MICHEL LE TELLIER ET LOUVOIS

PREMIÈRE PARTIE. — LES HOMMES, LEURS RELATIONS

 

CHAPITRE PREMIER. — LE TELLIER ET LOUVOIS JUSQU'EN 1661-1662.

 

 

Michel Le Tellier fut titulaire, disent les textes, de la charge de secrétaire d'état et de nos commandements et finances, ayant le département de la guerre, provisoirement par commission du 13 avril 1643[1], définitivement par provisions du 22 octobre 1645[2], jusqu'au 26 octobre 1677, date où il fut nommé chancelier de France. Mais l'exerça-t-il réellement et constamment pendant ces 34 ou 35 années, ou bien fut-il amené à s'en démettre entièrement ou partiellement en faveur de son fils Louvois, reçu en survivance, et à quelle époque ?

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Aucun esprit sérieux ne pourra s'arrêter à la date de 1655 et y marquer la prise effective de possession par le fils. On a pu voir, sans doute, sous l'ancienne monarchie, des évêques au berceau. Mais, comment admettre qu'un enfant de quatorze ans, qui étudie au collège de Clermont, a pu en être tiré pour prendre la direction de l'administration militaire ? Déjà inconcevable pour le temps de paix, cette opinion l'est encore davantage, et à plus forte raison, pour une époque où la guerre sévit entre la France et l'Espagne. D'ailleurs le texte invoqué, que personne n'a lu, a une signification totalement différente de celle qu'on a voulu lui attribuer.

La date de 1662 n'est pas plus plausible et plus acceptable que celle de 1655. Toutefois, comme plusieurs historiens connus l'ont fermement adoptée, il est indispensable d'en prouver impossibilité et, dans ce but, d'examiner quelle était, vers cette époque, la situation respective de Le Tellier et de Louvois.

 

I. — Le Tellier jusqu'en 1661.

Ayant eu déjà à m'occuper longuement du premier[3], je me bornerai à résumer sa vie jusqu'au début du règne personnel de Louis XIV.

Après de solides études juridiques, Le Tellier embrassa la carrière administrative. Successivement conseiller au grand conseil (1624), procureur du roi au Châtelet (1631), maitre des requêtes (1639), intendant à l'armée d'Italie (1640), il fut rappelé, trois ans plus tard, à Paris pour prendre la succession de Sublet de Noyers et, comme secrétaire d'état de la guerre, il dut donner tous ses soins à la lutte menée contre les Habsbourg de Vienne et de Madrid. Au moment où ceux-ci étaient, les uns vaincus, les autres affaiblis par les traités de Westphalie, la Fronde vint élargir et accroître son rôle. Ayant acquis la confiance de Mazarin, Le Tellier eut, en effet, à intervenir constamment dans la politique si confuse et si pleine d'intrigues de ces temps troublés. Négociateur de la paix de Rueil, en 1649, partisan de l'arrestation des princes rebelles en janvier 1650, chargé, avec pleins pouvoirs, de surveiller l'inconstant et dangereux Gaston d'Orléans[4], conseiller principal et très écouté d'Anne d'Autriche pendant les deux exils du cardinal, il eut, malgré une retraite forcée de quelques mois[5], la plus grande part à toutes les affaires, quelles qu'elles fussent.

La paix intérieure une fois rétablie, il eut à accomplir encore une double tache, toujours militaire et diplomatique à là fois.

D'une part, il poursuivit vivement la guerre contre l'Espagne. Se transportant, en 1654, à Péronne, il prit rapidement de telles mesures que l'armée royale s'empara de Stenay et que le rebelle Condé dut lever le siège d'Arras. Ce dernier événement eut le plus grand retentissement dans l'Europe entière et, suivant la très juste appréciation de Le Pelletier, a servi de première disposition à la conclusion de la paix générale[6]. D'autre part, celle-ci exigea de longues et difficiles négociations, auxquelles participèrent non seulement Lionne, envoyé en Espagne, mais aussi Le Tellier resté dans la capitale. Aux côtés de Mazarin, le secrétaire d'état suivit tous les pourparlers secrets engagés avec l'émissaire espagnol Pimente ! et terminés par l'accord, non publié, de Paris[7]. Puis, le cardinal étant allé aux Pyrénées pour conclure le règlement définitif, Le Tellier, demeuré en France avec le roi et sa mère, fut, régulièrement et longuement, informé des diverses péripéties de la comédie, qui, se jouant à l'île des Faisans, aboutit enfin au traité des Pyrénées du 7 novembre 1659. Plus tard, un avocat au parlement de Paris, René Pageau, prononçant l'éloge du secrétaire d'état, récemment nommé chancelier, résumera ainsi son rôle particulier[8] : On lui confia le secret et des conférences tenues d'abord à la cour avec l'envoyé d'Espagne, et de celles qui furent tenues ensuite sur la frontière, dont M. le cardinal Mazarin lui adressait tous les mémoires et toutes les relations. On ne saurait mieux dire.

Incontestablement, en 1659, Le Tellier n'est plus le simple magistrat qu'il était trente ans auparavant. Il s'est élevé peu à peu, est devenu un des personnages les plus importants du royaume, l'homme à qui se confient pleinement le premier ministre — malgré quelques sautes d'humeur —, Anne d'Autriche et le jeune Louis XIV. Situation exceptionnelle dont ne bénéficie aucun de ceux' qui vivent dans l'entourage royal. Lionne n'a pas encore percé ; Colbert, tout en ruminant des plans financiers, a contre lui, pour s'élever, son caractère rugueux et peu aimable ; Fouquet, enfin, vient de subir un assaut terrible, provoqué par ses agissements délictueux et ne jouit d'aucune considération.

Pourquoi Le Tellier, lui, n'est-il pas discuté ? On a invoqué toutes sortes de raisons, son savoir faire, sa prudence, sa sagesse, son habileté, etc. En réalité, ce que Mazarin, la reine-mère et Louis XIV ont estimé avant tout en lui, c'est sa fidélité inébranlable au pouvoir royal et à ceux qui le détiennent. Dans la correspondance secrète, échangée pendant la Fronde entre le cardinal volontairement exilé et Anne d'Autriche, n'avait-il pas été désigné principalement par ce pseudonyme, le Fidèle ? Et cette qualité est celle que Le Tellier lui-même prise avant toutes les autres. Dès 1644, il écrit à l'un de ses subordonnés : Il suffit à un homme qui sert de satisfaire ceux qui ont l'autorité dans l'état et la connaissance particulière de sa conduite[9]. Deux ans plus tard, allant plus loin, il déclare sans ambages au comte d'Harcourt : Je n'ai pas assez de vanité pour rien présumer de mes soins et services. Mais je crois être tout à fait exempt de crime et de reproche en ce qui est de la fidélité que je dois au service du roi[10]. Il n'y a là ni présomption ni flatterie. Cette vertu est reconnue sans conteste au ministre par tous les contemporains, depuis les orateurs sacrés, comme Bossuet, Fléchier, Maboul, jusqu'aux ambassadeurs vénitiens, observateurs scrupuleux, clairvoyants et impartiaux : l'un d'entre eux résume, d'une façon brève, mais frappante, l'opinion de tous lorsqu'il écrit : è stato sempre attacato fedelmente alla regina, al cardinale et alla corte[11].

Aussi, quand le premier ministre, accablé par la maladie[12], est dans l'incapacité de tout diriger comme auparavant, se fait-il remplacer, sans hésitation et sans crainte, par le serviteur dont il a apprécié depuis longtemps les capacités et le dévouement. Pendant plusieurs mois, nous dit Le Pelletier, que M. le cardinal ne fut pas en état d'agir, M. Le Tellier, suivant ses ordres, traitait toutes les affaires avec le roi. C'est lui qui écrit les conseils que Mazarin, avant de mourir, juge utile de donner au jeune Louis XIV sur la façon de gouverner[13]. Mais, pendant ces longues années d'attente, les hypothèses, les combinaisons, les bruits les plus divers couraient et à la cour et dans Paris. Dès le mois d'août 1660, Guy Patin mande à Falconet : Bien que le cardinal Mazarin se porte mieux, on ne laisse pas de songer qui serait celui qui pourra attraper sa place, et jusqu'à la mort du premier ministre il continuera à tenir son ami au courant[14]. Dans ses lettres, le nom de Le Tellier revient très fréquemment, ainsi que chez d'autres contemporains[15].

Tout en accomplissant ses fonctions auprès des souverains et du premier ministre, le secrétaire d'état de la guerre ne prêta ou, tout au moins, sembla ne prêter aucune attention à tous les commérages, auxquels donnait lieu la question de la succession future de Mazarin. Sa lettre au duc de Gramont, écrite au début de la crise, est, à cet égard, fort curieuse et d'une ironie sans méchanceté. Après avoir donné des nouvelles rassurantes, néanmoins, ajoute-t-il, les esprits inquiets de la cour n'ont pas laissé de se donner beaucoup de peine. On a fait du chemin jour et nuit, et, pour user des termes de Monseigneur le prince, on n'a pas cabalé, mais on a frétillé. Vous, Monsieur, qui avez une parfaite connaissance du génie de notre nation et nommément des courtisans de ce siècle, vous n'aurez pas de peine à vous laisser persuader que chacun n'est pas demeuré en repos. Et, quoique, grâces à Dieu, Son Excellence soit en convalescence, qu'il ne lui manque que du temps pour recouvrer ses forces abattues par une maladie de cinq mois entiers sans relâche, si vous puis-je assurer que les spéculatifs ne sont pas encore dans leur assiette naturelle[16].

A tout prendre, dans leurs combinaisons, les spéculatifs plaçaient celui qui écrivait ces phrases très caractéristiques en très bonne place et même, vers la fin, au premier rang. Le Pelletier insiste sur la manifestation de ce sentiment : M. Le Tellier était plus regardé qu'aucun autre et par la cour et par le public. Il avait toute la confiance du roi et de la reine-mère[17]. Pourquoi donc déclare-t-il ensuite : Mais, plus il était élevé et distingué, plus il s'appliqua à cacher l'autorité et la part qu'il avait dans les affaires[18]. En d'autres termes, plus ce que l'on est convenu d'appeler au XVIIe siècle l'opinion publique se prononce en sa faveur, plus la réserve du ministre s'accentue. Pour rendre compte de cette attitude, surprenante au premier abord, on a successivement invoqué la modestie naturelle du secrétaire d'état, son ferme désir d'éviter les responsabilités en se confinant au second rang, sa singulière et inébranlable timidité, la faiblesse de son caractère, etc.[19] En réalité, la raison primordiale est d'un ordre tout à fait différent et beaucoup plus précise : impressionné par tous les bruits favorables à Le Tellier, Louis XIV avait fini par prendre ombrage, parce qu'il ne voulait plus de premier ministre, et il ne l'avait pas caché au secrétaire d'état lui,-même.

Dès le 25 janvier 1661, quelques-uns disent, mande Guy Patin à Falconet[20], qu'il n'y aura plus de ministre d'état et que le roi gouvernera lui-même. Dieu lui en fasse la grâce ! Le jeune souverain, qui sortait d'une espèce de sujétion par la mort du cardinal[21], était en effet résolu à prendre en mains la direction du, gouvernement et ne voulait plus confier à un seul ministre tout au moins les intérêts les plus importants de l'état et les affaires les plus secrètes[22]. Le 3 mars, Anne d'Autriche annonce à sa confidente, Madame de Motteville, que Le Tellier, Fouquet et Lionne étaient destinés non pas pour gouverner, mais pour servir le roi[23]. Après avoir tenu un conseil le 7, Louis XIV réunit de nouveau les ministres, cette fois avec le chancelier, le 9, immédiatement après la mort de Mazarin. C'est alors, on le sait, qu'il fit part de ses intentions, dès ce moment définitivement arrêtées, le chancelier ne devant rien sceller et les autres ministres rien expédier sans son consentement. Ainsi, tout le gouvernement de l'état fut renfermé en la personne du roi et en trois ministres dont il forma son conseil étroit... Chacun, conclut le Père Rapin, se renfermait dans les bornes de son ministère et de ses fonctions sans penser à s'élever[24].

Le Tellier surtout devait tenir compte de la volonté royale : car Louis XIV l'avait personnellement et expressément prévenu de sa formelle résolution. D'après l'abbé de Choisy, le 5 mars, quatre jours avant la mort du cardinal, il l'aurait informé qu'il voulait gouverner par lui-même, assister règlement au conseil, entretenir les ministres les uns après les autres : il n'y manquerait pas un seul jour, quoique je prévois qu'à la longue cela deviendra ennuyeux[25]. Le récit de Le Pelletier, qui tient évidemment ses renseignements du secrétaire d'état, fournit des indications encore plus précises : Après la mort du cardinal Mazarin, dit-il[26], le roi se piqua de gouverner son état par lui-même, ce qui l'engagea à parler à M. Le Tellier en des termes qui marquaient qu'il devait se conduire avec une grande réserve pour prévenir l'opinion de la cour qu'il aurait plus de part aux affaires qu'un autre, parce qu'il en était plus capable. Le Tellier, enfin, confirme et complète lui-même le témoignage de son pupille. Au cours d'une conversation avec Olivier D'Ormesson, le 16 juin 1670, il lui confia que le roi lui avait dit que l'on disait qu'il prétendait le gouverner et qu'il le priait de faire cesser ce discours par sa conduite : que, depuis, il n'avait pensé qu'à s'anéantir[27].

Tout en n'accordant à ces derniers mots, exagération indiscutable, qu'une faible créance, il n'en reste pas moins que le ministre dut être fortement impressionné par cette impérative injonction. Si nous en croyons beaucoup de contemporains, il connaissait en effet à fond le caractère, l'esprit, le génie de Louis XIV, il l'avait étudié avec beaucoup de soin[28]. Il put donc se rendre compte aisément que ce jeune homme de vingt-trois ans avait des idées politiques très arrêtées, surtout celle de l'autorité absolue du chef de l'état, auquel tous, quels qu'ils soient, doivent une obéissance passive[29], et qu'il était décidé à les mettre réellement en pratique.

D'ailleurs le secrétaire d'état va nous exposer lui-même ses sentiments, ses réflexions et ses résolutions, sans hypocrisie, avec une grande clarté et une réelle sincérité. Annonçant la mort du cardinal Mazarin à l'intendant du Languedoc, Bezons, cette perte, dit-il, est très grande pour l'état, au-delà même de ce qui se peut prévoir. Le roi, ayant résolu de se gouverner par soi-même, empêchera qu'elle ne puisse avoir des suites et qu'elle ne diminue le lustre dans lequel est son royaume. C'est à quoi toutes les gens de bien doivent contribuer[30]. Le nouveau régime a commencé depuis deux jours seulement, quand cette lettre est écrite. Ainsi, peut-on expliquer la prudence et la retenue du secrétaire d'état. Trois semaines plus tard, le 1er avril, le ton change et dévoile l'attitude déjà adoptée par Le Tellier : Les choses, écrit-il encore à Bezons, vont ici de même, le roi prenant soin de ses affaires et y travaillant trois heures sans intermission tous les matins et donnant encore des heures de son temps après-dîner pour répondre à des placets qui sont présentés à Sa Majesté en fort grand nombre. Sur quoi je puis vous dire en vérité qu'il n'est pas possible à ceux qui ne, l'éprouvent pas par eux-mêmes de croire que le roi puisse avoir tant de disposition et de pénétration pour les affaires comme il en a, en sorte que, pour peu qu'il lui plaise de prendre de peine, il est sans doute que ce sera le plus grand roi que nous ayons eu depuis l'établissement de la monarchie. Quand on sera informé de sa conduite dans les provinces, de son jugement et des grandes qualités qui paraissent en lui, je m'assure que chacun deviendra sage et que les ordres du maître seront exécutés plus exactement qu'ils n'ont été par le passé[31].

Par cette lettre caractéristique, Le Tellier manifeste entièrement sa vraie pensée. Il a pris désormais son parti, il ne s'efforcera pas de s'élever au premier rang, de succéder au cardinal Mazarin. Dans cette nouvelle situation de la cour, il va mettre en œuvre toute la prudence et toute la modération nécessaire, parce qu'il ne veut que bien servir[32]. Quelques mois plus tard, le 5 septembre, l'arrestation du surintendant des finances, Fouquet, provoquée par le dérèglement de son ambition, suivant les propres paroles de Louis XIV, convainquit le secrétaire d'état de la guerre que le roi ne supporterait jamais qu'un autre que lui fût l'arbitre souverain de l'état. Ce coup d'autorité l'ancra définitivement  dans sa résolution, et, après la chute de Fouquet, il jugea plus à propos de se cacher pour satisfaire le roi que de faire montre de son crédit[33]. Bien plus, non content de sacrifier son indépendance et de renoncer à toute ambition pour lui-même, il se fit alors et resta ensuite le défenseur zélé et sans arrêt du pouvoir absolu : Appassionatissimamento procura che il re sia venerato, stimato e prontamente ubbidito..., mostrando sempre che tutto provenga dal re, dit à bon droit le vénitien Alvise Grimani, qui connaissait fort bien le ministre français[34].

Cette altitude de sujet obéissant, de légiste dévoué, d'adepte convaincu de la prérogative royale, qui n'est pas une exception, aidera grandement à comprendre certains actes politiques de Le Tellier. Elle explique en même temps qu'il ait été constamment en faveur. Il en est resté, écrit justement Le Pelletier[35], dans l'esprit du roi et de la reine-mère, une estime pour lui et une créance, qui n'a jamais reçu, depuis, aucune altération. Louis XIV lui reconnaît une fort grande connaissance des affaires, de la suffisance et fidélité, mais il fait cas avant tout de sa conduite sage et précautionnée et de sa modestie[36]. De son côté, Grimani[37] ne cache pas que Le Tellier est nella favore e nella grazia del re e della regina madre sopra ogni altro, stimando essi molto il suo parere e consiglio. Et cette estime durera sans interruption. Il suffit de lire les lettres secrètes écrites par le souverain è. Louvois, lorsqu'en décembre 1672, Le Tellier fut frappé d'une attaque d'apoplexie : loin d'être insensible au malheur, qui vient d'atteindre le fidèle ministre, la majesté royale n'hésite pas à se montrer réellement affectueuse[38]. Et, plus tard, après la mort du chancelier, Louis XIV ne croira pas pouvoir lui décerner un plus bel éloge qu'en disant : Jamais homme n'avait été de meilleur conseil en toutes sortes d'affaires[39]. S'étonnera-t-on après cela qu'il ait eu pour lui du respect et ne l'ait pas placé sur le même pied que les autres ministres ? En parlant de lui, note l'abbé Legendre[40], il disait toujours Monsieur Le Tellier, au lieu qu'en parlant des autres, il ne les appelait que Louvois, Colbert, Lionne, Seignelay.

Ainsi, déjà avant 1661, Le Tellier a été employé dans les plus grandes affaires et les premiers postes de la couronne[41]. Après la mort de Mazarin, acceptant le fait immédiatement accompli, il refrène toute ambition et conserve ainsi la confiance de Louis XIV, qui fait de lui un ministre d'état, se sert et continuera de se servir de lui en toutes occasions pour étudier et résoudre les plus divers et les plus importants problèmes. Comment admettre qu'un homme d'une telle autorité, d'une telle considération et, par suite, d'une telle influence, n'ayant pas soixante ans, ait pu abandonner, dès 1662, sa principale fonction à son fils, qui n'était encore rien, ou, plutôt, qui n'était encore qu'un apprenti ?

 

II. — Louvois jusqu'à son mariage (mars 1662).

François, fils de messire Michel Le Tellier... et damoiselle Isabeth Turpin... fut baptisé le treizième jour de janvier 1641... dans l'église Saint-Benoît[42], sur le territoire de laquelle s'élevait ; rue Pierre Sarrazin, la maison de l'Image Notre-Dame, habitée alors par la famille. Intendant à l'armée d'Italie depuis septembre 1640, le père ne put assister au baptême de son troisième enfant[43].

Sous le nom de Monsieur de Chaville, le futur marquis de Louvois[44] fit avec son frère, Charles-Maurice, plus tard archevêque de Reims, ses études au collège de Clermont. Le Tellier s'en préoccupa fort assidument, ayant, dès cette époque, si l'on en croit Le Pelletier, formé le projet de laisser à son fils sa succession ministérielle : Il considérait le progrès des études et l'éducation de messieurs ses enfants comme l'une de ses plus grandes et plus importantes affaires. En outre, pour être plus exactement renseigné, il obtint de Mazarin d'avoir une entière liberté tous les dimanches et il en usait pour aller au collège et se faire rendre compte de leurs études[45]. Avec plus d'humour et de pittoresque, Hersan s'écrie : Primiis non erubuit in scholarum pulverem descendere, statis diebus furari se publicis negotiis, venire ad liberos, adolescentium studiis interesse, audire, laudare, blandiri, adhortari[46]. Tant que ses enfants furent au collège, il poursuivit ces enquêtes, ces inspections, et ses efforts assidus parurent être, aux yeux des contemporains, une vertu exceptionnelle : ils seront même rappelés dans des actes officiels[47].

On ne sait évidemment pas de quelle façon, tranquille ou orageuse, se déroulaient ces entretiens familiaux. Toutefois, le secrétaire d'état voulant, quand il était absent de Paris, être informé par écrit, les lettres à lui adressées en juillet 1654, pendant qu'il était à Péronne, fournissent des détails curieux et précieux sur la vie scolaire de Louvois[48]. L'une émane du Père Le Brun, les autres de l'abbé Daragon, précepteur des enfants du ministre. Le premier[49] décrit la façon aisée dont M. de Chaville a déchiffré une énigme et proteste de son dévouement et de son zèle[50]. Le second[51], tout en affirmant qu'il ne manquera pas de tenir toujours fortement la main pour l'écriture de M. de Chaville, envoie au père des nouvelles, susceptibles de lui donner une satisfaction sûre. Il a été encore dictateur de son dernier thème de places, et, ce qui a augmenté davantage sa joie, c'est que, de même, son émule et compétiteur a été si éloigné de lui qu'il n'a été que dérision. Quant à l'énigme, M. de Chaville surpassa l'espérance qu'on avait de lui, d'autant plus qu'il l'expliqua avec une grande gaieté, présence et fermeté d'esprit et avec une action toute pleine de feu et de vivacité[52]. Ce fut un succès marqué : car, suivant l'habitude, l'assistance était fort nombreuse pour suivre cet exercice. La mère, Elisabeth Turpin, s'était placée au jubé et resta jusqu'à la fin : autour d'elle étaient les oncles Tilladet, Saint-Pouenges et Dugué, et toute une série de cousins, deux d'Aligre, deux Chouard, deux Poncet, René Le Tellier, Claude Le Pelletier et Colbert qui représente Mazarin. Tous en sortirent très satisfaits. M. de Chaville n'a plus maintenant qu'à se préparer fortement pour les prix, il composera pour cet effet mardi prochain en prose grecque, et les professeurs ne trouvent point de faute à la copie qu'il a gardée de son thème. On saura, dans quelques jours, l'espérance qu'il y pourra avoir. Et, le 27 juillet, M. de Chaville, compose encore en vers pour les prix. Peut-être sera-t-il permis de ne pas avoir une confiance entière dans les appréciations optimistes du précepteur, d'autant plus que, comme on le verra, des jugements tout à fait différents ont été portés sur l'application et les aptitudes du jeune étudiant.

Quoi qu'il en soit, Le Tellier ne voulut pas attendre la fin des études pour assurer l'avenir de son fils. Depuis l'écrasement de la Fronde, son influence auprès de Mazarin et d'Anne d'Autriche s'était grandement accrue : en juillet-août 1654, son activité et ses mesures avaient permis de remporter les grands succès de Stenay et d'Arras, en somme de protéger la Picardie, de sauver la France septentrionale de l'invasion et de reporter la guerre plus au nord, vers Landrecies, enlevée à son tour en 1655.

Ces avantages marqués et essentiels pour l'avenir valurent à celui qui les avait facilités la réalisation de son désir le plus vif, la récompense des services des pères en leurs enfants. Ainsi débute l'acte du 14 décembre 1655, par lequel est accordée la survivance de secrétaire d'état, en faveur de M. Le Tellier fils[53]. En reconnaissance des fidèles et recommandables services rendus par Le Tellier, notamment depuis treize années qu'il exerce la charge de secrétaire d'état, le roi, accédant à sa prière, donne à François Michel Le Tellier, son fils aîné, ladite charge de secrétaire d'état, sur la démission qu'il en a faite en nos mains en faveur de sondit fils, à condition de survivance. Il espère que le jeune écolier sera capable d'exercer cette charge, lorsqu'il aura atteint l'âge convenable pour cet effet. Cet office, il pourra le remplir quand il aura 25 ans[54], et icelui tenir, en jouir, et user arrivant le décès de son père, même en faire les fonctions et exercice de son vivant lors de son absence ou maladie. Les trésoriers de l'épargne paieront à Le Tellier les gages, pensions et entretènements audit office appartenant, et, après son décès, audit François Michel Le Tellier, son fils. L'élève du collège de Clermont prêta serment pour la charge de secrétaire d'état en survivance le 30 décembre 1655[55]. Trois jours plus tard, le 2 janvier 1656, il fut nommé conseiller d'état ordinaire, toujours en considération des fidèles et recommandables services du père[56]. Tout commentaire n'aurait pour résultat que d'affaiblir le caractère si précis et la portée réelle de l'acte du 14 décembre.

Toutes ces formalités remplies, et peut-être aussi, les vacances du nouvel an terminées, Louvois, qui allait avoir quinze ans, loin de prendre la direction de l'administration militaire, comme certains l'ont soutenu, revint au collège de Clermont pour y poursuivre son instruction. Il devait y rester pendant un an et demi encore, jusqu'à la fin de l'année scolaire 1657. C'est en effet au mois de juillet[57] qu'il soutint ses thèses de philosophie, dont le succès, dit simplement Le Pelletier[58], répondit aux soins que M. son père avait pris de ses études. Toujours délégué de Mazarin, Colbert est plus chaud et plus explicite c'est une action qui donna de l'admiration à tous les assistants nul ne connaît mieux la philosophie que M. de Chaville et n'en discourt avec plus de grâce, de force et de jugement : il se rend digne fils de succéder à son père et très capable de bien servir le roi[59]. Et Mazarin, enthousiasmé par les appréciations si flatteuses de son intendant, ne voulait-il pas que, pendant les congés, son neveu, Alphonse Mancini[60], allât avec les enfants de M. Le Tellier, dans la conversation desquels il profitera beaucoup, persuadé que M. Le Tellier le traitera comme s'il était son troisième enfant ?[61]

Malgré tous ces éloges décernés au jeune collégien, doit-on accepter sans réservés que Louvois fut un élève laborieux et brillant ? Dans les Mémoires ou Essai sur sa vie, ouvrage attribué à des hommes qui l'ont intimement connu, Chamlay ou Gilbert de Saint-Pouenges, ou à un secrétaire du roi fort exactement renseigné, il nous est dépeint comme ayant eu une aversion invincible pour l'étude et les belles-lettres[62], déclarant lui-même qu'il n'avait guère appris le latin, etc.[63] : il se serait davantage appliqué à la géométrie et à l'architecture militaire. Il aurait, pendant longtemps, conservé peu de goût pour la littérature par suite des mauvaises impressions que ses maîtres lui en avaient donnée[64]. Peut-être, à son tour, le blâme est-il trop accentué. Il est permis de supposer avec vraisemblance que le futur ministre n'avait pas des notions approfondies .sur beaucoup de matières ; plus tard, occupé à d'autres soins, il ne cherchera pas à remédier aux lacunes de son instruction ; il se contentera, sauf en ce qui touche l'administration de la guerre, de connaissances générales[65].

Il quitta donc le collège de Clermont au mois de juillet 1657. Il ne conserva pas un mauvais souvenir de son séjour dans cet établissement[66]. Il n'oublia pas ceux qu'il y avait, alors, connus, par exemple les Pères Bouhours et Bourdaloue et il leur rendit volontiers des services plus tard[67].

Passé sous la direction immédiate de son père, il étudia sérieusement les langues au point qu'il put parler et écrire en italien et en espagnol[68]. Il fut ensuite introduit dans le vaste champ du droit civil privé et confié des personnes habiles dans la jurisprudence civile qui lui en donnèrent les notions nécessaires. Le Tellier, en effet, voulait le mettre en état d'entrer dans les charges de la robe, par un conseil de modération et de prudence. Ayant vécu pendant la période frondeuse, marquée par des changements fréquents et même par des bouleversements dans les situations les mieux établies, instruit d'ailleurs par son expérience personnelle, il entendait garantir son fils contre le caprice et les disgrâces dg la cour[69].

Inspiré par cette raison d'ordre pratique, il se hâta donc d'acheter, dès le 8 juin 1658, par l'intermédiaire de Claude Le Pelletier, un office de conseiller lay en la cour de parlement de Metz, du semestre de février, dont était pourvu François du Marais, conseiller du roi en sa cour des aides de Paris. Le vendeur remettait au mandataire du secrétaire d'état la procuration ad resignandum avec le nom du résignataire en blanc, pour être remplie du nom de messire François Michel Le Tellier, fils dudit seigneur Le Tellier. Celui-ci, en échange, devait verser la somme de 40.000 livres tournois au plus tard dans six semaines et en payer l'intérêt à raison du denier vingt à commencer de ce jourd'hui. En cas de non réalisation, Le Pelletier était tenu de se substituer à Le Tellier en attendant, il donnait à Du Marais un pot-de-vin de 25 louis d'or pour la chaîne de la dame, femme dudit sieur[70].

Il est douteux, écrit Rousset[71], que Louvois soit jamais allé prendre possession de son siège. Au contraire, Fauvelet du Toc croit qu'il accomplit ses fonctions à Metz jusqu'en novembre 1661, moment où il fut nommé membre de la Chambre de justice[72]. D'après l'auteur des Mémoires ou Essai..., il les aurait exercées pendant quelque temps : puis, son père le rappela auprès de lui pour tâcher de perfectionner par lui-même cette première institution d'un fils qui lui était si cher[73]. Toutes ces assertions sont entièrement inexactes.

Après l'achat de la charge de conseiller au parlement de Metz, semestre de février, Le Tellier en obtint les provisions le 6 juillet 1658[74] : François Michel, avocat en notre cour de parlement de Paris, pourra, lit-on, à l'imitation de son père, dans l'exercice des charges de judicature, se rendre de plus en plus capable de nous faire le même service, avec pareille affection et assiduité, dans la charge de secrétaire d'état en survivance dont il est pourvu : aussi, lui octroie-t-on l'office de conseiller au parlement de Metz. Mais le bénéficiaire, ayant 17 ans seulement[75], n'a pas l'âge requis et n'a pas fréquenté le barreau pendant trois mois comme l'exige le règlement de la cour messine. Qu'à cela ne tienne ! Par sa lettre du 26 septembre, le roi donne toutes les dispenses nécessaires et enjoint au parlement de Metz de procéder à la réception du sieur Le Tellier[76].

Louvois partit pour Toul où cette cour avait été reléguée depuis la fin de l'année 1636. A l'audience du lundi matin 21 octobre, après avoir vu les provisions et la lettre de dispense, qu'il présente, la cour donne arrêt pour informer de la naissance, vie, mœurs, religion catholique, apostolique et romaine, affection et fidélité au service du roi dudit sieur Le Tellier[77]. Le surlendemain, cette enquête terminée, nouvel arrêt pour déclarer qu'il serait reçu, s'il est trouvé capable. Entré derrière le bureau, Louvois ouvre un code et la fortuite ouverture est tombée sur les contrats de ventes et d'achats[78]. Le vendredi matin, 25 octobre[79], est le grand jour. Le postulant, entré dans la chambre derrière le bureau, debout et découvert, a fait une harangue en latin et posé l'espèce de la loi à lui échue à la fortuite ouverture du code. Il répond ensuite sur les livres de droit et de pratique. Il est trouvé suffisant et capable. Il prête alors le serment de bien fidèlement exercer ledit office de conseiller du roi[80]. Un genou en terre, la main sur l'Évangile, que tient le premier président, il jure de vivre et mourir en la religion catholique, apostolique et romaine. Les cérémonies sont terminées : Louvois prend place parmi les conseillers. On lui remet un dossier : il retire les originaux de ses lettres de provision et de dispense, et signe Le Tellier[81]. Le lendemain samedi 26, il fait rapport du procès d'entre la dame de Seschamps et la demoiselle de Seschamps[82]. C'est fini pour lui à Toul ; jamais plus, parmi les noms des conseillers qui siègent, on ne rencontrera le sien, pas plus que celui de Charles Colbert de Croissy, membre du parlement de Metz depuis 1656[83]. Louvois est immédiatement reparti pour retourner auprès de son père.

Théoriquement, il resta conseiller de ce parlement jusqu'au 17 mars 1663. Le Tellier vendit alors l'office à Jean de Morillon, avocat en parlement, demeurant à Paris, sur Serpente, pour la somme de 45.000 livres tournois, payable le 8 avril[84]. Depuis quelques années déjà la carrière de Louvois avait été aiguillée vers une autre voie. Mais il n'oublia pas plus ses collègues temporaires de Metz que les élèves du collège de Clermont. A deux reprises, plus tard, il eut l'occasion de renouer des rapports avec eux, lorsqu'il passa en Lorraine. En 1671, il s'excusa de n'avoir pu recevoir la députation du parlement, et cela en termes fort obligeants[85]. Puis, le jeudi 8 janvier 1672, la Cour, ayant eu avis de l'arrivée imminente à Metz de Louvois, ministre et secrétaire d'état, faisant la fonction de secrétaire d'état dans cette province depuis la mort de M. de Lionne, nomme, pour le complimenter, une délégation de quatre membres, qui, accompagnés de deux huissiers du parlement, vont, en carrosse, à l'hôtel de la Haute-Pierre, où le ministre est descendu. Celui-ci les ayant immédiatement reçus, le conseiller Foës lui rappelle qu'ayant été autrefois membre du même corps, il se trouvait en quelque manière obligé d'en soutenir les intérêts. Et Louvois, tout à fait aimable, répond qu'il était beaucoup obligé à la compagnie de sa civilité et de son souvenir, qu'il tenait à honneur d'avoir été parmi elle et l'assure qu'en toutes rencontres où il pourrait la servir, il le ferait avec affection[86]. Tout en tenant compte du caractère cérémonieux et officiel de cette visite, on peut néanmoins juger que nous sommes bien loin du brutal Louvois que nous ont représenté Madame de Sévigné et beaucoup d'autres.

A l'époque où il recevait les parlementaires messins, il était devenu l'un des plus grands personnages de l'état. Car, pour Le Tellier, que son fils fût seulement un petit conseiller d'une cour provinciale, cela était un simple et provisoire pis-aller. Son projet réel et formé depuis longtemps était de lui transmettre sa succession au secrétariat d'état de la guerre. Mais, pour le réaliser, le futur ministre devait apprendre à connaître, étudier à fond l'administration militaire. Le père devint donc l'éducateur du fils : Il faisait instruire en même temps M. de Louvois de tout le détail des expéditions et le faisait travailler auprès de lui[87]. Il le plaça d'abord sous la direction d'un commis sage et habile, Carpon. Celui-ci choisit parmi toutes les expéditions, lettres, patentes, édits, déclarations, ordres et routes, qu'avait dressés le premier commis, Timoléon Le Roi. Avec ces pièces, il composa des recueils, dont l'ensemble constitua une sorte de manuel en six volumes et dont nous pouvons encore aujourd'hui apprécier l'importance[88]. J'avoue, dit Brienne le jeune, que j'y ai beaucoup profité, c'était de la besogne toute faite, et, ajoute-t-il avec quelque exagération, il eût fallu, avec ces secours, être plus que bête pour ne pas bien faire le département de la guerre[89].

Cette éducation pratique et technique, ne s'effectua pas, semble-t-il, sans difficulté, tout au moins dans les débuts. Loin d'être docile, Louvois était, à ce moment, vif, emporté, brutal, et ne se modérait en rien. En 1659, à Saint-Jean de Luz, il ne cachait pas à un autre survivancier, Brienne le jeune, qu'il aimait, non le travail, mais la débauche. Ses liaisons avec la jeune cour l'entrez-laient a mener une vie désordonnée. De là pendant plusieurs années, un combat continuel entre le père et le fils. Plus Louvois s'écartait, plus M. Le Tellier faisait d'efforts pour le ramener tantôt par la douceur, tantôt par les menaces et les paroles dures et aigres. Il cachait, autant que possible, au public, ces débats personnels et pénibles, que connut à peu près seul Claude Le Pelletier, à la fois confident et médiateur. Après avoir vainement tenté d'employer le jeune Brienne pour faire entendre raison à Louvois, le secrétaire d'état convoqua à Fontainebleau le chevalier de La Ilhière, un des braves et galants hommes de France[90], ami intime de son fils. Il lui annonça sa détermination irrévocable de faire enlever la charge à Louvois : si, dans quinze jours, celui-ci n'avait pas décidé de changer de conduite, il demanderait au roi de le remplacer par Le Pelletier. Louvois se serait soumis. Quelques réserves que puissent imposer ces renseignements, émanant pourtant de personnes bien informées, il n'en subsiste pas moins que de sérieux dissentiments divisèrent le père et le fils[91].

Bien plus, Louis XIV serait intervenu pour calmer Le Tellier, lui recommander la patience et l'indulgence pour la jeunesse. Il aurait même participé à l'éducation professionnelle, peut-on dire, de celui qui était à peu prés du même âge que lui, et qu'il connaissait depuis l'enfance. D'ailleurs, ne serait-il pas glorieux pour le roi d'avoir su former, de sa main, un sujet sans expérience ?[92] Cette opinion, qui prévaut rapidement dans le monde officiel, est traduite avec la plus grande netteté par les ambassadeurs vénitiens. Morosini dit : In modo che viene dalla Maestà Sua con frequenza nominato corne opera delle sue mani. Michiel précise : Ama il re Louvois, perché... sollevato all'impiego delle propria sua manu. Louvois, note Contarini, viene corne sua creatura considerato, lusingandosi (il re) di aver fatto un ministro di cosi gran valore colle proprie istruzioni[93]. En France, le polémiste Courtilz de Sandras, militaire jusqu'en 1674, est du même avis et il l'exprime, avec beaucoup plus d'abondance, dans trois de ses ouvrages : son opinion, conforme à celle d'observateurs perspicaces, ne doit donc pas être absolument rejetée[94]. En somme, que Louis XIV se soit vivement intéressé à Louvois, on doit l'admettre sans restriction, en considérant les rapports ultérieurs du souverain et du ministre. Mais qu'il ait été son principal instructeur au point de vue administratif, il est plus difficile de souscrire à ce jugement dans lequel la flatterie paraît avoir eu quelque part. Celui qui joua, avant tout, ce rôle pratique et technique fut évidemment celui qui était à la tête des bureaux du secrétariat, le père.

Peut-on se rendre compte des modalités de cette éducation, des progrès réalisés, des résultats obtenus ? Tâche difficile, puisque, à défaut des conversations entre Le Tellier et Louvois, il nous reste simplement la correspondance administrative, qui comporte des lacunes et ne nous offre, pour les années 1657-1660, aucune lettre du fils[95]. Celui-ci, d'autre part, quitte Paris avec la cour au mois d'août 1659 et n'y revient qu'un an après, lors de l'entrée de Louis XIV et de Marie-Thérèse, le 26 août 1660[96]. C'est donc à partir du mois suivant seulement, qu'installé aux côtés de son père, il commence à écrire. Il n'est certes pas aisé de reconnaître ses lettres, la comparaison des écritures ne pouvant donner de résultat probant. Seules, la signature autographe et la manière dont une missive est rédigée autoriseraient une attribution précise et exacte. Pour ces débuts, elles sont l'exception, de telle sorte que les indications, que je donnerai ci-dessous, doivent être considérées comme ayant seulement une valeur approximative[97]. Au contraire, à partir du 22 octobre 1661 commence à apparaître, de temps en temps, une mention révélatrice, grâce à laquelle l'examen devient plus facile et moins incertain. Sur le verso des documents, on peut lire en effet : la dernière est de Monseigneur de Louvois, ou bien M. de Louvois à Madame la Marquise de La Fare, ou plus simplement de M. de Louvois, ou encore, c'est une lettre de M. de Louvois[98]. Cette annotation, qui, dans la suite, deviendra plus fréquente, a sans nul doute une importance capitale pour l'étude du labeur auquel était astreint et se livrait le jeune apprenti.

C'est avant tout un travail de rédaction et sur toutes sortes de matières. En l'année 1660, nous rencontrons beaucoup de lettres de compliments, d'amitiés, d'offres de service, d'assurances[99] ou bien des remerciements à propos du mariage de Madeleine-Fare, sœur de Louvois, avec Villequier, fils du duc et maréchal d'Aumont[100]. Il accepte avec gratitude des cadeaux, c9nfitures, gélinottes, étoffes[101]. Avec les militaires de haut grade et les gouverneurs, il n'entretient pas encore une correspondance active[102] : avec les autres, il se borne à envoyer des congés ou des brevets de nomination[103]. De même, c'est, non avec les intendants, mais avec les commissaires des guerres, qu'il s'occupe des affaires administratives. Apparaissent ici des hommes qui resteront longtemps en fonctions ou, au contraire, seront mis en prison par ordre de Louvois, devenu puissant, les commissaires Aubert, Cappy, Cartier, Esmale que le ministre favorise financièrement[104], La Grange, La Tournelle qui est réprimandé[105], Le Camus, Thirement, etc. Entre eux, il est question de finances, du retard de la solde, du logement des gens de guerre, etc.[106] Mais ce qui intéresse plus encore l'historien, c'est qu'il voit dès ce moment Louvois demander instamment, à ces rouages essentiels de l'administration, de l'informer amplement, avec exactitude et régularité, en toute liberté[107]. Cette habitude prise dès le début, le ministre ne la perdra plus.

En l'année 1661, son champ d'action s'étend, devient plus varié. Non pas sans doute auprès de l'élément militaire : les hauts officiers n'apparaissent guère, les autres reçoivent toujours ou n'obtiennent pas des congés[108]. Les correspondants les plus nombreux restent les commissaires des guerres, les mêmes qu'auparavant, et quelques autres. Avec eux Louvois traite des questions d'argent : il leur envoie les états de paiement, qu'il a dressés lui-même, il leur ordonne des licenciements de troupes, il intervient dans les différends survenus, pour le rang, entre divers régiments[109]. En outre, maintenant, — et c'est là l'important, — il commence à entrer en rapports avec les intendants, Bazin de Bezons, Colbert de Croissy, Colbert du Terron, de Creil, Pomereu, et surtout avec Sarron-Champigny et l'ancien commissaire Macqueron[110] : avec ces officiers supérieurs, des sujets techniques de toutes sortes sont envisagés, discutés, résolus. On voit apparaître, en outre, le chevalier du guet, le lieutenant particulier, le lieutenant général de Châlons, le parlement de Grenoble et son premier président, le conseil souverain du Roussillon, etc.[111] Beaucoup de prélats, évêques de Coutances, La Rochelle, Tulle et Valence, archevêques d'Arles, Lyon et Toulouse, cardinal Antoine Barberini, s'adressent volontiers au jeune commis[112]. Celui-ci informe l'ambassadeur de Venise et correspond avec Saint-Romain, qui représentera bientôt la France à Lisbonne[113]. Il entre même en relations avec des souverains, comme les grands ducs de Toscane et de Lorraine[114]. Enfin ne voit-on pas Colbert supplier très humblement M. le marquis de Louvoy, de prendre la peine de faire expédier des lettres d'économat pour l'évêché de Luçon, conformes au projet suivant[115] ?

Cette progression et cette extension prouvent, sauf contestation possible, que Le Tellier a dû, en fin de compte, être satisfait du travail de son fils. Celui-ci a pris de l'assurance, et, tandis qu'au début ses lettres se signalent par de nombreuses ratures[116], il s'assimile petit à petit les formules et la manière de rédiger : il s'aguerrit et peine beaucoup moins. Il écrit même déjà des minutes : qu'elles soient acceptées ou refusées par Le Tellier, peu importe[117] : Louvois se livre à l'exercice le plus délicat et le plus difficile. Mais cela peut-il signifier qu'il est, dès maintenant, capable de prendre en mains la direction effective -de l'administration militaire ? Lui-même va nous fournir une réponse péremptoire. Dans un grand nombre de ses lettres, il emploie des phrases caractéristiques, par exemple : Je m'en remets à ce que vous écrira M. Le Tellier... Vous connaissez, par la lettre de M. Le Tellier... Je ne manquerai pas de faire voir à M. Le Tellier... de m'employer auprès de... de faire souvenir... j'appuierai auprès de... j'ai parlé à... expliqué à... J'ai eu ordre de M. Le Tellier, etc.[118] Louvois reconnaît, ainsi, formellement que, s'il a été chargé d'expédier de plus en plus, il n'échappe pas encore au contrôle paternel. Il est toujours tenu en lisière et n'est en somme que l'égal d'un premier commis, un subordonné.

Il s'était néanmoins attiré la faveur de Louis XIV. Il assistait au conseil en même temps que Brienne le fils, survivancier comme lui, à côté du chancelier Séguier, des ministres Brienne, Lionne et Le Tellier, et des secrétaires d'état La Vrillière et Guénégaud. Il approchait ainsi du roi, qui, d'autre part, s'entretenait en particulier et travaillait, nous dit-on, avec lui et son père[119]. Aussi, dès l'année 1661, Louis XIV lui accorde-t-il un privilège en considération des services qu'il nous rend avec beaucoup d'assiduité et de zèle et de ceux qui nous sont aussi rendus par ledit sieur Le Tellier. Tels sont les termes de la déclaration royale du mois d'octobre, par laquelle il est permis à Louvois d'établir dans les villes maritimes du pays de Provence, aux endroits les plus commodes pour le commerce, tel nombre de barques, tartanes, chaloupes, brigantins ou vaisseaux qui sera jugé nécessaire et de les faire partir à jours certains et réglés pour aller en la ville de Gênes et autres villes qui sont sur la côte d'Italie, monopole que Louvois se proposait de céder moyennant une certaine somme[120]. Tel est le premier de ces nombreux privilèges qu'il devait recevoir de la générosité royale et qui devinrent un des éléments principaux de sa fortune.

Puis, ce fut le brevet du 24 février 1662, sur lequel se sont appuyés, sans en connaître les termes, de nombreux historiens. Le roi rappelle l'acte du 14 décembre 1655, par lequel il a accordé à Le Tellier fils le pouvoir et la faculté, lorsqu'il aurait atteint l'âge de 25 ans, d'exercer ladite charge de secrétaire d'état en cas d'absence ou de maladie du sieur Le Tellier, son père. Celui-ci lui ayant demandé la permission pour Louvois de l'exercer dès à présent... bien qu'il ne soit que dans la vingt-deuxième année de son âge, il y consent. Il prend en effet en considération le mérite singulier des longs et laborieux services de Le Tellier. Il sait que par les soins et l'application qu'il a apportée à l'éducation de son fils, il lui a donné beaucoup de connaissances des affaires concernant ladite charge de secrétaire d'Etat. Il espère que suivant l'exemple du père et continuant, comme il a fait jusques à présent, d'agir sous ses ordres, Louvois arrivera, en peu de temps, à remplir les fonctions de secrétaire d'état. Pour toutes ces raisons, Sa Majesté l'autorise à expédier et signer toutes lettres patentes, etc. qui dépendent de cette charge, à exercer celle-ci pleinement et entièrement... en l'absence ou maladie dudit sieur Le Tellier son père, et, dans ce but, Elle le relève et dispense du défaut d'âge[121]. C'est donc sur ce dernier point seul que l'acte nouveau modifie radicalement l'ancien. Pour tout le reste, il se borne à en répéter les stipulations. Louvois reste sous les ordres de son père, et ne dirigera effectivement qu'en cas de maladie ou absence de Le Tellier. Il signera seulement à 22 ans au lieu de 25. Louvois le reconnaît lui-même : Comme vous me faites l'honneur de m'aimer, écrit-il, je ne puis finir, Monsieur, sans vous faire part de la grâce qu'il a plu au roi de m'accorder depuis quelques jours en me permettant de signer, bien que je n'aie pas encore l'âge porté par mes provisions[122]. Et la Gazette vient indirectement à la rescousse quand, le 25 mars, elle annonce le mariage de Louvois, secrétaire d'état et reçu en survivance à cette charge, avec pouvoir de l'exercer en l'absence ou en cas de maladie de Le Tellier[123].

Tel fut ce que l'on a appelé le cadeau de noces du roi de France. En effet, presqu'immédiatement après la mort de Mazarin, le secrétaire d'état de la guerre avait pensé au mariage de son fils, trop dissipé[124]. Les négociations avec la famille de Souvré se précisèrent au commencement de l'année 1662, et le bruit s'en répandit tellement que Louvois fut félicité avant qu'elles fussent arrivées à leur terme. A l'un de ces flatteurs trop empressés, il répondit avec quelque enjouement : Je ne doute point que l'on ne m'ait marié dans le monde. Mais, puisque je ne vois pas que je le sois effectivement, je vous supplie d'agréer que, sans faire aucun aveu, je vous rende grâces de la part que vous prenez en ce qui me touche[125]. D'après le contrat du 18 mars, que, par un grand honneur, Louis XIV et Marie-Thérèse daignèrent signer, il recevait de ses parents 300.000 livres d'argent comptant et le marquisat de Louvois, acheté par Le Tellier en 1656[126]. Le lendemain, dimanche 19, à l'église Saint-Eustache, dans la chapelle de Sainte-Marie Egyptienne, il épousait Anne de Souvré, fille du défunt marquis de Souvré, marquis de Courtanvault et de dame Marguerite de Barentin. Camille de Neufville, archevêque de Lyon et primat des Gaules, avait officié : outre les parents, on avait remarqué dans l'assistance le maréchal de Villeroi, les évêques de Chartres et de La Rochelle, etc.[127] Les jeunes époux allaient habiter, rue des Francs-Bourgeois, à l'hôtel Le Tellier, où se trouvaient, dirait-on aujourd'hui, les bureaux du ministère de la guerre, et c'est là qu'en mai 1663 naîtra leur premier enfant[128].

***

En arrivant au terme de cette étude, je crois pouvoir dégager les conclusions suivantes, à mon avis incontestables. En 1662, la situation de Le Tellier est considérable. Ministre d'état et grandement estimé, il est un des plus hauts personnages du royaume. Non seulement, il dirige l'administration militaire, mais il est consulté et employé dans toutes les affaires importantes. A côté de lui, Louvois, dont il a soigneusement surveillé l'éducation et l'instruction, travaille au secrétariat de la guerre et bénéficie déjà de la faveur royale. N'ayant pas 22 ans, il reste encore en sous-ordre, dépourvu de toute initiative tant que son père est présent ou bien portant. Il a seulement l'espoir de recueillir sa succession. Cette situation changera-t-elle au cours des années suivantes, et quand ?

 

 

 



[1] A. N., O1, 11, f° 189, et B. N., f. fr., 4222, f° 16-17 : v. le texte dans L. André, Michel Le Tellier..., p. 94, note 1.

[2] A. N., Guerre A1, 1181, pièce 17 : v. le texte dans L. André, Michel Le Tellier..., append. I, p. 665.

[3] Michel Le Tellier et l'organisation de l'armée monarchique. — Deux mémoires inédits de Claude Le Pelletier.

[4] A. N., O1, 10, f° 5-6 et O1, 11, f° 189-190, Commission à M. Le Tellier, secrétaire d'état pour signer au nom du roi les dépêches qui seront ordonnées par Monseigneur le duc d'Orléans pendant le voyage de Sa Majesté en Guyenne.

[5] Condé ayant exigé sort renvoi en juillet 1651, Le Tellier se retira à Chaville ; rappelé au mois de décembre, il rejoignit la cour à Poitiers.

[6] Le Pelletier, Vie..., p. 81.

[7] Le Pelletier, Vie..., p. 87 ; Duchesne, p. 831-832.

[8] Pageau (René), Discours..., p. 64 ; — Cf. A. E., Mém. Doc., 1745, f° 300-301, Mazarin à d'Harcourt, 30 octobre 1646, grand éloge de Le Tellier.

[9] B. N., f. fr., 4199, f° 52 v°-56 r°, Le Tellier à Tracy, 3 février 1644.

[10] B. N., f. fr., 4201, f° 444 r°, Le Tellier à d'Harcourt, 17 novembre 1646.

[11] Relazioni..., Francia, III, p. 92.

[12] Mazarin fut gravement malade d'août 1660 à mars 1661 ; il mourut le 9 mars.

[13] Le Pelletier, Vie..., p. 91-92 sur ces faits importants, v. les notes 1 et 4 de la page 92. Cf. d'Auvigny, V, 240.

[14] Guy Patin, III, 250, 283, 303, 304, 305, 313-314, 316, 337, 340, 341.

[15] Tarente, Mém., 236 ; — Artagnan, Mém., IV, 38-39 ; — Viole, let. pub. p. Chéruel, Mém. sur la vie pub. et priv. de Fouquet, II, 81 ; — Relazioni...., Francia, III, 54 ; — Vuoerden, Journ., cité dans Mémor., I, 107-108, note 17, et 126, note 13.

[16] A. N., Guerre A1, 162 min., f° 365, 20 août 1660.

[17] Le Pelletier, Vie..., p. 93. A la page 94, on lit encore : Après la mort de M. le cardinal, M. Le Tellier se trouvait seul ministre auquel le roi et sa mère eussent une entière confiance et dont ils connussent la capacité. La cour et le public le regardaient d'une même façon.

[18] Le Pelletier, Vie..., p. 94. Le texte est plus obscur p. 93 : Mais il en était d'autant plus retenu et réservé sans manquer pourtant à ce qu'il devait à l'état ni à la reconnaissance pour M. le cardinal.

[19] V., en particulier, Lair, N. Foucquet, II, 2.

[20] Guy Patin, III, 314.

[21] Rapin, III, 108-109.

[22] Louis XIV, Mémoires, II, 388, ou Œuvres, I, 32.

[23] Motteville (Mme de), Mém., IV, 245 ; — Witt, Let. et négoc., II, 83 (opinion de Van Beuningen, 11 mars 1661).

[24] Guy Patin, III, 339 ; Louis XIV, Mémoires, II, 388, ou Œuvres, I, 32 ; — Brienne le fils, Mém., II, 214 ; Gramont, dans Petitot, II, 57, p. 90-91 ; Montglat, Mém., IV, 269 ; — Rapin, III, 108 ; Artagnan, IV ; — Relazioni..., Francia, III, 82, 87-88, 91 (Alvise Grimani a tort de dire gué les finances furent données à Colbert et le reste à Le Tellier) et 126 ; — V. les détails précis donnés par Louvois à Vuoerden, dans Mémor., I, 61, note 31 ; — Basnage, Annales..., I, 640 (renseignements curieux, mais contestables).

[25] Choisy, dans Petitot, II, 63, p. 232. Choisy ajoute que Le Tellier aurait aussitôt prévenu Anne d'Autriche et que celle-ci, éclatant de rire, lui aurait demandé : En bonne foi, M. Le Tellier, qu'en croyez-vous ? Récit peu acceptable, puisque la reine-mère était, d'après Mme de Motteville, au courant, depuis deux jours, des intentions de son fils.

[26] Le Pelletier, Vie..., 133.

[27] Ormesson, Journal, II, 590 ; — Maboul, Or. fun., p. 24, se borne à dire : Toutes les affaires de l'état allaient tomber sur lui, si Louis, plus roi encore par les hautes qualités de son âme que par sa couronne, n'avait pris les rênes en mains.

[28] V., en particulier, Le Pelletier, Vie..., p. 94-95 ; — Saint-Hilaire, Mém., I, 9 ; — Ormesson, II, 167 ; — La Fare, dans Petitot, II, 65, p. 148-149 ; — Relazioni..., Francia, III, p. 93, etc.

[29] Il suffit de lire ses Mémoires pour voir que, dès ce moment (1661), sa conception du pouvoir royal est nettement fixée. — Cf. St-Simon, Ecrit inéd., I, 231.

[30] A. N., Guerre A1, 168 min., 11 mars 1661.

[31] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 220, 1er avril 1661.

[32] Le Pelletier, Vie..., p. 94-95.

[33] Le Pelletier, Mém., p. 135 ; — V. au chapitre II ce qui concerne l'affaire Fouquet (lettre de Louis XIV à sa mère),

[34] Relazioni..., Francia, III, 92.

[35] Le Pelletier, Vie..., p. 76.

[36] Louis XIV, Mémoires, II, 388, ou Œuvres, I, 32.

[37] Relazzioni..., Francia, III, 92.

[38] Le Pelletier, Vie..., p. 99, note 2 (références).

[39] Cité dans l'édit. de 1762, introd. aux Or. fun. de Bossuet ; repris par Fléchier dans la seconde partie, p. 22.

[40] Legendre, Mém., p. 64.

[41] Spanheim, Relation, p. 340.

[42] Texte dans Jal, Dict. crit., p. 809 ; reproduit, mais avec une erreur de date, par Emm. Michel, Biographie du parlement de Metz, p. 320-321. Sur les domiciles successifs, v. le chapitre XIV (famille).

[43] Je corrige ainsi le tableau généalogique que j'ai inséré dans Deux Mém. inéd. Le 12 septembre 1639 avait été, en effet, baptisé Gabriel Jean dans la même église ; texte dans B. N., f. fr., nouv. acquis., 3619, n° 5586.

[44] Il ne portera ce titre qu'après l'achat, par Le Tellier, de la terre de Louvois, en 1656.

[45] Le Pelletier, Vie, p. 79-80.

[46] Hersan, Oratio, p. 24-25.

[47] Le Pelletier, Vie, p. 80 : Ayant été le premier homme de sa condition qui a donné ce bon exemple aux pères. — L'acte officiel est celui relatif à la survivance (14 décembre 1655) ; v. ci-dessous.

[48] A. N., Guerre A1, 516 orig., p. 21, 26, 31 et 32, 46, 49, du 6 au 27 juillet 1654.

[49] Probablement le Père Laurent Le Brun, auteur de l'Eloquence poétique et de l'Institutio juventutis christiance (1653) : v. C. Dupont-Ferrier, Du Collège de Clermont..., I, 225 et 264 : sur les énigmes, 205, 247 : sur les prix, 250-251 : sur les termes, consul, imperator et dictateur, 200-201.

[50] Monseigneur, je ne puis m'empêcher que je (ne) vous témoigne mon sentiment, touchant l'énigme de M. votre fils aîné, et que je vous assure qu'il a très excellemment récité et avec sa très belle grâce, et qu'il s'est fait remarquer de la compagnie, qui était très belle et très nombreuse. La peinture en trois tableaux était belle, mais celle de M. votre fils me semblait surpasser les autres. Reste maintenant, après cette action passée, qu'il se prépare, avec ses autres frères, pour composer pour les prix, afin qu'ils continuent à remporter l'honneur comme ils ont fait jusqu'à présent. Je vous puis assurer, Monseigneur, que je n'ai point .tant de plaisir que de les voir triompher et se faire connaitre pour vos enfants. J'y contribuerai de tout mon pouvoir et tâcherai de vous témoigner en leurs personnes que je suis..., 6 juillet 1654. L'un des frères, dont il est parlé dans cette lettre, François, mourra en 1657.

[51] Ce précepteur était un ecclésiastique, ayant obtenu un bénéfice de la seule bonté et générosité de M. Le Tellier, let. du 27 juillet 1654. — Il a été très sévèrement jugé par l'auteur de Mémoires ou Essai..., d'après lequel l'aversion, que Louvois aurait eue pour l'étude, eut pour cause le choix du précepteur qui joignait à son ignorance grossière une bassesse d'âme dont les sentiments ne pouvaient convenir à l'élève qui lui était confié... bien qu'il fût engagé dans l'état ecclésiastique, p. 2-3. Louvois le remercie des félicitations qu'il lui a adressées à l'occasion de son mariage : A. N., Guerre A1, 173, f° 70, 21 avril 1662. Il se servira de lui pour lui procurer des cartes marines : v. ci-après.

[52] Dans la lettre du 18 juillet 1654, il ajoute vivacité accompagnée d'une adresse et mouvement de corps fort libre.

[53] A. N., O1, 10, f° 98-100, et B. N., Collection Cangé, vol. 68, f°233 ; le texte complet à l'appendice.

[54] Le règlement de 1588, analysé longuement par Luçay, p. 25, fixerait à 35 ans l'âge des secrétaires d'état.

[55] A. N., O1, 10, f° 100 r°-v°.

[56] A. N., O1, 10, f° 100-101 : Considérant que... il est convenable que nous vous donnions la qualité nécessaire pour entrer ordinairement à nos conseils, espérant, par les bonnes et vertueuses qualités qui sont en vous, que vous nous y servirez et le public dignement ainsi que dans ladite charge. A ces causes et autres à ce nous mouvant, nous vous avons retenu, constitué et établi, retenons, constituons et établissons, par ces présentes signées de notre main, notre conseiller ordinaire en nos conseils d'état, privé et finances pour, après que vous aurez prêté le serment en tel cas requis et accoutumé ès mains de notre très cher et féal cousin, le sieur Séguier, duc de Villemor, pair et chancelier de France, avoir entrée séance et voix délibérative en nos conseils suivant les règlements sur ce par nous faits...

[57] Et non en juin, comme le dit Le Pelletier, Vie..., p. 83.

[58] Le Pelletier, Vie..., p. 83.

[59] Pub. p. Clément, Hist. de Colbert, II, 434-435.

[60] Ce neveu de Mazarin, Alphonse Mancini, mourra en 1658.

[61] Mazarin, Let., VII, 39, à Colbert, 15 juillet 1657. — Le 24 août, Colbert rend compte au cardinal d'une grave maladie de Louvois : Je crois être obligé de donner avis à votre Eminence que le fils aîné de M. Le Tellier a été fort dangereusement malade depuis six jours, en sorte que les médecins le jugeaient en péril. Cette nuit, grâce à Dieu, la petite vérole a paru en abondance, ce qui fait beaucoup mieux espérer et, en effet, les médecins l'estiment hors de péril. Cette maladie a été jusqu'à présent cachée à M. Le Tellier, et, comme Votre Eminence sait combien un accident de cette nature lui sera sensible, j'ai cru qu'Elle serait peut-être bien aise de lui donner quelque consolation en même temps qu'il apprendra cette maladie : Colbert, Let..., I, 277-278.

[62] Brienne le fils raconte, de son côté, que Louvois, en 1659, lui aurait avoué n'avoir de l'inclination que pour la débauche et nullement pour le travail qu'il haïssait à la mort et redoutait beaucoup : — II, 276-277.

[63] Mémoires ou Essai, p. 4-5 : On lui a ouï dire plusieurs fois que, de tout le latin qu'on lui avait appris, il n'en avait guère oublié, et qu'il n'avait retenu que ces trois mots : Asinus Asinum fricat, ce qu'il appliquait à son médecin quand il en consultait d'autres.

[64] Mémoires ou Essai, p. 6.

[65] Louvois, le 23 septembre 1670, écrit une lettre curieuse à Darbon, l'homme de confiance de Le Tellier : J'aurais besoin d'un abrégé d'histoire de France pendant les règnes de la dernière race de nos rois. Consultez sur cela M. Favre, et ensuite achetez-le et me l'envoyez. je ne me soucie pas de l'habileté de l'auteur ni de la beauté de l'impression. Et, pourvu que je puisse voir en gros ce qui se sera passé de considérable sous le règne de chaque roi, je serai content : A. N., Guerre A1, 248 min., f° 204. Dès 1662, il mettait à contribution son ancien précepteur, l'abbé Daragon, pour lui procurer une carte marine, dans laquelle l'on a marqué exactement tous les ports de la Méditerranée ayant appris que cette carte n'existe pas, il lui demande d'en faire composer une par un cartographe marseillais et de lui recommander d'y apporter beaucoup d'exactitude : A. N., Guerre A1, 174 min., f° 47 et 200, 7 juillet et 1er août 1662.

[66] Il avait fait vœu de donner à la chapelle du collège une lampe en argent, devant brûler à perpétuité à côté de l'autel de la Vierge ; pour cela, le 20 novembre 1657, ses parents versent la somme de 840 livres, qui fournira une rente annuelle de 42 livres pour l'entretien de cette lampe : texte publié en partie par Dupont-Ferrier, ouv. cité, III, p. 209*, n° 136 bis.

[67] Dominique Bouhours, 1628-1702 : sur lui, V. G. Doncieux, Un Jésuite homme de lettres au XVIIe siècle : d'abord élève, puis novice, enfin professeur. En 1663, Louvois recommande à un de ses subordonnés à Dunkerque d'aller faire des offres de service à ce Père qui a eu soin de mes études au collège de Clermont : A. N., Guerre A1, 181 min., f° 251 et 254.

Avec Bourdaloue, les rapports furent beaucoup plus fréquents. Né en 1632, Bourdaloue étudia, au collège, la philosophie en 1655-1656, et la théologie de 1656 à 1660. Dès l'année suivante commence la correspondance entre les deux camarades. Louvois charge le célèbre prédicateur de surveiller au collège la conduite de ses enfants et d'ordonner sut tout ce qui les concerne ce qu'il jugera bon. Il le convie à Meudon, et il utilisera son talent d'orateur sacré pour la conversion des protestants : v., en particulier, A. N., Guerre A1, 168 min., p. 72 — 426 min., p. 236 — 655 min., p. 351 — 695  min., p. 227, let. de 1661, 1675, 1681, 1683. Dans toutes ces lettres, Louvois se montre aimable et cordial.

De même, Le Tellier, en 1661, accorde au préfet général des études, le Père Dechampneuf, une faveur pour lui u témoigner le ressentiment que j'ai des bontés que vous avez eues pour mes enfants pendant qu'ils étaient en votre collège p : A. N., Guerre A1, 170 min., f 82, 26 octobre 1661. Sur ce Père, 1602-1675, v. Dupont-Ferrier, ouv. cit., III, n° 71, et p. 209, 211, 289.

[68] Fauvelet du Toc, p. 331-336.

[69] Mémoires ou Essai.., p. I ; Le Pelletier, Vie..., p. 84.

[70] Arch. Doud., carton 6, liasse 27, et A. N., minut. cent., LXXV, étude de Philippe Gallois, 8 juin 1658. — A la suite, ratification de Le Tellier (15 juin) et reconnaissance par Du Marais du versement effectué par Darbon pour Le Tellier le 30 juillet. — Sur les raisons pour lesquelles les charges étaient moins chères au parlement de Metz que dans les autres cours, v. citation de Barbier dans Saint-Simon, Mém., V, 1355 note 3.

[71] T. I., p. 15.

[72] P. 331-336.

[73] P. 7.

[74] Arch. Mos., série B, 75e, f° 286 v° : Provisions d'un office de conseiller lay pour Monsieur François Michel Le Tellier, 6 juillet 1658. — Louis, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, à tous ceux qui. ces présentes lettres verront, salut. La confiance que nous avons prise de notre amé et féal François Michel Le Tellier, avocat en notre cour de parlement de Paris, de la suffisance, prudhomie et loyauté duquel nous avons une connaissance particulière, et mettant en considération les grands et notables services qui nous ont été et qui nous sont journellement rendus par notre amé et féal conseiller en nos conseils, secrétaire d'état et de nos commandements, le sieur Le Tellier père, que nous désirons reconnaître en toutes occasions, particulièrement en la personne de sondit fils, qui, à son imitation, pourra, dans l'exercice des charges de judicature, se rendre de plus en plus capable de nous faire le même service, avec pareille affection et assiduité, en ladite charge de secrétaire d'état et de nos commandements, de laquelle nous l'avons ci-devant pourvu à titre de survivance, Pour ces causes, nous lui avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes, l'office de conseiller en notre cour de parlement de Metz, que tenait et exerçait maître François Du Marais, dernier possesseur d'icelui, vacant à présent par la résignation qu'il en a faite par sa procuration ci-attachée sous le contrescel de notre chancellerie, et pour ledit office avoir, tenir et dorénavant exercer, en jouir et user par ledit François Michel Le Tellier aux honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, privilèges, exemptions, franchises, libertés, gages, droits, fruits, profits, revenus, émoluments y appartenant, tels et semblables qu'en a joui ou dû jouir ledit Du Marais, tant qu'il nous plaira, encore qu'il ne tienne les 40 jours portés par nos ordonnances, dont, attendu le droit annuel pour ce payé, nous l'avons dispensé et dispensons par ces présentes, pourvu toutefois qu'il n'ait en notre dite cour aucuns parents ni alliés au degré de nos ordonnances, ainsi qu'il nous est apparu par la certification de notre procureur général en ladite cour, aussi ci-attachée, à peine de nullité des présentes pour sa réception. Si donnons en mandement à nos amis et féaux les gens tenant notre cour de parlement de Metz qu'après leur être apparu des bonnes vie, mœurs, conversation et religion catholique, apostolique et romaine dudit Le Tellier et de lui pris et reçu le serment en tel cas requis et accoutume, ils le mettent et instituent, de par nous, en possession dudit office...

[75] Et non 19, comme le dit Rousset, I, 15.

[76] On trouve le texte de cette lettre dans Arch. Doud., carton 127, liasse 484, — B. N., f. fr., 4193, f° 214, — Arch. Mos., série B, 75*, f° 286 v° : je l'ai publié dans Deux Mém. inéd., p. 84, note 1.

[77] Arch. Mos., série B, 249*, f° 110 v°.

[78] Arch. Mos., série B, 249*, f° 112 r°-v°.

[79] Et non le 25 novembre comme on l'a dit souvent.

[80] Garder et observer les ordonnances, tenir les délibérations de la cour secrètes, rendre la justice également aux pauvres comme aux riches et en tout et pour tout se comporter comme un bon conseiller en cour souveraine doit faire, et d'être fidèle au roi.

[81] Arch. Mos., série B, 249*, f° 114 v°-114 bis : Cf. Id., 75*, f° 286 v°.

[82] Arch. Mos., série B, 249*.

[83] Arch. Mos., série B, 250* ; février 1659-janvier 1660. Louvois continue à figurer comme conseiller sur la liste du semestre de février : f° 83, lui et Charles Colbert de Croissy doivent participer à l'emprunt de cent mille livres, partie de la somme offerte au roi pour obtenir le retour du parlement à Metz — f° 93, ni l'un ni l'autre ne touchent 750 livrés, gages des conseillers du semestre de février.

[84] A. N., minut. cent., LXXV, étude Philippe Gallois, 17 mars 1663 : suit la constatation que Morillon a reçu la procuration et Le Tellier l'argent (9 avril) — Arch. Mos., série B, 255*, f° 32, 35 et 38, 1er-18 juin 1663 formalités de la réception de Morillon, qui, lui, siégera.

[85] A. N., Guerre A1, 255 min., f° 67 ; Louvois au président Le Vayer, 26 juillet 1671 : Je suis trop obligé à votre compagnie de l'honneur qu'elle me voulait faire lorsque j'ai passé à Metz. Je n'étais ni en état ni en lieu de recevoir ceux des messieurs qu'elle avait députés. Vous devez croire que je ressens, comme je dois, les effets de la civilité du parlement et je vous supplie très humblement de lui en vouloir faire voir mon sentiment et de l'assurer en même temps que je prendrai toujours beaucoup de part à ses intérêts...

[86] Arch. Mos., série B, 272*, f° 71 v°-73 v°, 7-8 janvier 1672.

[87] Le Pelletier, Vie..., p. 84.

[88] Ces formulaires sont sûrement les manuscrits de la B. N., f. fr., 4221-4, et probablement les manuscrits 4258 et 4811.

[89] Mémoires ou Essai, p. 7, et surtout Brienne le fils, II, 277 et note 1.

[90] Il s'agit très probablement de Jean François de Polastron, chevalier de la Ilhière, gouverneur de Thionville, puis de Rocroy, 1625-1687 sur lui, v. Saint-Simon, IV, p. 123-124 et notes.

[91] Les sources principales pour ce passage sont Brienne le fils, II, 276, et l'auteur de Mémoires ou Essai, p. 8-13. D'après celui-ci, les faits se seraient passés en 1660 : il dit, en effet, plus loin que Louvois travaillait depuis deux ans, lorsque son père décida de le marier. — Cf. Artagnan, IV, p. 30-32 : Testament polit. de Colbert, p. 202. — Sur les relations très étroites entre Le Pelletier et Le Tellier, y. L. André, Deux Mém. inéd., p. 28-29 et notes.

[92] Mémoires ou Essai, p. 2 : — Cf. Brienne le fils, II, 283.

[93] Relazioni..., Francia, III, 213, 255, 323-324.

[94] Artagnan, IV, 30-32 et 207 : — Testam. polit. de Colbert, 202 : — Testam. du marq. de Louvois, p. 2 : — Abbé de Saint Pierre, Ann. polit., 171, et d'Auvigny, VI, 2-3, qui ont pu lire ces deux testaments, se conforment au jugement émis, non sans y apporter quelques modifications assez fantaisistes.

[95] Il faut sans nul doute laisser de côté deux lettres antérieures. Dans l'une, signée Le Tellier, Louvois remercie un correspondant qui l'a félicité d'avoir obtenu ses lettres de provision de secrétaire d'état en survivance : datée de Paris, 28 janvier 1656, elle est si bien composée que l'on ne peut admettre qu'un enfant de quinze ans, en cours d'études au collège de Clermont, en est l'auteur : B. N., Collection Cangé, vol. 68, f° 234. — Une autre lettre, du 3 juillet 1657, analysée dans la préface des Mémoires de Puységur, p. VI-VII, le remercie d'avoir envoyé à Louvois un traité de l'art militaire, dont il tirera sûrement un grand profit. — Aucune lette de Louvois dans A. N., Guerre A1, 150 à 156 et 171 : pour la période qui nous occupe, rien encore dans les tomes 245 ; 468 et 469.

[96] Pendant cette période, une seule lettre, datée d'Aix-en-Provence, 28 janvier 1660, adressée à Gravel, représentant de la France auprès de la Diète germanique : la fin prouve qu'elle est inachevée : A. N., Guerre A1, 161 min., f° 51.

[97] A. N., Guerre A1, 163 min., septembre-décembre 1660, environ 19 lettres sûres, p. 43, 48, 64, 65, 67, 149, 226 {2), 261, 285, 295, 296, 334, 335, 343, 360, 376, 386, — environ 41 douteuses, p. 42, 47, 59, 61, 62. 63 (2), 64, 66, 68, 114, 148, 180, 224, 227, 231, 232, 233, 234, 235, 236 (2), 237, 256, 257, 284 (2), 285, 293, 294, 312, 326, 341, 342, 346, 347, 348, 379, 385, 387 (2).

A. N., Guerre A1, 168 min., janvier-mai 1661, environ 78 douteuses, p. 4, 15, 17, 54, 86 (3), 87, 96, 109, 123, 123 bis, 124, 133, 134, 143, 200, 238, 239, 240, 247, 252 (2), 256, 258, 259, 261, 262 (2), 267, 268, 269, 272, 273, 263, 279, 284, 288, 291, 293, 296, 298, 299, 308, 313, 332, 333, 334, 342, 343, 344, 346, 348, 357, 358, 359, 360, 361, 362, 385, 387 (2), 388 (2), 389, 405,  11 lettres sûres, p. 72 (2), 106, 199, 206, 210, 223, 225, 226, 459.

A. N., Guerre A1, 169 min., juin-septembre 1661, environ 3 lettres douteuses, p. 277, 333, 365.

A. N., Guerre A1, 170 min., octobre-décembre 1661, environ 5 lettres sûres, p. 65, 106, 399, 401, 415, — environ 74 douteuses, p. 109, 131, 137, 138, 141, 142, 143, 144, 145, 146 (2), 147 (2), 148, 150, 151, 152, 187, 199 (2), 202, 207, 210, 2H, 212, 213, 214, 232, 233, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 267, 268, 269, 275, 277, 285, 294, 302, 303, 304, 307, 308, 310, 311, 316, 320, 325, 326, 327, 331, 333, 338, 341, 342, 353, 359, 360, 361, 368, 369, 373, 375, 398, 400, etc.

A. N., Guerre A1, 172 min., et 173 min., février juin 1662 : let. de Le Tellier (40) et de Louvois (34) en réponse aux félicitations adressées pour le mariage et la signature.

[98] A. N., Guerre A1, 170 min., p. 65, 106, 399, 401, 415.

[99] A. N., Guerre A1, 163 min., passim.

[100] Id., p. 226, 261, 295, 296, 334, 335, 376, 378, let. des 13 et 25 novembre, 3, 10, 11 et 28 décembre 1660.

[101] Id., p. 297, 376, 384, let. des 3, 28 et 29 décembre 1660.

[102] Id., p. 232, 234, 342, 360, avec Grancey et Bridieu.

[103] Id., p. 256 et 389.

[104] Id., p. 266, au commissaire Esmale, 26 novembre 1660 : Je n'ai pas attendu la lettre que vous m'avez écrite sur le sujet de vos gages pour avoir soin de ce, qui est en cela de vos intérêts et il y a plus d'un mois que j'y ai pourvu. Vous serez employé dans l'état du roi pour deux quartiers, et je considère très possible de vous faire avoir d'ailleurs un troisième. Mais ce sera, s'il vous plaît, à condition que vos confrères, qui n'en toucheront qu'un seul, ne sauront point l'avantage que vous aurez sur eux à cet égard. Ainsi vous jugerez qu'il importe de tenir la chose très secrète, si vous désirez qu'elle se continue à l'avenir.

[105] A. N., Guerre A1, 163 min., p. 235, 15 novembre 1660.

[106] Id., p. 227, 231, 257, 265 ; il s'agit du conflit habituel entre les municipalités et les commissaires à propos du logement des troupes : à Abbeville et à La Fère, Louvois soutient énergiquement ses subordonnés.

[107] A. N., Guerre A1, 163 min., p. 374 bis, à Macqueron, 26 décembre 1660 (et non 1661).

[108] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 239, 279 : pour les congés, id., p. 87, 143.

[109] Id., p. 238, 263, 357 à 361, paiements, — p. 288, 291, états, — p. 258, 259, 261, licenciements, — p. 387, différends entre régiments.

[110] A. N., Guerre A1, 169 à 170 passim.

[111] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 308, — 170 min., p. 109 et 133, 138, 147, 212, 213, 269, 327, 353, 359, 375.

[112] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 268, 273, — 169 min., p. 365, — 170, p. 207, 304, 307, 368, 398.

[113] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 459, — 170 min., p. 311.

[114] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 313, — 169 min., p. 277.

[115] A. N., Guerre A1, 171 expéd., p. 93 bis, cité par J. de Boislisle, Mémor., I, append. VIII, p. 331.

[116] V., p. ex., A. N., Guerre A1, 163 min., p. 261, 265, 266, 297, 374 bis, 376, 384.

[117] A. N., Guerre A1, 172 min., p. 59, à propos d'une dépêche à M. de Chevigny, on lit : ette minute a servi et celle écrite de la main Le Monseigneur de Louvois a été inutile. Cette minute probable de Louvois est, à la p. 58, conçue en termes différents et datée de Paris, 15 janvier 1662.

[118] A. N., Guerre A1, 163 min., p. 43, 48, 65, 67, 226, 261, 265, 285, 343, 360, 376, 386, 389, — 168 min., 106, 223, 225, 239, 240, 284, 459.

[119] Brienne le fils, II, 217.

[120] A. N., Guerre A1, 171 expéd., pièce 348 : Louis, par la grâce de Dieu... Nous ayant été représenté par le sieur marquis de Louvois conseiller en nos conseils, secrétaire d'état et de nos commandements à la survivance du sieur Le Tellier, son père, qu'à faute d'un établissement de barques, tartanes, chaloupes ou brigantins ordinaires, qui partent à jours certains et réglés de nos villes de Marseille, de Toulon, d'Antibes et autres villes maritimes de notre pays de Provence pour aller à Gènes et autres villes maritimes qui sont sur la cite d'Italie, le public en souffre beaucoup d'incommodité, et que les voyageurs et marchands, qui ont à ,passer d'un lieu à un autre et à faire transporter des hardes et marchandises, sont obligés de louer bien chèrement des voitures, et, s'ils n'ont pas de quoi fournir aux frais qu'il convient faire pour cela, ils sont contraints d'attendre longtemps l'occasion de passer plusieurs ensemble, en quoi ils reçoivent beaucoup de préjudice puisque les uns font des dépenses excessives et que les autres perdent le plus souvent des conjonctures qui seraient utiles à leur négoce, Et que, si à l'instar de ce qui se pratique sur la côte de l'Océan en Angleterre, en Hollande et autres pays étrangers, où il y a de pareilles commodités, il nous plaisait de, lui permettre de faire de semblables établissements dans nosdites villes de Marseille, de Toulon, d'Antibes et autres villes de notredit pays de Provence, elles en recevraient des avantages considérables. A quoi, ayant égard... nous lui avons permis, octroyé et accordé... la faculté d'établir dans nos villes de Marseille... tel nombre de barques... Défendons très expressément à toutes autres personnes de faire de pareils établissements, à peine de confiscation de leurs barques et... des marchandises dont elles seront chargées, de 3.000 livres d'amende et de tous dépens... lesdites 3.000 livres applicables, savoir un tiers à la nourriture et pansement des forçats malades qui sont dans nos galères, un autre tiers au dénonciateur, et le surplus avec les choses confisquées audit sieur de Louvois. — Cf. : A. N., 170, p. 401, Louvois à De Lisle, 16 décembre 1661.

[121] V. le texte à l'appendice. — Comparer avec le brevet accordé à Brienne le fils, 22 mai 1658, et contresigné Le Tellier : il peut avoir servi de modèle : B. N., f. fr., 4193, f° 135-137 (brevet), f° 137-138 (permission).

[122] A. N., Guerre A1, 172 min., p. 250, Louvois à Sarron-Champigny, 27 février 1662.

[123] Gazette, 1662, 5 mars, p. 283.

[124] A. N., Guerre A1, 168 min., p. 246, 9 avril 1661.

[125] A. N., Guerre A1, 172 min., p. 190, à Le Gendre, 11 février 1662. — Guy Patin, III, 401, annonce le mariage dès le 29 février.

[126] Arch. Doud., cart. 24, li. 84 et 87. Copie du contrit mentionnée comme étant dans l'hôtel de la rue des Francs-Bourgeois, d'ans l'inventaire des biens de Michel Le Tellier : A. N., minut. cent., LXXV, 5 novembre-24 décembre 1685.

[127] Extrait de mariage dans Jal. p. 809, — B. N., f. fr., 32587, f° 254, — Id., nouv. acquis., 3619, n° 5.800. V. aussi la Gazette, 1662, Paris, 25 mars, p. 283. L'évêque de Chartres était Ferdinand de Neufville de Villeroi ; celui de La Rochelle, Henri IV Marie de Laval de Bois — Duphin, parent de la mariée.

[128] B. N., f. fr., nouv. acquis., 3619, n° 5585.