L’HISTOIRE ROMAINE À ROME

PREMIÈRE PARTIE — LA ROME PRIMITIVE ET LA ROME DES ROIS

I — FORMATION DU SOL ROMAIN.

 

 

Je voudrais, du sein de cette ville que j’habite, remonter en esprit par delà le berceau de Rome jusqu’au temps où Rome n’était pas encore ; par delà même les établissements qui l’ont précédée sur les huit collines[1], ou au pied de ces collines. Je voudrais me représenter ce qu’étaient ces lieux où tant d’hommes devaient se presser, se succéder tarit de générations, alors qu’ils n’avaient pas d’habitants ; ce qu’étaient ces lieux destinés à tant de gloire, alors qu’ils n’avaient pas de nom.

Hæc tum nomina erunt, nunc suut sine nomine terræ. Æn., VI, 177.

Ce seront un jour des noms ; aujourd’hui ce sont des terres innominées.

Je remonterai encore plus haut, quand on devrait m’accuser de ne pas m’arrêter au déluge ; il plaît à mon imagination, qui s’appuie sur les résultats de la science, d’apercevoir, à travers la distance des âges, la formation du sol célèbre dont je veux tracer l’histoire, avant que les Romains aient apparu sur ce sol et l’homme sur la terre.

Ce qu’on voit d’abord dans ce lointain des temps, c’est la mer ; la mer au sein de laquelle les siècles déposent lentement et, couche par couche, des dépôts calcaires, qui, en s’accumulant, formeront les masses destinées à composer l’admirable horizon romain. La main de Dieu prépare sous les eaux celte décoration magnifique : au jour marqué, il la dresse, et par une suite de soulèvements l’élève au-dessus des flots.

Les flots que la campagne romaine sépare aujourd’hui de l’Apennin en venaient battre le pied. Ce demi-cercle d’azur, qui commence, au Soracte et finit aux montagnes de Tivoli, formait un vaste golfe très ouvert.

A l’extrémité septentrionale de ce rivage abrupt et concave, se détachait le sommet isolé du Soracte, qui par sa forme et sa couleur ressemble encore aujourd’hui à une île bleue de la mer Égée.

Au sud, le demi-cercle se terminait par un haut promontoire (le mont Saint-Janvier). La campagne romaine et le lieu où devait exister Rome étaient sous les eaux.

Le groupe si gracieux des montagnes d’Albe et de Tusculum (d’Albano et de Frascati), ce groupe dont les contours arrondis contrastent heureusement avec les lignes fermes et tranchées de l’Apennin, n’avait pas encore surgi par l’action des volcans ; et, plus au sud, la mer, remplissant tout l’espace qu’occupent les marais Pontins, s’étendait jusqu’au cap de Circé.

Les pentes de l’Apennin étaient couvertes d’une végétation un peu plus méridionale que celle d’aujourd’hui. Ce n’était pas la végétation des tropiques, mais la végétation de la Sicile et de l’Égypte[2]. C’était avec les chênes, les platanes, les peupliers, qu’on trouve encore, les orangers, qui ne croissent à Rome que dans les jardins, les aloès, les cactus, qu’on ne voit plus que dans les villas romaines, dans un coin de la villa Panfili, au pied de l’aqueduc qui traverse la villa Wolskonska. Sur les montagnes, erraient l’éléphant, le mastodonte, le rhinocéros, le tapir, l’hippopotame, animaux dont les formes bizarres perpétuent le caractère de cette création étrange, antérieure à la nôtre, et qui ne semble pas lui appartenir.

Au fond de la mer et sur ses bords se déposaient des argiles bleues et grises surmontées d’un lit de sable jaune. Sur la rive droite du Tibre, cet ancien dépôt marin atteignit une certaine hauteur ; il constitue le premier étage du Janicule, le second a été ajouté par Ies causes volcaniques. Le sommet du Janicule primitif est marqué par ces sables jaunes, qui ont fait donner à une église consacrée à saint Pierre le nom de San Pietro in Montorio, in monte Aureo (Saint-Pierre sur le mont doré).

Ces sables formaient la plage de la mer d’alors, sous laquelle les futures collines de Rome furent enfouies avant d’être soulevées[3]. Sur le rivage de cette mer, croissaient des plantes de la famille des algues ; des pins, dont les débris sont mêlés parmi les galets et les sables, s’élevaient au bord de la mer antique, comme prés du littoral actuel, aux portes d’Ortie, s’élèvent les beaux pins de Castel fusano.

Les sept collines de la rive gauche ont été postérieurement formées et ne remontent pas au delà de l’époque volcanique à laquelle nous arrivons ; nous avons vu naître et les montagnes qui composent l’horizon romain et le fondement sur lequel Rome devait s’asseoir, maintenant c’est le terrain de Rome même qui va nous apparaître.

Ce terrain nouveau n’est plus un dépôt de la mer, mais un produit du feu.

Quand il s’agit du premier âge des volcans romains, il ne faut pas entendre par ce mot des volcans analogues à ceux d’aujourd’hui ou même à ceux des âges géologiques qui ont suivi : car ces volcans primitifs n’avaient ni cratères ni courants de lave proprement dits. Ils firent probablement éruption sous la mer, à l’époque du soulèvement de l’Apennin, soulèvement qu’ils causèrent.

On ne peut expliquer, sans un remaniement par les eaux, la présence dans le tuf volcanique de débris végétaux et animaux, ni la disposition par couches d’un produit igné, disposition si frappante dans le terrain de la campagne romaine : il a fallu que les matières volcaniques aient été, à l’état de boue ou de sable, suspendues dans les eaux de la mer, puis déposées par elles en lits horizontaux. La mer seule a pu produire les vastes couches de tuf qu’on suit de Rome jusqu’à Radicofani.

Le fond de la mer d’autrefois, c’est la campagne romaine d’aujourd’hui. En la contemplant on reconnaît, dans la forme arrondie des tertres dont elle est semée, une matière molle, qui, pétrie et moulée par les eaux marines ; semble reproduire leurs ondulations.

Là où, au contraire, les tertres de la campagne romaine offrent des pentes abruptes et déchirées, je crois surprendre la trace des courants d’eau douce, qui, à une époque moins ancienne, l’ont sillonnée.

De cette origine volcanique et sous-marine est résulté le terrain de la campagne romaine ; les produits volcaniques, remaniés et conglutinés dans le sein de la mer, ont donné naissance au tuf qui constitue l’ensemble de ce terrain. Ce tuf est tantôt solide et semblable à la pierre, tantôt friable et se désagrégeant en grains détachés ; lorsqu’il est tout à rait compacte, il prend le nom de pépérin, et, quand il nasse à l’état sablonneux, il s’appelle pouzzolane.

Le sommet du Janicule sur la rive droite du Tibre et l’ensemble des sept collines de la rive gauche sont formés de ce tuf volcanique ; il s’y montre surtout à l’état le moins compact, à l’état granulaire.

Le Capitole seul est presque entièrement composé d’un tuf pierreux : il fallait un noyau plus solide à cette colline qui devait être le trône du monde.

Si les dépôts marins ne constituent aucune des collines de Rome, ils sont la base de toutes, et l’on a vu nettement le pied de la roche Tarpéienne s’appuyer sur eux[4].

D’après ce qui précède, on comprend qu’il ne faut chercher dans home ni un cratère ni le souvenir d’éruptions à ciel ouvert ; on doit donc renoncer à voir, dans l’histoire de Cacus vomissant des flammes, bien qu’elle ait trait à des phénomènes ignés, un souvenir d’anciennes éruptions de l’Aventin, et, ce qui nie coûte davantage, on doit renoncer à cette idée de Breislak, que le Forum est placé dans un ancien cratère. Cette origine irait bien aux ardeurs bouillonnantes du Forum. Nous verrons qu’au lieu d’avoir remplacé un cratère il a succédé à un marais, c’est moins poétique ; il faut en prendre son parti : la science ne confirme pas toujours les rapprochements que désire l’imagination.

Cependant il y a eu dans les environs de Rome, mais postérieurement aux éruptions sous-marines, des volcans véritables ; tel est celui qui avait formé le grand cratère dont les monts Albains sont un débris, et dont le centre était au lieu improprement désigné par le nom de Camp d’Annibal. Ce cratère s’est disloqué et affaissé, laissant visibles trois cratères partiels qui s’étaient ouverts dans sa vase enceinte ; ils ont donné naissance au lac d’Albano, au lac de Nemi et au vallon de Lariccia, qui est lui-même un lac desséché.

Beaux et paisibles lieux, tant de fois visités avec délices, dont l’aspect riant ne ferait pas soupçonner la terrible origine, si la forme du bassin de ces lacs n’indiquait manifestement la présence d’un ancien cratère, et si l’on ne savait que les terrains volcaniques offrent en général aux yeux les courbes les plus agréables et les plus gracieux contours. De ce qui a été un effroi, la nature et le temps font un charme.

A la seconde époque des éruptions appartiennent ces volcans véritables avec des cratères formés à ciel ouvert et des courants de lave, dont l’un, qui commence aux monts Albains, vient se terminer derrière le tombeau de Cæcilia Metella.

Par suite des secondes éruptions volcaniques et de l’exhaussement du grand cratère, le sol fut soulevé et la mer cessa de le couvrir.

La mer fut remplacée par des lacs d’eau douce. L’histoire de cet âge des lacs est partout écrite dans la campagne romaine ; on y voit sans cesse des cavités dont le fond est très plat et que des collines, anciennes rives des lacs, enferment presque de toute part, sauf en un point où ces collines ne se rejoignent pas et par où le lac s’est écoule.

Rome, cela veut toujours dire le lieu où devait un jour être home, était couverte par un de ces lacs, qui était lui-même un immense débordement du Tibre.

On peut suivre le niveau de ce lac et retrouver son rivage ; il est marqué par les dépôts de coquilles d’eau douce qu’on observe sur le Pincio, l’Esquilin, et surtout l’Aventin, à une hauteur moyenne de 130 ou 140 pieds au-dessus du lit actuel du fleuve.

Sur le mont Pincio et les collines vaticanes, on a reconnu les empreintes des feuilles qui tombèrent dans les eaux ; fragiles et durables témoins de l’élévation qu’atteignirent autrefois ces eaux.

Les collines romaines ne laissaient voir que leur dos émergeant à la surface du grand lac et formant des îles.

Alors, entre les deux cimes du Capitole plus profondément séparées que de nos jours, se précipitait un cours d’eau ; ceci est démontré par les coquilles fluviatiles qui ont été recueillies au-dessous de la statue équestre de Marc-Aurèle. Ce cours d’eau devait s’épancher du côté du Forum et former là une magnifique cascade que personne ne, voyait.

Sur l’île du Pincio croissait, dans cette seconde période, une végétation des zones tempérées, pareille à celle qui croît aujourd’hui au bord des lacs ; c’étaient des saules, des aunes et des roseaux.

Les eaux qui alimentaient le Tibre produisaient donc un grand lac qui noyait presque tout l’emplacement occupé depuis par la ville des anciens Romains et par la ville moderne. Le large lit du Tibre primitif allait du mont Pincio au Janicule, c’est un espace d’un mille et demi ; aujourd’hui la largeur du Tibre n’est que de 185 pieds. Alors il charriait des fragments considérables de laves et de rochers, aujourd’hui il n’entraîne que le sable et le limon de ses bords ; le Tibre actuel n’est donc qu’un mince résidu de ce Tibre primitif.

Qui pouvait maintenir son niveau à cette hauteur et lui donner tant de puissance ?

Sans doute il a perdu, depuis les temps historiques, plusieurs affluents. Au commencement de notre ère, le Tibre recevait la Chiana tout entière, et par elle lui arrivait une partie des eaux de l’Arno.

Mais cela ne suffit pas pour expliquer la diminution considérable que le Tibre a subie.

Il me semble que son élévation primitive doit s’expliquer par un barrage naturel qui aura cédé un jour à la violence des eaux et leur aura permis de s’écouler vers la mer. Il se sera passé là ce que nos yeux nous montrent s’être passé sur plusieurs points de la campagne romaine, où l’on voit encore les rives des lacs et la rupture du barrage qui les retenait[5].

Dans cette grande débâcle, l’énorme volume d’eau qui se dirigeait vers la mer entraîna ces grandes masses pierreuses qu’il a déposées çà et là et qui attestent encore l’antique puissance des eaux.

Ainsi ou autrement. il est certain que les eaux du lac s’écoulèrent et que le sol sur lequel Rome devait s’élever reparut au jour une seconde fois avec sa configuration définitive.

La mer, le feu, les eaux douces, ont donc travaillé successivement à constituer l’assiette de Rome, et ces divers ministres de la nature y ont successivement, mis la main.

Tantae molis erat Romanam condere terram.

Désormais l’emplacement de Rome existe ; Rome n’est pas née, mais elle peut naître.

Cependant bien des siècles encore doivent s’écouler avant ses premiers commencements, avant même l’apparition des populations antérieures aux Romains, qui occuperont en passant les lieux voisins du Tibre.

Sur cette terre nouvellement formée, il n’y a d’autres habitants que des animaux. Sur ces collines, qui auront un nom historique, sur celles en particulier qui s’appelleront l’Aventin, le Janicule, vivent, comme avaient vécu à une époque antérieure, des éléphants[6], des rhinocéros, des hippopotames ; il y a aussi des bœufs, des chevaux, des porcs, des daims ; des lynx, espèces semblables ou analogues à celles qui existent aujourd’hui. Le temps de l’homme approche ; l’histoire va commencer.

Mais déjà, dans la période géologique dont je viens de retracer les phases principales, rien n’était indifférent pour l’historien du peuple romain.

Il fallait bien voir comment la Providence s’y était prise pour faire fabriquer par la nature le séjour de ce peuple et préparer le berceau de sa grandeur.

L’état des lieux durant la période historique se ressent encore de leur état dans l’âge qui l’a précédée. Le caractère de plusieurs localités de Rome, de plusieurs événements que rapportent l’histoire ou la légende, ont leur motif, pour ainsi dire, dans l’origine de ces localités.

Sans les actions volcaniques qui ont concouru si puissamment à composer le sol de Rome, il ne serait pas resté plus tard, de ces actions alors affaiblies, la continuation ou la trace, dans les eaux chaudes qui jaillirent miraculeusement sous les pieds des Sabins pour les arrêter ; dans le gouffre ouvert tout à coup au milieu du Forum et ne se refermant qu’après avoir englouti le dévouement de Décius ; dans le Terentum, lieu fangeux au bord du Tibre, d’où sortaient des flammes. Quelles que soient les circonstances plus ou moins fabuleuses que la crédulité populaire a mêlées à ces faits traditionnels ou attachées à ces phénomènes, on n’y découvre pas moins la persistance, à travers l’âge historique, de la puissance ignée ; c’est à elle qu’il faut attribuer les eaux sulfureuses de Tivoli, celles qui, sur l’Esquilin, portaient le nom de lac de Méphitis[7], la production de la source de Pétrole, dans laquelle les chrétiens virent un miracle accompli avant la venue de Jésus-Christ et l’annonce du règne paisible d’Auguste.

Cette puissance se manifeste encore de nos jours ; une source thermale, appelée Acqua Bollicante, sort de terre, près de la voie Prénestine, à deux milles de Rome[8].

Le travertin[9], cette pierre qui a servi à construire le Colisée et presque tous les monuments de l’empire, le travertin se dépose en petite quantité dans la solfatare de Tivoli comme il se déposait, quand les forces volcaniques exerçaient toute leur puissance, en masses considérables ; l’une d’elles, sur l’Aventin, a un demi mille de longueur[10].

Aux environs de Leprignano, un volcan de boue s’est montré soudainement, il y a quelques années ; en traversant un champ près de Gabies, le sol tremble encore sous les pas des chevaux comme au temps de Pline[11], et l’on entend un bruit souterrain, pareil à celui que l’on produit en marchant sur la solfatare de Naples.

Les eaux acidulées d’Acqua Acetosa, aux portes de Rome, et, dans Rome même, prés de Ripetta, les bulles de gaz qui sortent du Tibre, l’abondance de l’acide carbonique dissous prouvée par les incrustations que ce gaz, en se dégageant, précipite dans les conduits des aqueducs, attestent aussi l’action défaillante, mais sensible encore, des forces dont le sol romain fut l’œuvre.

Ainsi, l’on peut suivre à Rome, jusqu’au jour où nous vivons, le prolongement de cette action du feu, qui remonte aux âges où l’homme n’existait pas encore.

Cela eût suffi peut-être pour nous engagera remonter nous-même à ces âges ainsi liés au nôtre. J’écris l’histoire de Rome d’après les lieux et les monuments je devais rechercher quelle a été la disposition originaire des lieux ; les roches de diverse nature, les fossiles d’espèces différentes, sont des monuments.

Il y avait, pour tenir compte de ce passé lointain, un motif de plus. La géologie des villes donne la clef de leur architecture et contient parfois le secret de leur destinée. Souvent la nature des terrains a déterminé l’emplacement des capitales et dessiné d’avance la physionomie qui les caractérise. Peut-être la petite Lutèce ne serait pas devenue le grand Paris, si, dans le voisinage, n’eût pas existé, en immenses dépôts, une excellente pierre à bâtir. Pourquoi Paris est-il construit en moellons et Londres en briques, si ce n’est parce que, dans la série des terrains du bassin de Londres, l’argile propre à faire les briques remplace le calcaire parisien ? Si l’architecture de la Renaissance a semé sur les bords de la Loire de si élégantes merveilles, ne le doit-elle pas un peu à la qualité tendre de la pierre de ce pays, dans laquelle les ornements les plus délicats peuvent être sculptés avec une si grande facilité, que les plus humbles maisons, même dans les villages, sont décorées aujourd’hui de moulures, quelquefois d’assez bon goût ?

Durant la période que nous venons de traverser, la nature élaborait déjà les matériaux des superbes édifices de Rome. La mer déposait ces argiles du Vatican, propres à donner une brique solide, dont on fabriquait des assiettes au temps de Juvénal[12], et dont on fait aujourd’hui des tuiles. Les forces volcaniques anciennes ont produit le tuf, qui, tiré principalement du Capitole, où furent très anciennement des carrières, a fourni leurs matériaux aux constructions de l’âge des rois ; le pépérin, qu’on employa surtout sous la république ; la pouzzolane, propre à composer un ciment tenace, cause principale de la durée des monuments romains. L’époque des lacs vit naître les masses de travertin que devait employer l’empire, tandis que les volcans les plus nouveaux donnèrent aux Romains le pavé indestructible de leurs voies.

Ainsi l’histoire du sol de Rome nous a permis d’anticiper sur l’histoire monumentale du peuple romain.

Je vais passer à un âge antérieur encore à la naissance de Rome, mais dans lequel nous trouverons des témoignages écrits ailleurs que dans la composition des couches, la structure des roches, la nature des fossiles, des témoignages au moyen desquels nous pourrons donner une avant-scène au grand drame qu’ouvre Romulus.

Mais il faut d’abord, en rassemblant les indications qui nous restent., retrouver l’aspect primitif des lieux où viendront s’établir les populations antiques dont on entrevoit la présence sur les bords du Tibre, avant d’y apercevoir, dans un jour encore bien douteux, les premiers établissements des Romains.

 

 

 



[1] Sept collines sur la rive gauche du Tibre : le Palatin, le Capitole, l’Aventin, le Cælius, le Quirinal, le Viminal, l’Esquilin ; une sur la rive droite, le Janicule.

[2] Ponzi, Storia naturale del Lazio, Giornale Arcadico, nuova serie, t. XXII, p. 101 et suivantes.

[3] On a trouvé des coquilles d’huîtres sur le Monte Mario, à 440 pieds au-dessus du niveau de la mer. Brocchi, Descrizione dell’ agro romano, 164.

[4] Dans les souterrains de l’hôpital de la Consolation.

[5] Si l’on cherche, pour le lac qui couvrait Rome, le point où la rupture a eu lieu, on est conduit à le placer vers le onzième mille sur la route d’Ostie, à l’endroit où les collines de Decimo s’approchent du Tibre, qu’elles ont pu jadis atteindre. Vers l’autre rive s’avancent des collines qui, sans doute, furent la continuation de celles de Decimo, avant que le Tibre les eu eût séparées et que le lac, jusque-là retenu par l’obstacle, eût disparu en l’emportant.

[6] Les restes d’éléphants sont indiqués par Brocchi sur le Monte Verde et le Monte Marie, qui tiennent au Janicule. Descriz., 179-80. D’autres débris fossiles sont énumérés par Pianciani, Giornale Arcadico, t. XLVII, 160-7, et dans l’excellent Résumé de la géologie de Rome qui est en tête de la dernière édition du Guide de Murray, et dont l’auteur est M. Pentland, p. 5 et 6.

[7] Mephitis propriè est terræ putor, qui de aquis nascitur sulphuratis. Servius, Æn., VII, 84.

[8] Nibby, Diutorni di Roma, I, 7.

[9] Le travertin n’est pas une pierre volcanique ; mais sa formation est liée aux dégagements des gaz qu exhalent les eaux chargées d’acide carbonique ou d’hydrogène sulfuré ; par là cette formation se rattache aux causes volcaniques qui produisent ces exhalaisons et les eaux sulfureuses elles-mêmes. Pentland, Geol. of Rome, p. 5.

[10] On peut la suivre de l’arc de la Salara jusqu’au bastion de Paul III. Il y a aussi de grandes masses de travertin entre la porte du Peuple et la colline d’Acqua Acetosa.

[11] Pline, Hist. nat., II, 96, 1.

[12] Et Vaticano fragiles de monte patellas, Juvénal, Satires, VI, 315.