Denis Jean Achille Luchaire, né à Paris le 4 octobre 1846
et mort à Paris le 13 novembre 1908, est un historien médiéviste et
philologue français. Il fait ses études au lycée Saint-Étienne de Lyon, puis au
lycée Henri IV de Paris et à l'École normale supérieure. Agrégé d'histoire en
1869 et docteur ès lettres en 1877, il est professeur d'histoire au lycée de
Pau, puis au lycée et à la faculté des lettres de Bordeaux. À partir de 1883,
il enseigne à la Sorbonne, où il est chargé de cours sur les sciences auxiliaires
de l'histoire et où il supplée puis remplace
Fustel de Coulanges pour
l'histoire du Moyen Âge. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales
et politiques en 1895. Après avoir commencé sa carrière avec une thèse sur Alain
d'Albret, suivie de travaux de philologie sur la langue basque et le gascon,
il se consacre entièrement à l'histoire du Moyen Âge. La publication en 1883
et 1885 de l'Histoire des institutions monarchiques de la France sous les
premiers Capétiens établit sa réputation d'historien. Louis Halphen écrit à
son propos : Cet ouvrage suffit à le classer d'amblée au premier
rang. Avec une remarquable sûreté de jugement et un sens pénétrant des
réalités historiques, il y faisait justice des idées erronées encore admises
alors par presque tous les historiens sur l'avènement de la dynastie
capétienne, sur la nature de l'autorité exercée par Hugues Capet et ses
premiers successeurs et sur le rôle qu'ils avaient joué dans la société
féodale et ecclésiastique du XIe et du XIIe siècle. Sans esquiver aucune des
difficultés du sujet, mais sans pédantisme, sans lourdeur, il apportait sur
la fondation du pouvoir monarchique à cette époque une doctrine claire,
cohérente, pour laquelle il avait su utiliser avec art un ensemble
considérable de textes en grande partie inédits. Louis Halphen, Revue historique, tome centième,
janvier-avril 1909, p. 441. Ses ouvrages ultérieurs, ainsi que ses contributions à
l’Histoire de la France au Moyen Âge, dirigée par Ernest Lavisse, et à
L'Histoire de France racontée par les contemporains, dirigée par Paul-Louis Berthold
Zeller, sont également très remarqués. Le dernier volume de sa série
d'ouvrages sur le pape Innocent III, paru quelques jours avant sa mort, est
récompensé par le prix Jean Reynaud. Au sujet de son enseignement, Louis
Halphen écrit : ...il fut un de ceux qui s'employèrent avec le plus de
suite et le plus de succès à introduire dans nos Facultés les méthodes
critiques et les habitudes de précision rigoureuse qui trop longtemps étaient
restées l'apanage exclusif de l'École des Chartes et l'École des hautes
études. Il se faisait de son métier une idée très haute : L'idéal du
professeur, disait-il en 1890, j'entends de celui qui est un savant et veut
exercer autour de lui une action profitable au progrès de la science, c'est
de former le plus grand nombre possible d'esprits capables de recevoir et de
communiquer aux autres sa tradition. L'influence dont il jouit
personnellement, la part qu'il prend à la recherche et à la découverte de la
vérité, l'utilité de ses propres travaux se trouvent grandies et décuplées
par les efforts de ceux qui étudient sous sa direction. Rien n'est donc plus
désirable que de faire école.
Ibid.,
p. 443. La citation d'Achille Luchaire provient de la Leçon d'ouverture de M.
le professeur Luchaire du 10 janvier 1890, Histoire du Moyen Âge. Faculté des
lettres de Paris, Delalain , Paris, s.d. Achille Luchaire est le père de l'historien et écrivain Julien Luchaire, le grand-père du journaliste et homme politique Jean Luchaire et l’arrière-grand-père de l'actrice Corinne Luchaire. Une rue du 14e arrondissement de Paris porte son nom.
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