L’HISTOIRE ROMAINE À ROME

PREMIÈRE PARTIE — LA ROME PRIMITIVE ET LA ROME DES ROIS

XIX — LA ROME ÉTRUSQUE.

 

 

Après avoir eu deux rois étrusques, Rome était-elle devenue étrusque, et jusqu’à quel point l’était-elle devenue ?

La science allemande tient aujourd’hui peu de compte des influences de l’Étrurie sur les origines de Rome. Un de ses plus illustres représentants, M. Mommsen[1], rejette, avec un dédain quelque peu superbe, ces influences auxquelles ont cru, après les anciens, d’autres savants non moins illustres, et parmi eux Ottfrid Müller.

Je voudrais me trouver à Rome avec M. Mommsen. J’aurais sans doute beaucoup à y apprendre dans ses doctes entretiens ; mais si j’étais assez heureux pour y faire quelque promenade historique avec lui, je tâcherais de le rendre moins sévère pour l’opinion des anciens et d’Ottfrid Müller, qui est aussi la mienne.

J’irais voir avec lui le mur de la Rome du Palatin, construit à la manière étrusque, et dont une partie est encore là pour nous montrer les Étrusques donnant à Rome naissante son plus ancien rempart ; les restes de l’enceinte de Servius Tullius, également étrusque et qui avait trois lieues de tour ; la Cloaca maxima, ce prodigieux travail d’utilité publique, qui est visiblement étrusque ; puis je le prierais de contempler en esprit le grand cirque, établi entre deux collines ; sur l’une des cimes du Capitole, le temple de Jupiter avec ses trois Cella, selon le rite étrusque, et les statues en terre cuite dont son faîte était orné, et qui était l’œuvre d’artistes étrusques. Puis, passant le pont Saint-Ange, nous serions en cinq minutes dans l’ancienne Étrurie, et aurions par là le sentiment de sa proximité.

Le chemin de fer nous mènerait en une heure à Cervetri, et en deux heures à Civita-Vecchia, prés de Corneto. A Cervetri et à Corneto, nous trouverions les nécropoles considérables de deux villes étrusques voisines de Rome et Tarquinii.

Je prierais M. Mommsen de réfléchir que l’Étrurie, si proche, était un pays déjà en rapport avec la Grèce par le commerce et les arts avant le temps des Tarquins. Il me semble difficile qu’à la première vue M. Mommsen ne fût pas ébranlé dans son opinion et repoussât aussi complètement l’idée qu’un grand pays civilisé a pu exercer quelque action sur une ville qui l’était beaucoup moins et qui était à ses portes. Peut-être il se sentirait disposé à plus d’indulgence pour les nombreux témoignages des anciens en faveur des emprunts faits par les Romains à la civilisation étrusque.

Mais, avant de déterminer ce que Rome a reçu des Étrusques, il est nécessaire de se demander ce qu’était et d’où venait ce peuple.

J’épargnerai au lecteur, et je réserve pour un autre ouvrage, la discussion des renseignements assez souvent contradictoires que les anciens nous ont laissés sur ce sujet et les systèmes très divers dont ils ont fourni aux modernes les matériaux.

Que sont les Étrusques, appelés Tyrrhéniens par les Grecs ? Venaient-ils de la Lydie,comme le veut Hérodote ? Des montagnes de la Réthie (le pays des Grisons) et ont-ils envahi l’Étrurie, suivant l’hypothèse de Niebuhr[2] ?

Je m’en tiens à l’assertion de Tite-Live. Il est très vraisemblable, comme lé rapportent Pline[3] et Justin (XX, 5), que des Étrusques de l’Italie septentrionale aient été chassés par les invasions celtiques. On explique ainsi les traces des Étrusques qu’on a cru trouver dans les Alpes.

Toutes ces choses seront discutées ailleurs, mais ne peuvent l’être ici.

Ici je dirai seulement que les Tyrrhéniens étaient des Pélasges. Ils paraissent être arrivés en Étrurie par mer, et avoir établi le centre de leur puissance précisément dans cette ville de Tarquinii, d’où est venu Tarquin.

Quels qu’ils fussent, les Étrusques refoulèrent au nord les Ligures, au sud et à l’est soumirent une grande nation sabellique, les Ombriens, premiers habitants du sol, auxquels, selon Pline, les Étrusques prirent trois cents villes seulement il ne fallait pas dire les Étrusques, mais les Tyrrhéniens, c’est-à-dire les Pélasges[4]. Les Pélasges et les Ombriens ont formé le peuple étrusque[5].

La langue étrusque est encore un mystère.

Nous lisons sans peine les caractères étrusques ; mais nous nous arrêtons là : le sens des mots nous échappe. Aujourd’hui on interprète assez couramment les hiéroglyphes ; on commence à déchiffrer les inscriptions cunéiformes de Ninive et de Babylone, et celles de Persépolis n’ont plus de secret. On est arrêté devant l’étrusque sans pouvoir faire un pas pour y pénétrer.

On a essayé tous les moyens : on a cru expliquer les inscriptions étrusques par l’hébreu et par le slavon, par l’hébreu surtout. A l’heure qu’il est, un savant italien et un savant allemand traduisent l’étrusque au moyen de l’hébreu. Malheureusement les traductions de l’un ne ressemblent pas aux traductions de l’autre.

Je crois que la marche à suivre pour arriver à l’interprétation de la langue étrusque est indiquée par la composition de la population de l’Étrurie.

Celte population fut à moitié ombrienne et à moitié pélasge. La langue qu’elle parlait devait donc contenir des mots ombriens et des mots pélasges.

C’est par les dialectes sabelliques et par le grec qu’on devait attaquer l’étrusque.

L’étrusque était une langue rude. Il semble que quelque chose s’est conservé de cette rudesse dans le parler des Florentins, qui mettent une aspiration à la place du c, et prononcent, au lieu de grazia, hrazia.

L’extrême contraction qui est dans le génie de la langue étrusque rend très difficile de reconnaître sa parenté avec une langue quelconque.

Cette contraction est moindre dans une inscription très antique et où l’élément pélasge semble moins altéré.

M. Lepsius[6] y a montré quelques rapports avec le grec. Dans un assez grand nombre d’inscriptions, les noms propres sont précédés du mot mi, qui paraît correspondre à eimi ; en grec, je suis. Le verbe, qui exprime l’existence, est fondamental en ce qui concerne la parenté des langues.

D’autre part, plusieurs noms de villes et de fleuves en Étrurie appartiennent évidemment à un dialecte sabellique ; on ne peut en rendre compte que par l’ombrien.

Quelques-uns ont une physionomie grecque[7] qui trahit leur provenance pélasgique ; mais un assez grand nombre est sabellique, par conséquent ombrien[8].

Les noms de lieux sont tenaces ; ils résistent à la conquête d’une race, à l’envahissement d’une langue. En France, beaucoup sont encore gaulois. L’idiome celtique, qui a laissé peu de traces dans notre vocabulaire, s’est cantonné là.

Ce mélange de deux races[9] se manifeste dans là religion comme dans la langue. On trouve en Étrurie des dieux pélasges avec des noms étrusques[10], et des dieux sabelliques[11] qui n’ont pu y être introduits que par les Ombriens.

Avant de chercher ce que les Étrusques ont pu donner aux Romains, il faut chercher ce qu’ils ont pu recevoir et transmettre après l’avoir reçu.

Sans parler de ce qui chez eux était pélasge et très antique, ils ont reçu des Grecs le principe de leurs arts et leur alphabet.

Les peintures qui décorent les rases trouvés en Étrurie, et que, pour cette raison, l’on a longtemps nommées étrusques, offrent une reproduction des divers styles de la peinture grecque, depuis le plus ancien jusqu’au plus perfectionné, avec quelques altérations introduites par le goût indigène. Il en est de même des peintures qui sont tracées sur les parois intérieures des tombeaux[12]. Cette ressemblance avec les modèles grecs confirme la tradition d’après laquelle Tarquin aurait amené avec lui des artistes corinthiens[13].

L’architecture étrusque a également suivi des modèles grecs. L’ancien ordre toscan n’était qu’un dorique altéré. Le système de construction que l’on remarque dans les murs étrusques et dans les anciens murs de Rome est grec.

L’alphabet étrusque est un ancien alphabet grec qui date du temps où l’on écrivait encore en Grèce de droite à gauche. Cette direction, qui était celle de l’écriture phénicienne, s’est conservée dans l’écriture étrusque[14].

Outre les relations manifestes de la Grèce et de l’Étrurie, on trouve aussi en Étrurie des traces évidentes d’un rapport quelconque des Étrusques avec l’Assyrie et l’Égypte. Ce rapport peut n’avoir rien à faire avec leur origine, et ne prouver autre chose que l’étendue de la navigation de ces Pélasges, qui, sous ce nom et sous celui de Tyrrhéniens qu’on leur a donné dans l’antiquité, sont représentés comme de grands navigateurs.

Sans sortir de Rome, on peut voir d’assez nombreuses preuves de ces rapports de l’Étrurie et de l’Orient : c’est avant tout, au Vatican, la parure d’un prêtre, trouvée dans un tombeau de Cære ; les ornements dont elle se compose sont d’un aspect assyrien et égyptien tout ensemble[15]. On y remarque des figures ailées, pareilles à celles des cylindres babyloniens.

En ce qui concerne l’Égypte, la ressemblance des figures qui couvrent les murs de ces temples avec les peintures tyrrhéniennes avait déjà frappé Strabon (XVII, 1, 28). Ottfrid Müller l’a signalée après lui[16]. On a découvert dans des tombeaux étrusques plusieurs de ces vases à tête humaine qu’on appelle canopes ; seulement ils ont des bras, ce qui n’est pas égyptien[17].

Les pierres gravées qui ont la forme de scarabées, si fréquentes en Égypte, ois le scarabée est un symbole hiéroglyphique, abondent dans les tombes étrusques.

Sur ces scarabées eux-mêmes sont tracés de véritables hiéroglyphes[18].

Sur un grand nombre d’ustensiles en bronze paraît la fleur du lotus, ce symbole si souvent répété dans les représentations égyptiennes ; on trouve l’image de l’âme figurée à la manière égyptienne par un oiseau à tête humaine ; enfin dans la collection Campana sont deux singulières statues en terre cuite dont le costume fait penser à la Perse, et les traits, surtout la forme des yeux, font penser aux nations tartares. D’autre part, certains tombeaux[19] étrusques sont très semblables aux sépultures des rois de Lydie, d’où Hérodote fait venir les Tyrrhéniens.

Y a-t-il dans la langue et dans le peuple étrusque un élément sémitique, c’est-à-dire quelque chose des langues et des races de la Syrie, de la Judée et de l’Arabie, comme pourrait le faire croire la tradition d’une origine lydienne ? Cela est loin d’être démontré ; mais l’état de la science ne permet pas de le nier absolument.

Ce qui paraît plus certain, c’est le rapport des Étrusques avec les populations germaniques. Douze dieux portant le même nom, Aesar[20] (les Ases), et destinés à mourir dans une révolution du monde, voilà ce que l’on rencontre avec quelque surprise dans la religion des Étrusques et dans la religion des Scandinaves.

De même, au-dessus de ces douze divinités, est une puissance supérieure et inconnue : en Étrurie, les dieux enveloppés[21], et un dieu dont on ignore le nom ; en Scandinavie, un dieu que l’obscurité environne, le noir Surtur.

De plus, Tagès, le révélateur de la doctrine étrusque, est un nain savant, comme le sont les nains de l’Edda. Le siège des dieux étrusques est au nord. Les communications de l’Étrurie avec les régions septentrionales de l’Europe ont pu être amenées par le commerce de l’ambre jaune qu’on recueillait aux bords de la Baltique.

Nous savons très peu de choses des Étrusques avant l’époque où ils furent soumis par les Romains.

A partir de cette époque, ils sont célèbres par leur sensualité et leur obésité.

Ce dernier trait se retrouve souvent dans les statues placées sur les tombeaux peu anciens ; mais d’autres statues montrent au contraire des corps maigres, des traits anguleux. C’est probablement le type ancien du peuple étrusque, type qui reparaît dans les figures florentines du moyen âge, et dont le visage sévère et fortement prononcé de Dante offre un remarquable exemple.

La tradition du caractère primitif des Étrusques, conservée par Virgile, les représente comme un peuple belliqueux, tandis que tous les témoignages nous les montrent, après la conquête romaine, comme un peuple amolli.

Un changement semblable s’est produit dans le caractère des Toscans modernes avant et après les Médicis et leurs successeurs. Les effets de toutes les servitudes sont les mêmes[22].

Après ces indications rapides de ce qui est propre à l’ancienne Étrurie, j’arrive à l’objet qui nous intéresse particulièrement à Rome : la détermination de l’influence que les Étrusques ont exercée sur les Romains.

Cette influence, il ne faut ni l’exagérer ni la méconnaître ; il faut tâcher d’en démêler la nature et d’en préciser l’étendue. On ne doit pas la chercher dans la comparaison des idiomes ; un très petit nombre de mots étrusques se retrouvent dans la langue latine. Sans cela, on serait moins embarrassé pour lire les inscriptions étrusques.

Ces inscriptions nous présentent des mots dont le sens est ignoré, mais qu’il ne serait pas difficile de reconnaître s’ils avaient passé en latin ; or ces mots, nous ne les reconnaissons point ; mais il est entre les deux civilisations d’autres ressemblances que nous pouvons reconnaître.

Ce qu’on appelle les chiffres romains, de l’aveu de tout le monde,.sont des chiffres étrusques[23].

Pour la monnaie, les poids et mesures, toutes ces choses vinrent de la Grèce à Rome, soit directement[24], soit par l’intermédiaire de l’Étrurie.

L’année de douze mois, attribuée à Numa, fut introduite par les Sabins ; mais ce nombre douze montre qu’elle’ était primitivement étrusque, car le système duodécimal se retrouve partout en Étrurie. Les ides[25] ; les nundines[26], étaient aussi étrusques.

Je signalerai en passant quelques emprunts de détail que les Romains ont faits aux Étrusques. L’usage des cloches, usage qui a existé dans la Rome antique[27] et a pris une extension démesurée dans la Rome moderne, que Rabelais appelait à bort droit la ville sonnante ; l’usage des moulins à bras, qu’on croyait avoir été inventés à Volsinii[28], dont on voit sur les monuments la meule tournée par un cheval, et que j’ai vu encore aujourd’hui mis en mouvement par des femmes dans la ville de Seni. Cette invention, quelque simple qu’elle puisse être, rappelle le génie agricole des Étrusques, comme la manière de se ceindre avant le combat, nommée cinctus gabinus[29], rappelle leur, génie guerrier, et l’invention des becs de vaisseaux[30], appelés rostres, qui donnèrent leur nom à la tribune romaine, rappelle leur génie maritime.

L’art de découvrir les sources fut transporté de l’Étrurie à Rome. De cet art, très véritable peut-être, est née une superstition qui s’est répandue dans tout le monde romain, et que prétendent encore posséder ceux qui se servent de la baguette divinatoire[31].

Les jeux publics forment une partie essentielle et caractéristique de la civilisation d’un peuple ; il n’est donc pas indifférent de signaler ce qu’en ce genre les Romains reçurent des Étrusques.

Ce furent premièrement le pugilat et les courses de chevaux, que les Étrusques eux-mêmes avaient probablement appris à connaître dans leurs communications avec les Grecs.

Comme ces courses eurent lieu d’abord dans le champ consacré au dieu sabellique Mars, je crois, avec Tite-Live, qu’elles furent introduites à Rome sous les rois sabins[32] ; elles précédèrent la construction du cirque, attribuée au premier roi étrusque, et se continuèrent dans les prairies du champ de Mars, quand déjà depuis longtemps le cirque existait.

Les jeux séculaires dont l’origine se rattache au culte sabin et à une légende sabine sont aussi probablement des jeux étrusques importés à Rome par les Sabins, car l’idée du siècle est une idée étrusque.

Pour les Étrusques un siècle était une période d’existence dont la fin était annoncée par des signes. Il y avait un siècle des dieux, au bout duquel ils devaient mourir et le monde changer. Le siècle des hommes se composait du nombre d’années que vivait celui qui, entre ses contemporains, était supposé avoir vécu le plus longtemps. Aussi les jeux séculaires ne se célébrèrent-ils pas d’abord tous les cent ans, mais à des époques indéterminées, quand un malheur public ou un prodige funeste faisait penser qu’un changement de la société approchait.

Les Romains ne furent jamais sensibles comme les Grecs aux nobles plaisirs de la scène. Ils n’eurent ni tragédie ni comédie entièrement nationales ; supprimant le chœur, principe et condition essentielle de la tragédie antique ; ils firent de l’orchestre, qui, en Grèce, lui était réservé, une place d’honneur pour les patriciens.

Cette disposition différente du théâtre grec et du théâtre romain, montre à elle seule la différence du génie des deux peuples. Les Romains préférèrent toujours aux jeux du théâtre les combats de l’amphithéâtre[33] et les courses du cirque. En cela ils ressemblaient aux Étrusques, desquels ils tenaient ces combats et ces courses.

Cependant l’Étrurie leur donna aussi leurs premiers histrions, et ce mot est étrusque, il est vrai que ces histrions paraissent s’être bornés à exécuter des danses au son de la flûte. Toutefois, de ces danses mêlées de vers satiriques, sortit la comédie romaine[34].

Les combats des gladiateurs qui, avec les courses des chars, furent la passion constante et le divertissement préféré des Romains, ces hideux combats leur vinrent certainement des Étrusques probablement par la Campanie[35], où ce peuple sombre avait transporté un usage barbare.

Dans l’origine, ils faisaient partie du culte des morts. Au lieu de leur immoler, comme dans les temps antiques, des victimes humaines[36], on forçait des captifs à s’entr’égorger en leur honneur.

Une coutume mexicaine singulièrement semblable permettait aussi à un homme condamné à mort de périr en combattant tous ceux qui se présentaient.

Un usage semblable dans l’Étrurie[37], où celui qui présidait à ces exécutions s’appelait le bourreau, fait voir combien le peuple qui l’habita aimait la guerre et le sang, deux choses qu’après lui aima toujours le peuple romain.

Dans la molle Campanie, la mollesse se mêlait à la férocité. Ce n’était plus une religion terrible des morts qui exigeait des luttes homicides, c’était la volupté blasée et un sanguinaire épicuréisme.

Les combats de gladiateurs amusaient la fin des repas ; comme dit Silius Italicus[38], le meurtre égayait le festin.

Rome, en les adoptant, leur rendit d’abord leur caractère de sacrifice funéraire[39] ; mais avec le temps, elle aussi en fit un atroce amusement[40]. Elle y ajouta un raffinement nouveau : l’homme livré aux bêtes féroces et les tueries d’animaux que les Étrusques ne paraissent pas avoir connues. Rome, qui n’a pas inventé beaucoup dans les arts, a inventé cela.

Au point de vue de l’art, il faudrait s’en féliciter si l’humanité le permettait ; car, sans gladiateurs, il n’y aurait pas eu de Colisée.

L’Étrurie possède les restes de plusieurs amphithéâtres. Celui de Sutri, assez bien conservé et dominé par de grands arbres, est d’un effet imposant. S’il était antérieur à la conquête romaine, le type du Colisée serait en Étrurie[41]. Mais l’Étrurie, qui a eu avant les Romains des courses de chevaux et de chars, des combats de gladiateurs, de grossières représentations dramatiques, n’a pas eu, je crois, avant elle de théâtre et d’amphithéâtre, pas plus qu’elle n’a eu de cirques[42].

Rome, en accueillant dans son sein ces jeux de diverses natures, la première a créé pour eux des monuments.

Les monuments sont moins anciens que les usages qui leur donnent naissance : il y a eu un culte dans les bois sacrés avant qu’il y eût des temples.

Tout ce qui à Rome était pompe, ornement, magnificence extérieure et décoration du pouvoir, venait d’Étrurie. Il y avait dans le costume et les attributs de la royauté étrusque une splendeur inconnue à .la royauté sabine. Ce fut elle. qui introduisit à Rome ces insignes de l’autorité dont héritèrent, malgré la sévérité des mœurs privées, les magistrats de la république. De la royauté étrusque[43] vinrent le sceptre d’ivoire avec l’aigle qui le surmontait ; la chaise curule, la robe bordée d’or et de pourpre, la toge à palmettes, les licteurs portant des faisceaux, mais sans la hache[44] ; ils n’en ont jamais dans les peintures étrusques. A ce qui n’était qu’un signe de majesté Rome ajouta un signe terrible de pouvoir.

Le costume des patriciens prit également, par le contact des Étrusques, plus de splendeur. Eux aussi portèrent le bâton d’ivoire comme les rois, et celui qui, assis dans sa chaise curule, sans réfléchir au danger, frappa de ce bâton le Gaulois insolent qui osait toucher sa barbe était digne de le porter.

Les patriciens revêtirent le laticlave étrusque. Leur pied chaussa les sandales de pourpre appelées sandales tyrrhéniennes[45]. Ils mirent sur leur tête le galerus des Lucumons, cette coiffure qu’un aigle prophétique avait enlevée et replacée sur le front de Tarquin, à son entrée dans Rome.

La bulla, cette petite boule d’or, signe distinctif des jeunes patriciens, et dans laquelle on mettait un  fascinum destiné à les préserver du mauvais œil[46], ce qui montre que cette superstition, encore vivante et dérivée des Pélasges, avait été portée par eux en Étrurie comme dans le reste de l’Italie, et, en Grèce, la bulla était un ornement étrusque[47].

On la suspendait au cou des triomphateurs pour les préserver des menaces et des périls de la félicité[48].

La pourpre triomphale elle-même était de provenance étrusque, non le triomphe, le triomphe ne pouvait être que romain, comme son nom[49] ; mais tous ses accessoires avaient été empruntés aux fêtes de l’Étrurie ; seulement, d’une vaine magnificence, d’une procession majestueuse, d’une funzione, comme on dirait aujourd’hui à Rome, où l’on appelle fonction tout ce qui amuse l’oisiveté, les Romains avaient fait une cérémonie sérieuse, une splendide récompense de la conquête.

Avec Tarquin, qui, disait-on, était monté le premier sur un char de triomphe au Capitole, nous sommes loin du triomphe pédestre et rustique de Romulus. Déjà les pompes de l’Étrurie, telles que les représentent les monuments de ce pays[50], ont été appliquées à rehausser la victoire. Suivons donc le triomphateur et son cortège, comme nous suivons au même lieu le cortège du pape, quand il vient pour une solennité religieuse dans l’église d’Araceli.

Le triomphateur est debout sur son char, traîné par quatre chevaux, et semblable au quadrige d’argile qu’il peut contempler sur le sommet du temple de Jupiter Capitolin.

Derrière lui, on soutient au-dessus de sa tête la couronne étrusque[51], c’est-à-dire une couronne de feuilles de chêne en or entremêlées de pierres précieuses ; toute pareille à celles que nous avons pu voir l’autre jour dans la collection Campana.

Autour de lui sont les licteurs, vêtus de vouge comme les porteurs du pape. Lui-même a le visage peint en rouge : aussi bien que le Jupiter d’argile du Capitole[52] ; car il doit ressembler à Jupiter, il est Jupiter.

On voit déjà que plusieurs choses sont venues aux Romains de l’Étrurie ; mais deux choses, les plus importantes, la religion et l’organisation politique de Rome, prises dans leur ensemble, n’en sont point venues dans l’une comme dans l’autre, l’influence de l’Étrurie se fait pourtant sentir.

Aucune des grandes divinités romaines n’est une divinité primitivement étrusque.

Les Lares, ces petits dieux du carrefour et du foyer, ont un nom étrusque[53] ; mais ils ont entièrement changé de caractère en se faisant romains. Dans l’Étrurie, ils étaient des puissances funèbres ailées. ; à Rome, ils ont perdu leurs ailes et sont devenus des puissances bienfaisantes.

Le génie latin n’était pas sombre comme le génie étrusque.

Plusieurs des anciens dieux pélasgiques se retrouvent en Étrurie ; ils n’ont point passé par la religion étrusque pour arriver à Rome, car ils portent dans cette religion des noms différents de leur nom romain[54] ; ils portent un nom grec[55], un nom ombrien[56] ou un nom étrusque[57].

Les dieux voilés, enveloppés (involuti), ces puissances mystérieuses dont on ne savait ni le nombre ni les noms, qui, dans la mythologie étrusque, dominaient Jupiter lui-même, ne paraissent point dans la religion romaine. Le dieu suprême de ce peuple libre était un dieu libre.

Les douze dieux Consentes furent acceptés par les Romains ; le sénat put s’arranger de ces conseillers de Jupiter, qui semblent représenter dans l’Olympe aristocratique des Étrusques les douze Lucumons d’Étrurie.

Leurs statues s’élevaient dans le Forum romain ; en bronze, comme presque toutes les statues étrusques[58] ; elles représentaient six dieux et six déesses. Les déesses étaient donc admises au conseil du Jupiter, étrusque.

Ainsi Tanaquil fut la sage conseillère du premier Tarquin, et Tullie la détestable instigatrice du second. Les femmes paraissent avoir été placées en Étrurie plus haut qu’en Grèce[59], et y avoir occupé un rang pareil à celui qu’occupèrent les matrones dans la société romaine.

Les dieux Consentes ne figurent point dans l’histoire, religieuse du peuple romain. Cependant leur culte subsista jusqu’à la fin de l’empire. Ils avaient à Rome un temple dont les débris ont été de nos jours retrouvés et remis en place.

Leur sanctuaire avait été construit au pied du Capitole ; cette colline, si anciennement étrusque et sur laquelle le premier roi étrusque de Rome éleva un temple selon le rite de sa nation, a trois divinités : Jupiter, Junon et Minerve.

Fidèles à l’antique génie de la race latine, les Romains avaient donné le nom dé dieux Consentes à douze divinités protectrices de l’agriculture ; mais ils avaient été obligés d’emprunter la plupart au moins de ces divinités aux Sabins[60].

Je l’ai dit, c’est à l’Étrurie que les Sabins eux-mêmes avaient emprunté le dieu Terme, qui me paraît être l’Hermès pélasge[61].

J’ai parlé aussi des dieux fulgurateurs anciennement en possession du Capitole avant que la foudre de Jupiter vînt remplacer le leur. La religion fulgurale était essentiellement étrusque. Les Étrusques avaient neuf dieux qui lançaient la foudre. On a remarqué, et j’ai pu l’observer moi-même, que les orages sont fréquents en Toscane. Le Capitole, sommet isolé et dans l’origine couvert de grands arbres, devait aussi les attirer. C’est à quoi sans doute Virgile faisait une allusion quand il disait en langage poétique, parlant du Capitole primitif :

Là on a vu souvent Jupiter secouer sa noire égide et appeler à lui les nuages[62].

Parmi les dieux fulgurateurs du Capitole était Summanus, celui qui lançait les foudres nocturnes, et dont la statue fut placée sur le sommet du temple de ce Jupiter qui devait le faire oublier. Là fut aussi Véjovis, le Jupiter funeste, le dieu des Jules, race funeste à la liberté.

Certaines particularités du culte romain trahissent des influences de l’Étrurie, bien que, pris dans sort ensemble, il leur soit étranger.

L’usage d’enfoncer un clou dans le mur de la Cella de Minerve au Capitole était un usage étrusque[63], et la fête de la Purification des trompettes sacrées une fête étrusque[64].

La trompette fut un instrument national de l’Étrurie, que les Tyrrhéniens avaient apporté d’Asie[65]. Cette fête se célébrait en l’honneur de Minerve[66], ce qui me fait croire qu’elle avait été instituée par les Sabins, d’autant plus qu’en même temps les Saliens exécutaient dans le Comitium leurs danses guerrières.

Dans une répétition de cette fête en l’honneur de Minerve[67], et où figuraient cette fois les joueurs de flûte, instrument de même cher à l’Étrurie[68], ceux-ci, après être allés processionnellement au temple de Minerve, couraient çà et là, portant toutes sortes de costumes, même des vêtements de femme, et disant des bouffonneries[69].

Je crois, en lisant ces détails, assister au carnaval romain.

Ce qui appartient réellement aux Étrusques, c’est la divination, et ce corps d’enseignement touchant les présages par le vol des oiseaux, par l’inspection des entrailles, par la contemplation du ciel, par l’observation de la foudre, qu’allaient étudier les jeunes patriciens romains, l’art augural étant un moyen politique dont ils étaient appelés à se servir un jour.

Les indices prophétiques fournis par les oiseaux remontaient probablement aux Pélasges. Les prêtresses de Dodone consultaient le vol des colombes, à Rome, on observait le cri des corneilles consacrées à Junon[70] pour en tirer la connaissance de l’avenir.

Ce vieux préjugé subsistait encore au temps de Virgile[71].

Les Étrusques en firent une science compliquée. Les Romains attachèrent une importance particulière à ce que ce genre d’observation avait de plus puéril, le bon appétit et le piétinement des poulets sacrés. Ce peuple fort, mais prosaïque, a toujours eu du goût pour les superstitions mesquines.

Les signes tirés de l’inspection des entrailles furent dans le monde l’objet d’une croyance plus générale. Bien qu’elle ait existé en Grèce[72] comme en Italie, on ne peut rapporter avec quelque certitude son origine aux Pélasges, car elle a existé chez beaucoup d’autres peuples[73].

Mais ce qu’on ne trouve à peu prés nulle part ailleurs que chez les Étrusques et à Rome, c’est la contemplation méthodique du ciel et la science de la foudre.

L’augure, se plaçant en esprit au nord, où étaient les dieux, regardait comme eux le midi[74].

Il se tournait aussi vers l’orient[75] ; la direction vers l’est a prévalu dans l’orientation des basiliques chrétiennes[76].

A la division idéale du ciel correspondait la division réelle de la terre, base de la propriété. Chez les Étrusques, la propriété territoriale avait pour ainsi dire sa racine dans le ciel. Aussi elle fut profondément respectée des Romains, comme de tous les peuples libres.

Les tribus rustiques étaient plus considérées que les tribus urbaines. Le jour où les terres furent concentrées en un petit nombre de mains, la constitution fut menacée ; le jour où elles furent confisquées par la proscription, la constitution fut détruite.

L’art des arpenteurs était étroitement lié à la délimitation des diverses parties du ciel. C’était un art sacré qui faisait partie de la doctrine des augures. Niebuhr ne doutait pas que de nos jours il ne se fût conservé, dans certains procédés employés par les paysans romains pour limiter et aborner leurs champs, des pratiques instituées par la discipline étrusque.

Le camp romain aussi était orienté. d’après les règles de la science augurale, tourné vers l’orient et divisé par deux rues qui se coupaient à angle droit comme les deux lignes que le bâton recourbé de l’augure dessinait dans le ciel. L’une des portes du camp, la porte Decumana, était ainsi nommée, parce qu’on l’ouvrait à l’extrémité d’une de ces deux lignes, appelée elle-même decumanus.

La science de la foudre semble particulière à l’Étrurie ; elle naquit, je crois, sur le sol étrusque.

Les diverses parties de l’art divinatoire étaient dans les mains de deux classes d’hommes bien différentes, les aruspices et les augures.

Les aruspices étaient des devins étrusques, établis à Rome ou qu’on y faisait venir pour les consulter. Ils observaient le vol des oiseaux, les entrailles des victimes. Ils ne partageaient point le ciel en régions ; ils ne divisaient point la terre.

Dans l’origine, les aruspices n’étaient pas des prêtres ; ils ne formaient point un corps dans l’État. C’était une compagnie, un collège, comme on disait ; ce collège avait un président. Ils ne jouirent jamais d’une grande considération, et finirent par être tout à fait méprisés.

Les aruspices de village (vicani) ressemblaient à nos charlatans.

C’est des aruspices que Caton disait que l’un d’eux ne pouvait en regarder un autre sans rire[77]. Caton ne se fût pas permis cette plaisanterie à propos des augures.

Les augures faisaient les mêmes choses que les aruspices ; mais, de plus, armés du lituus, bâton recourbé semblable à la crosse des évêques, et dont le nom était étrusque[78], ils délimitaient les espaces célestes et les propriétés terrestres. Ils formaient dans l’État une magistrature inamovible, dont longtemps l’entrée ne fut ouverte qu’aux patriciens.

Mais leur art était un art étrusque, et c’est pour cela qu’on envoyait les jeunes patriciens l’étudier en Étrurie. L’exercice de l’art augural était d’une grande importance, puisque les chefs de la république, qui, eux aussi, dans une certaine mesure, pouvaient toujours l’exercer, avaient le droit, sous prétexté que les auspices n’étaient pas favorables, de dissoudre une assemblée, d’empêcher une élection.

Frein bizarre mis aux emportements populaires, mais frein puissant, et qui souvent fut utile. Le gouvernement de Rome dans l’antiquité fut déjà, à quelques égards, un gouvernement sacerdotal, mais à cette condition que le sacerdoce fût aux mains de l’autorité civile, en cela semblable au régime politique des Étrusques, chez lesquels le Lucumon était prêtre et roi.

Je n’ai pas encore parlé des prodiges qui tenaient une aussi grande place dans la superstition chez les Romains d’autrefois que les miracles chez leurs plus crédules descendants. Les prodiges dans la Rome antique n’étaient pas toujours des faits merveilleux, comme les statues qui clignaient des yeux, hochaient la tête ou se couvraient d’une sueur Sanglante, faits que ne manque jamais de rapporter Tite-Live, aussi gravement que les bonnes femmes de Rome en racontent de tout semblables attribués à une image de saint ou de madone ; mais des faits véritables, et qui semblaient extraordinaires : les naissances des monstres, les pluies de pierres, tous les événements singuliers, un bœuf, par exemple, qui montait jusqu’au troisième étage. et sautait par la fenêtre.

C’étaient les augures et les prêtres romains qui étaient chargés de constater et d’interpréter des incidents si funestes[79].

Mais l’expiation du prodige s’accomplissait suivant les règles de la discipline étrusque[80].

C’est que l’observation des prodiges, tombée chez les Romains à l’état de superstition puérile ; se liait chez les Étrusques, plus spéculatifs que les Romains, à une haute doctrine. Ils pensaient[81] qu’à la fin de chaque âge du monde il s’opérerait une transformation dans la société, une palingénésie, comme dirait Ballanche, qu’annonçaient certains signes au moyen desquels on pouvait la pressentir. En changeant la nature des signes, en les cherchant non dans le monde physique, mais dans le monde moral, on doit croire à la doctriné étrusque.

A Rome, la politique du sénat se servait de l’intelligence prétendue des signes du temps pour dominer ; aujourd’hui la politique doit les consulter pour réussir.

L’étude des influences de l’Étrurie sur la religion romaine nous a conduit à la politique qui à Rome absorbait tout. Cherchons maintenant si les institutions étrusques sont entrées pour beaucoup dans les institutions romaines.

Je me hâte de le nier, et c’est une des raisons qui m’empêchent de croire que Rome ait été primitivement une colonie étrusque, comme le voulait d’abord Niebuhr, ou ait, sous les Tarquins, fait partie de l’Étrurie, comme le pensait Ottfrid Müller. Rome a été dominée par trois rois étrusques ; elle a, par cette raison, sur plus d’un. point, subi l’influence de l’Étrurie, mais elle n’a pas été incorporée à un royaume étrusque, elle n’a jamais été foncièrement étrusque. Est-ce à dire que trois rois de celte nation aient gouverné Rome sans laisser de trace de leur gouvernement ? Non, sans doute. Mais ces traces furent peu profondes. Les bases de l’organisation politique des Romains avaient été posées auparavant par les rois sabins, et la forme nouvelle que lui donna Mastarna n’était pas étrusque, mais grecque. Cependant l’organisation politique de Rome se ressentit de son contact avec l’Étrurie, mais seulement dans une certaine mesure qu’il faut déterminer.

D’abord on doit écarter ce qui, étant commun aux nations italiotes et aux Grecs, semble appartenir aux Pélasges, et que les Tyrrhéniens, qui étaient Pélasges, ont pu apporter en Étrurie, comme d’autres Pélasges ont pu le communiquer aux Sabins et par eux aux Romains.

Telle est la division en tribus[82], en fratries ou curies[83], en gentes[84], antérieure chez les Romains à l’arrivée des rois étrusques, importée par les Sabins, qui avaient pu la recevoir des Pélasges.

Les Pélasges tyrrhéniens ont pu importer ces institutions ; c’est ainsi que Mantoue a pu être divisée en trois tribus et en douze curies[85]. Il y eut aussi des tribus à Cære[86], ville qui avait été pélasge avant qu’elle frît étrusque.

L’existence d’un sénat chez les Étrusques ne prouve point que celui de Rome soit venu du leur ; car on en trouve un chez beaucoup d’autres peuples, et en particulier chez divers peuples latins et sabelliques.

Rome n’a point été aristocratique parce que l’Étrurie l’était avant elle, mais parce qu’il y avait une aristocratie chez les Sabins, ses premiers maîtres, et dans les villes latines, dont la population, qui a formé l’ordre des plébéiens, a pu fournir aussi quelques grandes familles, transportées de leur pays natal sur le Cælius et sur l’Aventin.

La distance qui séparait l’aristocratie de la plebs romaine, la dureté superbe de la première, ce qu’elle eut d’abord d’exclusif, le caractère sacerdotal qu’elle devait à la possession des aruspices, tout cela peut être né ou au moins s’être développé beaucoup par l’action de l’aristocratie étrusque, que tous les témoignages s’accordent à montrer comme à la fois féodale et sacerdotale, séparée très fortement du reste de la nation, lequel était dans une condition d’infériorité complète et de vasselage, si j’ose ainsi parler.

Mais ce fut la grande supériorité de Rome que l’ordre plébéien y compta toujours davantage, et qu’il fallut toujours compter avec lui.

On ne voit chez les Étrusques d’autres dieux que les conseillers de Jupiter. C’est un sénat divin. A Rome, il y a une foule de petits dieux populaires : plebs numinum, dit Arnobe, la plèbe des dieux. L’Olympe est toujours un reflet de la terre. Partout, si vous voulez comprendre l’homme, regardez les dieux qu’il s’est fait.

Niebuhr et O. Müller[87] cherchent chez les Étrusques l’origine des clients ; mais, selon moi, l’existence des grands clans sabins suffit à l’expliquer. Il en est de même pour les cavaliers ou chevaliers, que ce dernier trouve aussi chez les Étrusques[88].

Enfin le même auteur va jusqu’à déclarer, ce qui me paraît bien hardi, que l’organisation municipale romaine est sortie tout entière de l’isopolitie étrusque[89].

Dans tous les cas, il resterait aux Sabins l’honneur du patriciat et aux Latins la gloire du plébéianisme de cette population latine qui, privée d’abord des principaux droits politiques, puis de l’admissibilité aux charges publiques, obtint ces droits de la constitution de Servius Tullius, et parvint à acquérir l’admissibilité à toutes les fonctions par une lutte persévérante. On ne voit rien de pareil chez les Étrusques, à cette lutte qui fit la grandeur de Rome en faisant sa force, en développant l’énergie des deux ordres par une résistance habilement ménagée et par une guerre de conquête opiniâtrement soutenue jusqu’au jour où, comme il arrive à tous les conquérants, la plebs romaine se perdit par l’excès de son triomphe.

La royauté existait à Rome avant les Étrusques ; mais je crois que par eux elle prit plus, de majesté quand elle s’entoura de licteurs, revêtit la robe bordée de pourpre et porta le sceptre d’ivoire ; elle en acquit une autorité nouvelle. Un sage roi s’en servit pour fondre les classes et les races, pour accorder a tous ceux qui possédaient une participation au pouvoir politique prudemment mesurée. Après lui, un roi insensé fut aveuglé par la pompe de cette royauté, détruisit l ‘œuvre de son prédécesseur et périt.

Si l’organisation politique de home, dans son fond, n’est point étrusque, son organisation militaire fut en grande partie l’œuvre,d’un roi étrusque.

L’Étrurie, si amollie, si corrompue après qu’elle eut perdu son indépendance, avait été un pays vaillant, illustré par la guerre[90]. Les hommes du Palatin aussi étaient vaillants, et l’intrépidité de, Sabins était célèbre.

Mais ce fut l’Étrusque Mastarna qui, en constituant le peuple romain, constitua l’armée romaine.

Ce fut lui sans doute qui donna à cette armée la disposition de la phalange hellénique[91]. Sous lui, les différentes pièces de l’équipement du soldat grec s’introduisirent dans l’équipement du soldat romain ; la longue lance hellénique, le bouclier rond d’Argos[92], le casque aux ailes rabattues sur les deux joues, les jambards pareils aux knémides de l’Iliade, toutes ces armes offensives ou défensives[93] que l’on trouve dans les tombeaux étrusques, et dont chacun a pu admirer une très belle collection dans le musée Campana, devenu la propriété du gouvernement romain.

Ces armes étaient grecques. Il n’y a là rien qui surprenne, puisque l’organisateur de l’armée romaine fut ce Mastarna qui, dans ses expéditions, avait, je pense, appris à connaître la civilisation des villes grecques de l’Italie méridionale. Il pouvait bien leur emprunter des armes comme il leur empruntait des lois.

Rome ne doit pas plus aux Étrusques ses goûts agricoles que ses vertus guerrières. La Rome sabine n’était point étrangère à l’agriculture, et la Rome latine était agricole depuis Saturne, c’est-à-dire depuis la plus antique apparition des Pélasges[94] dans le Latium ; mais l’Étrurie, pays fertile, pays qui produisait tout[95], l’Étrurie ne l’était pas moins. La Toscane est encore aujourd’hui une des contrées de l’Europe où l’agriculture est la plus perfectionnée[96].

Le nain savant Tagès, le fondateur de la discipline étrusque, sort d’un sillon, et un de ses livres sacrés paraît avoir été un traité sur la culture de l’Étrurie. Dans la patrie du dieu Terme, où la propriété rurale était sous la protection des dieux, l’agriculture a dû être en honneur.

A Rome, l’influence de trois rois sortis d’un tel pays dut lui être favorable. Par eux, le génie de l’Étrurie dut agir sur l’agriculture, comme sur la guerre, en la régularisant.

L’agriculture était dans les mœurs des populations sabines et surtout des populations latines ; mais il est permis de croire qu’elle fut disciplinée par l’art de l’arpenteur, que nous avons vu se rattacher à, la science sacrée des Étrusques.

C’est dans les beaux-arts que se manifeste surtout l’influence exercée par l’Étrurie sur les Romains, influence reçue de la Grèce avant d’être transmise à Rome, mais dans laquelle il p a aussi une part pour le génie étrusque lui-même ; car ce génie particulier modifia jusqu’à un certain point les types grecs en les adoptant.

L’architecture étrusque était grecque d’origine ; ce qui reste en Étrurie de vieilles murailles ressemble beaucoup aux murs des villes grecques, et, comme je l’ai dit, ce qu’on a appelé l’ordre toscan est le dorique altéré.

Cette architecture, venue des Grecs, fut l’architecture primitive des Romains.

Les murs de l’époque de Romulus, comme ceux des rois étrusques, sont très semblables aux murs de Fiesole et de Volterre.

La muraille de l’Aventin présente la même alternance de pierres parallèles et perpendiculaires au plan du mur[97], et même ce bossage qui a été repris dans l’architecture de la Toscane moderne et qui donne un air de si imposante rudesse au palais Strozzi et au palais Pitti.

L’atrium, cette cour intérieure entourée d’un portique quadrangulaire qui de la maison romaine a passé dans le cloître chrétien, dans la maison mauresque et se retrouve dans le patio espagnol, l’atrium qui n’existait pas dans la maison grecque[98], l’atrium est étrusque[99].

Le style de la sculpture étrusque fut d’abord un style dur et sec, comme celui de l’ancienne sculpture grecque qu’elle imitait. On peut s’en convaincre au milieu des richesses du musée grégorien.

Il est remarquable que la dureté, la sécheresse, une certaine roideur étrusque, aient aussi caractérisé les commencements de là statuaire florentine dans les temps modernes. Ce caractère est bien sensible chez un grand artiste toscan, le Verrochio, qui fut le maître de Léonard de Vinci.

Mais pas plus dans l’ancienne que dans la moderne Étrurie, cette roideur n’exclut une certaine beauté sévère. Évidemment le peuple étrusque avait le goût des arts et méritait le nom d’ami de l’art[100] que lui donnait Athénée.

Pourquoi les vases, faits à l’imitation des Grecs en si grand nombre et quelquefois d’une beauté incomparable, se trouveraient-ils en Étrurie plus que partout ailleurs ?

Il fallait bien que le génie des arts fût inné dans cette race, qui les a introduits dans la Rome antique et les a ranimés dans l’Italie moderne.

En Grèce, on admirait sous Périclès[101], les lampes d’Étrurie ; à Rome, déjà du temps de Caton on voulait que tout dans les maisons fût étrusque, et, au dire de Pline[102], les vases et les statues étrusques étaient répandus sur toute la terre.

L’architecture étrusque régna dans Rome jusqu’à l’avènement de l’architecture grecque. Les Romains eurent un style à eux, mais ils n’eurent jamais un art qui leur fût propre.

Même devant l’art grec, l’art étrusque ne disparut pas de Rome. Auguste plaça dans sa bibliothèque du Palatin un Apollon, dans le goût de l’Étrurie[103], qui contrastait, par sa grandeur colossale, avec les statuettes étrusques[104].

Au troisième siècle, Tertullien[105] disait que les statues étrusques avaient inondé la ville.

On ne saurait s’en étonner en voyant deux mille statues dans la ville de Volsinii[106] (Bolsena).

Les Étrusques excellaient dans l’art de modeler la terre et de couler le bronze, qu’ils savaient dorer.

Presque toutes les statues qui nous restent d’eux sont en terre, quelques-unes en bronze, un petit nombre en pierre, presque point en marbre[107]. Les carrières de Luni, qui étaient sur leur territoire, ne furent exploitées que dans les derniers temps de la république romaine.

Ils avaient aussi des statues en bois[108].

A Borne, les premières statues dont on fasse mention sont l’œuvre d’artistes étrusques et en terre cuite : sous le premier Tarquin, le quadrige placé au faîte du temple de Jupiter, et qui, dans le four, s’était enflé démesurément, ce qu’on avait jugé être un signe de la future grandeur de Rome, à laquelle, si la légende est ancienne, on croyait déjà ; la statue de Jupiter et la statue d’Hercule.

Puis vinrent les statues en bronze, la statue de Vertumne, dieu étrusque, dans le quartier étrusque[109], et qu’on attribuait à Mamurius, le Dédale sabin, la Louve du Capitole, d’un travail antique, comme le disait Denys d’Halicarnasse (I, 78).

Elle n’est pourtant pas plus ancienne que la fin du cinquième siècle[110], et montre qu’à cette époque la sculpture à Rome portait encore l’empreinte du génie étrusque. La Louve du Capitole me semble un produit de l’art romain à demi formé par l’art de l’Étrurie, et débutant dans toute sa grossièreté et toute sa force. Ce bloc de bronze représente un animal dont le poil est fantastique, dont l’attitude est roide, mais dont le caractère est vigoureux, l’expression puissante, et qui respire la férocité primitive de Rome.

L’art de la poterie étrusque passa de bonne heure à Rome par les Sabins, puisque Numa était dit avoir institué la confrérie des potiers.

Comme nous n’avons aucune peinture romaine antérieure au temps où les arts de la Grèce pénétrèrent à Rome, nous ne pouvons déterminer ce que la peinture romaine put devoir à celle des Étrusques. Celle-ci ne paraît pas y avoir joui d’une grande faveur. On n’a pas trouvé de vases peints à Rome, et le premier peintre romain est l’aïeul de l’un des plus anciens historiens romains, Fabius Pictor.

Mais nous savons que la musique religieuse et guerrière des Romains et leurs principaux instruments étaient un emprunt fait à l’Étrurie.

L’emploi de la flûte qui accompagnait tous les sacrifices[111], les chants en l’honneur des morts, les représentations dramatiques, même la déclamation des orateurs, jusqu’au travail, disaient les Grecs moqueurs, des boulangers et des cuisiniers, et jusqu’aux coups de fouet que les maîtres faisaient donner à leurs esclaves[112] ; l’emploi de la flûte était commun aux Romains et aux Étrusques[113], et la passion de ceux-ci pour cet instrument si célèbre, qu’un Grec, qui la poussait à l’excès, fut appelé le Tyrrhénien[114].

La trompette aussi était tyrrhénienne, tant la trompette droite[115] que la trompette recourbée[116] ; l’orgue enfin, soit à air, soit à eau, s’appelait flûte tyrrhénienne[117], et par conséquent appartenait primitivement aux Étrusques.

A Rome, l’art dans toutes ses parties fut étrusque jusqu’au jour où il fut grec. Les Romains n’y apportèrent jamais ce génie naturel qui crée, pas plus dans les temps modernes que dans l’antiquité. On ne peut dire qu’il y ait une école romaine. Au moyen âge, Rome seule en Italie ne produit pas un grand artiste, comme elle ne produit point de poètes et à peine des chroniqueurs.

A la Renaissance, elle ne peut se glorifier que de Jules Romain ; mais au moyen âge elle gouverne le monde moral par la papauté, et, s’il y avait eu alors un Virgile, il aurait pu encore lui dire

Que d’autres sachent mieux travailler l’airain ; toi, ne songe qu’à soumettre le monde à ton empire.

Excudant alii spirantia mollius æra,

Tu regere imperio populos, Romane, memento.

De même, dans l’antiquité, Rome a peu de grands artistes. Presque aucun de ses grands écrivains n’est né dans son sein ; tous à. peu près appartiennent aux races sabelliques. Mais dans l’antiquité, comme dans les temps modernes, Rome attire tout à elle. Virgile y vient de Mantoue et Horace de Venosa, comme Raphaël d’Urbino et Michel-Ange de Florence.

Ayant déterminé presque minutieusement la part des Étrusques dans la civilisation romaine, nous connaissons maintenant tous les éléments de cette civilisation ; encore bien peu avancés dans l’histoire romaine, nous pouvons dire : Rome est faite.

Nous savons ce que lui ont apporté les Pélasges, les Sabins, les Étrusques, et ce qui est arrivé jusqu’à elle, par l’Étrurie et par la Campanie, des influences de la Grèce.

Arrêtons-nous un moment, et, nous plaçant au faite du temple de Jupiter Capitolin, comme un voyageur du haut de la tour du Capitole contemple la Rome moderne, voyageurs au sein de la Rome antique, contemplons cette ville qui a déjà plusieurs fois changé d’aspect depuis que les Latins primitifs ont pris les premiers possession du Capitole ; ‘cette ville où des tribus de Sicules et de Ligures sont venues se poser sur les sommets, de nos jours effacés pour la plupart ou disparus, du Septimontium ; où les Pélasges ont construit sur le Palatin cette petite forteresse de Roma qui devait donner son nom à la plus mémorable cité de l’univers ; où les rudes Sabins se sont établis à côté d’eux sur les huit collines ; cette ville où les Étrusques ont formé des établissements partiels sur le Capitole et sur le Cælius avant de régner sur elle ; où Romulus, le dernier venu, se saisissant d’une forteresse abandonnée, a entouré d’une muraille les cabanes de pâtres et de réfugiés dispersées sur le Palatin ; où, après lui, les rois sabins ont fondé la véritable Rome en organisant sa population mêlée autour de leur culte et de leur patricial, et commencé en opposant la plebs à leur propre aristocratie, l’œuvre de la fusion politique des races, essayée par le premier des rois étrusques et consommée par le second.

La Rome latine et la Rome sabine sont devant nos yeux.

Le Palatin est toujours la partie la plus rustique de Rome, lui qui en sera un jour le quartier le plus splendide.

On n’y voit encore que des habitations champêtres, entremêlées de quelques sanctuaires sabins. Les Latins, transportés par Ancus Martius, défrichent l’Aventin, dont la forêt commence à s’éclaircir.

Les Latins d’Albe habitent sous les chênes du Cælius. Des temples sabins sont disséminés en assez grand nombre sur l’Esquilin, sur le Viminal et surtout sur le Quirinal.

Un pont de bois réunit les deux rives du Tibre ; la forteresse d’Ancus Martius domine le Janicule.

Le champ de Mars est une grande prairie où se font des courses de chevaux au bord du Tibre. Le Forum est un marché entouré de boutiques. Le Comitium, enceinte découverte, reçoit les patriciens ; la curie, le sénat.

Mais la royauté étrusque est venue et a commencé à faire de Rome une ville monumentale. Le grand cirque existe. On creuse le, grand égout. Le temple de Diane, centre nouveau de la confédération latine, a été bâti parmi les lauriers de l’Aventin et l’enceinte en bois des Septa dans le champ de Mars, où le peuple s’assemble pour le rote et les revues.

Une forte muraille, hérissée de tours, environne la ville. Enfin, en regard du Capitole sabin s’élève, sur le mont Tarpéien, qui vient de changer de nom, le temple de Jupiter.

Ce sont des monuments plus considérables. C’est l’œuvre d’une nation plus avancée dans les arts et la civilisation. Une magnificence inconnue vient remplacer la rudesse sabine et la pauvreté romaine. La demeure des rois étrusques participe à cette magnificence. Le Lucumon a construit des palais là où Tatius vivait parmi les troupeaux, dit Properce[118] dans une élégie où respire un sentiment vrai du contraste que devait présenter Rome avant et après l’avènement des rois étrusques.

Le fond de la population est toujours formé de pasteurs, d’agriculteurs, de marchands, tous soldats ; d’un mélange inégal de deux races. Latins et Sabins, au sein desquelles on peut reconnaître le type et l’idiome des Sicules et des Ligures, dont quelques-uns ont dû rester.

Mais au-dessus de ces populations est un certain nombre d’Étrusques. Ils sont graves, religieux, guerriers, magnifiques. Leur religion est pompeuse et pleine de superstitions. Ils contemplent le ciel, ils observent le vol des oiseaux, ils écoutent la voix de la foudre, ils annoncent les prodiges et enseignent à les expier. Les patriciens, en s’emparant des auspices, prendront le caractère d’un corps sacerdotal. Le gouvernement sacerdotal est bien vieux à Rome.

A l’époque où nous sommes encore, Rome a déjà comme un clergé qui gouverne le peuple par les pratiques pieuses, par l’appareil des cérémonies ; il y a des processions, il y a surtout cette procession triomphale du Capitole qui se renouvellera tant de fois à mesure qu’une contrée, puis une autre, sera subjuguée par les Romains.

Enfin il commence à y avoir des Romains. Fortifiés par le concours de leurs frères les Latins de l’Aventin et du Cælius, citoyens transplantés de villes vaincues, et, pour cette raison, plus respectables, plus civilisés qu’un ramas de pâtres et d’aventuriers, les habitants peu nombreux, mais résolus, du Palatin, ont acquis quelque importance. Ils forment depuis le premier Tarquin la tribu des Rhamnès ; ils ont profité pour leur part de la politique inaugurée par les rois sabins eux-mêmes, poursuivie plus hardiment par les rois étrusques, et qui consistait à opposer la plebs latine à l’aristocratie sabine, politique consommée parla constitution de Servius. Le nom de peuple de l’antique Roma, de romain, est devenu celui de toute la population latine ; il finira par être celui des Sabins eux-mêmes, qui avaient imposé le leur aux Latins quand ils régnaient sur eux. Désormais Sabins et Latins s’appelleront indifféremment Romains et Quirites ; car un pouvoir étranger à tous deux les a confondus sous sa domination en un même peuple.

 

 

 



[1] Les droits légitimes de l’Étrurie à une influence réelle exercée sur les Romains au temps des rois ont été revendiqués par un Toscan profondément versé dans l’histoire de Rome et du droit romain, M. P. Capei, dans les archives historiques d’Italie (Nuov. Ser., t. IV), ce recueil fondé par M. Vieusseux, et qui a concouru, comme tout ce qu’a fait ce patriote universellement honoré, à la régénération de l’Italie.

[2] Cette hypothèse repose sur l’analogie du nom de Rasetfa que portaient les Étrusques (Denys d’Hal., I, 30, inscr. de Pérouse) et du nom des Réthiens, habitants du pays des Grisons, ressemblance qui n’est pas bien frappante, et sur un passage de Tite-Live (V, 33) qui dit que les Réthiens sont des Étrusques réfugiés dans les Alpes.

[3] Histoires naturelles, III, 20 (24).

[4] Que les Tyrrhéniens fussent des Pélasges venus par mer en Étrurie ne me semble pas douteux, et je crois que Tarquinii, la patrie des Tarquins, de bonne heure en rapport avec la Grèce, fut le siège principal de leur puissance, comme le pense Ottfrid Müller.

[5] Cette opinion de M. Lepsius sur l’origine du peuple étrusque me paraît la plus simple et la plus vraie. L’hypothèse qui fait des Ombriens un peuple gaulois repose sur un témoignage isolé (Serv., Æn., III, 752), démenti par les noms sabelliques des lieux que les Ombriens ont habités. Les Ombriens étaient si peu étrangers à l’Italie, qu’ils étaient considérés comme l’un des plus anciens peuples de l’Italie. (Denys d’Hal., I, 49.)

[6] Tyrrhener Pelasger, p. 40-3.

[7] Pise, Pyrgoi, Alsium.

[8] Parmi les villes, l’ancien nom de Clusium Camars est le même que celui de Cameria, ville sabine ; Artena en Étrurie et chez les Volsques. Comparez Fregenœ et Fregellæ, Sutrium et Satricum. Ferentinum et Ferentina viennent de Feronia, divinité sabellique. Parmi les fleuves, l’Umbro a certes un nom ombrien.

[9] Sil. Italicus, Guerres Puniques, IV, 722-3.

.... Junctosque a sanguine avorum

Mæonios Italis permixia scirpe colonos.

[10] Hephaistos (Vulcain) s’appelle Sethlans. Dionysos (Bacchus) s’appelle Phuphluns.

[11] Vertumne (de vertere), Vertumnus ou Vertumnus, Voltumna, la déesse à laquelle était consacré le temple auprès duquel s’assemblaient les représentants des douze villes étrusques. Plusieurs divinités de l’Étrurie avaient des dénominations ombriennes : Junon était appelée Cupra, mot sabin qui veut dire bonne. Le nom de Manaus, le Pluton étrusque, a la même racine que le nom des manes, et cette racine est, pour la raison que j’ai dite, le mot sabin manus, bon.

[12] Les plus belles de ces peintures, celles où le style grec est le plus purement reproduit, ont été découvertes par M. Noël des Vergers et feu M. François dans une tombe prés de Volci.

[13] Le nom de l’un de ces artistes, nommé par Pline (XXXV, 43) Eucheir, s’est retrouvé dans une inscription étrusque. L’art de modeler l’argile florissait à Corinthe. On a été frappé de la ressemblance des vases corinthiens et de ceux de Tarquinii ; sur les rapports qui ont existé entre les deux villes, voyez O. Müller (Etr., I, p. 194.)

[14] Il ne faut donc point voir là, comme on l’a fait, une preuve de l’origine sémitique de cette dernière écriture.

[15] Ces monuments du musée grégorien où les influences babyloniennes et égyptiennes se confondent, a dit un archéologue éminent que la science a perdu trop tôt, M. Lenormant.

[16] Kl. Schrift., I, 199-400. A propos de certains vases trouvés en Étrurie.

[17] Mic., Ant. pop. pl., XIV, XV.

[18] Quelques-uns semblent une imitation de l’art égyptien ; mais il y en a qui, je crois, viennent de l’Égypte. Ceux qu’on lit sur un vase tire d’une tombe non loin de Cære veulent dire : vingt-cinq mesures de parfums. (Abek., Mitt. It., p. 210.)

[19] Les portes de beaucoup de tombeaux, notamment celles de Castel d’Asso, près Viterbe, ont cette forme particulière que présentent seules dans le monde les portes égyptiennes.

[20] Suétone, Octavius, 97.

[21] Sénèque, Nat. Quæst., II, 4.

[22] Plus heureux que leurs ancêtres, les Toscans viennent d’être délivrés d’une domination qui, pour son malheur, s’était fait étrangère. Livrés à eux-mêmes dans des circonstances que la politique du dehors semblait s’étudier à leur rendre difficiles, ils ont prouvé que leur énergie n’était point perdue sans retour ; car ils ont montré la plus rare et la plus enviable, celle qui persévère et se contient.

[23] O. Müller, Kl. Schrift, I, p. 212 ; Etr., I, p. 514. Ces chiffres, avant d’être romains, avaient-ils toujours été étrusques ? Ce qui pourrais en faire douter, c’est que ce système de numération n’a pas pour principe le nombre douze, mais le nombre dix ou plutôt le nombre cinq, ce qui n’est point étrusque.

[24] C’est l’opinion de M. Böckh (Metr. Unters., p. 202) ; mais les poids et les mesures, selon lui (p. 209), étant venus de Corinthe, la monnaie, qui est en rapport avec eux comme dans notre système actuel, a pu en venir aussi en passant par l’Étrurie, dont les relations avec Corinthe sont connues. O. Müller donne à la monnaie romaine une origine étrusque. (Etr., I, 308.) On l’a attribuée à Numa, comme plusieurs autres institutions étrusques apportées par les Sabins ; on l’attribua généralement à un roi étrusque, Servius Tullius (Mastarna).

[25] Le nom des ides qui divisaient le mois en deux parties était formé d’un mot étrusque ou ombrien qui voulait dire partager. (Var., De Ling. lat., VI, 28.)

[26] La semaine de sept jours, comme la nôtre, terminée par une nundine, remontait certainement aux Étrusques (O. Müller, Kl. Schrift., I, 213) ; car à chaque nundine ils allaient saluer leur roi : (Macr., Sat., I, 15.) Le nombre 9, ainsi que les autres divisions de 12 : 3, 4, 8, 5, étaient des nombres favoris chez les brusques ; le neuvième jour était le jour où les paysans venaient à Rome pour le marché ; ils y viennent encore le dimanche et stationnent au pied du Capitole, comme par une antique habitude. La plupart des boutiques sont fermées, mais celles des Juifs sont ouvertes.

[27] Pline fait figurer des cloches ou clochettes dans sa description qu’il donne, d’après Varron, du tombeau de Porsena. (Pl., Hist. nat., XXXVI, 19, 8.) Le mot italien campana (cloche), qui est peut-être nie mot de la latinité vulgaire conservé, comme il y en a d’autres exemples, dans le dialecte moderne, indiquerait pour cet usage étrusque une origine campanienne. Il n’y aurait à cela rien d’extraordinaire, car on sait que les Étrusques habitèrent la Campanie. Auguste tit mettre des clochettes au temple de Jupiter Tonnant, et dit qu’il serait le portier du Jupiter Capitolin. Il y avait donc une cloche chez les portiers de l’ancienne Rome pour annoncer les visiteurs. Dans la Rome moderne, il n’y a pas aux portes plus de sonnettes que de portiers.

[28] Pline, Hist. nat., XXXVI, 21.

[29] O. Müller (Etr., II, p. 121) croit le Cinctus Gabinus étrusque d’origine et venu à Rome par Gabie, où l’on trouve d’autres traces de la civilisation étrusque.

[30] Pline, Hist., nat., VII, 57, 17.

[31] O. Müller, Etr., II, p. 340-2.

[32] Tite-Live (I, 35) place l’introduction des courses de chevaux, qu’il fait venir d’Étrurie, sous le roi sabin Ancus Martius. Ces courses sont figurées dais les tombeaux étrusques. L’histoire du char qui vint de Véies s’abattre au pied du Capitole, et donna son nom à la porte Ratumena (Pl., Hist. nat., VIII, 65, 2) ferait croire que les courses de chars existaient à une époque ancienne dans les villes d’Étrurie.

[33] Dans le théâtre de Taormine, en Sicile, M. Ginain a reconnu que l on avait arrangé les choses de manière à pouvoir transformer ce théâtre, dont il a donné une belle restauration, en une arène destinée aux combats de gladiateurs, plus conformes que les représentations dramatiques au goût des Romains.

[34] Tite-Live, VII, 2. Le théâtre de Fiesole, dont les ruines subsistent, était-il antérieur à la conquête romaine et le produit d’un art purement étrusque, comme l’ont pensé Niebuhr et O. Müller ? (0. Müller, Kl. Schricht., I, 196.) J’ai peine à l’admettre : il me semble qu’on n’eût point élevé des monuments aussi considérables pour y exécuter des danses ou des pantomimes. J’en dirai autant du théâtre de Ferento, dont une partie, selon M. Dennis (Etr., I, p. 206), est étrusque.

[35] Athénée, IV, 39.

[36] Servius, Æn., III, 67. Les sacrifices humains ont existé chez les Étrusques ; au quatrième siècle, les Tarquiniens immolèrent trois cent sept Romains captifs. (Tite-Live, VII, 15.) Tarquin le Superbe avait immolé, disait-on, un enfant à Mania. (Macrobe, Saturnales, I, 7.)

[37] C’était le sens de Lanio, semblable à Lanisla, mot étrusque. (Isidore, Or., X, 247, éd. de Basles, 1577.)

[38] Guerres Puniques, XI, 51.

[39] Les premiers combats furent célébrés par deux frères du nom de Brutus pour honorer la mémoire de leur père. (Val. Max., II, 4, 7.)

[40] Une trace de l’origine étrusque de ces combats s’y conserva toujours. Un personnage qui représentait le dieu infernal assommait avec un marteau les gladiateurs mourants. Le Charon étrusque, en cela différent du Charon grec, est armé d’un marteau.

[41] C’est l’opinion de M. Dennis. (Etr., I, p. 94, 7.)

[42] Dans un tombeau étrusque, la Grotta delle Bighe, à Corneto (Denn., Etr., II, p. 187), il n’y a pas de cirque. Les spectateurs des courses sont placés sur une plate-forme qui semble en bois, assez fidèle image de celles que remplacèrent les gradins du grand cirque.

[43] Tite-Live, I, 8 ; Florus, I, 5 ; Macrobe, Saturnales, I, 6.

[44] Ceci rectifie une erreur des anciens, qui ont cru que la hache était dans les faisceaux étrusques. (Denys d’Hal., III, 61.)

[45] O. Müller, Kl. Schrichf., I, p. 188 ; Etr., I, p. 271.

[46] Marquardt, Handb., IV, 928.

[47] Juvénal l’appelle l’or étrusque. (Satires, V, 961.)

[48] Macrobe, Saturnales, I, 6 ; Pline, Hist. nat., XXVIII, 7, 4.

[49] Triumpe, dans le chant des frères Arvales.

[50] O. Müller, Etr., II, p. 198-9.

[51] Tertullien, De Coron., XIII.

[52] Serv., Ecl., VI, 22.

[53] Ce nom Lar ou Las se retrouve souvent sur les vases d’Étrurie, tracé auprès de figures ailées et terribles.

[54] Excepté Palés, divinité pélasge et l’une des trois grandes divinités étrusques.

[55] Jupiter s’appelle Thina (Zéna), Vénus (Thalna), de thallô, germer, et Touran, d’Ourania.

[56] Les cultes que nous avons trouvés chez les Sabins doivent avoir existé chez leurs frères et leurs voisins les ombriens, qui faisaient partie de la population étrusque. Tel est celui de Junon, appelé, en Étrurie, Cupra, ce qui veut dire en sabin la bonne (Strabon, V, 4, 2), et Minerva (Menerfa), déesse sabellique dont le nom est formé du radical mena, qui n’est point étrusque.

[57] Vulcain, Sethlans ; Dionysos (Bacchus), Phuphluns.

[58] Et en bronze doré, ce qui était un procédé de l’art étrusque. (Varron, De Re rust., I, 1.)

[59] Les enfants portaient le nom de leur mère aussi bien que de leur père. La mère du mort est indiquée dans les inscriptions funéraires de l’Étrurie (O. Müller, Kl. Schrift., I, p. 172), comme dans celles de l’Égypte. Les femmes honnêtes prenaient place à côté des hommes dans les festins, ce qui n’avait point lieu en Grèce, et qui est représenté clans plusieurs tombes étrusques.

[60] Dans l’énumération qu’en fait Varron (De Re rust., I, 1), nous retrouvons en majorité les divinités sabines : le Soleil, la Lune, Robigo, Flore, Minerve.

[61] Sur des vases étrusques, Hermès est appelé Thurm, Thurms, et Thermé. Ce qu’on nomme des Hermès sont des Termes au sommet desquels une tête est placée, et qui souvent rappellent par un signe très expressif le caractère générateur de l’hermès pélasge.

[62] Virgile, Æn., VIII, 353-4.

[63] Tite-Live, VII, 3.

[64] O. Müller, Etr., II, p. 50.

[65] Ibid., p. 51.

[66] Les Quinquatrus. Dans ce mot et dans les mots analogues, Quinquatrus et Sexatrus usités chez les Tusculans (Varron, De ling. lat., VI, 14). La terminaison atrus semble avoir été une terminaison venue des ombriens, comme le culte de Minerve fut porté par eux en Étrurie ; des prêtres ombriens sont nommés dans les tables engubines Atierii.

[67] Quinquatrus minores.

[68] O. Müller, Etr., II, p. 200.

[69] Censorin, 12, 2.

[70] On a trouvé un autel consacré aux corneilles de Junon au delà du Tibre, là où Festus (P. Diacre, p. 61) nous apprend qu’on leur rendait un culte.

[71] Virgile, Ecl., I, 18.

[72] O. Müller, Etr., II, p. 186 et suiv. Comparez ce que dit Pausanias (VI, 2, 2), d’une statue auprès de laquelle étaient représentées les entrailles d’un chien qui avait le ventre ouvert, avec une représentation du même genre qu’on peut voir dans la salle des animaux, au Vatican.

[73] En Asie Mineure, chez les Juifs, à Carthage (Pauly, Encycl., II, p. 1158) ; elle existait aussi chez les peuples ligures.

[74] Festus, p. 339.

[75] Tite-Live, I, 18. L’augure fait asseoir Numa sur une pierre tournée au midi ; mais lui-même se tourne vers l’orient, car il a le midi à sa droite et le nord à sa gauche.

[76] Vitruve (IV, 5) veut que la statue du dieu et par suite l’entrée du temple soient tournées vers le couchant, pour qu’en regardant cette statue on regarde l’orient. Dans la basilique chrétienne, le même principe a fait adopter une disposition contraire, afin que le prêtre, qui dans le rite ancien officiait tourné vers le peuple ; eût en face de lui l’orient. Cette disposition se montre à Rome dans la plupart des basiliques, sauf quand il y a eu dans la nature du lieu une raison de faire autrement, comme à’Saint-Paul, où la voie Ostienne empêchait l’église, dont l’emplacement était fixé par la catacombe, de s’étendre vers l’orient ; Saint-Pierre, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Jean de Latran, Sainte-Marie in Transtevere, sont tournées plus ou moins directement vers l’est ; à Saint-Laurent hors des murs, on a transporté l’entrée de l’église primitive de l’est à l’ouest, parce que l’usage avait prévalu d’officier en tournant le dos au public. Le changement survenu dans le culte a amené ce changement d’orientation.

[77] Cicéron, De Div., II, 24. Ailleurs, Cicéron distingue les augures romains des aruspices étrusques.

[78] O. Müller conclut ingénieusement du même nom donné à une trompette et au bâton augural, également recourbé, que lituus venait d’un mot étrusque dont le sens était recourbé. (Etr., II, p. 212.)

[79] Cicéron, De Legibus, II, 9.

[80] Valère Maxime, I, 1,1.

[81] Plutarque, Sylla, 11.

[82] La forme des noms de ces trois tribus, Titiès, Rhamnès, Lucerès, était étrusque, c’est-à-dire avait une terminaison étrusque.

[83] Un Lucumon était à la tête de chaque curie étrusque. (Serv., Æn., X, 202.)

[84] Il y avait des gentes puissantes dans la très aristocratique Étrurie ; seulement ceux qui les formaient, les chefs et les clients, ne paraissent pas, ainsi que dans les gentes sabines et plus tard dans les gentes romaines, avoir porté le même nom. (O. Müller, Etr., I, p. 401, 433)

[85] Servius, Æn., X, 202. Cette interprétation de gens illi triplex, populi sub gente quaterni, est combattue par O. Müller. (Etr., I, p. 138.)

[86] Gœttl., R. Verf., p. 19.

[87] O. Müller, Etr., I, p. 377.

[88] O. Müller, Kl. Schrif., I, p. 467.

[89] Parce qu’il considère Cære comme le plus ancien municipe romain.

[90] Fortis Etruria (Virgile, Georg., II, 533) ; bello prœclara. (Virgile, Æn., VIII, 480 ; Tite-Live, X, 16).

[91] O. Müller, Etr., I, p. 390 ; Kl. Schrif., I, p. 171.

[92] Il faut y ajouter la lance légère, hanta velitaris, arme propre aux vélites ; les flèches et les frondes (O. Müller, Etr., I, p. 295-6) appartenaient originairement aux Étrusques ; un des noms du casque, cassis, était étrusque. (Isidore, Or., XVIII, 14.)

[93] Un singulier rapport entre les idées guerrières des Romains et le culte étrusque de la foudre a fait appeler par lès premiers le butin fait sur l’ennemi manubiæ, coups de tonnerre, comme s’ils étaient un don des dieux fulgurateurs. (Festus, p. 129.)

[94] Plus j’ai avancé dans la composition de cet ouvrage, plus je me suis convaincu de ce que j’ai mis en avant comme un doute, savoir que l’arrivée de Saturne dans le Latium et les commencements de civilisation qu’il y introduit par l’agriculture représentent dans la tradition un ancien débarquement des Pélasges sur le littoral, peut-être le même qui amena à Tarquinii les Pélasges, que les Grecs appelèrent Tyrrhéniens.

[95] Πάμφορος. Diodore, V, 40.

[96] Lettres de Lullin de Chateauvieux.

[97] Par une réminiscence d’un goût antique, elle se montre encore à la fin de la république dans le tombeau de Cæcilia Metella et au commencement de l’empire dans le grand aqueduc de Claude, derrière Santa-Croce in Gerusalemme.

[98] Vitruve l’affirme (VI, 10) : les maisons de Pompeii sont donc construites d’après le type romain et non d’après le type grec. Bien qu’en pays grec, Pompeii et Herculanum étaient des villes romaines. Les noms de leurs habitants, que l’ont connaître les inscriptions ou qu’à Pompeii on lit près de la porte des maisons, sont des noms latins.

[99] Varron, De Ling. lat., V, 161. M. Dennis a retrouvé dans les tombes étrusques toute la disposition de la maison romaine.

[100] Athénée, XV, 60.

[101] Ibidem.

[102] Hist. nat., XXXV, 46 ; XXXIV, 7.

[103] Pline, Hist. nat., XXIV, 18.

[104] Tyrrhena sigilla.

[105] Apologétique, 25.

[106] Pline, Hist. nat., XXXIV, 7 (6).

[107] Il en existe cependant, notamment dans une tombe de Cære.

[108] Par exemple, une statue antique de Jupiter taillée dans un cep de vigne, et qui existait à Populonia. (Pline, Hist. nat., XIV, 2, 1.)

[109] Propert., IV, 2, 61.

[110] Cette louve, qu’on voit dans le palais des Conservateurs, est, comme je l’ai dit, bien probablement celle qui fut placée près de l’antre Lupercal (environ trois siècles avant Jésus Christ).

[111] Les joueurs de flûte s’étant retirés à Tibur, parce qu’on leur avait enlevé le droit de prendre leur repas dans le temple de Jupiter, on ne pouvait plus accompagner les sacrifices des chants accoutumés. (Tite-Live, IX, 30.) Cela montre à quel point les joueurs de flûte étaient considérés comme des personnages religieux et leur art comme une partie essentielle du culte public.

[112] Athénée, IV, p. 154.

[113] . . . . Tibicine tusco. (Ovide, De l'Art d'Aimer, I, 111.)

[114] Athénée, XIII, 86.

[115] En latin, tuba ; en grec, σάλπιγξς ; toutes deux dites tyrrhéniennes par les poètes. (Micali, It. avant. il dom. dei Rom., I, 25.)

[116] Le lituus, d’un mot étrusque qui devait vouloir dire recourbé, car lituus était aussi le nom du bâton augural, également recourbé par en haut. (O. Müller, Etr., II, p. 212.)

[117] O. Müller, Etr., II, p. 205-6.

[118] Properce, IV (V), 1, 29.

Prima galeritus posuit prætoria luemo,

Magnaque pars Tatio rerum erat inter oves.