MICHEL LE TELLIER ET LOUVOIS

PREMIÈRE PARTIE. — LES HOMMES, LEURS RELATIONS

 

CHAPITRE III. — LES ANNÉES 1663-1664.

 

 

Le long et grave différend survenu entre les cours de France et de Rome à la suite de l'attentat commis par la garde corse contre le duc de Créqui et les siens, d'une part, et l'envoi d'un secours militaire à l'empereur Léopold Ier, vivement attaqué par les Turcs, d'autre part, permettront à Louvois de gravir quelques degrés et de faire apparaître sa personnalité à côté de celle de son père.

 

I. — Le conflit franco-pontifical, 1662-1664.

Ce n'est pas ici le lieu d'écrire l'histoire du violent incident qui se produisit à Rome, le 20 août 1662 : elle a été racontée bien souvent[1]. Il m'incombe au contraire de définir et de déterminer l'action particulière de Le Tellier et de Louvois, qui n'a pas été suffisamment mise en relief. Pour la première fois, nous rencontrons un Recueil des dépêches et expéditions qui ont été faites et reçues par M. Le Tellier et M. de Louvois au sujet des troupes qui furent envoyée en Italie en l'année 1663[2]. Le titre est caractéristique. En outre, dans les volumes des minutes, à partir de septembre 1663 ; la lettre L., toujours indicatrice, renseigne clairement sur les rôles respectifs du père et du fils. Le premier est engagé du début à la fin : le second, au moment seulement où sont prises les mesures militaires pour obliger le pape Alexandre VII à céder.

Le courrier, portant la lettre de Créqui, arrive le 29 août 1662. Un grand conseil est tenu, auquel, outre le roi, assistent Anne d'Autriche, Philippe d'Orléans, le chancelier Séguier, les maréchaux d'Estrées, de Gramont, Du Plessis-Praslain et Villeroi, Le Tellier et Lionne[3]. A l'issue de cette réunion, le secrétaire d'état de la guerre, sur l'ordre du roi, écrit sans retard à son collègue Brienne de se rendre immédiatement chez le nonce Piccolomini pour lui expliquer très particulièrement les intentions de Sa Majesté sur ce sujet, c'est-à-dire la violence qui a été exercée à Rome contre le duc de Créqui, sa femme et ses domestiques[4]. Il s'agissait d'inviter le représentant pontifical à quitter Paris pour se retirer à Meaux. Surpris, Piccolomini accourt à Saint-Germain-en-Laye, résidence de la cour. N'ayant pu obtenir de Lionne aucun adoucissement, il s'adressa le lendemain à Le Tellier et eut, avec lui, une longue entrevue (30 août 1662). Il s'est fort étendu, apprend à Brienne le secrétaire d'état de la guerre, sur le déplaisir qu'avait le pape de ce qui était nouvellement arrivé à Rome[5]. Mais le roi, mis au courant de cet entretien, m'a commandé de lui faire savoir... que Sa Majesté entend qu'il parte demain sans plus de retard pour se rendre à Meaux. Brienne, à Paris, devra observer s'il obéit et informer son fils pour en rendre compte au roi[6].

Louis XIV, en effet, avait vivement ressenti l'injure. Le 30 août étaient expédiées des lettres au pape et aux cardinaux : en septembre, les gouverneurs des provinces seront chargés de donner part au peuple de l'entreprise faite à Rome sur la personne de l'ambassadeur de France. Le souverain réclamait une réparation et ne cachait pas le mécontentement qu'il avait des aversions que Sa Sainteté a témoigné pour Sa Majesté[7]. Tout son entourage s'était mis à l'unisson. Le Tellier lui-même, oubliant qu'à cause. de son fils l'abbé[8] il avait à ménager la cour pontificale, n'hésitait pas, malgré son habituelle prudence, à informer Créqui, ce même jour : Je puis vous assurer que si l'on ne donne à Rome la satisfaction que Sa Majesté en doit attendre, Elle est dans la disposition de prendre sur cela de fortes résolutions[9].

Sans doute, mais il faut compter avec un nonce retors et obstiné, nullement influencé par le ton, quelque élevé qu'il soit, de la cour de France. Piccolomini a écrit à Le Tellier une lettre[10], d'après laquelle il semble être dans le dessein de différer son départ jusques à ce que sur cela il ait reçu les ordres du pape ou qu'il puisse faire voir à Sa Sainteté qu'il y ait été obligé[11]. Revenu à Saint-Germain-en-Laye le 31, il a, dans l'auberge où il s'est en quelque sorte caché, un entretien animé avec le ministre. D'après ses-dépêches, Le Tellier aurait été fort violent ; déclarant qu'un semblable attentat n'aurait pas été commis en Turquie, et réclamant une satisfaction extraordinaire à la nation française et à la chrétienté offensée[12]. Et l'ambassadeur de Venise, ayant tenté d'intervenir en faveur de son malheureux confrère, avait entendu le secrétaire d'état dire que le nonce ne devait pas faire naître de nouveaux désordres par sa résistance[13]. En tout cas, Brienne doit observer dès demain si le nonce est parti ou prêt à partir : s'il ne fait pas de démonstration certaine de s'en aller, le ministre doit lui réitérer les ordres royaux. Il lui fera connaître aussi que le souverain s'intéresse particulièrement à la santé du représentant pontifical et des siens : Il ne veut pas que, si la populace de Paris, animée du ressentiment de l'attentat... lui fasse ou à sa famille quelque insulte, l'on pût dans le monde imputer à Sa Majesté quelque défaut de précautions pour éviter ce malheur. Outre que, s'il arrivait quelque accident à M. le nonce, Sa Majesté ne croit pas qu'il convienne à son service de ne pas prévenir une comparai, son de ce qui se serait fait à Paris d'avec ce qui se serait passé à Rome. Si, malgré tout, le nonce résiste à ces puissantes considérations, le roi y pourvoira par son autorité. Le Tellier ajoute enfin que des ordres ont été donnés pour empêcher que la canaille ne fasse aucune insulte ni à la personne de M. le nonce, ni à aucun de ceux de sa famille, au cas qu'il fasse difficulté de s'en aller à Meaux[14]. Diplomatiquement parlant, on ne saurait mieux dire ni mieux faire prévoir ce qui avait été résolu.

Piccolomini partit en effet..., mais pour Saint-Denis. Voyant arriver l'officier Cazaux et 30 mousquetaires, il se réfugia à Gonesse dans le couvent des Dominicains ; le monastère est aussitôt cerné par les soldats, qui, dès lors, ne quittent plus le nonce, quand il sort. Proteste-t-il, on lui répond qu'il faut le garantir contre les outrages. Se plaint-il à Lionne et à Le Tellier, ils répondent n'être au courant de rien. Le 8 septembre cependant, Lionne a avec Piccolomini une entrevue, à propos de laquelle est tenu un conseil trois jours après. Au cours de cette réunion arrive le courrier de Rome : le duc de Créqui a quitté la ville, le pape se montre hostile à toute réparation éclatante. Après s'être entretenu en secret avec Lionne et Le Tellier, Louis XIV, irrité, ordonne le départ immédiat du nonce, qui sera reconduit à la frontière[15]. Du 13 septembre au 2 octobre, le carrosse du prélat fut précédé de 50 mousquetaires et suivi d'un même nombre de cavaliers, escorte commandée par Cazaux, qui se conforme strictement à la consigne du secrétaire d'état : Sa Majesté, lui écrira Le Tellier, a témoigné être bien satisfaite de la conduite que vous avez tenue envers M. le nonce et a fort approuvé que vous vous soyez expliqué avec lui, comme vous avez fait, des ordres que vous aviez reçus, afin de l'obliger à prendre la route qui avait été marquée pour sa sortie du royaume[16].

D'après l'ambassadeur vénitien Alvise Grimani, Le Tellier aurait été en réalité peu enclin à user de la force contre le nonce. Il aurait même fallu, l'exciter et le circonvenir, intéresser son amour-propre en rappelant que, s'il avait, il est vrai, un fils abbé à Rome, dont il souhaitait l'avancement, on n'en était pas moins certain qu'il était trop fidèle sujet pour ne pas faire tout au monde en vue d'obtenir la réparation due à Sa Majesté et à la France[17]. Cette assertion ne doit pas être retenue. Les lettres du secrétaire d'état à Brienne et à Créqui la démentent formellement. Encore le 16 septembre, Le Tellier mande à l'ambassadeur : Vous devez être persuadé que Sa Majesté ressent très vivement l'injure qui lui a été faite en votre personne et qu'Elle est fort touchée du peu de soin que le pape porte à lui en donner une satisfaction convenable[18]. Ainsi Le Tellier, comme Louis XIV, est toujours partisan d'obtenir de la papauté une réparation. Toutefois, entre ses deux lettres à Créqui, celles du 30 août et du 16 septembre, le ton n'est pas le même. La première missive est franchement belliqueuse : dans la seconde, l'expression est désabusée et, en tout cas, fort atténuée. Pourquoi cette différence ?

Après l'événement du 20 août, le gouvernement royal avait présenté d'énormes exigences pour mettre à la raison et humilier Alexandre VII, en réglant avec lui non seulement l'incident romain, mais toutes les questions en suspens depuis longtemps. Il se montrait fort surpris de la résistance du souverain pontife, ce fui l'embarrassait étrangement. Comment sortir de l'impasse, due à l'exagération des demandes, sans paraître réduit à une reculade ? Les ministres, dit-on, conseillèrent à Louis XIV de demander l'avis de l'évêque de Fréjus, Ondedei, tenu en très haute estime par Mazarin. Ce prélat les renvoya à Retz, qui, cardinal, connaissait mieux que lui la cour de Rome. Le Tellier appela donc Guy Joly, et le chargea d'engager son maître à donner satisfaction au roi. Retz fut d'avis d'occuper Avignon, non pas brutalement, par la force militaire, mais à la suite d'une procédure juridique prouvant que le pape n'avait aucun droit sur cette ville et le comtat Venaissin, de demander la venue en France du neveu d'Alexandre VII avec mission de présenter des excuses et d'exiger l'érection à Rome d'une pyramide expiatoire sur le lieu de l'attentat[19].

Il s'agissait, en somme, d'exercer au même temps, sur la cour de Rome, une double pression d'ordre juridique et d'ordre militaire.

Le Tellier avait déjà pensé à occuper Avignon, mais par la force. Encore sous 1.e coup de l'émotion indignée provoquée par l'agression des gardes corses, il avait envoyé, vers la fin de septembre, un exempt devant notifier au vice-légat, Lascaris, qu'il eût à faire sortir de la ville la garnison qu'il y entretenait : sinon le roi enverrait des troupes[20]. Il avait enjoint aussi, aux gouverneurs du Languedoc et de la Provence, prince de Conti et duc de Mercœur, et au premier président du parlement de Grenoble, qui commandait provisoirement en Dauphiné, d'arrêter le vice-légat, s'il prenait le parti d'aller à Rome[21]. D'autre part, le 3 octobre, instantanément ou travaillés en sous-main, les habitants de la cité pontificale se soulèvent et demandent à être placés sous l'autorité du roi de France. Le secrétaire d'état s'empresse de leur donner, à eux et à leurs consuls, l'assurance formelle que Sa Majesté ne souffrira point qu'il leur soit fait de violence de la part de Monseigneur le vice-légat pour les sentiments de l'affection qu'ils ont témoignée en cette occasion pour le service de Sa Majesté[22].

Par la lecture de l'avis rédigé par Retz, à ce Le Tellier belliqueux se substitua un Le Tellier procédurier. Comme le roi s'applique présentement à rentrer dans ses domaines engagés, afin d'avoir, par l'augmentation de son revenu, plus de moyen de soulager ses sujets, Louis XIV a résolu, dit-il, de reprendre les comtats d'Avignon et de Venisse (Venaissin) distraits du Comté de Provence par une princesse qui n'en avait pas les provisions[23]. Le procureur général du parlement d'Aix doit dong prendre une connaissance très exacte de ses droits, rechercher tout ce qui a été dit par les meilleurs auteurs sur ces sortes d'aliénations, consulter le livre de M. Dupuy[24]. Cela fait, il développera devant la cour provençale les réquisitions nécessaires pour obtenir commission afin de faire assigner M. le vice-légat[25]. Il continuera incessamment ses poursuites pour prendre tous défauts contre lui. Mais, avant de recommander une décision définitive ou extrême, il est tenu d'informer le gouvernement afin de recevoir les ordres du roi[26].

Donc, en novembre, le parlement d'Aix arrête que Lascaris doit produire devant lui les titres justifiant la possession du Saint-Siège. Des troubles éclatent à Avignon et dans le comtat, où des soldats, sous les ordres du duc de Villars, sont envoyés pour assurer le maintien de l'ordre. L'œuvre juridique se poursuit normalement : des réassignations seront données en décembre 1662 et en janvier 1663 au vice-légat, qui n'a prêté aucune attention à la demande formulée par la cour provençale : les défauts contre le pape sont déclarés bien obtenus[27]. Le Tellier, ex-procureur, tient essentiellement à l'observation de toutes les formalités ordinaires, en sorte que l'on ne puisse pas dire qu'il y en ait été omise aucune de celles que l'on a coutume de pratiquer en votre compagnie, et il le répète avec force[28]. Peut-être les magistrats aixois pourraient-ils craindre que le pape n'usât contre eux de la peine de l'excommunication. Le Tellier ne cherche pas à les rassurer, puisqu'il est bien aise de voir qu'ils n'appréhendent rien à cet égard. Et, pour les fortifier dans leur résolution, il leur expose avec vigueur et fermeté quel est sur ce point délicat l'opinion du gouvernement, la sienne : Les officiers du roi faisant leurs charges n'y sont point sujets. C'est une maxime qui ne peut recevoir de difficulté en France, moins encore dans les parlements dont les officiers, par la considération de leurs charges, se trouvent fortement engagés de soutenir les libertés de l'église gallicane[29].

Cependant, comme il s'agissait du chef religieux de la chrétienté, Le Tellier se refusait à ce que les conseillers provençaux prissent une allure trop rapide, d'autant plus que les négociations engagées entre les deux cours semblent alors susceptibles d'éviter une rupture. Aussi, se rangeant à une politique d'attente, ralentissait-il la procédure. Sa Majesté, écrivait-il au premier président d'Oppède, ne veut pas que l'on obtienne l'arrêt définitif qu'Elle ne vous ait auparavant envoyé ses ordres[30]. C'est seulement lorsque les conférences de Pont-de-Beauvoisin entre Créqui et l'abbé Rasponi ont échoué qu'il va délibérément à la solution radicale. Le 26 juillet 1663, l'arrêt de la cour d'Aix, confirmé par celui du parlement de Paris, proclame la réunion d'Avignon et du comtat Venaissin au domaine de la couronne[31]. Le Tellier délivre au comte de Mérinville, lieutenant général de Provence, une commission pour commander, au nom du roi, dans toute la région, pendant que le premier président d'Oppède aura dans ses attributions les affaires civiles[32]. Le vice-légat est expulsé de la ville manu militari et reconduit à la frontière[33].

A cette exécution violente Le Tellier s'était résolu seulement lorsque l'accord avec la papauté avait semblé être délibérément écarté. Il suivit la même tactique d'expectative, déterminée par son espérance tenace en la paix, à propos de la pression militaire qu'il lui incomba d'exercer. Elle sera d'abord exclusivement formelle, et ne deviendra véritable et effective qu'après un long temps.

Au mois d'octobre 1662, s'étonnant du peu d'empressement mis par le pape à accorder une satisfaction au roi, il disait discrètement au cardinal d'Este : Lorsque les affaires seront engagées plus avant, ce qui pourrait présentement contenter Sa Majesté n'en sera plus capable par la suite[34], menace anodine encore puisqu'elle n'était appuyée par aucun envoi de troupes en Italie. Elle semble s'accentuer vers le milieu du mois de novembre 1662, quand, à la cour dé France, on ne cesse de parler de préparatifs militaires. Mais, si Louis XIV les expose avec plaisir et ampleur au duc de Créqui, il s'empresse d'ajouter, que, pour l'instant, il s'agit uniquement d'étourdir davantage les parents du pape et de prendre des mesures pour que 6.000 cavaliers et 12.000 fantassins franchissent les Alpes au mois de mars prochain[35]. Plus modéré et plus prudent, Le Tellier s'attache, lui, à être moins précis : Sa Majesté ne songe plus présentement qu'à former une armée et à faire préparer toutes les choses nécessaires pour la faire marcher en Italie le plus diligemment qu'il sera possible si les conseillers du pape la laissent déjà passer delà les monts, les réparations demandées seront différentes de celles du début[36]. Et, en effet, en cette fin d'année, tout retentit de plus en plus du bruit des armes. Le secrétaire d'état charge l'intendant du Lyonnais, Sarron-Champigny, et le premier président du parlement dauphinois, La Berchère, de réunir dès maintenant les vivres nécessaires dans les étapes[37]. Il écrit à de nombreux intendants pour diriger les troupes vers le Dauphiné et la Provence et, le 12 décembre, constate que la moitié de cette cavalerie a reçu les ordres à cet effet[38]. Son cousin, d'Aubeville[39], est envoyé à Parme et à Modène pour négocier avec les ducs l'occupation éventuelle et temporaire de leurs états par les troupes de France.

On garde cependant l'impression que toutes ces mesures sont prises seulement pour amener le pape à résipiscence sans être obligé d'aller jusqu'au bout. Le 17 février 1663 encore, Le Tellier mande à l'évêque de Béziers, Pierre de Bonsi, représentant de la France à Venise : Il est sans doute que le roi se trouvera obligé d'avoir recours à la voix des armes pour faire réparer l'injure que Sa Majesté a reçue à Rome, puisque, depuis l'arrivée en France de M. le cardinal d'Este et de M. le duc de Créqui, toutes les négociations sont rompues, en sorte qu'il y a peu d'apparence que l'on se porte à un accommodement[40]. C'est toujours le futur qu'emploie le secrétaire d'état de la guerre, c'est toujours d'accord qu'il parle. Aussi, de-même que les magistrats provençaux ne sont pas autorisés à prendre une initiative quelconque, de même des soldats français ne passeront pas encore en Italie.

A ce retard, il est plusieurs raisons. D'une part, les ambassadeurs de Venise et d'Espagne, Grimani et Iturietta, désireux d'éviter un conflit armé entre la France et la papauté, sont entrés en contact avec Lionne et Le Tellier, dont l'attitude est complètement décrite dans les dépêches du premier de ces diplomates[41]. Les ministres français, pour aboutir à la reprise des pourparlers, n'hésitèrent pas à leur confier qu'une entente était intervenue entre Louis XIV et les ducs de Parme et de Modène, ce qui était inexact[42]. S'adressant à Grimani avec une rudesse d'expression inaccoutumée sur les lèvres de ce ministre, Le Tellier l'oblige, ainsi que le représentant espagnol, à lui remettre un document signé d'eux et portant que, si le roi consentait à la reprise des négociations, le pape se montrerait accommodant sur plusieurs des questions en litige[43].

D'autre part, à Parme et à Modène, les efforts de d'Aubeville pour obtenir le libre passage des troupes françaises, et, surtout, leur installation pendant le quartier d'hiver, n'avançaient guère. Les deux ducs se refusaient à laisser pénétrer chez eux des étrangers, qui pourraient causer la ruine de leurs peuples, et ils ne céderont définitivement qu'au mois d'octobre. Est-ce pour les décider, par la crainte, que Le Tellier annonça, le 19 mars 1663, à son parent l'envoi en Italie de 16.000 fantassins et de 8.000 cavaliers, ainsi que la résolution du roi d'obtenir par la force des armés les satisfactions qui lui ont été refusées par la voie de la douceur[44] ? Il ne faut pas attacher une importance excessive à cette déclaration ministérielle : les troupes ne partiront pas, puisque Créqui et l'abbé Rasponi vont se rencontrer et discuter à Lyon, puis à Pont-de-Beauvoisin.

Les instructions, destinées au plénipotentiaire français, furent, peut-on dire, élaborées de concert entre Lionne et Le Tellier. Au premier projet qui lui fut soumis, le secrétaire d'état de la guerre répondit par un mémoire très étudié[45]. Il recommande à son collègue, dont il approuve dans l'ensemble les idées, d'insister sur la promesse signée par Grimani et Iturietta et de poser comme un principe indiscutable que le pape est engagé de donner satisfaction au roi sur Castro et Comacchio[46]. Il conseille aussi de maintenir avec énergie les droits du souverain de France, quitte au dernier moment de consentir des concessions. Mais celles-ci, Créqui ne doit pas les connaître à l'avance, les ambassadeurs se relâchant volontiers à condescendre aux choses qui leur sont permises pour faciliter le succès de leurs. négociations. De la lecture des instructions remises à Créqui le 22 avril, il ressort de toute évidence que Lionne avait tenu un grand compte des suggestions de Le Tellier.

Contrairement au désir de celui-ci, Créqui et Rasponi, en mai, ne parviennent pas à s'entendre. Il ne resterait donc plus que la guerre. Et cependant le gouvernement royal ne se hâte pas de passer à l'action. En juin est tenu un conseil composé des trois ministres et de Turenne : le maréchal s'étant montré résolument contraire à toute guerre contre le pape, l'hésitation persiste[47]. En juillet, le nouvel ambassadeur de Venise, Sagredo, s'efforce, avec une constance méritoire, quoique d'une façon un peu désordonnée, pour arriver à une détente. Dans ses multiples entretiens avec Le Tellier, celui-ci, rapporte-t-il, se montre très dur, se plaint du pape, qui mettait le roi dans la nécessité de poursuivre la réparation des violences commises contre un ambassadeur et contre le droit des gens. Louis XIV allait donc prendre des résolutions extrêmes, avec tout le regret du monde, mais obligé d'employer ses armes à sa propre défense et indemnité[48].

En septembre 1663, enfin, les troupes sont mises en mouvement en France. Elles comprennent seulement 15 à 1600 fantassins, qui seront transportés par mer de Toulon à Gènes, et environ 1.200 cavaliers, qui, partant du Dauphiné, traverseront le Piémont. Le commandant est le lieutenant général, marquis de Bellefonds, l'intendant un cousin de Le Tellier, Louis Robert, les commissaires pour l'infanterie La Bussière et La Tournelle, et pour la cavalerie Le Vacher. Le duc de Savoie se montrant d'abord peu disposé et accorder le passage, Robert doit négocier âprement avec lui, et finit par l'emporter[49]. Par suite de ces lenteurs, les troupes arrivent à Parme seulement en novembre, à Modène vers le 15 décembre, à Mantoue à la mi-janvier 1664[50]. En réalité, il s'agit simplement de l'avant-garde d'une future armée de 30.000 hommes, destinée à n'agir que plus tard. Dans l'instruction dressée pour Bellefonds, Le Tellier dit en effet : Pendant le séjour qu'il fera à Parme, il s'informera soigneusement et secrètement de la situation des états ecclésiastiques, de la qualité des chemins pour y aborder et de l'endroit par lequel ils peuvent plus facilement et plus avantageusement être attaqués, sans qu'il soit obligé de faire entrer les armes de Sa Majesté dans les états de M. le grand duc de Toscane[51]. Colbert à son tour fournit d'autres précisions : Enfin, Sa Majesté s'est résolue de faire passer des troupes en Italie pour se mettre en état de les faire agir au mois d'avril de l'année suivante[52].

C'est pendant le séjour de ces soldats dans la Haute-Italie qu'apparait l'action personnelle de Louvois. Tandis que jusqu'à la fin d'octobre 1663 sa correspondance conserve le même caractère qu'auparavant[53], pendant les mois suivants elle s'étend aux chefs militaires et civils, qui ont passé les Alpes et vivent en territoire étranger. Ses lettres[54] à Bellefonds et La Feuillade, à Robert et aux commissaires sont nombreuses et portent sur les questions nouvelles dues à la situation particulière et exceptionnelle dans laquelle se trouvent les troupes. A leur tour, ces chefs écrivent à la fois au père et au fils : La Feuillade, par exemple, s'adresse à M. Le Tellier, premier ministre d'état et à M. le marquis de Louvoy, secrétaire d'état[55]. Louvois, d'ailleurs, leur recommande de ne plus lui envoyer la copie de leurs lettres, parce que son père lui communique toutes celles qu'il reçoit. Cette correspondance se poursuit jusqu'à la fin du conflit avec la papauté et le retour d'une partie des soldats en France, au mois d'avril 1664[56]. Elle porte, non seulement sur les affaires d'ordre technique et administratif, finances, vivres, hôpital, revues, discipline, mais aussi sur l'hostilité périlleuse, manifestée dès le début par les Italiens contre les Français et se traduisant par des attentats commis contre les soldats et les chefs pendant toute la durée de l'occupation[57]. Au cours de ces quelques mois, Louvois se montre différent de ce qu'il était les années précédentes il acquiert de l'initiative, il devient le collaborateur de son père qu'il aide à accomplir un labeur écrasant.

Car les négociations devant recommencer entre les abbés Rasponi et Bourlemont, il incombe à Le Tellier de renouveler la tactique déjà suivie, d'exercer la pression militaire habituelle. Aussi annonce-t-il à Bellefonds la décision du roi de lever une armée composée de 329 compagnies d'infanterie, y compris 10 compagnies des gardes françaises et 8 des gardes suisses, et de 150 cornettes de cavalerie. L'on se persuade ici que vous ne trouverez point d'armée dans l'état ecclésiastique qui ose s'opposer à celle du roi, quand elle s'y fera voir, c'est-à-dire au début de mars 1664[58]. A la fin de janvier, les chefs sont désignés, le maréchal Du Plessis-Praslain, sous lui le duc de Créqui et, en troisième lieu, Fourilles : l'intendant sera Honoré Courtin[59]. Mais le secrétaire d'état faisait connaître réellement sa vraie pensée à l'ambassadeur de France en Piémont, Servien : Quoiqu'il y ait bien de l'apparence que les différends se trouveront apaisés et que Sa Majesté ne sera pas obligée de tirer par les armes la raison de l'injure qu'il lui a été faite en la personne de son ambassadeur, néanmoins la prudence ne veut pas que l'on se relâche en aucune des choses qui avaient été projetées pour la guerre[60]. Une semaine plus tard, le 15 février, il espère non seulement que l'on parviendra à un accord, mais que le pape donnera une satisfaction si entière à Sa Majesté qu'elle rendra tous ses préparatifs inutiles[61].

Lorsqu'il rédigeait cette lettre, il ignorait encore la signature, trois jours avant, du traité de Pise[62]. Dès qu'il en fut informé, il envoya sans tarder à Bellefonds des instructions sur ce qu'il avait à faire à l'égard de la réformation et du départ des troupes étant en Italie[63]. Le commencement de l'évacuation eut lieu le 1er avril et la fin le 26 : Bellefonds et Robert tinrent soigneusement au courant Le Tellier et Louvois[64].

Si, pour le fils, l'affaire des Corses était terminée, elle réserva au père une dernière préoccupation, ou plutôt un dernier désagrément. La venue en France du légat, Flavio Chigi, neveu d'Alexandre VII, allait soulever un de ces conflits d'étiquette, si importants dans la France du XVIIe siècle pour la défense de prétendus droits, c'est-à-dire de privilèges particuliers. Si Le Tellier approuve la manière dont le légat a été reçu à Valence par l'évêque et par le gouverneur du Dauphiné[65], il prévoit qu'à Paris des difficultés pourront surgir. Sans doute estime-t-il qu'une question d'étiquette n'est de rien du tout[66]. Néanmoins il s'est prémuni et, dès le 31 mai, remercie l'un de ses correspondants, dont il a reçu la relation des cérémonies faites à feu M. le cardinal Barberin lorsqu'en 1625 il vint en France en qualité de légat et de toutes les choses qui s'y passèrent... j'en profiterai pour le service du roi[67]. Et, en effet, l'incident se produit. Les conseillers du parlement de Paris exigent que le représentant pontifical se lève deux fois, au lieu d'une, au cours de la visite qu'il doit leur rendre. Le président Le Coigneux est à la tête des irréductibles et le bruit qu'il a fait jusques ici incitait le premier président Lamoignon à se montrer ferme. Ne parvenant pas à vaincre sa résistance, Le Tellier, dans une longue lettre à Lionne, suggéra un expédient si le légat, ou par opiniâtreté ou par appréhension d'être blâmé à Rome, refuse d'accéder aux prétentions des parlementaires, le roi, pour qu'il ne parte pas mécontent, pourrait le laisser libre d'agir à sa guise, et, ainsi, quand le parlement se plaindrait, la chose serait faite et le maltaient retomberait sur le légat qui ne s'en soucierait pas beaucoup[68]. Louis XIV intervint : il interdit à Le Tellier de tenter encore de la persuasion auprès de Lamoignon, auquel il devra dire que c'est maintenant le martre qui ordonne : les magistrats se soumirent.

Ayant été à la peine, Le Tellier fut à l'honneur le jour de l'audience solennelle accordée par le roi au légat, à Fontainebleau. Avec Lionne et Colbert, il se trouvait derrière Sa Majesté, et, la cérémonie terminée, il partit pour Paris, afin d'assister, dit Louvois, à un acte que mon frère doit faire demain en Sorbonne[69]. Cette fois, c'était bien fini : l'humiliation de la papauté avait été obtenue sans expédition militaire : en échange le Saint-Siège était remis en possession de la ville d'Avignon et du comtat Venaissin[70]. Le légat fut retenu quelques jours à Fontainebleau pour lui donner le temps de voir un bal chez la reine-mère, où les dames étaient parées, qui s'est fait par le roi et les personnes les plus considérables de la cour, et une course de têtes. Il lui restait à faire son entrée solennelle à Paris et, ensuite, à reprendre le chemin de l'Italie[71].

 

II. — Le Secours à l'empereur, 1664-1665.

Quand le 8 août 1664, Louvois renseignait le comte de Coligny, il y avait déjà une semaine que ce général et ses troupes avaient pris la part la plus active et la plus brillante à la bataille de Saint-Gothardt, défaite décisive des Turcs.

Depuis longtemps à la cour de France, on avait envisagé de seconder l'empereur Léopold jr pour combattre les envahisseurs ottomans[72]. Le 8 août 1663 déjà Le Tellier écrivait que les préparatifs du Turc ont fait résoudre le roi à assembler des troupes sur les frontières d'Allemagne et à les joindre à celles que les princes du Rhin, ses alliés, doivent mettre sur pied[73]. Peu après, Louvois précise que Louis XIV a décidé d'envoyer au secours de l'empereur 4.000 hommes de pied et 2.000 chevaux[74]. Mais c'est seulement après la conclusion du conflit avec le Saint-Siège que les mouvements militaires commencèrent. Dès le 22 février 1664, les troupes destinées pour l'Allemagne avancèrent vers l'est, sur la frontière de Champagne[75].

Quelle fut pendant cette campagne de Hongrie l'action particulière de Le Tellier et de Louvois ? La lecture des minutes de l'année 1664 montre déjà clairement que le labeur du fils se développe. Pendant les premiers mois, il s'agit toujours et à peu près exclusivement d'administration militaire. Mais précisément à partir de mai-juin, du commencement de l'expédition en Allemagne, à cette correspondance habituelle s'ajoutent de plus en plus des lettres à de hauts personnages. Comme dans l'affaire des Corses, Louvois s'entretient avec les chefs militaires et civils. Sans doute ne résout-il pas les graves différends qui surgissent entre les deux éléments : cette tache délicate est réservée à son père. Cependant, s'il se réfère fréquemment aux lettres de Le Tellier, celui-ci, à son tour, s'en remet aussi souvent à celles de son fils[76]. Cette collaboration intime n'est-elle pas d'ailleurs constatée et prouvée par le titre nouveau donné à deux recueils, l'un des lettres écrites par Messieurs Le Tellier et de Louvois, l'autre des lettres écrites à Messieurs Le Tellier et de Louvois, sur le secours de troupes envoyé par le roi à l'empereur contre les Turcs en l'année 1664[77] ?

Cette fois, il s'agissait d'effectifs un peu plus élevés que dans le conflit franco-romain, mais bien faibles encore, 6.000 hommes. Le commandement en fut donné à un ancien frondeur, mécontent de Condé, le comte de Coligny, qui fut muni d'une instruction fort détaillée[78]. Louvois prévenait immédiatement Choisy, intendant à Metz, au sujet du logement et de la nourriture des troupes, qui doivent se rendre à Saint-Avold, où elles séjourneront jusqu'à leur départ définitif pour l'Allemagne[79].

Les relations entre Coligny, Le Tellier et Louvois, furent tout d'abord excellentes. Le général envoie des rapports enthousiastes sur le très bon état des soldats au moment du passage du Rhin à Spire[80], et il en arrive même jusqu'à une adulation vraiment excessive[81]. Le secrétaire d'état, lui, reste froid, insensible aux éloges ; il se borne à examiner les propositions du chef militaire, et les accepte si elles lui paraissent utiles, comme la création d'un major de brigade[82]. Avec Louvois les relations présentent le même caractère ; mais, cette fois, c'est un échange de bons procédés des deux côtés. Après s'être excusé de n'avoir pas répondu plus tôt aux lettres de Coligny, Je sais très bien, écrit Louvois, qu'il y a longtemps que vous avez de l'amitié pour M. Le Tellier et qu'il estime particulièrement votre personne et votre mérite. Aussi vous suppliai-je très humblement de croire que non seulement par imitation, mais encore par une inclination toute singulière, je vous honore beaucoup[83]. A ces avances, le général répond par une lettre qui mérite de retenir l'attention (31 mai) : A l'avenir, j'aurai l'honneur de vous écrire ce qui se passera en ces quartiers. Vous ne serez pas lâché de soulager d'autant M. Le Tellier des peines que je lui donne à lire mes lettres. Je vous suis extrêmement obligé de la grâce que vous me faites[84].

L'intendant de ce corps d'armée fut Louis Robert, qui, d'après son instruction, devait accompagner les compagnies de cavalerie, ayant séjourné en Italie, jusqu'à Marburg dans la Styrie autrichienne, où s'effectuerait leur jonction avec les soldats conduits par Coligny[85]. Il doit sa nomination en grande partie à son cousin Louvois, son cadet de cinq ans seulement, qui a eu la pensée de le faire employer dans le corps de troupes que Sa Majesté envoie au secours de l'Empire. J'ai déjà fait quelques avances pour cela et vous devez croire que, s'il y a lieu de vous servir, je le ferai très assurément. Puis, la nomination faite, il regrettera d'avoir été si embarrassé à faire faire toutes les lettres et instructions... qu'il ne me fut pas possible de vous écrire un seul mot pour me réjouir avec vous[86]. Dès lors s'engage entre Robert et ses deux chefs indistinctement[87] une correspondance très suivie et très instructive.

En attendant les relations avec Coligny restent sans nuages. Le Tellier le félicite d'avoir recommandé aux volontaires de ne pas se moquer des Allemands : L'on n'est point à blâmer pour ne pas savoir parfaitement notre langue ni pour ne pas suivre la façon de nos habillements[88]. Il l'engage vivement à envoyer des informations fréquentes et détaillées et en toute confiance, puisque Sa Majesté observe cette maxime de lire en son particulier vos lettres pour voir s'il n'y a point quelque chose qui doive être tenu secret[89]. Louvois, de son côté, lui fait connaître les sentiments de Sa Majesté sur sa conduite : Je puis vous dire en mon particulier qu'Elle me parait en être très satisfaite[90]. Et, lorsque parvient à Vincennes la nouvelle de la victoire remportée sur les Turcs et due pour la plus grande part à l'impétuosité des Français, ce sont des félicitations, d'ailleurs bien méritées[91].

Cependant, l'union, déjà imparfaite entre les chefs dans le corps d'armée, allait disparaître précisément après ce grand succès, ayant été atteinte dès la jonction des deux parties du secours militaire[92].

Ni Le Tellier, ni Louvois ne pouvaient et ne voulaient avoir une seule source d'informations : ils désiraient contrôler les renseignements reçus de plusieurs et démêler ainsi la vérité. Aussi Louvois, dès le mois de juin, avait-il demandé au commissaire des guerres Desmadrys de l'informer de tout ce qui se passera parmi les troupes de Coligny, et, à la fin de septembre, il enverra en Autriche un autre informateur civil, Deslandes[93]. Il se trouve aussi des militaires, sans mandat formel, mais atteints d'une jalousie ombrageuse, pour contredire les renseignements envoyés par le général en chef. Celui-ci mande-t-il que la revue du 6 septembre est exacte et que les commissaires des guerres ont eu toute liberté d'exercer leur charge à leur fantaisie, le brouillon La Feuillade réplique aussitôt : Je vous écris celle-ci pour vous rendre compte, en trois paroles, de la revue, non comme à M. de Louvois, secrétaire d'état, mais comme 'à une personne de qui je suis serviteur et à qui je peux dire la vérité. D'après lui, il y a eu beaucoup de passevolants et de valets déguisés : seul, l'intendant Robert fait son devoir[94]. En novembre, le même officier proteste contre la route donnée par l'empereur pour le retour des Français à travers ses pays héréditaires cette fois, Louvois accueille froidement cette réclamation[95]. Il remercie, au contraire, un autre militaire, Gassion, qui écrit au père et au fils à propos, semble-t-il, des désordres commis par les soldats, contrairement à ce qu'affirmait son chef[96].

La mésentente s'aggrave beaucoup plus avec l'élément civil. Coligny appartient à la génération qui a participé à la Fronde avec ardeur, comme les Turenne, les Condé, pour défendre les privilèges de la noblesse[97], relatifs en particulier à la carrière des armes : les grades doivent être exclusivement réservés à cette féodalité militaire qui persiste jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Cet état d'esprit entraîne un mépris absolu pour les civils, qui s'introduisent dans les armées, font des progrès, surveillent, contrôlent et en arrivent même à contredire l'action des commandants. Commissaires des guerres et intendants deviennent ,peut-on dire, la bête noire des hauts officiers, dont le désir d'indépendance et, par suite, d'insubordination rie peut s'accorder avec celui de soumission passive aux ordres royaux.

Coligny eut donc maille à partir avec les commissaires des guerres, non sans avoir à leur égard des appréciations contradictoires. S'ils font bien crier après eux, quand ils passent des revues, dans celles-ci néanmoins il y a bien de l'abus... Mais c'est un mal bien invétéré dans l'infanterie, et les commissaires même y sont attrapés, tant les officiers sont ingénieux à déguiser les valets et passevolants[98]. S'ils sont tous très gens d'honneur, leur humeur est fort variable : Pourvu qu'on leur fasse de grandes soumissions, il n'y a rien qu'on n'obtienne d'eux : La Bussière, par exemple, aime grandement être respecté. Tous prétendent établir eux-mêmes les officiers en leurs charges : Ils sont si fiers que la terre n'est pas capable de les porter[99]. Quelle devait être l'impression de Le Tellier et de Louvois en constatant que le général semblait vouloir s'opposer à la répression des abus et ne comprenait pas le désir des civils d'être considérés, alors qu'ils accomplissent leur devoir ? Aussi, sous la forme d'une politesse habile, Le Tellier donne-t-il, à cet égard, une réelle leçon au féodal attardé : Ce n'est pas sans raison que les commissaires des guerres prétendent que nul officier ne peut être établi dans sa charge que par eux... Cela est si vrai, que, quand Sa Majesté donne une charge dans le régiment des gardes françaises et qu'Elle veut faire recevoir en sa présence l'officier qu'Elle a gratifié, le commissaire l'établit et fait sa fonction, couvert devant le roi[100].

Avec l'intendant, les froissements furent plus sérieux. Lorsque Coligny vit arriver ce jeune homme, âgé de 28 ans seulement, il dut le regarder avec une indifférence étonnée et le laissa délibérément à l'écart. Se faisant de sa fonction une haute idée et se tenant pour le représentant civil du roi, égal au représentant militaire, Robert fut profondément froissé de l'attitude dédaigneuse du général. Le 27 août, il, adressa à Louvois et surtout à Le Tellier une très longue lettre pour exposer ses griefs : Coligny ne lui fait part de rien, il use du secret pour la plupart des choses dont il ne me parle qu'à son corps défendant, et moi, de peur d'aigrir les choses, je ne fais semblant de rien et me mêle de fort peu d'affaires[101]. Dans sa réponse, Louvois se contente d'un conseil vague, et peu compromettant, celui de bien vivre avec le général, de n'avoir aucune contestation avec lui et de se conformer à son sens[102]. Mais il appartient à Le Tellier de rappeler à Robert le caractère réel de ses fonctions, et il rédige en véritable chef une longue et sévère réprimande. L'intendant doit, sans doute, dit-il, représenter à Coligny clans le pays où sont les troupes l'impossibilité de leur fournir du pain. Si le commandant n'écoute pas cet avis, M. Robert n'a plus à insister ni se mêler de parler durement à M. de Montecuculli ni aux officiers de l'empereur pour s'assurer du pain de munition. D'ailleurs, étonné de cette attitude de l'intendant, Coligny n'a pas eu tort de soupçonner qu'étant ami de M. de La Feuillade il voulût lui mettre à dos le dépérissement des troupes, s'il arrivait dans cette marche. Robert ne doit rien payer sans être d'accord avec le général, l'autorité d'ordonner résidant en la personne de M. de Coligny. Il est seulement loisible à l'intendant de lui demander de signer l'ordonnance, afin que, si la mémoire venait à lui manquer par la distraction de l'application qu'il doit avoir à faire agir les troupes, on ne puisse jamais être en difficulté avec lui et il le prie, en terminant, de lui adresser des états de dépenses, afin que je puisse garder l'ordre qui est nécessaire dans ma charge[103]. A cette remarquable leçon de choses, Louvois ne trouva rien à ajouter, la dépêche de son père expliquant particulièrement la conduite que vous avez à tenir[104].

Il est curieux de remarquer qu'au moment où le secrétaire d'état rédigeait sa mercuriale, Coligny faisait l'éloge de Robert, par exemple, au sujet de l'établissement d'un hôpital à Presbourg[105]. Avait-il été frappé des indéniables qualités d'organisateur de l'intendant ? En tout cas, il le dépeint se promenant parmi les six cents malades et les ressuscitant autant qu'il peut, si non par sa science, au moins par ses soins comme un autre Esculape... Il a fait tout ce que l'imagination peut produire[106]. Ou bien s'est-il vraiment rendu compte des graves conséquences que pouvait entraîner l'opposition entre ses conceptions et celles du chef civil ? En tout cas, pour lui, ce ne serait que de petites froideurs : elles ne paraissent qu'entre nous, du moins de mon côté, et je ne fais pas semblant de voir beaucoup de choses que la légèreté et gaillardise d'esprit fait plutôt faire que la malice : le service n'en souffrira pas[107]. Un peu plus tard, on ne lit pas sans quelque étonnement cette affirmation : Nous nous entendons fort bien en toutes choses, mais particulièrement dans la conservation de l'argent du roi[108].

En face de cette attitude, qui, peut-être, voulait paraître dédaigneuse, Robert en avait adopté une autre toute différente. Il s'était plaint avec virulence des reproches, adressés à lui par ses parents. Le Tellier, suivant son habitude, s'empressa, une fois le coup porté, d'amortir le choc. A son avis, ses intentions ont été mal comprises et mal interprétées par l'intendant ; il lui a présenté quelques observations sur sa conduite dans le seul but louable de l'instruire et de l'empêcher de tomber dans ces inconvénients-là... N'ayez aucune peine de tout ce que je vous ai écrit, je ne l'ai fait que par amitié et pour votre bien, et profitez-en. A son retour, Coligny ne pourra que rendre témoignage au roi de votre prudente conduite et de l'utilité de vos services, afin que la bonne odeur qu'il répandra de vous facilite les moyens de vous procurer des emplois lorsque les occasions s'en présenteront[109]. En fidèle écho, Louvois gronde Robert d'avoir pris l'alarme trop chaude, puisqu'on ne désapprouvait pas sa façon d'agir, mais qu'on prenait seulement une précaution pour l'avenir[110]. Une semaine plus tard, le 31 octobre, il accusait réception d'un mémoire de l'intendant, comprenant 20 ou 25 feuillets, exposant tout ce qui s'était passé durant la campagne : J'en tirerai toute l'utilité que je dois. Cependant je l'ai jeté au feu après l'avoir lu avec grand plaisir[111]. Il réconfortait son cousin en l'assurant que l'on était satisfait de la façon dont il s'était acquitté de son emploi. Réaliste, il lui conseillait de passer par-dessus le scrupule que vous pouvez avoir du tort qu'a reçu la charge d'intendant en votre personne : il vaut mieux n'omettre aucune complaisance ni honnêteté dans le peu de temps qui vous reste à demeurer avec Coligny, et celui-ci ne pourra que lui rendre de bons offices[112].

Par ces suggestions pratiques se termine la correspondance entre les deux cousins. Le résultat fut le suivant. Coligny eut beau ramener un bon corps de troupes et de braves gens, s'il y en a au monde... le troupeau gras, gaillard et triomphant[113]. Quand, de retour en janvier 1665, il rendit visite au secrétaire d'état de la guerre, Le Tellier lui manifesta son mécontentement à cause de ses démêlés avec Robert je fus confirmé, conclut le chef militaire, dans l'opinion que j'avais conçue, que, quand on n'est pas créature et très humble valet des ministres, c'est temps perdu de s'attacher au service des rois[114]. Désormais, il ne sera plus employé : Robert, au contraire, poursuivra une brillante carrière.

Dans l'affaire corse, qui a soulevé des problèmes diplomatiques, juridiques, militaires, etc., Le Tellier a donc tenu la première place, tout en laissant à son fils une large part de l'administration de la guerre et les mouvements des troupes. L'affaire du secours à l'empereur, elle, est une affaire d'ordre exclusivement militaire : elle facilite ainsi l'achèvement de l'éducation technique de Louvois. Et de fait, si le fils laisse au père la solution des incidents désagréables, il collabore activement avec lui. Il n'est plus un apprenti, il est maintenant au courant des multiples détails administratifs. Est-il étonnant que Le Tellier ait demandé au roi de prendre, à l'égard de Louvois, une mesure à la fois généreuse et utile, à la fin de l'année 1664 ?

 

III. — L'ascension de Louvois.

Pour marquer les étapes de cette évolution, franchies de la fin de 1663 à la fin de 1664, le jeune ministre lui-même livre les renseignements nécessaires[115]. Le 30 septembre 1663, il donne à Robert un avis précieux pour l'historien : Comme je vois tout ce que vous écrivez à M. Le Tellier, il suffira désormais que vous m'adressiez seulement, avec celles (les lettres) qui sont pour moi, les copies de celles qui sont pour lui. Mais, à l'égard des papiers qui les accompagneront, je n'en aurai pas besoin, et vous pourrez vous exempter de la peine de me les envoyer. Docile, l'intendant répond le 24 décembre : Puisque vous me l'ordonnez comme cela, je commence à n'adresser qu'à Monseigneur Le Tellier la copie du marché fait pour les étapes du Modénois. La paperasserie est encore trop considérable au. gré de Louvois, qui réplique le 4 janvier 1664 : Il n'est plus nécessaire que vous preniez la peine de m'envoyer le duplicata des lettres que vous écrivez désormais à M. Le Tellier elles me passent toutes par les mains. Ainsi, il suffira que vous me fassiez savoir ce que vous croyez nécessaire en particulier[116].

Ces textes, précis et formels, définissent exactement la situation de Louvois. Le Tellier lui communique toutes les pièces, non seulement pour les lire, mais pour y répondre. Sans doute l'initiative n'est pas déjà complète pour le fils : mais, comme je l'ai déjà signalé, son travail augmente et devient important. Le ministre de 23 ans adopte même et s'assimile l'allure et le ton d'un secrétaire d'état, que n'intéresse et n'intimide nullement la qualité de son correspondant. A Bellefonds, qui mène les troupes en Italie, il marque son étonnement de n'avoir pas reçu des lettres de lui : peut-être est-ce la marche qui lui a ôté le moyen d'écrire. Mais qu'il soit prévenu que, comme Sa Majesté est bien aise d'être informée de tout ce qui se passe concernant son service, il sera bien à propos que vous écriviez soigneusement ici par tous les ordinaires[117]. Son cousin, le diplomate Aubeville, reçoit à la fois les lettres du père et du fils. C'est à ce dernier qu'il raconte les faits importants, comme l'attentat commis à Parme contre La Feuillade et Sourdis en mars 1664[118]. Le duc de Mercœur, gouverneur de Provence, est vivement approuvé pour avoir mis en état d'arrestation un capitaine du régiment de Picardie, coupable d'indiscipline et de violences[119]. Le commissaire Camus-Destouches croit devoir informer Le Tellier qu'il écrit à Monseigneur le marquis de Louvois une assez longue lettre dans laquelle je lui rends compte de l'état de toutes choses[120]. Coligny, ai-je remarqué, correspond avec lui pour soulager M. Le Tellier[121]. Inutile de rappeler aussi les relations épistolaires, si caractéristiques, avec l'intendant Robert. Les trésoriers de France, enfin, protestent auprès de Colbert contre la décision prise par le marquis de Louvois d'augmenter fortement la garnison de Soissons et lui demandent d'intervenir[122]. Ces exemples, choisis à dessein parmi des affaires dissemblables, autorisent à affirmer que les attributions de Louvois se sont considérablement étendues et qu'il est devenu le collaborateur, fort occupé, de son père.

Or, le 28 novembre 1664, le ministre adressa à Coligny une dépêche fort curieuse : j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le premier de ce mois et M. Le Tellier celles qu'il a au même instant reçues de vous pour le roi et pour lui, lesquelles il m'a données. J'ai remis l'une à Sa Majesté et je lui ai fait lecture des deux autres. Le 12 décembre, même son de cloche dans une dépêche à Grémonville : Dès que M. Le Tellier a reçu la lettre qu'il vous a plu lui écrire le 22 du mois passé, il me l'a renvoyée et j'en ai rendu compte au roi[123]. La solution de cette énigme est fournie par plusieurs lettres de Le Tellier et de Louvois, datant de décembre 1664 et de janvier 1665. La plus explicite est delle du père, 15 janvier 1665 : La grâce, qu'il a plu au roi d'accorder depuis quelque temps à mon fils, est une suite de celle qu'il a ci-devant reçue de sa bonté, puisqu'elle consiste à faire toutes les fonctions de ma charge en ma présence, et, comme il les pouvait faire en mon absence, c'est une faveur très grande pour mon fils[124]. Mais il ne dit pas que cette grâce a été obtenue par son intercession, sur sa demande personnelle. Nous l'apprenons par Louvois : Il est vrai que le roi m'a fait l'honneur de trouver bon que je m'employasse aux fonctions de la charge de M. Le Tellier et que mon père, en continuant ses extrêmes bontés pour moi, m'a procuré cette grâce de Sa Majesté. Vous jugez bien que j'en conserverai dans mon cœur toute la reconnaissance que je dois et que je ferai mon possible pour ne point donner sujet de reproches à ceux de qui je la tiens. C'est dans les commencements de décembre que Louvois aurait bénéficié de la grâce que le roi me vient de faire[125], dit-il le 12[126]. Il n'avait pas encore 24 ans.

A quels mobiles a obéi Le Tellier en cédant, en quelque sorte, l'administration de la guerre à son fils. La question d'âge et de santé laissée de côté, il a pu être poussé à cette démarche pour pouvoir consacrer son temps aux affaires multiples et diverses auxquelles il était employé depuis 1661. Elles l'occupaient constamment, l'empêchant d'être visible sauf les jours de réception, constatent les étrangers, par exemple Vuoerden et les ambassadeurs vénitiens. A la mort de Mazarin, il ne pouvait être aidé par son fils, trop jeune et trop inexpérimenté. Il avait poussé avec vigueur son instruction professionnelle, pour se décharger sur lui tout au moins des affaires militaires, qui, pendant des années de paix et avec des effectifs fort réduits, ne nécessitaient pas, il ne faut pas l'oublier, un labeur considérable et très abondant. Il aurait pris sa décision pour être soulagé, suivant le mot de Coligny.

Là n'est pourtant pas la raison essentielle, qui est d'ordre purement politique. En mars 1661 et depuis lors, Louis XIV a voulu non seulement régner, mais gouverner, et en maitre absolu. Or, Le Tellier a étudié et connaît à fond le caractère du souverain, avec lequel il est en relations depuis vingt ans environ, et, comme je l'ai signalé, il sait que le roi ne supportera aucune entrave à son pouvoir et considérera ceux auxquels il daignera accorder une parcelle d'autorité comme des serviteurs et non comme de futurs maîtres. Très pointilleux et très ombrageux, Louis XIV ne l'a pas caché à Le Tellier lui-même. C'était la raison, dira plus tard le ministre à d'Ormesson, pourquoi il avait donné si tôt sa charge à son fils ; il avait beaucoup hasardé à cause de sa jeunesse : mais l'on ne savait pas toujours les véritables raisons des choses[127]. Le Tellier abandonne donc à Louvois toute la partie matérielle, peut-on dire, de sa charge, pour que le roi n'ait plus aucun soupçon que le vieux serviteur veuille le gouverner et pour que Louvois, étant en contact permanent avec le souverain bien disposé, ait son avenir assuré. Mais, croire qu'il ne s'intéresse plus aux affaires de la guerre, ne rédigera plus de minutes, ne donnera plus de signatures, ne décidera plus rien, serait commettre une grave erreur. Le père assiste aux débuts de son fils, les lui facilite par son action personnelle, le surveille et le soutient, et il continuera toujours à le faire.

Les contemporains se sont-ils aperçus de ce changement important ? Certains continuent à voir en Le Tellier le secrétaire d'état effectif de la guerre[128]. D'autres, au contraire, entrevoient avec plus ou moins de précision sa tactique en faveur de son fils. Pour l'année 1664, Le Pelletier écrit[129] : M. Le Tellier, cependant, commença à faire faire sa charge par M. de Louvois, l'approchait par là du roi et le mettait dans le secret des affaires. Parlant de Louvois, le vénitien Grimani note que son père ha ottenuto la sorvivanza della carica di segretario di stato, e glia f° in qualche parte presentemento esercitare per sua sollievo ed accostumarlo all'impiego e dargli l'adito di esser presso la Maesta Sua e guadagnarsi la regia grazia[130]. Son successeur Sagredo, qui lira son rapport au sénat vénitien le 1er avril 1666, affirme que Louvois non seulement possède la charge de son père en survivance, ma da un anno in qua l'esercita ancora, onde il padre, che lo ama extraordinariamente, tenendosi net consiglio e confidenza regia, lo va appoggiando in tutto, parce que Le Tellier viserait à devenir garde des sceaux à la mort de Séguier[131]. Dans Mémoires ou Essai..., l'auteur anonyme dépeint Le Tellier se détachant peu à peu des affaires et en laissant à Louvois tout le détail : puis, ayant reconnu que son fils était en état d'en porter tout le poids, il supplia le roi d'agréer qu'il lui en remit le titre[132]. Enfin, le 10 février 1665, Le Pelletier écrivant à Mme de Pomponne : Je vous envoie, dit-il, avec bien de la joie la lettre de cachet pour le retour de M. de Pomponne, que M. Le Tellier a voulu signer avec plaisir, quoique ce soit M. son fils qui signe présentement toutes les expéditions[133].

Ce dernier document doit retenir l'attention. Louvois signe tous les papiers, mais Le Tellier signe aussi, quand il veut, et il persistera[134]. Il n'est nullement dépossédé : il va le montrer pendant la période des débuts de son fils, 1665-1668.

 

 

 



[1] V., A. E., Cor. pol., Rome, 147, 149-67 ; — Id., Mém. Doc., Rome, 8, 12, 21, 24, 30, etc. : — A. N., Guerre A1, 74-78, 180-183, 185-186, 189, 245 : — A. N., O1, 1-6 : — B. N., f. fr., 4250-1, 20637 ; — B. N., ms. italien, 1854-5 : — Louis XIV, Let., t. I : — Hermant, Mém., t. V : — Retz, Œuv., t. VII : — Relation de tout ce qui se passa..., 1670 : — Les risées de Pasquin, 1674 : — Régnier-Desmarais, Hist. des démêlés..., 1707 — Voltaire, Siècle de Louis XIV, ch. VII : — Chantelauze, Le cardinal de Retz et ses missions... — Charpenne, Hist. des réun. tempor., t. I : — Mouy (de), L'ambas. du duc de Créqui..., 2 vol. : — Gérin, Louis XIV et le Saint-Siège, t. I : — Capelli, L'ambasceria del duca..., 1900 : — Battifol, Biog. du card. de Retz, 1929 : — Cf. L. André, Les sources de l'hist..., t. V, n° 3878, 3890 et addit., t, VIII, n° 3878 bis.

[2] A. N., Guerre A1, 182 orig. : au début est un exposé historique de toute l'affaire, divisé en quatre parties, comprenant 132 pages, et indiquant les mesures prises (militaires, diplomatiques, artillerie, vivres) : très important.

[3] Gazette, 1662, n° 108. Le nonce ne cite que Condé, les maréchaux d'Estrées et de Gramont, Le Tellier, Lionne et Colbert.

[4] A. N., Guerre A1, 174 min., f° 364.

[5] Piccolomini ne pouvait rien savoir de précis sur les sentiments d'Alexandre VII, puisque la lettre (28 août) du pape au roi n'était pas encore arrivée à Paris : v. le texte de cette lettre dans A. N., O1, 6, f° 17.

[6] A. N., Guerre A1, 174 min., 370.

[7] Ces lettres sont dans A. N., O1, 6, f° 19-21. 

[8] Charles Maurice Le Tellier, futur archevêque de Reims. 

[9] A. N., Guerre A1, 174 min., f° 367.

[10] V. Relation de ce qui se passa...

[11] A. N., Guerre A1, 174 min., f° 373, Le Tellier à Brienne père, 31 août 1662.

[12] V. Mouy (de), I, p. 335-336, récit fait d'après les dépêches de Piccolomini, dont des extraite sont donnés.

[13] Mouy (de), I, p. 356.

[14] A. N., Guerre A1, 174 min.. f° 373, Le Tellier à Brienne père, 31 août 1662.

[15] V. Mouy (de), I, 343-361, 364-368.

[16] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 375, Le Tellier à Cazaux, 3 octobre 1662.

[17] Cité par Mouy (de), I, 362.

[18] A. N., Guerre A1, 174 min., f° 510 v°.

[19] Guy Joly, Mém., II, 222 — Retz, Œuv., VII, 3 : — Chantelauze, 111-123 : — Battifol, 255-257.

[20] A. E., Cor. pol., Rome, 149, f° 69, instructions de l'exempt Busca, 23 septembre, f° 72 : Le Tellier à Créqui, 25 septembre. Il y a d'autres lettres de Le Tellier dans ce volume. — Cf. B. N., f. fr., 4251, f° 75 v°, Louis XIV Créqui, 26 septembre.

[21] A. N., Guerre A1, 174 min, f° 526, Le Tellier à Créqui, 25 septembre. — Cf. Id., 175 min. f° 66, Le Tellier à Du Fay, 12 octobre 1662. Le vice-légat est depuis 1659 Gaspard de Lascaris Castecas, référendaire de l'une et l'autre signature du pape.

[22] A. N., Guerre A1. 175 min., f° 66, Le Tellier à Du Fay, 12 octobre 1662 : autres lettres du même genre dans ce volume.

[23] Le 9 juin 1348, Jeanne, comtesse de Provence et reine de Naples, descendante de Charles d'Anjou, vendit au pape Clément VI la suzeraineté de la ville d'Avignon, pour la somme de 80.000 florins d'or. Mais le comtat Venaissin avait été cédé en 1274 à la papauté par Philippe le Hardi.

[24] Pierre Dupuy, Traités touchant tes droits du roi très chrétien sur plusieurs états et seigneureries possédées par divers princes voisins..., Paris, 1655, in-8°, 1018 p. Le Tellier avait ce livre dans sa bibliothèque. Il en recevra un autre, écrit par Isabatis, sur le droit qu'a le roi sur la ville d'Avignon et sur le comté venaissin. L'auteur le lui enverra à deux reprises et Le Tellier le remerciera chaque fois : A. N., Guerre A1, 175 min., f° 492 et 178 min., f° 341, 29 décembre 1662 et 19 juin 1663.

[25] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 76, Le Tellier à d'Oppède et à Mercœur, 13 octobre 1662 : — Id., f° 74, au procureur général, même date.

[26] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 171, Le Tellier à d'Oppède, 2 novembre 1662.

[27] Id., f° 435, Le Tellier à d'Oppède, 22 décembre 1662 : — Id., 176 min., f° 263, au même, 9 février 1663 et f° 321, à de Roussol, 18 février 1663.

[28] A. N., Guerre A1, 176 min., f° 148, Le Tellier à Gantes, 21 janvier 1663, — f° 263, à d'Oppède, 9 février 1663.

[29] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 435 et 176 min., f° 159, Le Tellier à d'Oppède, 22 décembre 1662 et 23 janvier 1663.

[30] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 263, Le Tellier à d'Oppède, 9 février 1663.

[31] A. N., Guerre A1, 245 orig., pièces 216 et 217, arrêts des parlements d'Aix et de Paris ; celui d'Aix se trouve, comme imprimé in-4°, à la B. Maz., A., 15561.

[32] A. N., O1, 1, f° 151-2, commission au comte de Mérinville, 5 août 1t63.

[33] V. le récit dans Gérin, I, 441-442 et dans Mouy (de), II, 204.

[34] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 126, Le Tellier au cardinal d'Este, 22 octobre 1662.

[35] B. N., f. fr. ; 4251, f° 137-8, 19 novembre 1662.

[36] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 249, Le Tellier à Créqui, 18 novembre 1662.

[37] Id., f° 310, 1er décembre 1662.

[38] A. N., Guerre A1, 175 min., f° 249, Le Tellier à Conti, 12 décembre 1662.

[39] Rousset, I, 31, croit à tort que d'Aubeville est un intendant.

[40] A. N., Guerre A1, 176 min.

[41] V. Mouy (de), II, 119-128, récit fait d'après les dépêches de Grimani, dont des extraits sont donnés. — Cf. Gérin, I, 406-410.

[42] Assertion inexacte puisque l'accord n'interviendra que bien plus tard.

[43] Le bailli de Souvré, représentant de l'ordre de Malte en France, parent de Mme de Louvois, écrit le 27 février 1663 : Tout ceci est demeuré dans le dernier secret... Il n'y a eu que le roi et les trois personnes que Sa Majesté emploie le plus en ses affaires et M. de Créqui, qui en aient eu connaissance : cité par Gérin, I, 410. Souvré jouait auprès de Le Tellier le rôle d'informateur. — V. Mouy (de), II, 182, note italienne déclarant que la cour de Rome est fortement irritée contre les trois ministres qu'elle accuse de pousser le roi aux mesures extrêmes.

[44] A. N., Guerre A1, 177 min., f° 85.

[45] A. E., Cor. pot., Rome, 154.

[46] Depuis longtemps, la papauté était en différend avec Modène à propos de Comacchio, avec Parme à propos du duché de Castro. Les articles 99 et 100 du traité des Pyrénées avaient spécifié que les rois de France et d'Espagne offriraient leurs bons offices pour résoudre ces difficultés : Vast., I, 153-4. Le Saint-Siège avait persisté dans son intransigeance, son refus d'accorder des concessions. Grimani et Iturietta avaient promis que, si les négociations étaient reprises, Alexandre VII donnerait satisfaction sur Comacchio et Castro : de là l'insistance de Le Tellier.

[47] B. N., ms. italien, 1855, 17 juin.

[48] Cité dans de Mouy, II, 178.

[49] Robert part le 7 octobre : il est le 14 à Lyon, le 15 à Grenoble, le 22 à Turin : — A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 264, 282, 289, 295.

[50] A. N., Guerre A1, 180 et 181 min., passim, let. nombreuses de Le Tellier sur la marche des troupes — Id., 182 orig., 233-249, commission d'intendant et instruction pour Robert, 26 septembre 1663.

[51] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 277, 26 septembre 1663 : — Cf. f° 625. Le Tellier à Bellefonds, 28 décembre 1663.

[52] Cité par Gérin. I, 443.

[53] A. N., Guerre A1, 180 min., septembre-octobre 1663.

[54] Elles sont indiquées, comme avant, par la lettre L.

[55] Pour lui avoir donné ce titre, Le Tellier le fera réprimander par Louvois. — François, vicomte d'Aubusson, comte, puis duc de La Feuillade. 1631-1691, fut un des correspondants actifs de Louvois,

[56] A. N., Guerre A1, 181 à 183, passim.

[57] Elle fait l'objet de nombreuses lettres de Robert et d'Aubeville . V., p. ex., A. N., Guerre A1, 182 orig., f°3 620-1, 645, 646, 772, 817, 985, 987, 1018, 1048, 1056 et, — 245 orig., pièces 225-9. La tentative d'assassinat, qui causa le plus de bruit, fut celle commise contre La Feuillade et Sourdis.

[58] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 626 ou 181 min., f° 566, 28 décembre 1663 : mêmes phrases dans la lettre de Louvois à Robert, du même jour. 182, f° 627. — Id., 182 orig., f° 671 ou 183, f° 39, Mémoire envoyé à d'Aubeville, Robert et Bellefonds, 4 janvier 1664 : effectifs prévus, 26.000 fantassins, 7.000 cavaliers, plus 16 canons.

[59] Les textes sont dans A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 840, 843, 869, 871, 873, 876 : — Id., 183 min,. f° 361 et 383, instructions de Du Messis-Praslain et de Couffin.

[60] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 907, — 183 min., f° 467, 8 février 1664 : Le Tellier annonce en même temps que Du Plessis-Praslain part de Paris le lendemain.

[61] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 925, Le Tellier à Robert : — Id., 188 min., f° 534, à d'Aubevine.

[62] A la B. Maz. existent plusieurs exemplaires imprimés de ce traité, in-4°, 24 p., 15 art. : j'ai consulté celui de A., 15.887. — A. N. Guerre A1, 182 orig., f° 920, Bourlemont à Le Tellier. Pise, 12 février 1664, analyse dans de Mouy et Gérin.

[63] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 976, instruct. du 29 février 1664 : une partie des troupes sera dirigée vers l'Allemagne pour combattre contre les Turcs, l'autre reviendra en France.

[64] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 1024-5, 1050, 1055 : — f° 1062, Camus-Destouches à Le Tellier, 26 avril 1664, Le régiment de Gramont entra hier en Dauphiné, ainsi voilà toutes les troupes en France : — Cf. f° 1063.

[65] A. N., Guerre A1, 185 min., f° 300-1, Le Tellier à l'évêque de Valence et à Lesdiguières, 6 juin 1664.

[66] A. N., Guerre A1, 186 min., f°8 226 et sq., Le Tellier à Lionne, 28 juillet 1664.

[67] A. N., Guerre A1, 185 min., f°. 252, Le Tellier à Baltazard, 31 mai 1664.

[68] Cette longue lettre du 28 juillet est dans A. N., Guerre A1, 186 min., fun 226-230, — A. E., Cor. pot., Rome, 614. — Cf. A. N., Guerre A1, 186 min., f° 235, — 189 tr., f° 162, Le Tellier à Coligny, 29 juillet 1664.

[69] A. N., Guerre A1, 186 min.. f° 239, Louvois à Courtin, 29 juillet 1664.

[70] Les documents sont dans A. N., O1, I, f° 261 v°-263 v°, 31 juillet 1664.

[71] A. N., Guerre A1, 186 min., f° 314 v°. Louvois à Coligny, 8 août 1664.

[72] A. N., Guerre A1, 179, 182 à 190, 251 : — Louis XIV, Œuv., t. V : — Coligny, Mém., 83-101 : — les histoires de Louis XIV par Gaillardin, III, de Louvois par Rousset, I, et Ambert : — Cf. L. André, Sources..., V, n° 3892-4.

[73] A. N., Guerre A1, 179 min., f° 275, Le Tellier à Guiche et Pradel, — f° 276 à Choisy.

[74] A. N., Guerre A1, 183 min., f° 252, Louvois à l'archevêque de Lyon, 22 janvier 1664 : — Cf. Id., 189, f° 11.

[75] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 949, — 183 min., f° 580 v°, Le Tellier à Bellefonds, 22 février 1664.

[76] A. N., Guerre A1, 183 à 188 min., passim., janvier-décembre 1664.

[77] A. N., Guerre A1, 189 et 190 tr.

[78] A. N., Guerre A1, 184 min., fun 267-271, — 189 tr., fui 23-26, pouvoir du 31 mars — Id., 189, f° 26 v°-41, — 251 orig., pièces 38 et 39, instruct. du 14 avril.

[79] A. N., Guerre A1, 189 tr., f° 45-46, let. du 15 avril 1664.

[80] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 61 v° et sq., 66 v° et sq., let. du 29 et du 31 mai. 1664, pub. en partie par Rousset, I, 40-41.

[81] Voici deux exemples. — A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 35 v°, 9 mai 1664 : C'est un grand plaisir de n'avoir qu'a obéir et de ce que le roi fait entendre et explique si nettement ce qu'on a à faire qu'à moins que d'être une vraie grue, on ne saurait presque faillir. — A. N., Guerre A1, Id., f° 67, 31 mai 1664 : Vous expliquez si nettement les intentions de Sa Majesté, que, pourvu qu'on sache obéir, on ne saurait presque faire de faute. Si j'avais toujours servi sous un tel maître et sous un tel ministre, je crois que je serais présentement un des pus habiles hommes de France.

[82] A. N., Guerre A1, 185 min., f° 70 v° et 117 v°, — 189 tr., f° 120-I et 127, Le Tellier à Coligny, 11 et 21 mai 1664.

[83] A. N., Guerre A1, 185 min., f° 128, Louvois à Coligny, 22 mai 1664.

[84] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 65-66, Coligny à Louvois, 31 mai 1664. — Id., f° 84, 9 juin : Vous trouverez bon que... je vous adresse les lettres du roi et les miennes pour soulager M. Le Tellier.

[85] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 990. — Cf. id., 189 tr., f° 99-101, le roi à Bellefonds et instruction à Bissy, brigadier de la cavalerie légère, 7 mai 1664.

[86] A. N., Guerre A1, 183 min., f° 582, — 184 min., f° 40, Louvois à Robert, 22 février et 7 mars 1664. — Id., 182 orig., f° 973, — 183, f° 639, Le Tellier à Robert, 29 février 1664 : il se borne à dire que Robert a été choisi pour exercer la commission d'intendant..., à lui indiquer la composition des effectifs et à lui enjoindre d'accompagner les compagnies de cavalerie allant d'Italie en Autriche, lettre d'une véritable froideur administrative, sans la moindre cordialité. Ajouter A. N., Guerre A1, 185 tr., f° 109 et sq., instruct. à Robert, 7 mai 1664.

[87] V. le début dans A. N., Guerre A1, 185 min., f° 173, — 189 tr., f° 132-3, Louvois à Robert, 24 mai 1664.

[88] A. N., Guerre A1, 185 min., f° 397, — 189 tr., f° 144, Le Tellier à Coligny, 18 juin 1664.

[89] A. N., Guerre A1, 186 min., f° 233, — 189 tr., f° 159, Le Tellier au même, 29 juillet 1664 ; — Cf. id., 186 min., f° 166, — 189 tr., f° 156, Le Tellier au même, 22 juin 1664.

[90] A. N., Guerre A1, 186 min., f° 314, — 189 tr., f° 168, Louvois à Coligny, 8 août 1664.

[91] A. N., Guerre A1, 186 min., f° 463, — 189 tr., f° 186, Louvois au même, 26 août 1664. Deux relations de ces combats existent dans A. N., Guerre A1, 190 tr., f°8 182-6, 202-7, la première envoyée par Robert, la seconde due à Beauvezé et datée du 8 août 1664.

[92] Les troupes étaient parties d'Italie à la fin du mois de mai : A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 1068, Aubeville à Le Tellier, 19 mai 1664. Elles entrèrent en Autriche le 22 juin et opérèrent la jonction vers le 10 juillet probablement : A. N., Guerre A1, 186 min., f° 163 v°, — 189 tr., f° 157-8, Louvois à Coligny, 22 juillet 1664.

[93] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 118 v°, Desmadrys à Louvois, 25 juin 1664 : — Id., 187 min., f° 177. — 189 tr., f° 214, Louvois à Robert, 27 septembre 1664.

[94] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 271, Coligny à Louvois, 8 septembre 1664 : — f° 315, La Feuillade à Louvois, 24 septembre 1664. — Dans sa lettre du 27 septembre, Le Tellier fait allusion à cette amitié et recommande à Robert de ne pas trop se lier avec La Feuillade : A. N., Guerre A1, 189 tr., f° 210 et 213.

[95] A. N., Guerre A1, 189 tr., f° 265-6, Louvois à La Feuillade, 21 novembre 1664.

[96] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 251, — 189 tr., f° 224 v°, Louvois à Gassion, 3 octobre 1664.

[97] Turenne né en 1611, Coligny en 1617, Condé en 1621.

[98] Le voilà d'accord avec La Feuillade : v. ci-dessus.

[99] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 271, 385-6, 418, 434 v°, Coligny à Le Tellier ou à Louvois, 8 septembre, 1er novembre, 10 décembre 1664 et 4 janvier 1665. — Les relations entre commissaires et militaires donnèrent lieu à des incidents sérieux : dispute entre les gens de Robert et de Gassion, insolence de La Bussière bien écervelé d'après Coligny, Le Vacher frappé par un valet de Gassion : A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 410-3, 423-4, 424-6, let. de Robert et de Coligny, 28 novembre, 20 et 21 décembre.

[100] A. N., Guerre A1, 188 min., f° 333 (avec la date du 20 décembre), 189 tr., f° 286 v° (avec la date du 30 décembre 1664).

[101] A. N., Guerre A1, 190 tr., f05 253-7, Robert à Louvois et à Le Tellier, 27 août 1664.

[102] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 181 et sq., — 189 tr., f° 209 et sq., Le Tellier à Robert, 27 septembre 1664.

[103] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 181 et sq., — 189 tr., f° 209 et sq., Le Tellier à Robert, 27 septembre 1664.

[104] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 177. — 189 tr., f° 214, même date.

[105] La question de l'hôpital a fortement préoccupé Le Tellier et Louis XIV : A. N., Guerre A1, 187 min., f° 298, — 189 tr., f° 227, Le Tellier à Robert, 10 octobre : — Louis XIV à Coligny, Œuv., V, 256-7, même date. — Cf. A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 298-299, Robert à Le Tellier, 16 septembre 1664 : La ville m'a donné quelques logis, j'en ai loué quelques autres, j'ai fait bâtir de bonnes baraques de planches. Je leur fais donner du bon pain : les bouillons, viande ni vin ne leur manquent pas selon les besoins que chacun d'eux en a. Les médecins, chirurgiens et fraters me satisfont assez dans le soin qu'ils en ont ?

[106] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 313 v°, mémoire de Coligny, 24 septembre 1664.

[107] Id., f° 333, Coligny à Le Tellier, 6 octobre 1664.

[108] Id., f° 403-404, Coligny à Le Tellier, 19 novembre 1664.

[109] Id., f° 348, 353-4, Robert à Louvois, 9 octobre 1664, et à Le Tellier, sans date : — A. N., Guerre A1, 187 min., f° 358, — 189 tr., f° 244-245, Le Tellier à Robert, 23 octobre 1664.

[110] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 378 v°, — 189 tr., f° 248 v°, 24 octobre 1664.

[111] A. N., Guerre A1, 187 min., f° 414, — 189 tr., f° 254-255.

[112] A. N., Guerre A1, 188 min., f° 306 et 330, — 189 tr., f° 278 v°, let. des 17 et 20 décembre.

[113] A. N., Guerre A1, 190 tr., f° 343 et 422, Coligny à Le Tellier, 7 octobre et 19 décembre 1664.

[114] Coligny, Mém., 102.

[115] V. A. N., Guerre A1, 181 à 183, 188 à 191, 251 : — Le Pelletier, Vie..., 96-97 : — Arch. Bast., II, 400 : — Cor. admin., I et III : — Ormesson, II, 590 — Saint-Hilaire, I, 7-8 : — Motteville, passim : — Rapin, passim — Artagnan, IV, 179 : — Courtilz de Sandras, Test. pol. de Colbert, 186 : — Mémoires ou Essai..., 60-61 : — Chigi, Rev. hist. dipl., VIII, 278 : — Relation de la conduite présente..., 60 : — L'Hermite de Souliers, Généalogie..., 12 : — Relazioni..., série Francia, III, 93, 127, 152.

[116] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 509, 616, 683.

[117] Id., 181 min., f° 359, — 182 orig., f° 535, 7 ou 8 décembre 1663. D'ailleurs, il ne lui garde pas rancune et lui mande le 1er février 1664 : Les choses se disposent tout à fait à la paix, et, si les papalins sont un peu de bonne foi, vous devrez bientôt apprendre la signature du traité par M. de Bourlemont. Je ne vous en dis pas le détail parce que vous en êtes plus près que nous : A. N., Guerre A1, 183 min., f° 391.

[118] A. N., Guerre A1, 182 orig., f° 833, — 251, pièce 18.

[119] Cor. admin., I, 343-344.

[120] A. N., Guerre A1, 251 orig., pièce 34, Turin, 30 mars 1664.

[121] Id., 190 tr., f° 65-66, 84, 31 mai et 9 juin 1664.

[122] Cor. admin., III, 133, 29 décembre 1664.

[123] A. N., Guerre A1, 189 tr., f° 266-267 et 273.

[124] Id., 191 min., f° 122, Le Tellier à Saint-Luc, 15 janvier 1665, — f° 203, à Trobat, 23 janvier 1665.

[125] A. N., Guerre A1, 188 min., f° 291, Louvois à de Marins, 16 décembre 1664 : autres lettres, f° 249, 304, 361 et dans 191 min., f° 44, 129 et 213.

[126] A. N., Guerre A1, 188 min., f° 249, Louvois à l'archevêque de Lyon.

[127] Ormesson, II, 290, 16 juin 1670.

[128] Saint-Hilaire, I, 7-8 : — Motteville (Mme de), dont les mémoires vont jusqu'en 1664, ne parle qu'une seule fois de Louvois, IV, 346 : — Rapin parle toujours de Le Tellier comme secrétaire d'état pour les années 1663-8, III, 204, 264, 275, 283, 325, 362, 365, 390, 457 : — Artagnan, IV, 179 : Courtilz de Sandras, Test. pol. de Colbert, 186 : — Chigi, Relation, p. 278, ne parle que de Le Tellier — Relation de la conduite présente..., Arch. cur., 2e série, X, 60, de même : — L'Hermite de Souliers, Généalogie, 12, etc.

[129] Le Pelletier, Vie..., 96-97.

[130] Relazioni..., série Francia, III, 93. Grimani apprécie Louvois : Egli non ha il talento del padre, ma è giovine, prudente, applicato e ben veduto da Sua Maesta.

[131] Id., p. 127 et 152.

[132] B. N., f. fr., 14189, 60-61. Ce serait vers 1665. Mais l'auteur se trompe quand il dit : Alors le père et le fils se séparèrent : en 1669 seulement, Louvois alla habiter l'hôtel qu'il avait acheté entre les rues Richelieu et Sainte-Anne.

[133] Arch. Bast., II, 400. Pomponne avait été exilé après l'arrestation de Fouquet : il fut rappelé seulement après le départ du surintendant déchu pour Pignerol. On pourrait encore invoquer, sans y attacher trop d'importance, une curieuse coïncidence. Le premier transcrit aux armes de Louvois est le volume 189, Recueil des lettres écrites par MM. Le Tellier et de Louvois sur le secours de troupes que le roi envoya à l'Empereur contre les Turcs en l'année 1664. Les précédents sont aux armes de Le Tellier.

[134] Le Pelletier exagère en effet : v. les chapitres suivants.