l'entêtement de Bellefonds.

[12] A. N., Guerre A1, 367 min., p. 25, Le Tellier à Condé, 3 mai 1674.

[13] V. Id., 367 min., p. 264, — 368 min., p. 6 et 144, — 372 orig., pièce 365, — 380 tr., f° 92 y°, — 388 tr., p. 145-6, — 398 orig., pièces 71 et 110, let. des 30 avril, 22 et 24 mai, 2 et 11 juin 1674.

[14] Id., 387 tr., f° 550, — 398 orig., p. 26, let. du 8 mai 1674.

[15] Id., 389 tr., p. 37-8, — 398 orig., pièce 172, let. du 21 juin 1674. Condé refusait d'assiéger une grande ville, craignant que les effectifs de son armée ne vinssent à fondre ; il préférait une bataille, et il résista à Louis XIV et à Louvois.

[16] V. A. N., Guerre A1, 387 et 388 tr., 415 et 419 orig.

[17] Id., 413 orig., pièces 34 à 36, 46 et 95, let. des 9, 13 et 30 mai 1674.

[18] Id., 371 min., p. 330, — 373 min., p. 68, — 375 min., p. 44, — 381 tr., f° 153 et 457 bis, 382 tr., f° 20, — 400 orig., pièces 77 et 207, — 411  orig., pièce 80, let. des 15 août, 5 septembre et 2 octobre 1674.

[19] Id., 368 min., p. 307, — 378 orig., pièce 164, — 380 tr., f° 208, let. du 21-22 juin 1674.

[20] Id., 413 orig., pièces 125, 127 et 133, Louvois à Colbert de Maulévrier, La Grange et Dufay, 11 juin 1674. Frischmann, agent de Louis XIV à Strasbourg, mande à Louvois, le 2 juillet 1674 : Tout ce pays palatinat est dans une épouvante universelle : il y a une désertion générale de tous les habitants de la campagne de Heidelberg et de Manheim : Id., 413 orig.. pièce 182. La dévastation de 1689-1690 fera une impression encore plus profonde.

[21] Id., 380 tr., f° 240 v°, Louvois à Turenne, 3 juillet 1674.

[22] Les détails sur cette maladie sont dans les lettres de Louvoie et de Le Tellier à Créqui, Condé et Turenne, du 6 au 29 octobre 1674 : A. N., Guerre A1, 375 min., pièces 122, 137, 187, 208, 253, 281 et 402 v°, — 382 tr., foi 72, 75, 128, 141, 161 et 279, — 392 tr., f° 313, — 393 tr., f° 112, 401 orig., pièces 104, 105, 137 et 147, — 414 orig., pièce 118. Louis XIV, Condé, Turenne et d'autres s'intéressent à la santé du ministre : Id., 376 min., f° 7 v° et 132, — 392 tr., f° 315, — 393 tr., f° 99 v°, 160 et 208, — 395  tr., f° 59 et 145 v°, — 401 orig., pièces 131, 142 et 182, — 414 orig., pièces 140 et 340, — 415, pièce 118.

[23] Id., 394 tr., p. 356-7, — 402 orig., pièce 68, let. du 20 novembre 1674. — Cf. Id., 375 min., p. 138-9, — 382 tr., f° 88, — 401 orig., pièce 112 y°, — 407 orig., pièce 96, Le Tellier à Louvois, 9 octobre 1674 : Sa Majesté a désiré que je vous donnasse part de tout ce que dessus, afin que vous envoyez votre avis, sur lequel Elle prendra sa dernière résolution.

[24] Id., 375 min., f° 153 et 195-196, — 382 tr , f° 83 et 117, — 401 orig, pièce 124.

[25] Id., 375 min., 198-200, — 382 tr., f° 121, — 401 orig., pièce 126, Le Tellier à Condé, 11 octobre 1674.

[26] Id., 375 min., 204, 382 tr., f° 130-1, — 401 orig., pièces 153 et 134.

[27] Id., 376 min., 69 v°, — 382 tr., f° 324, — 402 orig., pièce 18, let. du 6 novembre. — Cf. Id., 376 min., 9, — 382 tr., f° 294, — 414 orig., pièce 196, Le Tellier à Turenne, 2 novembre.

[28] Id., 382 tr., Recueil des dépêches et lettres écrites par le roi, M. de Louvois et M. Le Tellier. A la suite de ce titre est l'éclaircissement suivant : Maladie de M. de Louvois, M. Le Tellier prend les fonctions du ministère de la guerre pendant le temps de son absence, 8 octobre : 3 décembre, M. de Louvois, étant entièrement rétabli de sa maladie, reprend les fonctions de sa charge. — Id., 393 tr., Recueil des dépêches écrites au loi, à M. Le Tellier et à M. de Louvois. — Id., 410 orig., M. le chancelier (!) de France chargé du ministère de la guerre pendant la maladie de M. de Louvois, son fils.

[29] Elle se trouve dans les volumes signalés è la note précédente et, en outre, dans A. N., Guerre A1, 375 et 376 min. — Dans le 414 orig., sont 43 lettres de Le Tellier, du 9 octobre à la fin de novembre.

[30] Le Tellier félicite Turenne, 9 et, 16 octobre 1674 : A. N., Guerre A1, 375 min. 156 et 232, — 382 tr., 100 et 170, — 414 orig., pièce 127.

[31] Comparer les lettres de Le Tellier, Louvois et Louis XIV, du 9 au 11 octobre 1674 : Id., 375 min., 149, 153, 185, 195 et 198. — 382 tr., 83, 91 117, 120 et 121. — 401 orig., pièces 115 et 124 à 126, — 407 orig., pièce 97.

[32] Id., 375 min., 156, f° 232 et 284. — 382 tr., f° 100. 166 et 183, — 414 orig., pièces 127 et 155.

[33] Id., 372 min., p. 9 (date fausse), — 381 tr., f° 199 (les lettres patentes sont au f° 203, et les règlements du feu roi sur le rang et la marche de la noblesse au f° 211).

[34] Id., 375 min.. 218, — 382 tr., f° 143. Le Tellier à Créqui, 15 octobre 1674.

[35] Id., 414 orig., pièces 219 et 229, Turenne à Le Tellier, 6 et 9 novembre 1674.

[36] Id., 376 min., 118 et 147, — 382 tr., f° 343 et 360, — 414 orig., pièce 248, Le Teiller à Turenne, 12 et 14 novembre 1674.

[37] Id., 376 min., 200 et 216, — 382 tr., f° 398 et 419, — 414 orig., pièce 258, Le Tellier à Créqui, 17, 19 et 23 novembre 1674.

[38] Id., 376 min., 256 et 258, — 382 tr., fol 439 et 441, Le Tellier à Turenne et è Créqui, 24 novembre 1674. — Le 2 janvier 1675, l'arrière-ban sera encore convoqué : mais il s'agira d'une mesure fiscale, puisqu'il sera plus avantageux à Sa Majesté de payer ce è quoi ils sont taxés que de se mettre pour très peu de temps en campagne : Id., 422 min., 28, Louvois è De Creil 3 février 1675, — 432 tr., p. 21, let. patentes du 2 janvier 1675.

[39] Id., 376 min., 361, — 382 tr., f° 477, let. du 30 novembre 1674.

[40] V. Picavet, Les dern. années..., p. 494.

[41] Primi Visconti place, au début de 1675, la conversation qu'il eut avec Turenne à Paris, p. 102-3 : mais les récriminations du maréchal contre la cour, les généraux, Louvois, le roi, etc., doivent évidemment être reportées à la crise de 1673-1674.

[42] Arch. Doud., carton 126, liasse 478 : pouvoir du 10 mai.

[43] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 425 et 426 min.. 433 et 434 tr. Les étapes furent Luzarches (11 mai), Compiègne (12), Ham (13), Le Catelet (14), Le Quesnoy (18), Binche (19), Charleroi (20), Gembloux (27), camp de Falais (31). de Pamyn (9 juin), Trevran (10), Vizé (11), camp de Neufchâteau (19), près Tongres (24), près Tirlemont (27), Saint-Tron (1er juillet), Pervis (11), Villaine (13), Versailles (21).

[44] Id., 425 min.. 414. 28 mai 1675 : Cf. Id., 397, 27 mai, et 426 min., 150, 13 juin.

[45] Id., 425 min., et, surtout, 426 min., minutes de Le Tellier. — Louvois écrit à son père, le 14 mai 1675, une lettre intéressante : Je vous dirai que j'ai rendu compte au roi de la lettre de M. de Marillac que vous m'avez adressée. Sa Majesté a fort approuvé la réponse que vous lui avez faite et écrit présentement à Colbert qu'Elle désire que, sans qu'il paraisse que l'on ait intention de se relâcher sur l'établissement de l'impôt des arts et métiers. il ne pousse pas néanmoins l'exécution des ordres qui lui ont été envoyés, afin d'éviter les désordres. qui en pourraient arriver pendant que Sa Majesté est en campagne. Aux mois d'avril-mai 1675, des émeutes ont éclaté à Bordeaux et au Mans et la révolte du papier timbré en Bretagne, ce qui pourrait expliquer la lettre de Louvois.

[46] On ne connaîtra les détails qu'a l'arrivée du courrier Boisguiot : Il a eu un long entretien avec M. de Louvois et M. Le Tellier. Il a vu le roi, dit Pellisson, Let. hist., II, 384.

[47] A. N., Guerre A1, 426 min., 329, — 434 tr., f° 87, Louvois à Lorge, 31 juillet 1675.

[48] Id, 460 orig., pièce 2, Condé à Louvois, 1er août 1675 : J'ai appris avec la plus grande douleur du monde la mort de M. de Turenne. C'est une perte très considérable pour le service du roi, et particulièrement dans une rencontre aussi capitale que celle où elle est arrivée. J'en suis aussi toucha que je le dois être : comparer avec la lettre de Louvois.

[49] Malgré la lettre du ministre, de Lorge n'est pas compris dans la promotion et s'en trouve marri : il a dû céder le pas à son frère aîné, Duras.

[50] A. N., Guerre A1, 500 orig., pièce 78, note.

[51] Arch. Doud., carton 126, liasse 478, pouvoir du 14 avril.

[52] Le siège de Maëstricht fut levé le 27 août par Guillaume d'Orange.

[53] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 472 à 477 min., — 482 et 484 tr., — 498, 500, 501, 507 et 508, orig. Let étapes sont : Péronne (25 mars), Douai (28), Tournai (30), Lille (31), Courtrai (3 avril), Oudenarde (55, Lille (6), Menin (15), camp de Bouvines (16), Mortaigne (17), camp sous Condé (18), près Quiévrain (1er mai) ; près Sebourg (5), près Denain (10), Heurtebise (13), Lain (21), Tournai (23), Ligne (25), Lessine (26), Niderhasselt (27), près Ninove (28), Condé (12 juin), Ninove et Niderhasselt (14), Ath (19), Quiévrain (21), Versailles (10 juillet), Bapaume (13), Condé (15), Lille (18), camp devant Aire (21), Versailles (8 août).

[54] V., p. ex., A. N., Guerre A1, 472 min., 377 et 455, — 473 min., 41 et 72, — 482 tr., f° 571 et 610, — 483 tr., f° 9, 73, 291 et 395, — 498 orig., pièce 123, let. des 25 et 31 mars, 2, 5 et 27 avril et 14 mai 1676.

[55] Id., 474 min., 81, — 483 f° 366, 5 mai 1676,

[56] Id., 473 min., 131 et 271, — 476 min., 146, — 483 tr., f° 105 et 209, — 484  tr., f° 39, — 498 orig., pièces 165 et 199, — 500 orig., pièce 208, let. des 7 et 14 avril et 18-19 juillet 1676.

[57] Id.. 474 min., 159 et 196, — 483 fr., f° 433 et 451, let. des 15 et 17 mai 1676.

[58] Id., 476 min., 366 et 392, — 477 min., 3, — 484 tr., f° 91, 195 et 212, — 501 orig., pièces 32, 151 et 162, let. des 25 et 31 juillet et 1er août.

[59] Mme de Sévigné, Let., IV, 409 : Cf. IV, 515.

[60] Relazioni..., Francia, III, 315. Domenico Contarini fut ambassadeur en France de 1676 à 1680.

[61] Id., IV, 554-5 et V, 3.

[62] A. N., Guerre A1, 484 tr., f° 126, let. du 27 juillet 1676 : ce passage est dans les Œuv. de Louis XIV, IV, 88-9, mais pas dans Rousset, II, 237, et Ambert, 151.

[63] De fait, tant que Louvois est aux Pays-Bas, les maréchaux n'ont pas de différend : lui parti, ils ne s'entendent plus.

[64] A. N., Guerre A1, 472 min., 434, — 473 min., 244 et 365, — 483 tr., 187 et 267, — 498 orig., pièce 188, let, des 30 mars, 12 et 23 avril 1676.

[65] Id., 473 min., 369, let. du 23 avril 1676. Depuis 1671, Louvois était chancelier des ordres du roi.

[66] Id., 473 min., 147, let. du 8 avril 1676. S'agit-il de documents sur la préparation secrète du siège de Condé, qui commencera le 18 ?

[67] Id., 476 min., 123, let. du 17 juillet 1676.

[68] Id., 477 min., 2 et 3, — 484 tr., f° 209 v° et 212, — 501 orig., pièces 161 et 162, let. du 1er août 1676.

[69] Id., 476 min., 198 et 326, — 477 min., 23, — 484 tr., f° 51, 151 et 220, — 500 orig., pièce 258, — 501, pièces 112 et 19.1, let. des 22 et 28 juillet et du 3 août 1676.

[70] Id., 475 min., 233 et 315, — 476 min., 390, let. des 18 et 25 juin et du 31 juillet 1676 : Louvois a d'autres correspondants, et les remercie de leurs nouvelles, qui sont un grand divertissement pour un homme éloigné, p. ex, Carpatry, Le Pelletier e Courtin, alors ambassadeur à Londres. Avec celui-ci, il va même jusqu'à la plaisanterie : Je vous conseille de suivre la mode du pays où vous êtes et de n'être point si appliqué au bâtiment de votre chapelle que vous ne donniez quelque temps à votre plaisir.

[71] Id., 472 min., 391, — 473 min., 21, — 482 tr., f° 576, — 483 tr., f° 1, let. des 26 mars et 1er avril 1676.

[72] Id., 473 min., 179, — 483 tr., f° 129, — 498 orig., pièce 174, let. du 9 avril 1676.

[73] Id., 476 min., 194, — 483 tr., 196, — 484 tr., f° 53, — 500 orig., pièce 259, let. des 13 avril et 22 juillet 1676.

[74] Id., 473 min., 87 et 255, — 476 min., 194 et 345, — 483 tr., f° 77 et 196, — 484 tr., f° 53 et 145, — 500 orig., pièce 259, — 501 orig., pièce 111,  let. des 6 et 13 avril, 22 et 28 juillet 1676. Louis XIV intervient souvent dans ces questions intérieures : Œuv., IV, 68, 86 et 96, let. des 2 avril, 21 et 26 juillet 1676.

[75] Id., 476 min., 225 et 279, — 484 tr., f° 67 et 124, — 500 orig., pièce 274. — 501 orig., pièce es, let, des 23 et 26 juillet 1676.

[76] Id., 476 min., 181, — 484 tr., f°4 42, 88 et 168, — 500 orig., pièce 229. — 501 orig., pièces 45 et 134, let. des 20, 25 et 30 juillet 1676.

[77] Id., 472 min., 417. — 473 min.. 230, — 476 min., 312, — 482 tr., f° 597, — 483 tr., f° 175, — 484 tr., f° 69 et 131, — 500 orig., pièce 275, — 501 orig., pièce 86, let. des 29 mars. 11 avril, 23 et 27 juillet 1676. — Il en est de même avec le maréchal de Créqui, Ici., 472 min., 442, — 482 tr., f° 631, let. du 31 mars 1676.

[78] Id., 472 min., 388, 418 et 449, — 476 min., 310, — 482 tr., f° 583. 596 et 633, — 484 tr., f° 133, — 501 orig., pièce 87, let, à d'Estrades, 26, 29 et 31 mars et 27 juillet 1676,

[79] Id., 472 min., 390 et 409, — 473 min., 33, — 482 tr., f° 581 et 593, 438 tr., f° 133, — 507 orig., pièces 102, 109 et 118, let. des 26 et 29 mars, 2 et 9 avril. En même temps l'intendant Charuel doit presser Jacquier Pour la fourniture du pain : Id., 473 min., 17, — 483 tr., f° 5, let. du 1er avril 1676.

[80] Id., 477 min., 24, — 484 tr., f° 218, — 501 orig., pièce 189, Le Tellier à Créqui, 3 août 1676.

[81] Il est d'abord question de faire passer à Philipsbourg, menacé d'enveloppement, un bataillon d'infanterie et 70.000 pistoles. Le peut-on ou y a-t-il danger ? tel est le thème des lettres de Le Tellier, Louvois et Rochefort. Finalement l'argent sera ramené à Nancy : A. N., Guerre A1, 473 min., 135, 138, 210 et 311, — 483 tr., f° 98, 99, 138 et 241, let. du 7 au 16 avril 1676.

[82] V. Rousset, II, 254 et sq.

[83] A. N., Guerre A1, 476 min., 111 et 308, — 484 tr., f° 40 et 134, 508 orig., pièce 196, let. des 15, 19 et 27 juillet 1676.

[84] Id., 473 min., 255 et 311, — 483 tr., fi 196 et 241, Le Tellier à Louvois, 13 avril, et à Luxembourg, 16 avril 1676 : Le Tellier se borne à dire que le roi l'informera plus tard sur la démolition des fortifications d'Haguenau.

[85] Id., 484 tr., f° 149, 508 orig., 243. let. du 28 juillet 1676.

[86] Id., 472 min., 425 et 432, — 473 min., 35 et 424, — 482 tr., f° 601 et 605, — 483 tr., 25 et 321, let. des 30 marsn 2 et 29 avril 1676.

[87] Pour le détail, v. Rousset, II, 274, note 1. — A. N., Guerre A1, 485 tr., note au début dans l'éclaircissement : 3 décembre 1676. M. de Louvois étant parti de la cour, M. Le Tellier resta auprès du roi. Le 9 décembre, Louvoie écrit de Saint-Germain à M. de Saint Ruhe : Id., f° 183.

[88] Sur ces négociations qui échouèrent le 19 février, v. Rec. Instr., Hollande, I, 348 et sq.

[89] A. N., Guerre A1, 351 tr., f° 227 et 237, Louvois à d'Estrades, 29 janvier et 1er février 1677 : — Cf. Id., f° 415, Louvois à Courtin, 15 février 1677.

[90] Id., 531 tr., Résumé historique au début.

[91] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 531 et 532 tr. Les étapes sont Paris (25 février), Doullens (26), Douai (27), cense d'Heurtebise (1er mars), Chauny (1er mars), devant Valenciennes (4), camp d'Aspres (21), devant Cambrai (23), Lille (1er avril), devant Cambrai (5), Douai (20), Thérouanne (22), Calais (23), Dunkerque (25), Saint-Omer (29), Béthune (2 mai), Lille (3). Tournai (6), Condé (8), Thuin (21), Valenciennes (22), Versailles (31).

[92] A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 53. Louvois à Courtin, 25 juillet 1677.

[93] Id., 531 tr., f° 560, let. du 18 mars 1677. — Cf. Id., f° 657, Louvois Carpatry, 28 mars 1677.

[94] Id., 531 tr., f° 641, let. du 26 mars 1677.

[95] B. N., f. fr., nouv. acq., 22.738, f° 132, let. de Le Tellier (appelé à tort chancelier), 4 avril 1677.

[96] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 533 tr., 549 et 550 orig. Les étapes sont : Versailles (7 août), Paris (8), Avesnes (9), camps près Val-court (10), près Gerpinnes (11), camp La Bussière (17), Valenciennes (20), Cambrai (23), Versailles (25). Sur les faits, v., en outre, A. N., Guerre A1, 559 et 563 orig., et Guerre A3, 96 tr., correspondance entre Le Tellier, Louvois, Luxembourg et Créqui, du 6 avril 1676 au 24 septembre 1677.

[97] A. N., Guerre A1, 533 tr., let. du 7 août 1677.

[98] Id., 533 tr., f° 144, — 549 orig., pièce 110, Louvois à Saint-Pouenges, 7 août 1677.

[99] Du 6 au 12 août, les mesures prises par Luxembourg, l'énergie du gouverneur Montal, l'insuffisance des précautions chez Guillaume d'Orange sont les causes de l'échec des ennemis. Louvois écrira le 16 août à Le Tellier : Je ne sais pas à quoi M. le prince d'Orange a employé ses pionniers, puisque la ligne que je vis hier en allant à Charleroi n'avait pas plus d'un pied et demi de profondeur sur les 15 ou 16 pieds de large : A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 234, — 550 orig., pièce 13.

[100] Id., 533 tr., p. 190, let. du 13 août 1677.

[101] Id., p. 213-214, let. du 15 août 1677.

[102] Id., p. 232, — 550 orig., pièce 13, let. du 16 août 1677.

[103] Id., 533 tr., p. 257-258, let. du 18 août 1677. La date de son retour le préoccupe beaucoup, parce qu'il n'a plus rien à faire aux Pays-Bas : v. ses lettres du 15 au 23 août, dans A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 225-226, 256-257, 273, 293, 298 et 311, — 549 orig., pièce 165. — 550 orig., pièces 42, 45, 80, 83 et 103.

[104] Louis XIV ne peut plus se passer de Louvois : v. ses lettres caractéristiques des 13 et 17 août 1677 : A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 189, 242 et 243. — 549 orig., pièces 144 et 145, — 550 orig., pièce 25.

[105] Id.,. 533 tr., p. 264, — 550 orig., pièce 44, à d'Estrades, 18 août 1677.

[106] Id., 533 tr., p. 200-203, let. du 4 août 1677.

[107] Id., 533 tr., p. 269-271, 306-307, 310-311, — 559 orig., pièces 200 et 209, let. des 18, 22 et 23 août 1677.

[108] Id., 533 tr., p. 151-152, — 549 orig., pièce 13, let. du 9 août 1677.

[109] Id., 533 tr., p. 229-231, — 550 orig., pièces 5 et 6, Le Tellier à Louvois, 16 août 1677 : J'ai reçu, cette nuit, par La Mouche votre lettre en date du 14 de ce mois, avec celle qui était pour le roi, auquel je l'ai envoyée incontinent par Carpatry, qui l'a donnée à Sa Majesté, étant dans son lit, et laquelle Elle a reçu avec beaucoup de joie, témoignant avoir bien de l'impatience de recevoir les lettres, que vous lui devez écrire par un second courrier pour avoir la confirmation de ce que vous lui mandiez. La Neuville est arrivé ensuite sur les 6 heures et demie du matin, et incontinent après je me suis rendu à Versailles et ai remis au roi, qui était encore au lit, votre seconde lettre du 14 que Sa Majesté attendait. Elle a fait réponse à l'une et à l'autre ce matin et vous la trouverez ci-jointe. Je ne vous dis point quelle a été la joie de Sa Majesté et celle de toute sa cour sur la levée du siège de Charleroi, parce que vous en jugerez vous-même par la connaissance que vous avez de la situation de la cour et des intérêts de Sa Majesté. La mienne est encore redoublée par celle que je prends en ce qui vous touche. Je suis entièrement à vous.

Dans une autre lettre du 13 août 16771 Le Tellier écrit : Le roi me vient d'envoyer sa lettre pour vous. Vous ne la trouverez point signée de Sa Majesté, parce qu'en me l'adressant, Elle m'a fait dire que, pour gagner du temps, il fallait, après l'avoir mise en chiffre, vous l'envoyer sans être signée, mais que je pouvais vous certifier que j'avais l'original écrit de sa main et c'est ce que je fais. A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 243-244. — 549 orig., pièce 143, — mal classée dans 550 orig., pièce 25 bis.

[110] A. N., Guerre A1, 550 orig., pièce 11, Carpatry à Louvois, 16 août 1677.

[111] Id., 533 tr., p. 269, — 550 orig.. pièce 38, let. du 18 août 1677.

[112] Id., 596 orig., note au début.

[113] Louis XIV, Œuv., III, 419.

[114] Bussy-Rabutin, Cor., 12 janvier 1678, IV, 10 : dans le supplément aux Mémoires, on lit le gros voleur de Louvois. — Cf. Spanheim, 338.

[115] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 534 tr. et 596 orig. Les étapes sont : Paris (13 février), Louvois (16), Vitry (16), Châlons (17), Bar-le-Duc (18), Louvois (19), Toul (22), Nancy (23), Reims (24), Notre-Dame-de-Liesse (25), Guise (26), Oudenarde (28), devant Gand (2 mars), camps d'Osen (13), de Lenelghem (14), devant Ypres (15), Gand (29), Oudenarde (30), Valenciennes (1er avril), Versailles (7).

[116] Mlle de Scudéry, dans Bussy-Rabutin, Cor., 7 février 1678, IV, 31.

[117] A. N., Guerre A1, 534 tr., 528, — 596 orig., pièce 82, let. du 1er mars 1678.

[118] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 621 min. Les principales étapes sont : Saint-Germain (6 juin), Brisach (11), Fribourg (12), Marsal (17), Thionville (19), Saint-Germain (vers le 25). Louvois accuse réception d'une lettre écrite par son père le 6, puis ne reçoit rien de lui : A. N., Guerre A1, 621 min., juin pièces 41 et 80.

[119] Id., 621 min., pièces 41, 44, 72 et 80, let. des 11, 12, 17 et 19 juin 1679. V. chapitre V, note 62, les impressions pessimistes de Condé en 1673,

[120] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 612 min. Les principales étapes sont : Versailles (9 mai), Lyon (13), Perpignan (16), Villefranche (22), Sainte-Colombe (25), Campan (27), Barèges (29) : Louvois rentre par l'ouest en évitant les grandes villes pour n'avoir pas de réception à subir ; il est à Fontainebleau vers le 16 juin. Il a accusé réception des lettres de son père des 13, 20 et 24 mai.

[121] Rousset, III, 514-518.

[122] Marquisat et seigneurie de Barbezieux, acquis définitivement par Le Tellier en juillet 1677 et vendus par lui à Louvois en juin 1685 ; voir le dernier chapitre sur la fortune du chancelier.

[123] Lettres ou parties de lettres omises par Rousset ; A. N., Guerre A1, 642 min., mai pièces 157, 177, 185, 203 et 232, let. des 18, 22, 25, 29 et 31 mai 1680.

[124] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 659 min. et 663 tr. Les étapes sont : Fontainebleau (23 septembre), Illkich (30). Strasbourg (1er octobre). Bitche (7), Strasbourg (10). Sélestat et Sainte-Marie-au-Mines (11), Saint-Dié (12), Strasbourg (24), Essey (30), Paris (début novembre). Louvois accuse réception des lettres et mémoires de son père des 3, 4 et 25 octobre.

[125] A. N., Guerre A1, 533 tr., p. 341 et 361-2. Louvois à Créqui, 30 août et 1er septembre 1677.

[126] V. ci-dessus.

[127] Pour connaître comment Louis XIV, qui voyage lentement avec la cour, apprit de Louvois les nouvelles, v. Sourches, Mém., I, 22-24, 31.

[128] A. N., Guerre A1, 659 min., octobre p. 15. — 663 tr., f° 74-5, let. du 3 octobre 1681.

[129] Id., 659 min., octobre p. BI, 663 tr., pièce 60, f° 96 v°, let. des 10 et 30 octobre 1681.

[130] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 678 et 679 min. Les étapes sont : Versailles (26 juin), Charlemont (28), Philippeville (29), Maubeuge (30), Valenciennes (1er juillet), Tournai (2), Menin (3), Versailles (8).

[131] A. N., Guerre A1, 678 min., p. 600, — 679 min., p. 4, let. des 28 juin et 1er juillet 1682.

[132] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 681 min. Les étapes sont : Versailles (1er septembre), Verdun (4), Longwy (5), Metz (7), Hombourg (10), Saverne (11), Strasbourg (13), Brisach (16), Paris (20). Après son retour, Louvois suit le roi à Chambord, puis à Fontainebleau : il accuse réception à son père de ses lettres des 1er, 4, 5, 6, 7, 8, 16, 17 et 19 octobre et 3 novembre 1682.

[133] A. N., Guerre A1, 681 min., p. 27, let. du 5 septembre 1682.

[134] Id., p. 44, let. du 11 septembre 1682.

[135] Id., p. 56-57, let. au roi et à Le Pelletier, 14 septembre 1682. Sur l'organisation des relais, v. Id., p. 59-60, let. aux intendants Charuel, Chauvelin et Rouillé, 14 septembre 1682.

[136] V. le dernier chapitre.

[137] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 693 et 694 min. Les étapes sont : Sens (28 mai), Joigny (29), Auxerre (30), Noyers (2 juin), Montbard (3), Chanteaux (4), Dijon (5), Bellegarde (8), Besançon (14), Huningue (19), Brisach. (20), Cernay (21), Belfort (21), Strasbourg (22), Molsheim (26), Strasbourg (29), Saverne (5 juillet), Sarrebourg (6), Metz (8), Verdun (12), Sainte-Menehould (13), Châlons (14), Vertus (16), Montmirail (17), La Ferté-sous-Jouarre (18), Lagny (19), Versailles (21). Louvois accuse réception des lettres de Le Tellier, datées des 30 mai, 6, 10 et 13 juin.

[138] A. N., Guerre A1, 693 min., p. 618, — 694 min., juin p. 52, 220, 241, 285, et 286, let. des 31 mai, 6, 17 et 24 juin 1683.

[139] Le Pelletier, Mém., 141 et, pour les références, note 4.

[140] Les indications sont dans A. N., Guerre A1, 712 à 714 min. Les étapes sont : Versailles (21 avril), Pont Sainte-Maxence (23), Mouchy (24), Roye (26), Péronne (27), Cambrai (28), Valenciennes (29), Condé (30), camp de Thuin (15 mai), Valenciennes (17), Cambrai (4 juin), Versailles (61. — De même, en octobre et en novembre, il est à Chambord, puis à Fontainebleau : de son père, il reçoit les lettres des 1er et 31 octobre, 2 novembre et autres.

[141] A. N., Guerre A1, 712 min., p. 486 et 535, let. des 26 et 28 avril 1684.

[142] Id., 712 min., p. 486 et 519, — 713 min., p. 24, 140, 260, 293, 296, — 714  min., p. 38, let. des 26 et 27 avril, 1er, 7, 13, 14, 15 mai et 2 juin 1684.

[143] Id., 717 min., p. 355, — 719 min., p. 99 et 235, let. à Junquières et à Le Tellier, 23 septembre, 3 et 7 novembre 1684. — Dès le 15 février, Louvois répond à Le Tellier à propos d'un conflit de juridiction à Lille : Id., 710 min., p. 288.

[144] Id., 712 min., p. 379, 19 avril 1684.

[145] Ajouter aux preuves données ci-devant : A. N., Guerre A1, le volume 636 comprend des documents allant de 1662 à 1679 : on y trouve des ordres de paiement signés de Louvois de 1665 à 1673, des lettres signées du marne de 1665 à 1679, un état des troupes en 1678 signé du même : on y trouve aussi, en ce qui concerne Le Tellier, des ordres de paiement en 1672, une lettre du roi contresignée par lui en 1675, des circulaires ou états signés de lui en 1677. — En outre, aux A. E., Mém. Doc., France, dans de nombreux volumes 922 et sq., sont des tables des expéditions de Le Tellier.