LE CHRISTIANISME ET L'EMPIRE ROMAIN

 

CHAPITRE HUITIÈME. — L'ÉTAT CHRÉTIEN. — THÉODOSE.

 

 

§ 1. — La politique religieuse de Théodose.

La mort tragique de Gratien, en 383, fut sans effet sur la politique religieuse qu'il avait inaugurée. Théodose, dès 379 associé à l'Empire, la continuera dignement et lui fera donner tous ses fruits.

Pendant quatre ans, — jusqu'à la défaite de Maxime en 388, — le monde romain eut trois maîtres : l'usurpateur Maxime, en Gaule, en Espagne et en Bretagne ; le jeune frère de Gratien, Valentinien II, en Italie, en Afrique et dans les provinces danubiennes ; Théodose en Orient. Bien que souillé du sang de Gratien, Maxime professait le christianisme : mais il n'en donna guère d'autre preuve qu'en condamnant à mort le schismatique Priscillien, à la grande indignation de saint Martin et de saint Ambroise[1]. Le jeune Valentinien II, au contraire, se montra docile aux conseils de celui-ci, toutes les fois que la fureur arienne de sa mère Justine ne l'obligea pas à entrer en lutte avec les catholiques. Quand, en 384, toute la législation religieuse de Gratien semble mise en question par un retour offensif du parti païen, le souverain de quinze ans prête une oreille favorable au plaidoyer de l'évêque de Milan, et se montre insensible à l'élégante argumentation présentée par le préfet Symmaque en faveur de l'autel de la Victoire et des privilèges du clergé idolâtre[2]. En 392, quinze jours avant d'être assassiné, Valentinien repoussera encore une tentative des sénateurs païens venus jusqu'en Gaule plaider leur cause[3]. Celle-ci était alors bien près d'être désespérée. Théodose lui avait déjà porté des coups mortels en Orient. Sous sa main énergique, la politique de Gratien et de saint Ambroise va enfin aboutir en Occident. La séparation naguère proclamée entre l'État et le culte païen avait marqué une première étape ; l'anéantissement de ce culte, par l'intime alliance de l'Empire et de l'Église, en sera le terme logique.

L'Espagnol Théodose est l'un des rares empereurs qui aient été baptisés dès le commencement de leur règne. Il semble que de cette circonstance sa politique ait pris un caractère plus nettement chrétien. Les lois rendues par lui en faveur de l'Église dépassent en nombre celles de tous ses prédécesseurs réunis. On en compte plusieurs par année. Intronisé en Orient, son premier souci fut d'abattre l'arianisme. Dès 380, il ordonne que tous les peuples de son obéissance suivent sur la Trinité la foi que l'Église romaine a reçue de l'apôtre Pierre, telle que la professent le pontife Damase et Pierre, évêque d'Alexandrie, homme d'une sainteté apostolique[4]. Suivent en 381, 382, 384, 388, 389, 394, des lois contre les hérétiques, eunoméens, ariens, apollinaristes, macédoniens, manichéens, reprenant leurs églises pour les donner aux catholiques, interdisant leurs assemblées, chassant leurs évêques et leurs prêtres, confisquant tous les lieux où se seront célébrés leurs offices, cassant leurs testaments, les déclarant incapables de donner ou de recevoir[5]. Le grand nombre de ces lois, dont plusieurs se répètent, montre qu'elles ne furent point partout exécutées, mais dénote en même temps l'énergique effort du prince orthodoxe pour rétablir dans les provinces ravagées par les hérésies chères à Constance ou à Valens l'unité catholique.

On constate, non sans satisfaction, qu'il ne donne point à l'Église de privilèges pécuniaires, et n'est point prodigue en sa faveur de grâces matérielles. Il se borne, soit à relever la dignité de ses ministres, soit à rendre hommage à sa discipline ou à son culte, soit à favoriser les mœurs chrétiennes. C'est ainsi qu'il défend qu'un évêque soit cité comme témoin[6] ; interdit tout procès criminel pendant le carême[7] ; prohibe les supplices corporels durant ce saint temps consacré à la purification des âmes[8] ; défend de trafiquer des reliques des martyrs[9] ; met Pâques et le dimanche au nombre des jours légalement fériés[10] ; interdit le dimanche les spectacles de l'amphithéâtre et du cirque[11] ; promulgue une amnistie pour le jour de Pâques[12] ; défend les mariages entre chrétiens et juifs[13] ; interdit à ces derniers d'acheter des esclaves chrétiens[14] ; défend aux comédiennes et aux femmes de mauvaise vie de paraître en public avec le costume des vierges consacrées à Dieu[15] ; interdit d'agréger à des troupes de danseurs les femmes et les enfants faisant profession de christianisme[16] ; interdit aux particuliers la possession et l'exhibition d'esclaves musiciennes[17] ; frappe dans les villes les vices honteux tout en moralisant les châtiments[18].

Ces lois, les sentiments personnels de Théodose, clairement exprimés en mainte occasion, sa participation régulière aux sacrements de l'Église[19], la pénitence humblement acceptée, sur l'ordre de saint Ambroise, après la cruelle répression de l'émeute de Thessalonique[20], donnent l'image d'un empereur décidé à régler en toutes choses sa conduite publique et privée sur l'idéal chrétien. En même temps son caractère énergique, facilement emporté, peu enclin aux demi mesures, ami des solutions promptes, montre un des hommes les moins faits pour continuer ou même pour comprendre la politique d'équilibre religieux inaugurée par Constantin, et dont, malgré leur tendance défavorable au paganisme, les ordonnances de Gratien n'étaient pas nécessairement la négation. Par son œuvre législative comme par les actes de son gouvernement, Théodose apparaît incapable de tolérer des nuances dans le christianisme lui-même. Avec une précision de langage qui ne s'était pas encore rencontrée, mais où se reconnaît toute la rigueur de l'esprit latin, il exige de ses sujets l'adhésion au catholicisme dans sa forme la plus nette, désignant à leur imitation ou à leur obéissance les hommes qui, en Occident et en Orient, lui paraissent le mieux représenter l'orthodoxie romaine. Cette manière autoritaire est d'autant plus remarquable qu'on la trouve chez un prince qui, loin de prétendre à dominer l'Église, se montre en toutes circonstances le plus soumis de ses enfants. Nulle intention chez lui de prendre, comme le fit trop souvent Constantin, des allures d'évêque du dehors ; l'autorité impériale est mise, sans aucune arrière pensée, au service de la religion catholique. Mais elle y est mise tout entière, et nulle considération de ménagement ou de prudence ne suspendra désormais la pesanteur de son bras. Théodose se sent assez fort pour abolir à la fois l'hérésie et le paganisme. En ayant le pouvoir, il estime qu'il en a le devoir, et il marche vers ce but d'un pas singulièrement droit et ferme.

Ce n'est pas qu'il ait cherché à abattre à la fois toute dissidence. Vis-à-vis des hérétiques et vis-à-vis des païens sa conduite a été d'abord différente. On vient de voir les premiers traités tout de suite par lui comme des rebelles, qu'il fait ramener malgré eux à l'unité contre laquelle ils se sont révoltés. De là les lois qui, depuis la première année du règne de Théodose jusqu'à la dernière, les frappent de coups répétés. La suite de ces lois ne marque pas un progrès de la répression : dès le début, la volonté du prince se manifeste sans réticences : l'hérésie devra cesser d'être, ses assemblées se dissoudre, ses pasteurs perdre leur titre et leurs pouvoirs, ses adhérents relégués hors des villes, privés du droit de disposer de leurs biens, être en quelque sorte, selon l'expression d'une de ces lois, exclus de la communion des hommes. Pour les païens, Théodose montre moins de rigueur. Son but est le même : détruire le paganisme, afin que la religion chrétienne, rétablie dans toute la splendeur de son orthodoxie, règne seule sur les ruines des faux cultes. Mais les moyens paraîtront moins brusques : le paganisme, au lieu d'être renversé tout d'un coup, sera démoli pièce à pièce. Bien que, dans la première partie de sa lutte contre l'idolâtrie, Théodose ait eu surtout en vue les provinces de l'Orient, où le christianisme dominait déjà, cependant il y avait encore, en quelques-unes, de trop forts partis de païens pour qu'il fût prudent de les pousser tout de suite au désespoir. D'ailleurs, ils n'étaient pas, comme les ariens ou les manichéens, des révoltés contre l'unité catholique : ils n'avaient eu qu'une part indirecte et très effacée aux troubles religieux qui sous Constance et sous Valens désolèrent l'Orient : ils méritaient les égards dus à des sujets pacifiques et à des croyants sincères.

Dès le commencement du règne de Théodose, on put s'apercevoir, cependant, que les deux religions n'étaient pas, à ses yeux, dans une situation égale. Des lois de 381 et de 383 — imitées en 383 par Gratien — privent du droit de disposer et de recevoir par testament les chrétiens baptisés qui seraient retournés par l'apostasie au paganisme les simples catéchumènes coupables de déserter l'église pour le temple sont même frappés, bien que dans une mesure moindre[21]. C'est dire que s'il est permis à un païen de devenir chrétien, et si, comme l'écrit Symmaque, c'est faire sa cour que de s'abstenir du culte des dieux[22], en revanche il n'est pas permis à un chrétien de se faire païen. L'une des deux religions rivales est donc dès à présent déclarée légalement inférieure à l'autre.

Cependant elle n'est pas encore défendue. Mais chaque jour le cercle d'investissement se resserre autour d'elle. Constantin avait prohibé les pratiques secrètes de la divination, mais déclaré libre la divination officielle, telle qu'elle était exercée dans les temples par les haruspices. Constance avait interdit dans les termes les plus durs toute consultation sur l'avenir, mais en laissant subsister la distinction posée par Constantin. Valentinien les avait défendu les conjurations magiques et les sacrifices nocturnes, mais fait les réserves les plus expresses en faveur de l'haruspicine. Théodose, en 381, interdit tout sacrifice, soit de jour, soit de nuit, offert dans un temple en vue de connaître l'avenir[23]. Cette loi pouvait s'entendre des seuls sacrifices accomplis dans un but spécial de divination. Elle supprimait presque entièrement les libertés laissées à cet égard par Constantin, Constance et Valentinien. Mais elle ne paraissait pas atteindre les rites divinatoires qui faisaient aussi partie intégrante des sacrifices ordinaires. Une loi de 385 visa ces rites. L'inspection par le prêtre ou l'haruspice du foie et des entrailles des victimes fut défendue en toute circonstance, sous la menace des plus sévères châtiments[24]. Ce n'était point prohiber les sacrifices eux-mêmes, ou interdire l'immolation des victimes ; mais c'était supprimer l'une des parties principales de la cérémonie, celle précisément à laquelle était le plus intéressée la superstition païenne. En fait, cette interdiction fit cesser, en beaucoup de lieux, les sacrifices sanglants. On s'abstint de cette répugnante et coûteuse pratique dès qu'il ne fut plus possible, sans être puni, de lire l'avenir dans les bêtes immolées. Les plus obstinés la dissimulèrent parfois sous l'apparence d'un banquet[25]. La plupart la remplacèrent par l'offrande d'encens brûlé en l'honneur des dieux. Cette marque de dévotion resta tolérée tant que les temples furent ouverts[26]. On continua d'y entrer librement, et d'encenser leurs autels ; mais un des rites essentiels du paganisme ne s'y célébra plus.

Soit entre ces deux lois, soit après la seconde, se place la mission en Égypte de Cynegius, préfet du prétoire d'Orient. Outre son but politique, elle avait un objet religieux. A en croire le païen Zosime, le haut magistrat était chargé de fermer tous les temples égyptiens[27]. Socrate dit la même chose[28]. C'est invraisemblable. Si le discours de Libanius en faveur des temples est postérieur à la mission de Cynegius, comme plusieurs le pensent[29], on voit qu'au moment où ce discours fut écrit ils étaient encore ouverts partout et qu'à défaut de rites sanglants l'encensement des autels était toléré. Ni la loi de 381 ni celle de 385 ne défendent d'entrer dans les temples et n'ordonnent de les clore. Aucun événement particulier à l'Égypte n'y rendait encore nécessaire une mesure exceptionnelle. Si dans une partie de l'Orient les temples avaient été fermés par Cynegius, la loi que Théodose rendra en 391 n'aurait pas eu de raison d'être. Il faut donc, ici comme en d'autres circonstances, corriger les expressions excessives du païen Zosime et du chrétien Socrate. Cynegius reçut probablement l'ordre de fermer ceux des temples où l'on contrevenait aux lois de 381 et de 385 en pratiquant la divination ou en demandant des présages aux bêtes sacrifiées.

C'est seulement quelques années plus tard que Théodose se sentit autorisé à prendre une mesure plus radicale. Il venait de se soumettre à la pénitence imposée par saint Ambroise après les malheureux événements de Thessalonique. Séjournant à Milan, d'où il gouvernait en réalité tout l'Empire, il ne croyait pouvoir donner trop de gages de son repentir et de sa ferveur. Tous ses actes de 391 portent la marque de cette pensée. Deux lois frappent de nouveau les chrétiens apostats, les dégradant s'ils sont de rang élevé, déclarant que, même repentants, ils ne pourront recouvrer les droits qu'ils ont perdus[30]. Une autre loi interdit toute assemblée d'hérétiques[31]. Symmaque, alors consul, ayant demandé une fois encore le rétablissement de l'autel de la Victoire, Théodose irrité le relègue à cent milles de la résidence impériale[32]. De cette même année sont deux lois interdisant non seulement d'immoler des victimes, mais même d'entrer dans les temples et (si on les prend à la lettre) de jeter les yeux suries statues qui y avaient été adorées[33]. Tout magistrat, toute personne élevée en dignité, qui croira pouvoir passer outre à cette défense, sera puni d'une amende calculée selon son rang[34]. Cette fois l'interdiction est absolue. Sozomène ne se trompe pas en racontant que Théodose défendit d'approcher des lieux consacrés au culte païen[35], et Zosime traduit les expressions mêmes de la loi quand il dit qu'il y avait du danger à croire aux dieux et à lever les yeux pour les adorer[36].

Tout culte public étant ainsi retiré aux païens, l'empereur ne se fit plus scrupule de transférer la propriété des temples. C'est ainsi qu'il fit don à l'évêque d'Alexandrie, Théophile, d'un ancien sanctuaire de Mithra. En faisant des travaux pour le transformer en église, les ouvriers découvrirent des objets bizarres qui servaient aux initiations. L'évêque les exposa à la risée publique. Les païens d'Alexandrie se révoltèrent. Ils se retirèrent dans l'immense et splendide temple de Sérapis, qui dominait la ville. Le transformant en citadelle, ils firent des sorties, s'emparèrent de chrétiens, en massacrèrent beaucoup. Les magistrats ne purent rétablir la paix. L'émeute ne fut apaisée que par l'intervention de Théodose. Un rescrit impérial accorda une amnistie aux rebelles, mais ordonna la destruction de tous les temples d'Alexandrie. Alors périt le Sérapéion, orgueil de la ville et centre de la religion égyptienne ; avec lui tombèrent les sanctuaires de Canope, naguère le rendez-vous de licencieux pèlerins[37]. Probablement beaucoup d'autres temples d'Égypte, même en dehors d'Alexandrie ou de sa banlieue, furent enveloppés dans cette ruine[38].

Louant la politique religieuse de Théodose, saint Ambroise lui fait un mérite d'avoir aboli toutes les cérémonies païennes[39] ; Sozomène ajoute qu'il ne fut plus permis d'honorer les dieux, même en secret[40]. Une loi de 392 porta, en effet, ce dernier coup au paganisme. Elle renouvelle la défense de sacrifier dans les temples ; mais elle y joint celle d'offrir des libations, du feu et des fleurs aux génies, aux lares, aux pénates ; elle déclare que tout champ, toute demeure où l'on aura brûlé de l'encens sera confisqué[41]. Nombreux, au quatrième siècle, étaient les sanctuaires domestiques. L'idolâtrie s'y était réfugiée, comme dans un dernier retranchement. On élevait dans ses jardins des chapelles à la Fortune de la maison ou de la famille[42]. On creusait dans les dépendances de sa maison un antre mithriaque, qui devenait vite le centre d'un culte secret[43]. Théodose ferma ces sanctuaires, comme il avait fermé les temples. Mais probablement, cachés par l'ombre protectrice de la vie privée, un grand nombre échappèrent à ses investigations et se perpétuèrent malgré ses défenses.

 

§ 2. — La fin du paganisme.

Ainsi cessa, sinon de fait, au moins légalement, le culte païen. Il se continua dans beaucoup de lieux : mais, en droit, il avait déjà pris fin. Tout  acte non seulement public, mais privé, de paganisme devenait, après les lois de 391 et 392, un acte délictueux. Saint Jean Chrysostome, cependant, a pu opposer victorieusement la conduite de Théodose à celle des anciens persécuteurs de l'Église[44]. C'est que l'intolérance envers le culte s'allia, durant son règne, à la plus grande tolérance envers les personnes. Sur ce point Théodose suivit la voie tracée par tous ses prédécesseurs chrétiens depuis Constantin. Non seulement il n'inquiéta personne pour cause de religion, mais dans la distribution des honneurs ou des places il ne fit jamais de différence entre païens et chrétiens. En Orient, le plus passionné des champions de l'idolâtrie, Libanius, reçoit de lui de nombreuses grâces[45], et compose librement des ouvrages remplis de sentiments païens. Thémistius, déjà comblé de faveurs sous les précédents règnes, devient préfet de Constantinople[46]. En Occident, le chef politique du parti païen, Symmaque, est préfet de Home en 384[47], consul en 391[48]. Celui qu'on pourrait appeler le chef religieux du même parti, Prétextat, devient préfet du prétoire en 384[49], et est désigné pour le consulat en 385[50]. Un païen non moins illustre, Nicomaque Flavien, jouit d'une assez grande faveur auprès de Théodose pour être créé préfet du prétoire en 389[51]. La même année est préfet de Home Albinus, le même peut-être que nous savons par saint Jérôme avoir été pontife, et que Macrobe nous montre uni en tout de sentiments et d'habitudes avec Symmaque[52].

La suite des événements autorise à se demander si la confiance accordée par l'empereur chrétien à tant de personnages païens n'était pas imprudente. En Orient, où le culte des dieux avait perdu presque toute influence, on pouvait sans danger élever un Thémistius ou prêter une oreille indulgente aux flatteries et aux plaintes d'un Libanius. Mais en Occident il y avait péril à confier les plus grandes places à des membres de l'aristocratie païenne. C'est ce que montra bientôt la révolte d'Eugène, ou plutôt la levée de boucliers dont elle fut l'occasion pour tout le parti païen.

Après l'assassinat de Valentinien II par Arbogast en 392, ce général, que son origine barbare empêchait de prendre le pouvoir pour lui-même, donna la pourpre au rhéteur Eugène[53]. Eugène était chrétien ; mais les circonstances firent de lui le docile instrument de la réaction païenne. Nicomaque Flavien garda les fonctions de préfet du prétoire, et devint en réalité le chef et le véritable organisateur de la rébellion. Celle-ci prit tout de suite une couleur religieuse. Flavien renouvela d'abord auprès d'Eugène la demande plusieurs fois rejetée par Gratien et Valentinien : il obtint de ce fantôme de souverain le rétablissement de l'autel de la Victoire, la restitution des biens des temples, la liberté des sacrifices et même de la divination[54]. Les édifices publics ou privés construits à Rome sur l'emplacement des temples supprimés furent démolis[55]. On entraîna des chrétiens à l'apostasie par l'appât des magistratures. Les païens de Rome se préparèrent à la lutte inévitable avec Théodose comme à une guerre sainte. La ville fut sillonnée de processions, que suivait une partie de la noblesse. Les dieux nationaux, les divinités étrangères, furent successivement honorés. Flavien se fit initier au culte de Mithra, et offrit un taurobole[56]. Cette orgie païenne dura jusqu'en 394. La victoire de Théodose sur Eugène, dans laquelle périrent Flavien et Arbogast, y mit fin. Ce fut le coup décisif. L'aristocratie païenne venait de jouer et de perdre sa dernière partie. Théodose entra dans la ville éternelle, convoqua le sénat, exhorta les sénateurs à quitter le culte des dieux, et obtint de la majorité de l'assemblée un vote abolissant officiellement le paganisme à Rome[57]. Dès lors les conversions se multiplièrent dans l'aristocratie[58]. Ceux que l'ambition ou l'intérêt retenaient seuls dans le paganisme n'eurent plus de motifs pour y rester. Mais aucune violence ne fut exercée contre personne. Les sénateurs païens gardèrent leurs sièges, leurs richesses, leurs honneurs. Théodose déplora publiquement la mort de Flavien. Les enfants de Flavien et d'Arbogast demeurèrent en possession de leurs biens[59]. Il n'y eut ni confiscation, ni représailles, ni sang versé. L'amnistie demandée par saint Ambroise[60] fut accordée sans réserve. Les dieux payèrent seuls pour les hommes.

Cette victoire vraiment chrétienne termina la vie de Théodose. Il mourut le 17 janvier 395, après avoir partagé l'Empire entre ses deux fils, donnant l'Orient à Arcadius, l'Occident à Honorius.

Les fils du grand empereur ne le rappellent ni par l'intelligence, ni par le caractère. Arcadius passe sa vie au milieu d'intrigues de cour, soumis à une femme impérieuse ou à d'indignes favoris. Abrité derrière les murs de Ravenne, Honorius assiste impassible à la prise de Rome par les Goths, et parait ressentir à peine les maux qui fondirent sur le monde romain dès que l'épée de Théodose cessa de tenir les Barbares en respect. Cependant l'un et l'autre continuent avec fermeté la politique religieuse de leur père. Malgré l'opposition d'intérêts qui, pendant presque tout leur règne simultané, divisa les deux empires, et fut plus d'une fois sur le point d'allumer une guerre fratricide, l'accord semble, en cette matière, avoir duré entre eux. On s'étonne de l'importance de leur œuvre législative. Ces deux souverains, également incapables et mous, ne cessent de rendre des décrets en faveur de l'Église et contre l'idolâtrie. De Constantinople ou de Ravenne partent chaque année des lois pour confirmer les privilèges du clergé, réprimer l'hérésie ou menacer le paganisme.

Quelques nuances distinguent l'œuvre des deux princes. L'un et l'autre frappent souvent les hérétiques, apollinaristes, eunoméens, montanistes en Orient[61], donatistes et même manichéens en Occident[62]. Mais Arcadius paraît moins porté que son frère à étendre les droits des évêques ou des clercs[63], en même temps qu'il montre aux Juifs une faveur inattendue[64]. Honorius, au contraire, confirme ou augmente à mainte reprise les immunités ecclésiastiques[65], et réprime les exactions ou la propagande des Juifs[66]. Dans leur conduite vis-à-vis des païens, identique au fond, il y a aussi des différences de forme. En Orient, où le paganisme est beaucoup plus ébranlé, Arcadius lui porte des coups plus nombreux et plus rapides. Dès 395, voulant faire comprendre que le changement de souverain n'implique pas un changement de politique, il renouvelle les lois rendues par son père au sujet des sacrifices et des idoles[67]. Il supprime, en 396, les exemptions que pouvaient conserver encore les prêtres païens[68]. En 399, pour atteindre l'idolâtrie dans son dernier asile, il commande d'abattre les temples des campagnes, partout où cela pourra se faire sans tumulte[69]. Rencontrant, en Occident, un culte qui, malgré l'échec de la révolte de 394, conserve encore de nombreux appuis parmi les grands comme dans le peuple, Honorius montre plus de ménagements. Il renouvelle en 399 seulement la défense de sacrifier ; mais il a soin d'ordonner par la même loi de respecter les statues des dieux qui ornent les édifices publics[70]. Il permet aussi de célébrer aux dates accoutumées les fêtes et les repas de corps, pourvu qu'on n'y mêle aucun acte d'idolâtrie[71]. Il faut attendre jusqu'à l'an 408 pour lui voir prendre une mesure contre les temples. Celle-ci est radicale : confiscation de tous les revenus qu'ils peuvent posséder encore ; affectation de tous les sanctuaires païens à quelque service public ; enlèvement des statues qu'ils contiennent ; interdiction des repas et des fêtes célébrés dans leur enceinte ou dans leurs dépendances[72]. Cependant, à cause des troubles publics, peut-être aussi de la connivence de certains fonctionnaires, ces sévères ordonnances ne paraissent pas avoir été partout exécutées. Honorius est obligé, au commencement de 409, de rappeler à la fois aux hérétiques, aux Juifs, aux païens, et surtout aux magistrats, que la législation religieuse de Théodose n'est pas abrogée[73]. A en croire Zosime, il se serait promptement donné un démenti à lui-même, en rendant à tous, dans le courant de cette même année ; pleine liberté de religion[74]. Mais ce revirement, s'il eut lieu, dura peu, car en 415 Honorius promulgua contre le paganisme une nouvelle loi, par laquelle il chasse des divers chefs-lieux de l'Afrique les sacerdotes provinciaux, réunit au domaine du prince tous les terrains consacrés à l'exercice de l'idolâtrie, confisque tous les revenus et tous les immeubles destinés aux festins et autres dépenses ayant une couleur païenne, et enfin, oublieux des réserves naguère faites par lui-même en faveur des œuvres d'art, ordonne qu'on ôte des bains et de tous édifices publics les statues honorées autrefois par des sacrifices, de peur qu'elles ne soient pour le peuple une occasion de pécher[75].

Quand on regarde l'ensemble de cette législation, on se rend compte qu'à elle seule, si absolue qu'elle soit dans les termes, elle n'eût pas suffi à faire cesser le paganisme. Les empereurs, comme en témoigne la fréquente répétition des mêmes lois, n'étaient souvent obéis qu'à demi. Leurs ordres n'arrivaient pas toujours aux extrémités.de leurs vastes États. L'ancien culte avait trop de partisans ouverts ou cachés, dans le monde des fonctionnaires, pour que tous les traits dirigés contre les dieux atteignissent leur but. La force d'inertie suffisait seule à amortir bien des coups. En beaucoup de lieux, sans doute, les lois proscrivant l'idolâtrie furent exécutées. Jupiter, écrit saint Jérôme[76], pleure enfermé dans son temple de Gaza. Les écrits du temps, et même les inscriptions, montrent les païens cachant leurs idoles menacées de destruction[77]. Saint Augustin parle de statues, de temples, de bois sacrés abattus par l'ordre ou avec la permission des magistrats[78]. Cependant il laisse voir que ces exécutions demeuraient souvent incomplètes. Lui-même conseille de ne point les pousser à bout. On doit renverser, dit-il, les idoles appartenant à des particuliers, quand ceux-ci, devenus chrétiens, en autorisent l'enlèvement ; mais il faut s'abstenir de toucher à celles qui se trouvent sur les terres de maîtres demeurés païens[79]. La rigueur de la loi fléchit ici devant les droits de la propriété privée, comme ailleurs elle s'arrête devant les vœux d'une population trop attachée à l'ancien culte, devant la valeur artistique des édifices ou des objets qui le représentent[80], ou même devant l'intérêt fiscal : on hésite à fermer un temple célèbre, de peur de voir les païens abandonner la ville, et celle-ci ne plus pouvoir payer l'impôt[81].

Les païens se servaient habilement des désastres de l'Empire pour ramener aux dieux le sentiment public. Ils montraient dans les maux de la guerre et de l'invasion la main des immortels, irrités de voir Rome infidèle à l'antique religion sous laquelle sa puissance avait grandi, qui était devenue inséparable de ses destinées, et qui l'entraînait maintenant dans sa chute. C'est la thèse que réfutera saint Augustin dans la Cité de Dieu. Si elle ne résistait pas à la réflexion et à une étude attentive de l'histoire, il y avait des heures d'angoisse où elle semblait s'imposer, malgré tout, aux esprits affolés. On raconte qu'en 408, quand Alaric se présenta pour la première fois aux portes de Rome, le préfet de la ville et tout le sénat offrirent un sacrifice[82]. Cependant, à tout prendre, les Barbares furent pour les lois qui proscrivaient l'idolâtrie des auxiliaires inattendus. Les temples de Rome étaient demeurés en possession de leurs trésors, quand, dans cette même année 408, on dut fondre leurs statues les plus précieuses pour payer aux Goths la rançon de la ville[83]. La Grèce était aussi parvenue à conserver ses temples, où le culte n'avait pas été interrompu : c'est le passage des Goths qui les saccagea, brisa les idoles, interrompit les sacrifices, et mit fin aux mystères d'Éleusis, qui avaient jusque-là échappé à tous les édits[84].

Mais le principal agent de la destruction de l'idolâtrie fut le zèle des évêques et des missionnaires chrétiens. Ce zèle paraîtra sans doute exagéré chez quelques-uns : tout n'est probablement pas faux dans les plaintes de Libanius[85]. Même chez des saints, on voit quelquefois une tendance à employer la force quand les populations ne veulent pas laisser détruire leurs idoles ou leurs temples[86]. Mais la plupart de ceux dont l'histoire a conservé les noms ne méritent pas ce reproche. Le plus souvent, c'est sans l'appui de l'autorité publique, en exposant leur vie, qu'ils accomplissent ce qu'ils considèrent comme une œuvre de salut social. Si saint Martin et ses émules n'avaient cent fois bravé la mort pour abattre des chapelles rustiques ou des arbres sacrés, les campagnes de l'Occident seraient demeurées pendant des siècles encore le refuge de la superstition la plus grossière[87] ; si saint Jean Chrysostome n'avait lancé ses moines à l'assaut des temples de la Phénicie et du Liban, les cultes obscènes de l'Orient n'auraient peut-être pas cessé[88].

Avec Valentinien III, neveu d'Honorius et auteur d'une dernière loi contre les païens[89], finit virtuellement l'empire d'Occident. Ses successeurs sont des fantômes d'empereurs, que les Barbares revêtent ou dépouillent de la pourpre. Il n'y a plus ici de législation à résumer, puisque, à proprement parler, il n'y a plus de législateur. Mais l'ancien culte n'est pas en état de profiter de cette faiblesse du pouvoir impérial. Le moment est passé où, par des séductions à la fois raffinées et grossières, il se fût facilement emparé de l'âme naïve des envahisseurs. A l'heure où ceux-ci se partagèrent les provinces occidentales, s'établirent en Afrique, en Italie, en Espagne, en Gaule, en Bretagne, il ne possédait ni temples, ni prêtres, ni sacrifices, ni organisation d'aucune sorte. Des païens se rencontraient encore, rares dans les villes, plus nombreux dans les campagnes : il n'y avait plus de paganisme. Rien ne s'opposait à ce que l'Église, restée seule debout au milieu de l'affaissement universel, n'attirât à elle les nouveaux maîtres de l'Europe, et ne coulât dans le moule chrétien la société qui allait naître du contact des Barbares avec les restes des institutions romaines.

En Orient, l'autorité impériale durera de longs siècles encore. On la voit poursuivre la lutte contre le paganisme : mais cette lutte s'éteint d'elle-même, faute d'aliment. Dans une loi de 423, Théodose II s'occupe des païens qui existent encore, bien que nous pensions qu'il n'y en a plus[90]. Dans une autre loi, de 435, il ordonne de détruire ou de transformer en églises tous les sanctuaires, temples, édifices de l'idolâtrie, s'il en reste encore d'intacts[91]. On trouve, pendant le cinquième et même le sixième siècle, quelques lois dirigées en Orient contre les païens[92] : mais, là aussi ; il n'y a plus de paganisme. S'il se survit à lui-même, c'est à l'état de superstition populaire, pour quelques-uns, ou sous forme philosophique, pour un petit nombre. L'Empire ne reconnaît d'autre religion que le christianisme, et la société prise en masse, par les institutions, par les lois, par les mœurs, est chrétienne.

 

FIN DE L'OUVRAGE

 

 

 



[1] SULPICE SÉVÈRE, Hist. sacr., II, 50 ; Dialog., III, 15 ; SAINT AMBROISE, Ep. 52.

[2] SYMMAQUE, Ep., X, 3 ; SAINT AMBROISE, Ep. 17, 18, 57 ; De obitu Valent., 19 ; PAULIN, Vita Ambros., 46.

[3] SAINT AMBROISE, Ep. 57.

[4] Code Théodosien, XVI, I, 2.

[5] Code Théodosien, XVI, I, 3 ; V, 6, 7, 8, 13, 14, 15, 16, 18, 22, 23.

[6] Code Théodosien, XI, XXXII, 8.

[7] Code Théodosien, IX, XXXV, 4.

[8] Code Théodosien, IX, XXXV, 5.

[9] Code Théodosien, IX, VII, 7.

[10] Code Théodosien, II, VIII, 12.

[11] Code Théodosien, XV, V, 2.

[12] SAINT JEAN CHRYSOSTOME, Oratio VI.

[13] Code Théodosien, III, VII, 2.

[14] Code Théodosien, III, I, 5.

[15] Code Théodosien, XV, VII, 12.

[16] Code Théodosien, XV, VII, 12.

[17] Code Théodosien, XV, VII, 10.

[18] Code Théodosien, IX, VII, 6 ; SOCRATE, Hist. Eccl., V, 13.

[19] SAINT AMBROISE, De diversis, 3.

[20] THÉODORET, Hist. Eccl., V, 117 ; PAULIN, Vita Ambros., 24.

[21] Code Théodosien, XVI, VII, 1, 2.

[22] SYMMAQUE, Ep., I, 51.

[23] Code Théodosien, XVI, X, 7.

[24] Code Théodosien, XVI, X, 8.

[25] LIBANIUS, Pro templis.

[26] LIBANIUS, Pro templis.

[27] ZOSIME, IV, 37.

[28] SOCRATE, Hist. Eccl., V, 46.

[29] SIEVERS, Libanius, p. 492, note 26.

[30] Code Théodosien, XVI, VII, 4-5.

[31] Code Théodosien, XVI, V, 20.

[32] De prom. et praed. Dei, III, 38. Cf. SEEK, Symmachus, p. LVIII.

[33] Code Théodosien, XVI, X, 10.

[34] Code Théodosien, XVI, X, 11.

[35] SOZOMÈNE, Hist. Eccl., VII, 16.

[36] ZOSIME, IV.

[37] SOCRATE, V, 16, 17 ; SOZOMÈNE, VII, 15 ; RUFIN, II, 20, 30. — La célèbre bibliothèque d'Alexandrie, conservée au Sérapéion, fut-elle détruite avec lui ? Voir, en sens divers, GORINI, Défense de l'Église, t. I, p. 64-102 ; CHASTEL, Revue historique, avril-juin 1876, p. 484-496 ; ALGRAVE, Revue scientifique, 19 juin 1875 ; LEFORT, Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, n° 46, 1875 ; DRAPEYRON, L'empereur Héraclius, p. 105-109.

[38] RUFIN, II, 28, dit que tous les temples égyptiens furent alors détruits.

[39] SAINT AMBROISE, De obitu Théodosien, 4.

[40] SOZOMÈNE, VII, 20.

[41] Code Théodosien, XVI, X, 19.

[42] Bull. di arch. crist., 1884-1885, p. 129, 139 ; Bull. della comm. arch. com., 1885, p. 36 ; 1886, p. 17 ; 1894, p. 294 ; Revue historique, 1887, p. 347.

[43] Voir les exemples cités dans le Bull. della comm. arch. com. di Roma, 1892, p. 355.

[44] SAINT JEAN CHRYSOSTOME, Hom. in S. Babylam, 3.

[45] LIBANIUS, De vita ; Pro templis ; EUNAPE, Vitæ soph., 14. — Cf. TILLEMONT, Hist. des Emp., t. V, p. 456.

[46] THÉMISTIUS, Orat. XVII, XVIII. Cf. Code Théodosien, VI, IV, 15.

[47] Code Théodosien, I, VI, 9. — Voir SEEK, Symmachus, p. LIV-LVI.

[48] SYMMAQUE, Ep., II, 65, 63, 66 ; V, 15 ; IX, 149, 153.

[49] Code Théodosien, VI, V, 5 ; Code Justinien, I, LIV, 5.

[50] SYMMAQUE, Ep., X, 12 ; Cr. SEEK, p. LXXXVIII.

[51] Code Théodosien, IX, XI, 13 ; cf. SEEK, p. CXVII, note 579.

[52] Corp. inscr. lat., t. XI, 3791 ; SAINT JÉRÔME, Ep. 107 ; MACROBE, Saturn., I, 2, 15. — SEEK, p. CLXXIX et CLXXX, distingue du préfet de Rome le pontife dont parle saint Jérôme ; voir en sens contraire TILLEMONT, Hist. des Emp., t. V, p. 301.

[53] ZOSIME, IV, 53 ; SOCRATE, V, 25.

[54] SAINT AMBROISE, Ep. 57 ; PAULIN, Vita Ambrosii, 26.

[55] C'est ainsi que SEEK entend le vers 33 du poème anonyme dont il est question à la note suivante (Symmachus, p. CXVIII).

[56] Voir RUFIN, Hist. Eccl., II, 33 ; et le poème anonyme découvert en 1867 par LÉOPOLD DELISLE, Bibl. de l'École des Charles, 1867, p. 297 ; Revue archéologique, t. XVIII, 1868, p. 451-459 ; Bull. di arch. crist., 1868, p. 49-75. — Depuis les lois de Théodose contre le culte païen, cette dégoûtante cérémonie avait cessé ; on ne trouve plus d'inscriptions tauroboliques à Rome après 390 ; Corp. inscr. lat., t. VI, 512.

[57] Le voyage de Théodose à Rome, attesté par ZOSIME et PRUDENCE, mais contesté par plusieurs érudits modernes, a été mis hors de doute par la découverte d'une inscription gravée sur le piédestal de la statue de Nicomaque Flavien, qui y fait clairement allusion ; voir DE ROSSI, Ann. dell' inst. di corr. archeol., 1849, p.285-356 ; Bull. di arch. crist., 1868, p. 70.

[58] PRUDENCE, Contra Symm., I, 410 et suivants.

[59] SAINT AUGUSTIN, De civitate Dei, V, 26.

[60] SAINT AMBROISE, Ep. 61, 62 ; PAULIN, Vita Ambrosii, 11.

[61] Code Théodosien, XVI, V, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 36.

[62] Code Théodosien, XVI, V, 35, 40, 41, 46, 51, 52.

[63] Code Théodosien, IX, XL, 16 ; XLV, 3 ; XIII, I, 10 ; XVI, II, 32, 33.

[64] Code Théodosien, XII, I, 165 ; XVI, VIII, 10, 11, 12, 13, 15.

[65] Code Théodosien, XI, III, 7 ; XVI, II, 29, 34, 36, 47 ; Code Justinien, I, IV, 8.

[66] Code Théodosien, II, IV, 7 ; XVI, VIII, 14, 17.

[67] Code Théodosien, XVI, X, 13.

[68] Code Théodosien, XVI, X, 14.

[69] Code Théodosien, XVI, X, 16.

[70] Code Théodosien, XVI, X, 14.

[71] Code Théodosien, XVI, X, 17.

[72] Code Théodosien, XVI, X, 19.

[73] Code Théodosien, XVI, V, 46.

[74] ZOSIME, VI. — Cf. TILLEMONT, Hist. des Empereurs, t. V, p. 574.

[75] Code Théodosien, XVI, X, 20.

[76] SAINT JÉRÔME, Ep. 107, ad Laetam.

[77] SAINT AUGUSTIN, De consensu Evang., I, 27, 28 ; PROSPER, De promiss. et praed. Dei, III, 38 ; ORELLI, Inscript., 3275, 3276. — Cf. DE WITTE, dans Ann. dell Inst. di corresp. archeol., t. XL, 1868, p. 195-211 ; PALU DE LESSERT, dans Revue archéologique, 1888, t. II, p. 206-209 ; EDMOND LE BLANT, Acad. des Inscr., 26 sept. 1890.

[78] SAINT AUGUSTIN, Ep. 91. — Cf. Bull. di archeol. crist., 1865, p. 4. Caricature trouvée dans une catacombe et représentant un chrétien qui renverse une idole.

[79] SAINT AUGUSTIN, Sermo 61.

[80] Code Théodosien, XVI, X, 8.

[81] Vita S. Porphyrii, 6 ; dans Acta SS., février, t. III, p. 652.

[82] SOZOMÈNE, IX, 6, ZOSIME, V.

[83] SOZOMÈNE, IX, 6, ZOSIME, V ; SAINT JÉRÔME, Ep. 14, 16.

[84] ZOSIME, V, 5, 6 ; EUNAPE, Vitæ soph., Maxim., Prisc. Cf. F. LENORMANT, Eleusina, dans Dict. des ant., t. II, p. 551.

[85] LIBANIUS, Orat. II (REISKE, p. 167).

[86] SOZOMÈNE, VII, 13.

[87] SULPICE SÉVÈRE, Vita B. Martini ; Dialogus de virtutibus B. Martini. — Cf. BULLIOT ET THOLLIER, la Mission et le culte de saint Martin. Étude sur le paganisme rural, Paris, 1892.

[88] SAINT JEAN CHRYSOSTOME, Ep. 221 ; THÉODORET, Hist. Eccl., V, 9.

[89] Code Justinien, I, XI, 7.

[90] Code Théodosien, XVI, X, 22 ; cf. 23.

[91] Code Théodosien, XVI, X, 25.

[92] MARCIEN, Novelle 3 ; Code Justinien, I, IV, 45, 19 ; V, 21 ; XI, 7, 8, 9, 10 ; X, I, 2.